366 réels à prise rapide : exercices d'écriture quotidiens

16 septembre : une affiche
17 septembre : dommage
18 septembre : moment du réveil
19 septembre : profonde pensée philosophique

16 septembre : une affiche.

Ce n'est pas une affiche, pas à proprement parler. Pas de réclame tapageuse, pas de bien matériel à vendre, pas de bonne humeur obligée, pas de jeu de mot lassant. C'est une plaque, comme on en voit au bas des immeubles pour signaler un médecin, un cabinet d'avocat ou de conseil. Une plaque au bas d'un immeuble qu'on pourrait dire bourgeois, dans une rue d'un quartier que l'on dit chic, ou beau, une rue qui tient à tenir son rang : deux ambassades, quelques hôtels particuliers, un commissariat plutôt bien loti, une clinique de chirurgie esthétique. Je passe, j'ai à faire au bout de cette rue, je marche néanmoins en observatrice des signes pouvant attester des moeurs autochtones.

Vision périphérique, une tache blanche, je tourne la tête par réflexe, je lis :

Le Conservateur
Gestion d'avenir
Depuis 1844

Je stoppe, je contemple, je souris. Peut-on trouver plus beau paradoxe ? Contradiction si fière d'elle-même ? Temporalité pareillement enroulée en un vertige conceptuel qu'on peine à exprimer ?

Voilà, c'est donc ça. Un vortex en plein 16ème.

Bonne idée Inkakurrpa :-)

16 septembre : une affiche.

Ce n’est pas une affiche [non plus], puisque c’est un panneau… de signalisation, fait-main. Est-ce alors un faux ou un vrai ? Une vraie affiche cachée derrière un faux panneau, dirais-je, rappelant aux automobilistes une information non officielle mais bien réelle. Occitanie : 58 km, fléché dans la bonne direction, en caractères bleus sur fond blanc. Peut-être la retrouvera-t-on en jaune et noir, à l’entrée de la Catalogne…

17 septembre - D/Hommage.

Papi n'était plus là. Il me tenait la main dans la rue, je l'ai lâchée - pas longtemps, juste pour voir les gros poneys de la gendarmerie - et papi n'était plus là.
Je me souviens encore aujourd'hui de l'odeur de sa moustache, et comment sa mèche de cheveux d'habitude rabattue sur son crâne prenait des libertés sous la tramontane. Je revois l'armoire où il planquait les morceaux de sucre chipés au café, sa pantoufle gauche toujours plus usée que la droite, ses gros doigts noueux qui rattachaient parfois mes lacets.
Si je n'avais pas regardé les poneys, ce jour-là, j'aurais vu une dernière fois papi visser son chapeau sur sa tête et se diluer dans la foule avant de disparaitre de ma vie.

17 septembre : dommage

Dommage ce gris autour de ce bleu qu'on voudrait entier
Dommage ce mur autour des gens
Dommage ces villes faites pour qu'on y passe seulement
Dommage ce flash qui m'aveugle en voiture
Dommage ce vide idéologique qui habite nos têtes dites pensantes
Dommage ce monde dur qu'on voudrait doux
Dommage cette liste que je commence à trouver longue

19 septembre - Aujourd'hui profonde pensée philosophique.

Je ne m'autorise à penser à ce qui m'apaise qu'en réalisant le plus grand des sacrifices. Il faut en effet, pour conserver l'équilibre de l'esprit qui, sans cesse, chancelle - on dirait que ça l'amuse - choisir de garder soigneusement enfermées tous les contre-exemples et toutes les contradictions qui viennent. Toute pensée satisfaisante n'est qu'éphémère car, d'une certaine façon, elle n'est qu'illusion.

La profonde pensée philosophique
La voilà l'excavatrice a godets qui arrive à point nommé. Un gouffre est à creuser pour y loger voire y enfouir toute ma pensée philosophique qui encombre mes combles en ce moment. J'ai hâte de m'amuser bientôt aux futurs carottages que je vais pouvoir organiser pour contempler ces belles pensées, désormais profondes maintenant et y mirer l'homme dans toutes les dimensions que j'aurais vues....

12 Octobre : pas bien rangé

Rentrer à Maison pour constater la même chose à chaque fois : rien n'est rangé ici ! Le bureau sur lequel j'écris est un véritable dépotoire, assiettes empilées, signes de mon errance quotidienne et continue devant ma petite fenêtre qui donne sur le monde entier. Signe d'un manque d'estime de moi ? Il faudrait être fou pour penser ça. Non c'est juste qu'empiler les assiettes permet de les ramener toutes d'un coup, comme ça pas besoin de faire plusieurs allers-retours. Non mais qu'est-ce que je raconte ? Il y en a trop pour que j'emmène tout d'un coup ! Je vais occulter ça ce soir et je verrai demain. Je vais me coucher. Lit défait. Qui est le premier à avoir fait son lit ? Il devait être super influent parce que tout le monde fait pareil maintenant. On n'a pas l'air con quand on le défait le soir.
En fin de compte on exige de moi que je range Maison, mais il faudrait pas que je commence par ranger ma vie ? Remarque, ranger sa vie, c'est peut-être un peu comme faire son lit ..
Désolé je respecte pas les règles mais bon .. Première fois que je m'essaye à ce genre d'exercice ! C'est sympa en fait !

29 mars : Aujourd'hui ça change tout le temps.
 
Poussées par l’Homme les dunes avancent, la végétation recule. Alors on plante des panneaux sur ce sol nu, aussitôt transformé en "zone de régénération naturelle". Panneaux que l’on veut mobiles, quand on espère durables les ganivelles où le sable est parqué. L’an passé la frontière fantôme entre zone textile et naturiste était inscrite dans l’alignement de ce mât. Celui qui prend l’habit avait déjà gagné du terrain sur celui qui l’habite en haute-saison, s’y promène dans son plus simple appareil.
Aujourd’hui, hors saison, on naviguait d’un côté de l’autre à son gré, tant qu’aucune limite n'est encore posée.

3 avril : deux jours après la fin des poissons.

Ces deux jours lui avaient paru les plus longs de son existence. Complotiste par nature, il avait toujours imaginé que tout se passait dans son dos, que tout était décidé au sein de sombres officines. Cela devait bien remonter à l'enfance quand, lors de ces jours fatidiques une fois l'an, on lui accrochait dans le dos la sinistre effigie marine. Il savait pourtant qu'il n"était plus seul, mais, terrorisé à l'idée qu'un intrus, même de papier, squattait son univers, il lui était impossible d'y glisser la main, ou d'un habile jeu de miroir, vérifier la présence inopportune. Sa paranoïa venait de là sans doute, sans cesse persuadé qu'on riait de lui, qu'on parlait de se ses travers, qu'on décidait pour lui.
C'était par souci de simplification qu'il a avait préféré accepter l'idée que tout se décidait ailleurs, et pour tout le monde, au détriment de tout l'humanité.
Mais cette fois, il avait vu juste en remarquant que l'eau avait changé de visage, plus limpide, plus "inhabitée". Il fallait se rendre à l'évidence : en tout cas à proximité, tout le règne animal sous marin avait disparu. il avait passé l'ensemble du week-end à rassembler toutes les informations à ce sujet, soit sur les réseaux sociaux, sur internet en général, confirmant à l'échelle mondiale la disparition soudaine des poissons. il attendait avec une fébrilité formidable l'ouverture des poissonneries le mardi pour confirmer son intuition profonde.
Que s'était il passé pour qu'un tel cataclysme vienne à se produire et de façon si soudaine? une réaction en chaîne, le réchauffement climatique, la raréfaction des abeilles et l'impact sur la pollennisation?
...
Enfin, le son strident du réveil vînt le sortir de l'impasse où il se trouvait, le ramenant vers une vérité moins oppressante mais tout autant dérangeante. ....le sole meunière de la veille n'était réellement pas fraîche...

Bonjour quel est le theme du moment?

Aujourd'hui laisser passer le petits papiers

La cloche de l'ecole sonne deja.
Au programme du jour: education physique et sportive,il faut apprendre a se plier! Un bon papier est un papier qui se plie,d'un seul mouvement,sans retouche.Ils ont ete beaucoup a se tordre dans tout les sens pour y arriver: le bristol a eu pas mal de difficultés,trop raide le bristol!
Le Canson n'ont parlons pas, un grain pas assez souple non plus quand au petit crepons,il s'etait mu en une pliure douteuse,plus qu'incertaine.Non,le gagnant de la journée a été le petit Origami!Une pliure parfaite des le premier essaie,et une souplesse sans egale.Il se plie tellement bien qu'il peut devenir ce qu'il veux.Je vous le dit,ce petit ira loin!
Bref,comme je le disais,la cloche de l'ecole venais de sonner. Les mamans papiers s'attroupais deja derriere le portail de l'ecole quand d'autres, auvolant de leur voiture,sentait leur arrivee proche.Aux abord de l'ecole,on pouvais voir un panneau de signalisation sur lequel etait ecrit " laissez passer les petits papiers"

12 Avril : Ils vont bien ensemble.

Ils vont bien ensemble ces deux là. Toujours fourrés l'un avec l'autre. Leurs couleurs s'accordent. Couleurs printanières à couleurs d'été, tout dépend de la saison, de l'humeur ambiante. Ils se ressemblent tellement. Mais qui se ressemble s'assemble, n'est-ce pas ? Ca doit être pour ça qu'on a choisi de les mettre ensemble et de leur permettre de reste l'un à côté de l'autre. Bien sûr, il ne faut pas les confondre, car chacun a son utilité.
Ils vont bien ensemble, ces deux torchons.

13 Avril : Une pièce particulière.

En entrant dans cette pièce, des souvenirs d’antan me reviennent comme dans un film. Je me souviens. Ici, je jouais aux poupées avec mon frère. On les faisait parler, on leur imaginais une vie, à chaque fois différente. Ah, et c'est ici que je me suis fait la cicatrice présente sur mon genoux. On jouait à chats avec mes frères, quand je heurtai ce coin de plein fouet. Aïe. C'est là que mon chat aimait se poser et se faire caresser, là où un faisceau de lumière passait lors des jours ensoleillés. Et c'est là où je me tiens actuellement que me regardaient mes parents jouer, m'amuser.
Cette pièce, la pièce de mon enfance.

18 Avril : ça n'aurait pas dû se passer ainsi.

Regards croisés. Sourires échangés. Moments de complicité partagés. Des années d'amour et de sincérité. Quand soudain, tout s'écroule. Une dispute. L'un part, énervé. L'autre reste là immobile. Le choc. Allongé par terre. Plus un geste. Plus aucun signe de vie. Elle apprend ce qui est arrivé. Elle s'en veut. Elle ne sait pas comment vivre désormais.
Mais ça n'aurait pas du se passer ainsi. Retour en arrière. Je refais l'histoire à ma manière. Ils finirent heureux et eurent beaucoup d'enfants. C'est ainsi que l'histoire se finit.

@Zèbracorne : tu écris magnifiquement bien !!

Merci beaucoup Tylline

19 Avril : Mains touchées.

Une rencontre. Un homme. Une femme. Un coup de foudre ? Peut être. Des sentiments ? Sûrement. Des discussions. Longues et passionnées. Puis un jour tout s'accélère. Mains effleurées. Regards échangés. Sourires complices. Des liens se tissent. Rapprochement certain.
Mains touchées. Baisers échangés.

22 Avril : Je renonce à.

Aujourd'hui c'est décidé, je me prends en mains. Je renonce à toutes ces vieilles bricoles qui encombrent mon salon, et je l'aménage à mon image. Je renonce à croire en l'existence du prince charmant, et je laisse la vie faire les choses. Je renonce à l'idéal du bonheur, et je remercie la vie pour chaque instant qu'elle me donne. Je renonce à vouloir ce que je n'ai pas, et j'admire les simples choses de la vie. Je renonce à la recherche de la perfection, et j'apprends à m'aimer comme je suis. Je renonce à m’apitoyer sur mon sort, et je profite de la chance que j'ai.
Je renonce à mon passé, j'accède à mon présent.

27 Avril : Table de.

Table de mariage, il n'y a pas d'âge.
Table de repas en famille, et jeux de billes.
Table de cantine, on enlève les tétines.
Table de débats, on est d'accord ou pas.
Table de jeux, on s'amuse avec eux.
Table de ping pong, n'y allez pas en tongs.
Table de jardin, on ira demain.
Table de chevet, idéal pour un mois de mai.
Table de cuisine, c'est là qu'on dîne.
Table de salon, amenons les bonbons.

Une table n'est qu'une simple pièce de bois qui a le pouvoir de rassembler des personnes pour partager des moments de convivialité et de bonheur.

22 Avril : Aujourd'hui, je renonce à

Pour moi, plus de demains. Je me suis percé le ventre à vouloir sortir les mots, je me suis coupé les mains à vouloir toucher mes rêves, je me suis rappé les genoux en courant sur le chemin. écroulée sous le poids de l'attente, j'abandonne ma vie à l'instant, qu'il m'envole, plus loin que le temps qui file.

4 mai : Aujourd'hui, insecte

Alors, elle s'est mise à tourner autours de moi en cercles concentriques. Je n'arrivais pas à la quitter des yeux... Sa beauté gigantesque, sauvage me bouchait toute la vue. Le moindre de ses mouvements me résonnait dans tout le corps. J'ai cessé de me débattre.
Je ne pouvais déjà plus bouger lorsqu'elle a commencé à me manger les ailes. Je sens encore un picotement délicieux à l'endroit où se trouvait ma tête. Bientôt, je serai elle toute entière, campée sur la toile, attentive à la prochaine secousse.