Je ne suis pas un HQI, je suis un homme libre

Numero6 a écrit:J'ai du mal à écrire dans la nuance, quand je pars sur une idée je rue dans les brancards comme si j'affrontais une meute de loups sauvages.

C'est nul, mais je ne sais pas faire autrement.

C'est juste pour indiquer la distance que je prend avec ce qui va suivre en réponse à Zabgirl.

sinon toi qui m'a appris le déplacage de curseur ou m'a remis cette technique déjà pratiquée en tête sans y mettre de nom à mon arrivée ici, tu ne postes jamais là :

La tigrolution

Les 100 questions sur la douance posées par les doués

dans le labo du bonheur ?

et elle est où la réponse ? elle a aussi pris de la distance la réponse à ma simple question ?

Numero6 a écrit:Je suis une caricature.

Au début, j'ai pu trouvé un certain réconfort à chercher dans la douance une ligne directrice de ce continuel décalage, de cette étiquette permanente de "bizarre" dont je ne comprenais pas la source.

J'y ai puisé un réconfort, et un peu de fierté. Mais mon point de départ était la recherche du mode de fonctionnement de tous ces gens étranges qui me trouvaient bizarre. Je ne supportais plus d'être perçu comme bizarre. Comment m'exprimer ou me comporter pour ne plus paraitre bizarre ?

Je n'ai jamais vécu l'intelligence comme un handicap mais comme un don du ciel, une chance. Ce qui me pose problème c'est d'accepter cette différence, elle me gène, elle m'encombre, pour l'accepter il me faudrait supposer une supériorité, ce qui m'est impossible.

C'est le concept de zèbre qui me semble irrationnel.

Trop intelligent pour être heureux. Les débiles mentaux sont-ils tous rayonnants de bonheur ? Et ceux qui doivent se contenter d'une intelligence qui les prive des métiers les plus intéressants, suffisante pour envier ceux qui ont la chance de penser vite, ils sont heureux ?

Pour moi, je dis bien pour moi, la Tigrolution c'est Fight Club, le fantasme du tigre qui est en toi. Dans ce film, la virilité et la force sont réduites à une bande d'abrutis qui se foutent sur la gueule, fiers de leurs hématomes. Un vrai guerrier te tire dans le dos, quand tu t'y attends le moins, quand il l'a décidé. Celui qui aime les baffes n'est qu'un puceau qui a besoin de se prouver des choses.

Quand à influer sur la société pour qu'elle ouvre ses portes aux zèbres, c'est encore, pour moi, une absurdité. Tout est fait pour les zèbres et leur mode de pensée. De la méthode globale pour l'enseignement de la lecture (alors que la méthode syllabique favorisait la pensée séquentielle) à l'intelligence conceptuelle, seule valorisée dans notre enseignement, tout est déjà en place pour les pensées arborescentes.


Et voilà où je veux en venir depuis toujours : le phénomène des zèbres n'est pas lié à la gestion difficile d'une intelligence particulière, différente, mais aux modifications récentes de notre société.

- En premier lieu, l'individualisme. Tout reporter à soi. Le narcissisme n'est souvent pas loin.

- En second lieu, le féminisme. Et là, je crois que les surdoués sont particulièrement concernés en raison de leur caractère androgyne. Dans une société qui avilit le masculin en permanence, l'anima si particulier des surdoués leur joue des tours, par l'absence d'image virile de référence. Quand à l'animus débridé des surdouées, il s'exprime sans modération par absence d'opposition.

- La médiocrité globale de l'enseignement. Le niveau des enseignants est une véritable catastrophe, leur endoctrinement idéologique, pas seulement "de gauche" mais misérabiliste, doctrinaire, auto-satisfait, ne supportant pas la moindre critique, rejettant tout ce qui ressemble à de l'efficacité, fait souffrir les esprits les plus simples. Les surdoués peuvent s'en sortir, eux.

- La crétinisation globale par perte de repères, religieux, familiaux, humains. Ceci renvoie à l'individualisme, puisque chacun cherche en lui les pistes à suivre, faisant fi du doute, du précieux doute qui nous souffle que notre esprit ne peut rivaliser avec l'ensemble d'une culture élaborée par des innombrables intelligences au fil des siècles.
La pensée d'un individu contre celle de l'humanité.

- Le besoin suicidaire de sécurité, et là on rejoint le deuxième point. La sécurisation à marche forcée ressemble fort à une castration. Ce refus catégorique du risque, de la responsabilité individuelle, aboutit à ce paradoxe que des surdoués, qui ne savent pas s'intégrer dans la norme, revendiquent une protection particulière, un statut spécifique. Mais quand aura-t'on encore la possibilité de faire vivre une certaine folie, un certain désordre, si rafraichissant et si reposant ?

- La revendication catégorielle. Là, pas besoin de vous faire un dessin. Pour lutter contre les tourments de l'individualisme, le besoin de se reconnaitre dans une communauté ne semble servir qu'à la revendication. Les zèbres sont pratiquement tous issus du même niveau socio-culturel.

Mais le pire de tout ça, et qui touche les surdoués comme les autres, reste le besoin de se créer une identité.
C'est difficile à décrire, parce que pour me faire comprendre je dois faire appel à quelque chose que la plupart des gens ne semblent plus connaitre : eux. Avant d'être zèbre, ils sont homme ou femme, français, chrétien ou musulman d'origine, du val d'Oise ou de la Creuse, famille toxique ou stable, enfant d'ouvrier ou d'ingénieur.

Avant on partait de soi pour s'ouvrir au monde, ou s'y opposer. Maintenant, on cherche à l'extérieur qui on est, à qui on ressemble, à qui on s'apparente, pour tenter de définir une identité singulière.

C'est ce que je ressens lors de tous les débats sur la définition de la douance, de la zébritude ou de la tigrolution. Chacun essaye d'apporter sa petite touche personnelle pour à la fois pouvoir s'identifier et se définir. Dans ce narcissisme ambiant, les réflexions qui me concernent le plus sont celles où je devine une vraie personne, pas un fake. Quand on sent enfin une vraie personne exprimer une vraie réflexion, maladroite, inaboutie, mais personnelle.


La douance, ça prend vingt lignes pour en faire le tour. S'y arrêter c'est s'y complaire comme s'il pouvait s'agir d'un aboutissement, d'une singularité élevée au rang de totem.

Le problème actuel n'est pas la zébritude, le problème actuel est la crétinisation globale qui, ô sacrilège sur ce forum, touche tout le monde, les HQI comme les autres. Pas tous. Ouf.