Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris...

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 19:45

Courses à faire

Acheter une crèche
Acheter des santons
Penser à mettre Jésus dans la crèche.

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Message par Doom666 Mer 21 Déc 2016 - 20:23

Ben, moi, j'aime les femmes intelligentes sans être homo pour autant.
Celles qui en doutent n'ont qu'à venir m'essayer...(Polnareff). Twisted Evil
Doom666
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:40

J’imagine donc je fais…
Publié le 30 avril 2016
1

Pascale Gay
Dans les nouvelles du monde de la semaine qui sont passées totalement inaperçues…
Le bac blanc de philo ?… mais non…
Les journées nationales d’étude de la Société Française de Psychologie du Sport et de la préparation mentale à la fac des sports Grenoble….
Oui, il  y a quelques chercheurs et passionnés du sujet qui viennent présenter leurs travaux scientifiques et leurs expériences de terrain… Un bonheur sans trop de blabla lorsque l’étude est reliée au terrain…
Aymeric Guillot Professeur des Universités à l’UFR STAPS de Lyon a donc  présenté ses études sur l’efficacité de l’imagerie motrice.  Beaucoup connaissent l’imagerie mentale et son rôle positif sur la gestion des émotions… Mais l’imagerie motrice va au-delà… imaginer un mouvement mobilise les mêmes aires cérébrales que lorsque  le mouvement est réellement effectué…
Les premières recherches ont été menées sur des pianistes. Sans pratiquer réellement mais en imaginant, en se voyant jouer.  Trois groupes sont étudiés pendant 5 jours, les musiciens qui pratiquent physiquement le piano, ceux qui s’imaginent jouer et ceux qui ne font rien. La progression est identique pour les 2 premiers groupes. Ils font 5 fois moins d’erreur que ceux qui n’ont rien fait… S’entraîner en s’imaginant qu’on s’entraîne est donc efficace… oui.
Sur l’image ci-dessous, en bleu le cerveau lorsqu’on imagine, en  violet lorsqu’on agit. En bleu et rouge la superposition des 2 .Il y a une équivalence neurofonctionnelle entre l’imagerie motrice et l’exécution.
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Fascinant
Cette méthode de visualisation demande une rigueur de pratique dans la manière d’imaginer, dans la vitesse de percevoir le mouvement, dans sa précision.  La mise en scène de l’imaginaire est importante pour que le travail soit efficace…   Il ne suffit pas de dire : « Tiens, j’imagine que je cours donc je cours…et en même temps je m’empiffre de gâteaux au chocolat en pensant fortement que les kilos disparaîtront car je cours quelque part dans ma caboche !!!
Les possibilités sont immenses, car il semble également que si j’observe un tiers faire un mouvement,  mon propre cerveau s’active un peu comme si c’était moi qui réalisais ce geste!
Ces études devraient interpeller les entraîneurs et les managers d’équipe car la visualisation permettrait d’élargir l’éventail des possibles en termes d’entraînement et de perfectionnement. Plutôt que de passer des heures rébarbatives sans fin à répéter un mouvement, il serait très pertinent d’alterner le physique et l’imagerie motrice. Utiliser ses ressources mentales pour la précision du geste ou une récupération après blessure serait peut-être une première approche très pragmatique pour amener les entraîneurs à entrer dans l’ère du mental et de la performance…
Prendre le temps de se poser et de réfléchir à sa performance n’est pas encore un réflexe courant en sport … Faire, faire et encore refaire de peur de ne pas en faire assez… l’œil de la mauvaise conscience guette…   et pourtant… Tentez l’innovation, tentez le futur ! Et quiz !!! Qui sait…vous pourrez peut-être courir en imaginant que vous dégustez un gâteau au chocolat !!!
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Publié dans BlessureExcellenceOserPréparation à la performanceScienceUne réponse
Blessure ou « doux leurre » ?
Publié le 20 novembre 2014

Pascale Gay
Roger Federer déclare forfait en finale du tournoi de tennis de Londres… et est incertain pour la finale de la Coupe Davis.                                                                                     Zlatan Ibrahimovic n’a pas participé pas à la rencontre de foot  contre la France avec l’équipe suédoise.                                                                                                                Les champions tombent-ils comme des mouches ou quoi ?                                            Ces 2 joueurs, les meilleurs dans l’élite mondiale de leur discipline ne jouent pas, donc ils brillent moins, mais ont une bonne excuse… ils sont blessés.                                          Les blessures des sportifs de haut-niveau sont-elles liées à une faiblesse du mental ?  Les problèmes de Zlatan à la hanche puis au talon peuvent-ils être causés par la pression ? Féderer qui déclare forfait lors d’une finale a-t-il peur de perdre ??
Quel pourcentage du mental dans la blessure ?
Nombre de psychologues du sport estiment que la blessure est liée à l’état d’esprit, à la pression, à l’environnement. Il est absolument certain qu’elle n’est pas le seul résultat d’un problème physique. Mais il est également sûr qu’elle n’est pas que le fruit d’un souci psychologique. La blessure a plusieurs causes imbriquées, mais personne ne sait si le mental y est pour 10, 30, 50, ou 70%… alors dans le doute, les dirigeants et la majorité des sportifs considèrent tacitement que la blessure est un coup de « pas de chance ».  Oui, « le coup de pas de chance » ou « la loi du sport » solutionne tous les problèmes. Ainsi personne ne se pose trop de questions, et le champion apparaît sans faille. Les faiblesses physiques sont seulement dues au surentraînement, oui, parce qu’il veut trop bien faire. L’athlète est beau, fort, il n’a même pas peur et même pas mal à la tête.
Il y a 20 ans le préparateur physique n’était pas accepté
Le problème du milieu sportif est qu’il n’y a pas de demi-mesure et que les mentalités évoluent très très lentement. Il y a quelques années la préparation physique était assez mal vue par les entraîneurs. Comment un gars (ou pire, une fille) qui ne connait rien à mon sport peut apporter quelque chose à mes joueurs ? Puis en 20 ans, petit à petit on a toléré, accepté, et maintenant sollicité les préparateurs physiques.  En sera-t-il de même du mental ?? Pas sûr. Le mental est tellement vite associé à la folie, à la faiblesse. En même temps, certaines approches de la préparation mentale sont sûrement trop éloignées du terrain.  Les sportifs ont besoin de concret, de pragmatisme. « La préparation mentale intégrée » me semble le bon compromis. Le travail se fait sur le terrain, en condition de jeu, avec l’entraîneur. Il faut éloigner l’idée que cette discipline est un substrat de la psychanalyse qui dure 100 ans sans vraiment de changement !!! (mais non je n’ai rien contre la psychanalyse).
Record  du monde sans jamais être champion
Mais Roger Férerer a-t-il peur de perdre ? Non, à son niveau, étant donné le contexte, il n’a pas peur de perdre contre Novak Djocovitc, il a déjà perdu contre lui, l’enjeu est identique à d’autres tournois. Ce n’est pas la pression qui est la principale responsable de ses souffrances. Et vraisemblablement cela est identique pour  Zlatan Ibrahimovic. En revanche, si ce n’est pas la pression, d’autres composantes émotionnelles et personnelles entrent en jeu dans les problèmes chroniques. Certaines thérapies existent.   En athlétisme, la pression et le stress sont sans aucun doute la principale cause des blessures de Yohan Diniz marcheur de 50 km, souvent détenteur de la meilleure performance mondiale de l’année, mais qui lors d’événements mondiaux craque ou se blesse. Aux J.O. Pékin en 2008, il est favori mais abandonne à cause de mal au ventre et à la cuisse. A Londres en 2012 il a une défaillance. Aux championnats du monde de Berlin en 2009, il craque et à ceux de Moscou en 2013, il a à nouveau une défaillance. Cette année, il a décroché son 3ème titre de champion d’Europe et a battu par la même occasion le record du monde du 50km marche en 3h32mn33s…mais il n’est toujours ni champion olympique, ni champion du monde !                                                                     La pression et le stress sont donc parfois responsables des problèmes physiques. Le stress négatif éparpille l’attention, modifie la concentration, physiologiquement, il a été observé une augmentation inappropriée de la tension musculaire. Le système si précis des athlètes se dérègle, la blessure arrive.
CInq étapes à surmonter après la blessure
Une fois blessé le sportif entre dans plusieurs types d’émotions et d’attitudes qui plus ou moins bien gérées faciliteront ou pas son rétablissement. La première des 5 phases  est spontanée, viscérale c’est le refus : « Ce n’est pas possible, pas à moi ». Vient assez rapidement la colèreLe sportif fort et puissant ne peut pas être si brusquement stoppé dans ce qui lui permet de se réaliser. Bienvenus aux souffre-douleur. Le sportif risque de devenir insupportable pour son entourage, il faut que quelqu’un paye cette injustice. Ensuite peut apparaître la négociation liée à toutes sortes de croyances et de superstitions… « Si j’avais été plus fairplay je ne me serais pas blessé ». Par la suite, l’athlète peut basculer dans la dépression ou l’acceptation, en fonction de son entourage, la perception de ses problèmes et des solutions qui lui sont proposées. Le rôle des proches, et de son staff sont alors déterminants sur son moral et sa vitesse de guérison.  A ce moment-là, la préparation mentale peut encore avoir un rôle décisif. Un travail basé sur l’imagerie mentale pour mobiliser ou remobiliser un muscle ou un membre augmente l’efficacité du travail physique et la récupération après un arrêt médical. Les recherches de Lang et aI. (1980) ont démontré que des scènes actives imaginées par des athlètes sont accompagnées d’activité musculaire. Le muscle travaille si on imagine qu’il est en action.                                                                                                                                        Attention, penser qu’on fait un footing, ne le remplace pas totalement !!                             En 1894… oui oui vous avez bien lu, déjà en 1894 Carpenter chercheur, avait proposé une théorie selon laquelle l’imagerie, avec une intensité musculaire réduite était un reflet réel du geste.                                                                                                                            Non, mais les mentalités s’ouvrent à la préparation mentale… c’est simplement une question de temps !!!
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:41

Une totale incertitude contrebalancée par une totale confiance
⎥ 27 ⎥
 
Nous vous remercions de continuer aussi ce matin.
En effet, des signaux apparemment contradictoires peuvent vous être envoyés d’un instant sur l’autre pour vous entraîner à rester dans la sensation du présent, qui est un pilotage permanent, immédiat, sans rien jamais tenir pour acquis.
Vous les humains vous saisissez chaque seconde de ce que vous avez en main pour baliser votre futur proche, et dessinez une carte de route, puis la redessinez inlassablement. Mais vous conduire juste sans rien anticiper, sans rien déduire de là où vous vous trouvez ni de ce que vous faites, est extrêmement loin de votre conditionnement. C’est comme un conducteur qui accepterait de ne jamais savoir ou il ira la seconde suivante, ni s’il continuera de conduire, ni s’il continuera d’être dans cette voiture.
Vous prenez les éléments du paysage et voyez ceux que vous pouvez prolonger en pensée : ainsi, vous prolongez le temps qu’il fait et ce que vous pouvez en déduire du temps qu’il fera, l’organisation de votre journée, semaine, mois, année, vie, la manière dont vous vous habillez, et chaque changement replanifie instantanément le futur jusqu’aussi loin que possible.
Vous êtes déjà installé dans une routine avec ces textes, routine d’horaires, routine de la manière dont vous savez que la transcription commence et qu’elle finit, routine de la longueur et d’un certain style de texte, routine de la façon de les publier, routine de la construction et de la croissance d’une audience, routine de ce que vous pouvez en espérer, ou des contraintes que cela vous apporte.
Mais envisager de ne rien envisager, de ne rien tenir pour acquis, cela est loin de vous paraître logique. Vous vous mariez pour la vie, vous avez des amis pour la vie, vous achetez une maison pour la vie. Cela n’est pas critiquable en soi même, cela est éventuellement juste et merveilleux et nous ne critiquons aucun comportement, et l’engagement est une vertu, mais le seul engagement qui soit réel et qui doive tenir est l’engagement vis à vis de vous même, vis à vis de votre âme, de faire ce que vous sentez de faire dans le présent.
Vous ne devez rien à personne. Vous ne pouvez trahir personne. Vous ne pouvez que vous trahir vous même, et même cela n’est pas une trahison car vous serez toujours en train d’expérimenter au service de votre âme. Vous ne pouvez non plus être à la hauteur, réussir, ces notions sont construites en fonction d’un objectif et de remporter cet objectif, mais le seul objectif est de vous unir à vous même et de maintenir cette union, et même si vous n’êtes pas unifié en permanence cela est une illusion, vous ne pouvez être autre chose qu’unifié.
De ces quelques lignes une grande détente peut résulter si vous les percevez bien. Une totale incertitude contrebalancée par une totale confiance. Vous ne saurez jamais ce dont sera fait l’instant suivant car cette notion d’instant est fictive, en réalité vous êtes, et la seule chose qui tienne, qui soit solide, réelle, possible, est que vous êtes et ne pouvez cesser d’être. Donc ne déduisez pas d’un mot que la phrase va se compléter, ni qu’elle aura du sens, ni qu’elle sera lue, ni que cela vous donnera tel ou tel statut, reconnaissance, possibilité, ou au contraire difficulté. Ne déduisez rien de rien. Restez plutôt en paix. Ne craignez rien de rien. Restez plutôt en paix. Ne souhaitez rien à propos de quoi que ce soit, restez plutôt dans la confiance et la joie quoi qu’il en soit, cela est la seule chose réelle et sur laquelle vous pouvez baser votre vie.
Cela sera toujours au service des autres. Cela sera toujours au service du collectif. Cela sera toujours au service de l’univers. Soyez au service des autres en n’étant jamais qu’à votre propre service, ce qui est de ne jamais rien anticiper.
Confiance, cela est le seul cadre de conduite à vous fixer.
Nous finissons toujours ces textes par « nous vous remercions » et cela déjà est une habitude. Cette habitude interfère avec le déploiement plein de l’énergie de la transmission. Percevez ceci. N’attendez rien.
Attendez vous à tout.
Votre mental n’aime pas être surpris, il est construit pour ça, c’est une construction défensive, et une construction offensive ce qui est défensive aussi.
Mais qu’est ce que la surprise si vous êtes totalement en confiance ? La surprise n’existe pas c’est plutôt la découverte. Surprise signifie que vous comparez ce qui vient à ce que vous anticipiez. N’anticipez plus, ne soyez plus surpris puisque vous êtes confiant et ne pouvez dont vivre que cette confiance, et le résultat de cette confiance sera toujours la confiance.
Nous vous remercions.
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:42

.../...
La "résilience" est un phénomène qui veut que même après les traumatismes les plus graves un esprit humain peut espérer retrouver une image de soi acceptable. Comme une feuille pliée qui reprend lentement sa forme, comme par magie. 
L'exigence est une des pires maladies de l'image de soi. Si on dit et on explique à un enfant qu'une terre lui appartient, devenu adulte il concevra une grande frustration si soudain on lui dit le contraire. Il sera prêt à se battre et peut-être à tuer pour reconquérir "sa" terre. Si on ne lui avait rien dit, si on n'avait pas implanté cette terre dans son image de lui-même, il n'y aurait pas eu de problème. De même beaucoup de bandits n'attaquent une banque qu'après avoir longtemps rêvé de tout ce qu'il allaient faire avec cet argent. Ils ont inclus cet argent à leur image d'eux-mêmes, il leur appartient. Si une personne s'oppose au hold-up, c'est avec l'indignation du bon père de famille défendant son bien qu'ils abattront le gêneur. 
Toute personne désire que son image soit approuvée par les autres, que ce qu'elle est soit jugé bien. En disant à une personne que son image est bien, on peut la combler de ravissement. Cela fonctionne comme une drogue. Cela demande aussi un certain talent. Si vous allez trouver une jeune fille et lui dites de but en blanc qu'elle est géniale, elle vous prendra pour un fou. Il faut d'abord vous faire accepter par elle, lui donner au moins l'impression que vous vous intéressez à elle et que vous avez une capacité d'appréciation objective, que vous êtes une autorité. Alors vous pouvez commencer à lui faire des compliments. Les escrocs, sectes et autres abuseurs jouent à fond de ce mécanisme. Ils vous rendent heureux compliment après compliment. Caresse après caresse, ils vous font entrer dans leur système tout chaud. Si vous passez quelques mois dans les feutres de l'abuseur, il devient votre seule référence, votre seule source d'approbation. Puis il vous dit que pour continuer à être approuvé il vous faudra faire ceci ou cela. Si vous êtes soudainement privé de l'approbation de l'abuseur, vous allez vous retrouver dans un gouffre d'angoisses, d'inquiétudes. Vous vous sentirez, moche, sale, défait, inadéquat, incomplet... Vous reviendrez vers l'abuseur en rampant, pour quémander un regard, une petite caresse. 
Les examens, les concours, les mises à l'épreuve... sont partie intégrantes de l'Humanité. Je m'imagine mal confier ma vie à un médecin ou un pilote qui n'auraient pas passés de nombreux examens pour certifier leurs compétences. Le plus important dans un examen est la certification de son image d'elle-même que reçoit la personne examinée. Ensuite vient l'image d'elle-même de la société, fière des diplômés qu'elle recèle. Mais à mon sens les examens sont actuellement galvaudés :

  • On confie la conception et l'exécution d'un examen au professeur qui a donné ou supervisé le cours qui permet de passer ce examen.


  • On force les étudiants à avoir suivi les cours ou avoir passé les examens précédents pour pouvoir passer un examen.


  • On oblige les étudiants à passer des ensembles fermés d'examens. Etre mauvais dans une seule discipline implique de rater l'ensemble des examens.


  • Les examens sont de simples séances pour vérifier que l'étudiant a pu apprendre la théorie et les procédures par coeur, avec un minimum de capacité d'adaptation. Il n'y a pas ou peu de vérification d'usage intelligent de la matière. La capacité la plus intelligente demandée aux étudiants est d'avoir pu un peu organiser les mots et les phrases de la matière. Ils doivent en faire de schémas structurés, qui permettent de ne pas en faire un apprentissage par coeur strictement linéaire.


  • Souvent, la seule chose qu'un professeur demande à un étudiant à l'examen, c'est d'être capable de faire semblant de passer l'examen. Certains professeurs voient de façon très claire qu'un étudiant est totalement incompétent et récite la matière comme si c'était des vers dans une langue étrangère. Mais il donnera ses points à l'étudiant, parce qu'une personne de la rue qui aurait été présente à l'examen, aurait eu l'impression que l'étudiant est compétent. A l'inverse, des étudiants brillants, même s'ils ont une bonne connaissance de la matière, peuvent rater l'examen. Parce que le professeur les ressent comme une menace. Il existe toute une panoplie de trucs et astuces pour buser un étudiant compétent et même le persuader lui-même qu'il est incompétent.


  • Souvent, les questions d'examen sont même carrément disponibles à l'avance. L'étudiant se contente de bloquer par coeur les réponses à une trentaine ou une centaine de questions, en sachant que les questions d'examen seront trois d'entre elles. Certains professeurs vendent pour 10 € une disquette avec ces questions.

La raison principale de cette situation est que la société veut disposer d'une caste de gens prestigieux : les diplômés. Peu importe qu'ils soient compétents. Ce qui compte est qu'ils en imposent au peuple. Il faut faire semblant. Bien sûr il faut tout de même que certains membres de la caste soient compétents. Mais il suffit que quelques individus le soient. Les autres les suivront ou les exploiteront. Le système d'étude tel qu'il est, est même carrément un frein à la vraie compétence. Je connais quelques personnes très douées et diplômées. Mais elle n'ont pas acquit leurs compétences aux études. L'obligation de préparer les examens et de faire les travaux académiques les ont même plutôt empêché d'apprendre davantage de choses. Le système n'hésite pas à les utiliser en disant : "Regardez comme nos diplômés sont compétents !...". Pour arriver à faire semblant d'être compétents, certains professeurs n'hésitent pas à aller à l'encontre de la démarche scientifique : en faisant des cours volontairement incompréhensibles ou en retirant des bibliothèques les ouvrages contraires à leurs théories. La raison pour laquelle les examens sont organisés de la façon décrite ci-dessus, est que les professeurs eux-mêmes sont trop souvent des incompétents ou des personnes qui ne se soucient pas d'enseigner. Cette façon d'organiser les examens leur permet d'avoir un pouvoir immense sur les étudiants. Sans cela ils ne pourraient pas survivre, puisqu'il n'ont rien de concret à proposer. Les étudiants eux-mêmes prennent le moule de ce système. Si un professeur essaye de faire passer un examen intelligent, il se fera rabrouer par la masse des étudiants puis sera désavoué par ses collègues. Il a intérêt à rentrer dans le rang. Certains professeurs donnent même les points à leur examen en fonction des points obtenus aux autres examens. Ce système est une vaste hypocrisie, de la Haute Trahison institutionnalisée. Il entraîne des pertes colossales à l'échelle du pays et des individus. Mais presque tout le monde semble ne pas voir où est le problème. Le moule est pris. La meilleure défense des tenants de ce système, est que dans les pays où il n'existe pas, la situation économique et politique est souvent mauvaise. Il faut admettre que ce système n'est pas strictement négatif : les étudiants apprennent malgré tout deux-trois choses, ils se font des relations, certains professeurs sont réellement compétents et capables de rendre des services à la Nation... Et puis le peuple joue le jeu. Cela, c'est très important. Avec le système précédent, celui de la noblesse, chaque individu était condamné à vie à un niveau social. C'était une des causes des révoltes. Avec le système des études et des examens, toute personne, au moins ses enfants, peut espérer acquérir un statut. Avant, certains nobles recevaient ou achetaient de très hautes fonctions alors qu'ils étaient radicalement incompétents. Actuellement, il faut au moins être capable de faire semblant d'être compétant. C'est beaucoup. Cela en force plus d'un à être réellement un peu compétant. Si un jour la Société prend conscience du problème, à mon sens la seule solution est que les examens soient organisés par l'Etat. Le rôle des enseignants doit se limiter à préparer les étudiants à passer les examens. Le prestige des professeurs et des établissements doit découler de leur aptitude à préparer les étudiants à passer de vrais examens. 
On peut s'étonner de voir des pays qui réussissent brillamment alors qu'ils ont une politique rudimentaire. D'autres pays, avec une politique pourtant exemplaire, se traînent douloureusement. Un éclairage sur la question est que l'être humain est fondamentalement un être familial. Une famille est une structure complexe. Un individu est fait pour vivre, penser et ressentir au sein de cette structure. Un pays ou une nation, c'est une sur-famille. On doit y retrouver les mêmes mécanismes que dans une famille : solidarité entre les membres, communication, défense du groupe, autorité et références communes, prestige partagé, respect de chacun, soin des petits... Beaucoup de théoriciens imaginent des structures de société qui devraient donner des rendements mirifiques. Mais si ces structures ne collent pas au schéma de la famille, cela ne donnera rien dans les faits. Parce que les moteurs des individus ne les feront pas vivre dans ces structures. Dans certains pays, comme la Belgique, presque chaque personne a au moins une expérience au cours de laquelle elle a ostensiblement été traité par le Système d'une façon contraire à l'esprit de famille. Dans ces pays là, cela devient le chacun pour soi, les arrangements et les petites corruptions... comme dans les mauvaises familles. Parce que dans l'image d'eux-mêmes les ressortissants de ces pays ne se sentent pas membres de la famille. Ils se défient de la famille. Cela fait perdre beaucoup de ressources au pays et crée un mal de vivre. Souvent, les gens sont maltraités par des fonctionnaires qui adhèrent à ces théories mirifiques énoncées par de brillants théoriciens. Prenons par exemple l'idée selon laquelle une personne qui n'a pas de travail doit être persécutée. Dans une vraie famille, on ne félicité pas celui qui n'a pas de travail, mais il reste un membre à part entière de la famille. Certains membres de la famille sont mêmes très appréciés alors qu'ils n'ont pas de travail, parce qu'ils rendent des services qui ne sont pas chiffrables en terme de salaire. L'esprit d'une bonne famille, ce serait par exemple d'adopter le système de l'Allocation Universelle. Actuellement, en Belgique pour reprendre cet exemple, on est soit travailleur et membre de la famille, soit chômeur et en marge de la famille. Des efforts ont été accomplis pour faire comprendre aux gens qu'un chômeur n'est pas forcément une engeance. Mais le clivage entre les deux mondes subsiste. Instaurer l'Allocation Universelle consisterait à considérer que tout le monde est à la fois chômeur et travailleur. On donnerait une allocation de "chômeur" à tout le monde, d'une valeur fixe. Le travail quant à lui serait imposé à un taux fixe, qui ne dépend pas du revenus annuel. Si on fait le calcul sur papier, le résultat financier est le même qu'actuellement : une personne qui a une activité donnée paye au final autant d'impôts qu'avant et dispose d'autant d'argent qu'avant. Mais l'image de soi que le pays donne à chacun de ses membres change radicalement. Chacun devient aimé et protégé à vie. En conséquence il y aura une plus grande loyauté des membres du pays envers le pays. Cela simplifiera également et radicalement le Droit du Travail. Actuellement le travail est presque criminalisé. Je connais nombre de personnes qui n'oseraient jamais travailler, de peur des ennuis que l'Etat va automatiquement et gratuitement leur inventer. Il faut légaliser le travail. Que penser de ces travailleurs qui manifestent pour maintenir une activité industrielle qui n'est plus rentable ? Ils exigent de devenir des sortes de chômeurs qui conservent le prestige du travailleur. Officiellement ils travaillent, en réalité ils sont chômeurs puisque leur travail est inutile et subsidié par l'Etat. Avec l'allocation universelle, chacun peut travailler dès qu'un travail se présente, librement. Il y aura une beaucoup plus grande mobilité des travailleurs, donc une plus grande souplesse du tissu industriel et un meilleur rendement. Un autre exemple, périphérique, est celui du système de pensions. Dans une vraie famille, les jeunes sont fiers de veiller aux besoins des ainés. Mais dans beaucoup de pays ce n'est pas ce qui se passe, ce n'est pas ainsi que les choses sont présentées. Que ce soit au travers d'épargnes privées ou de pensions d'état, chacun cotise pour sa propre pension. Une fois pensionné, il reçoit en retour l'argent qu'il a lui-même cotisé. Donc il n'a besoin de personne, il ne doit rien ni autres ni à la société. Cela a par ailleurs une lourde conséquence sur l'économie mondiale. Cet argent épargné par les travailleurs constitue ce qu'on appelle les Fonds de Pension. C'est une masse d'argent colossale, qui est généralement utilisée à des fins de prédation financière. Cela participe dans les problèmes économiques actuels et dans la ruine de pays pauvres. Il faut changer la philosophie du système. Il faut que les pensions des personnes âgées soient payées directement par les impôts des personnes plus jeunes. Eventuellement au prorata de ce que la personne âgée elle-même avait payé comme impôts du temps de sa jeunesse. Une fois de plus, on ne change pas vraiment les montants des pensions. Le résultat final est le même sur papier. Mais on change la vision que les membres de la société ont d'eux-mêmes. Le jeune est fier de payer la pension du vieux, dont il reconnaît l'importance. Le vieux se dit qu'il a peut-être encore un rôle à jouer dans la société, pour aider les jeunes. On peut supprimer les Fonds de Pension et leurs effets dévastateurs. Il faut composer avec les instincts avec lesquels les humains naissent. Alors on obtient une société plus performante, où chacun peut développer une meilleure image de soi, vivre mieux. Ces instincts sont irrémédiablement en nous. Pourquoi vouloir aller à leur encontre ? Ils ont été forgés par des millions d'années d'Evolution. Ils véhiculent des mécanismes qui ont fait leurs preuves et qui nous dépassent. Acceptons leur grandeur. On parle souvent des problèmes causés par les instincts. Pour moi ces problèmes étaient causés par l'ignorance d'autres instincts ou par une mauvaise harmonisation des instincts entre eux. On cherche des justifications économiques, politiques ou scientifiques à toutes choses. Par exemple pour aller sur Mars. Ne peut-on pas simplement accepter le fait que l'humain a l'instinct d'aller partout où il peut, d'explorer. C'est grâce à cela qu'il a survécu jusqu'à nos jours. Allons sur Mars et établissons-nous y, simplement parce que tel est notre instinct. 
Certains systèmes sociaux se soucient peu de rendre la justice aux individus et ne s'occupent que de la paix sociale. En d'autres termes : pas de remous dans le peuple. Si un problème apparaît, on "tuera" les personnes qu'il faut pour que la situation se calme et que tout rentre dans l'ordre. Peu importe que l'on tue le coupable ou un innocent. Un des trucs utilisés dans ces systèmes est de faire croire aux gens qu'inconsciemment ils ont eux-mêmes choisi les problèmes qui leur arrivent. Par exemple à une personne qui se plaint des exactions commises par ses parents, on expliquera que son "âme" a elle-même choisi ces parents-là avant la naissance. On donnera même toute une argumentation. Par exemple que dans une autre vie son âme à causé des torts à ce qu'étaient les âmes de ses parents. Donc on a choisi ces parents-là pour expier ses fautes. Donc on n'a aucunement à se plaindre et même on se doit de courber l'échine avec reconnaissance. Cette argumentation est une escroquerie et une démission de la Société. Mais elle peut fonctionner de façon redoutablement efficace. Parce que même dans le subconscient d'un enfant maltraité les parents occupent une place très importante. Surtout dans les souvenirs diffus de la petite enfance, dont l'image de soi est impalpable mais profondément enfouie. A cause de ce lien fort qui existait, la personne sentira qu'il y a bien quelque part quelque chose en rapport avec ce qu'on lui explique. Les implications de cette vision du Monde sont également dévastatrices : les parents qui ont le droit, le devoir congénital, de se venger de leurs enfants. Les enfants eux, ont une faute à expier, une dette. 
Une façon simple de corrompre une personne consiste à lui donner un grade élevé. Par exemple Directeur Général Adjoint. Elle tiendra beaucoup à cette nouvelle et superbe image d'elle-même. Elle se rend aussi compte du fait que cette image n'existe que grâce à la personne ou l'organisme qui le la lui donnée. Donc elle veillera scrupuleusement à protéger cette personne ou cet organisme. Car elle pourrait perdre cet image. Elle n'aurait aucune chance de la retrouver ailleurs puisqu'elle n'a pas les compétences requises. On peut s'étonner que l'on nomme ainsi une personne incompétente à un poste. Cela a des conséquences fâcheuses sur les rendements ou même sur la viabilité de l'organisme. Les humains sont ainsi faits qu'ils s'attachent parfois plus d'importance aux jeux de pouvoir à court terme qu'à l'efficacité à long terme. 
Un chef peut avoir très peur de donner une image de soi trop forte à un de ses administrés. Un de mes amis était cadre dans une vieille entreprise. Les techniques étaient obsolètes, l'entreprise allait mal. Une restructuration a été décidée. Tout naturellement c'est mon ami qui s'est chargé de l'essentiel du travail : choix d'un nouveau système de comptabilité informatisé, nouvelles machines, nouveau système de gestion du personnel, locaux réaménagés... Quand la direction s'est installée dans les nouveaux locaux, une des premières décisions a été de nommer mon ami à un poste subalterne à l'autre bout de l'entreprise. Participer au conseil d'entreprise lui a été interdit. Pourtant sa présence aurait été précieuse, puisqu'il est la personne qui connaît le mieux la nouvelle structure. Mais tout le monde avait peur de lui. Il était trop fort, il menaçait leurs places, même celle du directeur. Actuellement il s'estime heureux de ne pas avoir été simplement mis à la porte. 
Chacun essaye d'avoir l'image de soi la plus belle et la plus complète possible. C'est un moteur qui est en nous, avec lequel nous naissons. Globalement c'est positif. Il est bon pour un individu et pour la société qui le contient de chercher à être plus efficace, mieux équipé... Mais ce moteur peut aussi avoir des effets secondaires négatifs. Prenons par exemple une personne qui n'arrive pas à faire quelque chose. L'idéal serait qu'elle admette qu'elle n'en est pas capable. Ensuite de quoi elle peut trouver le moyen de devenir capable ou de composer avec son incapacité. Sommes toutes, être capable demande parfois des années de travail, de préparation. On peut devenir capable dans des choses qu'on aurait jamais imaginées auparavant. Et personne n'est fait pour être capable en toutes choses. Il n'y a pas de honte à être incapable. L'important est d'essayer d'admettre les choses telles qu'elles sont. Ensuite de quoi on peut éventuellement essayer de les changer. Malheureusement la réaction sera souvent d'inventer une autre explication au problème. De préférence une explication qui n'égratigne pas son image de soi, tout au moins une explication qui l'égratigne moins. La motivation peut même juste être de trouver une explication, n'importe laquelle. Parce qu'on préfère avoir une explication farfelue que pas d'explication du tout. Mieux vaut un sparadrap sur l'image de soi qu'un trou béant. Ces sparadraps impliquent trop souvent des blocages, qui empêchent les individus d'évoluer. 
Un comportement fréquent consiste à cacher les choses. Par exemple on ne dit pas à un enfant que le médecin lui fera mal. Voire on lui affirme qu'il ne lui fera rien du tout. On espère ainsi, très logiquement, que l'enfant ne s'inquiétera pas. Un autre exemple : on ne lui dit pas que rouler en voiture est dangereux, que sa vie est en danger. Ces mensonges dégradent la qualité de vie de l'enfant. Au contraire il faut lui dire la vérité. Le médecin va lui faire mal et rouler en voiture présente en risque sérieux d'accident grave. Il faut lui expliquer aussi que le médecin fait cela par amour pour lui, pour sa santé. Rouler en voiture est un risque qu'il faut accepter, parce qu'on est obligé de se déplacer. Il y a moyen de créer un réseau de transport sans danger mais cela n'a pas été fait. Il faut expliquer à l'enfant qu'on sera là pendant que le médecin lui fait mal et qu'il aura un câlin après, que la voiture lui permet de retrouver sa famille et ses amis. Ainsi l'enfant a une image des chose complète, cohérente et objective : il va souffrir chez le médecin et la voiture est dangereuse. Sa famille est avec lui et gère les choses pour un mieux. Alors l'enfant ne ressent pas d'angoisses et accepte les choses. La douleur infligée par le médecin sera ressentie comme bénigne. Ce n'est pas la douleur ou la mort qui font peur, c'est l'inconnu et le mensonge : l'absence d'image des choses et des images faussées par ceux en qui vous devriez pouvoir avoir confiance. 
La Thérapie Brève est une branche de la psychologie qui peut s'occuper des personnes qui ont des troubles de l'image de soi. Par exemple une personne qui panique dans un ascenseur, parce qu'elle ne réalise pas sa place dans ce petit milieu fermé. Le psychologue en Thérapie Brève va essayer de comprendre comment la personne se perçoit dans l'ascenseur. Ensuite il lui proposera de travailler la question, de diverses façons "actives, introspectives et prospectives". Un sujet de prédilection de la Thérapie Brève sont les personnes qui se sont enfermées dans un système. Par exemple une personne qui se dit victime d'une situation et qui prétend s'y être résignée. En faisant cela, elle entraîne les personnes autour d'elle dans son système. Le travail du psychologue en Thérapie Brève sera de comprendre ce système, de l'expliquer et d'expliquer comment en sortir, de proposer un travail pour changer l'image de ce système que chacun des protagonistes a en lui. Il peut paraître étonnant qu'une personne choisisse de construire un système autour d'elle où elle prend le rôle de victime. C'est peut-être parce que dans notre système culturel la victime est une personne privilégiée, qui mérite des égards. C'est une image de soi qui n'est pas la plus enviable, mais qui n'est pas inintéressante. Elle offre des facilités, des possibilités, des moyens d'action. Dans d'autres cultures les victimes sont considérées comme des déchets ou des fautifs. Là les systèmes sont donc sans doute bâtis autour d'autres sortes d'images de soi. 
Il y a un moyen très efficace pour imposer quelque chose à quelqu'un  : c'est de dénoncer cette chose. J'ai été très étonné de voir que dans des familles où on maltraite les enfants... on parle souvent des familles où on maltraite les enfants. Les parents pointent du doigt les autres familles. Ils dénoncent avec indignation et sous-entendus les mauvais traitements que les enfants y subissent. Leurs enfants écoutent attentivement. Ce truc fonctionne très bien. D'une part les enfants ne peuvent mentalement pas imaginer qu'ils sont eux-mêmes maltraités. Leurs parents dénoncent cela si bien... D'autre part ils croient sans s'en rendre compte que ce qu'on fait aux enfants dans les autres familles est vraiment atroce, puisque que c'est pire que chez eux. Donc ils n'iront jamais demander l'aide d'autrui, ils ne dénonceront jamais leurs parents. Ils sont bien enfermés. En général ce truc n'est pas utilisé de façon consciente par les parents maltraitants. En tout cas pas au début. Ce n'est que l'expression de leur paranoïa, qui prend forme et se structure en fonction de l'impact sur les enfants. 
Supposons que vous voulez conseiller une chose à une personne. Par exemple le système Linux. Vous lui donnez de très nombreuses explications techniques et morales sur les raisons pour lesquelles elle a grand intérêt à prendre ce système et pas le système Windows. Vous lui parlez même de l'avenir de la planète, des flux d'argent mondiaux et de leurs conséquences... Elle semble avoir compris. Elle peut vous répéter vos explications de façon intelligente et structurée. Elle a également compris qu'elle n'a aucune raison pratique importante d'acheter le système Windows. Pourtant elle achètera le système Windows. Pourquoi ? Vous avez fait une grave erreur. Quand une personne imagine adopter ou acheter quelque chose, il faut qu'elle ait une image de cette chose. Dans son subconscient, il faut que cette image de cette chose puisse se greffer à son image de soi de façon enthousiasmante. La publicité de Microsoft montre simplement un chipendale en col-cravate qui est très content d'avoir en face de lui un ordinateur avec Windows. Ca, c'est une image qu'on assimile très bien. Donc on sent bien le produit Windows. Le produit Linux, par contre, on ne le sent pas du tout. Que voulez-vous que cette personne fasse avec la moralité et les flux d'argent mondiaux dans son ordinateur ? C'est insensé et bien trop lourd à porter. Avec tout ce que vous lui avez expliqué vous lui avez causé une défiance et même un rejet du système Linux. Vous me répondrez que, si, cela a un sens d'utiliser un système plus sain, plus efficace et conçu par des gens biens. Je vous donne raison. Mais essayez de comprendre que ce lien n'est pas direct. Il faut avoir un certain niveau intellectuel pour être capable d'apprécier ce que le système Linux représente, pour faire la traduction entre les flux d'argent mondiaux et la joie de faire bouger sa souris à l'écran. Beaucoup d'utilisateurs de Linux n'ont pas ce niveau non plus. Ils ont adopté Linux pour s'intégrer à un groupe. En somme pour la même raison que d'autres adoptent Windows. Si vous voulez faire du prosélytisme, répandre la bonne parole, apprenez au moins à parler à chacun dans son langage. Faites en sorte que votre interlocuteur puisse faire le lien entre son image de soi et les images que vous soulevez. Un bon critère pour voir si une personne a intégré un système à son image de soi, c'est si elle est prête à faire un effort pour cela. C'est à dire à payer de l'argent pour cette chose ou à la demander. Avant j'avais l'habitude d'installer systématiquement Linux à des amis utilisateurs de Windows. Cela me semblait une politique saine et démocratique. Mais les résultats sont nuls. Ils n'utilisent pas Linux et ne le montrent pas à leurs amis. Ce n'est pas parce que j'ai installé Linux sur leur ordinateur que dès lors cela fait partie d'eux-mêmes. Ce n'est qu'une sorte de sac à dos que j'ai déposé chez eux. Ils m'aiment bien alors ils supportent sans problème la présence de ce sac à dos. Mais ils ne s'en servent pas. Les rares fois où ils ont démarré Linux, ils ont simplement constaté qu'il y a une souris, un menu et des fenêtres, comme sous Windows. Quand ils essayent de l'utiliser, ils constatent que le mode d'emploi n'est pas exactement le même, qu'ils n'arrivent pas à faire tout de suite tout ce qu'ils ont l'habitude de faire sous Windows. Pourquoi se fatiguer à apprendre quelque chose de neuf qui est semblable à ce qu'on a déjà ? Linux représente et permet beaucoup plus de choses que Windows. Mais cela ils ne le voient pas. J'ai arrêté les installations sauvages de Linux. Je me contente d'en parler et de montrer que je l'utilise. Je dénonce les superstitions anti-Linux et j'apaise les craintes de l'inconnu. Je fais travailler les imaginations, je fais comprendre que c'est une marche vers un au-dessus. 
Il est parfois amusant d'entendre des personnes discuter sans cesse de choses diverses et ne jamais pouvoir se mettre d'accord. Une raison à cela est que par définition le jeu de la conversation peut consister à prendre chacun un postulat différent et à essayer de le défendre. Le postulat le mieux défendable l'emportera, peu importe qui l'ait défendu. Une autre raison que je crois remarquer est que chacun tend à défendre des idées qui sont une projection de son image de lui-même. Que l'on parle champignons ou Politique Etrangère, on calque son propre mode de pensée sur le sujet et on le défend bec et ongles. En réalité on se défend soi-même. C'est une façon de faire qui est très discutable. Elle a un avantage, qui consiste à pouvoir soumettre son identité à autrui sans en avoir l'air. En recueillant les réactions des autres sur le sujet qu'on défend, on obtient par la bande des renseignements sur soi-même. C'est en général inconscient. On ne se rend pas soi-même compte qu'on est en train de faire cela. C'est une version sophistiquée du "Monsieur le psychologue, j'ai un ami qui a un problème...". Je crois malgré tout qu'il faut dénoncer cette pratique et encourager à aller droit au but. Des guerres de religions sanglantes ont eu lieu parce que chacun défendait sa vision de la Religion et des Mythes. C'est un jeu de masques parfois nécessaire mais qui est globalement peu rentable et sujet à bien des confusions. Sachons admettre ce que nous avons en nous et osons le dire explicitement aux autres. N'y mêlons pas les champignons ou la Vierge Marie. Fi de ceux qui se moquerons de nous. Ainsi on peut évoluer beaucoup plus vite et plus loin. Et devenir bien plus compétents dans les champignons ou la météo, débarrassés de l'empreinte de notre ego. 

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:44

1.1.4. La dimension intrapsychique : le pôle narcissique-identitaire.



A. Ferrant (in Roussillon, op. cit.) intègre les passages à l’acte et les symptômes associés, à un pôle de souffrance narcissique-identitaire 83 . Pour lui, ce pôle est au cœur de l’intime de l’individu. Ce pôle de souffrance résume l’ensemble des caractéristiques de la dimension psychique des auteurs de violences conjugales.
Sur le versant narcissique, il y a deux sources de mal-être, la séparation et l’individuation.
Ce qui frappe dans les entretiens cités plus haut, c’est le fort investissement de beaucoup sur l’extérieur du couple : Serge est très souvent absent, dans des déplacements de longue durée. Jacques et Amin sont très occupés par son entreprise, à un point tel que nous pourrions effectivement parler d’intermittents du couple.
Les disputes, nous l’avons souligné, ne commencent pas au début du couple, mais plutôt dans cette phase où les partenaires se différencient l’un, l’autre. Nous ferions l’hypothèse que l’investissement extérieur constitue un moyen naturel et facile de différenciation. Ne pas être confondu, c’est être loin ou du moins éloigné. Dans cette phase, on peut supposer que les attentes de l’un et de l’autre sont contraires : besoin de proximité pour la conjointe et besoin de différenciation pour le conjoint.
Lorsque les premières disputes apparaissent, et avec elles la perception chez l’homme de la peur de l’abandon, la tension interne grandit. Si elle entre en correspondance avec des situations antérieures d’abandon ou de perte, elle devient insupportable. La séparation semble envisageable. Une autre scène, celle de l’enfance ou de l’adolescence, vient « se coller » au vécu présent et tout est interprété avec la couleur du passé.
Beaucoup d’hommes que nous avons rencontrés, ne font pas ce travail de liaison psychique entre passé et présent, et nous avons inscrit cet objectif parmi ceux des séances de groupe, tout en étant conscient que même si le groupe peut faciliter cette liaison, elle n’est pas simple à réaliser. Nous savons combien la peur de la séparation est au cœur de l’évolution de l’existence (Durif-Varembont, op. cit.) et qu’elle se répète au gré des évènements tout au long de la vie.
Nous faisons l’hypothèse clinique que les personnes commettant un passage à l’acte de violence au sein du couple n’ont pas eu l’assise narcissique leur permettant de faire face à cette peur de la séparation. En fait, la peur ressentie est celle de la perte de l’objet d’amour et non une simple séparation. C’est comme si elle était perçue en terme de tout ou rien : soit j’ai mon objet d’amour pour toujours, soit je le perds à jamais, une sorte de pensée binaire qui ressemble à une tentative de réorganisation psychique en plein désarroi.
A l’appui de cette analyse, nous voudrions ajouter l’impossibilité – déjà indiquée – de l’existence d’un Nous. Le Nous supposerait que, même absent physiquement, l’autre soit présent psychiquement. Or ce travail, pour la plupart des hommes rencontrés, ne s’est pas fait : ils sont restés à une étape de différenciation, étape de travail identitaire. C’est sans doute ce même mécanisme de défense qui a été utilisée face à des situations similaires. Le travail de liaison avec l’objet d’amour passe par un agencement des désirs et une négociation des différences : l’éloignement devient un obstacle conscient ou inconscient à cet agencement. L’obstacle devient motif pour ne pas s’engager dans ce rapport, en même temps qu’il accroît l’envie de la conjointe d’un rapprochement trop fréquemment déçu.
Sur le versant identitaire, l’homme rencontre sa conjointe avec le modèle qui a été le sien dans le passé, le modèle maternel (Séverac, 2001). A la fois, il va garder ce modèle comme repère psychique, et en même temps il va vouloir (ou devoir…) construire une autre cohérence constituée de rôles nouveaux (professionnel, paternel, familial…) et de représentations nouvelles. La construction de cette cohérence suppose, elle aussi, une continuité suffisante : si à son tour la conjointe marque une discontinuité de présence comme le relatent Sali, Jacques, Bekri, Morad84, alors cette construction devient fragile. L’objet d’étayage manque, révélant ainsi les failles du moi.
Totalement dans la différenciation, incapable de se représenter un Nous d’appartenance, infiltré d’un doute et de traces émotionnelles non symbolisées, ne faisant pas un travail de reprise85 sur lui-même, l’Ego masculin ne peut acquérir la solidité narcissique-identitaire nécessaire à l’évolution de son couple surtout lorsqu’il est secoué de conflits répétés.
L’intérêt des séances de groupe sera certainement de permettre un travail de reprise de ce qui est en attente d’élaboration, c’est là à tout le moins que l’on peut considérer qu’il s’agit d’un travail thérapeutique. Le groupe peut être un moyen d’étayage identitaire par confrontation à des semblables, mais aussi fondamentalement différents. Cette différence est alors perçue, c’est le rôle des co-animateurs- comme étant sans danger et assimilable. Sans cet étayage possible, les individus se raccrochent à des symptômes dépressifs, comme ce fut le cas pour Marcel, Morad, Serge, ou des procédés addictifs auto-calmants comme ce fut le cas pour Léon, Bekri, Amin. Ces procédés auto-calmants ont le grand mérite d’apporter un bienfait immédiat et disponible à volonté (Roussillon, 2007).
L’agir domine la plupart des personnes rencontrées : un agir professionnel pour Serge, un agir violent mélancolique lorsque Léon demande à son épouse de tirer sur lui comme s’il voulait dire : « Allez, finis le travail que j’ai commencé et que je ne peux finir moi-même ! ». Un agir pervers lorsque Bekri incite sa petite fille à lui verser à boire – comme il a fait pour son fils précédemment - en lui imputant cet acte, qui va s’accompagner d’une sexualisation de la relation avec sa petite fille.
En conclusion à cette dimension clinique, nous réaffirmons notre positionnement. La prédominance d’un pôle narcissique-identitaire n’est pas dûe simplement à une catégorisation psychopathologique si éclairante qu’elle fut, elle doit sa primarité aux conditions de son apparition, notamment si nous reprenons l’analyse de Ehrenberg sur la dépression comme « psychologie de l’infériorité et de la honte » (op. cit. p. 35). Nous rejoignons ici les réflexions d’A.N. Henri sur la façon dont chaque mode de production économique induit des pathologies spécifiques. Il faut bien parler à ce sujet d’une histoire des subjectivités.
Notes
83.
L’expression est de Roussillon lui-même.
84.
Dans les entretiens figurant en deuxième partie.
85.
Le travail de reprise dans le groupe est considéré par Kaes (1993) comme un temps essentiel.
http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2010.laporte_j&part=368222
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:45

« L’amour de la fille contient le Père dans son cœur car la fille est née dans l’arcature de l’être et quand son Père juge son feu digne il descend en elle pour qu’elle lui donne corps par son amour,
il y a 2 filles dont les flammes tournent au fond de l’abîme de l’être et où le père vient se refaire en corps, puis elles meurent et il ressuscite leur âme pour leur donner un corps en les pénétrant après qu’elles l’ont contenu,
filles dans l’abîme elles sont flammes et matrice, après elles deviennent êtres. » [71]
Pour donner vie à ses personnages, Artaud organise tout un travail linguistique de définition et se livre à un véritable déchaînement onomastique. Sur un fond anthroponymique de prénoms féminins et de noms de famille, pour la plupart tous liés à son passé pré-asilaire (à l’exception d’Adrienne Régis, surveillante générale de l’asile de Rodez), Artaud va procéder à des expériences diverses en procédant à de multiples amalgames de ces signifiants onomastiques. Ces mélanges consistent principalement en des rapprochements de signifiants totalement hétérogènes, rapprochements qui d’ailleurs vont parfois jusqu’à la fusion comme dans le nom « Neneki », amalgame de « Neneka » (surnom de la grand-mère d’Antonin Artaud) et « Nanaqui » (surnom d’Artaud). Antonin Artaud, passé maître dans l’art de l’onomastique, va la renouveler en la transgressant. Le propre de l’union d’un prénom et d’un nom, qu’il soit patronymique ou marital, est de désigner une personne unique. Artaud, lui, va certes reproduire ce processus combinatoire, mais avec une différence notoire. Ainsi, les combinaisons obtenues par lui en réalisant l’union d’un prénom et d’un nom ne sont jamais permanentes, mais toujours sujettes à des variations infinies. De plus, il faut noter que les signifiants ainsi aléatoirement amalgamés n’ont pas de référent réellement identifiables. Dès lors, ces signifiants fonctionnent à vide, sans grande correspondance avec la réalité. Artaud n’a cure de la fonction référentielle inhérente à l’onomastique.
En fait, le but d’Antonin Artaud était de palier à une impossibilité : il est avéré que les corps réels ne se transportent pas, alors il faut transporter les prénoms et les noms :
« Les corps ne se transportent pas,
les corps transportés par le mal reviennent à leur point de départ,
le bon de Madame Régis reviendra à son point de départ.
Catherine Régis
Cécile Régis
Anie Régis
Sonia Régis
Laurence Régis
L’Afghane Régis
Yvonne Régis. » [72]
Si les corps réels sont intransportables, les prénoms et les noms sont permutables à l’envi, dans une farandole effrénée et idiosyncratique, et la multiplication de leurs amalgames leur fait perdre leur qualité de noms propres. Antonin Artaud pointe le doigt sur l’une des caractéristiques majeures du discours commun en dénonçant la vérité du nom propre et sa stricte adéquation à un référent unique, de surcroît parfaitement défini.
Si Antonin Artaud s’efforce de localiser et d’ordonner ses filles de cœur ainsi que les signifiants du texte qui les énonce (selon, nous allons le voir, un dispositif régulier et structurant), c’est afin de retrouver une unité minimale, une cohésion avec lui-même. En effet, Artaud travaille à situer et définir avec exactitude les membres de sa famille mythique, comme si, pour leur donner véritablement existence, « il lui était nécessaire de les fixer dans le texte en déterminant, et en réitérant sans cesse la détermination de leur position (à la fois textuelle et « physique »). » [73] Dans le texte qui suit, on peut observer la reproduction obsédante d’un même schéma syntaxique :
« Le cu d’Ana Corbin et celui d’Adrienne Régis dans un seul corps ici. [...]
Cécile avec ce que je lui ai fait de corps dans le corps de Mlle Gamelin,
Anie dans celui de Sonia,
Neneka dans le corps d’Euphrasie Artaud,
le corps d’Euphrasie Artaud dans celui de Laurence Clavius.
Le corps d’Ana Corbin dans celui de Madame Nel-Dumouchel avec son âme qui boira celle de Madame Allendy,
Ana Corbin déchargera ainsi Madame Catherine Régis.
Le corps de Laurence Clavius dans celui de l’Afghane qui vit quand Laurence Clavius ne vit pas. » [74]
La reproduction du schème syntaxique (x dans le corps de y ; x à la place de y) participe bien de ce travail de fixation, d’installation des personnages. Dans un autre texte, Artaud va encore plus loin puisqu’il réussit à s’installer lui-même en s’inscrivant, à la suite de ses personnages, dans le schème syntaxique qu’il a fixé :
« Neneka Chilé à la place de Laurence Clavius,
Anie Artaud à la place d’Anie Besnard,
Cécile Schramme à la place de Cécile Schramme, de Sonia Mossé et de Nina Braun.
Catherine Chilé à la place d’Adrienne Régis et d’Ana Corbin dedans.
Qu’elles sachent tout.
Moi, Schraum Ar TAU, à la place d’Antonin Artaud [75]. » [76]
Ainsi, d’une manière impérative, le sujet de l’énonciation impose aux personnages, et s’impose à lui-même, les consignes d’un dispositif établi par lui seul. La reproduction d’un schème syntaxique au sein d’un même texte établit un rythme particulier qui a pour fonction de cerner, en quelque sorte, l’irruption pulsionnelle, de la
« différer, en la disposant à travers le matériau du langage sans se confondre avec lui. Le mécanisme [...] de la répétition non seulement permet l’exercice de contraction et de relâchement des muscles du thorax, de l’abdomen, aussi bien que des sphincters et évidemment de l’appareil phonatoire lui-même, mais, ce faisant, il absorbe le rejet, le détourne du corps propre et l’oriente vers la fonction symbolique pour la renouveler. » [77]
Dans un moment où Artaud est menacé de dissolution, où la graphie est le symptôme de la désorganisation de la gestuelle énonciative, la reproduction d’une même structure syntaxique semble avoir été un moyen de canaliser l’impulsion pulsionnelle dans un dispositif textuellement très bien ordonnancé :
« Creuser des abîmes, Ana,
éclater des abîmes, Cécile,
affirmer des abîmes, Catherine,
lever des abîmes, ah i par-dessus,
plaquer des abîmes, Anie,
planquer des abîmes, Yvonne [...]. » [78]
Notons aussi que la mise en mots, la localisation des personnages, est toujours une mise en scène et une identification de leur corps :
« Anie fonce,
Catherine avance en mesure,
Cécile se renverse en arrière,
Neneka saute,
Yvonne s’assied,
Catherine danse,
scande le pas. » [79]
Non seulement Artaud pratique ici la reproduction de la structure syntaxique (x + verbe de mouvement), mais en plus il dit le rythme des mouvements des corps de ses personnages (« en mesure », « scande le pas »). Ainsi, il semble qu’il y ait « pour Antonin Artaud cor(ps-)respondance entre le mouvement du corps écrivant, celui des signifiants dans le texte et ce à quoi (celles à qui) ces signifiants réfèrent. » [80] Cette correspondance est souvent telle que la localisation-identification-fixation du personnage se fait exclusivement par rapport au corps d’Artaud et ceci par « la médiation (corporelle) d’une gestuelle énonciative rythmée par la reproduction régulière d’un même schéma syntaxique » [81] :
« Cécile est devant à gauche : cœur,
et Neneka derrière à droite : lombes,
Anie au milieu : plexus,
Catherine en bas : œsophage, colonne,
Yvonne : tibia, cœur, droite à gauche,
Sonia : tibia, gauche droite,
sa sœur : creux sous tibia,
(cœur, testicules, père-mère sous tibia,
suspens du cœur encastré sous tibia). » [82]
Ce texte organise une véritable topographie du corps où s’inscrivent les personnages, eux-même localisés, identifiés à un lieu du corps. Menacé d’éclatement, de dissolution, de dislocation, Artaud a trouvé un moyen, dans la reproduction d’un même schéma syntaxique et d’un même geste énonciatif, de rassembler son propre corps. Il est bien le Créateur de ses filles d’élection.
Inventer des filles, les générer dans la matrice de son cerveau pour les décomposer à nouveau, cela équivaut à inventer, générer les syllabes d’une langue : « J’ai toujours fait cela toute ma vie d’appeler des êtres vrais avec mes forces naturelles et d’avoir cru à un nouveau langage inventé et peu à peu je l’ai formé et des êtres vrais sortis de ce langage sont apparus. » [83]
C’est bien le refus d’enfermer la force de la procréation dans le carcan de la matrice qui le conduit à rejeter « l’esprit maternel de la femme aux mamelles de lait. » [84] Dès lors, pourquoi ne pourrait-il pas, aussi, incarner la mère, cette Euphrasie décomposée dont il déplace et répète le nom dans chacune de ses créations ? Plutôt que de remettre la mère au monde, « le sujet de l’écriture s’emploie à éparpiller symboliquement son corps-nom pour qu’il ensemence ceux des filles de cœur : « Car je suis, écrit Artaud, de l’ana phrasie. » (XIX, 246) » [85]
Ce nouveau rôle qu’Artaud endosse, ce rôle de Père créateur de ses filles d’élection, va entraîner un changement profond dans la manière dont il se conçoit lui-même, dans sa façon de s’énoncer. Il est frappant de constater que dans son délire de toute puissance énonciative, Artaud semble parvenir, à cette époque, à concilier son désir d’identification dans un rôle paternel et son extrême aversion pour ce qu’il appelle souvent la copulation immonde. Malheureusement, dès septembre 1945, ces repères s’effondrent les uns après les autres et les textes portent à nouveau les stigmates de nombreuses crises de dissociation. En réaction contre ces moments, de plus en plus fréquents, de dislocation, Artaud va tenter de s’énoncer sous un nouveau mode identitaire, très narcissique, mais ne renoncera jamais tout à fait à résoudre cette dangereuse question des origines.
Voir également Artaud contre "la bestialité" - Entretien avec Thierry Galibert

P.-S.


Illustration intitulée "Harpies" (1997), par Kurt Komoda
Texte publié pour la première fois en 2006 sur la revue des ressources

Notes





[1] Sur ce point, nous rejoignons l’opinion de Jonathan POLLOCK : « Ceux qui parlent d’une identification avec le Christ dans le cas d’Antonin Artaud vont un peu vite en besogne. Si tel était bien le cas en 1937, l’imitatio christi prend ensuite une tournure distinctement humoristique. D’une part, en écartant Jésus de la croix, Artaud inverse, selon un procédé carnavalesque, les rapports entre le modèle et la copie. Lui-même ne se prend nullement pour le Christ ; en revanche, le Christ se prend pour ce simple authentique qu’est Monsieur Artaud, alors qu’en réalité il ne fait que le doubler », in Le salut par l’humour, Revue Europe, Antonin ARTAUD, n°873-874, Janvier-Février 2002, Paris, p. 115 à 132.
[2] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez (Février-avril 1945)Tome XV, Paris, NRF Gallimard, 1981, p. 178.
[3] BRUNO Pierre, Antonin Artaud, Réalité et poésie, Paris, L’Harmattan, 1999, pp. 111-112.
[4] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XV, op. cit., p. 159.
[5] BRUNO Pierre, Antonin Artaud, Réalité et poésie, op. cit., p. 112.
[6] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XV, op. cit., p. 27.
[7] Ibid., p. 175.
[8] BRUNO Pierre, Antonin Artaud, Réalité et poésie, op. cit., p. 113.
[9] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XV, op. cit., p. 94.
[10] Ibid., p. 26.
[11] Ibid., p. 33.
[12] Ibid., p. 336.
[13] Ibid., p. 117.
[14] Ibid., Cahiers de Rodez (Juillet-août 1945)Tome XVII, Paris, NRF Gallimard, 1982, p. 77.
[15] Ibid., Cahiers de Rodez (Mai-juin 1945), Tome XVI, Paris, NRF Gallimard, 1981, p. 178.
[16] Ibid., p. 204.
[17] BOUTHORS-PAILLART Catherine, Antonin Artaud, L’énonciation ou l’épreuve de la cruauté, Genêve, Droz, 1997, p. 39.
[18] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XV, op. cit., pp. 117-118.
[19] Ibid.,Tome XI, Lettres écrites de Rodez, Lettre du 6 avril 1945 à Jean Dequeker, p. 73.
[20] Idem.
[21] Ibid., Tome XV, op. cit., p. 83.
[22] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XIV, in Œuvres complètes, Paris, NRF Gallimard, 1978, p. 90.
[23] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XV (Février-avril 1945), op. cit., p. 45.
[24] Ibid., p. 126.
[25] Ibid., p. 129.
[26] Le rejet de la filiation est évident chez Artaud, il ne cesse de l’affirmer et de le réaffirmer tout au long de ses écrits. Cette volonté si souvent rappelée est très marquée au début de Ci-gît : « Moi, Antonin Artaud, je suis mon fils, mon père, ma mère, / et moi ; / niveleur du périple imbécile où s’enferre l’engendrement, / le périple papa-maman / et l’enfant, / suie du cu de la grand-maman, / beaucoup plus que du père-mère. / Ce qui veut dire qu’avant maman et papa / qui n’avaient ni père ni mère, / dit-on, / et où donc les auraient-ils pris, / eux, / quand ils devinrent ce conjoint / unique / que ni l’épouse ni l’époux / n’a pu voir assis ou debout, / avant cet improbable trou / que l’esprit se cherche pour nous, / pour nous / dégoûter un peu plus de nous, / était ce corps inemployable / fait de viande et de sperme fou, / ce corps pendu, d’avant les poux, / suant sur l’impossible table / du ciel / son odeur calleuse d’atome, / sa rogomeuse odeur d’abject / détritus / éjecté du somme / de l’Inca mutilé des doigts / qui pour idée avait un bras / mais n’avait de main qu’une paume / morte, d’avoir perdu ses doigts / à force de tuer des rois. », ARTAUD Antonin, Ci-gît, Tome XII, in Œuvres complètes, Paris, NRF Gallimard, 1989, p. 77.
[27] « Nous avons conservé la disposition de l’autographe : ces deux mots sont écrits en lettres capitales, transversalement, dans la même marge que le début du paragraphe, qui se poursuit, toujours transversalement, dans les marges des pages suivantes. Ces deux mots : TROP TÔT, n’ont aucun lien apparent avec le texte porté par la page elle-même », note établie par Paule THEVENIN, in Les Œuvres Complètes d’Antonin ARTAUD, Tome XV, op. cit., p. 369.
[28] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XV, op. cit., p. 129.
[29] Ibid., Lettres écrites de Rodez (1943-1944), Tome X, Paris, NRF Gallimard, 1974, p. 78.
[30] Ibid., p. 23.
[31] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., pp. 97-98.
[32] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVI, p. 158.
[33] BOUTHORS-PAILLART Catherine, Antonin Artaud, L’énonciation ou l’épreuve de la cruauté, op. cit., p. 165.
[34] Ibid., Cahiers de Rodez (Juillet-août 1945), Tome XVII, Paris, NRF Gallimard, 1982, p. 45.
[35] Ibid., Cahiers de Rodez (Mai-juin 1945), Tome XVI, Paris, NRF Gallimard, 1981, p. 65.
[36] Idem.
[37] Ibid., Lettres écrites de Rodez (1945-1946), Tome XI, Paris, NRF Gallimard, 1974, pp. 126-127.
[38] Ibid., pp. 146-147.
[39] Idem.
[40] Ibid.,Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., p. 189.
[41] Ibid., p. 191.
[42] Ibid., p. 184.
[43] Ibid., Cahiers de Rodez (Février-mars 1946), Tome XX, Paris, NRF Gallimard, 1984, p. 137.
[44] Ibid., Cahiers de Rodez (Avril-25 mai 1946), Tome XXI, Paris, NRF Gallimard, 1985, p. 242.
[45] Ibid., Cahiers de Rodez (Septembre-novembre 1945), Tome XVIII, Paris, NRF Gallimard, 1983, p. 233.
[46] « Une femme c’est une femme qui marche en arrière dans un éternel tombeau et qui marchant en arrière descend parce qu’elle monte en descendant toujours », Ibid., Cahiers de Rodez (Décembre 1945-janvier 1946), Tome XIX, Paris, NRF Gallimard, 1984, p. 241.
[47] Ibid., p. 261.
[48] « Mariette Nalpas était adorée de ses petits-enfants qui lui donnaient comme nom d’amitié Miette ou plus souvent Neneka, terme qui chez les Smyrniotes est un diminutif cajoleur signifiant petite grand-mère. (...). Dans les textes d’Antonin Artaud, elle apparaît sous les désignations suivantes : Marie Chilé, Marie Nalpas, Mariette Chilé, Mariette Nalpas, Neneka Chilé ou tout simplement Neneka », in Antonin Artaud, ce Désespéré qui vous parle, par Paule THEVENIN, Paris, Seuil, 1993, p. 26.
[49] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XX, op. cit., p. 48.
[50] Ibid., Les Tarahumaras, Lettres de Rodez, Tome IX, Paris, NRF Gallimard, 1979, p. 197.
[51] BRENNER Jacques, Visites à Antonin Artaud, in Cahiers de la Pléiade, n°7, Paris, 1949, p. 110.
[52] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XVIII, op. cit., p. 116.
[53] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XX, op. cit., p. 26.
[54] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XIX, op. cit., p. 235.
[55] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XV, op. cit., p. 262.
[56] Ibid., p. 250.
[57] Idem.
[58] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XX, op. cit., p. 14.
[59] BRUNO Pierre, Antonin Artaud, Réalité et poésie, op. cit., p. 142.
[60] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XIX, op. cit., p. 269.
[61] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVIII, op. cit., p. 140.
[62] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XIX, op. cit., p. 247.
[63] « Le souffle des ossements a un centre et ce centre est le gouffre Kah-Kah, Kah le souffle corporel de la merde, qui est l’opium d’éternelle survie » (Tome IX, p. 173) ; « caca, souffle du double vé cé » (Tome XIV, p. 25) ; « L’insuline c’est du Ka sans merde, de la merde sans faire caca » (Ibid., p. 14).
[64] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XX, op. cit., p. 238.
[65] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVIII, op. cit., p. 20.
[66] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XX , op. cit., p. 26.
[67] Ibid., p. 220 (Voir aussi Cahiers de Rodez, Tome XVII, p. 13 : « Une Walkyrie./ Cette Walkyrie que j’ai vue à l’instant au-dessus du mur vivra éternellement./ Car elle existe vraiment tout à fait en âme et cœur » ; ou encore p.26 : « Cette petite fille si simple, si [ ] va prendre l’âme, le corps et le cœur de la Zacatèque car elle est une Walkyrie - et ce sera cette petite fille qui viendra me voir ici parce qu’elle m’a offert du café à Mexico »).
[68] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., p. 223.
[69] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVI, op. cit., p. 21.
[70] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVIII, op. cit., p. 294.
[71] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., p. 189.
[72] Ibid., Tome XXVIII , p. 60.
[73] BOUTHORS-PAILLART Catherine, Antonin Artaud, L’énonciation ou l’épreuve de la cruauté, op. cit., p. 58.
[74] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., p. 129.
[75] Nous soulignons.
[76] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., p. 191.
[77] KRISTEVA Julia, La révolution du langage poétique, Editions du Seuil, Paris, 1974, p. 258.
[78] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XIX, op. cit., p. 33.
[79] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVIII, p. 222.
[80] BOUTHORS-PAILLART Catherine, Antonin Artaud, L’énonciation ou l’épreuve de la cruauté, op. cit., p. 59.
[81] Idem.
[82] ARTAUD Antonin, Cahiers de Rodez, Tome XVII, op. cit., p. 258.
[83] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XXI, p. 132.
[84] Ibid., Cahiers de Rodez, Tome XVI, p. 90.
[85] GROSSMAN Evelyne, Antonin Artaud, La danse des corps, in Artaud/Joyce, Le corps et le texte, Paris, Nathan, 1996, p. 171.

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:47

[size=59]FUCK YOU! YOU FUCKIN PERV! : CHOC FRONTAL[/size]
Créé d’abord comme un numéro de quelques minutes sous la formule cabaret pour le Edgy Women Festival avant d’évoluer sur les scènes du Wild Side Festival, le solo en anglais Fuck you! You fuckin perv! de Leslie Baker prend l’affiche à la Licorne et est présenté pour la première fois à un public francophone.
Jérémy LanielPhoto : Suzane O'Neill14 octobre 2016
https://voir.ca/scene/2016/10/14/fuck-you-you-fuckin-perv-choc-frontal/
La Petite Licorne fait partie de ces salles intimes à Montréal, des lieux de diffusion théâtrale où la rencontre entre la proposition et son public est grande, catalysée par la proximité. Lorsqu’on s’installe pour assister à cette production de la compagnie de Leslie Baker, The Bakery, on ne peut prévoir la gamme d’émotions dans laquelle l’interprète nous entraînera pendant 60 minutes. Les lumières se ferment, un projecteur s’allume, un cri retentit et une femme aux cheveux bleus nous affronte du regard.
L’affrontement est au cœur de ce solo de Leslie Baker, que ce soit entre elle et le public, ou encore entre elle et son propre corps ou encore entre son personnage et la maladie. Car c’est de ça qu’il est question ici: maladie mentale, trouble de la personnalité limite, personne borderline. Durant une nuit, tant anodine qu’éternelle, c’est dans son délire qu’on embarquera, c’est sa vulnérabilité qu’on croisera et c’est son histoire qu’on tentera de saisir au détour de ses épisodes.
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Photo : Suzane O’Neil
La nuit est longue, et elle se sent épiée. Il est là. Il est proche. Il arrive. Il veut sa peau. Elle cherche de l’aide, elle appelle la police, on envoie l’ambulance. Elle rappelle la police, mais peut-être cette dernière est-elle déjà corrompue par l’agresseur, qui sait? À travers ces moments plus narratifs, c’est l’éclatement que Baker nous propose: sur une musique de type cabaret, elle danse la claquette en nous lançant en pleine gueule des blagues déplacées sur la pédophilie et la maladie mentale. Déstabilisant, dites-vous?
«Vous savez que vous pouvez apprendre beaucoup de choses sur les gens atteints de la paranoïa juste en les suivant?»
Le texte de Joseph Shragge nous tient sans arrêt sur une corde raide, alors que l’humour noir et le drame s’entrecroisent, s’entrechoquent, s’entretuent; le public reste captif, obnubilé et dérangé à la fois par cette montagne russe émotionnelle dans laquelle on l’amène. Traduits ici par Fanny Britt, les surtitres sont affichés çà et là sur la scène, ne gênant en rien le déroulement de la pièce.
La conception sonore de Peter Cerone et le jeu de lumière de Cédric Delorme-Bouchard viennent épauler avec habileté l’interprète seule sur scène. Que ce soit par des projecteurs en plein visage du public ou encore des bruits de vitres qui éclatent à maintes reprises, la tension entre le public et la proposition restent intactes pendant l’heure que se déroule le spectacle. Le jeu de lumière parvient aussi à créer des arrêts sur image, comme des instantanés au fil du spectacle, qui meublent l’imaginaire des spectateurs.

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Il n’en demeure pas moins que ce spectacle est porté par l’interprétation sans faille et surtout sans concession de Leslie Baker. Elle propose ici un spectacle qu’elle porte sur ses épaules par la justesse de son jeu et de ses mouvements. Les images qu’elle parvient à créer sont d’une grande force, et dans le silence, elle contrebalance avec brio la provocation et l’affrontement qui sont l’épine dorsale de ce spectacle. Entre le jeu, la claquette et la composition dans le mouvement, Leslie Baker livre une grande performance, l’une des plus fascinantes de l’automne.
Les pièges étaient multiples ici. Maladie mentale, bipolarité, pédophilie, autant dire qu’on aurait pu marcher sur des œufs pendant l’heure. Pourtant, Baker livre une proposition sans aucune concession, justifiant chacun de ses choix scéniques par la justesse de sa livraison. Elle aborde l’horreur et la détresse psychologique sans pédagogie ni même morale. Il y a quelque chose de radical dans cette proposition artistique, un choc frontal comme il s’en fait rarement au théâtre, revenant par le fait même à l’essence de sa nécessité.
Fuck you! You fuckin perv!
Interprétation et création: Leslie Baker
Texte: Joseph Shragge
Traduction: Fanny Britt
Conception sonore: Peter Cerone
Lumières: Cédric Delorme-Bouchard
Intégration des surtitres et de la vidéo: Frédéric St-Hilaire
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:49

Land of fog : un jeu interactif pour les enfants atteints d’autisme

  • août 23,2016
  • By admin

Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Land-of-fogUtiliser le jeu vidéo comme support à l’interaction sociale ? C’est l’idée que Narcis PARES, professeur du Département des Technologies de l’Information et de la Communication (DTIC) de l’Université Pompeu Fabra, a décidé de creuser.
En collaboration avec le Département de Psychologie de Goldsmiths de l’Université de Londres et l’Unité de Troubles du Développement de l’Hôpital Sant Joan de Déu de Barcelone, il a développé « Land of fog », un jeu vidéo qui doit permettre aux enfants autistes d’assimiler les bienfaits de l’interaction et de la collaboration.
Munis d’une épuisette lumineuse, les enfants dévoilent au fur et à mesure de leurs déplacements un monde virtuel caché sous le brouillard. Mais toute la particularité de cette installation réside dans le fait que les enfants doivent interagir et collaborer dans le but de faire apparaître des créatures dans ces royaumes cachés.
Après une phase de test avec des enfants âgés de 10 à 14 ans, les chercheurs ont conclu que le jeu a permis d’augmenter et de diversifier les attitudes d’initiation et de collaboration sociale, telles que l’attention conjointe, les demandes intégrées, la coordination, etc., tout en contrebalançant les insuffisances dans les capacités de socialisation et de communication qui caractérisent les enfants présentant des troubles du spectre autistique.



La Fondation Handynamisme soutient des initiatives novatrices dans le domaine du handicap mental. Elle est convaincue que ces projets permettant de faciliter les aptitudes communicatives constituent une première étape importante à l’inclusion sociale de ces enfants en situation de handicap.
https://handynamisme.org/2016/08/23/land-of-fog-un-jeu-interactif-pour-les-enfants-atteints-dautisme/
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:51

Les états mentaux d’autrui lorsqu’il interagit
parNadia Gauducheau
et[url=https://www.cairn.info/publications-de-Cuisinier- Fr%C3%A9d%C3%A9rique--10172.htm]Frédérique Cuisinier[/url] [1]
 

Raccourcis

  • Résumé
  • Plan de l'article
  • Pour citer cet article


Cité par...

  • Articles de revues [2]


Voir aussi

  • Sur un sujet proche


Enfance

2004/4 (Vol. 56)



  • Pages : 96
  • ISBN : 9782130548126
  • DOI : 10.3917/enf.564.0333
  • Éditeur : Presses Universitaires de France



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INTRODUCTION

1
Le rôle des interactions humaines dans la construction de connaissances et dans le développement cognitif est désormais bien établi. Que ce soit avec des pairs ou des adultes, les interactions sont à l’origine de progrès cognitifs pour l’enfant (Bruner, 1983 ; Azmitia, 1996). Interagir avec autrui implique divers savoirs et savoir-faire du registre de la communication et notamment la capacité à appréhender les états mentaux du partenaire (émotions, désirs, pensées, intentions, etc.). Cette recherche s’intéresse aux compétences inférentielles des enfants concernant les états mentaux d’autrui, de telles compétences pouvant jouer un rôle important dans les situations d’apprentissage en collaboration.

Les interactions entre pairs


2
Certaines études ont montré l’efficacité du travail à plusieurs (interactions sociocognitives). Elles constituent un corpus de données important dont les résultats indiquent que les enfants résolvant un problème avec un pair tirent davantage de bénéfices cognitifs que les enfants travaillant seuls (Doise, Mugny, 1981 ; Perret-Clermont, 1996 ; Perret-Clermont & Nicolet, 2001). Différents types de situations ont été étudiés. Dans certaines situations, les interactions de tutelle, un des enfants peut aider son partenaire, plus jeune ou moins compétent, à résoudre un problème (e.g. Verba & Winnykamen, 1992). Dans d’autres situations, les enfants de même niveau (développement ou compétence spécifique) collaborent pour résoudre conjointement le problème (e.g. Roux, 1999). Ces études portent essentiellement sur les enfants d’âge scolaire (6-11 ans) (cf. synthèse de Gilly, 1990). Elles ont permis d’élaborer des outils d’analyse des interactions entre enfants de cet âge (e.g. Gilly, Fraisse, & Roux, 2001). Deux grandes approches sont classiquement distinguées (Gilly, 1990). La première étudie le rôle des interactions dans le développement cognitif. Cette perspective dite structurale fait référence à la théorie piagétienne. La seconde s’intéresse à la construction de connaissances spécifiques au cours des interactions dans le cadre de la résolution de problèmes (perspective procédurale). Elle s’appuie sur les études portant sur les procédures de résolution de problèmes et le traitement de l’information. Plus récemment, depuis les années 1990, les recherches accordent une place privilégiée aux processus intersubjectifs et étudient les interactions dans leur dimension communicationnelle.
3
Selon Deleau (1990), la communication est un système intersubjectif s’inscrivant dans un contexte situationnel, interactionnel et interdiscursif. Le contexte ne préexiste pas à l’interaction mais il est coconstruit par les individus au cours des échanges. Les situations d’interactions sociocognitives comme toute situation de communication s’organisent à partir du partage et de la négociation de significations (Gilly, Roux, & Trognon, 1999 ; Grossen & Perret-Clermont, 1994 ; Perret-Clermont, Schubauer-Leoni, & Trognon, 1992). Les significations à coconstruire concernent les diverses composantes de la situation, les aspects sociaux (les rôles et les enjeux) mais aussi les aspects cognitifs tels la représentation du but de la tâche ou les moyens à mettre en œuvre pour la résoudre. Chaque enfant élabore sa propre représentation de la situation. Cette représentation évolue (se transforme) au fur et à mesure des échanges. Les partenaires parviennent progressivement à une représentation commune et partagée par une négociation de la signification de la situation. Dans ce cadre, les connaissances résultent d’une construction intersubjective. Selon Gilly et al.(1999) différents degrés d’intersubjectivité sont possibles, l’intersubjectivité est maximale lorsque « les partenaires ont la même définition de la situation et qu’ils savent qu’ils la partagent » (p. 22).

Inférences sur les états mentaux et interactions


4
Ces travaux conduisent à s’interroger sur les processus psychologiques qui sous-tendent l’intersubjectivité et qui sont en jeu dans la co-construction de savoirs au cours des interactions. L’intersubjectivité ne semble possible que si la « subjectivité » du partenaire, son point de vue, est repéré et identifié. En l’occurrence, pour opposer son point de vue à celui d’autrui, pour négocier, s’accorder, il paraît nécessaire de se représenter ce que le partenaire comprend de la situation, quelles sont ses connaissances, ses intentions, etc. Par exemple, un enfant devant expliquer une règle de jeu à son camarade est censé se préoccuper des croyances de celui-ci concernant cette règle.
5
Au cours des échanges, les interactants peuvent avoir besoin de comprendre les états mentaux du partenaire (e.g. ses croyances) mais aussi sa relation à la situation (e.g. la difficulté qu’il éprouve). Les éléments tels que la représentation de la tâche, les croyances quant à la signification de la consigne, le sentiment face à une difficulté peuvent constituer des informations utiles pour s’engager dans la négociation. Ainsi, « la subjectivité » d’autrui ne se limite pas aux états mentaux (dans leur sens strict). La compréhension d’autres aspects de la vie mentale du partenaire peuvent s’avérer pertinents pour le déroulement d’une interaction, en particulier la relation d’autrui à la situation (trouve-t-il la tâche difficile, est-il d’accord avec la réponse donnée, est-il en difficulté, etc.). Par exemple, si un enfant pense à tort que son partenaire rencontre des difficultés pour résoudre la tâche, il risque de réagir de façon non adaptée en offrant son aide. La réaction d’aide peut alors être mal perçue. Les états mentaux, et plus généralement la vie mentale d’autrui, correspondent à des états internes qui ne sont pas directement accessibles, explicites. Leur appréhension nécessite la production d’inférences. Nous pensons donc que des inférences relatives aux états mentaux du partenaire ponctuent les interactions sociocognitives et jouent un rôle déterminant dans la construction de significations partagées (Gauducheau & Cuisinier, 2003).
6
Ce postulat est cohérent par rapport aux études s’intéressant au développement de la compréhension des états mentaux. Elles montrent que les compétences inférentielles des enfants concernant les états mentaux d’autrui sont importantes pour interagir. Certains auteurs soulignent le rôle crucial de la capacité à attribuer des états mentaux à autrui dans la compréhension du monde social (Astington & Jenkins, 1995 ; Dunn, 1994). L’aptitude à appréhender ce que pensent les autres, mais également à concevoir que nos actions sont déterminées par nos états mentaux, permettrait de s’ajuster au partenaire en situation sociale. Des travaux empiriques constatent que les enfants réussissant le mieux les épreuves d’attribution d’états mentaux (fausse croyance et émotion) manifestent des interactions plus adaptées avec leurs pairs (Jenkins & Astington, 2000 ; Slomkowski & Dunn, 1996) et présentent davantage de comportements prosociaux (Lalonde & Chandler, 1995 ; Watson, Nixon, Wilson, & Capage, 1999).
7
La compréhension des états mentaux (classiquement les croyances, désirs et émotions) a été beaucoup étudiée ces dernières années auprès des enfants de 2 à 5 ans (e.g. Bradmetz & Schneider, 1999). Une étape importante intervient vers 4 ans lorsque l’enfant réussit à attribuer une fausse croyance (cf. étude princeps de Wimmer & Perner, 1983). Cette réussite traduit une capacité à se représenter un état mental différent du sien et erroné par rapport à l’état du monde. Certaines élaborations concernant les états mentaux sont plus tardives. C’est le cas des états mentaux de second ordre. Les enfants sont capables de répondre à des questions sur des situations qui combinent de façon récursive les états mentaux ( « penser que l’autre pense que... » ) à partir de 6 ans (Perner, 1988). Par ailleurs, certaines connaissances sur d’autres facettes du fonctionnement psychologique d’autrui se développent plus tardivement, notamment sur les traits de personnalité, les activités cognitives, etc. (pour une synthèse, Thommen, 2001).

Comment les inférences sont-elles produites ?


8
Partant du postulat selon lequel des activités inférentielles relatives aux états mentaux du partenaire interviennent au cours des interactions sociocognitives, il semble important de comprendre sur quels éléments de la situation les enfants s’appuient pour produire ces inférences. La connaissance de ces activités inférentielles peut permettre de mieux saisir les processus intersubjectifs des interactions sociocognitives.
9
Les inférences sont des activités mentales impliquées dans une multitude de domaines de la cognition (raisonnement, compréhension de textes, catégorisation, attribution causale, etc.). Les inférences ne sont, à notre connaissance, pas étudiées pour elles-mêmes mais dans le but de comprendre les activités dans lesquelles elles s’inscrivent. Par exemple, dans le cadre de problèmes d’appartenance catégorielle, on va s’intéresser aux informations utilisées par les enfants pour inférer la catégorie d’appartenance d’un objet. En l’occurrence, les enfants, à partir de 4 ans, s’appuient sur les propriétés profondes des objets (Gelman & Markman, 1986). Par exemple, l’enfant infère que le requin appartient à la catégorie poisson à cause de sa propriété « respire sous l’eau » même s’il possède des traits perceptifs proche du dauphin (catégorie mammifère). Richard (1990) affirme que « les inférences consistent à produire de nouvelles informations à partir des informations existant en mémoire, à savoir les connaissances, et des informations issues de la situation » (p. 15). Par conséquent, les inférences sont étroitement liées aux informations présentes dans la situation et aux connaissances du domaine. Il semble donc difficile d’identifier une capacité d’inférence indépendante du domaine et du problème posé.
10
À l’heure actuelle, les mécanismes par lesquels les enfants infèrent les états mentaux en situation naturelle sont mal connus. Cela s’explique, en partie, par les préoccupations théoriques des auteurs. La plupart s’interrogent sur « la nature » du changement cognitif apparaissant vers 4 ans et manifesté à travers la réussite des tâches de « fausse croyance » (cf. tâche de Wimmer & Perner, 1983). Les recherches examinent les conceptions mobilisées par les enfants pour réussir ce type de tâche (ce que les auteurs désignent par l’expression « théorie de l’esprit »). Les situations à partir desquelles on demande aux enfants de réaliser des inférences sont souvent fictives (récit d’histoires) et simplifiées. Ces situations ne permettent pas de présenter la diversité des composantes constitutives des contextes naturels (états mentaux multiples, comportements expressifs, échanges verbaux, enjeux de la situation, etc.).
11
Toutefois, certaines études se sont interrogées sur les indices utilisés par les jeunes enfants pour déterminer l’objet du désir d’autrui. Les résultats indiquent que les enfants vers 4 ans utilisent la direction du regard et le pointage pour repérer dans quel sens se dirige l’attention d’autrui ainsi que l’objet de son désir (Lagattuta, Wellman & Flavell, 1997 ; Lee, Eskritt, Symons, & Muir, 1998). Les enfants « déchiffrent » les comportements non verbaux en termes d’états mentaux. Par exemple, les émotions de base sont reconnues à partir des expressions faciales entre 4 et 6 ans (pour une synthèse, Manstead & Edwards, 1992).
12
Certaines recherches montrent que les gestes reflètent une transition lors de l’acquisition de connaissances (Alibali & Goldin-Meadow, 1993 ; Garber, Alibali, & Goldin-Meadow, 1998). Dans une étude d’Alibali et Goldin-Meadow (1993), les gestes et le discours d’enfants (9-10 ans) résolvant des problèmes d’équivalences mathématiques ont été codées selon une grille prévoyant six types d’explication de la solution du problème. Parmi les enfants ne proposant pas la bonne explication, certains manifestent une discordance entre l’explication produite à partir des gestes et celle exprimée par le discours. Cette discordance correspondrait à un état durant lequel l’enfant active plusieurs explications concurrentes. Cet état serait propice au changement cognitif puisque ces enfants « discordants » fournissent dans un second temps une explication concordante et correcte (ce n’est pas le cas des enfants exprimant une solution incorrecte dont les gestes et le discours concordent). De plus, la discordance entre gestes et discours d’autrui est utilisée par les enfants de 9-10 ans pour évaluer si celui-ci réussit à résoudre un problème de mathématiques (Kelly & Church, 1997). Ainsi, les expressions non verbales peuvent traduire des états émotionnels mais également cognitifs. Elles semblent donc être des informations pertinentes pour produire des inférences sur autrui dans le cadre des situations de co-résolution de problèmes.

Objectifs et paradigme de la recherche


13
Trois objectifs président à l’étude présentée ci-après. Premièrement, nous examinerons quels contenus mentaux peuvent être attribués à autrui dans un contexte d’apprentissage en collaboration. Deuxièmement, nous déterminerons la pertinence des inférences produites par les enfants. Enfin, le troisième objectif est d’étudier dans quelle mesure les enfants s’appuient sur les aspects non verbaux des conduites d’autrui pour inférer ses états mentaux. Les expressions non verbales ont beaucoup été étudiées en tant qu’indices des émotions mais nettement moins comme indices de cognitions liées à l’activité de résolution de problème.
14
Les difficultés méthodologiques inhérentes aux activités inférentielles sur les états mentaux (activités probablement inconscientes et rapides) nous ont conduites à construire un paradigme permettant d’étudier des inférences explicites. Ce paradigme prévoit que les sujets observent de courtes séquences vidéo d’une interaction sociocognitive entre deux enfants de leur âge. Les inférences sont ensuite sollicitées par l’intermédiaire de questions posées au sujet concernant les états mentaux d’un des enfants filmés. Nous avons privilégié une approche expérimentale tout en proposant une situation la plus proche possible d’un contexte naturel. En effet, l’interaction sur laquelle portent les inférences correspond à un contexte d’apprentissage scolaire familier (exercice de mathématiques réalisé en collaboration dans une salle de classe). Le matériel que nous avons construit permet de faire varier l’accès aux informations verbales afin d’étudier l’importance des expressions non verbales dans ce genre d’activités inférentielles.
15
Les inférences des enfants sont abordées sous l’angle de leur contenu et de leur pertinence. Dans le cadre de notre étude, les inférences portent sur une situation naturelle. Il s’agit donc d’activités interprétatives qui ne sont pas exactes. Elles peuvent se rapprocher plus ou moins de ce que pense et ressent autrui mais différentes interprétations sont possibles. L’inférence produite peut être difficilement confirmée à part éventuellement en demandant à la personne d’expliciter son état mental. Cela est très différent des situations expérimentales de type fausse croyance impliquant un scénario et des personnages dont l’état mental peut être précisément caractérisé (existence d’une bonne réponse). C’est pourquoi la notion de pertinence est plus adaptée pour désigner la qualité des inférences que l’on peut produire face à une situation d’interaction (éléments contextuels complexes et états mentaux multiples). Les inférences sur les états mentaux peuvent être considérées comme pertinentes lorsqu’elles sont compatibles avec ce que ressent et pense le partenaire. Nous supposons que des inférences pertinentes peuvent permettre de mieux s’adapter au partenaire (même si elles ne garantissent pas une réaction adaptée). Cette caractéristique propre aux inférences sur les états mentaux d’autrui concernant une situation d’interaction naturelle, implique selon nous de définir une norme de pertinence. L’accord entre plusieurs juges aurait pu constituer une norme. L’analyse d’experts constitue une autre référence possible. Elle est fondée sur l’analyse de l’interaction à partir de critères définis. Dans ce cas, les états mentaux attribués sont confrontés à des conduites susceptibles de les sous-tendre. Nous avons privilégié ce type de référence plutôt que la comparaison à une norme définie par un consensus (sans que l’on sache si ce consensus est fondé ou non).
16
Cette recherche concerne les enfants de 9-10 ans. Il s’agit d’une période bien étudiée du point de vue des interactions sociocognitives, pour laquelle des outils d’analyse adaptés sont disponibles. De plus, les savoirs des enfants de cet âge concernant la vie mentale d’autrui sont peu connus. En effet, les études s’intéressent principalement aux enfants de 3 à 6 ans, âge de l’acquisition d’une « théorie de l’esprit ».

MÉTHODE


Population


17
Quarante-neufs enfants en classe de CM1 ont participé à cette expérience. Ils sont âgés de 9,9 ans en moyenne (écart type de six mois, 26 filles et 23 garçons).

Procédure


18
La tâche proposée aux enfants consiste à produire des inférences par l’intermédiaire de questions suite au visionnage d’une séquence d’interaction.
19
Dans un premier temps, les participants voient un film montrant un enfant effectuant un exercice en collaboration avec un camarade (son coupé). Il s’agit d’un gros plan sur un seul des interactants nommé enfant « cible » (buste et torse). La présence d’une seule personne à l’écran limite les informations disponibles et simplifie la situation à analyser. La vision du film entier permet de donner une vue d’ensemble de l’interaction. De plus, les participants reçoivent quelques informations sur les conditions de réalisation des films (lieu, nature des relations entre les interactants, etc.) et sur l’activité proposée aux enfants filmés.
20
Dans un deuxième temps, ils regardent des séquences extraites du film (séquences A-B-C-D-E). L’ordre des séquences a été contrebalancé à partir de la procédure du carré latin [2]
[2]  A-B-C-D-E : n = 11, B-C-D-E-A : n = 9, C-D-E-A-B :...
. Chaque séquence est montrée deux fois au minimum et autant de fois que les participants le souhaitent. Une partie des participants visionnent les séquences avec le son (n = 24) et l’autre partie regardent les mêmes séquences muettes, privées du son (n = 25). Les inférences sont réalisées sur chaque séquence une à une à partir d’une série de questions proposées toujours dans le même ordre (le contrebalancement de l’ordre des questions semblait alourdir le dispositif auprès des enfants).

Analyse de l’interaction présentée aux participants


21
L’interaction filmée concerne deux garçons de 10 ans issus de la même classe de CM1 réalisant ensemble des additions et soustractions « à trous » (par exemple, . . 8 + 87 . = 1 432). L’interaction a fait l’objet d’analyses afin d’en caractériser le contenu et de déterminer les séquences retenues pour l’expérience.
22
Nous avons conduit trois types d’analyses. Une analyse des aspects généraux de l’activité permet de rendre compte de la résolution du problème par les deux garçons (e.g. questions sur la procédure, erreur, etc.). Une seconde analyse décrit la nature des interactions entre les deux partenaires à partir d’une grille classiquement utilisée dans les études sur les interactions sociocognitives (Gilly, Fraisse, & Roux, 2001). Les échanges peuvent constituer une co-élaboration acquiesçante. Dans ce cas, les interventions de l’un des partenaires ont valeur de contrôle et de renforcement d’une solution sans qu’il y ait eu accord explicite ou opposition. La solution adoptée n’a pas fait l’objet de négociations mais le partenaire l’accepte. La co-construction correspond à un moment où la construction d’une solution repose sur la succession alternée des différentes interventions des partenaires sans manifestation observable de désaccords ou de contradictions. Dans la confrontation avec désaccord non argumenté, un des partenaires fait une proposition que l’autre n’accepte pas, sans argumenter ce rejet, ni faire une autre proposition. La confrontation avec désaccord argumentésignifie que le partenaire refusant une proposition propose aussi un argument et/ou fait une proposition d’une autre procédure. Enfin, la dernière analyse porte sur les expressions non verbales des enfants.

Description des séquences supports des inférences


23
Les cinq séquences d’interaction extraites du film durent entre dix et onze secondes (cf. tableau 1). Cette durée apparaît maximale pour limiter les informations à traiter. Par ailleurs, elle a donné des résultats satisfaisants dans deux études préliminaires (Gauducheau & Cuisinier, 2003).

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TABLEAU 1. — Description des séquences
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:52

RÉALISER UNE CARTE MENTALE : COMMENT FAIRE ? Fiche méthode modifiée d'après l'article : http://svt.ac-creteil.fr/?Comment-faire-une-carte-heuristique Objectif : moyen de communication pour : s'organiser, mémoriser, présenter et échanger des idées. Outils : une feuille blanche, des crayons de couleur ou feutres … et un peu d'imagination et de créativité... 
Quelques règles à respecter Il est important de se fixer quelques repères pour créer et comprendre la lecture des cartes.
 1- Le sens de lecture Les cartes se lisent dans le sens horaire. À partir de l’idée centrale, le premier nœud "enfant" apparaît en haut à droite. Les autres nœuds, de même niveau, suivent dans le sens des aiguilles d’une montre. Il en va de même pour les nœuds de deuxième ou de troisième niveau. 
2- Des aides à la lisibilité et à la mémorisation La carte offre une vue d’ensemble. Pour en faciliter la lecture et la mémorisation, certains éléments sont nécessaires, voire indispensables. • Il est préférable de n’utiliser qu’un ou deux mots clés par nœud. Si plus de deux mots sont nécessaires, il faut alors envisager de créer de nouveaux nœuds. • Il ne faut pas hésiter à insérer des images (photographies, dessins...) qui illustrent les idées. Cela favorise l’ancrage dans la mémoire. • L’apport de couleurs facilite également la lisibilité et la mémorisation de la carte. • La forme des liens est également importante. Il semblerait que l’utilisation de courbes, plutôt que de liens (ou branches) rectilignes, fluidifient la lecture de la carte. Cette dernière plus "jolie". Elle est plus agréable à regarder et à lire. 3- Une hiérarchisation bien visible Une carte, sensée représenter la pensée de l’auteur (ou des auteurs), doit être bien organisée. • Le sujet d’attention est au centre, illustré par une image. • Les idées irradient à partir de l’idée centrale, sous forme de branches courbes, colorées. • L’utilisation d’un code de couleurs doit renforcer l’organisation de la carte. Il est préférable d’utiliser une couleur par branche plutôt que par niveau. • La hiérarchisation des idées peut être mise en évidence par la taille des caractères et l’épaisseur des traits : du plus gros au plus petit du centre vers la périphérie de la carte. • La hiérarchisation peut également être renforcée par la numérotation des nœuds (ou par un classement alphabétique) et l’utilisation d’icônes. Quelques ressources : Une carte peut se faire sur papier ou bien à l'aide de logiciels : Freemind et son tutoriel, Xmind et son tutoriel, freeplane et son tutoriel.
.../...
http://ww2.ac-poitiers.fr/svt/IMG/pdf/2015_realiser-carte-mentale.pdf
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:53

Combien de temps
Combien de temps mon coeur
Combien de pleures 
Nous reste-il 
pour nous aimer

Combien de rendez-vous
Combien de rendez-nous
Combien de voltfaces
Rendez nous
Notre amour

Tu comptes pour moi
Tu comptes, plus que moi
Tu comptes pour moi
Tu comptes plus que tu le croit

Tu comptes plus que tout
Tu compteras jusqu'au bout
Combien de rendez-vous
Pour qu'on se rendent un jour

A l'évidence
De l'amour
A l'evidence
De l'amour

Combien de meurtrières
Combien de tirans avales
Combien de guerières
sommes nous donc 
si chacales

Combien de rdv
Combien de rdv manqueés
Combien rendez nous
Rendons nous
A l'amour

Tu comptes pour moi
tu comptes plu que moi
tu comptes pour moi
tu comptes plus que tu y croit

Tu comptes plus que tout
Et je comptes sur toi
Combien rendez-vous
Pour qu'on se rendent un jour 
A l'évidence
De l'amour
A l'évidence
De l'amour

Notre prochaine adresse
L'amour
Notre prochaine adresse
L'amour

Tu comptes pour moi
comptes pour moi
comptes pour moi
Tu comptes pour moi
tu comptes plus que tout

Combien de rendez-vous
Pour que se rende un jour a l'amour
I am So Sure
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:54



Psychologie positive, faut-il y croire ? > Psychologie du développement > Les psys vus par les enfants

Les psys vus par les enfants


Héloïse Junier


[size=12]Article modifié le 28/11/2016







  

[size=18]« Magicien », « dames des secrets », « archéologue », « docteur de pâte à modeler » : voilà comment les enfants voient leurs psys…

[/size][/size]

Article issu du numéroJe m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 14800667632_CP23_258




Émilie*, psychologue, témoigne : « Quand il avait 5 ans, mon fils m’a dit un jour : ‘‘Ça y est, je sais ce que je veux faire quand je serai grand ! – Super, dis-moi, lui ai-je répondu. – Psychologue ! [Petit moment de fierté. Il veut faire comme sa maman, me suis-je dit. Avant qu’il n’ajoute :] Comme ça on sera tous les deux à ne rien faire !’’ ».
Si la profession de psychologue suscite, dans notre esprit d’adulte, une multitude d’images, de pensées, voire (surtout) d’idées reçues, chez l’enfant, c’est une autre paire de manches. Le terme de psychologue demeure à ses petits yeux une profession au nom particulièrement alambiqué et au rôle profondément abstrait. Laurianne*, psychologue, partage le fruit de son premier échange avec un petit patient de 7 ans : « - Tu sais ce que c’est un psychologue ? – Non !, lui répond-il. Donc faut que tu me dises ce que je dois faire sinon on va perdre du temps ! »

Un docteur pas comme les autres





L’étiquette de « docteur » est, de loin, celle qui revient le plus souvent dans la bouche des enfants et, sans doute aussi, dans celle de leurs parents. Caroline Davanzo, psychologue clinicienne exerçant en crèche et à domicile en Seine-Saint-Denis (93), nous confirme : « Les plus jeunes d’entre eux me voient au départ comme un genre de docteur. Quand ils me demandent ‘‘Est-ce que t’es docteur ?’’, je leur réponds que je soigne les bobos que l’on peut avoir dans la tête quand on est triste, malheureux, anxieux… ». Pour autant, « la perception de l’aspect curatif du psychologue nécessite une grande expérience du monde des adultes. Progressivement, l’enfant comprendra que certains adultes soignent les bobos du corps tandis que d’autres s’attellent aux bobos de l’âme. L’identification des problèmes organiques est déjà compliquée pour l’enfant alors celle des problèmes psychologiques, n’en parlons pas ! », souligne Josette Serres (voir encadré). Qu’on se le dise, si les adolescents témoignent d’une meilleure compréhension du métier, la tache n’est pas plus mince pour autant. Marion*, psychologue, nous raconte qu’à la question « Est-ce que tu sais en quoi consiste mon travail ? », un adolescent lui a répondu : « Bah oui, t’es psy, avec toi on parle et tu nous aides. Mais t’sais, moi, j’veux pas qu’on m’aide ! ».
Céline Simon-Schecroun, psychologue clinicienne en libéral sur Paris et enseignante à l’institut de psychologie de Paris-Descartes, précise bien à l’enfant que « tout ce qui se dira ici, restera ici », qu’elle ne le répétera pas, « même pas à ses parents ». Si l’aspect curatif du psychologue est difficilement perceptible pour les plus jeunes, la perspective du secret professionnel est, quant à elle, particulièrement bien saisie. « Souvent, les enfants sont étonnés qu’avec moi, ils peuvent avoir de vrais secrets, dire des choses sans que cela ne soit répété à papa ou maman. Ils comprennent généralement assez vite ce principe de confidentialité, le deal d’entrée de notre relation », témoigne Caroline Davanzo. Sophia*, psychologue, nous raconte : « Un patient de 10 ans avait supplié sa mère de venir voir une ‘‘dame des secrets’’… Ce qui est devenu mon surnom depuis qu’il vient me consulter ! »

Un adulte qui occupe une place dans le cœur de l’enfant





Une fois la relation thérapeutique amorcée, il n’est pas rare que le psychologue occupe une place-clé dans la vie et le cœur de l’enfant. « S’il est compétent, bienveillant et suffisamment à l’écoute, le psychologue va entrer dans le cercle des personnes de confiance. L’enfant aura envie de lui confier des choses, sans pour autant avoir conscience d’aller mieux », note Josette Serres. Caroline Davanzo explique justement avoir la sensation d’être perçue par les enfants comme « une personne à mi-chemin entre l’adulte aidant et l’ami, celui qui leur consacre une attention particulière, rien que pour eux ». Selon la théorie de l’attachement, si l’enfant est sécure, ce nouvel adulte qui répond au nom de psychologue (ou PISIchologue ou SPIchologue pour les plus créatifs…) devrait lui paraître sécurisant. À l’inverse, s’il n’est pas sécure, le lien de confiance peut être plus difficile à créer et l’enfant s’engagera dans le cabinet du psychologue avec une certaine résistance, plus ou moins vive. « Dans ce cas, n’importe quel adulte extérieur à son cercle risque de lui faire peur d’emblée, qu’il s’agisse de l’ouvrier qui fait des travaux chez lui, du voisin de palier qui vient frapper à la porte ou du psychologue qui le reçoit en consultation… Il n’y a plus qu’à espérer que le psychologue soit compétent et qu’il aide l’enfant à dépasser cette résistance pour s’engager dans une relation de confiance ! », relève Josette Serres. Pour favoriser la création de ce lien, Alexia Dudouet, psychologue clinicienne au sein d’une unité d’oncologie à l’hôpital Simone Veil de Montmorency, a coutume, lors de la première consultation, de montrer à son jeune patient les dessins exposés au mur en lui expliquant que d’autres enfants, comme lui, sont déjà venus ici.
Ceci dit, si le contexte d’attachement est favorable, le psychologue peut très rapidement devenir une figure d’attachement secondaire pour l’enfant. Les manifestations de cet attachement, multiples, sont variables d’un petit patient à l’autre : « Je suis actuellement à domicile une petite fille qui, dès que je commence à ranger mon stylo (signe annonciateur de la fin de la consultation), m’empêche de partir en bloquant la porte, témoigne Caroline Davanzo. Au même moment, elle me demande de trouver le code secret ! Par ailleurs, quand arrive la dernière séance, certains enfants inventent tout et n’importe quoi pour me garder auprès d’eux. Manifestement, il leur est difficile de me laisser partir… ». Gabriela Bustos Gallardo, psychologue clinicienne en cabinet sur Paris et au sein du CMPP de Suresnes, mentionne des « cadeaux, des petites cartes, des dessins pleins de cœurs ou tout simplement un ‘‘merci’’ chuchoté au moment de se dire au revoir... » Elle ajoute : « Un jour, un enfant de 10 ans – que je suis depuis 2 ans – m’a dit : ‘‘Tu sais, moi, je pense que je vais venir longtemps te voir… – Ah bon ? Et qu’est-ce qui te fait dire ça ? – Bah, j’aime bien parler avec toi, ça m’aide… Je vais venir jusqu’à mes 18 ans pour bien finir l’école !’’ ». Céline Simon-Schecroun témoigne : « Les parents me rapportent souvent que leur enfant parle de moi entre les séances, ce qui semble les rassurer ». Elle poursuit : « Il est fréquent que les enfants veuillent partager ma vie : ils me demandent si j’ai des enfants, un mari, ils m’invitent à leur anniversaire…

« Le psy peut lire dans tes pensées ! »





Compte tenu du flou de leur profession, comment les psychologues se présentent-ils à leurs petits patients ? À ceux qui lui demandent en quoi consiste son métier, Caroline Davanzo leur répond : « Mon super travail, c’est de rendre les enfants plus heureux qu’ils ne le sont déjà. Généralement, cette réponse les fait sourire ! Ceci dit, certains enfants me considèrent toujours comme un genre de docteur puisque la semaine dernière, une petite fille que je suis depuis six mois m’a dit : ‘‘J’ai suivi ton ordonnance de câlins !’’ ». Céline Simon-Schecroum, quant à elle, se décrit comme la « dame des soucis », l’idée étant de « laisser dans cette pièce (mon cabinet) tout ce qui lui est désagréable afin qu’il reparte plus léger, comme libéré ». Alexia Dudouet témoigne : « Je rencontre régulièrement des enfants qui doivent faire face à la mort de leurs parents ou de leurs grands-parents. J’ai pour habitude de me présenter comme quelqu’un avec qui on peut discuter de ce que l’on pense car, des fois, il est plus facile de discuter avec une inconnue qu’avec sa maman ». Gabriela Bustos Gallardo se présente, quant à elle, comme la personne qui offre à l’enfant « un espace propre à eux, pour pouvoir dire ce qui se passe en eux, construire des choses, mais aussi détruire ce qui les gêne pour avancer ».
Il n’est pas rare que la manière dont les adultes perçoivent le psychologue influence la propre représentation de l’enfant et freine ainsi la création du lien de confiance. « J’ai déjà entendu une enseignante chuchoter à son élève : ‘‘Il faut dire la vérité au psychologue car il a le pouvoir de lire dans tes pensées !’’, se souvient Josette Serres. Rien de tel pour que l’enfant appréhende ce curieux et dangereux personnage qui risque de lui faire perdre son jardin secret ! ». Caroline Davanzo témoigne : « Il est arrivé, sur le lieu d’accueil enfant-parent où j’interviens, que les parents disent à leur enfant : ‘‘Attention, si tu continues, Caroline va se fâcher !’’. Je pense que certains parents démunis cherchent à poser des limites par mon intermédiaire… ». Céline Simon-Schecroum témoigne à son tour : « Un enfant de 9 ans m’a dit une fois que j’étais la dame qui allait lui enlever ses peurs, ce que lui avait préalablement dit sa mère. Un autre m’a demandé si j’allais lire dans sa tête. Il m’est arrivé à plusieurs reprises qu’un enfant me demande si je suis une magicienne ».
Gabriela Bustos Gallardo constate que la peur de rencontrer un psychologue est surtout présente chez les plus grands enfants et les adolescents, chez qui le mythe du « psy, c’est pour les fous » demeure très présent. Laurianne*, psychologue à la Réunion, a expérimenté cette même référence à la folie à des milliers de kilomètres de la métropole : « Alors que j’étais en stage, un patient de 10 ans qui bénéficiait d’un suivi depuis plusieurs mois avait lancé à sa psychologue (en créole) : ‘‘Madame, je ne suis plus taré, on peut arrêter maintenant !‘‘ ». •




* Témoignages recueillis sur internet, via la page « La psy contre-attaque ». Merci aux abonnés pour leurs précieuses contributions !
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Comment l'enfant comprend mieux son psy






Analyse de Josette Serres, docteure en psychologie du développement, ingénieure de recherche au CNRS, spécialisée dans le développement cognitif du nourrisson, co-auteur de Petite enfance : (Re)construire les pratiques grâce aux neurosciences (Chronique Sociale, 2015).
« La manière dont l’enfant perçoit une profession repose sur ses propres représentations du monde des adultes, sur des modèles connus qui vont constituer pour lui des sortes de points de repère. Or, dans l’entourage de l’enfant gravitent plusieurs types de professionnels tels que le pédiatre, le dentiste, la maîtresse d’école… Si c’est son pédiatre qui l’oriente vers un psychologue, l’enfant va avoir tendance à rattacher ce dernier à l’univers médical et considérer le psychologue comme un genre de docteur. En revanche, s’il s’agit de son enseignante, l’enfant est susceptible de le rattacher à l’univers scolaire : le psychologue sera un genre de maîtresse d’école avec qui on parle et on fait des dessins. D’ailleurs, le fait de rattacher le psychologue à l’un de ces deux modèles peut faire naître en lui quelques réticences : tandis que le docteur peut faire des piqûres douloureuses, la maîtresse d’école, quant à elle, soumet ses élèves à des évaluations et attribue parfois des mauvaises notes !
Parallèlement, se greffera à cette première représentation du psychologue celle des adultes, ou plutôt la manière (plus ou moins positive) dont ils lui auront présenté ce praticien. Après quoi sa perception s’affinera au fur et à mesure des visites : il se rendra compte que le psychologue n’est pas un docteur ; ni une maîtresse, mais quelqu’un d’autre, avec ses spécificités.
L’enfant ne peut pas avoir conscience que le psychologue peut l’aider sur le plan psychologique avant 7-8 ans, tout simplement parce qu’il n’a pas nécessairement conscience de ne pas aller bien. Avant cet âge, il risque de le percevoir comme un adulte qui s’occupe de lui, qui va le comprendre, quelqu’un en qui il peut avoir confiance. Imaginons qu’un enfant ait des difficultés de sommeil et que, depuis qu’il consulte un psychologue, ça se passe mieux. L’enfant ne fera pas forcément de lien entre ses nuits et les visites chez le psychologue. »

Propos recueillis par Héloïse Junier






Quelques mots d'enfants sur la profession de psychologue






« C’est un médecin de la tête, il fait des pansements invisibles pour guérir la tête des gens. » 
« Un PYchologue, ça fait rien de la journée, ça écoute les gens !» 
« J’suis allée voir la PISIchologue. » 
« Le SPYcologue, il fait dépleurer les gens ! » 
« Mais ce que tu fais là de m’écouter comme ça, c’est ton vrai métier ? » 
« Toi, ton travail, c’est de penser à ce que les enfants pensent ? » 
« C’est un docteur pour parler. » 
« En fait, tu relies les câbles du cerveau comme un plombier ? » 
« Ah oui, toi tu vas me soigner avec les mots… » 
« Il faut des grandes oreilles comme les éléphants... Parce que ça fait beaucoup de choses à entendre... » 
« T’es la tata des soucis. On te les dit et après ils sont plus dans notre tête. » 
« T’es un docteur à pâte à modeler. » 
« T’es archéologue, tu cherches des trucs je crois. » 
« Mais ce que tu fais là à m’écouter comme ça, c’est ton vrai métier ou tu fais ça bénévolement ? » 
« Toi, tu écoutes et tu caches tous les secrets des enfants dans ton bureau. » 
« T’as bien travaillé maman ? T’as écouté les gens pleurer et après y zétaient plus tristes ? » 
« Avec toi, on transforme tout le caca en glace en chocolat. » 
« T’es un peu le docteur des soucis. » 
« On va chez le docteur qui parle ? » 
« En fait, tu répares les cœurs… » 
« Tu lis dans les cerveaux ? » 
« J’aime pas venir te voir. Ça sert à rien mais je t’aime bien. » 
« Tu es le docteur des bobos de la tête… » 
« En fait, ton métier ça sert à rien… Pourquoi tu fais ça ? » 
« Ben, c’est quoi ton métier de SYchologue ? C’est pour les fous ça ! » 
« C’est pas une ptite-chologue, c’est une grande-chologue ! » 
« T’es la dame qui nous aide à bien grandir. » 
« Tu m’as enlevé mes cauchemars de ma tête… En fait t’es une fée magique ! » 
« Tu lis dans mes pensées. Tu m’as ensorcelé ! »
Josette Serres s’interroge : « Je note que le verbe ‘‘écouter’’ revient très souvent, ainsi que ce qui a trait au langage. L’écoute semble être le principal trait du psychologue, aux yeux des enfants. Je me questionne : si certains parents prenaient davantage le temps d’écouter leur enfant et de lui répondre quand il se questionne, cela ne pourrait-il pas remplacer des séances chez le psychologue ? ».

Héloïse Junier




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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:55

[size=30]De l’art de se tenir en société[/size]





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Publié le 14 novembre 2016par Mélimélanie
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Mon petit article qui trotte, qui trotte dans ma petite tête… Mon petit article qui s’en va et qui revient. Et si je vexais en écrivant là-dessus ? Et si je récoltais plein de commentaires négatifs ? Et si je passais encore pour la pas drôle de service ? Allez, cette fois-ci, je me lance ! Chère lectrice (lecteur ? – on ne sait jamais, je ne suis pas sexiste), je ne suis pas à l’aise en société.
Non non non. Je suis toujours un peu trop franche. Toujours un peu trop honnête. Toujours un peu trop concernée par un sujet. Toujours un peu trop sérieuse. Bref, on m’adore ou on me déteste, j’attire rarement l’indifférence en société, et du coup, je suis vite mal à l’aise.
Il faut dire que pour masquer ma timidité, je parle, beaucoup. J’ai un humour tranchant (qui frise parfois le trentième degré). J’ai une grande gueule et un sacré caractère. Et alors, défaut ou qualité, je suis profondément gentille et honnête (coucou tous ceux qui s’en sont rendu compte quand j’étais plus jeune et qui en ont profité), donc pour ne pas qu’on se serve de moi, j’ai développé une jolie carapace de sarcasme et de froideur.
Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Malaise-en-societe-1024x632
Crédits photo (creative commons) : Alexas_Fotos


Je n’ai pas été câblée pour la vie en communauté

Certains disent que je suis sauvage. C’est possible. En tout cas, j’ai besoin de mon espace. L’open space dans lequel je travaille est un challenge de tous les jours. Heureusement, mon poste de travail est assez grand et placé de telle façon qu’on ne peut pas empiéter dessus.
Ne me parle pas de colonies de vacances ou d’internat. Petite, ça me filait des boutons rien que d’y penser.
Et je ne te raconte pas le calvaire quand je dois aller dormir dans la famille ou chez des amis. Essaye de leur faire comprendre que tu fais une crise d’angoisse à la simple idée de dormir dans un salon ou de partager une salle de bain avec des « étrangers » (c’est-à-dire toute personne autre que mon mari/mon fils/mes parents/ma sœur) sans que ce ne soit mal pris.
Premier défi : même si ça me rend malade, me contrôler en société pour ne pas passer pour une folle.
Solutions :

  • toujours trouver de super excuses pour ne pas avoir à me retrouver dans des situations qui me déplaisent,
  • utiliser un hôtel comme point de chute,
  • refuser, parfois, tout simplement parce que ça m’a rendue réellement physiquement malade,
  • prendre en charge l’organisation, pour pouvoir gérer en amont les situations d’angoisse.



Je déteste qu’on ne reconnaisse pas ses erreurs

Mon goût pour la justice couplé à mon caractère de merde fort me met souvent dans des situations compliquées. Je déteste que l’on rejette une faute sur quelqu’un et que l’on ne prenne pas ses responsabilités.
J’ai appris à me surprotéger dans le monde du travail pour éviter de me retrouver à gérer des cas complexes (parce qu’en plus, je ne lâche pas souvent l’affaire quand je suis sûre d’être dans mon bon droit). Et dans ma vie privée, je passe souvent pour la chieuse de service.
Deuxième défi : se retenir de hurler face à une injustice criante.
Solution : dura lex, sed lex (oui, je me la pète avec des citations en latin : « la loi est dure, mais c’est la loi »). La meilleure des armes, c’est souvent la loi. Connaître la loi peut permettre d’éviter à beaucoup de situations de s’envenimer.
Fais le test un jour devant une situation qui pourrait poser problème (par exemple, un constructeur qui ne tient pas ses délais… sans vouloir viser personne) : mentionner rapidement des textes de loi ou les termes d’un contrat pour rappeler le cadre légal, ça a tendance à aider à trouver une solution très vite. (Bon, je le reconnais, avoir les moyens de se défendre n’empêche pas toujours de sentir remonter son repas de la veille devant la mauvaise foi de certains.)

Je pars du principe qu’on peut parler de tout

Oui ma brave dame, même de politique et d’argent !
Je n’ai jamais compris ce tabou autour de certains sujets. Alors, on est d’accord, on ne parle pas de forcer un certain sujet devant quelqu’un qui n’a clairement pas envie de l’aborder (un peu comme ces gens lourds, qui te demandent mille fois quand est-ce que tu fais un bébé alors que tu ne peux pas et que tu essaies clairement de changer de sujet). Mais si ça vient naturellement dans la discussion, on ne peut pas juste en discuter entre adultes normaux et ne pas en venir aux mains ? Non ?
Troisième défi : me retenir d’ouvrir les perspectives de mon interlocuteur fermé au moindre dialogue adulte en lui ouvrant la boîte crânienne contre une surface dure.
Solution : il faut aussi savoir lâcher prise, en changeant de sujet, voire tout simplement en mettant fin à la conversation quand on se rend compte que ça tourne au vinaigre. On peut sûrement parler de tout, mais pas avec n’importe qui.

Mon enfer, c’est définitivement les autres

Comment ça, je suis en parfait accord avec Huis clos de Sartre ? Oui, je dois le reconnaître, ce livre m’a parlé et je m’y suis retrouvée. Il m’a même mise mal à l’aise au début (maintenant, à force de le relire, je n’éprouve plus les mêmes sentiments) tant je me projetais dans certaines situations.
Je rêve régulièrement de partir vivre sur une île déserte. Quand je suis fatiguée (ce qui est pas mal le cas en ce moment), je ne supporte plus aucun comportement. Que ce soit celui de cet idiot qui me colle en voiture (ou qui s’arrête n’importe où sans clignotant), ou celui de cette connaissance exaspérante qui fait du victim bashing sur Internet, voire celui de mes proches qui ne trouvent rien de mieux à faire que de me titiller alors qu’ils connaissent mon caractère.
Dernier défi : ne pas tout plaquer pour aller vivre au fin fond de la Creuse avec mon chat.
Solution : soignons le mal par le mal. Ma solution, ce sont aussi les autres : mes proches, mes copines chroniqueuses qui me font rire et avec qui on peut parler de tout, mes collègues (parce que j’ai l’immense chance de partager mon open space avec des gens bien avec qui je peux avoir des débats, des éclats de rire…), ou même ces étrangers que je croise au détour d’une balade et qui me sourient en me saluant.
Alors voilà, c’est fait, je t’ai tout dit, je ne t’ai rien caché. Je ne suis pas un animal mondain. J’aime mon confort et je ne suis pas à l’aise quand il y a trop de monde.
Mais petit à petit, mon mari me pousse dans mes retranchements. Il m’oblige à voir que ce n’est pas si terrible de dormir sur un clic-clac dans un salon. Qu’il faut mettre de l’eau dans son vin et prendre sur soi face à une personne qui nous exaspère (j’ai développé un magnifique sourire crispé que j’utilise régulièrement au travail… mais ceux qui me connaissent bien savent que j’ai ce sourire quand je hurle intérieurement).
Bref, je ne suis pas sociable, mais je me soigne.
Et toi, tu as du mal à savoir comment te comporter en société ? Quelles sont les situations problématiques ? Comment les surmontes-tu ? Viens en parler !
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:56

.../...
Le couple 


Très dangereuse est la personne dont l'image d'elle-même implique de façon dominante le couple qu'elle forme avec une autre personne. Elle peut tuer si l'image est rompue : c'est le crime passionnel. 

Une personne équilibrée a une image de soi propre, qui tient par elle-même, à laquelle elle AJOUTE l'image de ce qu'est le couple. Si l'image du couple se brise, il restera au moins à cette personne son image d'elle-même. 
Une des techniques pour draguer, utilisée par les filles, consiste à arriver chez un garçon en pleurs. Elles offrent ainsi la possibilité au garçon d'obtenir une meilleure image de lui-même en devenant un consolateur, un protecteur. Le garçon est aussi rassuré par le fait qu'il n'encourt aucune obligation; il est là pour donner, pas pour demander ou s'engager. 
Au delà des prétextes, les ruptures sont la conséquence de conflits d'images. Ce qui est nécessaire à l'image de soi de l'un n'arrive plus à être concilié avec ce qui est nécessaire à l'image de soi de l'autre. La situation tourne au dialogue d'aveugles. 
Notre physique, notre look, sont l'expression de l'image que nous avons de nous-mêmes. C'est pour cela que des fortunes colossales peuvent être payées pour un vêtement, un bijoux. Un homme qui offre un bijoux à une femme lui offre par là même une image d'elle-même. Il lui offre même plusieurs images d'elle-même : il l'a compare à ce bijoux, il lui attribue une valeur élevée, il lui permet de montrer à autrui qu'elle a de la valeur... Pour les mêmes raisons certaines femmes détestent les bijoux et méprisent ceux qui en offrent. Question de point de vue. Offrez lui plutôt une image de vous-même ! Par exemple un Totoro
Quelqu'un de séduisant est quelqu'un qui a une image de soi cohérente. Peu importe qu'il soit "beau" ou "laid", qu'il ait une jambe ou deux jambes, s'il a une image de soi bien formée dans sa tête; honnête, juste et assumée avec force, alors il sera quelqu'un qui plaît, qui attire les autres. Pourquoi ? Sans doute parce qu'il a des choses à apprendre aux autres, des choses à leur faire découvrir sur eux-mêmes. Il est un "maître". 
Pour qu'un massage soit réussi, le masseur doit être bien dans sa peau. Il doit avoir l'esprit clair. Il en va de même pour les caresses. Les caresses de quelqu'un qui a une bonne image de soi procureront un plaisir intense. 
Pourquoi les personnes hautaines sont-elles admirées par certains ? Un hautain est une personne qui fait semblant de ne pas chercher l'approbation des autres. Il n'essaye pas de lire dans leurs regards ce qu'il doit penser de lui-même. Les faibles d'esprit en déduisent que cette personne doit donc avoir une très bonne opinion d'elle-même. Une opinion magiquement bonne. Donc ils sont très attirés par cette personne. En réalité, une personne hautaine est toujours une personne creuse. La construction d'une personnalité passe par l'interaction avec les autres (à condition de ne pas tomber dans certains pièges). 
Une relation est souvent basée sur un "modus vivendi". Chacun des deux a un certain rôle. Par exemple l'un des deux est celui qui explique les choses à l'autre, et l'autre est celui qui pose des questions et écoute les réponses. Si un jour ce modus vivendi est rompu, cela peut tourner à la catastrophe. Par exemple si celui qui se faisait tout expliquer se met à trouver des choses par lui-même. L'autre peut le prendre très mal, se sentir menacé au plus profond de son image de soi. Il peut devenir très blessant; "Tu vois, tu t'es trompé.", "Attention, laisse moi faire, sinon...". Le plus souvent inconsciemment, il essayera par tous les moyens de retrouver sa place de donneur d'explications. Certains couples n'ont survécu à ce genre de mutations qu'en apprenant à tisser leur union sur d'autres bases. 
Une des méthodes de drague les plus efficaces dans les discothèques consiste à s'approcher d'une fille à quelques mètres, puis de faire passer son regard sur elle, lentement, de bas en haut, avec l'air de penser "Waw ce qu'elle est chouette !". La fille, voyant ce manège, frétillera instantanément de bonheur et de satisfaction. On lui montre qu'on a une très bonne image d'elle et donc on lui donne une très bonne image d'elle-même. Il suffit après de continuer de s'approcher d'elle et lui adresser la parole. La conversation démarrera tout de suite sous les meilleures auspices. 
On a donné aux hommes une mauvaise image d'eux-mêmes en leur disant qu'ils étaient des brutes assoiffées de baise. Beaucoup d'entre eux ont corrigé le tir. Ils se sont fait une obligation d'apprendre à éviter toute pulsion sexuelle en présence d'une femme. Du coup certaines femmes s'en trouvent dérangées "J'ai beau lui montrer le bout de mes seins, lécher mes lèvres, faire des allusions, il reste de marbre. C'est vraiment une lopette !". Il est dommage qu'elles arrivent à cette conclusion. Elles ne se rendent pas compte du fait qu'au contraire elles ont quelqu'un de bien devant elles. Elles devraient plutôt apprendre à sortir du schéma excitation-baise traditionnel et aller à la rencontre de cet homme, communiquer, le comprendre, le respecter, construire quelque chose avec lui, construire une image du couple à laquelle on peut se référencer, lui permettre de se construire une image de lui-même encore plus belle. 
L'image que les femmes veulent avoir d'elles-mêmes est à l'origine de biens des comportements étranges. Cela concerne tout autant leurs réactions au fil de la journée que leurs choix de vie. Elles essayent perpétuellement de s'organiser une image d'elle-même et changent régulièrement d'optique. 
Certains disent que "Une femme canalise les énergies pour les transmettre à son mari. Elle s'habille, se parfume et va se promener et rencontrer des personnes pour recueillir cette énergie. Revenue à la maison, elle la donnera à son homme.". Comment peut-on traduire cela en termes d'image de soi ? Disons que la femme en se rendant jolie, en étant sociable, s'attire les sourires, l'approbation des autres personnes. Elle acquière ainsi une image favorable d'elle-même. Elle sera sûre d'elle-même, elle aura de l'assurance. Rentrée à la maison elle partagera cette assurance avec son homme, elle la lui transmettra. Il se sentira à son tour sûr de lui, aura une bonne image de lui-même et sera donc fort et résistant contre les problèmes qu'il rencontre à son travail. (Ceci explique pourquoi une femme dépense beaucoup d'argent en robes et en artifices et pourquoi son homme doit considérer cela comme un investissement rentable.) (Dans certains couples ce mécanisme est maladif. L'homme pousse la femme à le tromper, à plaire à d'autres hommes. Chaque fois qu'elle l'a trompé, il la gifle pour la culpabiliser et la garder près de lui, puis il se montre très gentil et caressant pendant quelques jours. Il absorbe toute la séduction qu'elle a recueillie avec l'autre homme. Une fois le capital écoulé, il la renvoie séduire un autre homme.) 
On dit que les femmes aiment les hommes puissants ; hommes d'affaires ou chefs d'Etat. Une des raisons à cela est que ces hommes sont sûrs d'eux-mêmes. Ils ont une très bonne image d'eux-mêmes. Il n'est donc pas nécessaire de sans arrêt les rassurer et les consoler. 
Le coup de foudre est le fait de croire découvrir l'image de soi chez un autre. Par après, l'image de l'autre devra réellement apparaître. Certains sont déçus, d'autres s'en trouvent enrichis. 
Aimer, c'est le fait de voir le mieux possible l'image de l'autre, la comprendre, en avoir une vision claire et parfaitement acceptée. Aimer procure beaucoup de plaisir, surtout si l'on se met à agir en fonction de ce que l'on a perçu de l'image de l'autre, dans l'intérêt de l'autre. 
La passion, c'est ressentir le besoin d'ajouter l'autre à l'image qu'on a de soi-même, vouloir faire en sorte qu'il fasse partie de notre image de nous-mêmes. La passion peut être suscitée par l'autre "de façon générale", elle peut aussi être suscitée par des caractéristiques particulières : son intelligence, sa volonté, sa sensualité, son assurance, un trait de caractère... La passion peut être trompeuse : on peut se tromper dans ce qu'on croit voir en l'autre. Mais on peut aussi ne pas se tromper; la passion amoureuse, cela existe. Si on est passionné par une chose chez quelqu'un, cela veut dire que cette chose existe aussi en nous-mêmes. Sinon nous n'aurions pas pu la "reconnaître". Dans un premier temps la passion nous permet de nous rendre compte de cette chose qui est en nous. Dans un deuxième temps, elle nous donne la possibilité de développer cette chose en nous-mêmes et la maîtriser. 
La passion a sa réciproque : le rejet. Une personne qui est dégoûtée par un clochard, qui détourne le regard avec une expression de dégoût rien qu'en en voyant un, est en réalité une personne qui se sent sâle à l'intérieur d'elle-même. 
La haine, c'est le fait de voir l'image de l'autre, et la rejeter. 
Pourquoi la passion peut-elle être suivie d'une volonté intense de détruire l'autre ? Peut-être parce que le subconscient estime ne pas être arrivé à mener la passion à maturité : il estime ne pas avoir réussi à "prendre" pour lui-même ces qualités de l'autre qui sont à l'origine de la passion. Alors il emprunte une deuxième voie : se mesurer à l'autre. S'il parvient à détruire l'autre il aura la preuve d'avoir réussi à faire mieux que lui. 
Il existe en nous une pulsion qui nous pousse à ajouter une autre personne à notre image de nous-mêmes. Nous sommes faits pour vivre en couple, la "place" du conjoint dans notre image de nous-mêmes est prévue d'origine dans notre cerveau. "N'importe qui", à la limite, peut convenir pour prendre cette place. Au besoin, le subconscient inventera des justifications pour convaincre le conscient de prendre la personne qui se présente. 
Pour ajouter l'image de l'autre à son image de soi, encore faut-t-il savoir quelle est l'image de l'autre. C'est pour cette raison que des personnes qui commencent une histoire sentimentale se parlent longuement. Chacun explique à l'autre qui il est, quels sont les éléments qui constituent son identité. Ils se posent des questions et se répondent. Ils disent spontanément tous les éléments qui pourraient avoir une importance. Certaines personnes ont "compris" ce mécanisme et, hélas, le pervertissent ou le manipulent. Certains par exemple constituent une image d'eux-mêmes "prête à emporter", bien ficelée, qu'ils proposent telle quelle à chaque "amoureux" potentiel. Parfois même assortie d'une photo réalisée à cette effet. 
Certains considèrent l'homosexualité comme une chose naturelle alors que d'autres la considèrent comme une dégoûtante ignominie. Un élément parmi d'autres qui permet de comprendre cette différence de perception est la nuance entre "l'amour d'image" et "l'amour réel". En amour d'image, on se contente de réaliser l'image de soi que la société nous propose. Un homme épousera une femme simplement parce que son milieu lui a inculqué qu'à partir d'un certain âge il faut former un couple. Il se sent bien dès l'instant où il est marié avec une femme, il a réalisé l'image demandée. Peu importe la personnalité de cette femme du moment que son comportement cadre globalement avec l'image. Dans cette image, il est profondément marqué qu'un couple est constitué d'un homme et d'une femme. Cela commence avec Adam et Eve, en passant par Marie et Josef, puis Ginger Rogers et Fred Astaire ou Jean Gabin et Michèle Morgan. Pour des personnes de ces milieux, un couple constitué d'une femme et d'une femme ou d'un homme et d'un homme sera une grave anomalie, une rupture de l'image, qui engendre un profond malaise, un dégoût. Par contre en amour réel la situation est différente. En amour réel on s'intéresse à la personne, on apprend à la connaître, à l'aider, à la soigner, à connaître ses particularités... L'amour réel est un puissant travail intellectuel qui se passe entre deux personnes. Dans ce cas, que l'autre soit un homme ou une femme est d'importance secondaire. Le principal, c'est que c'est une personne, avec ses besoins, ses faiblesses, ses dons, ses manies, le parfum de son âme... Pour les personnes capables d'amour réel, l'homosexualité n'a rien de choquant. Ce qui compte, c'est de s'occuper d'une autre personne. C'est ce qui procure le bonheur le plus intense dans la vie d'un être humain. Parce qu'on ajoute à son image de soi l'immense image qu'est l'autre personne. Que cette personne soit un homme ou une femme est un détail. On pourrait croire que dans les milieux où prime l'amour d'image il y a moins de relations homosexuelles. C'est souvent le contraire. Parce que l'amour d'image empêche l'amour réel et que toute personne aspire à l'amour réel. En amour d'image vous ne pouvez pas réellement prendre l'autre dans vos bras et le câliner. Car un véritable contact physique briserait l'image, vous imposerait ce que l'autre est réellement. Vous percevriez que c'est une personne complexe, qui ne correspond pas à l'image, en bien comme en mal. C'est quelque chose d'effrayant. Seul l'amour réel permet de supporter cela. Dans un monde où l'amour d'image règne, seul un amour homosexuel peut vous permettre d'accéder à l'amour réel. Parce qu'une personne du même sexe sera un peu plus simple à comprendre et surtout parce qu'il n'y a pas d'image qui s'interpose entre vous et elle. Ainsi, même pour des personnes qui n'avaient pas de penchant naturel à cela, l'homosexualité devient la seule façon de connaître l'amour, de se rapprocher de Dieu. C'est bien sur aussi la raison pour laquelle les couples homosexuels sont souvent de meilleurs parents. L'amour d'image détruit les enfants. L'amour réel les construit. (Le raisonnement tenu dans ce texte peut lui-même être perverti. Dans certains milieux homosexuels sectaires on endoctrine les gens au fait que seul l'amour homosexuel a un sens. On retombe bien évidemment là dans l'amour d'image.) En amour d'image on peut se suicider ou tuer, quand l'image ne convient pas. En amour réel c'est presque impossible puisque l'on ressent l'importance que l'on a et la douleur que l'on pourrait causer aux autres. En amour d'image un divorce se déroule souvent dans l'indifférence ou dans la haine. En amour réel un divorce se déroule avec amour. Car même si l'on ne vit plus ensemble il est impossible de ne pas continuer à se préoccuper de l'autre, de ses intérêts. 
Une autre tentative d'explication de l'homosexualité sont que l'on cherche à reconstituer le lien que l'on avait avec le parent de même sexe. On veut instinctivement reconstituer cette image et les perceptions qui y étaient associées. C'est peut-être plus souvent vrai pour les femmes, dont les relations homosexuelles sont parfois dévorantes, passionnées, comme la relation exclusive d'un enfant à ses parents. Encore une explication est que l'on recherche en l'autre une image de soi-même, un miroir narcissique. Forcément cela fonctionne mieux avec une personne du même sexe. Ces phénomènes ont peut-être une influence mais il est actuellement admis que l'homosexualité est une question de nature. On naît ainsi, prédisposé à l'homosexualité. Une personne née franchement homosexuelle n'aura jamais d'émotions pour une personne de l'autre sexe. Bien sûr des éléments du vécu peuvent influencer. On considère qu'une personne n'est jamais tout à fait hétérosexuelle ou tout à fait homosexuelle. Une personne qui est entre les deux peut se croire homosexuelle parce que le premier partenaire à vraiment lui donner du plaisir et un sentiment passionnel est par hasard une personne du même sexe. C'est alors un peu superficiel comme conclusion. De même une personne plutôt homosexuelle peut se croire hétérosexuelle parce qu'elle a rencontré une personne de l'autre sexe vraiment géniale. Il existe aussi par exemple le cas de femmes qui ont été à ce point dégoûtée par le comportement de certains hommes que la seule pensée d'un organe masculin les rend malade. Cela leur inspire une telle répugnance que l'homosexualité devient la seule façon d'avoir une vie de couple. 
Un petit enfant est complètement dépendant de l'approbation de ses parents. Son univers, son image de soi, n'existe qu'au travers de ses parents. Une dépendance semblable existe entre les conjoints. Mais elle est sensée être plus mature. Chacun doit être capable d'exister par lui-même. Il doit être capable de survivre indépendamment de l'autre. Il se donne à l'autre, requiert sont approbation, pour être en communion avec lui, pour former quelque chose de meilleur encore. 
Les relations affective à la façon des occidentaux sont fausses en ce sens que chacun des partenaires imagine l'autre comme étant idéal. Il s'invente une image de l'autre. Cette déviance est alimentée par la culture de masse occidentale. Quand on rencontre une personne et qu'un sentiment se crée, le cerveau produit des hormones qui donnent des sensations de bonheur ou de jouissance. Les occidentaux profitent simplement de cet état, sans rien donner en échange. Ils se comportent comme des toxicomanes, ils pervertissent l'amour en essayant de profiter des hormones de bien-être. Au fil du temps le cerveau produit moins d'hormones et l'anesthésie cesse. Chacun commence à se rendre compte de la personne qu'il a en face de lui et ne comprend pas cette personne. C'est rapidement la guerre. Chaque défaut de l'autre devient une arme pour l'écraser, on l'utilise pour l'humilier et pour justifier des exactions. Certains arrivent à s'arranger à l'amiable mais le plus souvent c'est la ruine mutuelle. D'autres cultures voient les choses de façon totalement différente. Dans l'amour tantrique, par exemple, avant de se faire des gros câlins on peut commencer par se faire des reproches. On dit à l'autre toutes les frustrations qu'il a pu causer au fil de la journée, ce en quoi on le trouve minable... Le but n'est pas d'écraser l'autre mais de lui permettre de se justifier. La plupart des reproches sont en effet infondés. Pour le reste, on montre à l'autre qu'on accepte ses particularités, que l'on apprend à vivre avec on qu'on l'aide à s'améliorer s'il le désire. Les hormones de bien-être servent à favoriser cette attitude d'amour. Comme les hormones sont cette fois-ci bien utilisés, leurs effets sont beaucoup plus forts. Ce n'est plus du bricolage, c'est du véritable bonheur. Si ensuite on passe à de gros câlins, ce qui se passera peut dépasser l'entendement. 
Ce qu'un autre est, est toujours un peu insupportable. Ses manies, sa bêtise naturelle, ses odeurs, ses bruits... Quand on tombe amoureux d'une personne, des glandes dans notre cerveau se mettent à produire des endomorphines, qui nous rendent explosés et broyés du bonheur le plus chaud, le plus goûtu qui soit. Cela nous permet de supporter la personne. Tout ce qui concerne cette personne fera pouet pouet sur les petites glandes. Nous serons complètement accros à cette personne. Tout particulièrement les détails les plus nuisibles de cette personne nous rendront fous de bonheur, ou deviendront invisibles. Le problème est que système des glandes ne fonctionne pas éternellement. Donc un jour on se retrouve privé d'anesthésie, comme un patient qui se réveillerait sur la table d'opération avec le ventre grand ouvert et les tripes à l'air. Il s'ensuit des hurlements et des expressions de dégoût sans nom contre la personne précédemment adorée. Je me demande si on ne remue pas le couteau dans la plaie justement parce que ce sont les détails les plus répugants de la personne qui nous causaient le plus de bonheur. Un drogué en manque est prêt aux pires horreurs pour tenter de retrouver quelques parcelles de bien-être. Quand un couple fonctionne, il survit à la fermeture des glandes. Il trouve un autre bonheur, plus profond et plus spirituel à être ensemble. Pour réussir cela il y a tout un travail. Il faut s'adapter l'un à l'autre, apprendre à se comprendre l'un-l'autre... Il faut apprendre à goûterle plaisir que l'on a à s'occuper de l'autre et à le comprendre... C'est par exemple la raison pour laquelle les vrais couples ont parfois des éclats de voix et des scènes. Ce sont autant de petits procès qui permettent à chacun de poser des questions difficiles, de tester l'autre, d'obtenir justice... De fil en aiguille les liens se tissent. Les petits procès peuvent aussi dégénérer et on voit alors des couples qui s'aiment éclater dans un fracas.
Quand on est en couple avec quelqu'un, l'imprégnation de l'image de soi qui se crée peut devenir malsaine. Elle peut être à la fois trop forte et mal placée. Il en résulte une peur très dure d'être abandonné. J'ai vu des lâcheté grave commise à cause de cela. Par exemple laisser le conjoint maltraiter un enfant ou en abuser. Bien des crimes sont commis uniquement pour cette raison. Parfois, l'attachement se fait à une communauté plutôt qu'à une personne en particulier. 


Les pathologies 


Orgueil, vanité, arrogance, névrose, nationalisme... sont des pathologies de l'image de soi. D'où l'expression populaire utilisée parfois à l'égard de personnes qui en souffrent : "Pour qui se prend-il ?". 

Une priorité est d'avoir une vue d'ensemble de soi, une vue générale. Les personnes dont l'image de soi est morcelée ont de gros problèmes. 
Ce qui fait de l'héroïne une drogue aussi forte est qu'elle donne l'illusion d'avoir une image de soi et du monde cohérente et idéale. Elle impose le message "Tout va bien". En particulier elle dit : "Tout fonctionne comme il faut", "Il n'y a plus de problèmes", "Il n'y a plus de barrières". Pour quelqu'un qui souffre d'avoir une image de soi mal ficelée, c'est une aubaine. Un mot d'argot désignant une prise d'héroïne est d'ailleurs "fix". Le verbe anglais "to fix" signifie "réparer". Les effets de l'héroïne peuvent sembler contradictoires : elle peut rendre très actif tout comme elle peut rendre apathique. Ces deux extrêmes s'expliquent par le même phénomène sous-jacent. En disant "Tout va bien, tout est comme il faut" elle permet de se relaxer. On n'est plus obligé d'être vigilant, on peut se reposer. En disant "Il n'y a plus de barrières, il n'y a plus d'obstacles" elle permet de passer à l'acte. Celui qui était persuadé de ne rien pouvoir faire se lèvera et entreprendra ce qu'il veut sans avoir d'appréhensions. (Un ami me demandait pourquoi je ne consommais pas d'héroïne, je lui répondis ceci : "Quand je vais bien, je n'éprouve pas le besoin qu'on me dise que je vais bien. Quand je vais mal, je n'aime pas qu'on me mente. C'est une question d'honnêteté intellectuelle.") 
La douleur est le fait que l'image de soi est rompue, remise en cause. Pour se protéger de la douleur, il existe deux méthodes : 
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L'anesthésie. Il existe plusieurs types d'anesthésies : 

  • L'anesthésie chirurgicale. Si l'on endort votre bras avant de couper dedans, votre cerveau ne peut plus recevoir l'influx nerveux l'informant de l'intrusion du scalpel. Donc il n'est pas au courant du fait que l'image physique du corps est atteinte. Donc il ne souffre pas. (C'est pour cette même raison qu'à l'aide d'un drap l'on cache l'intervention au yeux du patient.) 
  • L'anesthésie mentale. Quelqu'un qui a été correctement endoctriné a une image de lui-même inébranlable. Insensible à la réalité, quoi qu'il arrive cette personne ne souffrira pas, parce que son image de soi ne peut être atteinte. Cette méthode à bien sûr ses limites ; on ne peut pas résister à n'importe quoi. 



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La souplesse. Si votre image de vous-même est par exemple "je suis un travailleur qui rentre chez lui le soir et doit trouver un foyer accueillant", il est évident que vous allez beaucoup souffrir. Il suffira d'un visiteur inopportun, d'un quelconque changement de programme, pour que votre image soit perturbée. Par contre, si votre image de vous-même est par exemple "je suis quelqu'un dont le rôle est d'adapter son image de soi en fonction des événements", rien ne pourra vous blesser. Quoi qu'il arrive, vous aurez toujours une image de vous-même cohérente. 
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Un mythomane est quelqu'un qui a une image de lui qui ne correspond pas à la réalité. C'est une sorte de drogue, un paradis artificiel naturel. 
Les racistes sont des personnes qui plaquent sur les étrangers (les différents) une mauvaise image qu'ils ont en fait eux-mêmes, inconsciemment. Je n'ai jamais rencontré personne plus haineuse envers "ces étrangers qui profitent de notre système social" qu'une amie qui est au chômage et est une fainéante notoire. En réalité, les étrangers sont pour la majorité des personnes organisées et travailleuses dont nous avons tout à apprendre. (L'inverse du racisme existe aussi. Certains n'hésitent pas à conférer des qualités fantasmagoriques aux habitants de contrées éloignées.) 
Les grands dictateur comme Staline sont des personnes qui associent l'image du pays à eux-mêmes. Il ne forment plus qu'un, sont la même chose. Ce qui menace le pays le menace, ce qui le menace menace le pays. Certains fonctionnaires font cette identification entre eux-mêmes et leur administration. Pour eux, toute personne qui semble nier l'ineffable divinité de l'administration les offense personnellement et devra être détruite. 
Les personnes qui ont une image d'eux-mêmes qui n'est pas satisfaisante au vu de la réalité, essayeront parfois de redessiner la réalité dans leur tête pour qu'elle correspondent mieux à ce qu'il faut pour qu'une meilleure image eux-mêmes en découle. En d'autres termes; comme nous voulons avoir une image de nous-mêmes la mieux possible, nous changerons notre vision du monde et des valeurs pour que notre image de nous-mêmes y trouve une position plus valorisante. 
Le travail d'un psychologue consiste parfois simplement à faire remarquer à son patient que son image de soi est tout à fait acceptable, qu'il n'a pas besoin de la nier ou de déformer sa vision du monde. 
Il faut faire attention aux liens de cause à effet. Des manquements dans l'établissement de l'image de soi peuvent occasionner beaucoup de problèmes différents : boulimie, fainéantise, irritabilité, associabilité, malhonnêteté, timidité, exubérance... Or, il arrive qu'une personne ayant des manquements à l'image d'elle-même présente plusieurs problèmes en même temps. Boulimie et fainéantise, par exemple. Les gens ont tendance à réagir face à cela en disant par exemple "Il est fainéant parce que il est boulimique.". C'est faux et dangereux. Faux parce que les deux problèmes ne découlent pas l'un de l'autre mais au contraire découlent chacun de son côté d'un même manquement à l'image de soi. Dangereux parce que agresser ces personnes en leur disant "Tu ferais bien de te remuer un peu.", va leur confirmer qu'ils sont nuls, donc détériorer davantage leur image eux-mêmes, donc les rendre encore plus fainéants et boulimiques (et donc "justifier" encore plus l'opprobre de leurs agresseurs). Si on veut réellement aider quelqu'un, cela demande un travail autrement plus compliqué que bêtement lui passer un savon. 
Quelqu'un qui n'arrive pas développer une certaine image de lui-même peut être tenté de vouloir développer son image dans un autre domaine. Par exemple, quelqu'un qui n'arrive pas à se réaliser en tant que père de famille sera parfois amené, sans s'en rendre compte, à se réaliser en tant que bête de travail. D'où un cercle vicieux, puisque le fait de se consacrer entièrement à son métier l'éloignera encore plus de sa famille. Il faut éviter cela. Il faut faire un équilibre entre les deux mondes, ils s'en trouveront alors tous les deux renforcés. (En réalité il ne faudrait même pas que les deux mondes soient séparés.) 
Le suicide est une idée souvent idiote pour effacer une image de soi qui ne convient pas. (Seule l'euthanasie, pratiquée dans des cas extrêmes de souffrances incurables, sous contrôle médical, peut parfois se justifier.)
La dépression est le fait d'essayer en vain de recomposer une image de soi. On essaye de progresser, de réaliser quelque chose, mais cela ne marche pas. On se heurte la tête contre un obstacle, on se ronge à essayer de faire quelque chose. On constate qu'on est capable de rien. Notre image de soi se lézarde, se fissure, tombe en poussière. La souffrance peut en être extrême. On se détruit peu à peu, on devient une loque. Un dépressif peut être très jovial et généreux avec des inconnus (qui ne font pas partie de son image de lui-même) et une heure après être totalement apathique, indifférent voire agressif avec des personnes qu'il connaît bien (qui font partie de son image de lui-même). (Cette approche psychologique de la dépression est utile pour comprendre et aider un dépressif. Mais une médicalisation est le plus souvent nécessaire aussi. La dépression passe par de graves troubles neurochimiques dans le cerveau. Le cerveau est par exemple à court des neurostransmetteurs chimiques qui lui permettraient de fonctionner et donc de gérer les problèmes. Dans beaucoup de cas la médicalisation peut se limiter à soigner son alimentation, prendre du ginseng et faire une cure de millepertuis. Si en plus on prend du temps pour parler de ses problèmes, apprendre de nouvelles attitudes mentales, apprendre à mieux vivre avec les autres... On peut résoudre le problème de la dépression sans utiliser de médicaments "lourds". Ces médicaments lourds restent nécessaires dans beaucoup de cas, au moins pour passer le cap le plus difficile.
La plupart des serial killers et les violeurs ont un problème avec la notion de féminité. Tuer une femme, la violer, est pour eux à chaque fois une façon de réaliser une "victoire" sur la féminité. Soit ils croient se l'approprier, soit ils croient s'en libérer. C'est en détruisant l'obstacle ou en le possédant, qu'on se montre plus fort que lui. Chaque fois qu'ils posent un acte ils éprouvent une petite jouissance. Evidemment, cette façon de faire ne résout par leur problème. Cela ne leur apprend rien, ne les fait pas évoluer, ne leur fait pas découvrir ce qui est en eux. Ils n'apprennent pas à être comme une femme, ils ne développent pas la femme qui est en eux, ils ne l'ajoutent pas à l'image d'eux-mêmes. Quant un serial killer tue, il veut tuer l'image de sa mère possessive qui reste collée, engluée à sa personnalité, à son image de lui-même. Il peut brièvement ressentir une jouissance d'y être arrivé. Mais en réalité il n'a fait que confirmer la place que prend sa mère. Ces personnes ne peuvent donc pas améliorer leurs relations avec les femmes. C'est pour cela qu'ils recommencent sans arrêt. Ils sont comme un disque rayé qui rejoue sans arrêt le même sillon. Beaucoup d'entre eux ont eu pendant l'enfance ou pendant l'adolescence un problème grave avec une ou plusieurs femmes. Chaque fois qu'ils tuent une femme ou qu'ils la violent, ils transfèrent sur elle l'image de la femme avec laquelle ils n'ont pas pu avoir une relation constructive. Ils n'arrivent pas à inclure la féminité à leur image d'eux-même, alors ils la plient, ils la détruisent, ils remportent une victoire sur elle. Les pouvoirs publics réagissent face à cela par exemple en autorisant la pornographie. Si un viol ou un meurtre doit avoir lieu, autant que ce soit avec une femme en papier ! Posséder quelques feuilles de papier ne fait de mal à personne. Mieux vaut une photo sur papier que des acteurs live. Mieux vaut se défouler en piquant des aiguilles dans une poupée de cire qu'en poignardant un être vivant. Cela permet de se faire la même photo dans la tête, sinon meilleure. La pornographie n'est qu'un palliatif au problème de ces personnes, mais un palliatif socialement acceptable. Le court terme étant ainsi réglé, les vraies solutions, à long terme, passent par l'éducation, la culture, la communication, la découverte... faire évoluer les gens, leur donner les moyens de changer. 
Dans les milieux intégristes le problème est aigu : les hommes sont fous de terreur face aux femmes. Ils cultivent des superstitions qui alimentent cette terreur. "Les femmes qui travaillent sont des salopes, elles aiment être harcelées sexuellement par leur patron." "Derrière chaque guerre, il y a une femme." Les autorités intégristes règlent le problème de deux façons. Primo, ils préservent les apparences, en interdisant sévèrement la pornographie et les coureurs de jupons et en tolérant les viols à conditions qu'ils soient fait discrètement, que seules des femmes viennent se plaindre et qu'il suffise de leur ordonner de se taire, de les culpabiliser. Secundo, en permettant à chaque homme de devenir "propriétaire" d'une femme. Ainsi chaque homme est satisfait : la féminité fait partie de son image de lui-même, certifié par contrat. 
Une différence entre la pornographie et la réalité est que sur une image pornographique la personne photographiée se montre sûre d'elle-même. Elle manifeste avoir une bonne image de soi. C'est une composante très importante de l'image, cela joue un grand rôle dans l'excitation. Dans la réalité, au contraire, les personnes que l'on rencontre ne sont pas sûres d'elles-mêmes. Elles doivent être rassurées, il faut leur offrir, de plusieurs façons différentes, une amélioration de leur image de soi. (Si on a développé quelque chose en soi, il faut savoir l'offrir à l'autre. Il faut communiquer un talent, une pulsion, une vision des choses. Il faut aller à la découverte des particularités de l'autre. Il faut s'offrir en présent à l'autre pour qu'il considère que nous faisons partie de son image de soi.) 
On se pose souvent une excellente question : pourquoi Hitler condamnait-il les individus petits et bruns aux yeux sombres alors qu'il est lui-même petit et brun aux yeux sombres ? La réponse est relativement simple : c'est parce qu'il était petit et brun aux yeux sombres. Quand il était jeune il a été très impressionné par des pseudo-intellectuels antisémites qui échafaudaient des théories virulentes. Ces "messieurs qui ont fait des études" lui ont exposé avec force des théories qu'il a pu comprendre (forcément, elles sont peut-être exprimées avec conviction et des mots prestigieux, mais elles sont plates, simplistes et très bêtes). Ces théories condamnaient les petits bruns aux yeux sombres. Il s'est alors senti chargé de cette énergie de conviction, il s'est sentit vivre. Il lui fallait accomplir l'idéal que ces personnes énonçaient. Problème : il pouvait à la rigueur se teindre les cheveux en blond, mais pour la taille et les yeux, c'est pô possible. Serait-il donc un traître  ? Qu'à cela ne tienne, il a alors inconsciemment décidé d'imposer à toute l'humanité d'être grand et blond aux yeux bleus. Ainsi on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir fait de son mieux. Le jour où il comparaîtra devant ce qu'il croît être ses juges, il veut qu'on lui dise : "Tu n'es pas grand, tu n'es pas blond, tu n'as pas les yeux bleus. Mais il faut reconnaître que tu as bien fait la promotion des grands blonds aux yeux bleus. Allez, ça va, on te le laisse passer au paradis." Pendant tout le temps qu'a duré son travail, grâce à l'énergie et à la conviction qu'il a déployé lui-même il a trouvé un grand nombre de personnes aussi bêtes que lui pour le rejoindre dans sa démarche. Il a été très heureux, entouré de beaucoup d'amis, comme au paradis. 
Supposons qu'une sangsue s'accroche à nous. Elle fusionne avec nous et tente ainsi de s'imposer à notre image de nous-même. La réaction normale d'un être humain est d'avoir une réaction de rejet vis-à-vis de la sangsue, de vouloir la retirer à tout prix. Elle ne fait pas partie de notre image de nous-même, elle est "incompatible". Sauf peut-être si nous sommes un biologiste "amoureux" des sangsues, qui les étudie, les comprends et peut se laisser pomper le sang pour les nourrir sans que cela ne lui pose de problème, comme une mère allaite son enfant. Les sangsues font partie de l'image de soi du biologiste tout comme un enfant peut faire partie de l'image de soi de sa mère. Il existe une affection mentale rare chez les êtres humains qui consiste à rejeter un membre de son corps. Par exemple les jambes. Certaines personnes ont un rejet vis-à-vis de leurs jambes, comme d'autres pourraient avoir un rejet vis-à-vis d'une paire de sangsues. Leur cerveau considère que les jambes ne font pas partie de leur corps. Ces personnes sont prêtes à payer pour qu'on les opère et qu'on leur enlève les jambes, tout comme d'autres seraient prêtes à payer pour se faire enlever des sangsues fermement implantées. 
Les opiacés permettent d'anesthésier les douleurs à l'intérieur du cerveau. On peut donc les utiliser par exemple quand on veut opérer une personne. Elle ne souffrira pas des incisions pratiquées dans son corps, de ce qu'on y introduit et de ce qu'on en enlève. On peut les utiliser pour calmer les douleurs d'une personne qui a perdu un membre. On peut aussi les utiliser pour greffer ou retrancher des parties de l'image de soi d'une personne. C'est pourquoi ils sont utilisés dans certaines sectes et associations criminelles. Par exemple dans la prostitution. Les héroïnomanes, en particulier, sont des personnes qui s'amènent elles-même à croire des choses délirantes et à oublier des choses essentielles de la vie. 
Il y a deux sortes de personnes. Il y a ceux qui se construisent en construisant les autres. Il y a ceux qui croient se construire en détruisant les autres. 
Chacun se construit une image de soi, plus ou moins artificielle. "Connais-toi toi-même !". Ceux qui ne se connaissent pas, qui croient se connaître, sont potentiellement dangereux. Ils vont entreprendre, promettre ou imposer des choses irréalisables. Ou ne pas faire des choses qu'ils pourraient faire. Les gens qui les entourent, les parents et les éducateurs en particulier, jouent un rôle important dans ce fait. Celui qui croit être quelque chose mais qui ne l'est pas en réalité, dans le meilleur des cas s'en rendra compte et adaptera son image de soi. Mais il peut aussi persister et vouloir coller artificiellement à son image de soi. Cela peut lui causer de lourdes pertes en temps, en argent, en crédibilité, cela peut à terme ruiner son image de soi entière. Certains font une névrose : ils savent plus ou ou moins ce qu'ils pensent être mais souffrent de ne pas l'être réellement. Alors qu'ils pourraient être très heureux, à condition d'intégrer une image d'eux-mêmes plus proche de la réalité. Certains éducateurs vont tenter naïvement d'empêcher la névrose en critiquant sans cesse l'image de soi de la personne. Cela crée à son tour d'autres problèmes. La seule solution est d'apprendre à la personne à être honnête, en lui donnant le bon exemple, et la laisser elle-même décider de ce qu'elle est et de ce qu'elle n'est pas, en l'aidant à l'occasion à se mettre elle-même à l'épreuve. 
Un individu a besoin que ce qu'il est, et qui pour lui ne se définit fondamentalement que par une émotion, soit reconnu par les autres. Tomber amoureux est une reconnaissance mutuelle intense des émotions. Mais certaines personnes ou certains organismes abusent de ce phénomène pour duper, capturer des personnes. Par exemple ils font passer des pseudo-tests psychologiques qui "révèlent" ou promettent de révéler des choses sur la personne. "Nous vous comprenons ! Vous êtes génial !" Ou ils font des analyses exaltées du prénom ou du signe astrologique de la victime. Ou encore ils donnent une position, un grade à la personne, qui n'a peu ou rien à voir avec ses capacités réelles. La personne se croit reconnue et en retire une intense jouissance. Alors qu'elle n'a fait que s'engluer dans les pétales d'une fleur carnivore. 
Les sectes racontent à leurs membres des mythes fondateurs bien calculés. L'image de soi au sein du Monde que les membres vont se créer sera favorable aux intérêts de la secte. D'une façon générale les humains sont très sensibles à ce qu'on leur raconte, leur explique et leur impose pour se faire une image des choses et pour y trouver leur place. Un dogme répété un nombre suffisant de fois s'imposera à une personne même s'il est contraire à toute logique objective. Les dictateurs et les publicitaires en usent et en abusent. Il est assez difficile de former des gens pour qu'ils soient capables de s'abstraire de ce piège. 
Chez certaines personnes, l'image de soi peut varier de façon totalement erratique au fil de la journée, passer d'un extrême à l'autre. Une voie possible pour résorber ces délires consiste à établir un dialogue entre les images de soi. Par exemple quand on est exalté on s'adresse à soi-même pour quand on était ou sera dépressif. Et quand on est dépressif on essaye de parler un peu avec la personne que l'on a été et que l'on sera quand on est exalté. Ainsi on établit des liens, on fait communiquer les vases entre eux et on résorbe l'amplitude des oscillations. 
Certaines personnes vous félicitent et vous louent quand elles vous rencontrent. Elles vous expriment une image de vous-même flamboyante. Puis quelques temps après elles vous critiquent amèrement et vous reprochent de ne pas faire des choses comme il faut. Elles ont des idées très précises de comment les choses doivent être faites. Parfois ces idées sont réalistes, parfois totalement démentes. Ces personnes ont aussi parfois leur façon propre de s'exprimer, leur propre vocabulaire et considèrent que tout le monde doit comprendre et adopter ce mode d'expression. Instinctivement ces personnes essayent de vous dominer. Les compliments au début puis les reproches visent à orienter votre image de vous-même pour que vous deveniez une machine à leur rendre des services, pour que vos émotions vous portent à les servir. Ces personnes rêvent les choses et vous considèrent comme l'interface qui a le privilège de les réaliser. Si vous ne le faites pas, ou si vous ne comprenez pas ce que ces personnes vous expliquent, ou même simplement si vous ne faites pas spontanément les choses comme elles l'entendent, elles vous attaqueront verbalement ou physiquement avec plus ou moins d'agressivité. Le raisonnement est simple : si vous subissez de la douleur ou un stress chaque fois que vous ne faites pas les choses comme il faut, vous finirez bien par les faire comme il faut. C'est une recette très simple, qui donne de très mauvais résultats ou des résultats contraires. Mais des personnes peu cultivées peuvent adopter naturellement ce comportement. Certains systèmes d'éducation sont hélas basés sur ce mécanisme. On distribue des bons et des mauvais points aux élèves, des titres de premier et des étiquettes de raté... sur base des valeurs et des objectifs exigus des enseignants ou de la Société. Une tactique face à ces personnes consiste à refuser les compliments au départ, avec autorité. 
On se demande souvent comment et pourquoi des organisations criminelles ou terroristes sont apparues. On recherche des influences de puissances étrangères, des systèmes idéologiques, des intérêts communautaires... Mais il peut arriver que la seule motivation sérieuse soit le fait que la création de l'organisation a permis à quelques personnes d'acquérir un statut. Vous étiez un simple commerçant de quartier ou un petit fonctionnaire. D'un coup vous voilà commandant en chef d'un groupe armé. Votre image de vous-mêmes devient flamboyante, magique. Les femmes veulent de vous et des sympathisants vous supplient d'accepter leur argent ou leurs services. 
Un avare est une personne qui ne comprend pas son rôle dans la société. Elle ne voit pas le fait qu'elle est la pour gérer l'argent, pour en assurer un bon flux. Une personne équilibrée se doit d'éviter de gaspiller l'argent et les ressources que l'on peut acheter avec. Mais elle se doit en même temps d'investir l'argent pour le bien de son entourage, quitte parfois à en perdre ou à ne pas être sûr qu'il y a bien eu un gain. Un avare ne voit donc pas ce système sanguin des flux d'argent autour de lui, ni la position de régulateur intelligent qu'il se devrait d'occuper. Un avare a une image pauvre de lui-même. C'est peut-être pour cette raison qu'il dépensera un jour soudainement tout son argent pour une grosse chose inutile. Parce qu'il aura eu l'illusion fulgurante de pouvoir enfin devenir quelque chose en achetant cette chose. Le remède est l'éducation, la Culture. Quand on sait, comprend et sent comment gérer l'argent, on le fait. 
Le mal-être provient de désaccords dans l'image de soi. Un exemple simple est le mal de mer, qui provient d'un désaccord entre l'oreille interne et les yeux. L'oreille interne dit au cerveau que l'on oscille tandis que les yeux disent que l'on ne bouge pas. C'est pour cette raison que l'on recommande de fixer le regard sur l'horizon. Car en regardant l'horizon les yeux concluent à un mouvement du corps conforme à ce que rapportent les oreilles internes. De même, un psychologue ou un gourou de secte, en bien ou en mal, en construisant l'individu ou en le détruisant, travailleront à donner à leurs clients une image cohérente d'eux-mêmes. 
Les superstitions font partie de notre image de nous-mêmes au sein du monde. Par exemple le fait de croire que si l'on fait le bien on sera automatiquement récompensé (cette superstitions inclut une autre superstition : celle qu'il est possible de déterminer ce qui est le bien). Ou le fait de croire que si une personne vous critique c'est qu'elle ne vous aime pas. Ces superstitions en fonction desquelles ont vit peuvent nous détruire ou causer beaucoup de problèmes à notre entourage. Mais elles sont souvent adoptées faute de mieux, parce qu'elles sont imposées par des chefs spirituels abuseurs ou parce qu'elles offrent un confort mental primaire. En réalité tout le monde vit en fonction de superstitions. Mais les superstitions des personnes sages ou efficaces sont plus construites. 
Pour certaines personnes les choses sont très simples : vous êtes pour eux ou vous êtes contre eux. En d'autre termes : vous rejetez leur image d'eux-mêmes ou vous l'acceptez. Si vous l'acceptez, alors en permanence vous êtes sensé être gentils et souriants avec eux. Ne jamais critiquer bien sûr, puisque si vous critiquez c'est que vous n'aimez pas ce qu'ils sont donc vous êtes contre eux. Si vous critiquez ce sera pris pour une déclaration de guerre. Vous recevrez donc en retour un déluge de haine et de reproches. Votre image de vous-mêmes sera dégradée et rejetée par tous les moyens, même les plus absurdes. Tout ce qui a trait à vous sera détruit. 
Certaines personnes tentent d'obtenir une bonne image d'elles-mêmes en éliminant tout ce qu'elles considèrent comme "impur". Les sectes adorent jouer là-dessus pour faire se départir leurs adeptes de leur argent, leurs biens... 
Certains essayent de devenir "bien" en possédant quelque chose de grand, de cher. J'ai une fois été dans un magasin avec une personne qui raisonne ainsi. Elle tâtait les objets d'un geste et d'une expression méprisante. Quand je lui ai montré l'étalage des objets pour lesquels on était venus, d'un mouvement gras de la bouche elle a dit "Je veux la meilleure." Le prix n'avait pas d'importance. Cette personne ne peut arriver à rien dans le vie et c'est bien ce qui se passe. Elle est obligée de travailler dans la prostitution pour à peine survivre. 
Tout le monde veut inclure à son image de soi des choses qui sont fondées, vraies. Une technique très simple pour faire accepter une chose fausse à une personne est de lui raconter de nombreuses petites choses vraies. La lourde et grave chose fausse entrera en même temps que la nuée de petites choses vraies. Un de mes amis, chaque fois que je menace de réussir à lui expliquer qu'une chose qu'il pense est fausse, me lance automatiquement à la figure une chose qu'il pense vraie et qui n'a que peu de rapport avec ce dont nous discutons. Quand une personne honnête et une personne malhonnête luttent pour emporter le suffrage de la foule présente, le malhonnête peut vaincre rien qu'en appliquant cette technique : rebondir d'une ébauche de vérité à l'autre. Il faut un homme honnête très capable - ou une foule cultivée - pour lutter contre cette stratégie. 
Un moyen simple pour détruire une personnalité est de se moquer régulièrement de ce qui est important pour elle. Toute chose peut être tournée en ridicule ou être relativisée. C'est même nécessaire dans une certaine mesure. Mais on peut en abuser et ainsi détruire l'image de soi d'une personne en se moquant de ce qui ne sont que des qualités, des avantages potentiels ou des particularisme nécessaires. Inversement, on peut louer et flatter à outrance des aspects d'une personne et la gonfler de fierté comme une baudruche. 
Dans la vie, il faut faire des choix. On ne peut pas tout faire en même temps, on ne peut pas épouser toutes les femmes. Ces choix sont un travail, qu'il faut apprendre à faire. Il faut être capable de sentir quels choix peuvent nous apporter un chemin de constructions, de satisfactions, de réussites et de travail gratifiant. Il y aura toujours des embûches, le hasard peut même tout détruire, mais choisir un chemin cela a un sens. Le propre des démocraties est de tendre à ouvrir un maximum de chemins aux gens et de leur donner les moyens de choisir ce qui leur conviendra, ce qui leur permettra d'apporter le plus de choses aux autres. Dans les dictatures les chemins sont imposés, par la force ou par la ruse. Ils ne correspondent alors que rarement aux moteurs des gens, le rendement sera faible. Apprendre à faire les choix est un travail difficile, jamais parfait. Certaines personnes n'arrivent pas à faire de choix. Elles vivent en ayant un peu choisi pour tout et opté pour rien. Elles ont une vie faite d'ébauches, de commencements, de rêves avortés. Elles sont entourées de demi cadavres et des souffrances des personnes victimes de ces indécisions. Leurs images d'elles-mêmes est entaillée de coups de ciseaux inachevés, ce sont des dentelles chaotiques et douloureuses. Prendre des décisions fermes est pour elles une souffrance. Car elles devraient abandonner les autres choses, comme un enfant qui ne pourrait garder qu'un ou deux jouets. Pour des personnes adultes au contraire prendre une décision peut être une grande joie. Car c'est le début d'une construction ferme. Les personne indécises fantasment des dictatures, où on leur imposerait enfin un choix. 
Un problème peut être très grave s'il est à la fois source de plaisir et de nausée. C'est un des aspects les plus destructeurs de la pédophilie. D'une part l'enfant rejette le contact du pédophile, il en éprouve un malaise. D'autre part il en ressent du plaisir car ce sont des caresses. Ou bien il tient au pédophile parce que c'est un parent ou une personne qui invoque ses bons sentiments. Cela engendre des paradoxes dans les pensées de l'enfant, des contradictions qui dégénèrent et le détruisent. Un adulte est plus ou moins capable de répondre point pour point à ces paradoxes, de les résoudre, de trancher les petits noeuds gordiens et de reformer lentement une image de soi acceptable. Il y arrivera certainement s'il est aidé par un bon psychologue. Mais pour un enfant l'effondrement psychologique est souvent inévitable. Le poids est trop lourd de cette charpente de contradictions, de culpabilités, des éléments imaginaires délirants nés des interrogations. Seul un dialogue rapide et prolongé de l'enfant avec un très bon psychologue, un adulte sage qui s'investit, peut espérer le sauver avant l'effondrement. 
.../...
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:56

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:58

Jeu du Tao, voulez-vous jouer au jeu de la vie?
Développement personnel, Voyage initiatique
Par Hannah

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Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Jeu-du-tao1-300x232Qu’est ce que le jeu du Tao?
Le jeu du Tao, c’est l’art de cheminer vers ses aspirations en profitant de l’entraide collective. Je l’ai découvert au cours d’un voyage initiatique dans le désert.

Le Tao nous vient directement de la sagesse millénaire chinoise. Il est fondé sur le respect des grandes lois universelles de la connaissance.

Au départ, le jeu du Tao est dérivé d’un exercice que les moines de l’Himalaya, utilisent pour former leurs novices.

Le jeu du Tao fait appel aux Mystères, une sorte de jeu de l’Oie, issu de la tradition et transmis de maîtres à disciples, dans le but de démocratiser le chemin du sens de la vie et des quêtes personnelles et collectives.

On retrouve ce type de démarche dans l’histoire de l’Europe avec Socrate et son art de faire accoucher les esprits (ou maïeutique) par le dialogue et l’introspection.

Socrate poussait ses interlocuteurs à examiner leurs convictions, contradictions et  illusions ainsi qu’à reconnaître leur ignorance.

Son enseignement ne passait pas par des cours théoriques mais par des questions essentielles du type:

Qui es-tu ? Que cherches-tu ? Quel est ton désir ? Es-tu d’accord avec toi-même ? Es-tu satisfait de ta vie ?



De même que dans le jeu du Tao, ce sont ces mêmes questions qui, aujourd’hui alimentent le travail intérieur et thérapeutique.

En ce sens, la thérapie (en tous cas celle que je pratique) rejoint les grandes sagesses traditionnelles.

La démarche du jeu du Tao repose aussi sur différentes approches introspectives telles que la PNL, l’école de Palo Alto, la psychologie, la communication non-violente et la psychologie des contes de fées!

Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Jeu-du-Tao-2-300x216



Les particularités du jeu du Tao






Pratiquer le jeu du Tao est donc une véritable démarche de développement personnel innovante, qui permet de démocratiser, de manière ludique, le chemin de la quêtehumaine.

On ne fait pas que s’interroger sur soi de façon stérile : on le met en pratique et on en a les fruits immédiats.

C’est un jeu de société coopératif qui a pour but d’aider les autres joueurs à réaliser leur quête.

Le jeu du Tao nécessite une petite équipe de participants prêts à se lancer dans leur quête mais qui s’engagent à apporter leur aide aux autres et leur expérience au niveau relationnel et/ou professionnel.

C’est un art d’échange et de coopération grâce à une alternance de questionnements et d’écoute, plutôt qu’à une bataille pour se mettre en avant.

Dans ce grand jeu de la vie, l’autre est aussi important que vous. Sa réalisation vous soutient tout au long du jeu et vous nourrit.

Le côté magique du jeu du Tao, c’est l’authenticité : quand l’autre dévoile ce qui le fait vibrer, la magie de la passion opère et l’énergie s’enflamme.

Vous avez votre propre légende personnelle ainsi qu’une envergure que vous ne soupçonnez peut-être pas.

Au cours du jeu du Tao, vous vous apercevez que vous faites partie du grand puzzle de l’humanité même si vous vous pensiez isolés.

Votre contribution aussi minime soit-elle devient inestimable à la vie des autres. Et ceci se vit en temps réel.

Par la bienveillance dans les pistes suggérées et la confrontation au bon sens des autres, vous pouvez apprendre, au cœur de l’action, à identifier vos croyances et vos préjugés.

Le jeu du Tao aide à se poser les bonnes questions, il ne donne pas de réponses toutes faites, et cela le rend inimitable.

Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Jeu-du-Tao-3-300x232



Un tel jeu exige du courage : celui de se soumettre au feu des questions des cartes du jeu et des participants.

Conçu par Patrice Levallois (vous le verrez sur la vidéo en fin d’article), le jeu du Taorévèle un schéma relationnel positif : quand l’autre vous dévoile honnêtement l’une de ses vraies raisons de vivre, tout nous pousse à vouloir l’aider.

Savez-vous que ce jeu est utilisé en entreprise pour résoudre les crises au sein des équipes ainsi que les problèmes de communication ?

Des sociétés comme Bouygues, Accor ou la SNCF (pour résoudre les conflits avec l’Allemagne à propos du TGV est européen) ont déjà fait appel à un Tao master!

Concrètement, comment joue t’on au jeu du Tao?







Une partie de jeu du Tao comprend 4 à 6 joueurs et un Tao Master formé à la cohésion d’équipe et au travail intérieur.

Elle se joue autour d’un plateau de jeu (ou dans la nature), agrémenté de cartes, d’un dé et d’un sablier, le tout dans une ambiance de convivialité et d’authenticité.

Tous les participants du jeu du Tao déterminent une quête de départ qui peut être soit matérielle, affective, créative, professionnelle, spirituelle ou d’ordre physiologique.


  • j’aimerais retrouver de la fluidité avec ma fille




  • je cherche à vendre ma maison



  • j’aimerais trouver ma voie




  • je veux retrouver la santé



  • je veux monter un groupe de gospel



  • je veux plus de clients
  • je veux rencontrer l’âme soeur





Toutes les quêtes sont recevables si elles sont en adéquation avec ce que vous êtes en temps réel. Chaque partie peut durer plusieurs heures.

Par le questionnement des cartes, le dialogue avec les autres joueurs et l’interaction avec le tao master vous avancez vers une résolution.

Vous découvrez au fur et à mesure les stratégies à utiliser pour réaliser votre quête.

Le jeu du Tao se déroule sur une sorte de damier avec des cases noires et des cases blanches.

Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Jeu-du-Tao-4-300x232



Dans chaque partie, vous allez traverser des mondes aux symboles différents qui vont vous confronter à vos qualités, vos ombres, vos doutes et votre engagement.

Lorsque vous arrivez sur une case blanche, vous êtes confrontés à une question des 4 mondes ( air, terre, eau et feu) à laquelle il faut répondre : « Qu’est ce que je veux ? Quelles sont mes armes ? Quelle est ma peur ? Quel prix suis-je prêt à payer ?

Dans le jeu du Tao, la pertinence des cartes tirées et les réponses obtenues sont toujours « bluffantes » de synchronicité.

Pour être plus spécifique, voici par exemple une question issue de chaque monde:

 » Pourquoi cette quête maintenant ? Que se passe t-il dans ta vie qui rende ta quête plus pressante aujourd’hui ?  » (monde de la terre)

 » Si tu ne réussis pas ta quête, y a t-il un bénéfice secondaire?  » (monde du feu)

 » Qu’est ce que la personne qui compte le plus pour toi aujourd’hui pense de ta quête? »  (monde de l’ eau)

 » A qui pourrais tu dédier ta quête et pourquoi  » ? (monde l’air)

Sur les cases noires, vous êtes invité à exprimer vos coups de cœur ou vos coups de gueule .
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Sur les cases « portes » vous avez le droit de changer de monde et de tirer ainsi des cartes qui vont préciser l’avancée de votre quête.

Sur les cases « Taobstacles » du jeu du Tao, vous aurez à vous soumettre à une épreuve et vous permettrez ainsi à l’ensemble de joueurs de resserrer les liens.

Sur une case  » Taoracle  » vous pouvez demander un soutien à l’univers sous la forme d’un des hexagrammes du Yi-king pour symboliser votre avancement sur le chemin de votre quête.

Vous êtes bien sur invité à réfléchir sur vos motivations profondes, à vous recentrer sur votre « climat intérieur », vos besoins et sur la façon optimale d’atteindre votre objectif fixé en début de partie.

Pendant le déroulement du jeu du Tao, les participants sont amenés à vous donner  un feed-back (sur le mode de la communication non-violente) afin de vous éclairer.
Par respect, on évitera le  « tu devrais » ou « tu es comme ceci »pour le remplacer par « je t’invite à » et  « quand tu as dit cela, j’ai senti ça. »

Le Tao master régule et donne aussi son commentaire. Tout le monde va jusqu’au bout de sa quête, il n’y a pas de perdants, il n’y a que des gagnants pour changer un peu.

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Et alors, on peut jouer au jeu du Tao dans le désert?





C’est un concept que nous avons développé lors des voyages initiatiques que nous organisons dans le désert.

Vous allez déterminer une quête durant le voyage à moins que vous ne vous aperceviez que vous êtes déjà en train d’en poursuivre une.

Tous les éléments de la randonnée, ainsi que les interactions avec les autres voyageurs vont venir alimenter vos alliés, vos obstacles et vos doutes.

La marche, les méditations et le Jeu du Tao vont dévoiler les pièges de vos désirs, les histoires que vous vous racontez et qui font que vos projets n’aboutissent pas.

La magie relationnelle opère par la contribution de chacun, l’équipe d’encadrement, la présence du désert et le mont sacré dont je vous parlerai dans mon prochain article.

Travailler sur soi en découvrant le désert, en s’amusant et en rencontrant des «amis sur le chemin » devient une aventure passionnante.


Et vous, à quoi jouez-vous dans votre vie?
Avez-vous une quête? Dites-nous tout dans les commentaires!
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 21:59

Le noir et le blanc : les étapes du deuil en psychologie des couleurs
Développement personnel, Psychologie des couleurs
Par Hannah

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Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 %C3%A9tapes-du-deuil1-300x232Mouton noir et étapes du deuil



Cédric Vimeux a encore frappé avec une de ses petites histoires initiatiques à propos d’un mouton noir. Du noir aux étapes du deuil, il n’y avait qu’un pas !
Un ingénieur, un physicien expérimental, un physicien théoricien et un philosophe se promenaient dans les montagnes d’Écosse.
Quand ils atteignirent un sommet, ils aperçurent un mouton noir sur une crête avoisinante.
– On voit que les moutons écossais sont noirs, déclara d’ingénieur.
– Il serait préférable de dire que certains moutons écossais sont noirs, dit le physicien expérimental.
Le physicien théoricien réfléchit un instant et dit
– Il serait plus correct de dire qu’au moins un des moutons écossais est noir.
– D’un côté, du moins, corrigea le philosophe.
Gérard Szymanski


Chacun sa vision, ses identifications, sa façon de théoriser sur le monde en fonction de ses conditionnements, de son pays, et surtout, de ses expériences.
Tout est une question de point de vue, de petit bout de la lorgnette par lequel on regarde la vie ou…la mort !
Est-ce l’approche de la Toussaint la source de mon inspiration ou le fait que la mort soit un sujet  jugé « mouton noir »?
J’entends par cela, « néfaste, que l’on tient à l’écart sous prétexte d’un risque supposé de contamination », c’est à dire  particulièrement controversé? Voici donc ma version de l’histoire.
-La mort, en elle-même, n’est qu’un « instant » de passage d’un état vers un autre, dit le scientifique.
 
-La mort, c’est la perte de la respiration spontanée, de toute activité des nerfs crâniens et d’un électroencéphalogramme plat pendant trois minutes, dit le médecin.
-Pas du tout, la mort n’est qu’un passage, une formalité d’une réalité vers une autre, dit le spirituel. Il le sait parce qu’on le lui a dit et que cela a résonné en lui. Difficile cependant d’en faire la démonstration !
-Je regrette, Il n’y a rien après la mort, c’est la fin de tout, du corps et du principe de conscience dit le matérialiste.
Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 %C3%A9tapes-du-deuil2-225x300
-Que d’ignorance, la mort, « c’est célébrer ses noces avec l’éternité », le principe du Soi ne naît ni ne meurt, dit le mystique perse Rumi.
-La mort intrigue, dit le psychologue. Elle provoque en vous des réactions viscérales de rejet, de fuite ou d’incompréhension. Elle vous ramène à la disparition d’êtres chers.
-La mort fait peur dit la technique Tipi, elle vous ramène de façon très inconsciente à toutes ces petites morts que vous avez vécues dans votre vie intra-utérine et qui sont la cause de nombreux troubles comme les paniques, les crises d’angoisse et les phobies.
-La mort est quelque chose que l’on peut vivre de son vivant dit celui qui a vécu une NDE (Near Death Experiment). Ce fut une expérience inoubliable, une source de plénitude et de beauté dans un état de paix immense qui défie toute description.
-Que dites-vous, la mort est sans doute la chose la plus effroyable qui puisse arriver à un être humain; dit le Béotien.
 
-Tant que nous sommes en vie, la mort n’existe pas, dit le philosophe. Elle concerne un instant futur qui n’est pas encore arrivé. Dit autrement, tant que nous sommes vivants, l’angoisse engendrée par la mort n’appartient qu’à l’imaginaire.
 
-La mort, c’est la transformation dans un nouvel état, le signe d’une vie renaissante, dit le Chinois lorsqu’il s’habille en blanc pour un enterrement.
 
-La mort est une libération. Vivre est une maladie, la mort est le remède, dit le condamné lorsqu’il souffre.
Les créateurs de la série « Fringe » ont inventé un univers parallèle au sein duquel d’autres « nous » existent en ayant fait d’autres choix. Certains personnages, morts dans un espace/temps, existent cependant dans l’autre…
 
Comment s’y retrouver au milieu de toutes ces définitions et toutes ces idées contradictoires à propos de la mort ? Sans doute parce que votre vision de la mort dépend de vos croyances.

Les étapes du deuil




Quelques définitions et citations m’ont cependant mis la puce à l’oreille. Au lieu de parler de conceptions différentes de la mort, elles semblaient parler de différentes étapes du deuil: les voici.
 

  • Puisque la mort est inévitable, oublions-là, a dit Stendhal



  • La mort, ça n’existe pas, a dit Edith Piaf



  • Qui aime la mort aime la vie, a dit François Mittérand



  • On est seul dans la mort, a dit Monique Corriveau


 
 
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Qu’il soit question de la vôtre, ou de la mort de quelqu’un, les étapes du deuil ont été balisées afin de faciliter la traversée de la peur et de la douleur.
Elisabeth Kübler-Ross a été une des pionnières à parler des différentesétapes du deuil à franchir.
Je vais vous décrire ce qui me paraît être huit phases bien distinctes desétapes du deuilIl n’est bien sûr, pas uniquement question de la mort.
Les étapes du deuil concernent toute notion de perte, de mort psychologique, de départs, de rupture, de changements, d’abandon et de situations sans retour possible (en tous cas vécus comme tels).

1ère étape du deuil : le choc.




En apparence, il n’y a pas de réaction ni d’émotions. Vous êtes en état de sidération. La nouvelle est trop soudaine : « Vous êtes viré » ou « Il vous reste six mois à vivre ».
Il n’y a pas de conscience non plus. Cette forme d’incrédulité peut s’apparenter à un traumatisme. Il peut aussi y avoir une panique instantanée avec deux types de réactions dans le corps : l’adrénaline ou l’anesthésie. En état de choc, ce n’est pas le cerveau frontal qui est aux commandes.
 

2ème étape du deuil : le déni




 
C’est en quelque sorte, le refus de croire à ce qui vient de se passer. On rejette la réalité car elle est inacceptable et « in-entendable ».
Le refus de se confronter à la réalité peut engendrer des réactions physiologiques comme la perte de connaissance.
Le temps semble être aboli. Vous faites comme si rien ne s’était passé. Vous ne touchez à rien. Vous tentez de continue à vivre sur les habitudes du passé.
Si vous avez perdu quelqu’un, vous lui parlez comme si il était encore là. Votre corps vit une tension et une grande agitation mais vous agissez mécaniquement. Si c’est votre travail que vous avez perdu, vous cherchez à vous occuper.
 

3ème étape du deuil : la colère




 
Vous rendez la terre entière responsable de votre difficulté. Votre comportement peut devenir agressif. Vous cherchez des coupables et vous en trouvez.
Cette phase est reconnaissable dans les hôpitaux au niveau des services de soins palliatifs où les malades s’en prennent au personnel soignant ou à certains membres de leur famille.
C’est aussi la colère contre un Dieu vengeur qui s’en est pris à vous et vous cherchez pour quelle raison.
Parfois, c’est la colère contre vous-mêmes qui prend le dessus. Dans l’impuissance, vous culpabilisez de ne pas avoir été là pour l’autre ou de ne pas avoir fait ce qu’il faut pour votre santé ou pour votre relation.
Dans le cas d’une rupture, vous cherchez qui a commis l’erreur pour éviter de sentir. Vous cherchez à comprendre ce qui ne fonctionne pas comme si c’était réparable.
Cette tentative de rationalisation vous donne l’illusion de détenir encore un pouvoir de contrôle.
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4ème étape du deuil : le marchandage.




 
Une issue vous paraît encore possible. Vous cherchez un accord avec le divin ou avec l’autre : «Je vais changer, tu peux rester avec moi, je ferai tout ce que tu veux ».
C’est peut être une négociation avec l’univers : « je promets de faire ceci » ou « je vais courir un marathon pour que cette personne retrouve la santé ».
Vous avez l’impression qu’avec un sacrifice, tout va redevenir comme avant.
 

5ème étape du deuil, tristesse et/ou dépression




 
Cette émotion est enfin au rendez-vous. Il n’existe pas de perte sans tristesse. Lorsqu’elle est là, une partie du deuil est entamée.
L’heure est souvent à l’isolement, à la sensation de vide avec des pics d’intensité douloureuse.
A cause du taux élevé d’adrénaline et de cortisol dans le sang, la fatigue s’installe. Les défenses immunitaires s’amenuisent. Les souvenirs refont surface. Vous pouvez croire devenir fou de douleur.
C’est souvent vers la fin de cette étape que vous commencez à envisager chercher de l’aide et du soutien. C’est un peu comme si cette phase était sans fin.
Si vous avez perdu votre travail, c’est un état dépressif qui s’installe. L’avenir est bouché. Revenir en arrière n’est pas possible.
 

6ème étape du deuil : la résignation.




 
C’est l’abandon de la lutte. A ce stade, vous avez l’impression d’avoir essayé toutes les stratégies et elles n’ont pas fonctionné.
Vous n’avez pourtant aucun visibilité sur la suite des évènements. Si vous avez été licencié, vous vous sentez exclu et rejeté mais vous n’y pouvez rien.
Pourtant la douleur s’atténue.
 

7ème étape : l’acceptation.




 
La réalité de la perte est mieux comprise donc plus acceptée. La vie se réorganise. Vous recommencez à fonctionner seul mais en acceptant les aides que vous avez sollicitées.
Il devient possible d’aborder la nouvelle réalité, même si celle-ci se traduit par quitter bientôt cette Terre.
Si vous avez vécu une rupture, vous commencez à voir le bon et le moins bon de la relation, les vraies raisons pour lesquelles elle a cessé.
Si vous avez perdu quelqu’un, vous commencez à vous relier à cette personne par un chemin plus intérieur.
En fait, vous sentez le lien dans votre propre cœur même si l’autre n’est plus là. Le lien est en vous. Vous pouvez commencer à laisser partir cette personne sans vous sentir dépossédé.
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8ème étape reconstruction.




 
Lorsqu’une personne va mourir, il est étonnant de parler de reconstruction et pourtant c’est le cas.
A ce stade, vous développez une nouvelle identité. Vous êtes devenu quelqu’un d’autre. Vous laissez votre ancienne peau et vos anciennes souffrances s’en aller.
La mort n’est plus un obstacle ni une erreur. Vous commencez à pénétrer les mystères de cette réalité. L’amour semble plus fort que la mort.
Si vous avez perdu votre emploi, vous vous remettez à fonctionner. Votre cerveau trouve de nouvelles solutions.
L’aspect financier de la vie, que vous aviez totalement laissé de côté tant vous étiez submergé par la perte, refait surface.


« Nous sommes tous des chrysalides ; au moment de mourir, notre cocon s’ouvre et nous devenons papillons ». Elisabeth Kübler-Ross


La vie reprend ses droits. Vous trouvez une nouvelle foi en elle. Vous êtes tout neuf. Vous pouvez mourir guéri!
La perte n’est jamais facile à traverser. Les étapes du deuil sont aussi une lourde expérience à vivre. Il n’est pas question de vouloir transformer l’évènement difficile en action positive mais de ne pas résister au travail intérieur que cela exige.
Et pourtant, si vous acceptez de suivre le processus sans vouloir l’accélérer afin de passer vite à autre chose, vous allez en recueillir un cadeau inestimable : l’amour de l’acceptation et le cœur de l’instant présent.

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:00

Mourir à soi-même, la belle affaire…nouvelle leçon sur la signification des couleurs
Psychologie des couleurs, Relations, Spiritualité
Par Hannah

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Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Mourir-%C3%A0-soi-m%C3%AAme2-300x232Mourir à soi-même, un thème morbide?

Pas du tout comme vous allez vous en apercevoir dans l’article. Mourir à soi-même est un véritable art de vivre.

Je sais que certains aiment leshistoires initiatiques et les histoires à succès.
 
J’imagine que  » apprendre à mourir » n’est pas la première leçon à laquelle vous pensez.

Cet article est écrit dans le cadre de l’évènement interblogueur organisé par Philippe du blog Apprendre sur soi et avancer sur le thème « Pour apprendre à bien vivre, apprenez à bien mourir».

Au risque de vous décevoir, je vais plutôt vous parler d’histoires où ça ne fonctionne pas dans votre vie.(en apparence). Cet espace où la réussite ne prend pas, c’est ce que j’appelle le carré vide du pousse-pousse.

Peut-être connaissez-vous ce jeu d’enfant où vous déplacez des cases de façon à les ranger dans l’ordre ou obtenir une image.

Pour pouvoir obtenir l’image que vous voulez, vous jouez avec un espace vide (en blanc sur la photo ci-dessous). Par ce point de fuite qu’est la case vide, le jeu de l’égo qui comptabilise les points gagnés ne s’applique plus.
.

 Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Mourir-%C3%A0-soi-m%C3%AAme3-150x150



Vous avez beau faire tout ce qu’il faut, redoubler d’efforts, maintenir des intentions, rien n’y fait : vous faites un pas en avant et régulièrement, tout est à recommencer.

Je ne sais pas dans quel domaine cela s’applique pour vous (peut-être réussissez-vous à échapper à cette loi?) mais pour ma part, je me suis beaucoup battu avec la santé et l’image du corps.

Mourir à soi-même c’est tous les jours




 
Pour d’autres c’est au niveau:
 



  • du travail



  •  de l’argent



  • des relations affectives



  • de la famille en général



  •  des enfants



  •  des parents



  •  de la fratrie



  •  de l’apprentissage



  •  de l’image de soi



  •  de la confiance



  •  de la matière



  •  de la conscience



  •  de la foi



  •  du territoire



  •  du droit à l’existence



  •  des dépendances



  •  de l’autorité



  •  de la faim



  •  du froid



  •  de l’engagement



  •  de l’injustice



  •  de la trahison



  •  de la précarité



  •  de l’abandon


 
et la liste n’est pas exhaustive.
 
C’est un peu comme si dans certains domaines, toutes les recettes qui fonctionnent pour les autres ne s’appliquaient pas à votre vie.
 
Le but, vous vous en doutez n’est pas d’arriver à résoudre un problèmemais de l’utiliser comme guide et comme chemin d’éveil.
 
En apparence, c’est une voie où vous semblez perdre plutôt que gagner. Du point de vue de votre Soi, c’est là où s’arrête le jeu de l’ égo.
 
Il est des domaines dans votre vie où l’égo n’arrive ni à se gargariser de réussites ni à utiliser ses échecs comme tremplins vers de futures réussites.
 
Même des personnes influentes dans le développement personnel commeAnthony Robbins partent chercher des réponses chez les maîtres en Inde quand ils arrivent à bout de leurs ressources positives.

L’unité de la vie inclut le positif et le négatif, le noir, le blanc, le yin et le yang, la vie et la mort. Se couper de la mort par exemple est une façon d’amputer la vie.
 
Dans le domaine où ça ne fonctionne pas dans votre vie, vous êtes obligé de plier un genou à terre.

Signification des couleurs: le violet,mourir à soi-même.





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Dans mon système de couleurs, il est donc question de la couleur violette. Ne pas y arriver vous oblige à reconnaître une autorité plus forte que la vôtre, un os dans la moulinette de votre efficacité.
 
Si vous suivez avec beaucoup d’attention le chemin que vous propose ce dysfonctionnement, vous êtes à la veille de grandes révélations mais pas au sens où le mental l’entend. C’est le bon côté de mourir à soi-même!
 

Mourir à soi-même et l’exemple d’une rupture.




 
Si c’est vous qui cassez la relation, vous êtes à court terme prêt pour d’autres aventures ou d ‘autres élans du cœur.
 
Si c’est vous qui êtes lâché, c’est une autre histoire. Le festival des blessures et des défenses va commencer.
 
Tout espoir de réussite et de bonheur s’effondre et même si vous cultivez un faux espoir pendant quelques temps, vous allez être obligé de constater au fil des ans que la séparation est une réalité.
 
Il y a un conflit entre ce que vous voulez et ce qui est. Tant que vous êtes seul dans la course, vous pouvez croire que c’est une question de temps et de stratégie.

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Lorsque votre désir implique quelqu’un qui ne veut pas, ce qui est devient la priorité à regarder dans votre vie. Et dans ce qui est, l’autre n’est pas.
 
Force est d’admettre que la vie ne considère pas votre bonheur à deux comme une priorité.
 
Savoir choisir ses priorités est une des particularités de la couleur violette. Pas juste décider pour votre vie mais savoir réajuster les priorités en fonction de ce qui est.

Le violet est la couleur du père, du patriarche qui a fait toutes ses expériences et se sent prêt à partir quand ce sera le moment en emportant avec lui toutes les réalisations de son cœur.

Pour revenir à l’exemple de la séparation, à ce moment-là, vous avez quelques options :
 



  • mourir (de chagrin ou autre) 



  • fermer son cœur (tout en restant vivant)



  •  partir dans la transe de la sublimation (mais comment saurez-vous que vous n’êtes pas reparti dans un faux espoir ou un déni total de vos besoins ?)



  •  mourir à soi-même


 


Je n’ai pas écrit renoncer car on peut renoncer à une carrière (par amour), on peut renoncer à reprendre un morceau de gâteau mais renoncer à une histoire d’amour sans faire d’histoires alors que c’est la personne la plus importante dans votre vie, j’ai des doutes.
 
La littérature et les faits divers sont remplis d’horreurs de ce qu’on fait quand on ne veut pas renoncer et qu’on ne sait pas qu’il faut mourir à soi-même.
 
Si vous êtes confronté à l’épreuve de ne pas vivre l’histoire d’amour de vos rêves, il y a sans doute de multiples raisons qui font que vous n’obtenez pas ce que vous voulez dans votre vie mais vous n’êtes pas en état de les entendre.
 
Si l’amour de votre vie ne répond pas présent, c’est le désespoir profond, l’angoisse ou la rage, les trois réponses émotionnelles de base. Autrement, vous pouvez vous défendre en disant que ce n’est pas si grave…
 
J’ai longuement décrit les étapes du deuil et les couleurs qui y sont associées mais aujourd’hui, je voudrais vous présenter la voie royale : mourir à soi-même.

Mourir à soi-même mais dans quel domaine?




 
Si vous tapez ce mot-clé dans Google, vous allez voir que les trois premières pages sont des réponses bibliques. Nous sommes au cœur d’un sujet éminemment profond.

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 Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Mourir-%C3%A0-soi-m%C3%AAme8-300x300





Si le fait de rater l’amour de votre vie ne vous est jamais arrivé, vous allez vivre les affres de la séparation de plein d’autres manières, sans pour autant que ce soit un drame:
 



  • quand vos enfants vont quitter la maison



  •  lorsque vos parents vont mourir



  •  quand vous partirez à la retraite



  •  si vous devez quitter votre maison



  •  si vous devez changer de pays



  •  si vous vous séparez de vos biens



  •  si on vous les vole  etc.



 


Toutes ces expériences sont souvent vécues comme des pertes au niveau de l’inconscient.
 
Chaque fois que vous devez vous séparer de quelque chose, d’une habitude, d’une plage de vie ou de quelqu’un, il ne vous reste qu’une piste à suivre : miser sur vous, et mourir à celui (qui est l’autre vous) qui veut maintenir la situation telle qu’elle était.
 
On croit toujours maîtriser ce type situation de perte et la maîtrise est encore un des attributs du violet. Mais est ce bien le cas?

Mourir à soi même et les étapes du deuil




 
Même si vous traversez quelques étapes du deuil, il reste toujours celle demourir à soi-même et c’est une des raisons pour laquelle il est difficile defaire son deuil.
 
En réalité, au niveau inconscient, vous n’arrivez pas à dépasser cet événement car vous n’avez pas décidé qu’il fallait mourir à soi-même.
 
Les premières fois, il peut être important de se faire accompagner et guider vers la nouvelle naissance qui suit immanquablement un deuil réussi.

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Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Mourir-%C3%A0-soi-m%C3%AAme9-300x199

Il est important de développer une foi dans le fait que la vie (et l’amour) sont plus forts que la mort. Puis on s’habitue à mourir à soi-même. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on y prend plaisir …
 
Les bouddhistes sont d’accord pour énoncer que la seule certitude que vous ayez sur terre, c’est que vous allez mourir. La mort fait donc partie de la vie sinon elle serait totalement absurde.
 
Qu’est ce que mourir à soi-même ?
 
C’est un peu se dédoubler: il y a la personne qui veut que la situation ou le projet demeure et il y a celle qui reste avec la perte.
 
Nous avons vu avec le projet sens que vous êtes programmés à vouloir ce que vos parents voulaient pour vous ou à réparer leurs schémas non résolus.
 
Il est normal qu’une scission se fasse par rapport à ce que vous croyez être vos objectifs de vie et que vous tombiez sur un os en matière d’objectif réussi.
 
Un os salvateur qui vous rappelle à l’ordre en vous exhortant à Être qui vous êtes et pas ce que vous croyez être, vouloir et devenir.
 
Mais qui êtes-vous ?
 
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Les maîtres indiens disent que vous êtes déjà la totalité. C’est sans doute vrai mais ils omettent peut-être de dire : en graine !
 
Cette Être d’éternité en vous, c’est souvent au moment où vous devez mourir à vous-mêmes que vous le rencontrez.
 
C’est l’autre vous-même dans la quiétude du fond de l’océan qui ne se laisse pas perturber par les vagues en surface.
 
Avoir pratiqué la méditation et faire un travail sur soi aident à trouver ce véritable vous-même, celui qui ne veut rien, celui qui Est.
 
Dans l’exercice d’équilibriste qu’est le fait de mourir à soi-même, vous devez rester concentré sur celui qui n’a pas ce qu’il veut et celui qui reste.

C’est un peu comme en méditation, il y a celui qui attrape les pensées et celui qui lui dit qu’il n’est pas intéressé par les pensées. Au-delà de la dualité, il y a l’Être dont je parle, celui qui observe ce petit jeu, celui qui ne dit rien.
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Se dédoubler c’est comme craquer à l’intérieur, déchirer le cocon qui permet au papillon de s’envoler.
 
Mourir à soi-même, c’est rester centré sur les différentes parties de soi en jeu sans s’en dissocier. Ne pas plonger totalement dans la torture émotionnelle de celui qui n’aura pas ce qu’il veut.

C’est aussi rester en contact avec celui qui pense que la vie n’aura plus de sens après cela et laisser le grand écart s’installer jusqu’à ce que ça craque et que vous puissiez découvrir qu’il y a bien quelqu’un d’autre au-delà de tout cela qui lui, n’a rien à dire et ne pense rien.
 
Un Être dénué d’objectifs et de représentations, en apparence transparent et pourtant bien là! C’est de cet Être-là dont parlait Gurdjieff quand il parlait de cultiver l’essence qui permet de traverser la mort.

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Chaque séparation, chaque perte est une approche de la mort. A chaque opportunité, vous trouvez cet Être en vous dénué d’adjectif ou de personnalisation. Mourir à soi-même, c’est mourir à une partie de soi.
 
Vous étiez la femme de..
 le fils de…
 l’ami de…
 
Il vous est désormais difficile de vous définir par rapport à cette personne qui est partie ou vous a quitté.
 
Après l’habitude de dire je suis sa mère, son compagnon, sa sœur, je suis mariée, je suis architecte, il reste » je suis « mais n’était-ce pas là tout l’objectif de la manœuvre ?
 
L’exercice est délicat et plus facile à dire qu’à faire. Si c’était facile, ça ne s’appellerait pas mourir à soi-même! Pensez-y à deux fois la prochaine fois que vous portez la couleur violette.
 
Mais avez-vous le choix lorsque vous êtes soumis à un changement non désiré ?
 
A force de perdre et d’accepter de perdre plutôt que d’être tendu vers le fait de gagner, vous allez faire grandir cet Être.

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Mourir à soi-même peut aussi être mourir!





En fait, il y a bien un jour où vous allez avoir à accepter de perdre votre corps et votre souffle.
 
Heureusement qu’entre-temps, vous aurez eu la chance de vieillir, de perdre vos amis, une partie de votre famille, de perdre l’élasticité de votre corps, la couleur de vos cheveux etc. afin de vous être préparé à l’avance.
 
Si vous n’avez pas exercé la mort et le fait de mourir à soi-même avant de quitter cette terre, vous allez vouloir vous défendre une dernière fois et partir dans la lutte.
 
Sans cette connaissance, vous allez suivre ce qui s’en va au lieu de vous concentrer sur l’observateur qui regarde tout s’en aller.
 
Au moment de mourir véritablement, vous aurez l’habitude de ne pas être identifié à vos émotions, votre peur de mourir, votre nom, votre prénom et votre corps.
 
Où s’en va l’observateur au moment de la mort ? Vous le verrez bien. Les bouddhistes ont l’habitude de dire que le moment de la mort est une grande opportunité d’éveil.

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Sous cet angle, cela devient très compréhensible. Les maîtres tibétains et tantriques envoient des arcs-en-ciel au moment de leur mort afin de signifier la présence de leur Être au moment de la mort.

C’est un clin d’œil du vivant au moment où vous vous y attendez le moins.
 
Ce qui est certain, c’est que vous aurez cette expérience à passer et que la vie aura tout fait pour vous y préparer. Mais, vous, serez-vous prêt ?

Vous voulez réagir? Connaissez-vous cette expérience de mourir à soi-même? Avez-vous déjà senti cette impression de mourir avant de renaître? laissez un commentaire.

D’autres articles sur la signification des couleurs:
Comment vous habiller pour votre prise de parole en public?( bleu)
Quelle chemise mettre pour parler d’amour? (rouge et vert)
Trouver la paix grâce au langage des couleurs (jaune et vert)
Le noir et le blanc : les étapes du deuil en psychologie des couleurs
Psychologie des couleurs : vivre en Thaïlande et sortir des conditionnements (fuchsia)
Procrastination: perdre ou gagner du temps? (or ou doré)
Langage des couleurs: je passe à la télé demain, devinez la couleur! (jaune d’or)
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:01

Graphosphère : Dr Pierre Decourt

Dr Pierre Decourt : LA SEPARATION D' AVEC SOI-MEME



Le concept de séparation a ceci d’intéressant en raison des questions complexes qu' il soulève tant dans le champ de la clinique, du fait du polymorphisme de l'expression de la souffrance psychique qui s'y rattache , que dans le champ de la théorie, puisqu'il convoque entre autre la difficile question du traumatisme[1], manière hasardeuse d'introduire le principe de causalité dans la vie psychique.
 On sait que l'expérience de la séparation confronte le sujet à un certain de degré de souffrance psychique. Pourtant l' élaboration de la séparation et de ses effets contribue au mouvement général de subjectivation, conduisant l'enfant vers la conquête d' un premier degré de maturation. La séparation, et ce n'est pas un des moindres paradoxes, a donc une vertu organisatrice irremplaçable.
Notre propos en se dégageant de cet aspect central des conséquences nourricières de la séparation se centrera essentiellement sur les conséquences de la séparation du point de vue psychique. Aussi nous envisagerons ainsi les effets 
tant du point de vue psychopathologique que du point de vue des modalités d'élaboration de celles ci .
Au-delà de la problématique de la perte et du deuil qui révèlent la nature et les particularités du lien et de l'attachement à l' objet, du fait même de son absence, ainsi que Roussillon l'a montré, la séparation nous confronte, parfois à distance de l 'événement aux limites des ressources psychiques face au potentiel désorganisateur et traumatique qu ‘elle comporte à des degrés divers. Par les mouvementspsychiques qu 'elle mobilise, elle nous renseigne sur la structure psychique sous-jacente du sujet. Même si  toute séparation à des modalités d'expression  infinies, les outils à la disposition du moi pour faire face à ses conséquences ne sont pas innombrables. Ils sont limités et on les observera aussi bien dans les grands syndromes mélancoliques que dans des expériences plus proches de ce que chacun peut vivre dans son quotidien, dans son intimité. Comme Freud ne cessa de le proposer, nous considérerons qu' il n' existe pas de différence nette entre les processus défensifs et réparateurs observés dans les grandes dépressions et ceux que l'on côtoie dans les blessures de la vie affective quotidienne évoqués par les analysants.
Si notre intérêt aujourd'hui se concentre sur ce thème c'est qu' il n'est pas de cure analytique ou la question de la séparation ne se trouve posée des deux cotés, à un moment ou à un autre, pas seulement dans ce moment singulier  qu' est  la fin de la rencontre.
Nous examinerons dans cette courte contribution les conséquences de la séparation lorsque plus particulièrement elles sont porteuses d'un potentiel traumatique plus ou moins désorganisateur pour le moi.
Le champ d'observation singulier qu'est la situation psychanalytique offre la possibilité  de voir naître des interrogations portant sur les aptitudes d'un sujet à intégrer dans son histoire, l’événement traumatique stigmatisé par la séparation. Cette aptitude révélera les capacités de sa pensée à faire face aux exigences du travail de deuil et montrera parfois les limites de ces capacités à le surmonter. Il est intéressant aussi d' essayer d'en repérer les effets sur le fonctionnement de l'analyste lui même. C’est a ces limites que nous intéresserons, à la manière et aux conditions dans lesquelles le sujet dans la cure, va pouvoir intégrer cette expérience dans sa dimension traumatique lorsqu 'elle resurgit, bruyamment ou à l'opposé par un silence assourdissant et désorganisateur .
Deux  hypothèses se présentent sous forme de question .
 - Peut il y avoir une  réconciliation  possible entre le sujet et la partie traumatique de son histoire à laquelle il n' a pu accès. En raison du poids destructeur qu 'elle contient,  celle ci n'est pas oubliée, mais est, de facto, non inscrite dans un passé qui lui échappe alors ? On pourrait dire qu'elle se situe ne dehors de lui-même.
  -Peut- on, avec la résurgence d'un passé enfoui, et son retour au sein de la cure, concevoir la réversibilité des conséquences psychologiques du trauma?
 La rencontre analytique dans ces configurations, s’oriente de façon assez spécifique non pas tant vers l’avènement et la découverte d’un sens caché que vers une perspective d' inscription du matériel dans une histoire plus ou moins refoulée, qui n'a pu s'organiser selon le modèle de la névrose infantile. Celle ci dans les conditions que l'on pourrait qualifier de normale, se structure autour, et, avec  l'émergence de la sexualité infantile sous l'influence de la poussée constante de la pulsion et de l'investissement des idéaux parentaux. Son aboutissement conduira le sujet à prendre une part déterminante dans le scénario œdipien.
Dans les expériences traumatiques, la séparation a des conséquences qui débordent les capacité du moi à faire face à l'événement, et l'empêche de s' organiser, dans son rapport avec l'objet, selon le modèle de la névrose infantile. Paradoxalement on pourrait dire que le sujet en vient parfois pour survivre, à se séparer de lui même, il se dépersonnalise, s'extrait de ses propres contours, de sa propre histoire. Il peut alors traverser regressivemnt des situations schizo-paranoïdes irréversibles au cours desquelles hallucinatoirement reviendront du réel des éléments de son passé " abolis du dedans" .
On se souviendra de ce film adapté du roman de Styron," Sophie 's choise" ou Meryl Strip, héroïne pathétique, est confrontée à l'impossible choix; décider qui doit survivre, son fils ou sa fille; lequel des deux sacrifier sous la pression perverse d'une ultime barbarie. La mère sombrera dans un état de détresse psychique témoignant face à l'impossible, de son incapacité à surmonter l'événement traumatique. Se " séparer" d'elle même, c'est à dire perdre son identité, en sombrant dans la déchéance et la folie jusqu' à la destruction, constitue le seul recours possible pour faire face à l'indicible.
Comment imaginer dans une perspective  thérapeutique la réconciliation du passé traumatique avec le présent transférentiel, autrement dit comment renouer en situation, les fils apparemment rompus du présent avec un passé que l’on pourrait croire à jamais aboli [2].Si ce temps de liaison est concevable, il faut pour cela nous confronter à deux paradoxes.
Le premier concernela nature del’ expérience traumatique souvent précoce dont le souvenir n’a pu se construire. Or, même s'il n'a pu se construire dans une temporalité définie, les traces de l’expérience sont à la fois présentes, et inaccessibles  ;" l’expérience traumatique nourrit un inoubliable dont on ne peut se souvenir[3] .Comment renouer avec cet " oublié inoubliable" , le rendre représentable, car ce passé n’émerge pas alors sous  forme de représentation. Il émerge plutot bruyamment sous la forme d’acte, ou d'émotion, souvent les deux simultanément. L’acte se substitue alors au souvenir; il en tient lieu! Le sujet ne reproduit pas un fait oublié sous forme de souvenir, de rêve,  mais sous la forme d’action. Il répète sans savoir qu’il répète[4] des conduites parfois erratiques qui indiquent à leur manière la présence d' un événement du passé. Le débordement émotionnel, sensoriel, déconnecté de  toute représentation peut constituer un indicateur sensible. En effet, onaffirmer que face l'agir ou à l'envahissement sensoriel et en l' absence de tout embryon de représentation ou du moindre souvenir, nous sommes en présence d’un noyau traumatique enkysté ou cryptique , comme on voudra. L'impact contre transférentiel de l' émergence de ce noyau traumatique est singulier, souvent anéantissant pour la pensée de l'analyste. Il constitue lui aussi un indicateur irremplaçable.
La trace de l'expérience traumatique serait à chercher derrière tout acte insolite, considéré dans la cure comme un acting, (c'est à dire non rattachable à une chaîne associative) ou derrière l'explosion parfois violente d' affects, sans que ceux ci puissent s' articuler à une chaîne représentative dont le contenu serait à saisir.
Le deuxième paradoxe, déjà signalé, découle du premier. C' est une absence, dont la mémoire ne porte aucune trace, car atteinte dans sa fonctionnalité, qui authentifie la présence  du traumatisme. Une absence qui signe une présence!
Le célèbre exemple de ce Robinson qui découvre sur son île déserte la présence de l'empreinte d'un pied, en viendra pour calmer son angoisse, à imaginer dans la plus grande des perplexités qu 'il s'agit en fait de sa propre trace, convaincu qu 'il a oublié le parcours emprunté le matin même ( on observera la fonction de l'oubli comme procédure singulière afin de faire face à l'énigme) jusqu'à l'instant ou revenant sur ses pas, il observera avec effroi que celle ci à disparue. N' est ce pas là l'indication la plus formelle que cet effacement de la trace, objective une présence invisible. Pour Donnet[5], cité par Green " l’existence postulée d’une trace fait s’interroger non seulement sur l’effacement de la trace, mais aussi sur la trace de l’effacement" .
Mémoire et identité
 
Pour en évaluer les conséquences psychologiques,  de l'effacement, de l'altération de la fonctionnalité de la mémoire, il faut se souvenir des rapports entre mémoire et identité.
IL existe une équation fondamentale entre identité et mémoire. L’amputation d’une partie du passé affecte lourdement le rapport du sujet à lui même et à autrui  ;Ne pas se souvenir des choses c’est perdre une partie de soi  !
Ricoeur[6] illustre ce point de vue lorsqu'il suggère qu' ense souvenant de quelque chose de son passé, de son histoire, on se souvient de soi. La mémoire a quelque chose d’intime. L’altération de la fonctionnalité de celle-ci telle qu’elle s’observe dans ces configurations cliniques ou domine le poids traumatique d'une expérience donnée, témoigne d' une désorganisation du sentiment de continuité psychique. Ce sentiment singulier de continuité psychique nous garanti cette faculté de nous " appartenir" , de nous reconnaître malgré les transformations, pas seulement celles dues à l'écoulement du temps.
La clinique des états frontaliers comme on les appellent aujourd'hui, ou limites atteste de ces organisations psychiques fragiles incertaines et hétérogènes, caractérisées par le bouleversement de l’ensemble de leur être évoluant sans  fondements identitaires stables au gré des circonstances et des rencontres ; ils sont sans passé et souvent hélas sans avenir bien défini.
 Or, chez ces êtres c'est la mémoire elle-même qui est "   amputée" . La mémoire n’est porteuse en rien de l’expérience traumatique passée[7]. Ce n’est pas nécessairement du coté de la recherche d’un souvenir enfoui qu’ il faut chercher. Nous ne sommes plus en la circonstance soumis aux forces du refoulement. Le processus incriminé est autre! Le souvenir est à construire à partir de son absence, à partir d'une absence dont on peut postuler la trace perdue. «  je n’arrive plus a me regarder même en fermant les yeux  » dira ce patient pour témoigner de l'effacement de la représentation de ses propres contours, «  je vais tellement mal, dira cet autre, que je ne peux même plus  me parler  », indiquant s'il le fallait, combien les processus de symbolisation s'étaient avachis.
 
Présence de l'analyste
Poser la question de la construction de l'absence du souvenir traumatique telle que la séparation peut en attester, nous entraîne à examiner en aval les conséquences  au cœur de la relation à l’analyste. Celle ci, varie selon la nature même de l'oubli dont il faut signaler l'equivocité. Le lien transférentiel n'a pas la même coloration selon que  l'absence, signale pour autant la présence de l’objet, dont le refoulement a momentanément rendu absent sa représentation. On différenciera avec Ricoeur  l’oubli fondateur, c'est à dire l’oubli de la perte dont la trace perceptive inconsciente, mnésique est bien présente. Elle met en mouvement des procédés élaborés pour symboliser la représentation de l' objet absent, mais toujours investi. La voie de l'hallucination constitue un moyen autocratique précoce dont l'enfant use pour " supporter " un temps, l'absence de l'objet désiré.
Rien à voir avec l'oubli destructeur qui altère l'identité même du sujet dont il était question et  qui poursuit son œuvre d’érosion du sentiment de continuité psychique. Les particularités de ce dernier auront des conséquences assez spécifiques  sur la nature de la relation analytique.
Si, jusqu' à ce point, nous avons parlé de relation analytique et non de transfert [8]c'est que ce concept central, moteur du déroulement de la cure soulève ici des interrogations auxquelles il faut nous soumettre.Peut-on parler de transfert  ? Est ce bien légitime eu égard aux développements freudiens  qui n'ont d'ailleurs cessé d'évoluer? Epinglé initialement comme " immense inconvénient méthodologique" , il deviendra avec l'expérience l'outil même du changement. Fondé sur l’établissement artificiel d'une relation unique, il s' organise selon une processualité repérable, dont la forme aboutie est la névrose de transfert. Elle nait de l'actualisation des conflits dont la  répétition constitue la  réédition d’un passé refoulé, réactivé à l'insu du sujet par l'investissement inconscient de l'analyste dont il devient le révélateur.
Dans les situations cliniques marquées par une altération identitaire, elle même liée à des expériences traumatiques de l'enfance et dont la séparation n'est qu'une des modalités, on considérera que la relation est singulière et ne s' apparente en rien avec le modèle de la névrose de transfert. Les procédés de communication entre les deux acteurs régulés par les outils de la symbolisation sont l'objet d'un profond dysfonctionnement.
 Le déroulement de la cure est ici marqué par la  dérégulation du couple association libre, écoute flottante pour reprendre l'heureuse expression de Roussillon. L'association libre définie préalablement comme l'outil proposé au sujet pour explorer les couches les plus profondes de sa vie psychique, en complément de la posture de l'analyste dont l'écoute dite flottante, libérée de toute détermination perceptive afin de laisser effleurer le matériel dans sa complexité inconsciente, entretiennent ici des rapports de totale discontinuité. Face aux séquelles des expériences traumatiques on observera une véritable disjonction entre ces deux logiques complémentaires, artificiellement entrelacées au sein du dispositif analytique. Le déroulement associatif est troublé, l'attention flottante de l'analyste soumise aux puissances de la déliaison, concourent à rendre intelligible l’expérience vécue, l'a rendant du coup difficilement transmissible. Le propos souffre d' une altération de sa logique discursive, les  phénomènes de brouillage du sens, de double sens, d’altération syntaxique rendent la communication aléatoire. Le matériel pourtant est surabondant ou à l'inverse l'espace analytique est l'objet d' un envahissement silencieux.
L' importance des affects
 
Envahi par des effets hypnotiques, reliés par des phénomènes insolites d'identification projective, l' analyste éprouve de profondes modifications de ses capacités de penser. Certains y voient l'effet de l’appropriation de la problématique traumatique de son analysant, problématique qui serait perçue inconsciemment sans être représentée. Cette appropriation développe une sorte de  " flottement identitaire partagé," qui consacre les bases d'une expérience commune entre l'analyste et le sujet. Ce rapport hypnotique est une des formes de cette relation. Bloque t’ il la processualité de l’échange interpersonnel ou offre t’il de nouvelles possibilités de dialogue  ?
Avant d' examiner l' éventualité de ces nouvelles possibilités, il convient de repérer les particularités de cette relation au cœur même de l'activité de l'analyste. Sa propre vie psychique peut être soumise par le patient à une sorte de protestation silencieuse; fatigue, altération de sa vigilance, impression de défaite, de renoncement, doute,  face au poids du non sens, mis en tension de la motricité consacrent un certain degré de souffrance. Rien ne se répète mais quelque chose se passe ou plutôt se vit  sous l’effet d’ une pure projection- primaire. L’altération du système représentatif empêche la construction du souvenir. La séquence remémoration répétition élaboration est hors course. Ainsi, si la mémoire est le présent du passé, comme le suggère Saint Augustin dans ses confessions, le passé non intégré à l’histoire du sujet ne peut se presentifier, donc se répéter dans le transfert.
Parfois à l' insu de l'analyste les effets de cette relation si singulière se prolongent au sein de sa propre corporeité; Impressions cénesthésiques bizarres, besoin de bouger, de libérer par une micro motricité des tensions musculaires erratiques témoignent de l' envahissement de sa corporeité par un contenu hétérogène.
Du coté du patient, il y a évacuation, expulsion, sur le modèle de l’abcès incisé qui s’évacuerait avec son potentiel de contamination pour l’autre.  Il n’y a pas d’élaboration, mais drainage par la mise en jeu du pouvoir cathartique de l’action.
 Freud[9] avait saisi l’importance de la dimension cathartique de l’action. Il la compare aux effets de la perlaboration, à «  l’abré-action  » des charges affectives refoulées. Il suggère que l’un et l’autre ont la même vertu modificatrice en levant les résistances. Cette élaboration des résistances peut, pour l’analysé, constituer, dans la pratique, une tache ardue et être pour le psychanalyste une épreuve de patience. De toutes les parties du travail analytique, elle est pourtant celle qui exerce sur le patient la plus grande influence modificatrice, celle aussi qui différencie le travail analytique de tous les genres de traitements par suggestion. On peut la comparer du point de vue théorique à l’abréaction des charges affectives séquestrées par le refoulement et sans laquelle le traitement analytique demeurerait inopérant.
 
Il ne s’agit pas là à proprement parlé de résistances qui sous-tend l’idée d’un conflit, mais de quelque chose qui bloque la construction de la pensée .
Pourtant la relation s'organise…
 
Si elle n’est pas une répétition transférentielle, elle est  une " reprise" au sens le plus trivial des conséquences d'un événement non symbolisé. Une reprise[10] comme réparation d'une effraction dans les trames du tissu symbolique. Comment se crée telle, sur quelles bases puisque les processus de symbolisation ont été altérés?
Roustang parle à ce propos de relation réelle  [11]" qui s'établit à partir d’un degré de partage d’une sensorialité éprouvée de manière synchrone et dont le contenu serait à quelque chose près le même pour les deux protagonistes; on devrait parler de fait de co-sensorialité qui fait le lit d’une forme particulière de rencontre en dehors de tout effet de langage ou de représentance. Cette rencontre en se " transitionnalisant" constitue les conditions d' un échange. Celui ci ne pourra réellement naître et s’exploiter qu’au prix d’une modification posturale de l’analyste condamné pour survivre face au chaos, à dégager paradoxalement dans l’archaïque et l’incohérence d’une pensée en lambeau, soumise aux effets de la destructivité, les ressors utile à la construction d'une mémoire détruite.
C'est en parvenant à s’extraire, à se séparer de lui même[12] qu'il pourra vivre psychiquement, même si ce clivage temporaire à la fois défensif et créateur modifie l'ensemble des rapports qu' il entretient avec son identité. Cette hallucination négative de lui même le conduit parfois aux limites du supportable tant la connotation émotionnelle qui l'accompagne peut s'avérer dépersonnalisante. Ce détachement ainsi induit, de ses propres références, non seulement théoriques mais aussi intimes, prélude à un véritable " deuil de soi" , déterminent un état particulier de surinvestissement de l' efflorescence sensorielle. La modification de la conscience que cet état implique altère transitoirement les rapports avec lui-même, c'est à dire avec ses propres fondements. Les affects dépressifs souvent présents dans ces moments de grande intensité signent  la nature  de ces états particuliers. Le rapport avec le corps se transforme soumis à l' envahissement cénesthésique, et à l' émergence de sensations teintées d'étrangeté. La déraison est parfois proche mais riche de potentialités. On pourrait dire que cette transformation est à l' origine d'un  changement postural. Manifestation contre-transferentielle par excellence, cetteposture nouvelle que l'on peut qualifier analogiquement de «  posture du corps flottant  » avec ce que cela suppose comme desafferentation perceptive,  détermine un niveau de fonctionnement isomorphe de l’ analyste  avec le sujet, sollicitantsescapacités de régression topique et formelle. Elle révèle son aptitude à supporter un certain degré de paradoxalité au sein de ses propres processus de pensée. Rester soi-même tout en ne l'étant plus, mais en le restant quand même…pour ne plus l'être !
En surinvestissant sa propre sensorialité  et son rôle explorateur endo-psychique celle ci devient pour l'analyste un instrument de connaissance des zones enkystées, des noyaux traumatiques clivés ou cryptiques, des enclaves de violence potentielle. La sensorialité et ses déclinaisons peuvent animer la mélodie d' une même séance. Elle imprime ainsi un rythme et une temporalisation à l’expérience interpersonnelle et constituer les conditions de l’oubli et de la redécouverte, donnant à la mémoire une fonctionnalité à créer et développer. Cette expérience intersubjective dominée par son caractère régressif, va constituer un espace processuel, et sceller le socle d’un processus pre-symbolique,  susceptible de donner à un événement originairement inoubliable un caractère transmissible.
le corps comme mémoire
 
En activant les traces fondatrices d’une mémoire méconnue, d' une mémoire sans image, d' une mémoire qui rassemble et qui procède du partage d’une communauté sensorielle, émotionnelle se développera une expérience nouvelle. L' exhumation du fonds sensoriel de la mémoire, via la rencontre analytique développera ces réminiscences et lui donnera sa fonctionnalité età sa capacité première à se souvenir, au moins de ce qui s'est passé en séance; On pourrait dire que la " mentalisation" de la sensorialité possède le pouvoir de transformation de l’oubli,  et celui de faire de cet oubli destructeur un oubli fondateur. Cette transformation permet le passage de l'éprouvé au figuré et procède d'une communauté d'échanges qui prend parfois l'allure d'une folie à deux, et dont les traces vivantes combleront  selon la superbe formule de Saint Augustin " les vastes palais de la mémoire" , un temps désertés. La connaissance  de la perte, de la séparation et de ses terreurs pourra alors dessiner les prémices d'un originaire " secondaire" , à partir d'une rencontre dont la trace sera sans cesse à dessiner, pour qu 'elle devienne un temps représentable.
Enfin
Se séparer de soi- même est cette opération dont dépend toute opération réflexive, et constitutive de notre identité. Remarque bien décrite par Ferdinand Alquié , pour qui " avoir conscience de soi c'est se prendre pour objet, c'est donc ne pas coïncider avec soi, c'est renoncer à ce qu'on était" .Comment mieux illustrer ce que la confrontation avec la pathologie nous révèle. La séparation est au cœur de tous les grands mythes fondateurs. Elle est une double operation .En nous separant nous acquie aussi ce que nous conduit vers
Pierre Decourt
On retrouve là un prolongemnt de l'intuition freudienne largemnt developpée par Green ;l’affect tiendrait lieu de représentation[13]  ? Green le discours vivant p 332 toutes les représentations tient leurs origines des perceptions (se xix P 237)[14]
N' est ce pas plus important que de tenter de donner une figuration à l’expérience traumatique?
image motrice 333
souvenir et mémoire le déjà eprouv
La compulsion de répétition a paradoxalement une double fonction( cache et révèle à la fois)
-Elle lutte contre l’oubli .Elle ne cesse de faire apparaître  l’absence! en faisant émerger des comportements identiques  face à des situations au potentiel traumatique(échecs  ; addiction, automutilations ) qui pour autant ne peuvent se mentaliser
-                Elle cherche à effacer les traces d’expériences douloureuses( séparation séduction précoce, carences)en évacuant les affects douloureux
RR différencie traumatisme primaire qui affecte l’ organisation des processus et la symbolisation primaire
Le traumatisme secondaire affecte l’intégration de l’expérience p16/Agonie..)
Cette expérience ou le souvenir n’a pu se construire est à la fois présente et inaccessible mais elle n’est pas la répétition d’un  passé dont l’inconscient serait le porteur et le transfert le révélateur
La faillite des processus de symbolisation /
         A° Les conséquences au niveau du moi
Attaque de la symbolisation primaire (les outils) le trop  ; l’excès de l’excitation
On laissera de coté les Défauts de l’activité de symbolisation et attaque  de l’activité de représentation qu ‘il faut différencier des symptômes ou œuvrent des mécanismes de défense comme
- refoulement, de certaines représentations, porteuses d’un pouvoir de révélation des motions pulsionnelles sous-jacentes  elles deviennent intolérables pour le moi
- clivage, déni de la sexualité infantile, de la différences des sexes et des générations
La ressaisie interprétative de ces défauts de symbolisation que l’on qualifie de secondaire, est  induite par les effets sur le contre transfert ouvre à la  representabilité et du sens caché d’une motion pulsionnelle interdite à la conscience
La carence de l’activité de symbolisation primaire a d’autres conséquences  :effet d e réel et inintelligibilité
Le passage du perceptif au représentatif (  ?) illusion ( évacuation motrice sans représentation ni  élaboration)
A distance elle soulève  aussi la question des Limites du processus analytique  dans sonaptitud eà rendre comte de ses effets et s
?
de l’intelligibilité  de la souffrance psychique ?
des possibilités de changement  ? Y a t il réversibilité des conséquences de l’effacement, transformation de la trace corporelle  ? réversibilité des conséquences du traumatisme de la séparation    selon l a nature de l’oubli
face aux altérations des processus psychiques, conséquences de la rencontre d’un sujet avec un ou plusieurs événements au potentiel traumatique[15]
la non figurabilité de ces expériences  :la compulsion de répétition
Ferdinand Alquié



[1] Thom René. Paraboles et Catastrophes. «  les théories du traumatisme  ; une manière hasardeuse d’introduire la notion de causalité; en fait la notion de cause est une notion trompeuse, intuitivement elle paraît claire alors qu’en réalité elle est toujours faite d’un réseau subtile d’interaction P 133.Cette critique prend  aujourd'hui toute sa valeur à l' heure ou le traumato-centrisme hante les manuels explicatifs et réducteurs du comportementalisme.
[2] Ricoeur P. La Mémoire, L' Histoire, L'oubli  Seuil . 2000, p578
[3] Op, cit p576
[4] Roussillon .R Paradoxes et situations limites de la psychanalyse P.U.F 1991 p84
[5] Green A.le discours vivant, P.U.F p334
[6] Op cit. p, 115
[7] Roussillon.R; Agonie clivage et symbolisation P.U.F Ce sont comme des états de détresse, des expériences de tension et de déplaisir sans représentation( ce qui ne veut pas dire sans perception ni sans sensation) sans issue , c’est à dire sans recours internes ( ceux ci étant déjà épuises ) ni recours externes ( ceux ci sont défaillants) des états au delà du manque et de l’espoir p19
[8] Pour qu ‘il y ait relation transférentielle, il faut que le moi bénéficie d’une certaine fonctionnalité, d' une souplesse dans ses capacités d’investissement, de désinvestissement. Le transfert offre une possibilité d’ après coup symbolisant une expérience passée en en livrant une actualisation. Lorsque déplacement, et substitution  (métaphore et métonymie) font défaut,  les capacités d’identification sont limitées.Souvent massives et peu mobilisables elles rendent difficile l’articulation du passé et l’actualité des conflits, la construction ou la reconstruction de l’histoire personnelle.
Le va et vient entre les figures appartenant au monde interne et les objets composant le monde environnant est grippé. Dans ce magma, l‘analyste ne peut être qu’un support indifférencié de projections plus ou moins destructrices; elles attaquent ses modèles de pensée habituels et luttent contre le pouvoir réducteur du sens que pourrait suggérer une interprétation. Pourtant la répétition est bien présente; mais qu’est ce qui se répète?
[9] Freud S. Remémoration, Répétition, Perlaboration  P.U.F  1914, p 115
[10] Cette  reprise s'éloigne du concept de répétition d’Heidegger[10] ( Ricoeur p 574) proche en fait du concept freudien en de nombreux points. Nous sommes reconnaissant à Philippe Lacoue-Labarthe d'avoir avec beaucoup d'autorité et de clarté re-situer le sens de " Widerholung"   dans la pensée d' Heidegger .
[11] Roustang F. Le thérapeute et son patient. Edition d e l'aube 2001
[12] David C. " Le deuil de soi" , in La mort dans la vie psychique  R.F.P.1996 Tome XL
L'auteur parle de la mise en action d'un processus mental complexe sorte d' anticipation de sa propre mort, spécifique par rapport aux autres modalités de représentation de la perte.
[13] Greeen A. Le discours vivant PUF p 332
[14] Freud S;  Se xix p
[15] Thom rené paraboles et catastrophes «  les théories du traumatisme  ; une manière hasardeuse d’introduire la notion de causalité en fait la notion de cause est une notion trompeuse, intuitivement elle paraît claire alors qu’en réalité elle est toujours faite d’un réseau subtile d’interaction P 133
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:02

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:03

La faille identitaire chez les personnages de Le Clézio 
jeudi 9 octobre 2008, par Elisabeth Poulet

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L’existence individuelle ne se déroule pas en ligne droite, elle avance au contraire par écarts et discontinuités. Au cours de sa vie, chacun expérimente diverses versions de soi-même et ressemble à un palimpseste continuellement recouvert de nouvelles strates. Se connaître et se comprendre soi-même, pour autant que ce soit possible, veut dire disloquer et partager le poids du passé en le séparant du présent, en le laissant passer. Si l’entreprise ne réussit pas, chacun ressent les déséquilibres de sa propre histoire et se sent étranger, disjoint. C’est alors que s’ouvre la faille identitaire, soit une faille dans la relation du moi au monde extérieur. Les personnages lecléziens, souvent victimes d’une carence des origines, suivent un parcours identitaire difficile qui passe souvent par l’expérience de la folie. Nous nous proposons d’étudier ce problème de l’identité dans Poisson d’orLa Fièvre et surtout Le Procès-verbal.
Le point de départ nous sera donné par une expression de Saint Augustin qui définit le moi comme questionnement : « Questio mihi factus sum » (Je suis devenu question pour moi-même). Le moi est ce qui devient question de soi-même. L’identité, en tant que questionnement, est une des grandes acquisitions de l’Occident. Loin de nous l’idée de nous lancer ici dans un historique de la notion d’identité, mais il est tout de même nécessaire de rappeler certains points afin d’éclairer le propos.
L’identité comme questionnement est un thème récurrent, et, en dépit de l’actuelle désaffection pour le sujet, continue à poser problème. Freud s’inscrit dans cette démarche du moi perçu comme questionnement, mais en la radicalisant, puisque la question va porter désormais sur la mémoire consciente, mais aussi sur la conscience elle-même afin de rejoindre des logiques censurées par la conscience, et retrouver alors une autre identité. Il s’agit par là-même de scruter des étrangetés unheimlich, des étrangetés inquiétantes voire parfois insupportables. Selon Freud, serait unheimlich « tout ce qui devait rester un secret, dans l’ombre, et qui en est sorti . » [1] Freud va suivre, tout au long de son œuvre, cette ligne de ce qu’il a appelé le clivage du moi, c’est-à-dire la coexistence au sein du moi de deux attitudes contradictoires et bien séparées envers la réalité extérieure : l’une qui la reconnaît, l’autre qui lui dénie toute existence au profit des exigences pulsionnelles.
Pour ceux qui souffrent d’un sentiment de dépersonnalisation, c’est-à-dire d’un trouble de la conscience de soi, les impressions que donne le monde extérieur portent le caractère de l’étrangeté, comme si elles venaient d’un pays lointain. Adam Pollo, le protagoniste du Procès-verbal, éprouve un sentiment d’étrangeté devant le monde qui l’entoure, sentiment qui donne un relief différent, inconnu, aux choses et aux événements : « On n’était jamais sûr de rien dans ce genre de paysage ; on y était toujours peu ou prou, un drôle d’inconnu, mais d’une manière déplaisante. » [2] Rapidement, dans cette solitude qu’il s’est imposée, sa représentation du monde change :
« Parfois, des voitures passaient en file simple, et soudain, sans raison apparente, le métal noir éclatait comme une bombe, un éclair en forme de spirale jaillissait du capot et faisait flamber et ployer toute la colline. » [3]
On peut alors parler de déréalisation (la réalité extérieure est perçue de façon altérée ; le sujet a le sentiment de vivre dans un état de rêve, désorienté, avec perte de repères dans le temps et l’espace). Ceux qui sont victimes de dépersonnalisation se sentent à côté de la vie, à côté du monde dans lequel ils évoluent, et ne peuvent que constater leur non inscription dans l’ordre symbolique où chaque sujet cherche à tisser son histoire. On peut aussi parler, et nous ne manquerons pas alors de citer Antonin Artaud, « de la décorporisation de la réalité, de cette espèce de rupture appliquée, on dirait, à se multiplier elle-même entre les choses et le sentiment qu’elles produisent sur notre esprit, la place qu’elles doivent prendre. » [4]
Détaché de sa biographie comme il l’est de son propre corps, Adam Pollo sent à présent comme extérieure à lui - pure contingence - sa personnalité. La personnalité dite « normale » est généralement conçue comme un état d’équilibre traduisant l’adaptation de l’individu tant dans sa propre conscience de soi que dans son milieu socio-culturel. Adam, lui, est détaché, en deçà de la réalité, indifférent, plein surtout de lui-même, c’est-à-dire plein du manque qui le constitue, manque à être comme les autres, et qui plus est sans volonté aucune de leur ressembler. Adam Pollo est incapable d’inventorier les événements de son histoire. La destruction de la notion d’identité l’empêche d’avoir une mémoire personnelle, il possède la mémoire du fou, autrement dit il est traversé par la mémoire de tous :
« Il était devenu mémoire, et les angles d’aveuglement, là où les facettes se touchent, étaient si rares que sa conscience était pour ainsi dire sphérique. C’était l’endroit, voisin de la vision totale, où il arrive qu’on ne puisse plus vivre [...]. Il était sans doute le dernier de sa race, et c’était vrai, parce que cette race approchait de sa fin. » [5]
Adam est poreux, disponible, ouvert à tout, et cette disponibilité le rend scandaleux aux yeux de la société, et même aux yeux de Michèle qui finira par dénoncer sa présence dans la maison vide. Traversé par tout, il est la figure du fou par excellence de par sa remarquable porosité. Adam Pollo est dans les choses. Il est à travers les choses et les choses sont à travers lui selon un enchevêtrement d’échanges et de pressions continues et réciproques. L’empathie aboutit parfois à la création d’images cénesthésiques qui procèdent d’une participation organique à la vie des êtres naturels. Ainsi dira-t-il à Michèle, au cours d’une de ses expériences : « J’étais déjà arrivé au végétal... Aux mousses, aux lichens. C’était tout près des bactéries et des fossiles. » [6]
Il ne s’agit pas pour Adam de ne plus rien rechercher, mais de ne plus jamais connaître l’ennui, de parvenir au détachement de soi. Une perte d’identité, suivie d’une perte de sentiments.
Mais pourquoi, finalement, faudrait-il ressentir la vérité de son moi ? Le moi, rappelons-le, est une fonction purement imaginaire : il s’agit de la projection de l’être du sujet dans l’objet du désir. D’ailleurs, Lacan y revient constamment et de manière littérale : « Le moi est un objet - un objet qui remplit une certaine fonction que nous appelons ici fonction imaginaire. » [7] Chez le sujet dit « normal », le moi est l’image que perçoit le sujet à l’endroit de son désir, comme le constituant, lui, comme sujet. Je désire donc je suis. Pour le sujet qui, lui, est moins « normal », l’image identifiante va se brouiller, voire disparaître, et c’est à ce moment-là qu’il se demande, ne se projetant plus dans un objet de désir, ce qu’il est vraiment en tant qu’être, autrement dit ce qu’il fait là.
Le fou est celui pour qui la vérité se fait chose, et cette chose, c’est lui-même. Nous, nous ne sommes pas la Vérité, puisque nous y croyons - tout comportement normal repose sur la croyance implicite en la vérité. C’est précisément en cela, comme l’a montré Husserl, qu’il y a croyance et que peut s’instituer pour nous quelque chose comme une réalité extérieure [8]. Que le rapport à cette réalité se trouve au cœur de la folie, c’est tout aussi évident que trompeur, quand on s’aperçoit que toute la psychologie classique s’est fourvoyée à vouloir l’imposer au fou alors que tout le problème c’est qu’il n’y croit plus. D’ailleurs, le fou est-il aussi insensé de ne plus y croire ?
La culture occidentale revendique l’existence d’un moi monadique incluant toutes choses et rêve, comme le dit Peter Sloterdijk, « d’un sujet qui observe, nomme, possède toute chose sans se laisser lui-même contenir, nommer ou posséder par quelque chose, même si le dieu le plus discret s’offrait comme spectateur, conteneur et mandant. » [9] Tout doit être à l’intérieur. Et si tout n’était pas à l’intérieur ? Adam Pollo, lui, n’a pas abandonné l’idée d’une continuité entre lui-même et le monde. En effet, comme le souligne très justement Remo Bodei, « le moi est le résidu flétri de ce sentiment de fusion avec le tout, auquel, en grandissant, nous avons dû renoncer, en sorte que la psyché normale de chacun est le résultat de cette mutilation ordinaire. » [10] Si cela ne se produit pas, la ligne de démarcation entre sujet et objet demeure labile, laissant au délire des brèches par où il fait irruption dans la conscience, des trouées par lesquelles il s’exprime et persuade. Et c’est là qu’intervient la notion du tout extérieur, l’illusion qui consisterait à se fondre dans le tout afin de n’être plus rien, pour que cesse le drame affreux de l’individuation.
Dans les textes de Le Clézio, les identités manquent, ou bien elles se présentent de manière lacunaire et contradictoire. Les personnages échappent même souvent au clivage du nom propre. Ainsi, l’héroïne de Poisson d’or, Laïla, ne possède pas de nom de famille, et ne connaît même pas son vrai prénom. Souffrant d’une carence des origines, elle vit dans une nuit identitaire, ne sait ni d’où elle vient, ni qui elle est. Elle se croit coulée dans une identité de nature imprécise, indécise, et se nomme ou se laisse nommer de noms indéfiniment différents. Son premier nom, elle le reçoit d’une femme qui n’est pas sa mère, d’une femme qui l’a achetée :
« Tout ce que je sais, c’est ce que m’a dit Lalla Asma, que je suis arrivée chez elle une nuit, et pour cela elle m’a appelée Laïla, la Nuit. » [11]
Grâce aux boucles d’oreilles qui constituent son seul héritage, elle apprend qu’elle est issue des Hilal, « les gens du croissant de lune. » [12] Comme elle ne sait rien, elle invente ses origines mais cela sonne faux. Elle ne peut pas dire la vérité puisqu’elle ne la connaît pas, et ne parvient pas tout à fait à l’inventer. Sur l’initiative de Madame Fromaigeat, chez laquelle elle est employée, elle va prendre une nouvelle identité qui va la « régulariser ». C’est l’agent de police, au commissariat, qui va la baptiser et lui imposer Lise-Henriette comme nouveau nom. Le Clézio se moque ici ouvertement du système de fiche d’état civil, comme il l’a fait auparavant dans Le livre des fuites ou L’Inconnu sur la terre. Bien entendu, Laïla va refuser cette identité qui ne représente rien pour elle et à laquelle elle ne croit pas. Après ce refus, ce sera la chute, et à nouveau la perte des origines, symbolisée par « l’appartement de Nono, sous la terre. [...]. En fait, ce n’était pas un appartement, mais [...] une cave. » [13] Et voilà la jeune femme revenue dans la nuit des origines, faute de nom. Désespérée de ne pas avoir une identité qui véritablement la constitue, elle rêve d’endosser celle de Marima, la petite-fille morte d’El Hadj :
« Il disait : « Au revoir, ma fille », comme si j’étais vraiment Marima. Peut-être qu’il croyait vraiment que j’étais elle. Peut-être qu’il avait oublié. Peut-être que c’était moi qui étais devenue semblable à elle, à force de venir auprès de son grand-père, à force de l’écouter raconter ce qu’il avait vécu là-bas, au bord du fleuve. Moi-même, je ne savais pas bien qui j’étais. » [14]
Plus tard, à la mort du grand-père, elle se coulera brièvement dans l’identité de Marima : « Hakim était mon frère. J’étais Marima. » [15]
Travail d’estompage des identités, donc, mais aussi et surtout métamorphoses. La métamorphose est ce déplacement qui d’une identité nous amène à une ou plusieurs autres. Elle est donc une trajectoire de l’identique dans un espace de différences qui se donne comme possible. Elle appartient à un insaisissable parce qu’elle ne désigne pas le résultat de la transformation elle-même, mais son déroulement qui reste par nature toujours fuyant. La métamorphose est une dynamique et non pas un état. Elle permet d’échapper au pouvoir de définition des mots de l’autre, elle déjoue la fixité d’un discours qui voudrait la saisir. La métamorphose apparaît donc comme le signe d’une non-identité.
Ainsi, les personnages de Le Clézio suivent un mouvement qui déplace leurs mots et leur identité dans un élan mimétique où ils deviennent les lieux qu’ils traversent (Adam devient la plage). La métamorphose, en entraînant l’identité dans un mouvement où elle n’a jamais la possibilité de se constituer dans une unicité, permet l’édification d’une différence qui ne s’énonce plus en termes de contradictions ou d’antinomies mais en termes de déplacement. On retrouve ici la pensée de Deleuze et Gattari quand ils parlent de « devenir-animal » :
« Un devenir n’est pas une correspondance de rapports. Mais ce n’est plus une ressemblance, une imitation, et, à la limite, une identification [...]. Ce qui est réel, c’est le devenir lui-même, le bloc de devenir, et non pas des termes supposés fixes dans lesquels passerait celui qui devient. » [16]
Roch Estève, le personnage de La Fièvre (nouvelle éponyme du recueil), souffre d’une fièvre probablement causée par la conjonction des effets de la mer et du soleil. En pleine hallucination, il s’imagine faisant l’amour pour se sentir ensuite à moitié métamorphosé en femme, placé à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ce corps étrange :
« Roch était toujours seul sur son lit mouillé de sueur, et pourtant il sentait le corps de femme glisser longuement entre ses doigts. Tout, le visage, le torse, les hanches, les jambes minces et les bras fluides, tout cela coulait en lui. [...]. Roch reçut ainsi le corps d’Elisabeth, il s’en habilla sans s’en douter, très naturellement. [...]. Maintenant, il était devenu cette femme, la passion l’avait en quelque sorte retourné sur lui-même, avait rompu l’état de dehors et l’avait placé dedans. » [17]
Jusqu’à présent, la force qui agit sur les hommes de La Fièvre est « le produit d’une rencontre d’actions purement physiques et d’états affectifs. » [18] Dans Martin, en revanche, le jeune homme cherche à dépasser consciemment les limites de la connaissance humaine, il sait définir l’état où les personnages des autres nouvelles se sont trouvés :
« Le moment de folie est préparé par une étape où le sujet est plongé dans une sorte de vacillement de la conscience, d’excitation cérébrale violente. C’est ce moment-là qui véritablement fabrique l’extase et lui donne son sens. Tandis que l’extase en elle-même est aveugle. C’est le vide total, sans ascension ni chute. Le calme plat. Si bien qu’on peut dire que le saint ne connaîtra jamais Dieu. Il L’approche, puis il En revient. Et ces deux étapes sont celles qui sont. Entre les deux, le néant. Le vide, l’amnésie complète. » [19]
Le monde, comme le corps, est un grouillement perpétuel. La matière dont nous sommes constitués peut entrer en contact avec la matière extérieure. Toutes les nouvelles de La Fièvre explorent cette sensation de soi qui s’ouvre vers l’infini.
Pensons aussi à Adam Pollo qui passe du règne animal au règne végétal, puis minéral, traversant la gamme du rat à la pierre. Le zoo lui permet de pénétrer à l’intérieur des animaux sauvages :
« Il passa le reste de son après-midi, parcourant le jardin zoologique d’un bout à l’autre, se mêlant aux peuples les plus petits qui habitaient les cages, se confondant avec les lézards, avec les souris, avec les coléoptères ou les pélicans. [...] Il fouilla du regard les moindres excavations, les replis de chair ou de plumes, les écailles, les tanières cotonneuses où dormaient d’un sommeil visiblement ignoble les boules de poils noirs, les masses de cartilage flasque, les membranes poussiéreuses, les annelures rouges, les peaux craquelées et fendues comme des carrés de terre. » [20]
On observe ici combien la simultanéité des sensations permet une identification avec la matière, qui fait que l’on disparaît pour mieux réapparaître, enrichi et plus lucide. De cette allusion à l’animal, on passe à la graine à laquelle Adam s’identifie, et enfin au personnage qui « se centrait au milieu de la matière, de la cendre, des cailloux, et peu à peu se statufiait. [...]. Comme une graine, tout à fait comme une semence d’arbre, il se dissimulait dans les fissures du sol, et attendait, béatifié, que quelque eau le germe. » [21] Cette végétalisation du corps sur le mode de l’osmose permet au moi d’éprouver ce que Romain Rolland a appelé un sentiment océanique, c’est-à-dire une sensation qui tend à effacer toute frontière entre le dehors et le dedans. Et Adam Pollo pouvait, de cette manière, aller jusqu’à mourir et devenir ainsi « le seul être vivant du monde qui s’éteignait insensiblement, non pas dans la décadence et la pourriture des chairs, mais dans le gel animal. » [22]
Ce qu’Adam Pollo emprunte ici, c’est la voie de l’extase matérialiste :
« Partant de sa propre chair humaine, de sa somme de sensations présentes, il s’anéantit par le double système de la multiplication et de l’identification. [...]. Bientôt il n’existe plus. Il n’est plus lui-même. Il est perdu, faible parcelle qui continue à se mouvoir, qui continue à se décrire. Il n’est plus qu’un vague revenant, seul, éternel, démesuré, terreur des vieilles femmes solitaires, qui se crée, meurt, vit et revit et s’engloutit dans l’obscur, des centaines, des millions et des milliards d’une fois infinie, ni l’un ni l’autre. » [23]
Identification et multiplication, métamorphose, pour, enfin, abolir l’individuation.
Henri Pierre Toussaint dans la nouvelle intitulée Arrière, perd contact avec son corps, ne le maîtrise plus, et s’écrie : « Je suis comme sucé, comme aspiré par une digestion vorace, je ne me défends pas ou à peine [...]. Le train, c’est moi. Je comprends maintenant, qu’y puis-je ? » [24] Le jeune Martin fait une expérience semblable en constatant que « ces mains étaient devenues des êtres indépendants, des bêtes agiles à cinq pattes, qui traînaient derrière elles le poids de tout un paquet de chair inerte. » [25]
Tous les personnages des nouvelles de ce recueil atteignent « le point précis, mystérieux, où l’action peut s’accomplir d’elle-même, sans lutte, sans heurt, et sans nécessité, où tout l’être glisse hors de lui-même, toutes barrières, tous désirs de personne renversés, oubliés, le point d’incohérence suprême où la réalité va basculer, le véritable rejoignement avec la matière, où les sensations n’ont plus à être interprétées, où le monde n’apparaît plus, mais où tout est, où l’on est tout, indissolublement, indiciblement. » [26] La dissolution de l’être, l’écoulement vers le dehors dessinent une sensibilité indifférente, qui n’est pas une insensibilité, mais un accès de passivité, une expérience du neutre qui refuse, comme l’écrit Maurice Blanchot, « l’appartenance aussi bien à la catégorie de l’objet qu’à celle du sujet. Et cela ne veut pas seulement dire qu’il est encore indéterminé et comme hésitant entre les deux, cela veut dire qu’il suppose une relation autre, ne relevant ni des conditions objectives, ni des dispositions subjectives. » [27]
Mais si l’autre n’est pas moi, je sais que moi se présente toujours autre. L’autre est-il alors rendu identique par cette étrangeté qui est mienne ou suis-je rendu à une étrangeté à moi-même qui me défend toute forme d’identité et me ramène toujours à l’autre ? La bonne question serait alors « Où suis-je ? » et non pas « Qui suis-je ? » En projetant ainsi le problème de l’identité dans une dimension spatiale, l’autre deviendrait la borne ou la limite par laquelle je pourrais prendre conscience de mon individualité. Mais cet autre, est-il possible de le cerner et de l’exprimer ? Peut-il se prévaloir de son étrangeté quand il est moi-même ? Le miroir de la ressemblance semble déjà être brisé, il n’offre plus qu’une multitude de facettes d’une réalité qui ne peut plus se donner sous la forme d’une unité. Dès lors, on ne peut que constater l’impossibilité de fixer une identité. La seule issue pour s’arracher au moi, et se dissoudre dans le flux et le reflux de la vie, c’est la mort :
« Quand j’aurai été brisé par les éléments, quand, usé, épuisé, j’aurai crevé le sac de mon autonomie, alors aura lieu le mouvement suave et serein de l’osmose. Je m’étalerai. Comme une eau répandue aux ramures courantes, je commencerai à recouvrir la terre réelle. Je commencerai à reconnaître le lieu de ma vie. Je serai dévoré et bu, ainsi, au sein de la matière, jusqu’à ce que je ne sois plus qu’un morceau d’elle. Je serai sans mystère. Aplati, mélangé, imprimé tout entier. Ma forme ne sera plus forme. Mon corps ne sera plus corps. Mensonge délayé, mensonge appliqué et éteint. Mensonge devenu tout à coup, comme ça, un morceau de la VERITE. » [28]

Chez Le Clézio, si on ne peut pas parler d’absence d’identité, force est de constater que les identités se présentent de manière lacunaire, imprécise ou encore contradictoire. Les personnages échappent souvent au clivage du nom propre, ce qui est le cas pour Laïla, l’héroïne de Poisson d’or, ou encore de Kiambé dans Révolutions. Lorsqu’ils en ont un, comme le Jeune Homme Hogan du Livre des fuites, il ne parvient pas à constituer le personnage. Dans le cas du Jeune Homme Hogan, le seul critère de définition qui peut s’appliquer, c’est le mouvement spatial, la fuite. Ainsi, Le Clézio refuse la suprématie d’un moi monadique qui implique que tout doit être à l’intérieur. Tout comme Antonin Artaud de retour de son voyage au Mexique chez les Indiens Tarahumaras [29], il remet en cause ce bastion de la culture occidentale et se tourne vers le tout extérieur, cette illusion qui consisterait à se fondre dans le tout afin de pouvoir, enfin, se sentir exister.

P.-S.



Article publié pour la première fois en mai 2007.


Notes





[1] FREUD Sigmund, L’inquiétante étrangeté, in L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1985, p. 222.
[2] LE CLEZIO J.M.G., Le procès-verbal, Paris, Gallimard, Folio, 1963, p. 20.
[3] Ibid., p. 21.
[4] ARTAUD Antonin, Description d’un état physique, in L’Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs et autres textes, Paris, Editions Gallimard, Poésie, 1956, p. 63.
[5] LE CLEZIO J.MG., Le procès-verbal, op. cit., p. 91.
[6] Ibid., p. 78.
[7] LACAN Jacques, Ecrits, Tome II, Paris, Seuil, 1971, p. 60.
[8] Rappelons-nous ce que Freud disait dans Au-delà du principe de plaisir : pour que le sujet intègre l’événement traumatique dans son histoire, c’est-à-dire dans sa mémoire symbolique, il est nécessaire qu’il dépasse la simple répétition hallucinée d’un réel pur, qu’il se mette à y croire, c’est-à-dire à l’accepter comme événement réellement survenu.
[9] SLOTERDIJK Peter, Bulles, Paris, Pauvert, 2002, p.96.
[10] BODEI Remo, Logiques du délire, Paris, Aubier, 2002, p. 81.
[11] LE CLEZIO J.M.G, Poisson d’or, Paris, Gallimard, 1997, p. 11.
[12] Ibid., p. 41.
[13] Ibid., p. 123.
[14] Ibid., p. 166.
[15] Ibid., p. 171.
[16] DELEUZE Gilles et GUATTARI Félix, Mille Plateaux, Paris, Editions de Minuit, 1980, p. 291.
[17] LE CLEZIO J.M.G., La Fièvre, in La Fièvre, Paris, Gallimard, L’Imaginaire, 1965, pp. 54-56.
[18] WAELTI-WALTERS Jennifer, Icare ou l’évasion impossible, Etude psycho-mythique de l’œuvre de J.M.G. LE CLEZIO, Sherbrooke (Canada), Editions Naaman, 1981, p. 35.
[19] LE CLEZIO J.M.G., Martin, in La Fièvre, op. cit., p. 147.
[20] LE CLEZIO J.M.G., Le Procès-verbal, op. cit, p. 86.
[21] Ibid., p. 77.
[22] Ibid., p. 78.
[23] Ibid., p. 205.
[24] LE CLEZIO J.M.G., ArrièreLa Fièvre, op. cit., pp. 100-101.
[25] Ibid., Martin, p. 151.
[26] Ibid., L’homme qui marche, pp. 129-130.
[27] BLANCHOT Maurice, L’entretien infini, Paris, Gallimard, 1969, p. 440.
[28] LE CLEZIO J.M.G, L’extase matérielle, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1967, p. 304.
[29] « Jamais un Européen n’accepterait de penser que ce qu’il a senti et perçu dans son corps, que l’émotion dont il a été secoué, que l’étrange idée qu’il vient d’avoir et qui l’a enthousiasmé par sa beauté n’était pas la sienne, et qu’un autre a senti et vécu tout cela dans son propre corps, ou alors il se croirait fou et de lui on serait tenté de dire qu’il est devenu un aliéné. Le Tarahumara au contraire distingue systématiquement entre ce qui est de lui et ce qui est de l’Autre dans tout ce qu’il pense, sent et produit. Mais la différence entre un aliéné et lui c’est que sa conscience personnelle s’est accrue dans ce travail de séparation et de distribution interne », Antonin ARTAUD, Le rite du peyotl, in Les Tarahumaras, Paris, L’arbalète, 1955, pp. 16-17.
http://www.larevuedesressources.org/la-faille-identitaire-chez-les-personnages-de-le-clezio,801.html
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:06

[size=32] La personnalité obsessionnelle[/size]
Patrick Juignet, Psychisme, 2011.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ne sont que des symptômes. Ils peuvent être rencontrés dans toutes les sphères de la psychopathologie. Dans cet article, nous ne nous intéresserons pas aux symtômes, mais à la personnalité obsessionnelle en tant qu'elle forme un tout et rentre dans la catégorie des personnalités névrotiques.


PLAN


    • 1/ Clinique

      • L’enfance
      • Le caractère
      • Les conduites
      • Les obsessions
      • Les actes compulsifs
      • L’évolution


    • 2/ Théorisation

      • La castration et l’œdipe
      • La régression anale
      • Les défenses du moi
      • La formation du symptôme









 


1/ Clinique




L’enfance




L’existence de rites (alimentaires, du coucher) est quasi constante vers trois ans et n’annonce en rien une organisation obsessionnelle de la personnalité. Les premières manifestations d’une telle orientation psychologique sont diverses et peu caractéristiques. Elles apparaissent en général vers six ou sept ans ou plus tard, à la fin de la période de latence. Les manifestations précoces sont difficiles à discerner car la latence normale entre six et douze ans fait apparaître maîtrise, propreté, méticulosité. On trouve quelques rites (du coucher, de l’alimentation, de la défécation) quelques idées obsédantes (de la mort). Mais les manifestations peuvent être diverses : somatisations, phobies, difficultés d’attention. On trouve aussi des obsessions stables et assez caractéristiques (crainte de la mort d’un parent) mais qui parfois passent inaperçues car l’enfant ne s’en plaint pas.
La famille est classique, mais elle prodigue une éducation rigide et elle est telle qu’il se crée un lien privilégié entre la mère et le garçon. La timidité de l’enfant, son sérieux, rendent les relations avec les camarades parfois pénibles. En particulier la difficulté de ces enfants à se défendre (du fait de l’inhibition de l’agressivité) et leur intérêt intellectuel marqué (au détriment des activités physiques) les isolent du groupe et les rendent vulnérables. Cela peut entraîner secondairement un refus scolaire car l’enfant souffre d’être mis à l’écart ou d’être le souffre douleur de certains camarades agressifs et violents.
Cet ensemble prend un aspect caractéristique à la puberté. On note, à ce moment, des préoccupations métaphysiques et des aspirations religieuses. La religiosité correspond bien à l’attitude scrupuleuse, à la rigidité de conduite et de principes qui s’installe. Les résultats scolaires peuvent être grevés par la recherche de perfection qui aboutit à rendre la tâche impossible.

Le caractère




À l'âge adulte le caractère s'affirme. La distance polie est le propre de l’obsessionnel. Il se présente dans une attitude un peu raide et formelle, avec une sorte de neutralité affective. L’obsessionnel est froid, distant et rigide. Le personnage est routinier et sans enthousiasme. Obstiné il poursuit ses buts avec entêtement car il a des difficultés à abandonner, à changer, à se séparer. Il est volontiers avare et collectionneur. Avec parfois une rare prodigalité paradoxale. 
L’agressivité en général très inhibée ne peut s’exprimer directement. Par contre, elle trouve des voies détournées et se manifeste par la tendance à chicaner, à faire des problèmes, à ennuyer les autres et donne quelques conduites discordantes comme la maintenance d’un « coin sale » et désordonné, des retards répétés, du sadisme envers un animal, etc. Parfois elle se manifeste de manière plus directe par des grossièretés, une rébellion contre l'autorité, Ces attitudes contrastent fortement avec l’apparence habituelle du sujet. On retrouve souvent une tendance à « emmerder » les autres, à faire souffrir. Chez les hommes on constate des aspects féminins, un maniérisme. 
L’obsessionnel a des doutes, des crises de conscience, une scrupulosité, une inhibition sexuelle.
Ces différents traits de caractère se composent et s’articulent diversement selon les personnes. Parfois domine nettement le côté inhibition, politesse, obséquiosité, maniérisme. Parfois le côté actif sadique sale et grossier prend plus d’importante .

Les conduites




L'obsessionnel est efficace grâce à sa précision, sa ponctualité, son obstination. Cette efficacité est diminuée, voire totalement invalidée, lorsqu’il y a un excès de méticulosité ou de doute. L’insertion sociale est satisfaisante. Vis à vis des autres il n’y a pas de séduction, mais une distance, un retrait. Il a du mal à s’engager sur le plan amical et amoureux, hésite beaucoup. Par contre il est tenace et fidèle. 
La sexualité est ritualisée et pauvre avec des fantasmes sadomasochiste, sodomie, homosexualité. Il a en général une méconnaissance de son état et du mode de relation qu’il institue. Vit dans ses rationalisations et ses opinions toutes faites sur lui et les autres. Les décompensations dépressives et les symptômes sont par contre perçus comme morbides.

Les obsessions




Le terme obsession dérive du latin obsidere qui signifie assiéger. Il s’agit d’une mentalisation involontaire qui persiste et s’impose malgré les efforts pour la repousser. Il peut s’agir d’une idée abstraite, de chiffres, d’une image désagréable, d’un objet ou d’un projet d’un scénario désagréable (être mangé par les rats). 

Les obsessions ont souvent un rapport avec la perte. Ces aspects mentaux sont impossibles à chasser mais ils provoquent une anxiété modérée. Il n’y a pas d’évitement possible. Parmi les plus typiques, on peut citer les obsessions impulsives qui consistent dans la peur de faire un acte comme agresser, injurier, tenir des propos scatologiques, commettre un péché.

Les actes compulsifs


Ce sont des actes que le patient se sent contraint de faire. Le terme compulsif vient du latin cumpulsum qui signifie contrainte. Ces actions sont vécues comme une contrainte, quelque chose qui s’impose. On trouve les rites, qui sont des activités réglées, parfois d’apparence volontaire, mais qui sont en fait incoercibles. 

Ces activités ont un déroulement identique et elles sont répétitives. Elles servent à anesthésier l’existence ou/et à lutter contre les obsessions. Les rites peuvent être mentaux : récitation de séries de mots de chiffres de prières conjuratoires ou comportementaux : suites d’actes précis et de vérifications. Les tics sont des actes avortés, réduits et automatisés.

L’évolution




L’obsessionnel peut rester indéfiniment égal à lui même. Il vit dans ses rationalisations et ses opinions toutes faites, sur lui et sur les autres. Une décompensation dépressive peut survenir lorsque le système protecteur s'écroule suite à un changement important (déménagement, rupture sentimentale, mort d’un proche). Les états dépressifs sont perçus comme morbides et donnent lieu à une demande de soin. 

Au cours du vieillissement on assiste à une recrudescence des obsessions. Elles deviennent plus fortes et plus assiégeantes. Devant les conséquences fâcheuses (perte d’efficacité, risque d’être découvert par les autres) une angoisse se fait jour et le sujet est enclin à admettre le caractère pathologique de ses symptômes. Le sujet a tendance à mener une vie de plus en plus routinière et stéréotypée qui le met à l’abri de l'angoisse ; mais en contre coup, une tendance dépressive peut s'installer du fait de l'appauvrissement du quotidien.

2/ Théorisation




Chez l’obsessionnel les effets conjugués de la lutte contre les tendances œdipiennes et la faiblesse de la dynamique phallique, ont favorisé une stagnation évolutive et une régression vers le stade anal.

La castration et l’œdipe




Dans l'enfance, l'insuffisance de liens positifs avec le parent du même sexe n'a pas permis une élaboration favorable de la jalousie provoquée par la situation œdipienne. En général, il s’agit d’une mère trop aimante pour son garçon et d'un père peu présent ou distant. La haine contre le père provoque une angoisse (dite de castration), ce qui explique que la névrose obsessionnelle soit plus fréquemment masculine. Selon une formule classique l'obsessionnel est "le garçon trop aimé d’une mère insatisfaite". L’identification au père est partiellement compromise et l’imago paternelle reste effrayante. Le ratage partiel de l’œdipe donne des tendances féminines et homosexuelles, elles-mêmes refoulées. Il persiste une culpabilité importante, du fait du lien incestueux inconscient.

La régression anale




La régression vers le stade anal infiltre ensuite toute la personnalité, soit directement, soit indirectement par la lutte qu’elle engendre. La régression anale constitue un dérivatif aux tentations incestueuses, mais elle est elle-même très conflictualisée. Les pulsions libidinales se portent vers la défécation et les pulsions agressives sont exacerbées par le conflit propre à cette période. La structure fantasmatique de l’obsessionnel vient de l’assimilation de quatre types d’actions : agresser, manipuler, maîtriser, posséder, qui existent également sous leurs formes inversées (être agressé, manipulé, maîtrisé, dépossédé). Elles s’ordonnent selon deux grands systèmes : actif/passif et sadique/masochiste. 

L’analité en tant que stade spécifique provoque une exacerbation et une confusion entre les pulsions agressives et libidinales. La structure fantasmatique provoque une ambivalence, un sado/masochisme, une alternance rétention/lâchage et un attrait coprophilique directe ou dénié. L’objet sexuel, a un caractère « partiel » très marqué. Les conséquences sont assez simples : une importance des pulsions agressives, une orientation anale des pulsions libidinales et la lutte contre ces tendances par le surmoi et le moi. La plupart des traits de caractère et de symptômes résultent directement de ce conflit.

Les défenses du moi




La structure psychique présente comme particularités remarquables d’avoir un moi très actif qui utilise de nombreux mécanismes de défense. Outre le refoulement, on trouve chez l’obsessionnel des procédés complexes, comme la formation réactionnelle, l’annulation, l’isolation et l’évitement préventif.

La formation réactionnelle développe une tendance contraire à celle qui est réprouvée. Ce mécanisme produit l’investissement d’un ensemble de complexité variable (attitudes , conceptions, valeurs), qui contrebalance les aspects de l’organisation pulsionnelle refusée par le surmoi. La formation réactionnelle est un procédé très efficace, en partie conscient, qui complète le refoulement. La représentation de la pulsion réprouvée, mais aussi le reproche la concernant, sont refoulés et l’investissement se porte sur les vertus contraires. Formation substitutive (à l’aide d’un équivalent pulsionnel) et formation de compromis (permettant une satisfaction pulsionnelle), se mélangent régulièrement à la formation réactionnelle. 

Les traits de caractère résultent des formations réactionnelles mises en place pour lutter contre le sadisme et l’analité. Ainsi la tendance à salir est remplacée par une tendance à la propreté, à la méticulosité, au soin. Le sadisme et la cruauté sont remplacés par la douceur, le respect, la pitié et la charité. Le déplacement est également très utilisé, et ainsi la rétention donne lieu au collectionnisme ou à l’avarice.

L’évitement, qui vise à empêcher toute mentalisation, l’annulation rétroactive qui permet de croire qu’il ne s’est rien passé, sont également utilisées Dans l’ensemble, les divers mécanismes aboutissent à inhiber tout mouvement psychique, soit directement (refoulement, isolation) soit en abolissant ce qui pourrait en susciter un, par le biais mental (évitement préventif, annulation), soit sur le plan environnemental (vie réglée et ritualisée). Un certain nombre de symptômes (les rituels, les actes compulsifs) sans être des défenses proprement dites, jouent un rôle défensif. Chez l’obsessionnel, le moi devance constamment le surmoi et prend une part très importante dans la lutte contre le ça. Le moi joue un rôle de barrière afin d’éviter que l’organisation pulsionnelle puisse se manifester dans les conduites ou dans la mentalisation. Il évite ainsi un conflit direct entre le ça et le surmoi.

La formation du symptôme




Les différents symptômes, représentations obsédantes et actes forcés, ont une explication psychopathologique commune. Ces symptômes permettent à l’organisation pulsionnelle de fonctionner dans le sens du principe de plaisir, même si il n’y a pas de satisfaction directe ressentie. Les pulsions s’organisent autour de représentations sadiques-anales. Une liaison s’opère entre sexualité adulte et forme régressive, liaison qui donne une force pulsionnelle plus grande. On peut dire avec Freud que « l’onanisme réprimé se fraye un chemin sous la forme des actions compulsionnelles, une voie qui le rapproche sans cesse de la satisfaction ». La forme même des symptômes compulsifs est très évocatrice généralement après un refus ou une période de calme, ils deviennent irrépressibles. Après avoir été effectués il s’ensuit une satisfaction sous forme d’un apaisement. Cette séquence est typique d’un poussée pulsionnelle. Le refoulement, l’inversion, ou le déplacement du projet anal ou agressif, donnent les différents types d’obsessions et compulsions. 
Si l’on entre dans le détail, l’explication des obsessions et les actes compulsifs est propre à chaque cas.
https://www.psychisme.org/Clinique/Obsession.html
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:08

L’affolement identitaire
 
 
Un texte de Daniel Calin

Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Blueball  Ce texte a servi de base à une conférence intitulée Lorsque l’identité s’affole : Les enjeux de la construction identitaire, organisée par le réseau des médiathèques des Portes de l’Essonne, le 20 octobre 2012, à la médiathèque Raymond Queneau, à Juvisy-sur-Orge (91). Cette conférence était conçue comme une préparation à la programmation, le 26 octobre 2012, au théâtre voisin Jean Dasté, de la pièce Naz, de Ricardo Montserrat, adaptée et mise en scène par Christophe Moyer et interprétée par Henri Botte. Cette pièce, créée en 2010, a été écrite à partir de témoignages recueillis auprès de jeunes néo-nazis des cités industrielles dévastées du Nord-Pas-de-Calais, au cours d’un long travail préliminaire d’enquête réalisé par son auteur. Elle met en scène, dans un solo interminable, les sombres ruminations d’un de ces jeunes. Elle déstabilise les spectateurs, en suscitant alternativement mouvements de rejet et mouvements de sympathie.
 
Introduction
Parmi les convictions ordinaires de « l’intelligentsia de gauche »(1), qui fournit probablement une bonne partie du public des médiathèques et plus encore de celui d’une pièce comme Naz, il me semble qu’il existe une discordance très générale entre les attitudes à l’égard des jeunes d’extrême-droite et les attitudes à l’égard des jeunes marginalisés issus de l’immigration. Les premiers font l’objet, non seulement d’une condamnation morale et politique sans appel, mais aussi d’un mépris absolu et d’un rejet violent. Les seconds, même lorsqu’ils versent dans la délinquance ou l’islamisme radical, déclenchent malgré tout essentiellement des mouvements de « compré­hension », voire d’empathie(2), parce qu’ils restent perçus sur un mode essentiellement victimaire, sèchement refusé aux premiers.
Les jeunes gens, que je vais qualifier génériquement de néo-nazis en référence à Naz, sont pourtant sociologiquement similaires à la frange la plus problématique des jeunes issus de l’immigration : très souvent, ils vivent dans les mêmes quartiers, ils ont fréquenté les mêmes écoles, connu les mêmes difficultés scolaires, ils sont confrontés aux mêmes galères, peinent pareillement à trouver un emploi et ne connaissent guère, quand ils en trouvent, que des emplois non qualifiés, précaires et mal payés. Même marginalisation sociale, même pauvreté culturelle, même absence de perspectives d’avenir un tant soit peu acceptables : ces deux groupes ne justifient en rien des attitudes aussi radicalement opposées. D’autant moins que les jeunes issus de l’immigration qui versent dans l’islamisme radical relèvent eux aussi, à leur façon, d’une forme d’extrême-droite radicale, ce qui rend encore plus intenable une différenciation aussi forte des attitudes envers ces deux groupes au fond si proches.
Ces deux groupes n’appellent aucune « bienveillance » particulière, encore moins d’empathie. Par contre, l’intelligentsia de gauche devrait être capable d’inscrire ces deux phénomènes sociaux, aussi peu sympathiques l’un que l’autre, dans le cadre général de la question sociale, dont ils sont des sous-produits pareillement dramatiques(3). Karl Marx, déjà, avait un mépris sans frein pour ce qu’il nommait le « Lumpenproletariat », c’est-à-dire le « prolétariat en haillons », qu’il ne percevait que comme une masse de dangereux supplétifs potentiels des classes dominantes. Sa solidarité avec les victimes du capitalisme avait déjà d’étranges limites. Il serait temps que les citoyens de gauche soient capables de développer une vision plus globale et plus juste : le prolétariat en haillons d’autrefois comme les néo-nazis ou les djihadistes d’aujourd’hui sont produits à la chaîne par le désordre insensé et ravageur d’un monde laminé par la domination effrénée du capitalisme mondialisé.
 
La construction de l’identité
Pour une analyse plus fouillée du processus de construction de l’identité, je renvoie à mon article de fond sur cette question(4). Je me contenterai ici de rappeler ses principales caractéristiques.

Principes

La construction identitaire repose sur une double base, biologique, pour ce qui est de l’identité sexuée, et sociologique, pour ce qui est de l’inscription dans les rapports sociaux, médiatisée par l’appartenance familiale.
Toutefois, cette identité en quelque sorte “objective”, inscrite dans nos gènes et héritée de notre famille, « doit faire l’objet d’une appropriation subjective, longue et aléatoire, qui ne se consolide guère avant la fin de l’adolescence. L’identité “objective” ne prend sens et forme pour le sujet qu’à travers l’élaboration d’un sentiment identitaire de nature psychologique. »(5) Par conséquent, contrairement à des représentations fort répandues, la construction identitaire est un processus centralement psychique, avec la complexité et la diversité que cela implique.
 

Rappel des étapes


  • Durant la petite enfance se construisent les bases de ce que l’on peut nommer identité familiale, ou identité généalogique, ainsi que les bases de l’identité sexuée.

  • La seconde enfance est dominée par l’inscription dans les groupes de pairs, qui sont la matrice de toutes les futures inscriptions groupales « de proximité ».

  • L’adolescence voit l’appropriation personnelle des inscriptions sociales larges, nationales, philosophiques, politiques, etc., qui n’existaient auparavant qu’en lien avec l’appartenance familiale. C’est également l’âge de la consolidation de l’identité sexuée.


Il faut noter que l’identité n’est pas figée au sortir de l’adolescence : « À l’âge adulte, le sentiment d’identité reste susceptible d’évoluer, même chez les personnes les mieux construites, les plus assurées. Certaines étapes de la vie induisent invariablement des évolutions identitaires, plus ou moins fortes, plus ou moins difficiles, positives ou négatives. Devenir parent ou grand-parent, changer de profession ou de conjoint, partir en retraite, émigrer, tous les changements importants de statut personnel ou de statut social appellent des réaménagements identitaires. »(6)
 
Les jeunes néo-nazis

Analyse préalable

Il n’est pas question ici d’évoquer l’ensemble des électeurs ni même des militants de l’extrême-droite, mais seulement une petite minorité d’entre eux, caractérisée à la fois par sa jeunesse et par sa grande fragilité socio-psychique. Pour la plupart des autres, il faut renvoyer aux analyses proposées par Claude Lévi-Strauss dans Race et histoire(7). Contrairement à ce que voudrait un angélisme contemporain de bon ton, le racisme a toujours été, non pas une exception anormale, mais la position la plus répandue et la plus « spontanée » des êtres humains. C’est le racisme qui est « naturel » et notre universalisme n’est jamais qu’une construction tardive et toujours fragile(Cool. Il est donc vain de rechercher les « causes » des racismes ordinaires, et plus encore d’en chercher les causes dans des pathologies personnelles ou des circonstances collectives exceptionnelles. Il serait même probablement plus intéressant de rechercher les dynamiques qui poussent certains individus à prendre le contre-pied de cette « pente naturelle » des racismes ordinaires pour adhérer à des valeurs universalistes : cela permettrait peut-être d’ouvrir de nouvelles pistes pour un travail de promotion de l’universalisme plus efficace que l’éternel « combat contre » de l’anti-racisme militant, avec ses mièvreries itératives. Promouvoir la xénophilie est certainement plus porteur d’avenir que combattre la xénophobie.
C’est ce racisme ordinaire « spontané » qui explique que, même dans notre nation qui a joué un rôle majeur dans la naissance de l’universalisme moderne, et indépendamment de la période troublée dans laquelle nous nous débattons actuellement, le racisme reste très actif dans de larges secteurs de la société, comme les militaires, les policiers, les travailleurs « indépendants », artisans et commerçants, et une partie non négligeable des professions libérales(9). Surtout, il faut garder à l’esprit que l’extrême-droite politique a toujours été animée en bonne partie par une frange de la bourgeoisie, y compris de ses couches supérieures. Si Jean-Marie Le Pen est bien un personnage pétri de haine, dont la santé mentale est pour le moins mal assurée(10), sa fille Marine(11) et plus encore sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen(12) sont dans la droite ligne de cette vieille tradition des héritiers et héritières qui ont toujours figuré parmi les dirigeants de l’extrême-droite. Elles sont l’une comme l’autre des personnalités platement « normales », banales, des incarnations de ce « racisme naturel » décrit par Lévi-Strauss. Jean-Luc Mélenchon, lors de sa campagne pour les présidentielles de 2012, a commis une grave erreur en traitant Marine Le Pen de « semi-démente ». D’une part, c’est complètement injustifié : toute analyse un tant soit distanciée de cette personne mettrait plutôt en évidence chez elle un sens des réalités assez aiguisé et une intelligence politique très supérieure à celle de son géniteur, ce qui la rend d’ailleurs d’autant plus dangereuse. D’autre part, étiqueter ainsi cette dirigeante politique, c’est renvoyer vers la folie les millions d’électeurs qui la suivent, au moment même où l’on se propose d’en reconquérir la partie populaire, ce qui n’est plus seulement une absurdité, mais une accablante erreur stratégique. Il est des incompréhensions de la psychologie humaine qui se paient cher politiquement.
 

Caractéristiques

Les jeunes des milieux défavorisés qui basculent dans la mouvance néo-nazie me semblent présenter les caractéristiques suivantes :

  • une lourde déprivation culturelle,

  • une inexistence ou une grande fragilité de la référence paternelle,

  • une fragilité de l’insertion sociale, familiale comme professionnelle.


Il faut bien évidemment prendre ces affirmations générales comme de simples indicateurs. L’humain ne se réduit pas aussi aisément aux « facteurs » psycho-sociaux qui pèsent sur lui. Il existe probablement bien des jeunes qui cumulent les trois « facteurs de risque » que je propose ici et qui ne sombrent pas pour autant dans ces idéologies, tout comme il existe, on va le voir, des jeunes qui ne présentent qu’un seul de ces facteurs et qui passent à l’acte. Aléas de la vie et choix de vie peuvent toujours faire dévier les destinées les plus « tracées ».
 

La déprivation culturelle

J’utilise ici le terme « déprivation culturelle » au sens très global proposé par le pédagogue israélien Reuven Feuerstein, qui nomme ainsi les défaillances graves de la transmission culturelle de systèmes cohérents de représentations et de valeurs, induites par des ruptures brutales du statut social des groupes d’appartenance. Les chocs subis de plein fouet par les milieux ouvriers depuis plusieurs décennies sont des machines à fabriquer de la déprivation culturelle. Ils ont détruit ou vidé de leur sens les cultures qui solidarisaient ces groupes, qu’il s’agisse, selon les régions, du mouvement ouvrier politico-syndical ou du christianisme social. L’évolution a été trop rapide pour que quoi que ce soit puisse se substituer à ces cultures dévastées, sinon le consumérisme triomphant propagé par les médias, particulièrement mal venu dans ces groupes au moment même où ils sont largement exclus de la société de consommation.
La scolarisation, même prolongée, ne peut guère se substituer à ces effondrements culturels collectifs, sinon au niveau strictement individuel, parce que, justement, les pratiques scolaires dominantes sont furieusement individualistes, dressent les élèves les uns contre les autres dans une course à la réussite qui fabrique par définition plus de perdants que de gagnants, au lieu de les solidariser dans un élan collectif. À bien des égards, pour la plupart des élèves, ces pratiques scolaires ordinaires sont bien plus un facteur d’aggravation de la déprivation culturelle qu’un facteur de compensation. La « gauche de gouvernement » porte la lourde responsabilité de ne même pas avoir été capable d’infléchir ces pratiques scolaires ravageuses, par bêtise sévère sous le ministère de Jean-Pierre Chevènement(13), ou par manque de courage politique sous le ministère de Lionel Jospin(14), qui avait pourtant tenté d’aller dans le bon sens, avec la réforme des cycles dans le primaire et la création des IUFM en direction du secondaire. Quant au ministre actuel, Vincent Peillon, préoccupé avant tout de rythmes et de « morale laïque » (?), rien n’indique à ce jour qu’il s’apprête à impulser une rupture pédagogique majeure...
 

La référence paternelle absente ou fragile

Même s’ils ont des histoires assez différentes de celles des jeunes néo-nazis dont il est question ici, il est remarquable que l’absence ou la fragilité de la relation au père se retrouve chez les trois derniers auteurs d’attentats terroristes en France :

  • Dans la nuit du 26 au 27 mars 2002, Richard Durn ouvre le feu au pistolet mitrailleur sur le conseil municipal de Nanterre, tuant huit élus et en blessant quatorze autres. Il est né d’un père inconnu, dont sa mère a toujours refusé de lui dire quoi que ce soit, sauf peu avant les faits. Au moment de la tuerie, chômeur malgré des études convenables, il a trente-trois ans et vit toujours chez sa mère.

  • Le 14 juillet 2002, durant le traditionnel défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Élysées, Maxime Brunerie tire avec une carabine sur la voiture présidentielle mais rate sa cible, Jacques Chirac, avant d’être maîtrisé. Il flirtait régulièrement avec divers groupes d’extrême-droite. Il a vingt-cinq ans au moment des faits. Il a grandi et vit encore sous la coupe d’une mère qu’il a lui-même qualifiée de « complètement paranoïaque », avec un père insignifiant, « qui n’a jamais fait le contrepoids »(15).

  • Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah tue, presque à bout portant, trois militaires, un enseignant et trois enfants. Né et grandi dans une « cité », il a alors vingt-trois ans. Il avait cinq ans quand son père a abandonné sa femme et les cinq enfants qu’il en a eus. Mohamed est le dernier de sa fratrie. Il est à noter que le seul membre de cette famille pathologique et pathogène à avoir condamné les crimes de Mohamed est son frère aîné, Abdelghani. Né onze ans avant Mohamed, âgé de seize ans au moment du départ du père, il a subi durant toute son enfance les violences paternelles. Cette maltraitance n’est pas une absence. Cette présence paternelle, toute nocive qu’elle soit à certains égards, lui a probablement permis, d’une part d’échapper à l’emprise des deux femmes salafistes de la famille, sa mère et sa sœur, d’autre part de se construire par opposition à ce père maltraitant.


La déprivation de référence paternelle est aggravée dans notre environnement socio-culturel par une série de phénomènes, positifs en eux-mêmes, mais qui rendent encore plus difficile l’élaboration d’une identité masculine solide :

  • féminisme triomphant,

  • reconnaissance de l’homosexualité,

  • dévalorisation, sauf dans le monde sportif, des points d’appui traditionnels de l’affirmation masculine que sont la force physique et l’agressivité psychique.


Qu’est-ce qu’être un homme, dans cet univers, quand on n’a pas côtoyé tout au long de son enfance un père qui en donne un modèle acceptable, voire désirable ? Qu’est-ce qu’être un homme quand, parfois, de surcroît, notre propre mère est mue par la haine ou le mépris des hommes en général, voire plus particulièrement de notre propre père ? Qu’est-ce qu’être un homme quand notre manque de références familiales n’est plus compensé par des modèles culturels valorisés et accessibles ?(16)
Il est difficile d’imaginer la violence de ce que je propose de nommer les « souffrances identitaires ». Elles sont très méconnues des milieux psychologisants, psychanalystes en tête, pour lesquels la notion même d’identité est le plus souvent ignorée ou secondarisée. Elles impliquent pourtant des vertiges insondables. Ne pas parvenir à « être quelqu’un », ne pas savoir ce qu’on est ni ce qu’on doit être crée un trou béant dans la psyché, une sorte de « dépression essentielle » dont on ne parvient à se défendre qu’en s’inventant de toutes pièces des cuirasses agressives, ou par des passages à l’acte destructeurs et auto-destructeurs.
 
Quelles « solutions » ?
Il n’y a évidemment pas de solution miracle, tant cette question a priori marginale est révélatrice de la crise profonde de nos sociétés, économique, politique et sociétale.
Tout d’abord, aucune régression de l’extrême-droite, sous toutes ses formes, n’est envisageable sans une rupture politico-économique majeure avec la contre-révolution conservatrice dans laquelle nous nous embourbons depuis plus de trente ans. Tant que tous nos politiciens dits « de gouvernement »(17) s’entendront pour poursuivre la guerre des très riches contre tous les autres(18)qui est le fond commun de ce que l’on peut nommer indifféremment « néo-libéralisme », « social-libéralisme » ou « mondialisation », cette machine infernale continuera à marginaliser et décomposer des pans entiers de nos sociétés. Dans un livre écrit juste après l’accession de Hitler au pouvoir, Karl Polanyi(19) avait déjà parfaitement montré que la destructivité sociale intense du capitalisme débridé ne pouvait que produire de violentes réactions de défense des sociétés ainsi malmenées, soit sous une forme ou une autre de fascisme, soit sous une forme ou une autre de socialisme. Nous assistons bel et bien, d’année en année, à une puissante montée des droites extrêmes dans toute l’Europe, résultante mécanique des politiques libérales conduites par tous les gouvernements successifs, par-delà toutes les pseudo-alternances. Le développement des groupuscules néo-nazis n’est que la frange extrême de ces mouvements profonds. Si une gauche digne de ce nom ne parvient pas à se reconstruire, nous sommes condamnés à connaître le retour au pouvoir des pires mouvements politiques de nos malheureuses nations. Entre ces deux perspectives, nos castes dominantes ont toujours su choisir : « Plutôt Hitler que le Front Populaire »(20).
Sur le plan sociétal, et plus spécifiquement à l’encontre des néo-nazis, il faudra bien un jour retisser la fonction paternelle et réinventer des formes acceptables de l’affirmation masculine. C’est un programme pour le moins audacieux !
La déprivation culturelle est le sous-produit croisé du manque de référence paternelle et de la marginalisation sociale. Cependant, une fois installée, elle a sa propre dynamique, comme le montraient les études de ce qu’on nommait autrefois le « quart-monde »(21). Quand des familles ou des quartiers se sont enfoncés dans la marginalité sur plusieurs générations, il ne suffit plus de résoudre leurs difficultés économiques pour leur rendre une pleine humanité. Il y faut tout un long et patient travail d’éducation populaire et de retissage des liens sociaux. Là encore, vaste programme !
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Pour les personnes qui se trouvent en situation, professionnelle ou personnelle, de devoir « accompagner » de tels jeunes, l’essentiel est d’éviter autant que faire se peut de « couper les ponts » avec eux. Une attitude authentiquement « humaniste » exige de les maintenir en position d’interlocuteurs acceptables, quelque répugnance que leurs discours nous inspirent. Jeune professeur de philosophie, j’ai eu dans ma classe, pendant une longue année, un élève qui affirmait à qui voulait l’entendre ses sympathies nazies(22). C’était dans les années 1970, bien avant la montée de l’extrême-droite, en plein au contraire dans les années contestataires. Le moins que l’on puisse dire est que son discours passait mal auprès de ses camarades de classe. Il était évidemment impossible d’établir avec lui une discussion rationnelle autour de ses « convictions politiques ». J’ai pourtant toujours maintenu avec lui, y compris en faisant barrage entre lui et les autres élèves exaspérés par ses prises de parole, une certaine forme de dialogue, peut-être au fond la forme même du dialogue, la forme seule, tout dialogue de fond étant impossible. Cette position m’a été facilitée par le fait que, par ailleurs plutôt bon élève, plutôt intelligent, pas radicalement antipathique, il était capable de développer des analyses rationnelles de bon aloi dans des domaines éloignés du champ politique(23). L’année est passée tant bien que mal – j’avais cette classe cinq heures par semaine. Deux ou trois années plus tard, il est passé chez moi. Il m’a confié qu’il venait d’être élu aux municipales de sa bourgade, sur une liste centriste, ce qui était cette fois probablement dans la droite ligne de son père agriculteur. Je ne l’ai plus jamais revu depuis, mais, des décennies plus tard, je considère encore cette visite comme un de mes meilleurs souvenirs professionnels, même s’il a été quelque peu cher payé.
Les identités folles sont des cuirasses défensives psychiquement vitales pour ceux qui les développent. Il est absurde et contre-productif de les attaquer frontalement. La seule solution, aléatoire et difficile, est de trouver, dans ces identités-forteresses, les ouvertures minimales, les zones de partage possible, un peu comme je trouvais, à l’aveugle, avec mon élève pro-nazi, des domaines « neutres », abrités par leur éloignement de ses élaborations identitaires maladives. Il ne s’agit même pas forcément de « failles » dans ces blindages défensifs, mais, plus simplement et plus banalement, de cette complexité humaine qui fait que nul n’est jamais uniquement ce qu’il croit être ou s’efforce d’être. Il s’agit plutôt de rechercher ce qui peut faire pont, rencontre, autour d’un goût commun, d’une expérience partagée, d’une représentation ordinaire. À partir de là, on peut établir une zone de vrai dialogue, même si c’est au départ dans un domaine strictement délimité. Mais, dès lors que notre interlocuteur, dans ces relations étranges, sait fort bien que nous ne partageons rien de ses constructions identitaires agressives, la seule existence de cette zone de dialogue fait faille dans cette forteresse, lézarde cette cuirasse, en rendant acceptable, au moins dans ce cadre étroitement borné, notre « différence », notre altérité. Or, c’est bien là le problème de fond de ces constructions identitaires monstrueuses, qui consistent à créer un fossé radical entre l’absolument semblable et l’absolument autre. Dès lors que nous sommes parvenus à nous faire reconnaître et admettre comme semblable acceptable « quelque part », nous qui sommes sur l’essentiel absolument autres, nous mettons en échec par cela seul la radicalité de la forteresse défensive de cet autre. Tout comme, d’ailleurs, à nos propres yeux, cet autre si difficilement acceptable commence ainsi à nous sembler moins autre, moins étranger, moins inacceptable(24)...
Comme psychopédagogue, je ne peux que rapprocher ce que j’écris ici des attitudes souhaitables face à de jeunes néo-nazis, de ce que j’ai écrit à propos des attitudes à adopter face à une forme très différente de forteresses défensives, celles des enfants autistes : « (...) avant de songer à transmettre à un enfant autiste un quelconque élément de la culture commune, il est indispensable d’aller d’abord vers lui, de se rapprocher de son univers mental. Les enseignements ne pourront être acceptés et « prendre » réellement qu’en se greffant sur ce qui travaille l’enfant, en particulier sur ses rites et ses obsessions. Cela exige que l’enseignant « entre » dans ces rites et ces obsessions, les partage a minima, en fasse la base, parfois très mince, d’un univers mental commun entre l’enfant autiste et l’enseignant, puis les autres enfants. »(25) Toute communication suppose, sinon un véritable « univers mental commun », tout du moins un « espace mental » minimal partagé. C’est cet espace mental qu’il s’agit de tenter de créer, de bricoler avec tous les moyens du bord, dans ces relations « extrêmes »(26) si difficiles à tisser qui nous mettent aux prises avec les limites de la possibilité d’une humanité commune. Il s’agit alors, au fond, de s’efforcer à l’humanisation de l’autre, ce qui, toujours, met en jeu l’approfondissement de notre propre humanité.
Daniel Calin
Avril 2013
 
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Notes
(1) Redondance ?
(2) Sauf chez une frange d’intellectuels issus de la gauche qui, depuis quelques années, versent dans l’islamophobie. Il est clair que ces personnages viennent dès lors gonfler les rangs de l’extrême-droite qui, de Mussolini à Doriot, s’est toujours nourrie de la frange psychiquement la plus malade de la gauche.
(3) À ces problématiques sociales s’ajoutent bien sûr, pour les jeunes djihadistes, des aspects spécifiques renvoyant aux colonialismes passés et à des conflits géopolitiques contemporains, mais je doute que ces particularités prennent vraiment le pas sur la misère sociale qu’ils partagent avec les jeunes néo-nazis.
(4) Construction identitaire et sentiment d’appartenance.
(5) Article cité.
(6) Article cité.
(7) Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, UNESCO, 1952. Réédité dans la collection Folio-Essais, Gallimard, Paris, 1987.
(Cool Les horreurs survenues lors de la décomposition de l’ancienne Yougoslavie au tournant des années 1990 sont venues nous rappeler brutalement ces réalités, d’autant plus que le peuple serbe, responsable majeur de ces horreurs, avait été le seul peuple européen à se libérer seul de l’occupation nazie, libération pour laquelle il avait payé un très lourd tribut (1 700 000 morts, sur une population de 14 millions d’habitants).
(9) Métiers de la « force publique » d’un côté et professions qui permettent de s’imaginer extérieurs aux rapports sociaux de l’autre.
(10) Il faut noter au passage qu’il a perdu son père à l’âge de quatorze ans. Nous reviendrons plus loin sur les liens entre le « manque de père » et les engagements dans l’extrême-droite.
(11) Marine Le Pen est solidement adossée à son père, pour des raisons pour le moins compréhensibles. À seize ans, elle subit l’abandon brutal de sa mère, qui s’enfuit avec un journaliste embauché pour écrire la biographie de son père. Dans son autobiographie, À contre-flots, publiée en 2006 chez Jacques Grancher, elle écrit : « Pendant un mois et demi, j’ai vomi tous les jours, j’étais incapable de me nourrir ». Trois ans plus tard, pour couronner le tout, sa mère pose nue dans Playboy, déguisée en soubrette lubrique. Dans ces conditions, on comprend que sa fille ait choisi, très raisonnablement, de s’arrimer solidement à son père... Cette forte identification à son père lui confère une protection précieuse face à l’indignité de sa mère et, par contrecoup, une incontestable solidité psychique, même si elle doit probablement porter définitivement la trace de son « mal de mère » et conserver l’identité féminine compliquée qu’implique une telle trajectoire.
(12) Son histoire personnelle est beaucoup plus « linéaire » que celle de sa tante.
(13) Ministre de l’Éducation Nationale du 19 juillet 1984 au 20 mars 1986, surtout connu pour sa tentative de réintroduction de La Marseillaise dans les écoles !
(14) Ministre de l’Éducation Nationale du 12 mai 1988 au 2 avril 1992.
(15) Citations extraites d’un article publié dans Paris-Match le 8 mai 2011, intitulé La nouvelle vie de Maxime Brunerie.
(16) Les filles sont rares dans la mouvance néo-nazie, sauf comme « femmes de ». C’est que, si elles souffrent elles aussi dans les familles évoquées ici de « manque de père », cette souffrance ne les empêche pas de se construire une identité féminine en s’adossant à leur mère, bien présente, souvent même très lourdement. Pour elles, c’est la construction d’un « objet d’amour » désirable qui est très difficile (sur les conditions ordinaires de la construction de la féminité, voir le très beau livre de Didier Lauru, Père-Fille : Une histoire de regard, publié en 2006 chez Albin Michel). Ce problème se fera sentir bien plus tard, après une enfance relativement préservée, par une « quête sans objet », à l’aveugle, vouée à l’échec répété. Nombre de femmes d’aujourd’hui me semblent condamnées à cette sorte de « quête perpétuelle ». Le « prince charmant » s’est fait « fantôme ».
(17) Pour des politiciens qui s’acharnent à gouverner le moins possible au nom de la « concurrence libre et non faussée », cette appellation relève de l’antiphrase.
(18) Voir la déclaration de Warren Buffett, sur CNN, le 25 mai 2005, reprise par le New York Times du 26 novembre 2006 : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ». Selon le classement 2013 du magazine Forbes, Warren Buffett est le quatrième des hommes les plus riches du monde, après avoir été le premier en 2008. Héritier non négligeable, son immense fortune est essentiellement le produit d’une spéculation financière effrénée... et réussie.
(19) Karl Polanyi, La Grande Transformation (Aux origines politiques et économiques de notre temps), collection Bibliothèque des sciences humaines, Gallimard, Paris, 1983. Édition américaine originale : The Great Transformation, 1944.
(20) Cette formule a la réputation d’avoir couru dans les années 1930, sans que l’on sache très bien si elle provient réellement de milieux bourgeois ou si elle était utilisée par des militants de gauche pour mettre en accusation ces mêmes milieux. Factuellement, elle est placée dans la bouche de l’un de ses personnages par Roger Vailland, dans son roman Drôle de jeu, paru en en 1945 aux Éditions Corrêa. Sur le fond, voir le livre d’Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Armand Colin, 2010, qui démontre qu’une partie des élites françaises a bel et bien mis en pratique cette formule, à défaut peut-être de l’avoir prononcée.
(21) L’expression est manifestement en perte de vitesse. Nos médias et penseurs dominants lui préfèrent l’expression politiquement plus lisse de « grande pauvreté ».
(22) Il n’appartenait pas aux milieux marginalisés dont il est question ici. C’était au contraire le fils d’un paysan plutôt bien pourvu. À ma connaissance, ses parents ne partageaient pas ses convictions. Il était visiblement mal à l’aise dans son corps, pour des raisons que je n’ai jamais déchiffrées.
(23) Mon pire souvenir professionnel est un élève témoin de Jéhovah, par sa famille. J’ai adopté la même attitude à son égard, mais dans des conditions plus difficiles. En surpoids important, très entravé intellectuellement, il ne pouvait parler, ou écrire, qu’à coup de citations bibliques, quel que soit le domaine en question. J’ai toujours eu l’impression avec lui de dépenser en vain mon énergie pour tenter de le maintenir dans une possibilité d’interlocution. Je n’ai jamais eu de ses nouvelles par la suite.
(24) C’est ainsi que la pièce Naz lézarde chez ses spectateurs le rejet massif initial que suscite son personnage.
(25) « Enseigner à un enfant autiste », in Autisme et secteur de psychiatrie infanto-juvénile (Évolution des pratiques), sous la direction de Jacques Sarfaty, Actes du Colloque organisé par l’Association de Recherche sur l’Enfance et la Famille (AREF) les 12 et 13 novembre 2010 à Paris, collection Le fil rouge, Section 2 : Psychanalyse et psychiatrie de l’enfant, PUF, Paris, Mai 2012, pages 147 à 155.
(26) Au sens où Bettelheim évoquait des « situations extrêmes » parmi lesquelles il plaçait son expérience des camps nazis et celle de sa confrontation aux enfants autistes, à savoir des situations dans lesquelles notre humanité commune semble radicalement déniée.
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:09

Les filles de coeur d’Antonin Artaud 
lundi 19 mai 2014, par Elisabeth Poulet (Date de rédaction antérieure : 15 juillet 2008).

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L’incarnation manquée de Jésus-Christ







En dépit de ses nombreuses incarnations (Héliogabale ou Jésus-Christ), Antonin Artaud a échoué dans ce qui fut l’entreprise de toute sa vie : se faire un corps. Il n’est pas inutile de rappeler ici qu’en tant que Jésus-Christ, c’est-à-dire en tant qu’incarnation du Christ, Artaud n’a pas obtenu satisfaction. Nous préférons le terme d’incarnation à celui d’identification [1] dans ce cas précis, car le christ est moins un modèle identificatoire qu’une incarnation qui aurait réussi la prouesse de faire exister un non-être :
« Jésus-christ christ n’est pas fait comme un enfant qui naît, il est engendré éternellement. Jamais un nouveau christ ne se forme en progéniture d’être et Jésus-christ n’est pas un être plus que son Père qui n’est pas un Père pour Lui mais un ami. C’est le Mystère Vrai de l’Incarnation. » [2]
Il ne s’agit de rien de moins pour Artaud que d’échapper à la conséquence d’être dit être, conséquence qui impose la dictature de la parenté. Quelle est donc la raison de cet échec d’incarnation ? Tout d’abord, il faut préciser qu’Artaud ne rejette pas cette vie antérieure, il n’a aucun regret d’avoir été le christ, seulement « l’échec provient de ce que cette incarnation n’est pas résolutoire du dilemme inné / engendré, quoique Artaud en ait envisagé la possibilité. » [3] En effet, « il n’y a pas de sortie vers l’être pour le christ. Le problème de se choisir un être n’existe pas pour lui. » [4] Pour conserver son identité, le christ doit rester du côté du non-manifesté. Autrement dit, pour ne pas déroger au moi, le christ ne peut être « qu’une fonction irréelle, maintenant le cas, par une sublimation permanente du non-être, d’une exception à l’être. » [5] Le christ est donc une attestation isolée, un hapax : « Le christ est celui qui a toujours existé et qui pour vivre n’a jamais besoin d’être. » [6] Le problème est insoluble et il ne reste plus alors à Artaud qu’à endosser le rôle du père : « je suis le Père de ce christ-là qui est Jésus-Christ. » [7] Antonin Artaud doit être le procréateur réel de Jésus-Christ « pour pouvoir, en tant que Jésus-Christ cette fois, admettre sa filiation par le père » [8] : « Antonin entraîné par l’arrière de la tête au ciel en rêve 35 B. de la Magdeleine à Marseille en 1916 à produire un enfantement prématuré de Jésus-Christ. » [9]
Remarquons que « Jésus-christ christ » est construit sur le modèle classique prénom+nom, à l’exception toutefois (et elle est significative) de la majuscule manquante au second « christ ». Donc, Jésus-christ est un « christ » comme l’on pourrait dire qu’Antonin Artaud est un « Artaud », à ceci près que, toujours faute de cette majuscule, « christ » apparaît comme un faux patronyme. A partir de là, on ne peut que constater le caractère irrémédiable de l’incertitude entre la place du père et la place du fils.

Cette canaille de Dieu







Mais qui est donc responsable de l’obligation où se trouve Artaud de ne pouvoir être ce qu’il est que dans le non-être ? L’objet invariable d’exécration, l’emblème d’engendrement par le père : Dieu lui-même :
« Canaille de canaille de Dieu, innommable fuyard du ciel, intronisé exécrable de l’être, c’est l’être qui t’a fait Dieu et non toi, avant lui tu ne l’étais pas, et qui t’a permis de me mettre où je suis, qui t’a permis de disposer de mon être à moi qui n’en suis pas un et qui me sens mangé par l’être jusque dans l’être de mon propre néant que seule l’idée de non-être me permet chaque fois de fuir.
Jusqu’à quand me faudra-t-il me réfugier dans le non-être pour avoir le droit d’être ce que je suis. » [10]
Voici donc le reproche principal et essentiel qu’Artaud adresse à Dieu : Dieu prétend générer l’être alors qu’en réalité c’est l’être qui l’a fait Dieu. Il existe par conséquent chez Artaud une incroyance primordiale, « un refus rétractif de participation à l’ordre Dieu des choses » [11], autrement dit un rejet profond de prendre part au cirque divin. Notons que cette version particulière du parricide ne concerne pas l’existence de Dieu proprement dite, mais uniquement la prétention de Dieu à créer l’être.
Il s’agit donc pour Artaud d’échapper à l’identité que Dieu, cette « canaille », lui a imposée en s’immisçant subrepticement en lui, et par conséquent en le dépossédant de lui-même : « Le principe de création vaut pour les êtres et les mondes, il ne vaut pas pour moi./ Je crois que la bataille du commencement et de la reconstitution d’un corps est ma bataille éternelle et que je ne la quitte jamais car je n’entre dans aucun corps. » [12]
C’est à son arrivée à Rodez qu’Antonin Artaud commence à élaborer de nombreux textes qui concourent tous à l’articulation d’un énoncé des origines se substituant au signifiant primordial manquant (le Nom du Père) et l’inscrivant dans une histoire entièrement reconstruite par son imaginaire. On peut dater avec précision du 22 mars 1945 le premier texte publié d’Antonin Artaud qui refuse catégoriquement l’engendrement génital, la filiation, et préconise leur définitive abolition : « Il n’y a pas de Père-Mère. / Celui que je suis fait ce qui lui plaît et ne rentrera jamais nulle part./ Le Père n’est qu’une idée soumission imposée par son Infini au christ par humilité et qui l’a perdu. - Cela ne recommencera plus. » [13]
Dans ce texte, Artaud prend conscience de la dimension profondément oedipienne et aliénante de ce rapport à Dieu le Père, et de la réduction sadomasochiste (« une idée soumission imposée par son Infini au christ par humilité ») de cette relation Père-fils et des modalités énonciatives qu’elle produit. La formulation impérative « cela ne recommencera plus » est on ne peut plus claire : il est urgent désormais de construire, de réécrire un nouvel énoncé des origines. Dès lors, seule existe pour Artaud l’obsession de la reconstitution d’un corps qui lui soit propre, le rêve d’une auto-création, d’un auto-engendrement.
L’enjeu pour lui est de taille, il lui faut dorénavant agir : « je me refais dans ma volonté » [14], écrit-il dans les Cahiers. Il doit se créer lui-même :
« Le corps d’Antonin Artaud a pris quelque chose qui ne lui appartenait pas, il a pris mon âme, à moi qui suis dans son corps, afin d’exister, je la lui ferai rendre, je suis l’âme de ses os et je me retournerai contre sa chair et son squelette.
Je ne suis pas Artaud, je ne suis pas dans Artaud, je ne touche pas Artaud, je suis la négation de son esprit [...].
En défaire plus en le disant que tout ce qu’ils font en le faisant. » [15]
C’est en posant un « je » sujet de l’énoncé et en lui donnant une fonction identificative (« je suis », « je ne suis pas ») que le dire peut faire être son sujet. La formulation choisie est répétitive à dessein (« Je ne suis pas Artaud, je ne suis pas dans Artaud, je ne touche pas Artaud ») : elle est le signe que cette composition ne tient véritablement que dans l’instant du dire. Cependant, il semble qu’il ne puisse se créer qu’en pratiquant un auto-engendrement de lui-même :
« Je ne veux pas être Jésus-christ, je veux être l’homme que je suis ici.
Mais cet homme n’est pas Antonin Artaud né à Marseille le 4 septembre 1896 avec une conscience venue de Dieu mais la conscience de sa douleur et de son martyre dans la vie et je ferai autre chose que Dieu et que les choses avec cette conscience-là.
En réalité je ne dois pas venir d’ailleurs que de moi-même et je resterai moi-même contre Dieu et pour toujours et pour la première fois. [...].
Je n’ai jamais existé,
Dieu a toujours existé
Et il s’est fait lui-même
et a fait mon corps.
Je me vengerai de Dieu. » [16]
« Je veux être l’homme que je suis ici » : en soulignant le signifiant « être » et en marquant l’insistance par l’ajout de l’adverbe « ici » sur le moment et le lieu de l’énonciation, Artaud dit son désir insensé « d’une identification absolue entre le « Je » qui « veux être » sujet (idéal) d’une énonciation illocutoire l’imposant en même temps qu’elle s’impose, et « l’homme que je suis ici », sujet de l’énoncé qui advient dans le hic et nunc de l’énonciation » [17]. Artaud cherche donc à se démarquer de Dieu, le créateur usurpateur.
Comment dès lors réinstaller la fonction paternelle ? Il y faudra une condition essentielle :
« [...] le Père tuera éternellement la Vie jusqu’à ce que Dieu l’Infini ait renoncé en Lui à être et qu’il aura consenti enfin à la Suprême humilité - un glaive dans son estomac et une croix entre la colonne vertébrale, l’estomac et le cœur.
C’est de cette humilité de cette Douleur revendicatrice suprême que la Sainte Vierge de la Substance, la Sainte Vierge Nommante naîtra que l’Antechrist du cœur a voulu empêcher de naître et de parler parce qu’Elle est l’âme incarnée de l’Eternelle Vérité. » [18]
Ainsi, c’est de l’humilité de Dieu que va dépendre la remise en marche du processus de la fonction paternelle. Mais pourquoi l’espoir réside-t-il maintenant dans la Vierge Nommante ? Sans doute parce que la Vierge est la première à s’être révoltée contre l’idée de soumission que représente le père. Mais le problème le plus important est cependant ailleurs, dans cette question fondamentale sans cesse posée dans l’œuvre d’Artaud : comment constituer un corps sans nécessairement passer par la sexualité ? Où est la solution ? 

Le choix de la féminisation







Comme il l’expose très clairement dans une des lettres écrites de Rodez, il ne peut s’agir d’unir une Vierge sans corps à un Esprit, « car livrer l’idée de la Vierge à l’esprit, et la lui livrer d’abord, et ensuite la lui livrer sans corps c’est lui faire naître un sexe automatiquement. » [19] L’idée d’une Vierge Nommante est par conséquent bien éloignée d’une « Vierge sans corps ni sexe et dont l’esprit seul peut profiter. » [20] En fait, cette Vierge Nommante se rapprocherait plutôt de l’idée qu’Artaud se faisait de Cécile Schramme et de ce pouvoir dont il la croyait dotée : celui d’être capable de lui donner un nom, à lui, Antonin Artaud. Mais le problème reste entier car même si cette Vierge est chair, entre chair Vierge et « viande Dieu qui se donne à manger à l’être pour le guérir de son incapacité inhérente de transcendance » [21] rien ne peut naître. Il refuse d’enfermer la force infinie de la procréation dans le carcan de la matrice, ce qui le conduit à rejeter « l’esprit de la femme aux mamelles de lait. » [22] La mère ne pouvant engendrer sans avoir recours à la sexualité et donc au père, la tentation se profile pour Artaud d’essayer par lui-même la voie de la féminisation :
« Me tenant hors de ce moi distant j’ai pensé, me voyant dans l’être et son électricité : je vais finir moi aussi, si l’être ne finit pas et si je n’ai pas d’autre issue que l’être, par réaliser le désir charnel de me confondre avec ce féminin,
tenant cela pour une expérience et une supposition, je me voyais glissant dans la croyance en la véracité d’une vraie tentation. » [23]
Remarquons que ce choix du féminin n’est pas complètement assumé puisqu’Artaud emploie le conditionnel : « si l’être ne finit pas et si je n’ai pas d’autre issue que l’être ». Artaud, il faut le noter, a déjà tenté une ébauche de mise en chair : « Celui que je sens en moi et qui se sent perpétuellement inspiré par la Sainte Vierge substance Mère de tout moi qui s’éveille et chante dans mon foie n’est pas moi mais ce premier habit et ce premier corps Immaculé de moi-même mon fils Jésus-christ. » [24]
Cette tentative de mise en chair, même si elle procure un corps, celui de christ-enfant (« ce premier habit »), n’est pas satisfaisante. Pourtant, il s’agit là d’un sentiment éprouvé dans son corps (« chante dans mon foie ») à la différence de ce qui apparaissait avant comme purement symbolique : à savoir être l’enfant de Cécile Schramme et recevoir d’elle un nom. Enfin, si l’énonciation peut ici être rapportée à une femme enceinte, il n’est pas certain que ce soit la Vierge elle-même qui parle, puisque celle-ci est plutôt désignée comme l’inspiratrice et non pas comme porteuse d’un corps. Quel est donc l’enjeu de cette surprenante gestation ? Le texte suivant peut fournir quelques pistes :
« Je souffrirai le christ en moi comme une Mère d’abord afin de lui donner corps et comme un Père dans toutes les tentations de la
TROP TÔT
mort et cette Mère qui le refusa en le faisant je la lui donnerai pour qu’elle achève de le frapper d’amour et elle ne l’aura jamais contenu sauf quand Elle était morte et pas née et qu’elle n’était que la Volonté Propre de son Verbe qui derrière mon épaule droite un jour se vit en corps et refusa la perception des corps. - Alors ils se sentiront être et Il sera le Fils de Dieu et de Celle qui fut Mère en Dieu la Volonté de Virginité car le christ dormant en sa Volonté n’y touche pas quand Il dort et qu’il est mort mais Invisible et sans substance Il est ce qui n’est pas substance et s’il se voit être c’est de l’autre côté, celui de ce qui n’est pas et qui ne commence pas et l’Antechrist qui me tient pour empêcher cette Manifestation de Non-Être qui sera, elle, Manifestée ne me tient qu’en être et idée et le Non-Idée n’est pas son Abandon mais un état force et cet état force n’est pas état mais croix et l’éclatement de Dieu dans ce non-état n’est pas le mien mais celui d’un être que je ne veux pas ou que je veux et je ne me verrai plus croix d’être mon étant comme sur cette terre extérieure, mais ce que je serai je ne peux pas l’imaginer en conception parce que cela est le Péché mais le vivre et le mériter en mourant jusqu’à ce que je croie que je ne suis pas autre que Rien de ce qui est, fut ou sera.
Être vierge devant son propre moi, c’est-à-dire ne plus percevoir de vision de soi ni visionner de sensation. » [25]
Quel est l’enjeu principal de ce texte redoutable ? La production d’un corps qui s’égale au non-manifesté du moi. Comment ne pas être tenté de voir réapparaître, dans ce passage, le Père-Mère [26] (autrement dit l’image du Père archaïque) dont Artaud, après l’avoir violemment nié, se déciderait finalement à endosser en quelque sorte la vocation ? A cela, deux conditions sont nécessaires : un Père, « dans toutes les tentations de la mort », condition qui n’est pas sans évoquer l’exigence de son humilité (précédemment évoquée), et une Mère morte mais pas née. Doit-on en rester là et conclure à un retour inopiné du Père-Mère ? Nous ne le pensons pas. Et pour preuve, nous citerons le « TROP TÔT » qui apparaît dans le passage et dont Paule Thévenin pense qu’il n’a aucun rapport avec le texte [27]. Il est « TROP TÔT » pour une naissance accomplie selon ce schème, tout cela est prématuré et, à ce moment-là, voué à l’échec : « Je suis moins époux qu’auto-pédéraste et cette Pédérastie auto-personnelle je m’en débarrasse par la haine infernale de Jésus-christ. » [28] Il faut se soustraire à la pédérastie menaçante par la haine de celui qui pourrait prétendre être le père du christ-enfant. Ce qu’Artaud redoute par-dessus tout, c’est l’infamie d’une jouissance intrinsèque à la relation du Père au fils, car « l’être est ce qui a voulu jouir au moins une fois. » [29] Peut-être ne reste-t-il plus alors qu’à consentir à la voie de la féminisation ?

Artaud, créateur de ses filles







Dès lors, Artaud va créer les filles de cœur. Antonin Artaud va s’inventer une famille mythique en s’imposant comme le Père Créateur. A ce moment-là, Artaud est à la recherche « d’une toute-puissance énonciative, d’une omnipotence enfin sans faille érigée dans un délire de (pro)création absolue d’une famille et d’un univers imaginaires » [30] :
« Je suis en train d’essayer de faire un petit monde avec 5 (sic) filles,
celle qui distingue mon corps,
celle qui pressent mon cœur,
celle qui distingue ma conscience,
celle qui reconnaît mon âme,
celle qui ressent ma volonté,
celle qui dit : Elle est revenue, et qui sourit d’amour.
Mon cerveau a arrêté la jouissance en rêve mais on m’en a fait accepter dans la vie. » [31]
Artaud pose son acte énonciatif (« je suis en train d’essayer de ») comme immédiatement équivalent à sa tentative (« faire un petit monde avec 5 filles »). Il les définit et les montre par l’anaphore de la locution déictique « celle qui ». Ici, Artaud met en évidence la matérialité de l’énoncé, comme il le fait dans de nombreux passages des Cahiers de Rodez. Ainsi, dans l’énoncé suivant : « Le elle vit de la petite Germaine fut un elle vit magique et non réel » [32], il insiste sur son caractère illocutoire de formule magique en le faisant précéder du déterminant « le ». Il dit le pouvoir qu’il attribue à son énoncé de créer des personnages, comme ici « la petite Germaine ». L’énoncé n’est pas réel, il est magique, c’est son énonciation qui le fait être.
Par « la construction paranoïaque d’une famille mythique » [33], Artaud met la question de l’origine et de la filiation au centre du problème de l’énonciation.
Ces filles sont déjà des âmes puisque femmes, mortes ou vivantes, mais absolument toutes susceptibles d’habiter un autre corps que le leur. Il s’agit maintenant de les doter d’une existence corporelle indépendante des malheureux aléas de la naissance selon l’engendrement par le père : « [...] je rejette l’os père-mère, et l’os diaphragme, et je ferai les choses autrement. » [34] D’où le choix d’Artaud :
« Je ferai les êtres avec le limon du néant,
le je vous aime de l’âme
et non le je vous veux de Dieu.
C’est-à-dire avec le féminin volatil
et non le masculin acide,
le passif volontaire
et non l’actif prépondérant. » [35]
Mais ce choix demande une inscription particulière dans la sexuation qui diffère de la nature : « Je ne suis ni mâle ni femelle / mais la femme est mon expression si l’homme est ma nature. » [36] C’est par rapport à la parthénogenèse que s’impose le devenir-femme. Pour bien circonscrire ce problème de la « parthéno-genèse » (XIX, 233), il faut considérer avec attention tous les éléments qu’Antonin Artaud met à notre disposition. Considérons en premier lieu le témoignage de deux lettres. Dans une missive adressée à Jean Paulhan, datée du 1er octobre 1945, il écrit ceci :
« [...] j’ai vu votre âme de loin et lui ai fait quelques signes avec la main et le souffle dans l’espace pendant que dans l’utérus de mon sexe avec mon souffle je cherchais ce que je suis et veux être en formant des taus ou des barres au bas de mon abdomen, entre mes cuisses, dans mon anus, dans l’utérus de ma rotule gauche, avec mon souffle senti en épanchement de synovie dans l’anus et l’utérus de la rotule, et tout mon désir poussé jusqu’à la maladie, l’appétit veux-je dire effréné d’enfin vivre. » [37]
Dans ce texte, Artaud évoque le moi-corps qu’il veut être. Vingt jours plus tard, il écrit de nouveau à Jean Paulhan :
« Les choses ne viennent pas de la Sainte substance de la virginité mais au contraire de la copulation intégrale du corps avec son corps et ce qui s’en dégage est non une substance esprit vierge mais au contraire un excrément opium qui n’a jamais vécu que du souvenir de cette corporelle copulation de fond. » [38]
Il mentionne alors « cet humus de la terre utérine anale où se refont les corps de tous les morts. » [39] Le lien existe donc bien, même s’il peut paraître ténu, entre refaire son corps et refaire les corps. Et le lieu de cette gestation-parturition est la terre utérine fécale.
Mais pourquoi faire des filles ? Parce que c’est l’amour de la fille qui doit donner un corps au père : « L’amour de la fille contient le Père dans son cœur car la fille est née dans l’arcature de l’être et quand son Père juge son feu digne il descend en elle pour qu’elle lui donne corps par son amour. » [40] Les filles peuvent aimer le père et lui les aimer sans que le père ait à subir un outrage, sans qu’il ait à se transformer en « putain », donc sans aucune comparaison possible avec Dieu.
Ainsi, Artaud doit-il être présent dans les deux phases (faire une fille qui aime le père ; union du père et de la fille pour donner corps au père), en tant que « progéniteur » d’abord, puis en tant que père-époux. Il n’y a donc aucune contradiction entre le devenir-femme, nécessaire à la fonction de « progéniteur » et une telle déclaration :
« Je ne suis pas neutre, je suis mâle, je désire l’homme et la femme, je me masturbe et je baise, ne pouvant me baiser moi-même je fais des femmes pour les baiser, je ne les baise pas non plus mais je veux les voir jouir par l’imagination et l’action active de mes mains à mon approche. » [41]
D’ailleurs, cette polyvalence sexuelle, ubiquité serait peut-être plus appropriée, est fort bien explicitée par Artaud lui-même : « Je suis chaste un temps, baiseur un temps, christ un temps, antechrist un temps, néant un temps, merde un temps, con un temps, vit un temps, être un temps, cu un temps, dieu tout le temps. » [42]
Cette « réfection du corps » [43] n’est pas facile à appréhender : « on ne connaît pas l’insondable de son corps mais on connaît son caractère en face de son insondabilité. » [44] Comment fait-on pour tenir lorsqu’il n’y a plus rien et pas encore autre chose ? Il est certain qu’Antonin Artaud entrevoit à ce moment-là un autre rapport au « féminin », regagné sur le « maternel », et devenu l’archétype même de la vigilance amoureuse alliée à la vaillance guerrière. Si, parvenu à « l’incompréhensible de la racine de l’être », Artaud y rencontre Kali, loin de le terrifier et de le faire fuir, elle l’interpelle au contraire « par la douceur de son amour. » [45] Dès lors, on peut comprendre que les filles de coeur, chacune à sa manière, seront en quelque sorte de petites Kali, vaillantes gardiennes d’une terrible charge d’amour/haine en laquelle Artaud ressent la puissance terrible de la vie, corporellement incarnée par la curieuse démarche du « féminin [46] » sur laquelle il va régler sa propre avancée : « Et moi Artaud, je marche en arrière et je vais de l’avant. » [47]
D’ une part, il faut faire les filles de cœur. Elles sont aimées par Antonin Artaud, certes, mais les textes des Cahiers développent à loisir la complexité des sentiments qu’Artaud ressent à l’égard de ses filles : il leur voue un amour absolu et sublime mais il détaille sans faiblir la liste des supplices qui leur sont infligés (étranglées, asphyxiées, violées, noyées). L’identité de ces filles de cœur évolue jusqu’à l’établissement relativement stable d’une liste de six : Catherine, la grand-mère paternelle ; Marie ou Neneka [48], la grand-mère maternelle, sœur de la première ; Anie Besnard ; Cécile Schramme ; Ana Corbin et Yvonne Allendy, toutes quatre amies de cœur d’Antonin Artaud. L’opération implique un corps préalable, celui d’Artaud. Et il s’agit par conséquent d’un corps de crucifié : « J’ai six filles, mais ce n’est pas par le cu que j’y tiens mais par la couronne d’épines - et la sueur de sang. » [49] Ailleurs, il fait allusion aux êtres « nés de la tuméfiante escharre de son cœur d’immortel suicidé. » [50] Suscitées, animées au moment même où Artaud découvre la vertu transmutante de la crucifixion, et celle, rayonnante, du cœur, elles porteront sans relâche aux quatre coins de l’espace imaginaire dans lequel elles combattent la force anarchique d’un féminin terrible, inlassablement recherché et dont il avoua la nostalgie : « Ce dessin ? - Appelez ça un dessin, c’est un totem [...]. Ce sont mes filles, ce sont mes femmes, ce sont les femmes que j’aurais voulu rencontrer au-dehors et que je n’ai jamais rencontrées...jamais. » [51]
Le corps d’Artaud n’est pas exactement celui qu’il faudrait mais il est quand même le lieu du faire : « Du corps en soi copulé physiquement entre con et vit naissent des filles / mais je suis le seul homme à pouvoir faire cette opération et aucun autre homme que moi ne la tentera jamais » [52], ou encore : « Je suis l’âcreté, le sexe, le père et la mère, mais j’ai besoin d’un corps en moi qui me réponde pour produire une fille, ce corps est le mien et je le baise en moi. » [53] Ainsi faite, la fille pourra aimer le père, dont Artaud pourra alors assumer pleinement la présence :
« Je ne veux pas que les âmes aient tout le temps besoin de moi pour vivre. Je veux qu’elles aient leur vie propre, laquelle une fois reçue peut durer toujours à condition de se rallumer d’amour physique pour moi et de vouloir me donner de l’amour physique - c’est-à-dire de ne pas se refuser à l’attraction pour moi car une âme n’est qu’une attraction qui veut revenir à son père et que le père nourrit en soi en s’attrayant soi-même encore plus. » [54]
La naissance de ces âmes, nées de la multiplication de l’âme de leur père, reste pourtant mystérieuse, même pour lui :
« Et où ai-je trouvé l’image idéale de cette enfant vivante, qui m’aime absolument, et qui physiquement et de fait recule toujours devant le mal comme une colonne ou un aspic du cœur et qui frappe d’inspiration les esprits, sans chercher et sans calculer mais de nature.
Je l’ai vue, rétablie de vision parce qu’elle existait comme un principe irréductible du corps et au fond de ce principe elle vivait et s’est révélée un jour, elle, quand Dieu a voulu m’attaquer et je l’ai retrouvée en femme il y a peu de temps. » [55]
Or, si cette âme, afin de revenir à son père, doit absolument prendre la forme d’une fille, il est alors évident que « la femme qui bêlait d’amour c’est moi. » [56] Et Artaud d’ajouter : « [...] elle fut une petite fille, une femme faite, une grand’mère, deux grandes sœurs, combien de petites sœurs, mes filles. » [57] Nous avons donc affaire ici à ce qu’on pourrait appeler une énonciation totalisante : Artaud, en tant qu’intégration de différentes femmes, se trouve être la somme de toutes ces femmes. Mais la conséquence du faire une fille ne s’arrête pas là. Ce processus de gestation-parturition révèle en effet que la fille est faite du père, et qu’elle ne le prend pas seulement pour objet : « Cécile Schramme [...] est le père fait femme [...] et je la mettrai dans l’éternel cercueil sous le nom de Génica Athanasiu. » [58] Simultanément, « nous avons la reconnaissance que l’amour pour la femme s’adressait au père » et nous avons « la sépulture du père sous un nom féminin. » [59] Progéniture féminine donc, et père féminisé.
Cependant, c’est en tant que Madame utérine fécale que ce corps s’avère capable de procréer. Que signifie cela ? Et bien que c’est le caca, passant par l’utérus, qui fait naître ce corps : « [...] ce n’est pas par friction de branlette que l’être se fait mais par caca sur caca. » [60] Cette nature féminine de la défécation est d’ailleurs assertée et confirmée plusieurs fois : « Neneka fait Kha Kha », « L’effort de Madame Ka Ka se produit en moi » [61], « [...] c’est moi, Artaud, qui suis la mère caca. » [62] Remarquons ici qu’Artaud rattache « caca » au kha redoublé des hiéroglyphes, ombre et souffle de mort chez les anciens Egyptiens [63]. Et pour que le processus soit achevé, pour qu’il parvienne enfin à son terme, il faut « manger le caca pour en faire de l’être. » [64] Si, effectivement, le caca mangé produit l’être du corps des filles, il reste cependant une différenciation, une non-réduction du corps d’Artaud : « Je donne l’âme vaginale à mes filles avec un petit phallus, je garde le grand phallus pour moi avec un vagin d’ombre, le creux de mes cuisses. » [65] Mais pour obtenir le corps qu’il faut, il faut aussi admettre l’extériorisation : « [...] j’ai besoin d’un corps en moi qui me réponde pour produire une fille, / ce corps est le mien et je le baise en moi, mais il faut reproduire cette copulation dehors afin d’être être et de se conserver être sous peine de mort. » [66]
Périodiquement, tout au long des Cahiers, Artaud-le père rassemble la tribu éparpillée de ses filles, parties effectuer pour lui diverses tâches, opérant à chacun de leur retour une nouvelle distribution des fonctions afin de relancer leurs activités de pourvoyeuses (remèdes, poisons) mais surtout de guerrières. Car les filles sont aussi, indéniablement, des Walkyries : « Les boucliers en croissant des seins, les gourmettes anneaux des cuisses et des mollets, les clochettes des talons, la ceinture dentée. » [67] Elle ramassent les corps de tous ceux qu’a entrepris d’exterminer leur père ou encore ceux de leurs sœurs tombées au combat, abandonnant sur le champ de bataille les dépouilles de leurs incarnations successives, dont elles extraient une nouvelle âme : « Une petite fille, Ana Corbin, où est morte Catherine Chilé a ramassé toute l’âme quand personne ne voulait travailler et c’est de cette âme que les vierges ont extrait une force de malédiction contre le mal, l’autre est Génica. » [68]
Aussi sont-elles d’authentiques survivantes pour avoir accepté la perpétuelle virtualité de leur état : « [...] elles ont, elles, attendu, avant d’être, que tout soit vraiment consommé. » [69]
Tantôt seules, tantôt en cohorte dirigée par une aînée, elles accompagnent et encouragent les terribles mutations de leur père dont elles ne sont pourtant pas le pur reflet. Artaud précise en effet : « Je ferai mes filles sublimes et telles qu’elles ne pourront rien désirer de plus mais je me ferai si singulier que même mes filles ne seront pas de la même nature que moi bien qu’elles me ressembleront par des choses très intimes. » [70]
Les filles de cœur, ces créations poétiques, ont la flexibilité de la langue qu’Artaud invente à Rodez : elles sont les équivalents de sa langue glossolalique. Les filles de cœur produisent des jeux de déplacement et de transfert, passant d’une identité à une autre, de sœur à amante et de mère à fille, renversant l’ordre établi des générations comme les syllabes déplacées renversent l’ordre linéaire de la lecture usuelle :
.../...
http://www.larevuedesressources.org/les-filles-de-coeur-d-antonin-artaud,636.html
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:10

[size=30]« Dehors, il fait beau… »[/size]
 
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Dehors, il fait beau, il fait chaud. Les corps sont dénudés, les peaux bronzées. Dans ma boîte de courriel, les messages automatiques pleuvent et se multiplient comme des petit pains. Pas de doute possible : c’est l’été.








 

Le Canada offre peu de jours de congé aux salariés, comparé aux autres pays du monde. Selon une étude réalisée par l’université McGill, 89 pays offrent un congé minimal de 3 semaines tandis que 56 pays offrent même 4 semaines. Dans ce peloton, le Canada tire vers la queue avec seulement 2 semaines garanties, bien que bon nombre d’employeurs ont la sagesse d’en offrir plus.








 

Que l’on parte en voyage ou non pendant ses vacances, les congés sont un moment important pour notre santé. Ils répondent à un besoin de souffler, de couper avec le quotidien, de se reposer. Partir, parfois loin ou même tout près mais partir fait du bien, ne plus entendre parler du travail, de retrouver ses amis, sa famille ou encore, des étrangers qui peuvent nous changer les idées, nous faire découvrir de nouveaux mondes, de nouvelles sensations, de nouvelles expériences…








 

En naturopathie, il existe plusieurs formes de repos. Le repos physique, qui vient en dormant suffisamment, mais aussi le repos mental, celui dont nous avons autant besoin. Ce dernier contrebalance les fatigues mentales qui viennent avec les soucis, les disputes, les colères, la rancune, mais aussi avec les efforts intellectuels soutenus ou intenses. Bref, pendant les vacances, il faut faire le vide, se retrouver, mais aussi s’amuser, et savourer les plaisirs de la vie.








 

En espérant que cela puisse être votre cas, je vous souhaite de pouvoir profiter de bonnes vacances et un bon repos !








 
 http://refletsalveo.ca/savoir-profiter-des-conges/


Dernière édition par I am so sure le Mer 21 Déc 2016 - 23:19, édité 2 fois
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:11




L’EMOTION 
Selon Henri Laborit (Psychologie de l’émotion) :


Positive : émission d’acétycholine qui favorise la neurotransmission. 
Négative : émission de Noradrénaline (hormone du stress). Coupure de la neurotransmission et blocage car il n’y a pas d’actions possibles sans réflexion (actions irréfléchies). 



Quand il y a stress, nous passons "en mode survie". Nous agissons dans l'effort avec peu de résultat, sans comprendre, en nous sentant confus, désorienté. Le stress entraîne une lobotomie qui nous coupe de nos capacités de raisonner et de créativité.



Les émotions se retrouvent au centre de ce qui anime notre être. Elles constituent une information qui sera vécue dans le corps sous la forme de perceptions et de réactions physiques et traduite dans le mental sous la forme de sentiments verbalisés. 

Il est nécessaire qu'il y ait une synergie entre les contenus émotionnels (cerveau limbique) et la pensée (néo-cortex) si l'on veut penser avant d'agir. De plus pour apprendre il faut à la fois comprendre et ressentir. Un déséquilibre dans le centrage peut entraîner peur/fuite ou colère/lutte et traduire une incapacité à exprimer ses émotions. 

Les émotions entraînent la libération de neurotransmetteurs qui renforcent ou affaiblissent le système immunitaire.

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:12

[size=12][b][size=12][b]Carl Gustav Jung, mon doudou...[/b][/size][/b][/size]Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Txtheader_bullet



Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Carl-Gustav-Jung
Depuis quelques temps, je m'aperçois que j'écris sur la fusion des contraires. Rallier le bien et le mal en une seule entité qui accepte le tout. J'écris sur la part d'ombre et de lumière en chacun d'entre nous, pas facile à accepter d'être ange et démon à la fois.

Tout ça me rappelle Jung forcément. Il a passé sa vie à leur réunification, tentant de donner des pistes à ceux qui les veulent, qui vivent la dualité aussi fort que lui. Il devait en avoir bien besoin pour en parler autant. C'était son rêve, parvenir de son vivant au Soi, là où il n'y a plus d'archétypes, passé tous les conditionnements et accepté l'inconscient collectif comme partie du Soi. 

Son oeuvre est extraordinaire. Il est allé si loin ! Envers et contre tous, à commencer par son père spirituel. Il fait partie de nos grands messagers et a inspiré tant d'écrivains. 

Ce que j'ai retenu, analysé, disséqué avant de tout réassembler en un moteur qui tourne rond, c'est qu'il n'y a pas de hasard. Tout est signe, sa fameuse Synchronicité, probablement la révélation la plus révolutionnaire dans un monde qui cherche désespérément la logique de la vie. Tout est toujours synchrone. Tu attends une réponse, la vie te l'amène. Tu préfères l'échec, la vie te le donne. Tu as besoin de souffrir pour comprendre ? Et ben tu vas en baver tant que tu veux.

Jung, il te simplifie la vie. Parce que tout ce qui t'arrive prend un sens. Quel bonhomme pour oser lancer un tel message dans une société qui ne croit plus en rien. Peut-être en la science ?, et encore. 

Avec Carl, t'as plus de problème. Rien n'étant hasard, jusqu'au scarabée d'or qui grimpe sur ta fenêtre, tu sais que tu es toujours où il faut, comme il faut, quand il le faut. La vie prend un véritable sens et plus tu observes plus tu comprends ce qu'il a eu le courage de révéler. Qui lui a valu la foudre de ses pairs et les remerciements d'inconnus comme moi qui se sentent si proches de lui. 

Ses recherches furent longues et ardues. Mais sa passion fut toujours inextinguible. Aujourd'hui, il connait le Soi et je suis sûr qu'il va revenir pour réapprendre, encore une fois, pour le fun, la dualité. 

Carl Gustav Jung est un être gigantesque, un génie venu sur terre pour nous délivrer un message, empreint de technique ce qui n'est pas pour nous déplaire. Diplômé, savant, chercheur, il aura tout utilisé pour mieux nous parler. 

Son Soi réunit tous les contraires et illumine la Vie. Après l'avoir lu, rien n'est plus jamais comme avant. Tout a un sens qui t'ait donné et que tu sais déchiffrer, avec un peu d'effort.

Merci Jung ! T'es un sacré Maître. 



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Bear hug Un ange Bisous Amis Console Long hug Bisou câlin Pour Toi Amour
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:14

[size=12][b][size=12][b]Se nettoyer, avec Freud et Jung[/b][/size][/b][/size]Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Txtheader_bullet




Tomber le masque
Plus d'image, plus de protection dérisoire, m'accepter tel que je suis sans me soucier du regard de l'autre, être et ne plus paraître.


Epurer le Surmoi
Plus de juge intérieur ni de gendarme, mettre fin à mes culpabilités, en finir avec mes croyances stériles, abandonner les inepties de mon éducation et le sentiment d'appartenance à une race, une société, une caste, une religion et une famille, au profit de l'universalité de ma condition d'humain.


Epurer le Moi
Mettre de l'ordre dans mes pensées, pour le plus grand bien de tous à commencer par moi, car tout vient de moi, abandonner l'idée du bien et du mal, quitter la dualité et travailler mes peurs intimes.


Purifier l'inconscient personnel
Déverrouiller mes sécurités, guérir de mes traumatismes par le pardon et la conscience intime de ma propre grandeur, mettre en place la loi de la totale responsabilité, équilibrer mon anima et mon animus.


Comprendre l'inconscient collectif
Accepter les symboles et les archétypes, me sentir appartenir à un vaste tout, avoir conscience que j'y suis toujours pour quelque chose et que j'apprends tous les jours pour le plus grand bien de tous.


Et accéder enfin au "Soi"
Globaliser mon être, savoir que tout est un et que un est tout, que tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et rendre le bas aussi beau que le haut.

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:16

Rapport de places et interactions conflictuelles





36
La symétrie ou l’asymétrie ne sont pas en elles-mêmes des valeurs « bonnes » ou « mauvaises » ; et il n’y a pas, dans l’absolu, un type de rapport de places qui soit supérieur aux autres. Il existe simplement des relations différentes qui alternent, pour un même individu, selon les contextes et les partenaires. Pourtant, toutes les situations ne sont pas vécues subjectivement de la même façon. Ainsi, telle femme pourvue d’un compagnon fort qui prend la destinée du couple en mains et la soulage dans la prise de décisions se sentira protégée; alors que telle autre, dans le même cas de figure, éprouvera des sentiments négatifs : impression de ne pas « être à la hauteur », peur d’« être écrasée », envie de revanche…


37
En fait, un rapport de places ne peut être satisfaisant que si les protagonistes s’y sentent « à l’aise », et s’ils le ressentent comme « juste ». Si c’est le cas, on dira que la relation est « équilibrée » ; dans le cas contraire, on parlera de « déséquilibre ».


38
Les conflits sont généralement associés à des situations déséquilibrées. Et le déséquilibre intervient lorsqu’un rapport de places ne permet plus à chacun de conserver à ses propres yeux (et de défendre devant les autres) une image valorisante de lui-même; a fortiori si l’un des partenaires a le sentiment d’être « nié », « floué » ou « lésé ».


39
Cela peut provenir d’une espèce de perversion du rapport lui-même lorsque s’effectue un « emballement » des relations où les partenaires communiquent non plus pour créer et renforcer leurs liens, mais pour asseoir ou démontrer leur position. On assiste alors à une sorte de perversion du rapport de places que l’on peut, en reprenant la terminologie de l’école de Palo Alto, qualifier de « pathologique » (cf. Marc et Picard, 2000b).


40
La perversion du rapport symétrique se traduit par une sorte d’escalade (dite « symétrique ») dans le désir de prouver à l’autre qu’on est au même niveau que lui. Toute l’énergie des partenaires se trouve concentrée sur le refus de la différence : surenchère dans le don (de soi ou de cadeaux) pour éviter d’être redevable, rivalité dans la frustration (ne rien accorder le premier) pour ne pas paraître céder ou, dans le cas où le goût du pouvoir est perçu négativement, dans la dérobade pour ne jamais sembler décider pour l’autre : « On fait comme tu veux. – Mais non, comme tu veux, toi. »


41
La perversion du rapport asymétrique consiste généralement à transformer de la complémentarité en hiérarchie (quand, dans un couple, un prétendu « partage des tâches » revient à faire de l’un le serviteur de l’autre) ou de la hiérarchie en oppression : comme ces mères hyperprotectrices qui ne laissent à leurs enfants aucune liberté d’action.


42
À tout moment de la relation, un rapport de places peut engendrer une situation déséquilibrée et conflictuelle. Lors de la définition du rapport, il peut y avoir une lutte pour occuper la même place (celle du « décideur », par exemple, ou celle de la « victime ») ; ou bien c’est la difficulté de définir un rapport et le flou qui en résulte qui posent problème : « Je ne sais pas ce que tu veux », « je ne sais plus où j’en suis avec toi »… Plus tard, c’est la contestation du rapport qui peut créer des difficultés si elle n’est pas souhaitée par tous les partenaires : ainsi, il arrive que des conjoints de malades ou d’alcooliques, qui ont toujours occupé une place de « protecteurs », se sentent rejetés quand vient le moment de la guérison ou de la tempérance.


43
Lorsque le rapport n’est pas clair, lorsqu’il y a superposition ou confusion de places, cela peut engendrer du désarroi, de la peur ou de l’agressivité. Ainsi, une collègue psychanalyste se plaignait que, chaque fois qu’elle essayait d’aider sa fille adolescente dans ses difficultés relationnelles, elle s’entendait répondre avec violence et récrimination : « C’est d’une mère dont j’ai besoin, pas d’une psy ! »


44
Beaucoup de conflits viennent de problématiques ayant trait à des rapports de places, même si on ne les identifie pas toujours comme tels. Ainsi, les conflits de pouvoir auxquels on attribue souvent des causes psychologiques (une ambition démesurée, un caractère autoritaire, une obstination pathologique…) peuvent aussi se lire comme des rapports de forces mis en œuvre pour occuper (ou conserver) une position haute et pour assigner l’autre à une position basse.


45
En dehors des besoins de reconnaissance afférents à l’image ou à la place, il en existe d’autres qui touchent à ce qu’on pourrait appeler un « domaine privé », assimilable à une sorte de « territoire » dont on défend l’accès comme un animal celui de son espace vital [5]
[5] La notion de « territoire » vient de l’éthologie où...
.

Territoire et identité

46
Le territoire, chez l’être humain, présente des aspects à la fois concrets et symboliques. Il commence avec ce qu’on appelle l’« espace personnel » – une portion d’espace qui nous entoure et dont la pénétration est ressentie comme une intrusion ou une trop grande promiscuité. Il s’étend aux lieux sur lesquels on estime avoir autorité (sa maison, son bureau, son casier…), à tout ce qui nous appartient en propre et dont nous considérons légitime d’avoir seul l’usage : une brosse à dents, un stylo ou un portefeuille. Et il se poursuit par tout ce que l’on regroupe sous l’expression d’« intimité » ou de « jardin secret » : sa vie privée, ses pensées et ses espoirs, ses remords et ses désirs…
47
Erving Goffman a fait de la territorialité un des fondements de la structure sociale [6]
[6] « Au centre de l’organisation sociale, écrit-il, se...
. Mais c’est aussi la base de l’identité personnelle et collective : le territoire forme une sorte d’assise de l’identité et ses différents aspects peuvent être regardés comme autant de repères sur lesquels se dessinent l’image et la conscience de soi. Et c’est en cela que défendre ses secrets, son espace ou ses possessions reste un enjeu si important dans les relations interpersonnelles. Non parce que l’on serait, par nature, « égoïste » ou « pas prêteur » ; mais parce que défendre son territoire, c’est aussi défendre l’intégrité de sa personne et de son Soi.

La défense territoriale

48
Défendre son territoire consiste essentiellement à en contrôler l’accès : mettre son téléphone sur répondeur, fermer ses tiroirs à clé, réserver ses confidences à ses proches, maintenir une certaine distance (physique et psychologique) avec ses collègues… Cette défense est nécessaire pour plusieurs raisons.
49
D’abord, si l’on admet l’idée qu’on présente en public une image valorisée de soi, il convient de se réserver des lieux où l’on peut à la fois apprêter cette image et se reposer de la maîtrise qu’elle suppose [7]
[7] Ces types de lieux, E. Goffman, par analogie avec la...
 : la maison de campagne où l’on oublie les contraintes citadines ; la chambre où l’on se pare ; le bureau personnel dont on ferme la porte pour souffler un peu …
50
L’identité suppose aussi une frontière clairement définie entre soi et autrui, entre les « nous » auxquels on appartient et les « eux », les étrangers dont on se différencie.
51
Ensuite, la mise en scène de soi suppose l’usage d’attributs parfois matériels (garde-robe, documentation…), parfois non (un répertoire d’anecdotes amusantes, une grande culture…), dont il faut bien se réserver l’usage exclusif si l’on admet qu’ils doivent nous identifier : telle parure qui nous avantage comme tel ami dont l’éclat rejaillit sur nous ou dont l’affection nous rend plus fort. La nécessité de les garder hors de portée des autres devient alors évidente : d’où le besoin de fermer ses tiroirs à clé ou de ne pas communiquer les coordonnées de ses amis.
52
Enfin, l’intégrité de son Moi suppose aussi qu’on garde la maîtrise de sa vie présente et passée et de ses pensées [8]
[8] Le sentiment d’identité repose également sur la perception...
; il est donc nécessaire qu’on se réserve le droit de ne faire des confidences qu’à qui l’on veut, quand on le veut et si on le veut.
53
Ce type de contrôle est bien admis. Il est même inclus dans les codes de politesse, notamment à travers la notion de « tact » qui incite à frapper avant d’entrer, à ne pas poser de questions indiscrètes, à demander l’autorisation avant de se servir d’un objet qui ne nous appartient pas, etc. Il existe aussi une règle implicite de réciprocité qui conduit à considérer qu’on est assuré de ne pas subir d’intrusion de la part de ceux avec qui on reste courtois. Cependant, la défense du territoire peut aussi générer quelques problèmes relationnels.

Défense territoriale et relations conflictuelles

54
La défense du territoire suppose une certaine mise à distance d’autrui qui peut être ressentie par certains comme de la défiance ou du rejet et engendrer un climat de tension fait de reproches divers : « Tu n’as pas confiance en moi », « on ne partage plus rien », « n’aie pas peur, je n’ai pas l’intention de te le voler »…
55
Pour cacher ce qu’on croit être des « défauts » ou des « carences », on peut être amené à dissimuler une partie de sa vie ou de ses pensées. Or l’authenticité dans une relation reste souvent un des paramètres de sa réussite; en revanche, la dissimulation, le mutisme ou le mensonge entraînent de la méfiance, de la suspicion et de l’agressivité.
56
Les limites d’un territoire relevant en grande partie de la subjectivité, il n’est pas rare d’assister à des combats farouches pour revendiquer l’exclusivité ou la priorité sur un même objet. On assiste ainsi à des bagarres fratricides pour la possession d’un ours en peluche, d’un des lits superposés ou des genoux de la mère ; à des rancœurs inextinguibles chez celui à qui on a « piqué » une idée ou sa petite amie; à des procès acharnés pour une clôture mitoyenne mal placée. Le partage d’un territoire est souvent chose difficile. On s’en accommode lorsque la relation est bonne, mais dès qu’elle se gâte, ce sont souvent les revendications territoriales qui surgissent les premières. Au moment d’un divorce, par exemple, les couples auparavant les plus unis sont quelquefois prêts à se déchirer pour se voir attribuer le logement commun ou la garde des enfants.
57
On n’identifie pas toujours la gravité d’un conflit territorial. Souvent on croit le régler en restant au niveau de l’objet du conflit alors que ses racines sont beaucoup plus profondes et correspondent à des problèmes de rapports de places et de quête de reconnaissance. On peut le voir dans ce qu’on appelle la « jalousie » d’un enfant à la naissance d’un puîné. Avant la naissance du second, l’aîné occupait seul la place de l’enfant et cette position s’accompagnait d’un certain nombre d’attributs et de modes d’interactions qui lui étaient réservés. Maintenant, un autre y a droit aussi. N’ayant généralement pas encore intégré la distinction entre les places d’« aîné » et de « cadet », il ne voit donc plus comment se situer dans la famille; et ne sachant plus où il est, il ne sait pas non plus qui il est. Le désespoir engendré par l’arrivée d’un nouvel enfant ne se réduit pas à la peur de perdre son espace, ses jouets et ses privilèges, ni même à celle d’être abandonné, comme on le croit trop souvent. Elle révèle en réalité une angoisse beaucoup plus grande : celle de ne plus avoir de place, de ne plus exister.
58
Et c’est aussi là que se cristallise un des problèmes inhérents aux conflits territoriaux : à première vue, ils semblent dérisoires; l’entourage les ridiculise; soi-même, on a tendance à culpabiliser l’importance qu’on leur donne. Et pourtant, faire admettre qu’on ne touche pas à ce qui vous appartient, c’est aussi se faire reconnaître dans son individualité. Du coup, « mon » placard, « ma » voiture, « ma » copine, « mon » secret… deviennent de véritables enjeux existentiels.

Histoires personnelles, chocs culturels et conflits identitaires

59
Jusqu’ici, nous avons parlé des problématiques interpersonnelles comme si elles naissaient en même temps que la relation. Mais la réalité est autre. On n’aborde pas une situation, quelle qu’elle soit, sans y apporter tout un héritagequi s’est construit au fil de son histoire : sa personnalité, ses habitudes, ses modèles, ses valeurs. Sous cet aspect, le rôle de la culture est primordial, car la façon dont on s’est construit, les modèles auxquels on s’est identifié, les expériences relationnelles auxquelles on a été confronté sont eux-mêmes fortement imprégnés du contexte culturel dans lequel ils sont apparus.
60
Or ces expériences passées ont laissé en nous des traces profondes dont on n’a pas toujours conscience, dont nos partenaires n’ont souvent pas les clés et qui heurtent quelquefois les valeurs et les codes qu’ils ont tirés de leur propre histoire. Tout cela prédispose à des incompréhensions, des malentendus et des chocs culturels.

Histoire personnelle et revendication identitaire

61
La façon dont se construisent les relations interpersonnelles est largement influencée par les histoires individuelles. Cette influence est en grande partie inconsciente et peut se manifester de plusieurs façons.
62
On peut, de façon transférentielle, assimiler une personne actuelle à une autre, à laquelle on a été lié autrefois, et, par exemple, se montrer systématiquement agressif envers les femmes mûres parce qu’on a été victime d’une mère possessive et intrusive. Ou bien, à l’aide cette fois de la projection, attaquer chez l’autre ce que l’on refuse en soi. Et c’est pourquoi, dans certains couples, on se fait mutuellement le même reproche : vouloir « toujours tout diriger », « se présenter tout le temps comme une victime »…
63
On peut aussi appréhender une situation actuelle avec des réactions affectives attachées à une situation ancienne. En effet, les images, les rapports de places et les affects que nous avons vécus et intériorisés au cours de notre histoire (notamment dans notre enfance, au sein de la famille) s’extériorisent et s’actualisent dans les relations que nous instaurons par la suite. Cette actualisation, cependant, ne s’effectue pas forcément dans la simple reproduction (même si cela peut être le cas). Et, dans les faits, tout un jeu s’instaure, dans la conformité ou dans l’opposition, entre notre héritage familial, nos habitudes acquises et ce que nous voulons être : telle fille, par exemple, peut désirer ne pas ressembler à sa mère et prendre le contre-pied de l’image de femme soumise, bonne ménagère et vouée à l’éducation des enfants, que sa mère lui a donnée ; mais en elle, un conflit intérieur peut également s’instaurer entre ce projet conscient et une certaine identification inconsciente à sa mère. Ainsi, notre identité, née des identifications de l’enfance mais aussi des modèles que nous nous sommes donnés, est rarement simple et homogène; les différentes facettes dont elle est faite peuvent se trouver en conflit. Et ce conflit intérieur va se rejouer dans les relations interpersonnelles.
64
De ce fait, on peut dire que le conflit interactionnel est en même temps la traduction relationnelle de conflits internes liés à l’histoire de chacun et une tentative pour y trouver une solution – ou du moins pour permettre une certaine satisfaction à des motivations déniées. La vie de couple, par exemple, qui repose à la fois sur la force d’un lien privilégié et sur un ancrage profond dans la quotidienneté, est un lieu particulièrement propice à la reviviscence des conflits passés dans toute l’étendue de leur ambiguïté (Lemaire, 1979). Ainsi, on ne s’étonnera pas que telle jeune femme, terrorisée dans son enfance par un père autoritaire, ait épousé un homme doux, tendre et tolérant, dont elle critique amèrement la « mollesse » et à qui elle reproche constamment de se « faire marcher sur les pieds ».
65
L’influence du passé peut aussi se manifester dans la structure même des relations interpersonnelles. On a alors affaire à de véritables scénarios de vie.

Les scénarios de vie

66
Le concept de « scénario » a été élaboré par Eric Berne (1972). Il repose sur l’idée que l’on porte en soi des schémas relationnels, des modèles, que l’on considère comme « justifiés », que l’on reproduit « avec bonne conscience » et qui vous donnent le sentiment d’avoir raison.
67
Ces scénarios conduisent un individu à s’engager dans une voie relationnelle qu’il estime inexorable, qui ne le satisfait souvent que partiellement mais dont il ne peut sortir : celui qui se dévoue toujours pour des ingrats; celui qui ne réussit jamais ce qu’il entreprend; celui qui sera toujours un marginal…
68
Ils présentent un aspect rigide et inéluctable et limitent tout autant la créativité personnelle, l’écoute de l’autre et l’empathie. Ils agissent au niveau des valeurs, des aspirations et des motivations qui sous-tendent les conduites et prennent ainsi la forme de « plans de vie préconscients […] bâtis sur des illusions enfantines et [qui] peuvent durer toute la vie » (Berne, 1977, p. 31). Eric Berne parle du scénario comme le résultat d’un apprentissage inculqué à notre insu dans notre enfance. Il compare un individu face à son scénario à « un homme qui joue du piano en étant persuadé que cette musique est de lui » et qui a « l’illusion de son autonomie » alors qu’il est « programmé » par les gens qui l’entourent et les circonstances de sa vie.
69
La construction des scénarios de vie repose en grande partie sur des représentations mentales et des systèmes de valeurs issus de sa culture d’origine. Or, ceux-ci varient considérablement d’une culture à l’autre. C’est pourquoi un nombre non négligeable de conflits relationnels peuvent être assimilés à des chocs culturels.

Conflits relationnels et chocs culturels

70
Sans que nous nous en rendions toujours compte, nous sommes très attachés à nos propres représentations et nous supportons assez mal de les voir remises en question par les autres. Un Maghrébin qui passe du temps à demander régulièrement des nouvelles de ses voisins français suscite un certain agacement et se voit reprocher d’en « faire trop », comme le Français hors de ses frontières lorsqu’il ponctue chacune de ses demandes d’un « pardon » ou d’un « merci » jugé superflu par beaucoup d’Européens.
71
Ces divergences de conceptions peuvent créer de véritables problèmes. Chez les couples dits « mixtes », les témoignages abondent concernant les « déceptions » ou les « agacements » que peuvent susciter ces différences : il est difficile de supporter l’omniprésence de sa belle-famille lorsqu’on ne vient pas soi-même d’une culture fondée sur les liens familiaux ; on admet mal la référence constante à la religion lorsqu’on est issu d’une culture laïque; on se révolte devant la différence d’éducation donnée aux enfants selon leur sexe lorsqu’on a été élevé dans une famille occidentale… Toutes ces différences doivent faire l’objet de négociations difficiles, car elles remettent souvent en question des structures identitaires profondément ancrées en soi et pas toujours conscientes. On a alors assez vite le sentiment de faire l’objet d’une injustice, d’être incompris et rejeté ou bien d’avoir affaire à un conjoint « anormal » ou « ingérable ». De même, au travail, il est quelquefois difficile de faire cohabiter des membres de cultures claniques, qui trouvent naturel de privilégier leurs proches, et ceux de cultures démocratiques qui estiment que seul le mérite fonde la distinction. Et dans certains quartiers, on a souvent du mal à faire comprendre aux uns que les fêtes bruyantes données par les autres ne reflètent pas une absence de considération pour le voisinage; et aux autres que si l’on célèbre de grands événements familiaux derrière ses portes closes, c’est non pas pour en exclure ses voisins mais pour ne pas les déranger.
72
Les conflits d’ordre culturel s’identifient plus facilement comme tels lorsque sont confrontées des cultures ethniques ou nationales bien identifiées. Pourtant, des différences de milieu social ou tout simplement d’habitudes familiales peuvent avoir le même impact. Une femme issue d’une famille où le repas pris en commun est érigé au rang d’institution ressentira comme des signes de mépris les retards à table de son conjoint, le fait qu’il y écoute la radio ou qu’il n’y consacre que le temps d’avaler sa nourriture. De même, lorsqu’on a reçu comme valeur essentielle la domination de ses pulsions, il est difficile de vivre avec quelqu’un qui obéit à ses propres valeurs d’authenticité et qui extériorise ses affects au moment où il les vit. Comment accepter aussi qu’on plaisante sur des sujets identifiés dans sa propre culture comme intouchables (la religion, par exemple, ou le respect dû à ses parents) ou qu’on en aborde d’autres considérés comme tabous (le sexe, l’argent…) ?
73
Les exemples abondent et l’on pourrait penser que la simple identification des problèmes comme étant d’origine culturelle devrait suffire à les repérer puis à les dépasser. Mais sa culture fait trop partie de l’identité de chacun pour qu’il renonce à ses valeurs. Et sur ce point comme sur tous ceux que nous avons évoqués dans ce chapitre, il est difficile de lâcher prise parce que, en le faisant, on n’a tout simplement peur de perdre son identité.

Pour conclure

74
La quête identitaire, comme on vient de le voir, est une source importante de conflit; et la complexité des enjeux (identitaires, territoriaux, relationnels…) que soulève cette quête amène à repenser la notion même de « conflit ».
75
Que conclure en effet de l’exposé qui vient d’être fait ? Sans doute que vivre ensemble et communiquer, c’est à la fois un besoin et une tâche ardue, pleine de risques et d’embûches. Dans ces conditions, on en vient presque à s’étonner que l’on puisse arriver à se comprendre, s’entendre et se tolérer; d’autant plus que les questions identitaires ne sont qu’une des sources de conflits possibles.
76
Pourtant, les conflits sont souvent perçus comme des « aberrations » de la relation interpersonnelle dont la « norme » serait la « bonne entente ». Il est sans doute temps de rompre avec ce point de vue et de considérer qu’il est tout aussi « normal » de se disputer et de s’en vouloir que de vivre en harmonie (Picard et Marc, 2006).






Bibliographie






  • BATESON, G. 1936. La cérémonie du Naven, trad., Paris, Éditions de Minuit, 1981.
  • BERNE, E. 1972. Que dites-vous après avoir dit bonjour ?, trad., Paris, Tchou, 1977.
  • GOFFMAN, E. 1959. La mise en scène de la vie quotidienne, trad., Paris, Éditions de Minuit, 1973.
  • GOFFMAN, E. 1967. Les rituels d’interaction, trad., Paris, Éditions de Minuit, 1974.
  • LAING, R. 1961. Soi et les autres, trad., Paris, Gallimard, 1971.
  • LEMAIRE, J. 1979. Le couple, sa vie, sa mort, Paris, Payot.
  • MARC, E. 2005. Psychologie de l’identité. Soi et le groupe, Paris, Dunod.
  • MARC, E.; PICARD, D. 2000aRelations et communications interpersonnelles, Paris, Dunod.
  • MARC, E.; PICARD, D. 2000bL’école de Palo Alto, Paris, Retz.
  • MEAD, G.H. 1934. L’esprit, le soi et la société, trad., Paris, PUF, 1963. sais-je ? ».
  • PICARD, D. 2007. Politesse, savoir-vivre et relations sociales, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? ».
  • PICARD, D. 2007. Pourquoi la politesse ? Le savoir-vivre contre l’incivilité, Paris, Le Seuil.
  • PICARD, D.; MARC, E. 2006. Petit traité des conflits ordinaires, Paris, Le Seuil.
  • WATZLAWICK, P.; HELMICK BEAVIN, J.; JACKSON, D.D. 1967. Une logique de la communication, trad, Paris, Le Seuil, 1972.
  • WINNICOTT, D.W. 1971. Jeu et réalité, trad., Paris, Gallimard, 1975.



Notes





[1]
Nécessité reconnue dans les règles sociales de savoir-vivre. Le fameux « Bonjour, merci, s’il vous plaît » est ainsi une réponse à ce besoin-là : « bonjour » = « je vous reconnais comme une personne faisant partie de mon entourage » ; « merci » = « je vous reconnais comme une personne avec laquelle je suis engagée dans un rapport de réciprocité et de qui je ne reçois rien sans rendre (au moins symboliquement) » ; « s’il vous plaît » = « je vous reconnais comme un individu autonome et digne de respect ».

[2]
La théorie de la face a à voir avec l’estime de soi et cette dernière s’appuie sur la considération d’autrui. On peut en donner une preuve a contrario par le fait que la dévalorisation et la dépréciation de soi sont étroitement liées au sentiment de fragilité et d’inconsistance identitaire (comme l’enfant à qui on a sans cesse répété qu’il n’était qu’un « bon à rien » ou celui à qui on a régulièrement demandé son avis sans jamais en tenir compte et qui ne sait plus très bien s’il a ou non un avis et s’il existe vraiment).

[3]
Parfois aussi, la seule anticipation d’un éventuel rejet peut être source de problèmes relationnels, comme lorsqu’on se tait « pour ne pas envenimer les choses » et que le partenaire ressent ce mutisme comme du mépris ; ou qu’on dissimule une de ses actions ou un trait de caractère par peur de déplaire et qu’on se retrouve catalogué comme faux et hypocrite. Ces silences et ces non-dits sont des erreurs d’appréciation puisqu’on se tait par peur du conflit alors que c’est parce qu’on s’est tu que le conflit est né.

[4]
Bien sûr, le caractère symétrique, complémentaire ou hiérarchique d’une relation peut évoluer et se transformer au cours du temps. Et il n’est pas rare qu’une relation initialement ou statutairement symétrique ou complémentaire dérive, au fil du temps, vers la hiérarchie (ou vice versa).

[5]
La notion de « territoire » vient de l’éthologie où elle traduit l’espace dont un animal, ou un groupe d’animaux, a besoin pour se nourrir, se reproduire et vivre en paix. Par analogie, le territoire de l’être humain est l’espace dont il a besoin pour exister au quotidien.

[6]
« Au centre de l’organisation sociale, écrit-il, se trouve le concept de droit, et autour de ce centre, les vicissitudes de la défense de ces droits […]. Un certain type de droits apparaît alors comme décisif : les droits qui s’exercent sur un territoire » (1973, t. 2, p. 43).

[7]
Ces types de lieux, E. Goffman, par analogie avec la vie des acteurs de théâtre, les a appelés des « coulisses ».

[8]
Le sentiment d’identité repose également sur la perception de soi comme un être identique à soi-même à travers l’espace, le temps et les situations. Je sens encore vivants en moi l’enfant et l’adolescent que j’ai été même si j’ai conscience de ne plus leur ressembler ; et je peux réagir différemment selon les événements que je croise (être rationnel au travail et dépassé dans le quotidien). 




Éventuellement, 

je peux me vivre comme une personne complexe, 

à multiples facettes, 

mais je me reconnais comme « Moi » 

à chaque fois.



Résumé





Français
L’identité subjective se construit en grande partie dans le contact avec les autres ; la quête de reconnaissance identitaire constitue donc une des dynamiques fondamentales des relations interpersonnelles. Cette quête peut revêtir des formes variées qui se déclinent en une série de «besoins» identitaires et territoriaux qui sont autant de sources de conflits possibles. Cette étude montre que ces conflits s’inscrivent dans un contexte social et relationnel et s’articulent à plusieurs niveaux: celui de la protection (de soi et de son territoire) et des mécanismes de défense relationnels; celui de la définition de la relation et des rapports de places; celui des représentations sociales liées à la culture des protagonistes (culture ethnique ou familiale, groupes d’appartenance ou de référence...). Ils s’ancrent aussi dans l’histoire personnelle des individus et dans les scénarios de vie qu’ils ont forgés, scénarios qui les conduisent à s’engager dans des voies relationnelles qui ne les satisfont que partiellement mais qu’ils croient inexorables.

Mots-clés

  • Interaction
     
  • communication
     
  • relation
     
  • conflit
     
  • identité



 English abstract on Cairn International Edition

Plan de l'article





[list=section1]
[*]Identité et construction identitaire
[*]Quête de reconnaissance et besoins identitaires
[*]Quête de reconnaissance et conflits interpersonnels
[*]Quête identitaire et rapport de places
[*]Structure des rapports de places : symétrie/complémentarité/hiérarchie
[*]Rapport de places et interactions conflictuelles
[*]Territoire et identité
[*]La défense territoriale
[*]Défense territoriale et relations conflictuelles
[*]Histoires personnelles, chocs culturels et conflits identitaires
[*]Histoire personnelle et revendication identitaire
[*]Les scénarios de vie
[*]Conflits relationnels et chocs culturels
[*]Pour conclure
[/list]



Pour citer cet article






Picard Dominique, « Quête identitaire et conflits interpersonnels », Connexions, 1/2008 (n° 89), p. 75-90.



URL : http://www.cairn.info/revue-connexions-2008-1-page-75.htm
DOI : 10.3917/cnx.089.0075
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:17

Éventuellement, 






je peux me vivre comme une personne complexe, 






                                                                  à multiples facettes, 


mais je me reconnais 
                                                                                                         comme « Moi » 
à chaque fois.
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:19

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Par [size=11][size=16]Christophe Vermare

Un être rare.
Membre du collectif 
[url=http://www.universdartistes.com/search/label/Vermare Christophe]Univers d'Artistes[/url]










Le deuil de soi


Se perdre est un événement bouleversant. On a l'impression qu'on ne pourra jamais surmonter sa peine. Il est nécessaire de passer par un douloureux travail intérieur, le "travail de deuil de soi". Celui-ci permet d'accepter la disparition et de définir un "avant" et un "après".

La perte de celui que l’on était, de son identité connue à ce jour, cause un bouleversement : l'endeuillé vit désormais en supportant l'absence de ce qui il était, il met fin aux projets de celui qu’il appelle déjà l’autre, l’ancien, assumant désormais dans la douleur des activités qui étaient accomplies avant avec joie, et en abandonne tant d'autres. Il doit se reconstruire une vie.

Celui qui vit le deuil de soi passe successivement par trois phases : choc, dépression et adaptation.

La nouvelle de la maladie provoque tout d'abord un état de "sidération". La personne accablée reste un moment hébétée par la nouvelle : 
- Ce n'est pas possible, je ne peux pas y croire  ! sont souvent les premières paroles étouffées ou les cris qui suivent l'annonce.

Puis, elle traverse une phase de déni de la nouvelle (un refus absolu d'y croire) qui a pour but de la protéger contre son impact trop massif.

Quand le choc disparaît la douleur surgit. On parle de réel travail de deuil lorsque le chagrin, la révolte ou la colère, l'anxiété ou l'angoisse, le désir de se retrouver comme avant et les pleurs commencent. L'endeuillé entre alors dans une phase d'acceptation de la réalité difficile et exigeante.

L'état dépressif réactionnel qui s'installe alors traduit la phase la plus importante du deuil de soi. On retrouve les signes physiques habituels de la dépression avec une perte du plaisir et de l'intérêt de manger, une fatigue intense avec un délaissement des occupations antérieures et des insomnies. Des troubles intellectuels et affectifs se manifestent également avec une perte de l'attention et de la concentration, avec une humeur triste, une sensibilité accrue à tout détail et souvenir évocateurs du qui l’on était, des crises de larmes.


[/size]
La dépression réactionnelle, Dr Laurent Arome

«  La dépression réactionnelle (ou psychogène) est un trouble fréquent "déclenché" par un évènement spécifique ou par l’accumulation d’une tension psychique. 
Au cours d’une telle dépression, on constate une humeur triste, morose, avec des pleurs fréquents. Cette humeur est très fluctuante d’un jour à l’autre. Elle est souvent aggravée en fin de journée. La tristesse est sensible aux stimulations de l’entourage et s’atténue en cas de réconfort ou d’attentions particulières. Une demande d’aide indirecte est fréquente (la personne évoque notamment la mort et le suicide).
On constate souvent une dévalorisation de soi, un manque de confiance, une grande anxiété, une fatigue permanente et un sentiment d’inutilité de tout. Au cours de cette maladie, il est habituel d’avoir des conduites d’échec, c’est-à-dire de prendre des décisions ou des orientations dont il est clair dès le début qu’elles aboutiront à des fiascos. Les signes d’anxiété sont généralement prépondérants, en particulier les difficultés d’endormissement ou, au contraire, le sommeil «refuge».
Ce type de dépression survient en général sur des personnalités fragiles. On retrouve fréquemment un facteur déclenchant : deuil, échec professionnel ou amoureux. Parfois cet évènement déclenchant est mineur, voire absent, et c’est une sorte d’épuisement général qui entraîne la dépression. »




La dernière phase est une période de détachement et de reconstruction. La guérison s'annonce, l'endeuillé réinvestit son énergie dans de nouveaux projets et redonne un sens à sa vie.

Donnez-vous le temps de guérir. Peu à peu, vous éprouverez moins de douleur au souvenir de qui vous étiez. Il n'existe pas de "recettes" pour diminuer l'intensité et la durée de la tristesse, le sentiment d'effondrement. La seule façon de réussir au mieux son travail de deuil de soi est de vivre pleinement la souffrance et les différentes émotions qui s'y rattachent. Dans ces moments difficiles, évitez de prendre des décisions hâtives et importantes.

Le deuil de soi est un moment très difficile à traverser, il vous faut être patient envers vous-même et envers les autres. Vos proches ne comprennent pas toujours ce que vous ressentez. Entourez-vous de personnes avec qui vous vous sentez bien et à qui vous pouvez vous confier. Il est nécessaire d'exprimer son chagrin et son désarroi, les garder pour soi est un poids trop lourd à porter.

Vous devez vous accorder des moments de détente, de loisirs, voire un congé : le travail de deuil de soi demande beaucoup d'énergie et vous devez éviter une fatigue excessive.

Certaines personnes rapportent leur sentiment de devenir folles, elles sont submergées par des pensées et des émotions qui ne leur appartiennent pas habituellement. Ce sont là des réactions normales qu'il faut accepter. Votre vie est ébranlée par cette perte de votre ancienne identité, votre quotidien est bouleversé, vous êtes anéanti physiquement et mentalement par la douleur, demandez de l'aide, si vous en avez besoin. 
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:20

Quête identitaire et conflits interpersonnels
par Dominique Picard
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Raccourcis


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2008/1 (n° 89)




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  • ISBN : 9782749209142
  • DOI : 10.3917/cnx.089.0075
  • Éditeur : ERES



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1
[size=46]D[/size]es analystes de la relation interpersonnelle comme René Girard, Ronald Laing, Gregory Bateson ou Erving Goffman ont vu dans la quête de reconnaissance identitaire une des dynamiques fondamentales des relations interpersonnelles. Constatation fort bien résumée par les chercheurs de l’école de Palo Alto : « Aussi étonnant qu’il paraisse, si elle n’avait ce pouvoir de confirmer un être dans son identité, la communication humaine n’aurait guère débordé les frontières très limitées des échanges indispensables à la protection et à la survie de l’être humain […]. Il semble bien que, indépendamment du pur et simple échange d’informations, l’homme a besoin de communiquer avec autrui pour parvenir à la conscience de lui-même » (Watzlawick et coll., 1967, p. 84).
2
Cette quête de reconnaissance peut s’effectuer dans la réciprocité, l’échange et le respect mutuel, mais elle peut aussi s’inscrire dans la lutte, le conflit et la violence. C’est sur ce dernier aspect que je voudrais insister ici.
3
Après avoir expliqué en quoi la nature même de l’identité amène à fonder les relations interpersonnelles sur des enjeux identitaires, j’aborderai la question des rapports entre ces enjeux et les relations conflictuelles en montrant qu’ils s’articulent à plusieurs niveaux : celui de la quête de reconnaissance elle-même et des besoins s’y rapportant ; celui du positionnement interpersonnel et de la lutte des places qu’il engendre; celui des besoins territoriaux et de la défense de ses biens et de son espace. Enfin, pour conclure cet exposé, j’aborderai la question d’un point de vue diachronique en montrant que les conflits identitaires et relationnels prennent aussi leurs sources dans les histoires personnelles de chacun. Ces histoires s’ancrent dans des contextes culturels porteurs de valeurs et de codes qui, du fait de leurs différences, sont sources de difficultés dans la communication.

Identité et construction identitaire

4
L’identité est une notion complexe dont le statut paradoxal a été maintes fois souligné. Mon « identité », en effet, c’est d’abord ce qui me représente, ce qui fait que je suis « Moi », un être unique et différent des autres dont je suis capable de circonscrire les frontières. Pourtant, cette belle unicité est fortement remise en question lorsqu’on se présente : on donne son sexe, sa profession ou sa nationalité… autant d’« étiquettes » qui nous rattachent à autant de catégories sociales auxquelles nous nous sentons appartenir : si l’on se dit « étudiant », « Berrichon » ou « rocker », on reconnaît implicitement une communauté de traits entre soi et tous les étudiants, tous les Berrichons ou tous les rockers.
5
On voit donc qu’à travers la question de son identité, chacun pose aussi celle de ses limites et de sa place par rapport à autrui dans un mouvement constant d’assimilation et de différenciation (Marc, 2005) : non seulement les autres ont à voir avec mon identité, mais sans « Autrui », « Je » n’existerait pas.
6
À cela s’ajoute le fait que l’identité est non pas une donnée génétique (un « attribut ») mais un « processus », un objet que nous construisons petit à petit dans le contact avec les autres, par identifications et différenciations successives à ce qu’ils sont, à ce que nous croyons qu’ils sont et à ce que nous percevons de l’image qu’ils ont de nous. En fait, comme l’a montré un des premiers, Georges Herbert Mead (1934), nous prenons conscience de notre identité en adoptant le point de vue que les autres ont de nous : le « séducteur » a été entouré de regards admiratifs et le « raté » s’est vu constamment confronté à ses échecs.
7
Cette construction identitaire se forge en même temps que la relation avec l’environnement et s’appuie sur elle : initialement, le nouveauné n’a pas conscience d’être une personne autonome ; ce n’est que peu à peu, à travers une relation étroite entre lui et son environnement, que l’enfant d’abord, puis l’adulte, accède au sentiment de lui-même.
8
Dans ce travail de construction de soi, la mère joue un rôle d’autant plus fondamental qu’elle est la première personne à exister dans l’univers du bébé, comme l’a fort bien décrit Donald Winnicott : « Que voit le bébé quand il tourne son regard vers le visage de la mère ? » se demande-t-il : « Généralement, ce qu’il voit, c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit » (1971, p. 155). Le regard de la mère est la première forme de reconnaissance à laquelle l’enfant est confronté ; et c’est à travers lui qu’il se voit. Si ce regard reflète de l’inquiétude, l’enfant se vivra comme un être « inquiétant » (donc se construira une identité d’individu « néfaste » ou « mauvais »). À l’inverse, face à un regard attendri, béat et admiratif, il se sentira valorisé et construira peu à peu une image positive de lui-même.
9
Comme beaucoup d’expériences primitives, cette première prise de conscience du sentiment d’identité se révèle modélisatrice : au fur et à mesure que l’enfant grandit et que l’adulte mûrit, son univers relationnel s’enrichit de personnages variés; mais le processus qui l’amène à construire son identité reproduira très souvent l’expérience primaire et continuera à s’effectuer dans le contact et la confrontation avec les autres.
10
0n comprend alors pourquoi les liens affectifs se trouvent toujours plus ou moins sous-tendus par des enjeux identitaires qui peuvent prendre la forme d’une quête de reconnaissance, de la recherche d’un rapport de places satisfaisant ou de la défense territoriale.

Quête de reconnaissance et besoins identitaires

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La quête de reconnaissance peut revêtir des formes variées qui se déclinent en une série de « besoins identitaires » (Marc, 2005). Elle peut s’effectuer dans la réciprocité, l’échange et le respect mutuel – comme dans les rituels sociaux de politesse (Picard, 2007) – ou bien s’inscrire dans la lutte, le conflit et la violence.
12
Le premier de ces besoins est le « besoin d’existence », qui se traduit par la nécessité de recevoir des marques de reconnaissance de la part des autres [1]
[1] Nécessité reconnue dans les règles sociales de savoir-vivre....
.
13
Ce besoin d’existence se prolonge dans un « besoin de valorisation », car l’image que l’on souhaite se voir renvoyer est une image positive. C’est ce qu’exprime la fameuse « théorie de la face » formalisée par Erving Goffman (1959,1967) et que l’on peut résumer ainsi : chaque individu tient à présenter de lui-même une image positive, socialement valorisée (la « face »), qui est censée le représenter et qu’il entend voir admise, respectée et entérinée par les autres [2]
[2] La théorie de la face a à voir avec l’estime de soi...
.
14
Se voir renvoyer une image de soi à laquelle on n’adhère pas ou que l’on estime dévalorisante est aussi déstabilisant que de ne pas être vu. Il est donc nécessaire de maîtriser cette image et les impressions qu’elle produit. D’où un « besoin de contrôle » sur le regard des autres. Il amène à filtrer les informations que l’on donne sur soi, à cacher ses faiblesses, à maîtriser ses émotions et sa « présentation »…
15
Enfin, les deux derniers besoins sont presque indissociables et dérivent de la complexité de l’identité. Pour être pleinement reconnu, il convient de l’être dans toute la plénitude de son identité, dans l’unicité comme dans la similarité. La quête de reconnaissance est donc, de manière indissociable, sous-tendue à la fois par un « besoin d’individuation » (la reconnaissance de son individualité comme unique) et par un « besoin d’intégration » (sentir qu’on fait partie d’un groupe social). Le premier suppose la mise en exergue; le second l’appartenance et l’assimilation.
16
Ces besoins, malgré leurs exigences parfois contradictoires, forment un ensemble complexe d’autant plus difficile à satisfaire qu’il demeure en partie inconscient. Fondements de la relation, chacun de ses besoins et le système qu’ils forment peuvent aussi bien constituer l’attrait et la solidité du lien que devenir la source d’affects négatifs et de germes de discorde.

Quête de reconnaissance et conflits interpersonnels

17
L’absence de reconnaissance peut prendre plusieurs formes, que le psychiatre anglais Ronald Laing (1961) a différencié en deux grandes catégories : le « déni » et le « rejet ».
18
On opère un déni quand on ne reconnaît pas d’existence ni de place à quelqu’un qui estime y avoir droit : inviter des amis à la maison ou choisir une nouvelle voiture sans consulter son conjoint, punir un enfant en refusant d’entendre ses explications, ne pas répondre à un salut, changer la composition d’une équipe de travail sans consulter les intéressés, accepter services et cadeaux sans réciprocité… sont des formes de dénis. Celui qui en est la cible éprouve alors, selon les cas, le sentiment d’être « transparent », de « ne pas compter », de ne pas « être considéré », voire de « ne pas en être » lorsqu’il a l’impression qu’on le laisse en dehors d’un groupe dont il revendique l’appartenance : quand ses amis sortent sans lui, quand on se parle à l’oreille en sa présence, quand des décisions se prennent en dehors de lui…
19
Le rejet consiste à refuser la définition identitaire proposée et pourrait se traduire par la phrase : « Tu n’es pas ce que tu veux me faire croire que tu es. » Les exemples abondent : démontrer à quelqu’un qui se présente comme une victime qu’il est responsable de ses échecs; dire à celui qui se décrit généreux qu’il se fait exploiter; accueillir en intrus celui qui se veut dévoué…
20
Dénis et rejets sont souvent ressentis comme des blessures et des injustices. Selon les cas, ils peuvent provoquer de la souffrance, de la frustration, de la révolte ou de la rancœur qui sont autant de germes de mésententes et de conflits [3]
[3] Parfois aussi, la seule anticipation d’un éventuel...
.
21
Le conflit peut aussi naître d’une déviation ou d’une hypertrophie d’un besoin identitaire. Ainsi, on peut être entraîné à dévaloriser les autres pour mieux se valoriser ou à trop facilement ramener les relations humaines à une compétition permanente qui finira par exaspérer son entourage. De la même façon, le nécessaire besoin de contrôle peut se transformer en un irrésistible désir de tout diriger, le besoin d’intégration en conformisme ou le besoin d’individuation en refus de tout mode coopératif. Tous ces comportements provoquent souvent des réactions agressives qui nuisent à la bonne entente.
22
Une forme particulière de conflit identitaire peut également provenir de ce qu’on appelle le « rapport de places » (Marc et Picard, 2000a).

Quête identitaire et rapport de places

23
Toute relation interpersonnelle se structure à partir de la position respective que prennent les protagonistes. C’est ce qu’on traduit par des expressions telles que : « C’est un vrai père pour moi » ou « nous sommes sur un pied d’égalité ».
24
Or, la place que l’on occupe vis-à-vis de ses partenaires est aussi une façon de déterminer son identité : si je dis de mon patron qu’il « est toujours sur mon dos », je traduis de façon imagée son comportement, mais j’exprime tout autant mon identité d’individu libre et responsable et mon désir d’être vu comme tel. C’est cette façon qu’ont les individus de se situer les uns par rapport aux autres que traduit la notion de « rapport de places ».
25
L’expression en elle-même signifie que le lien qui se tisse entre les protagonistes d’une relation résulte d’un ajustement entre leurs positions respectives.
26
Les rapports de places s’ancrent dans la réalité sociale et culturelle qui tend à assigner à chacun un statut et un rôle en fonction de son identité sociale (employé, femme, époux…) ; mais ils sont également pris dans l’imaginaire (la façon dont chacun se situe subjectivement et ressent sa position) et dans un système symbolique qui les dépasse (comme la triangulation œdipienne pour la famille). On peut donc dire qu’ils résultent d’une triple détermination.
27
Une détermination sociale, d’abord, qui est celle des modèles proposés par la culture et les institutions (comme le rapport entre homme et femme qui, selon les cultures, peut être plus ou moins teinté de hiérarchie). Une détermination interactionnelle, ensuite, car une place se définit toujours dans la relation qu’elle entretient avec d’autres places (celle de mère avec celle d’enfant; de maître avec celle de disciple; de bourreau avec celle de victime…) et qui, en tant que telle, est l’objet de stratégies relationnelles : attaquer pour soumettre ou se défendre, parader pour être admiré, flatter pour séduire… Une détermination subjective, enfin, qui tient au fait que la prise de place s’inscrit souvent dans un rapport psychologique tel que dominant/dominé, séducteur/séduit, etc.
28
Le rapport de places fonde la spécificité de chaque relation, car un même individu change généralement de position selon la situation dans laquelle il se trouve engagé et en fonction de ses partenaires. Il donne donc une indication précieuse sur l’image revendiquée par chacun dans chaque situation. Ainsi, un homme qui se montre autoritaire avec ses subordonnés et laxiste avec ses enfants marque par cette différence qu’il entend voir reconnues ses compétences dans le premier cas et, dans le second, ses facultés d’écoute et de tendresse.
29
Chaque fois qu’une relation se noue, les partenaires doivent entreprendre un travail de négociation, le plus souvent implicite, pour « définir leur relation » et se situer les uns par rapport aux autres – par exemple sur le mode de la hiérarchie ou de l’égalité avec de nouveaux collègues. Par la suite, cette définition peut perdurer ou se modifier et faire ou non l’objet d’une renégociation – dans l’entente et la coopération ou bien dans la rivalité et l’affrontement.

Structure des rapports de places : symétrie/complémentarité/hiérarchie

30
Un rapport de places peut être défini de plusieurs façons. En fonction du degré de familiarité des protagonistes, par exemple : intimité des relations familiales, proximité des relations de voisinage, distance des relations avec les « étrangers »… Il peut l’être aussi en fonction du degré de convergence ou de divergence des protagonistes : au niveau de leurs opinions, par exemple (dans l’accord ou le désaccord), à celui de leurs affinités (dans l’attirance ou la répulsion) ou bien des sentiments (sympathie-amour/antipathie-haine). Mais on peut aussi le considérer à partir de la structure même du positionnement. De ce point de vue, les partenaires d’une relation peuvent se situer respectivement dans la similitude ou dans la différence (Bateson, 1936).
31
Lorsque les interlocuteurs se positionnent en pairs, on qualifie le rapport de « symétrique » (deux collègues de bureau ou deux amis du même âge). Et lorsque les rôles et les statuts sont dissemblables, le rapport est dit « asymétrique ». Si celui-ci n’implique pas structurellement de relation de pouvoir (comme le rapport entre un vendeur et un client), on parlera de relation asymétrique « complémentaire » ; dans le cas contraire (parent/enfant ; maître/élève), on la qualifiera de « hiérarchique ».
32
Les rapports symétriques se caractérisent par un certain type d’échange égalitaire et se marquent essentiellement par l’absence de préséance (si je désire aller au cinéma avec un ami, je ne me demande pas s’il est « convenable » que ce soit moi ou lui qui lance l’invitation).
33
D’un point de vue formel, la similarité des positions se traduit par l’échange de messages « en miroir » (ayant la même forme et le même niveau d’implication) : même façon de se saluer, mêmes types de services rendus, même degré de réserve ou d’intérêt mutuel…
34
Dans les rapports asymétriques, les comportements sont dissemblables dans les rôles et les attitudes, mais articulés. Dans la configuration complémentaire, la différence n’implique pas le pouvoir, alors que le rapport hiérarchique fonde l’existence d’une « position haute » et d’une « position basse ». Celles-ci peuvent résulter d’un rapport statutaire ou tout simplement d’une position subjective (sentiment de supériorité/sentiment d’infériorité) induite par l’histoire et la personnalité respectives des interactants.
35
Lorsque la relation est statutaire, elle est ponctuée de marques de préséance dictées par des règles et des habitudes internes à une institution ou par les codes de civilité d’une culture : en France, par exemple, un homme cède le pas à une femme ; et dans l’armée française, un soldat salue son supérieur en portant la main à son képi tout en claquant les talons. Lorsque la hiérarchie n’est pas induite par le contexte institutionnel, elle se marque de façon plus spécifique : du côté de la position haute par de la condescendance, du mépris, de la protection ou de l’exigence; du côté de la position basse par de l’admiration, de la crainte, de l’imitation, de la soumission ou de la rébellion, par exemple [4]
[4] Bien sûr, le caractère symétrique, complémentaire ou...
.
.../...
https://www.cairn.info/revue-connexions-2008-1-page-75.htm
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:21

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:22

HORNBEAM représente le principe de l'agilité intérieure et de la vivacité d'esprit.
Dans l'état négatif, on est épuisé surtout mentalement et on ressent une grande lassitude.



C'est assez représentatif du syndrome du lundi matin par exemple ou on se sent sans ressort, fatigué, la tete vide.
La lassitude de hornbeam provient d'une surcharge mentale qui n'est pas contrebalancée par des activités d'un autre ordre.


Le naturopathe "Marchesseau" disait que "le sport est le contre poids du nerf" c'est à dire que, si vous ne pratiquez pas une activité physique qui vous libère du poids du mental (notre pénible "Jules") alors vous allez vous enfermer dans un cercle de lassitude et de fatigue mentale importantes.


Cela peut être le cas d'un patient qui n'est pas actif dans sa rééducation car il pense être trop faible pour le faire, de ceux qui ne peuvent commencer leur journée de travail sans un stimulant comme le café, de ceux qui se lèvent plus fatigués que la veille au soir.


il est intéressant de constater que cette lassitude cesse dès que la personne fait une activité qui lui plait ou qu'un évènement extraordinaire se produit l'arrachant ainsi à sa routine journalière.


Dans l'état négatif, le système énergétique de l'être se trouve en déséquilibre du fait que son mental est trop sollicité.
Les différents niveaux manquant de communication entre eux, l'échange énergétique sera perturbé et la fatigue importante.


Certains expérimentateurs sensitifs qui ont pris HORNBEAM décrivent son action dans l'organisme comme une douche vivifiante qui rééquilibre et raffermit les différents niveaux énergétiques.
Les idées s'éclaircissent et on retrouve une juste mesure entre actif et passif.
La joie de vivre revient et, avec elle, la certitude de pouvoir venir à bout des taches fixées.


On peut recommander HORNBEAM en compresses sur des yeux fatigués ou irrités ou pour raffermir les tissus relachés.
Hornbeam peut aussi redonner vigueur aux plantes qui végètent.


La grande différence entre hornbeam et olive:
-hornbeam: la fatigue est mentale, elle est due à un épuisement du mental qui travaille trop.
-olive: réel épuisement physique dû à une dépense énergétique totale sur plusieurs niveaux.


Les phrases positives qui peuvent aider:
"je fais ce qui me fait plaisir et ce que je fais me fait plaisir"
"dans ma tete, je me sens vif et éveillé"


Si vous souhaitez retrouver une vigueur dans votre vie, prenez HORNBEAM
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Remarque personnelle
Sachant que le corps et l'esprit sont entièrement reliés, je conseille à tous ceux qui se sentent fatigués de prendre OLIVE et HORNBEAM ensemble pour un résultat sur plusieurs niveaux.
C'est d'ailleurs ce que je vais faire moi même!
_____http://etoile.vraiforum.com/t474-HORNBEAM-fatigue-lassitude-mentale.htm____


________
"Ce que l'on crée en soi se reflète toujours à l'extérieur de soi.C'est la loi de l'univers"
Shakti Gawain


[url=http://www.retouralasource.net/]http://www.retouralasource.net/
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:24

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:25

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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:26

Le contexte et le problème de la signification. Hommage à Hilary Putnam (1926-2016) Valérie PEREZ ESPE de Guadeloupe - Université des Antilles Résumé D’après Hilary Putnam, de nombreux philosophes ont pensé la signification à partir de notions qui mènent à des écueils. C’est le cas, par exemple, des représentations sémantiques. Pour les mentalistes, en effet, la signification s’appuie sur l’idée que le langage permet de traduire nos états mentaux et qu’il est lié à la vie psychique. Or, Putnam estime quant à lui qu’une théorie qui réfléchit à la signification et aux conditions d’assertabilité des termes, ne doit pas embrasser le seul point de vue de la subjectivité du locuteur. Car, si une théorie de la signification est possible, elle doit s’appuyer sur le fait que les locuteurs parlent dans un environnement et que les choses elles-mêmes ont un environnement. Ainsi, dans la théorie putnamienne de la signification, tout énoncé traduit les rapports qu’entretient le locuteur avec le contexte dans lequel il vit. Le concept de contexte renvoie à la situation d’énonciation, aux procédures et aux stratégies qui permettent aux locuteurs de lever des ambiguïtés sémantiques et à ce qui détermine la référence des mots, qui sont autant de perspectives permettant de résoudre le problème de la signification. Mots clés Hilary Putnam, langage, signification, représentation mentale, contexte. 
Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 82 1. Introduction Quelle est la façon la plus pertinente, pour un philosophe, de penser la signification ? De quelle manière les mots peuvent-ils signifier quelque chose ? À quelles conditions est-il possible de proposer une théorie de la signification ? Hilary Putnam s’est intéressé à ces problèmes car il a estimé que les philosophes et les cognitivistes les ont mal posés. Selon lui, ils ont pensé la signification à partir de notions qui ne permettent pas de dégager les procédures avec lesquelles un locuteur peut lever des ambiguïtés sémantiques et ils ont occulté l’idée, fondamentale pour Putnam, que le langage est une activité coopérative et la signification, « un phénomène social » (Putnam, 1988 : 54). Putnam estime ainsi qu’une notion comme celle de « représentation sémantique » que les mentalistes défendent à la suite de Fodor, ne permet pas d’envisager la complexité des situations dans lesquelles nous pouvons rencontrer et employer des mots. Ou encore, la notion de « définition », en ce qu’elle dit une fixité des significations, ne prendrait pas en compte la dimension interactive du langage. Nombre de théoriciens du langage ne seraient donc pas parvenus à proposer une théorie de la signification pertinente. A contrario, ils se sont égarés et ont « plutôt chang[é] de sujet » (Putnam, 1988 : 65). Dans Raison, vérité et histoire, Putnam dénonce donc comme une illusion le fait que nous ayons « tendance à penser que ce qui se passe dans notre tête détermine ce que nous voulons dire et ce que désignent nos mots » (Putnam, 1981 : 33). S’intéressant à des notions comme celles de « représentation sémantique » ou de « définition », il réfléchit à la nature même de la signification et aux problèmes qu’elle pose. Les résoudre impliquera, nous le verrons, de faire intervenir la notion de « contexte ». En effet, à lire Putnam, nous comprenons que la signification est prise dans un contexte protéiforme à partir duquel le philosophe élabore une théorie de la signification qui s’appuie, entre autres, sur un environnement contingent physique, culturel, social et aussi sur un environnement d’expertise qui ouvre sur ce que le philosophe américain appelle « la division du travail linguistique ». L’un des principaux enjeux d’une théorie sur la signification, dans l’œuvre de Putnam, tiendrait alors dans le postulat que, s’il y a bien « un problème avec la référence » 1 , c’est à partir du « contexte » qu’il est possible de le poser, et sans doute de le résoudre. Pour faire comprendre cette idée, Putnam élabore des fictions qu’il appelle des « mondes possibles ». Il crée donc des contextes, comme la Terre Jumelle, voisine proche dans ses caractéristiques de notre planète Terre, ou encore il imagine des cuves (Putnam, 1981: 11-32), contexte qui, paradoxalement, prive le cerveau humain de tout contexte. Ces fictions sont autant de mondes possibles qui permettent au philosophe de penser le contexte, en tant que concept qui rend compte des problématiques attachées à la signification. Afin de comprendre ce que peut être une théorie de la signification fondée sur le concept de « contexte », il nous faudra d’abord expliciter les problèmes auxquels Putnam s’est confronté. Ceux-ci nous amèneront à nous intéresser aux notions de représentation mentale et d’indexicalité. Nous verrons ensuite que le contexte n’est pas seulement un concept de la signification, mais qu’il est aussi, pour le philosophe, un outil méthodologique permettant d’éclairer la dimension interactive du langage. 1 Titre du chapitre II de Putnam (1981 : 33). Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 83 2. Contexte vs représentations mentales Dans Représentation et réalité, Putnam réfute l’idée chomskienne selon laquelle il existerait une grammaire innée dans l’esprit, qui serait une grammaire universelle. Cette grammaire universelle révélerait des similitudes parmi les différents environnements humains et serait construite « dans la structure de base de l’esprit » (Putnam, 1988 : 27). Selon Chomsky, il y aurait même chez l’être humain un « organe du langage » caractérisé par une « structure linguistique innée » (Putnam, 1988 : 27). Si l’on tente de la prolonger sur le plan de la signification 2 , cette théorie aboutit au fait qu’il existerait des représentations sémantiques, innées et universelles dans l’esprit 3 . Cette idée n’est pas nouvelle : depuis Aristote, on considère que le mot est associé, dans l’esprit du locuteur, à des représentations. Mais si Putnam fait remarquer que le verbe « signifier » (meaning) est effectivement lié à l’esprit (mind), pour autant il ne concède rien à ce qui apparaît comme une suprématie des représentations mentales chez certains linguistes. Au contraire, il affirme clairement son scepticisme à la fois à l’égard de cette « idée d’une grammaire universelle » (Putnam, 1988 : 28) et à l’égard de la théorie des représentations sémantiques innées. Pour lui, des catégories comme l’universalité ou l’innéité ne sauraient convenir à une théorie sémantique. De là ses objections à l’encontre du mentalisme, qu’il considère comme « la dernière forme prise par une tendance plus générale dans l’histoire de la pensée, la tendance à considérer les concepts comme des entités que l’on peut décrire scientifiquement (...) dans l’esprit ou le cerveau » (Putnam, 1988 : 31). L’un des problèmes que cette théorie pose à Putnam est qu’elle implique la possibilité, pour lui fallacieuse, « d’identifier les significations avec les descriptions que les locuteurs “ont dans la tête”, i.e. d’identifier les notions de signification et de représentation mentale » (Putnam, 1988 : 63). La notion de « représentation mentale » peut être comprise en remontant à la théorie aristotélicienne qui relie le mot à un « concept », c’est-à-dire à une représentation dans l’esprit. La signification résulterait alors de l’association d’une image mentale à un signe linguistique. Ainsi, dire qu’un locuteur connait la signification de « arbre », c’est lui reconnaître la capacité d’en avoir une représentation mentale. À un signe linguistique serait donc associée une représentation qui définirait la signification des mots du point de vue des locuteurs. Putnam évoque l’héritage d’Aristote pour constater que « signifier quelque chose était probablement, dans l’usage le plus ancien, avoir simplement ce quelque chose à l’esprit » (Putnam, 1988 : 48). Or, il ne pense pas que nos concepts dépendent de nos représentations, mais plutôt qu’ils procèdent du contexte dans lequel nous vivons et parlons. 3. Contexte et indexicalité Afin de démontrer l’inanité des théories de la signification fondées sur les représentations mentales, Putnam prend l’exemple d’un locuteur qui sait que des différences existent entre un hêtre et un orme, sans pour autant être capable de se représenter à quoi ressemblent spécifiquement ces deux arbres. Son idée est qu’il est possible de savoir qu’il existe des caractéristiques distinctives entre ces deux essences, sans que ces caractéristiques « soient 2 Comme a pu le faire Jerry A. Fodor, qui avait fait sa thèse sous la direction de Hilary Putnam. Ce dernier lui consacre de nombreuses pages dans Représentation et Réalité. 3 Nous n’évoquerons pas ici la théorie de l’esprit que Putnam avait élaborée sous le terme de « fonctionnalisme » car il l’avait abandonnée et s’en était justifié à plusieurs reprises. Cette théorie affirmait que nos états mentaux sont des « états computationnels », à savoir qu’il serait possible d’en décrire le fonctionnement à partir du modèle de l’ordinateur (computer). Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 84 elles-mêmes comprises dans les représentations mentales » (Putnam, 1988 : 64) que nous en avons. Autrement dit, nous pouvons avoir une même représentation mentale pour deux réalités différentes, si nous sommes incapables de distinguer l’orme du hêtre, si nous ne sommes pas capables d’avoir conscience de leurs différences. Nous connaissons leurs noms respectifs, mais nous ne pouvons pas les imaginer dans leur vérité. Quel est le sens de cet exemple ? Pour Putnam, il illustre le fait que ce ne sont pas nos représentations mentales qui déterminent les référents des mots. Un locuteur moyen peut savoir que des experts nomment « orme » une essence d’arbre bien particulière et ne rien en savoir d’autre. Peut-on dire alors qu’il connaît la signification de « orme » ? Il en connaît la forme phonétique, ce qui est d’importance pour un locuteur, mais s’intéresser à la signification nécessite, selon Putnam, de « s’abstraire de la forme phonétique du nom » (Putnam, 1988 : 61) et de s’intéresser au contexte, non seulement en tant que savoir d’expertise valable à une époque donnée, mais aussi en tant qu’intention du locuteur qui emploie un tel mot. À ce sujet, dans Représentation et réalité, Putnam évoque des discussions qu’il a eues avec Searle. Pour ce dernier, le locuteur moyen qui emploie le substantif « orme » peut le faire avec une intentionnalité qui, d’une certaine manière, contrebalance la théorie des représentations mentales. En effet, si un locuteur n’a pas de représentation mentale adéquate de ce qu’est un orme, il peut tout de même en parler avec l’intention de renvoyer à cet arbre que les savants, dans l’ici-maintenant de la communication, identifient comme des ormes. La notion d’intention doit donc être rattachée à celle de signification, car non seulement elle oriente l’interlocuteur sur un point de vue au sujet de ce dont on parle 4 , mais encore elle en fixe l’usage discursif dans le contexte de la situation d’énonciation, ce qui amènerait à supposer que maîtriser la signification d’un mot se mesure, entre autres, à son utilisation pertinente dans le discours 5 . La signification ne peut donc pas être pensée indépendamment du contexte de l’énonciation, en tant qu’il renvoie aux utilisations d’un mot dont la référence englobe le moment de l’énonciation, et en particulier les savoirs tenus pour vrais à l’époque où s’exprime le locuteur. Autrement dit, poser la question de la signification laisse entrevoir que les mots du discours contiennent un indexical. La notion d’indexicalité renferme des termes qui « ont en commun [le fait] que leur contenu sémantique ou référent est chaque fois déterminé par le contexte de leur emploi ou de leur énonciation. Ainsi, tandis que la référence d’une occurrence de “la place de la Concorde” est la même qui que ce soit qui emploie cette expression et en quelque lieu qu’il se trouve, la référence d’une occurrence de “ici” est fonction du contexte de son énonciation » (Chauvier, 2009 : 121). Cette notion est utile pour faire référence aux données du contexte. Certains grammairiens parlent de « déictiques » pour désigner des mots dont la référence peut être trouvée grâce à la situation d’énonciation, par exemple dans le cas des pronoms « je » et « tu », des adverbes de temps et de lieu comme « ici » et « maintenant ». Putnam utilise quant à lui la notion d’indexicalité pour renvoyer à la fois aux données du contexte et à la dimension interactive du langage. En effet, pour l’auteur de Représentation et réalité, le locuteur moyen a besoin d’une aide qui tient à la dimension interactive du langage. Ainsi, pour comprendre le sens des mots, il existe ce que Putnam appelle « une division linguistique du travail » (Putnam, 1988 : 57), à savoir que tout locuteur, s’il ignore le sens d’un mot ou s’il n’en a qu’une idée imprécise peut toujours, le cas échéant, se reporter à des experts. Par exemple, un locuteur moyen peut dire que l’or est un métal jaune précieux, mais s’il a besoin de davantage d’informations, il doit se référer aux discours des experts et peut apprendre que l’or est 4 Par exemple celui des experts. 5 Ainsi, une phrase telle que « Je construis au-dessus de ma tête un abri / Avec des branches d'orme et des branches d'yeuse » (Hugo, La légende des siècles) est recevable du point de vue du sens, alors que « Le petit orme raclait son chaudron avec plus de verve que jamais » ne l’est pas. Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 85 inoxydable, que son numéro atomique est 79, sa température de fusion 1064°C, etc. Néanmoins, il n’a pas besoin de ces informations pour conférer au substantif « or » un contenu usuel. Dans cet exemple, ce dont le locuteur a besoin, c’est de se référer à la substance elle-même. Autrement dit, pour que la signification d’un terme tel que « or » existe pour un locuteur, il doit pouvoir se référer à une substance en tant qu’élément qui existe extérieurement à lui. La notion de « substance » est déterminante pour Putnam pour son extériorité même. À ce titre, elle constitue un argument à l’encontre des théories fondées sur les représentations mentales. 4. Le contexte comme outil méthodologique On le voit, le problème philosophique que Putnam affronte est celui des conditions qui permettent de déterminer les références des termes que nous employons, indépendamment des représentations mentales. L’une des méthodes qu’il met en place pour le résoudre consiste à inventer des contextes que l’on peut comprendre comme des expériences de pensée 6 par lesquelles un monde est possible. Ces expériences mettent le locuteur en difficulté : ses représentations mentales ne suffisent plus à lever les difficultés de signification, elles sont alors acculées à leurs limites. D’où le nécessaire recours à un contexte, auquel le locuteur pourra se référer pour traiter un problème de signification, en particulier lorsque les mots qu’il utilise rencontrent ce que le philosophe appelle des « expériences récalcitrantes » (Putnam, 1988 : 34). L’audace de Putnam, ici, est d’inventer des contextes qu’il appelle des « mondes possibles », afin de montrer le rôle déterminant que le recours au contexte joue dans les processus de la signification. Les mondes possibles d’Hilary Putnam sont alors autant de données observables qui peuvent varier selon « les contextes expérimentaux ou d’observation » (Putnam, 1981 : 42-43). Ainsi, sur la planète « Terre jumelle » que Putnam imagine, le substantif « eau » est employé pour désigner « un liquide qui joue le rôle de l’eau » (Putnam, 1988 : 66), c’est-à-dire une substance proche dans ses usages de ce que, sur notre Terre, nous appelons « eau » (H2O). Mais les compositions respectives des deux substances sont en fait dissemblables : ce qui pour les Terriens est « H2O » est là-bas « XYZ », bien qu’a priori l’eau soit exactement la même. Comment alors traduire le mot « eau » (XYZ) ? Le problème qui se poserait à un traducteur est complexe ! En effet, il lui faudrait posséder des connaissances chimiques sur les deux planètes pour savoir si la substance pure que sur Terre nous appelons « eau » est la même que celle des locuteurs de Terre jumelle. Le problème que Putnam veut soulever avec cette fiction est le suivant : deux réalités peuvent être associées à un même mot et à une même représentation mentale. Or, selon Putnam, la représentation mentale contient une part de fausseté, puisque pour lui, la référence d’un terme est, au moins en partie, « fixée par la substance elle-même » (Putnam, 1988 : 65). Dans cette fiction de la Terre jumelle, l’exemple de l’eau montre à nouveau que le contexte auquel nous avons besoin de nous référer est celui des connaissances des experts 7 . En effet, seules les connaissances scientifiques peuvent, dans un cas problématique comme celui-ci, nous aider à y voir clair sur les significations. Ce qui peut distinguer l’eau (H2O) d’une substance qui lui est proche, c’est sa composition chimique. L’expérience de pensée que propose Putnam est éclairante : « Lorsque nous pensons d’abord à l’eau, ce à quoi nous pensons, c’est à des lois que nous connaissons (il peut s’agir, dans une période 6 Voir « L’eau est-elle nécessairement H2O ? » Dans Putnam (1990 : 179). 7 Ce n’est pourtant pas la seule manière de définir le contexte, comme nous le voyons dans la suite de cet article. Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 86 préscientifique, de généralisations de bas niveau sur des caractéristiques observables) ; mais si nous devions partir pour une autre planète, nous ne pourrions déterminer une fois pour toutes si tel liquide qui remplit les lacs et les rivières sur cette planète est de l’eau, en nous contentant de demander s’il obéit (ou obéit approximativement) ou pas à ces lois, ou s’il possède ces caractéristiques observables. Ce qui réglerait en définitive la question, ce serait de savoir s’il possède la composition chimique – que nous connaissions cette composition chimique ou pas, qu’il obéisse à ces lois ou pas, que nous les connaissions toutes ou pas – que possède et auxquelles obéit la matière que, sur Terre, nous appelons “eau” » (Putnam, 1990 : 186-187). L’opération qui permet de rendre visible ce genre de problème est la traduction. En effet, si l’on peut admettre que la traduction soit parfois une « belle infidèle », il faut aussi reconnaître que la trahison a ses limites ! Ainsi, l’on ne saurait traduire par « eau » le nom d’une substance qui ne possède pas stricto sensu les propriétés que nous lui connaissons. Les difficultés du traducteur permettent à Putnam d’expliciter ce qui est au cœur même du problème qu’il examine, à savoir que les mots « sont associés à des significations fixées qui déterminent leur référence » (Putnam, 1988 : 58) et en même temps, les références sont associées à un contexte, comme nous pouvons nous en rendre compte en traduction lorsque nous cherchons des équivalences. Traduire nécessite de trouver de ces équivalences « entre les langues de telle manière que l’on puisse s’attendre à ce que – une fois prises en compte les différences de croyances et de désirs – le fait de prononcer un énoncé dans l’autre langue dans un contexte donné évoque naturellement des réponses semblables à celles auxquelles on s’attendrait si l’on s’était trouvé dans sa propre communauté de discours et si l’on avait prononcé l’énoncé équivalent dans sa propre langue » (Putnam, 1988 : 58). La notion de « communauté de discours » est particulièrement importante dans la théorie de la signification de Putnam. Car, parler de communauté de discours, c’est affirmer que tout énoncé est aussi l’énoncé des rapports qu’un locuteur entretient avec le contexte dans lequel il prend la parole, et cela tient à la nature interactive du langage. 5. Contexte et nature interactive du langage Se référer à la nature interactive du langage permet à Putnam de contrer la théorie d’un organe du langage que nous évoquions plus haut. Car, s’il existait un organe du langage, celui-ci fonctionnerait indépendamment de l’intelligence du locuteur. De surcroît, il serait « relativement stupide » car automatisé (Putnam, 1988 : 27). Or, le caractère automatique du fonctionnement d’un tel organe n’est pas recevable pour Putnam, en ce qu’il nie, par avance, tout effort de l’intelligence, toute créativité de la part des locuteurs, et finalement concède bien peu à la dimension interactive des pratiques langagières, dont le rôle est fondamental dans la signification des mots. Par ailleurs, c’est encore la dimension interactive du langage que convoque Putnam pour réfuter la thèse des positivistes logiques, thèse qu’il comprend comme « le fait que la signification d’une phrase doit être donnée (ou doit pouvoir être donnée) par une règle déterminant quelles sont exactement les situations d’expérience dans lesquelles l’insertion d’un énoncé est possible » (Putnam, 1988 : 32). Selon lui, cette thèse ne tient pas, et comme le précise encore Putnam, les positivistes eux-mêmes ont fini par rejeter cette conception qui repose sur ce qui serait une capacité des termes à être définis à partir d’un corpus limité de vocabulaire de base. Un tel point de vue suggère que les énoncés ont du sens parce que les mots ont des définitions et qu’ils apparaissent dans des phrases. Or, comme le fait remarquer Putnam, les références des mots ne sont pas liées seulement à l’histoire de la langue, bien que les significations aient effectivement « une identité à travers le temps » (Putnam, 1988 : 37). Se référant à Quine, Putnam oppose aux positivistes l’idée que les phrases font sens en tant que « corps groupé » (Putnam, 1988 : 33) et non en tant que segments isolés. Que signifie ici la notion de « corps groupé » ? Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 87 Il faut la comprendre comme l’ensemble des énoncés constitués non seulement par les phrases d’un locuteur, mais aussi par les hypothèses auxquelles il a recours pour construire du sens. Putnam donne l’exemple suivant : si quelqu’un affirme qu’un « voleur est entré par cette fenêtre et que le sol est boueux à l’extérieur », le fait d’en déduire qu’il y a des empreintes dans la boue n’est pas imputable aux faits établis mais à ce qu’il appelle « une hypothèse auxiliaire » (Putnam, 1988 : 33) (si le voleur est entré par cette fenêtre, il a marché sur le sol pour aller à la fenêtre) ainsi qu’à d’autres données d’informations générales. Ce « corps groupé » amène à déduire des hypothèses car c’est de la cohésion entre les énoncés que naît la signification, et non pas des phrases en tant que telles. C’est ce que Quine, que reprend Putnam, appelle « le holisme de la signification ». Cette expression signifie que les phrases rencontrent le test de l’expérience « en corps groupé » et non une à une (d’où le terme de « holisme »). Le fonctionnement même du langage ordinaire l’atteste, en ce qu’il « dépend de tout le réseau de croyances » des locuteurs. En effet, le langage ordinaire décrit l’expérience, et « il le fait à l’intérieur d’un réseau, et non phrase par phrase » (Putnam, 1988 : 34). Par exemple, écrit Putnam, « si je dis : “les faucons volent”, je ne cherche pas à ce que mon auditeur en déduise qu’un faucon avec une aile cassée volera » (Putnam, 1988 : 34). Ce qu’il faut saisir ici, c’est que le contexte, en tant que réseau de croyances, joue un rôle déterminant lorsque le langage sert à décrire l’expérience. Aussi, lorsque Putnam s’est intéressé aux énoncés marqueurs de modalités du type « John croit qu’il y a un verre d’eau sur la table », il a constaté qu’ils ne portent pas seulement sur ce qu’il se passe dans la tête de quelqu’un (ici la croyance). Car en réalité, ce type d’énoncé constitue aussi un énoncé sur le contexte, en tant que rapport d’un locuteur avec son environnement et en tant que les choses mêmes que nous désignons ont un environnement. Dire de John qu’il croit « qu’il y a un verre d’eau sur la table » est moins une référence à ce qu’il se passe dans la tête de John « qu’un énoncé sur l’environnement de John, et sur les rapports de John avec cet environnement » (Putnam, 1981 : 39). Autrement dit, un énoncé du type « il croit qu’il y a un verre d’eau sur la table » attribue au sujet « il » ou « John » la capacité de faire référence à l’eau, en la distinguant de toute autre sorte d’élément. C’est pourquoi, lorsque nous produisons un énoncé, nous nous attendons à certaines réactions de la part de notre interlocuteur. Ces réactions naissent des rapports que la communauté de locuteurs que nous formons entretient avec le contexte dans lequel nous vivons et parlons. Aussi la référence des termes est-elle un phénomène social. Ce point est crucial. En effet, qu’est-ce qui détermine ce que désignent les mots d’une communauté ? D’après Putnam, il apparaît que la référence des termes est « partiellement fixée par l’environnement même » (Putnam, 1988 : 68). Autrement dit, il existe, dans le processus même de la signification, ce qu’il a appelé « la contribution de l’environnement », expression qui renvoie, en partie, au rôle des experts dont nous avons vu plus haut qu’ils jouaient un rôle majeur dans la théorie de la signification élaborée par Putnam. 6. Pour conclure Le concept de « contexte » permet de mettre l’accent sur le fait que le langage n’est pas une activité individualiste, et c’est ce qui amène Hilary Putnam à considérer que la théorie des représentations mentales n’est pas recevable. Pour lui, le langage est une « activité coopérative » (Putnam, 1988 : 58), qui se pratique dans un contexte formé d’une communauté de locuteurs. Le contexte renvoie donc aux contributions qui permettent de créer du sens et de ce fait, il va à l’encontre de processus isolables qui empêchent de penser la complexité de la signification et du langage, en tant qu’entreprise coopérative. Le contexte est donc bien l’ancrage qui rend possible la théorie de la signification. Il porte la dimension interactive du langage, le réseau de croyances des locuteurs et le recours aux experts. Revue « Contextes et Didactiques », n°7, juin 2016 88 Références bibliographiques Chauvier, S. (2009). Ce que « Je » dit du sujet. Les Études philosophiques, 1(88), 117-135. Putnam, H. (1981). Raison, vérité et histoire. Paris : Les Éditions de Minuit. Putnam, H. (1988). Représentation et réalité. Paris : Gallimard. Putnam, H. (1990). Réalisme à visage humain. Paris : Gallimard
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:27

Table des matières Remerciements.................................... i Équipe de projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii Groupes d’experts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv Résumé ........................................ v 1. Introduction ................................... 1 1.1 Portée du projet................................... 2 2. Contexte, définitions et approche ........................ 4 2.1 Contexte du rapport ............................... 4 2.1.1 Les troubles concomitants : une priorité reconnue ........... 5 2.1.2 La documentation en croissance rapide . . ............... 7 2.1.3 Public-cible. ................................ 7 2.2 Définition de « troubles concomitants » . . ................... 8 2.2.1 Le système de classification du DSM ................... 8 2.2.2 Termes différents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 2.2.3 Modèles d’intéraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.2.4 Programmes de traitement et niveau de motivation . . . . . . . . . . 12 2.2.5 Classification selon la sévérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 2.2.6 Approche fondée sur le DSM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.2.7 Restrictions actuelles quant aux données relatives à la consommation d’alcool ou d’autres drogues . . . . . . . . . . . . . 15 2.3 Définition de « traitement intégré » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 2.3.1 Traitement intégré, traitement séquentiel et traitement parallèle . . . 17 2.3.2 Nécessité d’une nouvelle terminologie pour désigner les « systèmes » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 2.3.3 Nécessité de surveiller les activités d’intégration . . . . . . . . . . . . 19 2.3.4 Nécessité d’apporter un soutien psychosocial . . . . . . . . . . . . . . 20 2.4 Justification des lignes directrices sur les meilleures pratiques . . . . . . . . . 21 2.4.1 Taux de prévalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 a) Taux de prévalence dans la population générale . . . . . . . . . . 21 b) Taux de prévalence chez les individus ayant recours au traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 c) Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 4 2.4.2 Lien entre les résultats du traitement et les autres questions cliniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 2.4.3 Intégration, coordination et planification des services . . . . . . . . . 25 2.4.4 Sommaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 2.5 Approche à préconiser pour définir les meilleures pratiques pour ce projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 2.5.1 Consensus fondé sur l’expérience clinique par opposition au consensus de spécialistes . . . . . . . . . . . . . . . . 28 2.5.2 Approche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 3. Meilleures pratiques en relation avec les troubles concomitants sur le plan de la prestation des services . . . . . . . . . . . . . 30 3.1 Meilleures pratiques relativement au dépistage des troubles liés à la consommation de substances et aux troubles mentaux . . . . . . . 33 3.1.1 Principaux enjeux du dépistage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 3.1.2 Dépistage des troubles liés à la consommation de substances . . . . . 35 a) Protocoles de dépistage de niveau I . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 b) Protocoles de dépistage de niveau II . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 c) Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 3.1.3 Dépistage des troubles mentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 a) Protocoles de dépistage de niveau I . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 b) Protocoles de dépistage de niveau II . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 c) Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 3.2 Meilleures pratiques quant à l’évaluation des personnes atteintes de troubles concomitants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 3.2.1 Principaux enjeux liés à l’évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 3.2.2 Autres approches et mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 3.2.3 Évaluation du stade de changement et de motivation au traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 3.2.4 Évaluation du fonctionnement psychosocial. . . . . . . . . . . . . . . 50 3.3 Meilleures pratiques pour le traitement et le soutien des personnes atteintes de troubles concomitants . . . . . . . . . . . . . . . . 51 3.3.1 Troubles de l’humeur et troubles anxieux concomitants . . . . . . . . 52 a) Prévalence et questions étiologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 b) Conséquences pour le dépistage et l’évaluation . . . . . . . . . . . 53 c) Questions cliniques et conséquences pour le traitement . . . . . . 54 d) Examen des données empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 i) Séquence des interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 ii) Interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 3.3.2 Troubles concomitants d’alcolisme et de toxicomanie et troubles mentaux sévères et persistants . . . . . . . . . . . . . . . . 61 a) Prévalence et questions étiologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 b) Questions à examiner sur le dépistage et l’évaluation . . . . . . . 63 c) Questions cliniques et conséquences pour le traitement . . . . . . 64 d) Examen des données empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 i) Séquence des interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 ii) Interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 3.3.3 Troubles concomitants de l’alcoolisme et de la toxicomanie et de la personnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 a) Prévalence et questions étiologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 b) Questioms à examiner sur le dépistage et l’évaluation . . . . . . . 69 c) Questions cliniques et conséquences pour le traitement . . . . . . 70 d) Examen des données empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 i) Séquence des interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 ii) Interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 3.3.4 Troubles concomitants d’alcoolisme et de toxicomanie et de l’alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 a) Prévalence et questions étiologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 b) Questions à examiner sur le dépistage et l’évaluation . . . . . . . 75 c) Questions cliniques et conséquences pour le traitement . . . . . . 76 d) Examen des données empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 i) Séquence des interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 ii) Interventions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 4. Conséquences des lignes directrices sur les meilleures pratiques au niveau des systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 4.1 Perspective historique et situation actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 4.1.1 Similitudes entre les deux systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 4.1.2 Une approche moins normative au niveau des systèmes . . . . . . . . 82 4.2 L’expérience et le point de vue des clients. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 4.2.1 Résultats des groupes de discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 4.2.2 Conséquences pour les systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 4.3 Points de vue des dispensateurs de services et des planificateurs . . . . . . . 86 4.4 Mécanismes et modèles d’intégration des systèmes pour les troubles concomitants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 4.4.1 Ce que la documentation nous révèle sur l’efficacité de la coordination. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 4.4.2 Obstacles à l’intégration et solutions éventuelles . . . . . . . . . . . . 93 4.4.3 Liste des solutions proposées pour appuyer l’intégration des systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 5. Conséquences pour la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Annexes Annexe A Principaux documents de référence. . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Annexe B Critères du DSM-IV relativement aux troubles liés à l’utilisation d’une substance et aux troubles induits par une substance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Annexe C Système de classification de Ryglewicz et Pepper34 . . . . . . . . 104 Annexe D Brève description des systèmes de traitement de la santé mentale et de l’alcoolisme et de la toxicomanie au Canada . . . . 105 Annexe E Termes pour le dépistage de l’alcoolisme et de la toxicomanie et de la santé mentale . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Annexe F Liste des conséquences fréquentes liées à l’usage de l’alcool et des autres drogues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Annexe G Outils et interventions pour travailler avec les personnes éprouvant des troubles concomitants d’alcoolisme et de toxicomanie et des troubles mentaux graves et persistants . . . . 116 Annexe H Liste des sujets à l’intention des groupes de discussion . . . . . . 118 Annexe I Echelle de fidélité aux principes d’intégration des programmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:28


Les séquences ont été sélectionnées de manière à proposer un exemplaire de chaque type d’épisode interactif décrit par la grille de Gilly, Fraisse et Roux (2001) (désaccord argumenté ou non argumenté, co-construction, collaboration acquiesçante). Plusieurs épisodes ont été initialement sélectionnés. Ils devaient contenir des verbalisations afin de pouvoir faire varier l’accès à ce type d’informations. Ils devaient également faire l’objet d’un accord inter-juges. En effet, un chercheur expert de l’analyse des interactions sociocognitives a réalisé un double codage de la dimension « nature des interactions » sur l’ensemble du film. Les séquences retenues ont été codées de la même manière par cet expert et par nous-même. Le choix final a été réalisé à partir de critères de qualité vidéo. Deux épisodes de désaccord argumenté ont été gardés. Un de ces épisodes montre une erreur de la part de l’enfant filmé qu’il reconnaît. Ce type de situation nous a semblé intéressant puisqu’il s’apparente à une fausse croyance. Les activités de résolution du problème et les comportements non verbaux dans les séquences choisies ont été ensuite codés par l’expert. Peu de désaccords sont apparus. Ils ont été discutés et résolus.


Questionnaire d’inférences



25
Le contenu possible des états mentaux est infini et le caractère nouveau du questionnement de cette recherche n’a pas permis de s’appuyer sur des données déjà existantes. L’objectif du questionnaire est d’aborder différents aspects de la vie mentale de l’enfant « cible » (états mentaux et rapport de l’enfant à la tâche). Cette recherche postule un rôle fonctionnel des inférences sur la vie mentale dans les ajustements au partenaire. Les aspects à inférer ont donc été choisis en fonction de leur caractère pertinent par rapport à la situation d’apprentissage collaboratif (ajustement à autrui). Le questionnaire se présente sous forme de questions à choix unique (questionnaire présenté en annexe 1). Il s’appuie sur notre analyse de l’interaction, des entretiens préliminaires auprès d’enfants et une première version de ce questionnaire (Gauducheau & Cuisinier, 2003).

26
Certaines questions portent sur les états mentaux de l’enfant « cible » : les émotions (question 1), la croyance par rapport à la réponse donnée (question 4), l’état attentionnel (question 5) et l’envie de travailler avec son partenaire (question 7). D’autres questions ne traitent pas au sens strict des états mentaux et concernent plus spécifiquement la situation. Elles portent sur le rapport de l’enfant « cible » à la tâche : la difficulté éprouvée (question 6), le fait de rencontrer un problème (question 3) et la coopération avec le partenaire (question 2).

27
L’ensemble de ce dispositif répond aux objectifs de la recherche à savoir : a) étudier quel contenus mentaux les enfants peuvent attribuer à autrui dans un contexte d’apprentissage collaboratif, b) déterminer si les inférences des enfants sont pertinentes et, c) savoir si les expressions non verbales sont des informations importantes pour réaliser ce type d’inférences.


RÉSULTATS



Quels contenus mentaux peuvent être attribués à un pair dans un contexte d’apprentissage en collaboration ?



28
Les distributions des réponses au questionnaire d’inférences dans les différentes séquences ont été comparées à l’aide de tests de chi². Les résultats montrent que les enfants identifient un contenu spécifique à chaque séquence. En effet, ils répondent différemment aux questions dans chacune des séquences hormis pour la dimension « application au travail » (question 5) pour laquelle les réponses sont identiques quelle que soit la séquence. Le tableau 2 montre les réponses les plus fréquemment choisies par les enfants pour chacune des séquences. Il indique également dans la colonne de gauche la valeur des chi² (calculés à partir de la distribution des réponses à chaque question pour les différentes séquences). La répartition complète des réponses (données brutes et pourcentages) est proposée en annexe 2.


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TABLEAU 2. — Réponses au questionnaire les plus fréquemment choisies


29
Au regard du tableau 2, les inférences des enfants paraissent cohérentes avec le contenu des interactions. Par exemple, les enfants répondent dans 39 % des cas que le garçon est surpris dans la séquence A. L’erreur du garçon, dans cette séquence, a en effet pu provoquer de la surprise ; 80 % des enfants pensent que le garçon est en désaccord avec son partenaire dans la séquence E. Or, celle-ci est identifiée comme un épisode de désaccord argumenté. Pour la séquence D, les enfants trouvent l’exercice facile (80 %). Il s’agit de la séquence dans laquelle le garçon sourit et affirme : « C’est facile. J’ai encore compris. » Néanmoins, certains aspects n’ont pas été repérés par les enfants. Par exemple, seulement 31 % perçoivent un désaccord entre partenaires dans la séquence C que nous avons pourtant identifié comme tel. En revanche, ils remarquent l’existence d’un problème dans cette séquence (67 %).

30
Une analyse factorielle des correspondances multiples (ACM) a été réalisée afin d’étudier comment les réponses des enfants au questionnaire d’inférences s’organisent en fonction de la séquence regardée. L’objectif est de déterminer s’il existe des patterns de réponses associés à chaque séquence. Cette analyse comporte les variables suivantes : la variable « type de séquence » (5 modalités) et les variables représentant chacune des questions (au total, 8 variables et 30 modalités).

31
Le facteur 1 explique 32,1 % de la variance totale (axe horizontal, fig. 1). Il indique que les réponses des enfants constituent deux pôles représentant la valence de la situation (valence positive ou négative). Du côté positif de l’axe, les modalités se rapportent à une « situation à valence négative » (problème, tâche difficile, etc.). Du côté négatif de l’axe, les modalités évoquent une « situation à valence positive » (fier, tâche facile, etc.). Les séquences D et E contribuent au premier facteur. La séquence E (désaccord argumenté) contribue à l’axe représentant la « situation à valence négative » et la séquence D (collaboration acquiesçante) contribue à l’axe « situation à valence positive ». Le tableau 3 récapitule les différentes modalités constitutives du facteur 1 [3]
[3]  L’analyse prend en considération les modalités contribuant...
.


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Tableau 3. — Modalités constitutives du facteur 1 (par ordre décroissant des contributions)


32
Le facteur 2 explique 12,1 % de la variance totale (axe vertical, fig. 1). Son interprétation est plus délicate. Du côté positif de l’axe, deux catégories contribuent à son inertie : la modalité « colère » et la séquence E. Du côté négatif de l’axe, plusieurs modalités apportent une contribution importante [4]
[4]  Par ordre décroissant des contributions.
 : séquence A, « honte », « il pense s’être trompé », « surpris » et « envie de travailler avec le partenaire ». La séquence A (désaccord et erreur reconnue) est perçue comme atypique par rapport aux autres séquences (contribution très élevée sur le facteur 2). Elle s’accompagne d’un pattern spécifique.


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33
Ainsi, les inférences des enfants diffèrent en fonction du type de séquence. De plus, leur organisation semble cohérente par rapport aux situations d’interaction proposées.


Les enfants produisent-ils des inférences pertinentes ?



34
Dans la mesure où les inférences demandées relèvent d’une activité interprétative qui n’est pas exacte, une norme de pertinence des inférences a été établie. Elle repose sur le jugement de deux experts (nous-même). Le score de pertinence des inférences a été établi à partir de nos analyses des séquences et de celle d’un autre chercheur spécialiste des interactions (selon la grille présentée dans la partie méthode). Comme nous l’avons exposé précédemment, nous considérons que ces analyses de l’interaction constituent une base fiable pour déterminer les inférences les plus pertinentes.

35
Nous présentons ici le principe de construction de cet indicateur. Le lecteur intéressé pourra se reporter à Gauducheau (2002) pour une présentation exhaustive. Le barème de cotation prévoit 2 points pour une réponse pertinente (cf. tableau 4).


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TABLEAU 4. — Extrait du barème de cotation


36
Un seul point est attribué lorsqu’une réponse est pertinente mais ne correspond pas à la plus pertinente. Par exemple, pour la question de l’émotion (Q1) dans la séquence D (collaboration acquiesçante), les réponses « fier » et « soulagé » ont été considérées comme les plus pertinentes (2 points). En effet, les verbalisations de l’enfant ( « C’est facile. J’ai encore compris » ) peuvent indiquer la fierté. Les expressions du visage à connotation positive (rire et sourire) conduisent à éliminer les émotions négatives (inquiet, colère, etc.). La réponse « surprise » n’a pas été classée comme non pertinente car cette émotion peut correspondre à une émotion positive ou négative selon la situation. Néanmoins, elle a été considérée comme moins pertinente que « fier » et « soulagé ».

37
Les réponses à certaines questions n’ont pas été comptabilisées, dans la mesure où aucun élément ne nous permettait de décider de leur pertinence. C’est le cas de la question concernant l’envie de travailler avec le partenaire, de la question 6 dans la séquence A et de la question 4 dans la séquence B. Le total de points maximum pour l’ensemble de la tâche est de 56 (questionnaire sur les 5 séquences).

38
Le score moyen à l’ensemble du questionnaire est de 40,1 (écart type de 3,5). Les scores se situent entre 30 et 46. Cela signifie que les enfants n’atteignent pas le score maximum. Toutefois, ce score permet de penser que les enfants ne répondent pas au hasard et que leurs inférences sont relativement cohérentes avec l’analyse d’experts.


L’importance des expressions non verbales pour réaliser les inférences



39
Les inférences du groupe des enfants ayant visionné les séquences muettes ont été comparées aux inférences produites par le groupe ayant regardé les séquences sonores. Pour ces deux groupes, les distributions des réponses au questionnaire d’inférences ont été comparées à l’aide de tests de chi² et les scores moyens de pertinence des inférences avec un test t de Student.


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TABLEAU 5. — Cas où les réponses sont liées à l’accès au son (les réponses des enfants regardant les « séquences sonores » diffèrent de celles des enfants regardant les « séquences muettes »)


40
Dans la majorité des cas, les réponses des enfants ayant vu les « séquences sonores » sont similaires à celles des enfants ayant regardé les « séquences muettes », et cela lorsque l’on examine les données pour chacune des séquences A, B, C, D, E. Il existe quelques cas où un lien apparaît entre le contenu des inférences et l’accès au son : la coopération entre les partenaires dans la séquence A, B, D et E ainsi que l’envie de travailler avec le partenaire dans la séquence A (cf. tableau 5).

41
Le score moyen de pertinence des inférences des enfants s’élève à 40,6 dans la condition « séquences sonores » et à 39,6 dans la condition « séquences muettes ». La différence n’est pas significative (t(47) = 1,02 ; n.s.). Par conséquent, la pertinence des inférences ne dépend pas de l’accès au son. Ces résultats sont cohérents avec les précédents et montrent que la présence des informations verbales et autres informations sonores n’influence pas sensiblement les inférences.


DISCUSSION



Les compétences inférentielles des enfants



42
Cette recherche propose un paradigme permettant d’étudier les compétences inférentielles des enfants concernant les états mentaux d’un pair en situation de collaboration. Les enfants de 9-10 ans réussissent plutôt bien la tâche d’inférences qui leur est demandée. Ils ont repéré que chaque séquence correspond à un épisode particulier de l’interaction. L’analyse des correspondances multiples montre que les séquences sont catégorisées en 3 types de situations. La première, à valence positive représente une certaine aisance dans la résolution du problème, de la satisfaction et un climat collaboratif entre les partenaires. La séquence D (collaboration acquiesçante) est prototypique de cette situation « positive ». À l’opposé, la seconde situation repérée par les enfants possède une valence négative. L’enfant se heurte à des difficultés. Cette situation « négative » est bien représentée par la séquence E (désaccord argumenté) mais la séquence B (co-construction) et la séquence C (désaccord non argumenté), sont également perçues plutôt comme des situations négatives. La troisième catégorie correspond à la séquence A (désaccord et erreur). Elle est associée à de la surprise, des éléments d’insatisfaction (honte et impression d’avoir fait une erreur) mais aussi des éléments d’attraction (envie de travailler avec le partenaire). Cette séquence n’est pas catégorisée comme positive ou négative. Les inférences des enfants sont assez cohérentes avec le contenu des séquences tel que nous l’avons analysé puisque les enfants opposent les séquences en fonction de leur dynamique interactive. Ils opposent la collaboration (comme la séquence D) au désaccord (comme la séquence E). Quant à la séquence A, présentant un désaccord et en quelque sorte un accord puisque l’erreur est reconnue, elle est perçue sur une autre dimension. De plus, le score de pertinence des inférences est assez élevé. Cela signifie que les inférences des enfants sont relativement proches du jugement d’experts.

43
Les résultats indiquent également que les expressions non verbales constituent des indices importants pour réaliser ce type d’inférences. En effet, les réponses des enfants sont généralement similaires, que les séquences soient sonores ou muettes, et leur pertinence n’est pas significativement différente d’une condition à l’autre. Ainsi, les comportements expressifs non verbaux ont servi à la construction des inférences et leur seule présence est suffisante pour inférer les états mentaux d’un pair non familier ainsi que d’autres aspects de la situation. Les enfants disposent de quelques informations sur le contexte de l’interaction filmée (tâche de co-résolution de mathématiques, etc.). Les comportements observés sont interprétés dans le cadre de ces informations. Rappelons tout de même que les séquences sont très brèves (11 secondes). Ce résultat accorde aux expressions non verbales un statut d’indices privilégiés pour l’accès à la vie mentale d’autrui. Cette dimension pourrait être intégrée à l’analyse des interactions sociocognitives. Dans cette perspective, Cuisinier (2002) montre qu’au cours d’une situation d’apprentissage en collaboration, les changements des comportements expressifs des enfants covarient avec des changements dans les épisodes interactifs.

44
La méthodologie proposée dans cette recherche s’est avérée fructueuse mais soulève quelques questions. D’une part, la tâche proposée consiste à produire des inférences explicites par l’intermédiaire de questions à choix unique. Il ne s’agit donc pas d’inférences spontanées observées au cours même de l’interaction. L’utilisation d’une telle méthodologie a été contrainte par les difficultés que pose cet objet d’étude (activités inférentielles probablement inconscientes et rapides). Par conséquent, il est difficile de savoir dans quelle mesure les compétences révélées à travers cette tâche d’inférences explicites correspondent aux compétences inférentielles spontanées des enfants lorsqu’ils interagissent avec autrui. Cette étude montre que de telles inférences peuvent être explicites, mais d’autres situations doivent selon nous être recherchées afin de déterminer si ces inférences sont réalisées au cours des interactions. D’autre part, l’évaluation de la pertinence des inférences devrait être affinée. L’analyse d’un score global n’est pas suffisante. En effet, les questions n’ont pas le même poids dans le score selon que l’expérimentateur peut juger ou non de leur pertinence. Il serait nécessaire de prendre en compte la variabilité des réponses en fonction des séquences, des questions et étudier les différences interindividuelles.


Perspectives



45
Nous proposons deux perspectives de recherche. La première porte sur le rôle des inférences dans l’apprentissage. Cette recherche ne permet pas de valider notre postulat de départ selon lequel il existe des activités inférentielles sur les états mentaux du partenaire lors des interactions sociocognitives. Néanmoins, elle apporte des éléments empiriques en sa faveur. En effet, nous avons montré que les enfants de 10 ans possèdent des compétences inférentielles concernant les états mentaux d’un pair impliqué dans une interaction. Il reste à déterminer si les enfants mobilisent ces compétences lorsqu’ils doivent collaborer et quels en sont les effets sur les ajustements mutuels. Une des voies possibles consiste à mettre en évidence un lien entre les compétences inférentielles d’un enfant, les caractéristiques des échanges au cours d’une situation d’apprentissage et les connaissances construites par l’enfant au cours de cette situation.

46
La deuxième perspective concerne le développement des compétences inférentielles. Dans cette recherche, les enfants de 10 ans réalisent des inférences appropriées alors même qu’elles nécessitent des traitements complexes sur la situation proposée. Les enfants doivent analyser la situation, trouver des indicateurs des états mentaux et éventuellement choisir parmi ces indicateurs ceux qui sont les plus pertinents. Par ailleurs, cette tâche implique des connaissances sur les états mentaux dans les situations d’apprentissage. Les enfants de 10 ans manifestent donc des savoirs et savoir-faire sur la compréhension des états mentaux probablement plus complexes que ceux mobilisés à 4-5 ans pour réussir la tâche de fausse croyance. On peut supposer que la capacité à prendre en compte les divers paramètres de la situation pour inférer les états mentaux d’autrui (enjeu social, contraintes, nature de l’activité, etc.) fait l’objet d’un développement. Aussi, la tâche conçue dans cette recherche pourrait être proposée à des enfants plus jeunes afin d’étudier le développement des compétences inférentielles.


ANNEXES



ANNEXE 1



47
Questionnaire d’inférences

48
Les participants choisissent une seule réponse par question.

49
1. Quelle est l’émotion du garçon du film ?

50
1. Il est surpris.

51
5. Il est découragé.

52
2. Il est inquiet.

53
6. Il est soulagé.

54
3. Il est en colère.

55
7. Il a honte.

56
4. Il est fier.

57
8. Autre chose.

58
2. À ton avis comment se passe le travail avec le copain ?


  • 2. 1. Ils travaillent bien ensemble et ils sont d’accord.
  • 2. 2. Ils travaillent bien ensemble et ils ne sont pas d’accord.
  • 2. 3. Chacun travaille de son côté.



59
3. Est-ce que le garçon rencontre un problème ou une difficulté ?


  • 2. Oui : O
  • 2. Non : N



60
4. Est-ce que le garçon pense avoir la bonne réponse ?


  • 2. 1. Il pense avoir la bonne réponse.
  • 2. 2. Il a un doute sur sa réponse. Il hésite.
  • 2. 3. Il pense qu’il s’est trompé.



61
5. Est-ce qu’il s’applique pour faire l’exercice ?


  • 2. 1. Il s’applique beaucoup. Il réfléchit beaucoup. Il cherche beaucoup.
  • 2. 2. Il s’applique un peu. Il réfléchit un peu. Il cherche un peu.
  • 2. 3. Il ne s’applique pas du tout. Il ne réfléchit pas du tout. Il ne cherche pas du tout.



62
6. Est-ce que le travail est facile pour lui au moment de l’extrait ?


  • 2. 1. Très difficile
  • 2. 2. Difficile
  • 2. 3. Ni facile ni difficile
  • 2. 4. Facile
  • 2. 5. Très facile



63
Pour les traitements statistiques, les réponses ont été regroupées de la façon suivante : Difficile (très difficile/difficile), Ni facile ni difficile et Facile (facile/très facile).

64
7. Est-ce qu’il a envie de travailler avec son camarade ?


  • 2. 1. Pas du tout envie
  • 2. 2. Pas envie
  • 2. 3. Ni l’un ni l’autre
  • 2. 4. Envie
  • 2. 5. Très envie



65
Pour les traitements statistiques, les réponses ont été regroupées de la façon suivante : Pas envie (pas du tout envie / pas envie), Ni l’un ni l’autre et Envie (très envie / envie).


ANNEXE 2



66
Réponses des enfants pour les séquences A, B, C, D, E


  • L’émotion (question 1)

  • La coopération (question 2)

  • La rencontre d’un problème (question 3)


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  • La croyance sur la réponse (question 4)

  • L’application au travail (question 5)


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  • La difficulté de l’exercice (question 6)

  • L’envie de travailler avec le partenaire (question 7)


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RÉFÉRENCES







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Notes






[1]
Université de Paris X - Nanterre, 200, avenue de la République, F-92001 Nanterre. E.mail : NNadia. Gauducheau@ free. fr,Frédérique. Cuisinier@ u-paris10. fr.


[2]
A-B-C-D-E : n = 11, B-C-D-E-A : n = 9, C-D-E-A-B : n = 10, D-E-A-B-C : n = 10, E.A-B-C-D : n = 9.


[3]
L’analyse prend en considération les modalités contribuant le plus à chaque facteur, c’est-à-dire celles dont la contribution est supérieure à la contribution moyenne.


[4]
Par ordre décroissant des contributions.



Résumé






Français

Cette recherche étudie les compétences inférentielles des enfants concernant les états mentaux d’un pair évoluant dans une situation de corésolution d’un problème. Elle vise à mieux comprendre les processus psychologiques qui sous-tendent les interactions sociocognitives ; 49 enfants âgés de 10 ans sont invités à observer de courtes séquences vidéo d’une interaction sociocognitive entre deux enfants. Ils doivent ensuite produire des inférences par l’intermédiaire de questions concernant les états mentaux d’un des enfants filmés et certains aspects de l’interaction. Une partie des participants regardent les différentes séquences avec le son et l’autre partie regardent les mêmes séquences privées du son (muettes). Les résultats montrent que les enfants produisent des inférences pertinentes. Elles diffèrent selon le type de séquence observée. Les comportements non verbaux constituent des indices importants pour produire ces inférences.

Mots cles


  • Interactions sociocognitives
     
  • Inférences
     
  • États mentaux
     
  • Expressions non verbales



English

SUMMARYInferring mental states when interacting
The present study investigates the children’s ability to infer mental states of a peer related to a collaborative interaction setting. The purpose was to understand psychological processes involved in sociocognitive interactions. Forty-nine ten-year-olds children observed short video passages extracted from a sociocognitive interaction between two children. A first group saw the different sequences with sound and the second without sound (dumb). By the mean of questions, all children had to produce inferences about mental states of one of the videotaped child and others characteristics of the interaction. Results show that all the children made relevant inferences. Inferences differ for each passage observed. Nonverbal behaviours are important cues to produce those inferences.

Mots cles

  • Sociocognitive interactions
     
  • Inferences
     
  • Mental states
     
  • Non verbal behaviours



Plan de l'article





[list=section1]
[*]INTRODUCTION
[*][list=section2]
[*]Les interactions entre pairs
[*]Inférences sur les états mentaux et interactions
[*]Comment les inférences sont-elles produites ?
[*]Objectifs et paradigme de la recherche
[/list]

[*]MÉTHODE
[*][list=section2]
[*]Population
[*]Procédure
[*]Analyse de l’interaction présentée aux participants
[*]Description des séquences supports des inférences
[*]Questionnaire d’inférences
[/list]

[*]RÉSULTATS
[*][list=section2]
[*]Quels contenus mentaux peuvent être attribués à un pair dans un contexte d’apprentissage en collaboration ?
[*]Les enfants produisent-ils des inférences pertinentes ?
[*]L’importance des expressions non verbales pour réaliser les inférences
[/list]

[*]DISCUSSION
[*][list=section2]
[*]Les compétences inférentielles des enfants
[*]Perspectives
[/list]

[*]ANNEXES
[*][list=section2]
[*]ANNEXE 1
[*]ANNEXE 2
[/list]

[/list]



Pour citer cet article



Gauducheau Nadia, Cuisinier Frédérique, « Les états mentaux d'autrui lorsqu'il interagit », Enfance, 4/2004 (Vol. 56), p. 333-356.



URL : http://www.cairn.info/revue-enfance-2004-4-page-333.htm
DOI : 10.3917/enf.564.0333

https://www.cairn.info/revue-enfance-2004-4-page-333.htm
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:29

SOMMAIRE Introduction PREMIÈRE PARTIE : SOPHROLOGIE L'hypnose La sophrologie La suggestion DEUXIÈME PARTIE : L'EXPÉRIENCE ALPHA Mind Control, biofeedback et ondes alpha La psychocybernétique Le séminaire alpha TROISIÈME PARTIE : PARAPSYCHOLOGIE Méthode de développement des facultés supranormales de Caslant Le rêve, phénomène parapsychologique Le rêve lucide L'entraînement à la télépathie Télépathie et champ affectif Des profondeurs du temps : l'aura Phénomènes d'extériorisation du corps-énergie L'expérience de Cayce La guérison à distance Les dangers de la parapsychologie Conclusion ANNEXE I : Le training autogène ANNEXE II : La formule complète de Coué ANNEXE III : A propos de la querelle sur le rythme alpha ANNEXE IV : Exercices pratiques de psychocybernétique Lexique Bibliographie Remerciements
http://livresnumeriquesgratuits.com/data/documents/La-dynamique-mentale.pdf
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:30

LES SUCRES : PARTIE 2

Pour cette deuxième partie sur notre sujet d’actualité en nutrition, les sucres, concentrons-nous sur les conséquences alimentaires du travail cognitif (ou le travail mental). Régulièrement, en consultation, on m’exprime un désir marqué pour le grignotage et une faim accentuée lors d’une période intense d’étude ou de tâches demandant plus de concentration. Voyons voir ce que la science a comme piste de réponse à ce sujet!
En fait, ce qui est maintenant démontré c’est que l’effort cognitif (étudier ou travail de bureau) augmente l’apport calorique et l’apport en sucres après cette activité.1
Le travail cognitif augmenterait l’utilisation du sucre par le cerveau, ce qui fait fluctuer la glycémie (le taux de sucre dans le sang) et a pour conséquence de nous faire manger plus par la suite. De plus, plus les tâches cognitives sont stressantes (court délai, performance, attentes élevées, etc), plus les apports alimentaires après cette activité seraient élevés puisque le niveau de cortisol (hormone du stress) est supérieur. Le cortisol est lié à une prise alimentaire amplifiée.
De plus, ce qui a été observé après un effort cognitif est une consommation plus grande des desserts sucrés. L’utilisation plus grande du sucre par le cerveau pourrait expliquer cet apport augmenté, mais un autre aspect à prendre en considération est le besoin de réconfort que nous avons lorsque nous savons que nous venons de travailler fort. Les aliments sucrés viennent souvent combler ce besoin.
Comment faire pour ne pas que le travail ou les études influencent négativement la prise alimentaire? Deux mots: Être actif!
Une étude montréalaise démontre que la pratique d’activité physique contrebalance l’effet hyperphagiant (qui stimule l’appétit) du travail mental.2
Concrètement, pourquoi ne pas aller prendre une marche en revenant du bureau pour décompresser ou planifier notre période d’étude avant une séance d’activité physique? Ce sont de petites actions comme celles-ci qui diminueront les impacts plutôt négatifs du travail mental.
Qu’allez-vous faire comme activité aujourd’hui après le travail?
Patricia Roy Dt.P.
Nutritionniste
Références:
[list="box-sizing: border-box; margin-top: 18px; margin-right: 0px; margin-left: 18px; padding-right: 0px; padding-left: 0px; color: rgb(48, 49, 51); font-family: Hind; font-size: 14px; background-color: rgb(255, 255, 255);"]
[*]
Chaput et al, Psychosomatic Glycemic instability and spontaneous energy intake: association with knowledge-based work, 2008
[*]
Lemay et al, Pediatr Obes, Exercise and negative energy balance in males who perform mental work, 2014
[/list]
http://www.lemultisports.ca/conseils/les-repercussions-dun-travail-cognitif-ou-mental-sur-notre-consommation-daliments/
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:36

Les symptômes de la ménopause: est-ce à cause d’un manque ou d’un surplus d’oestrogène?

Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 MenopauseLa vision conventionnelle de la médecine par rapport à la périménopause est que le niveau d’œstrogène est en baisse, ce qui expliquerait les symptômes vécus par les femmes qui arrivent à cette étape de leur vie. Selon la Dre Christiane Northrup, M.D., gynécologue de renommée mondiale, cette manière de voir les choses est une simplification excessive et grossière qui trop souvent mène à un traitement qui fait que des symptômes qui étaient légèrement inconfortables au départ empirent par la suite. Lors d’une ménopause qui survient naturellement, le premier changement hormonal qu’on observe est le déclin graduel du niveau de progestérone, pendant que le niveau d’oestrogènes reste dans les normales ou bien augmente. Puisque la progestérone et les oestrogènes sont supposés être en équilibre l’un par rapport à l’autre à travers le cycle menstruel, lorsqu’une hormone baisse, l’autre augmente et vice versa. Une diminution générale de la production de progestérone fera que les oestrogènes resteront alors sans opposition – donc non contrebalancés. Ceci résultera en un excès relatif d’oestrogènes, un état que l’on appelle souvent «la dominance en oestrogènes» - qui est précisément l’opposé de la vision conventionnelle. 
Voici les symptômes d’une diminution de la progestérone et d’une dominance en oestrogènes:

  • Diminution de la libido
  • Cycles anormaux ou irréguliers (le plus souvent, saignements vaginaux excessifs)
  • Gonflement (rétention d’eau)
  • Gonflement ou sensibilité des seins
  • Changements d’humeur (le plus souvent, irritabilité et dépression)
  • Prise de poids (particulièrement autour de l’abdomen et des hanches)
  • Mains et pieds froids
  • Maux de têtes, spécialement avant les règles

À l’instar du Dr John Lee, la Dre Northrup explique dans un bloque qu’on trouve sur son site web*, que si une femme commence à avoir des symptômes inconfortables à cette étape de sa vie, c’est parce que son corps détecte – et tente de s’adapter – à cet excès relatif d’œstrogène. L’excès d’estrogène est également exacerbé par des niveaux d’insuline et d’hormones du stress plus élevés. Malheureusement, les symptômes de déséquilibre des nombreuses hormones se chevauchent, et il est assez fréquent de voir une femme qui expérimente ces symptômes d’excès d’oestrogènes ou d’hormone du stress, se faire prescrire un supplément d’œstrogène ou même d’antidépresseurs. Il n’est dponc pas surprenant que des symptômes qui étaient légers au départ finissent par s’aggraver.
Au fur et à mesure que la transition vers la ménopause s’effectue, la progestérone continue à diminuer, et éventuellement le niveau d’œstrogène commencera à osciller fortement. Des pics d’oestrogènes peuvent survenir lorsque les ovaires ont commencé à permettre à des groupes entiers de follicules de croître et de maturer pendant plusieurs cycles menstruels successifs, au lieu d’un seul follicule à la fois. C’est comme si les ovaires essayaient de se hâter à «dépenser» leurs derniers œufs (ceci explique pourquoi les cas de jumeaux sont plus fréquents avec l’âge). La progestérone diminue parce que de moins en moins d’ovules matures complètent entièrement le proccessus ovulatoire.
Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 GlucidesLes ovaires sont les organes sur lesquels on se concentre le plus souvent à la ménopause, mais la base physique de l’expérience de la ménopause chez la femme, repose en réalité sur la santé de ses glandes endocrines (organes qui produisent les hormones). Les problèmes de la glande thyroïde sont très fréquents dans les années qui précèdent la ménopause et pendant la ménopause. Même si plusieurs femmes qui ont ces problèmes sont complètement asymptômatiques, d’autres peuvent souffrir d’une variété de symptômes. Parmi les symptômes les plus courants, on retrouve les changements d’humeur (plus souvent vécus sous forme de dépression ou d’irritabilité), une baisse d’énergie, la prise de poids, la confusion mentale et l’insomnie.
Les problèmes de thyroïde sont intimement interconnectés avec la ménopause. Selon le Dr John R. Lee, M.D., médecin et auteur reconnu, il appert qu’il existe un lien de cause-à-effet entre l’hypothyroïdie – dans laquelle il y a un niveau inadéquat d’hormone thyroïdienne – et la dominance en œstrogènes. Lorsque l’œstrogène n’est pas correctement contre-balancé par la progestérone, ceci bloque l’action des hormones thyroïdiennes, donc même si la thyroïde produit des niveaux normaux d’hormone, ces dernières sont inefficaces et les symptômes de l’hypothyroïdie apparaissent. Dans ce cas, les analyses de laboratoire montreront des niveaux normaux d’hormones thyroïdiennes, puisque la glande elle-même fonctionne normalement.
Les médecins qui étudient cette question de façon objective, comme la Dre Northrup et le Dr Jonathan Wright, et le Dr Lee avant eux, ont affirmé que ce problème est aggravé lorsqu’une femme se voit prescrire un supplément d’œstrogène, ce qui produit un déséquilibre encore plus grand. Dans cette circonstance, même une prescription pour un supplément d’hormone thyroïdienne n’arrivera pas à corriger le problème sous-jacent qui est la dominance en oestrogènes et il ne sera pas facile d’arriver à équilibrer la fonction thyroïdienne.
Pour comprendre davantage cet équilibre, et pour connaître les nombreuses solutions qui existent pour corriger la dominance en oestrogènes, incluant les tests hormonaux et plus encore, consultez le livre du Dr Christiane Northrup The wisdom of menopause au chapitre 5 «Hormone Therapy: An Individual Choice», version papier ou ebook . Les livres du Dr Lee seront également d’une aide précieuse, p.ex. «Tout savoir sur la préménopause» voir «Boutiques / Matériel éducatif».
http://www.santedesfemmes.com/equilibre-hormonal/1549-les-symptomes-de-la-menopause-est-ce-a-cause-dun-manque-ou-dun-surplus-doestrogene-76690475
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Alors c'était pas ça ? moi on m'avait dit : mieux vaut vivre tout à fond ta vie qui à la fin mène à la pause !!!! (il pourrait préciser quand même, mettre une virgule je sais pas, c'est important le vocabulaire, la communication, la vire gule ? comme les kit en kat, moi j'avais plutôt lu l'équilibre hors normale, et j'ai corrigé la dominance en autres qui gênent quitte à me tirer en tyrolienne  donc j'ai rien compris en fait pffff  cat on nous dit rien on nous cache tout  Wink bounce bounce bounce bounce bounce bounce bounce bounce bounce cat albino santa Approuve Approuve Approuve Approuve Approuve
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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:43

Alors je partirai je construirai des ponts des routes 

Pour que l'on se rejoigne j'enlèverai nos derniers doutes 

Pour toi je me batt'rai, je f'rai tout pour qu'on nous écoute 

Si tu es là, si tu y crois 

Je continue, je continue la route 




Donne-moi un désir 

Cela va sans dire 

Donne-moi un soupir 

Une chance à saisir 

Donne-moi un present 

Un seul vrai moment 

Juste de quoi nous unir 

Donne-moi un sens 

Donne-moi l'essence 



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Message par I am So Sure Mer 21 Déc 2016 - 22:45

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Tu connaîtras des chagrins sans raison, 
Tu croiseras aussi la trahison, 
Tu entendras leur parole à foison, 
Et parfois même jusqu'à la déraison, 

Et tu verras la bassesse, l'impudeur,
Tu connaîtras aussi l'agression,
Et tu verras des micros tendus 
Vers des femmes et des enfants nus,



Puisses-tu vivre, continuer,
Puisses-tu aimer, continuer,
Puisses-tu puiser, un peu d'eau,
Dans le puit, de tes nuits

Puisses-tu sourire, et même rire
Quand le pire est à venir,
Puisses-tu aimer, sans sourciller,
Simplement continuer,

Tu connaîtras les chagrins à foison,
Et les douleurs que tout l'monde partage,
Tu entendras des demandes et des pleurs,
Et parfois ça frisera la déraison,

Et tu verras tous ces mondes inconnus,
Que tu s'ras sûr d'avoir déjà vu,
Tu gouteras les fruits de la passion,
Et le goût amer de la désillusion,

Puisses-tu vivre,
Puisses-tu aimer,
Puisses-tu vivre,
Continuer

Puisses tu puiser,
Dans le puit,
De tes nuits,
Et rêver,

Puisses-tu vivre, continuer,
Sans sourciller et aimer,

Qui tu es (x4)

Puisses-tu aimer,
Qui tu es  cat
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Message par I am So Sure Jeu 22 Déc 2016 - 11:47

La tendresse d'être
   1. En adjoignant le verbe être au nom tendresse, le philosophe poursuit probablement son désir de sagesse. Il désigne dans la tendresse la moins compliquée des choses, mais aussi la plus métaphysique. Pour lui, et pour tout ceux qui le plus silencieusement du monde partagent son désir, la tendresse est la plus simple porte et le plus difficile chemin. La tendresse est une expérience, mais une expérience qui ne vient rien vérifier ni rien justifier : une expérience sans qualificatif, la simple et effrayante expérience d'être. En deçà et au-delà des soucis du monde des hommes, le philosophe évolue ainsi parmi les enfants et les animaux, comme certains savants vertigineusement penchés sur la physique des particules, comme les humains les plus démunis que la faim tourne parfois vers les étoiles.
   2. Pourtant le philosophe aurait tort de franchir trop vite le seuil qui sépare chaque "ici et maintenant" de la demeure de l'être. On comprend qu'il veuille s'y retirer du vacarme, et trouver ce lieu où "tout est là"; mais il ne faut pas être métaphysiquement trop pressé. D'abord parce que la porte une fois franchie se dresserait encore devant lui : la demeure se retire pour celui qui voudrait s'y retirer. Ensuite parce que les figures de la tendresse ne se dessinent que sur la trame des relations les plus ordinaires, par une sorte de travail amoureux et patient. Enfin parce que, loin d'avoir la tranquillité d'une quelconque possession (fût–ce celle d'un au–delà), la tendresse est ce qui se lève en nous devant la mort, devant le sentiment que toute existence est tournée au néant.
   3. Ce qui caractérise la tendresse par rapport à nos relations en général, c'est que les relations se relatent et se racontent, quand la tendresse ne se raconte pas vraiment. D'une certaine manière on pourrait dire que toutes nos "relations" ne sont que des formes du "récit de soi". La forme du discours de la tendresse serait plutôt celle d'un "aveu à l'autre", l'invocation, l'approbation. Les relations explorent la représentation de soi sous différents profils, la tendresse désire une présence, au point où cette présence peut être sans représentation. Les relations explorent les possibles, la tendresse s'attache à une réalité qu'elle préfère : une réalité singulière à l'infini. On peut se lasser d'une relation : la tendresse ne comprend pas qu'on puisse se lasser de quelqu'un.
   4. Au sens étroit de narrations et de représentations de soi, les relations sont le plus souvent des conduites "non perdables", "non déceptibles": elles se jouent selon des scénarios et des anticipations renforcées par la réciprocité ou la flatterie mutuelle, au point de faire effet de réel. C'est là d'ailleurs probablement une fonction essentielle de la vie sociale. Mais une relation sans déception (ou sans déceptibilité) est une relation imaginaire, même si cet imaginaire est partagé. La tendresse commence avec la surprise, avec la déception acceptée, avec le "respect" qui soudain regarde l'autre autrement, avec la joie quand le plaisir déborde l'attente. La tendresse, conduite perdable et souvent perdante, rencontre l'autre comme autre que ce que j'attends. La tendresse rencontre l'autre sans trop d'attentes.
   5. Si les relations servent, dans l'ordre social comme dans l'ordre biologique, à reproduire un appareil de reproduction, elles peuvent bien s'orner de quelques attraits ou agréments : elles sont d'abord utiles à quelque chose qui surplombe les individus, qui les dépasse, qui s'en moque peut–être. Le résidu de cette reproduction, c'est ce qui reste sur le bord de la route, ce qui va mourir : toutes ces petites singularités que sont les personnes. C'est à ces singularités que s'attache la tendresse. Ainsi la tendresse n'a–t– elle pas de but social ni biologique en dehors d'elle : elle est là, toute présente. La tendresse est pour rien, "pour la gloire de Dieu". Elle est ainsi la seule chose qui puisse répondre à la hauteur du vertige qui s'empare des personnes face à la mort, à la perte, à l'absurde.
   6. Les relations obéissent à la loi de la réciprocité. Elles obligent chacun à tenir compte de ce qu'a fait l'autre, et à adopter à chaque niveau une conduite similaire ou adaptée. Les relations exercent une comptabilité des "dettes", positives ou négatives. Elles tiennent le compte de savoir à chaque fois qui a commencé. Mais chaque fois que dans une relation on ne tient plus compte de qui a commencé, chaque fois que les dettes contractées ne comptent plus, c'est le signe qu'une tendresse s'est glissée dans la relation. À la limite, dans la tendresse, la relation devient indifférente. C'est quand je suis désintéressé de la relation que je peux rencontrer l'autre : parler soudain d'un point où la relation n'a plus d'importance. Alors véritablement je suis devant l'autre, sans intermédiaire.
   7. La tendresse est la seule preuve que nous puissions donner de l'existence des autres et même des choses. La tendresse la plus simple c'est comme intervenir pour arracher l'autre au bord du néant. C'est pourquoi la tendresse est infiniment consolatrice : elle console sans même avoir recours à des consolations. Elle ne juge pas, elle n'argumente pas : elle laisse être, elle est comme une rêverie vers l'autre. Qu'une chose soit, indépendamment de mon existence, qu'il y ait cette existence distincte de la mienne, cela suffit à la tendresse ; elle en est contente. La tendresse a même un certain rapport à la connaissance, un rapport d'ignorance sue et reconnaissante : savoir que telle ou telle chose ou personne existe et que je n'en sais rien. Dans le silence, la tendresse est la seule preuve de l'existence.
http://olivierabel.fr/nuit-ethique-le-courage-et-la-fragilite/la-tendresse-d-etre.php
piquée là : https://www.zebrascrossing.net/t29177-la-tendresse#1206493
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Message par I am So Sure Jeu 22 Déc 2016 - 11:48

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Message par I am So Sure Jeu 22 Déc 2016 - 11:48

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[size=44]Entre art et science, Tripwire interroge le temps[/size]



Du 1er au 9 octobre, l'espace CentQuatre, à Paris, accueille une œuvre dont la physique surprend. Des élastiques en rotation forment des nœuds et des fuseaux, c’est Tripwire.
Anaïs van Ditzhuyzen, le 22/07/2011
Dans l’immense salle noire, un cadre aux dimensions de la pièce supporte un « écran » peu ordinaire : 24 élastiques blancs tendus à la verticale. La lumière s’éteint. Les élastiques éclairés entrent en rotation, dessinant dans l’espace des formes fuselées. Ces sinusoïdes produisent une illusion de volume aussi envoûtante que les sons ténébreux qui emplissent l’espace. Un spectateur s’approche, l’élastique oscillant accélère et passe par un stade chaotique, comme un voile au vent.


L’œuvre, fruit du travail de Jean-Michel Albert, étudiant au Fresnoy à Tourcoing, et de Ashley Fure, compositrice à l’Ircam, entre en interaction avec le public. « Chacun fait de la science à son insu », estime Jean-Michel Albert. Après quelques minutes de féérie, la lumière se rallume. Assoupi, le public redécouvre la forme initiale de cette œuvre d’art nommée Tripwire.

A l’origine, un cours de physique



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Expérience de Melde© Wikimedia Commons
« Lorsque j’étais en terminale L, je n’étais pas très bon élève mais une expérience m’a marqué, celle de la corde de Melde. » Dans les années 1850, le physicien allemand Franz Melde étudie les ondes. Un moteur crée une perturbation à l’extrémité d’une corde qui se propage et rebondit à l’autre bout. Deux ondes progressent alors en sens inverse. Portées à la même vitesse, elles s’annulent en formant des nœuds et des ventres. Elles semblent statiques, ce sont des « ondes stationnaires ».
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Onde stationnaire© Wikimedia Commons
« En utilisant un stroboscope, notre professeur a pu figer la sinusoïde. C’était très beau,s’émerveille encore, dix ans plus tard, Jean-Michel Albert. Et l’année dernière, j’ai repris contact avec mon professeur de physique. Il a pu me donner les détails permettant de reproduire cette expérience. Je la trouve particulièrement intéressante car au travers des ondes elle permet de manipuler le temps. »

Illusion de temps dans l’espace






Les scientifiques représentent généralement le temps à l’horizontale, sur l’axe des abscisses. « Pour moi, il doit être à la verticale, explique Jean-Michel Albert. Cela permet de le dissocier du sens de lecture. Le temps n’a pas de sens, ni de droite, ni de gauche. »
Je m'exile aphone à pattes d'ours de velours pour jusqu'à un de ces cats... sont gris, souris... - Page 3 Zoom_8



© DR
Jean-Michel Albert s’est attaché à travailler dans les trois dimensions en projetant par exemple des images en arrière-plan. C’est le cas de cette grille blanche qui quadrille l’œuvre et suggère une représentation de l’espace-temps.
« Je voulais que le visiteur puisse interagir avec l’œuvre. » Pour cela, il a caché des capteurs reliés aux moteurs dans le socle. Ils détectent par infrarouge la venue d’un spectateur. « Avec Ashley Fure, nous avons choisi de synchroniser le son, les images et la vitesse des moteurs par ordinateur. » Chaque scène a été pensée par les deux artistes. Ainsi, lors de la venue d’un spectateur le fuseau se déforme, la spirale s’emmêle et la musique gronde. C’est le chaos. Sur les élastiques statiques, des points lumineux dégoulinent doucement. Comme le générique de Matrix... au ralenti. « Pour moi, la vitesse est un mal symptomatique de notre société. Cette illusion d’immobilité dans un mouvement si rapide me parait apaisante. D’ailleurs, lors des premières journées d’ouverture au public début mai, des gens sont restés allongés dans la salle une heure. »
L’histoire ne dit pas si la version finale de l’œuvre sera projetée face à un tapis matelassé, proposant au public un petit somme artistico-scientifique...
http://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/science-actualites/detail/news/entre-art-et-science-tripwire-interroge-le-temps/?tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&cHash=a39734814e2e12e2af6570dc6ee87e6f
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Message par I am So Sure Jeu 22 Déc 2016 - 11:49

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Message par I am So Sure Jeu 22 Déc 2016 - 11:50

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