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Message par Invité Lun 18 Fév 2013 - 17:47

A l'origine de ce sujet, il y a ces mots de Mog*why à la fin de ce message qui dit en substance que la découverte/analyse/compréhension/revécu de ses douleurs passées via une longue psychothérapie ne l'ont pas soulagé autant que le fait de se découvrir zèbre.

J'ai commencé une psychothérapie il y a un peu plus d'un an, laquelle m'a fait connaitre ,au bout de six mois, une intense libération, - très émouvante -, fondue comme neige au soleil depuis. J'ai connu aussi, lors de mes premières IRL, une libération de même nature, une joyeuse acceptation de mon fonctionnement singulier, qui plus est partageable avec d'autres, fondue aussi comme neige au soleil. J'ai connu en tout et pour tout quatre périodes extraordinaires dans mon existence, quatre périodes de grâce, de total rétablissement psychologique, s'étalant chacune de plusieurs jours à plusieurs semaines, et toutes perdues, car implacablement suivies par un insupportable réenfermement en moi-même.

Pourquoi ? Quelle partie infectée de moi-même fini par recontaminer tout le reste ?

Actuellement, je suis en phase d'enfermement psychothérapeutique. C'est à dire que les murs de ma prison sont faits de toute la matière psychologique emmagasinée depuis plus d'un an. A l'instar de ce que décrivait Mog*why, j'ai appris à me connaitre psychologiquement, j'ai découvert l'origine de mes souffrances, l'écho d'événements passés avec ma situation actuelle. Au début, cela m'a fait beaucoup de bien. Et désormais, ça tourne en rond. J'ai beau savoir pourquoi je ne vais pas bien, ce n'est pas cela qui m'aide à aller mieux.. Au contraire, ça m'alourdit. Je noue une relation de plus en plus pesante à moi-même par le truchement d'un "moi psychologisé".

De même, j'ai connu, il y a quelques années, un enfermement dans un moi "spirituel". Ayant pas mal bourlingué/lu/expérimenté de ce côté là pendant des années, j'ai décollé un jour, j'ai volé dans les cieux grands ouverts, et je suis retombé lourdement à terre, où j'ai continuer à bouffer du spirituel, du philosophique, jusqu'à l'indigestion, sans jamais plus connaitre la moindre élévation. (en revanche je suis passé à côté du moi physiologique : ni mon cerveau, ni mes hormones, ni mon anneau pylorique ne m'ont beaucoup pesés)

Alors je m'interroge : sont-ce vraiment des informations que nous assimilons qui nous libèrent, qui nous soulagent ? Ou ce soulagement provient-il d'autre chose ? Si c'était bien la connaissance de soi, de sa biologie, ou la compréhension du "fonctionnement du monde" qui nous libérait, comment se fait-il qu'en approfondissant cette connaissance, on ne se sente pas davantage libéré, mais plutôt de plus en plus alourdi ?

Une relation saine avec soi, c'est, d'après mes souvenirs, une relation légère. Quand je vais bien, je ne me pèse pas. Je suis disponible à l'autre. Je suis tout ouvert. L'autre en devient même passionant à rencontrer. Qu'il soit humain, chat, zèbre, ou chose inanimée... il y a toujours de la place pour lui, en moi. Mais cette joie de la rencontre - et de la vie en général - s'estompe au fur et à mesure que je me réencombre de moi-même, que ce soit par une image positive de moi-même (narcissisme et dépendance au regard de l'autre) ou par une image négative (dépression, autodévalorisation). Je retourne dans le monde de la pesanteur et de la fermeture.

Quel est donc ce mécanisme qui m'a fait si souvent choir ? Et quel est celui qui m'a quelquefois libéré ? Comment entretenir une relation saine à soi-même ? Comment rester léger ?

Je crois avoir trouvé un début d'explication. Mais c'est assez frustrant : on a beau comprendre, trouver que ça fait sens, on se rend compte que cette compréhension nous est inutile. Voire même nocive.

Ce qui m'a fait du bien, rétrospectivement, dans mes découvertes spirituelles, psychologiques, ou dans les premières IRL, c'est d'une certaine manière, de réaliser, de façon très soudaine, que je n'étais pour rien dans ce que j'étais. Lorsqu'on comprend comment nos douleurs d'enfant agissent sur notre personnalité actuelle, on lâche celui qu'on croyait être et l'on retrouve son innocence perdue. Lorsqu'on découvre que le fonctionnement que l'on imaginait personnel (et mal foutu) est aussi celui d'autres personnes (et tellement aimable chez l'autre), il y a comme une surprise qui nous serre le coeur, un étonnement, qui nous arrache de notre prison (si tant est qu'on veuille bien se laisser faire) et nous fait choir aussitôt au centre de nous-même. Là, oui. En plein milieu. Là où l'air est bon à respirer, où le coeur palpite, où le monde est beau. La où "moi" n'est plus cet agglomérat de souffrances mal assimilées, ni cette mécanique biologique complexe faite de lobes temporaux pariétaux chauffés à blanc, mais un espace sans limites, diaphane, transparent. Léger, léger ! Le bonheur, la liberté, la vie. Moi libre de moi !

Il faut comprendre ce qui s'est passé pour comprendre ce qui se passera de nouveau quand "moi" se rechargera de toutes ses chaines de toutes ses représentations douloureuses de lui-même : ce choc, cette surprise initiale, c'est comme un coup de ciseau qui rompt le lien entre la partie saine de moi et la partie malade. Lorsque je réalise que je ne suis pour rien dans ce que je suis, que c'est la vie qui m'a fait comme ça, que je n'ai pas à porter ce poids d'être tel que je suis, ni à résoudre ce qui ne m'appartient pas, je me sens comme désapproprié de moi-même. Et ce moi-même est vu pour ce qu'il est : une construction mentale, rien, du vent ! Elle n'avait que la réalité que je croyais lui prêter. Mais je suis un autre. Inversement, lorsque survienne des difficultés existentielles, et que je fouille en moi-même pour tenter de résoudre ces problèmes, que je ne veux m'appuyer que sur mes propres force, car je me suis persuadé que la vie ne fera rien pour moi, et que j'en viens à détester qui je suis, et que je cherche à me changer, par une voie spirituelle, par une voie psychologique, par un contrôle de moi-même sur moi-même, je roule de nouveau ma petite pelote infectée qui va grossir, grossir, grossir, et je vais me charger de tout le poids de mon histoire, de tous le poids de la tristesse que je provoque autour de moi. Et me voilà de nouveau tout encombré de moi, asphyxié en moi, à la fois incapable de rencontrer l'autre et incapable de trouver dans cette énorme pelote le moindre levier pour briser les barreaux de ma prison.

Jusqu'au jour où, venant de l'extérieur, la vie me tendra une perche et je lâcherai ma pelote en reconnaissant que oui, c'est vrai, j'avais oublié : je ne m'appartiens pas. Je ne suis pas le créateur de ma personne. Je ne suis que créé par le monde.

Et cette compréhension là, je ne pourrais jamais m'en servir pour tenter d'agir sur moi même : je ne ferais que recommencer une nouvelle pelote !

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Message par tagore Lun 18 Fév 2013 - 20:42

Bonsoir,

Je trouve très positive ta démarche d'écrire ce long message.

Une piste, peut-être : tu parles beaucoup de ton fonctionnement psychique interne, et je suis persuadé en effet qu'il y a là quelque chose qui influence de façon importante le vécu quotidien,

mais qu'en est-il de ton environnement, des choix de vie qui structurent ton existence : t'apportent-ils une satisfaction profonde ? Il me semble qu'il y a là tout autant matière à travail, et amélioration possible...

Quelles sont les choses qui t'apportent du plaisir ? Peux-tu les cultiver davantage ?

à bientôt !
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Message par Tav Lun 18 Fév 2013 - 23:24

Bonsoir mon cher monsieur Smile

Nous sommes inscrits dans un cercle vicieux, engendré par notre personnalité, notre histoire, nos actes et le monde qui nous a entouré. Oui, c'est très dur d'en sortir. Oui, on y replonge, souvent, malgré nous. On voit la lumière au dehors et pourtant, quelque chose nous retient au fond de la cave, ou plutôt de la caverne dirait certains philosophes ^^.
Tu parles de cette vérité qui auparavant t'étais inconnue, ne penses-tu pas que tes passages à travers ces moments de vérité profonde, de retrouvailles avec toi même, soient déjà le départ d'une nouvelle considération de toi même ? Celui qui voit la magnifique lumière du dehors peut-il l'oublier ? Si en tant que zèbre on fait sans cesse cet aller-retour entre le le bonheur et la dure réalité, je pense qu'il est important de voir qu'on à déjà fait le chemin, dans les deux sens, qu'on le connait, et qu'il reste à le retrouver Smile Si tu ne peux retrouver ce chemin, alors c'est simple, crées-le ! Personne ne le fera à ta place, car c'est toi seul qui ira voir l'oracle.
Les questions que tu poses tu en as sûrement déjà les réponses, mais de la même manière qu'on construit un bâtiment, il faut accepter que ces réponses soient dures, longues et éreintantes à construire.

Pour être simple, d'abord accepter que l'horizon soit beau; puis poser les pierres, une par une, pour y parvenir.
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Message par Invité Mar 19 Fév 2013 - 12:00

Bonjour Tav et Tagore,

Vos messages sont pleins de bienveillance et de sollicitude, et pourtant ils m'embarrassent, car je ne demandais pas de conseils. Je tentais juste une approche, par les mots, d'un mécanisme mental : le soulagement psychologique, et son contraire : l'encombrement "de moi par moi". En me relisant, je constate que ce n'était peut-être pas si clair que ça. Merci pour votre gentillesse et pardon de ne pas la recevoir avec tous les égards qu'elle mérite.

Mon embarras est en partie à mettre sur le compte de ton avatar, Tav. Voir débarquer le Prosopopus sur ce post m'a renvoyé à l'homme complètement anéanti à qui il vient en aide dans cette excellente ( et terrible !) BD. Non, je ne vais pas aussi mal. Je suis même dans une bonne période. Et je n'évoque mon propre mal-être que pour illustrer mon propos.

Ceci dit, la question du plaisir, Tagore, est intéressante : dans le plaisir, effectivement, on s'oublie. Prendre du plaisir à quelque chose, c'est se désencombrer, le temps de la chose, d'une relation compliquée que l'on noue à soi-même. Mais dans les cas extrêmes, - dépression sévère, ou grande douleur psychologique - il n'y a plus de place pour le plaisir.(Ce serait comme proposer de faire l'amour à un grand brûlé pour soulager sa souffrance).

De même l'environnement, je pense, est dans une grande mesure (et peut-être même totalement) coloré par nos dispositions intérieures. Un exemple : j'habite dans une jolie petite maison. Motif a priori légitime de satisfaction. Et bien dans des moments de mal-être aigu, cette source de satisfaction se renverse et devient motif d'affliction : je m'en veux encore plus d'être mal dans un endroit si agréable.

Tav, tu parles de retrouver le chemin. J'en suis venu à penser (et c'est ce que j'essayais de dire plus haut) que ce chemin se trouve sans recherche. Que nos efforts pour y parvenir ne font que nous en éloigner davantage. Le seul effort exigé serait celui-là : d'arrêter de croire que nous avons le pouvoir d'agir sur nous-mêmes. C'est cette reddition totale qui nous ramène à la maison.

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Message par Fata Morgana Mar 19 Fév 2013 - 12:30

Je me demande parfois si nous ne nous en demandons pas trop. Non seulement nous aimerions sortir des bloucles malsaines, soit, mais aussi de ce qui est notre personnalité et qui en tant que tel est inamovible...Excès de zèle.
Je ne sais pas quelle part a, dans l'image que nous nous faisons du bonheur, un désir de perfection moins louable.
Je ne pense pas qu'ici-bas nous cesserons de (nous) souffrir.
L'acceptation est peut-être bien une porte de choix pour franchir des étapes.
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Message par tagore Mar 19 Fév 2013 - 16:30

Bonjour,

Merci pour ta réponse, je comprends mieux ta démarche désormais. Il me semble que l'ambiguïté que tu soulignes existe dès lors que l'on interagit via un forum, qui appelle davantage à des réponses formulées en mots qu'à un simple acquiescement non verbal (beaucoup plus facile dans un contexte d'écoute courant). D'ailleurs, il me semble que tu renforces cette ambiguïté en rebondissant, finalement, sur nos remarques Wink

Tu dis aussi au fond que l'expression d'une forme de compassion chez nous t'embarrasse un peu, car elle te renvoie une image inexacte de toi-même (en réalité, tu vas plutôt bien). Tu as sans doute raison, culturellement parlant, mais en même temps il me semble que l'expression d'une écoute ou d'un souci d'aide ne devrait pas se limiter aux situations pénibles. Ce que tu as peut-être perçu chez moi comme une forme de "charité", au mauvais sens du terme, pour moi c'est plutôt une attention à un développement harmonieux, à une démarche d'épanouissement, de réalisation. Il y a bien un espoir de progrès formulé, mais incluant la "marge positive", ne se limitant pas, donc, à celle négative. Je pense que cela fait une nuance importante : pour moi, essayer de te comprendre ou te donner quelques pistes ne revient en aucun cas à "t'inférioriser" de manière tacite. Je pense profondément que chacun a sa richesse propre et qu'il y a une valeur irréductible dans chaque subjectivité incarnée, indépendante de toute position relative à autrui.

Sur le fond maintenant, au sujet de notre environnement quotidien, des choix de vie qui le structurent, tu évoques la grande maison. À mon avis, ce n'est pas à négliger (même si plus que la taille de la maison, ce sont plutôt des choses comme la lumière, l'aération des pièces et des objets, le sentiment de familiarité, les souvenirs positifs associés, etc. qui jouent le plus sur notre bien-être au quotidien, à mon avis), mais ce n'est jamais qu'une dimension parmi d'autres.

Il y a d'autres choix de vie sur lesquels il me paraît encore plus fécond de réfléchir : notamment, 1) le sens perçu et le plaisir pris aux études ou au métier que l'on fait, 2) les personnes avec qui l'on vit (conjoint-e, animal, famille, amis...), et 3) nos choix d'activité au quotidien. Tout cela peut faire une différence importante il me semble, surtout en prévention. Car oui je veux bien admettre qu'une fois une crise arrivée, il faut quelque chose de plus puissant à court terme ! - le soutien émotionnel d'un ami à qui l'on se sent authentiquement lié, par exemple, voire une prise en charge médicale.

Mais pour finir sur les "stratégies" psychiques individuelles, tu écris par exemple : "je m'en veux encore plus d'être mal dans un endroit si agréable". Il me semble que l'autocompassion est ici cruciale. C'est très frappant je trouve, la manière dont les gens réagissent de manière différente à une forme d'échec ou de déception : certains auront tendance à se dire qu'ils sont nuls, s'en vouloir, etc. tandis que d'autres auront adopté au fil du temps - et grâce à l'aide de leur environnement, familial notamment, par mimétisme - une stratégie psychique différente et plus efficace, avec une forme de distance analytique vis-à-vis de sa propre réaction, et très compréhensive, et compassionnée, exactement comme cela peut être le cas vis-à-vis de quelqu'un d'autre. Il s'agit de comprendre que la part du "sujet libre" dans tout cela, notamment, n'est pas si grande qu'on voudrait bien le penser, et que la solution ne se situe pas tellement dans le fait de se faire violence d'une manière momentanée, mais bien plutôt dans un travail sur des mécanismes de réaction plus ancrés, donc sur le long terme, petit à petit, avec compréhension, toujours.

Sur ce je ne peux m'empêcher de mentionner Thich Nhat Hanh, qui parle de la compréhension comme du fondement de l'amour. Cela s'applique également à soi-même, je crois Smile

à bientôt !
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Message par Basilice Mar 19 Fév 2013 - 18:24

Bonjour par ici, Smile

Je pense que nous n'avons pas le pouvoir de changer notre personnalité, qui se construit très tôt ; ni le pouvoir de changer notre passé, qui est passé ! - cet aspect-là semble plus évident, de mon point de vue il est soumis à la même logique que pour la personnalité.
(La toute-puissance voudrait qu'une machine à remonter le temps qui passerait par là nous permette de... Mais je ne crois pas, non !)
Je pense en revanche que nous pouvons devenir conscients des aspects plaisants et déplaisants de notre personnalité, et de la façon dont ils s'expriment ou se sont exprimés. En faisant cela, nous pouvons regarder notre vie actuelle autrement, notre passé itou, ainsi que nous-mêmes.
D'expérience, en faisant cela, je me sens de moins en moins critique vis-à-vis de moi et des autres (d'une pierre deux coups Wink ) ; davantage dans l'amour de moi et des autres (même principe).
Je crois aussi que nous faisons partie d'un tout, d'un système, et que chercher à nous en retirer ou à nier l'importance de notre participation à ce système contribue à nous éloigner de nous-mêmes.
Et accepter la souffrance, oui ; elle fait partie de la vie.



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Message par tagore Mer 20 Fév 2013 - 9:05

Bonjour Basilice,

Tes idées rejoignent beaucoup celle des psychanalystes, je trouve Smile cette idée, surtout, que notre personnalité se construit assez tôt et qu'après il n'est plus possible de la modifier. Cette conception aussi, assez terrible je trouve, chez Lacan, d'une guérison qui viendrait "par surcroît", donc l'idée d'une souffrance sur laquelle on n'a que très peu de prise, puisque même l'expert ne peut garantir son soulagement !

Je ne te cache pas qu'ayant beaucoup de respect pour la tradition philosophique grecque notamment, je ne peux pas adhérer à ces conceptions Smile

La "sagesse" d'accepter les choses telles qu'elles sont, pratiquée dans de nombreuses religions, a certes le mérite d'évacuer le ressassement à propos du passé, ce qui me semble être un avantage, mais en même temps, poussée trop loin, elle tend à rendre complètement passif vis-à-vis de ce qui advient. Il me semble plus intelligent et plus équilibré de faire une juste distinction, un peu comme les stoïciens, entre ce qui ne dépend effectivement pas de nous (ou plus), et ce qui en dépend effectivement, au présent - ce sur quoi notre action peut avoir prise.

Les neurosciences démontrent très bien aujourd'hui que la neuroplasticité existe bel et bien, donc que l'on peut bien agir sur ses propres états mentaux, même ancrés depuis l'enfance. Qu'il n'y a pas de "limite d'âge" à une telle transformation salutaire Smile

Tout cela, les écoles grecques de transformation de soi le savaient bien, notamment Épicure qui commence sa Lettre à Ménécée par ces mots : "Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie. Car il n'est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, pour assurer la santé de l'âme."

bonne journée Smile
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Message par Basilice Mer 20 Fév 2013 - 9:32

Merci pour ta réflexion, Tagore. Smile
En effet ma vision rejoint celle de la psychanalyse, c'est un peu mon "bain" - dans mon métier et dans mon travail (d'analysante).
Ce que je pense aujourd'hui n'est pas forcément ce que je penserai demain. Smile
A propos de la passivité, je ne ressens pas les choses de la même façon.
Pour moi le travail analytique est proche de la philosophie et même du bouddhisme, de la Pleine conscience aussi... Je suis désolée d'avance si ces liens en font sauter certains au plafond. Laughing
C'est ce que je ressens en tout cas. Accueillir ce qui est, ce qui vient, ce que nous ressentons, le prendre en compte et se positionner en conséquence, ce n'est pas être passif de mon point de vue.
Et c'est une belle façon (à mon sens) d'assurer la santé de l'âme.

Peut-être est-ce ma peur qui s'exprime, dans cette conception des choses ?
Il me semble dangereux de vouloir modifier, couper, effacer... La mémoire, le corps, les racines.
A la fois cela fait partie de l'histoire de l'évolution, je ne crie pas au drame quand je vois une paire de seins entièrement refaite. Laughing
Je continue à observer, avec ravissement, étonnement, et peur parfois - j'ai un fond réac', je pense.
Si je met en lien ce raisonnement "Il me semble plus intelligent et plus équilibré de faire une juste distinction, un peu comme les stoïciens, entre ce qui ne dépend effectivement pas de nous (ou plus), et ce qui en dépend effectivement, au présent - ce sur quoi notre action peut avoir prise" avec les possibilités actuelles, j'y vois le danger que j'évoque plus haut. Mais encore une fois, c'est peut-être bien mon instinct de conservation qui parle.
Je suis courageuse, pas téméraire. Wink

Bonne journée. sunny

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Message par ♡Maïa Mer 20 Fév 2013 - 13:38

L'image qui me vient en te lisant Cher Monsieur, est celle d'un petit enfant qui, tout à sa joie d'être parvenu à monter deux marches de l'escalier tout seul pour la première fois, oublie de maintenir son équilibre et se retrouve tout penaud et en colère affalé au bas du dit-escalier.

Dans cette configuration, il peut arriver des tas de choses :
- un parent compatissant vient l'aider à se relever et l'encourage à ré-entreprendre l'ascension avec le sourire
- un parent moins compatissant éclate de rire et le regarde pleurer par terre en lui assénant un "eh oui, c'est la vie !"
- un parent surprotecteur vient l'envelopper d'un "Mais non ne pleure pas" et l'emmène loin de l'objet du délit
- personne ne vient...
- (je vous laisse imaginer toutes les variantes...)

En considérant que des situations similaires se répètent, et que la réaction de l'environnement direct est à peu près invariable tout au long de l'enfance, l'individu en question imprime effectivement en lui des réactions standards, qu'il portera longtemps comme schémas privilégiés de réponse aux avanies de la vie (sa pelote).

Mais comme le dit Tagore, nous savons aujourd'hui qu'il est possible de modifier ces schémas durablement : la plasticité cérébrale, mais aussi l'épigénétique (des études montrent par exemple que la psychothérapie peut avoir une influence sur les petits bitoniaux entourant notre ADN ce qui mène à une modification de l'expression de nos gènes => Un article parmi d'autres). Ouf ! Il y a donc de l'espoir, les Grecs nous l'avaient bien dit...

Seulement pour parvenir à une modification en profondeur, il faut du temps, un temps incompressible.
Un an de psychothérapie, de mon point de vue, c'est juste le temps nécessaire pour "faire le tour du propriétaire" et pour identifier pleinement... ce qu'il reste à faire. Bien entendu, ni les psys, ni même les personnes qui ont fait ce chemin ne crient sur les toits que pour atteindre un certain mieux-être stable, il faut en moyenne selon les personnes 3 à 5 ans de travail... (un escalier beaucoup trop haut pour envisager de le gravir sereinement !). Il y a donc une sorte de mensonge généralisé qui consiste à laisser croire qu'en 6 mois ou un an tout au plus, le travail sera terminé (certaines méthodes cognitives prétendent même nous "libérer" en quelques séances).

Si je te comprends bien Cher Monsieur, tu évoques un début de compréhension en proposant une alternative relativement radicale : soit être dans la pelote, soit être en dehors. J'aurais tendance à penser que le chemin se situe quelque part entre les deux : avec une pelote de fil recyclé, on peut tricoter quelque chose de neuf. Encore faut-il avoir suffisamment détricoté l'ancien édifice pour avoir à sa disposition un matériau utilisable sans refaire de noeuds...
Je poursuis donc l'analogie : les moments de grâce sont peut-être ceux où l'on parvient à défaire un ancien noeud, ou à trouver un espace dans cette pelote trop serrée. Les moments de découragement viendraient juste après, quand on s'aperçoit qu'en tirant sur un fil pour dénouer un noeud, on vient d'en resserrer un autre à côté. Et puis parfois, on en a marre de ce jeu stupide et enfermant, on pose la pelote et on va prendre l'air pour mieux reprendre la tâche plus tard.
Pour résumer, quelle que soit la méthode choisie pour démêler la pelote (après tout, il n'y a pas que la psychothérapie ou la psychanalyse, chacun trouve ce qui lui convient le mieux), la patience est de mise, et il me semble effectivement important de poser l'ouvrage de temps en temps pour retrouver du plaisir à l'introspection, ne serait-ce que pour découvrir de nouveaux noeuds qu'on avait sous le nez sans les voir, en apportant un peu d'air frais extérieur dans la pelote Smile
Trouver le juste équilibre entre passivité et action (Yin et Yang ?), une sorte de danse harmonieuse entre le dedans et le dehors (j'ai l'image du 8 couché de l'infini sur la rétine, que l'on retrouve dans les mouvements de bassin des danseuses africaines).
Créer du jeu (double sens "jouer" et "créer un espace de liberté"), entre soi et soi, entre le corps et l'esprit, etc...

Si j'en reviens au fil à l'origine de ce sujet et à mon propre vécu donc, j'ai envie de partager deux choses :
- un chapitre tout entier au début du bouquin évoqué s'intitule "Je tourne en rond" Wink
- lorsque j'ai découvert mes rayures, j'avais dans les mains une pelote pratiquement neuve de matériau brut, mais je ne savais qu'en faire.
Il se trouve que petite, quand je tombais, au mieux ma mère me disait "Mais non, pleures pas !", au pire mon père me demandait narquoisement "Tu es sûre de ne pas avoir abîmé les cailloux en tombant ?". La thérapie m'a permis pas à pas de reconnaître ce double déni de mon être et la double interdiction implicite à vivre que contenaient ces propos. Chaque étape de la thérapie a été une conquête pour éprouver du plaisir dans la prise d'autonomie (et je suis tombée des tas de fois, persuadée que j'étais que monter un escalier, c'est forcément souffrir seul). Mais même après tous ces efforts, je restais assise par terre avec mon joli fil recyclé dans les mains, incapable de créer quelque chose avec.
Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas certaine que ce soit la connaissance de ma douance qui m'ait aidée à me lever (cette connaissance m'a apportée tout au plus un espace de respiration supplémentaire dans la pelote), mais probablement plutôt les nouvelles personnes que j'aie rencontrées à cette occasion, une en particulier, un nouvel environnement qui favorise le développement de nouveaux réseaux neuronaux, des encouragements explicites ou implicites qui donnent du coeur à l'ouvrage pour empoigner des aiguilles à tricoter, créer du neuf, monter les escaliers en rigolant, vivre.
Est-ce le long travail préliminaire qui m'a permis de modifier enfin mon environnement ? Aurais-je pu rencontrer ces personnes sans toute cette quête archéologique du soi ? Aurais-je pu commencer à m'entourer de ces soutiens plus tôt pour faciliter le démaillage de la pelote ? Comme tu dis, notre environnement [n'est-il pas] coloré par nos dispositions intérieures ? Je ne sais pas. Mon chemin a été celui-là, je suppose qu'il en existe beaucoup d'autres. À chacun de trouver sa manière de danser la vie...

PS : pfiou, décidément tu m'inspires Cher Monsieur flower
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Message par Le Breton Furieux Jeu 21 Fév 2013 - 0:58

Bonsoir Cher Monsieur,

Beaucoup de réponses apportent leur lot de points de vue dans ce fil.

Pour vivre aussi ce phénomène qui donne l'impression d'aller et retour, je me permet t'apporter le mien.
Je m'appuierai sur ce passage :
Cher Monsieur, a écrit:lorsque survienne des difficultés existentielles, et que je fouille en moi-même pour tenter de résoudre ces problèmes, que je ne veux m'appuyer que sur mes propres force, car je me suis persuadé que la vie ne fera rien pour moi, et que j'en viens à détester qui je suis, et que je cherche à me changer, par une voie spirituelle, par une voie psychologique, par un contrôle de moi-même sur moi-même
Lorsque surviennent les difficultés existentielles, je fouille en moi pour tenter de résoudre le problème, je m'appuie sur ma propre force et je reste persuadé d'être le seul acteur de ma vie, néanmoins elle en est la scène. Elle me propose des situations qui me permettent d'exercer cette force, de me pousser à fouiller en moi, chercher ce qui peut me rendre heureux.
C'est certes un voie psychologique dans le sens ou c'est une représentation mentale de cette pièce qui se joue. Mais cette représentation mentale ne me change pas, elle fait ce que je suis, comment je vis. Un juste équilibre spirituel de ma représentation de la vie, phénomène purement mental.
Ce que je veux dire c'est que mon existence est la représentation que je m'en fais.
Si je passe d'un bidonville à un appartement dans une cité, je suis heureux, venant d'une villa au bord de la mer, je suis malheureux, question de représentation. Si je peux changer ma représentation de mon passé, de mon présent, sans changer l’événement en lui même, juste la façon de le voir, je peux me soulager.
Cette douleur que je ressens, c'est ma douleur, moi qui la fabrique.
C'est déjà une forme de contrôle de moi sur moi cette douleur puisque elle est le résultat de ma façon de ressentir les événements.
Cette représentation, si je peux en changer des aspects, j'essaye de le faire dans le sens du bonheur, du mieux être.

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Message par Invité Jeu 21 Fév 2013 - 8:57

Bonjour à tous,

Merci beaucoup pour vos longues réponses que j'ai lues attentivement. Et je les relirais sans doute car je me donne un peu de temps pour les assimiler. En revanche, je ne disposerai pas de temps pour à consacrer à ce forum avant plus d'une semaine (enfant malade à la maison + préparatifs des vacances + vacances sans ordi ... ).

Je ne peux cependant m'empêcher de répondre à ceci :
Mog*why a écrit:Bien entendu, ni les psys, ni même les personnes qui ont fait ce chemin ne crient sur les toits que pour atteindre un certain mieux-être stable, il faut en moyenne selon les personnes 3 à 5 ans de travail...
LA LA LA LA LA

A bientôt.

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Message par Invité Jeu 21 Fév 2013 - 15:26

Une petite accalmie m'offre la possibilité de répondre. J'aurais aimé faire une réponse circonstanciée, à chacun, avec citations à la clef, mais ça ne sera pas possible par manque de temps. Et peut-être pas nécessaire pour l'intérêt du débat, car il y a en commun dans vos réponses (me semble-t-il, et pardon d'avance pour ceux que j'aurais mal lu) la même impasse sur une idée pourtant essentielle de mon premier message : la notion de désappropriation. De désappropriation de soi pour être précis.

Pour le dire très synthétiquement : le mieux être passe par la désappropriation et le mal-être revient avec la réappropriation. Cette notion n'est pas facile à expliciter, mais je vais essayer.

Quand je réalise que tel trait de personnalité, que je honnis en moi, contre lequel je lutte, (aussi criticable soit cette attitude) n'est qu'une réaction à un schéma issu d'un mauvais traitement (ou encore la présence anormalement élevée de neuro-bidules dans mes lobes pariétaux-temporaux), je me dessaisis -sans le vouloir- de cet aspect de ma personne. Ca ne veut pas dire que ce trait disparaisse. Non, il est toujours là. Mais c'est comme si j'avais reculé dans mes propres profondeurs pour apercevoir ce trait à distance, pour ne plus être collé à lui. Et dans ces profondeurs là, je retrouve une innocence, l'innocence d'avant l'émergence de ce trait.

Inversement, quand, de nouveau gêné par les manifestations de ce trait, je ressors tout le dossier du dit trait (dossier psychologique, spirituel, génétique... j'ai connu des gens qui mettaient tout ce qu'ils n'acceptaient pas chez eux sur le compte de leur égo...) pour tenter d'agir sur lui, je me réapproprie ce trait et me réenferme.

Vous allez me dire : c'est de l'acceptation que tu parles ? Non, pas exactement. Ou alors oui, mais à condition de reconnaitre que dans l'acceptation il n'y a pas d'acte de volonté personnelle. Il n'y a pas un sujet-agissant (moi) qui pose l'acte d'accepter un objet (mon trait de personnalité). Pour moi, il y a un sujet-agissant qui se rend, et qui par sa reddition se défait, se déconstruit. Soit par lassitude, car il ne se croit plus capable de lutter contre lui-même, soit qu'il a reçu des informations qui font voler en miettes la représentation qu'il se faisait de lui-même. La désappropriation, c'est ce moment où le sujet-agissant est tellement bousculé qu'il ne peut plus rien tenir. C'est un non-acte.

A l'inverse, la réappropriation est la reconstruction du sujet-agissant sur "retour d'expérience".

Je précise toujours sujet-agissant car je crois que le sujet-agissant n'est pas le vrai sujet.Ce n'est qu'une représentation - en fin de compte assez orgueilleuse - que je me fait de moi-même : moi capable d'agir sur moi ("agir" incluant l'acceptation : moi capable de m'accepter). Quid du vrai sujet ? J'ai découvert un concept issu de la psychanalyse, dont je sais peu de chose, mais qui me parait constituer une passerelle intéressante avec les traditions spirituelles : l'émergence du sujet. Ca me parle bien, l'idée que nous ne soyons pas ce que nous croyons être, tant que nous sommes identifiés à de faux sujets lequels étouffent le sujet véritable, endormi à l'arrière plan de notre conscience. Et que la souffrance psychologique que nous éprouvons est la conséquence de notre adhésion à ces représentations fausses de nous même et non reconnues en tant que telles. Moi, libre de moi, ce serait ça : un sujet pur, délivré du mensonge, plus entravé par aucune représentation objectivée de lui-même (au nombre desquelles on peut mettre le moi-Zèbre, le moi-sur-mon-chemin-de-spiritualité, le moi-qui-suit-une-psychothérapie, le-moi-déterminé-par-ses-lobes-pariétaux-temporaux)


Mog*why a écrit:L'image qui me vient en te lisant Cher Monsieur, est celle d'un petit enfant qui, tout à sa joie d'être parvenu à monter deux marches de l'escalier tout seul pour la première fois, oublie de maintenir son équilibre et se retrouve tout penaud et en colère affalé au bas du dit-escalier.
Oui, et aujourd'hui j'ai fait popo tout seul.

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Message par Basilice Jeu 21 Fév 2013 - 16:34

Cher Monsieur, a écrit:Oui, et aujourd'hui j'ai fait popo tout seul.

Félicitations. Courbette
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Message par ♡Maïa Jeu 21 Fév 2013 - 18:11

Cher Monsieur, a écrit:Quand je réalise que tel trait de personnalité, que je honnis en moi, contre lequel je lutte, (aussi criticable soit cette attitude) n'est qu'une réaction à un schéma issu d'un mauvais traitement
Pour être sûre de comprendre, qu'est-ce que tu définis comme réaction, le trait de personnalité lui-même ou le fait de honnir ce trait et de lutter contre ?

Cher Monsieur, a écrit:je me dessaisis -sans le vouloir- de cet aspect de ma personne. .../... comme si j'avais reculé dans mes propres profondeurs pour apercevoir ce trait à distance, pour ne plus être collé à lui. Et dans ces profondeurs là, je retrouve une innocence, l'innocence d'avant l'émergence de ce trait.
En lien avec ma première question : pourquoi fuir ce trait ? Pourquoi ne pas l'accueillir sans le juger ? L'énergie dépensée à t'en distancier ne peut-elle être mise au service d'un autre mouvement ?

Cher Monsieur, a écrit:Inversement, quand, de nouveau gêné par les manifestations de ce trait, .../... je me réapproprie ce trait et me réenferme.
Vous allez me dire : c'est de l'acceptation que tu parles ?
Ben non justement... Si tu es gêné, et si tu te sens enfermé quand tu te réappropries ce trait, tu ne l'acceptes pas ?

Cher Monsieur, a écrit:il y a un sujet-agissant qui se rend, et qui par sa reddition se défait, se déconstruit. Soit par lassitude, car il ne se croit plus capable de lutter contre lui-même, soit qu'il a reçu des informations qui font voler en miettes la représentation qu'il se faisait de lui-même. La désappropriation, c'est ce moment où le sujet-agissant est tellement bousculé qu'il ne peut plus rien tenir. C'est un non-acte.
Si je comprends toujours, la désapprobation désappropriation dont tu parles n'est en rien une acceptation. Le terme de reddition recèle un regret, une guerre perdue "contre", mais pas une bienveillance vis à vis de ce trait ?

Cher Monsieur, a écrit:Je précise toujours sujet-agissant car je crois que le sujet-agissant n'est pas le vrai sujet.Ce n'est qu'une représentation - en fin de compte assez orgueilleuse - que je me fait de moi-même : moi capable d'agir sur moi ("agir" incluant l'acceptation : moi capable de m'accepter).
A ce stade, pour continuer à élaborer, j'ai besoin que tu répondes aux questions précédentes, car le mot acceptation dans la phrase ci-dessus peut prendre deux sens (celui que tu décris, et celui sur lequel je t'interroge).

Cher Monsieur, a écrit:Quid du vrai sujet ? J'ai découvert un concept issu de la psychanalyse, dont je sais peu de chose, mais qui me parait constituer une passerelle intéressante avec les traditions spirituelles : l'émergence du sujet. Ca me parle bien, l'idée que nous ne soyons pas ce que nous croyons être, tant que nous sommes identifiés à de faux sujets lequels étouffent le sujet véritable, endormi à l'arrière plan de notre conscience. Et que la souffrance psychologique que nous éprouvons est la conséquence de notre adhésion à ces représentations fausses de nous même et non reconnues en tant que telles.
Oui mais rebelote : quelle représentations fausses ? Les traits en eux-mêmes ? Ou les jugements qui ont été portés dessus par l'environnement et que tu as intériorisés ?

Cher Monsieur, a écrit:Moi, libre de moi, ce serait ça : un sujet pur, délivré du mensonge, plus entravé par aucune représentation objectivée de lui-même
Bon, je ne répète pas, je crois que tu as dû comprendre ma question Smile

Cher Monsieur, a écrit:Oui, et aujourd'hui j'ai fait popo tout seul.
Mouarf, loin de moi l'idée de t'identifier à mon exemple de petit enfant, c'était pour les besoins de la réflexion bien sûr Wink
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Message par Invité Jeu 21 Fév 2013 - 18:48

Que fuis-tu? Culpabilises-tu souvent?

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Message par Roland7 Jeu 21 Fév 2013 - 22:07

Être présent à soi, c'est se désaproprier de soi-même (à petit feu !).

Pourquoi est-ce que l'on "rechute" (redevient lourd) après un moment de légèreté ?

Parce que le "poids" est inscrit dans notre mode d'être ordinaire : il y a un "habitus" de fonctionnements divers, de pensées typiques, de réactions émotionnelles automatiques, plus ou moins ou pas du tout conscientes (qui peuvent être conscientes mais que l'on trouve "normales" alors que destructives ou enfermantes).

L'éclair de légèreté nous guide/nous indique un possible.
Mais pour le stabiliser en nous, il faut accepter de le perdre, étape 1, chercher et reconnaître, ce qui en nous, y fait obstacle, dans notre "habitus" de fonctionnent, étape 2, progressivement, en allant en profondeur et subtilité, ne plus nous identifier à ces processus enfermant, les remonter "à la source", pour les désamorcer (compréhension, acceptation et compassion pour soi), étape 3, dans le même temps, inscrire en soi, de nouveaux processus désamorçant les anciens, ou les remplaçant, pour accéder "définitivement" au mieux-être gouter dans la légèreté brièvement éprouvée, étape 4 ...
Processus qui se nourrit aussi de tous les états de légèreté que nous pouvons éprouver entre temps, au décours de ce processus, en lien ou non, avec le premier ...

Il y a, bien entendu, des pratiques spirituelles ou psychologiques, plus ou moins spécifiques pour chaque étape, qui aident à progresser plus rapidement que la simple "bonne volonté" ou "pratique spontanée".

Si j'ai connu cela, j'en suis maintenant "très loin", depuis des années. Et c'est dans mes journées que des moments un peu lourds, alternent avec des moments de grandes paix ou sérénité ou bonheur intérieur.

Et quand on connaît le "fil", la manière d'être intérieure juste, qui nous "désaproprie" de soi, nous ouvre à "la solution" qui "voulait" émerger à travers un "certain mal-être", alors, en "tenant" ce fil, on rebascule assez vite dans la "plénitude" (ou "légèreté" d'être qui fait que l'on s'accueille soi-même et accueille "ce qui est" en total paix). D'une certaine manière, on ne la perd plus, car elle est toujours présente de manière sous-jacente ou clairement perçue.

Nous ne pouvons nous débarrasser de "la pelote", elle est "nous" (vous, moi, ...). Mais quand nous sommes pleinement lucide/conscient sur tous ses nœuds, ses embranchements, sur sa structure profonde, son organisation, apparaît le principe même de "ce que nous sommes" :
Non un embrouillamini de données psycho-émotionnelles contradictoires, mais un flux d'amour qui se purifie en se clarifiant, une énergie de connaissance/conscience se dévoilant elle-même, et accédant ainsi à la totale spontanéité (~ légèreté) que donne une conformité (quasi)totale avec sa propre nature ...
Ces moments de légèreté sont, pour moi, des moments d'expérimentations de notre nature profonde, où nous sommes temporairement débarrassés des carcans "appris" et intégrés (habitus) du fait des conditions psycho-émotionnelles de notre passé.

Expression de nombreux vécus et compréhensions personnels. Bonne soirée.
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Message par Invité Jeu 21 Fév 2013 - 22:46

Mog*why a écrit:Oui mais rebelote : quelle représentations fausses ? Les traits en eux-mêmes ? Ou les jugements qui ont été portés dessus par l'environnement et que tu as intériorisés ?

Voilà une phrase qui fait mouche (en fait tu as fait mouche dès la première ligne, mais j'aime bien la formulation de celle-ci). Et elle me touche d'autant plus que, dans ce que j'appelle mes périodes de grâce, elle sonnait comme une évidence. Combien de fois ai-je senti poindre un de ces jugements de moi-sur-moi qui se désamorçait aussitôt car j'étais clairement au fait que le problème, si problème il y avait, se situait bien plus du côté du juge que du côté de la chose jugée. C'est l'image de la paille et la poutre, appliquée à la relation à soi. Comment ai-je pu oublier cela !

Le problème est qu'on ne se défait pas de ce juge intérieur aussi facilement : le simple fait de le juger indésirable le réintroduit aussitôt par la bande ! Le seul moyen que j'ai trouvé de m'en déprendre, c'est finalement celui que je décris plus haut. Mon texte t'apparaitra peut-être plus juste si en place de "sujet agissant" j'écrivais "sujet jugeant".

Il n'y a pas un sujet-jugeant(moi) qui pose l'acte d'accepter un objet (mon trait de personnalité). Pour moi, il y a un sujet-jugeant qui se rend, et qui par sa reddition se défait, se déconstruit. Soit par lassitude, car il ne se croit plus capable de lutter contre lui-même, soit qu'il a reçu des informations qui font voler en miettes la représentation qu'il se faisait de lui-même. La désappropriation, c'est ce moment où le sujet-jugeant est tellement bousculé qu'il ne peut plus rien tenir. C'est un non-acte.

Je suis curieux de t'entendre tes suggestions sur la manière de se déprendre de ce juge intérieur (au passage : merci, je te trouve pleine de discernement et de tact).

A propos de la culpabilité : elle est surtout attisée par les circonstances extérieures. Me trimbaler une rage froide ou une déprime matinée d'irritabilité quand je suis en compagnie de ma femme et de mes enfants, oui, ça me fait beaucoup culpabiliser. Mais cette culpabilité là ne me pose pas problème. Je ne me sens pas coupable de culpabiliser, si je puis dire. Je la vis comme un caillou dans ma chaussure qui me contraint à évoluer.




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Message par Roland7 Ven 22 Fév 2013 - 7:27

Très juste, Cher Monsieur ! Ou plutôt très en résonance avec mon propre vécu passé. Smile

Ce n'est pas un "moi-jugeant" que tu décris, ni même un "sujet jugeant", mais bien déjà, un "processus de jugement automatique" qui se produit dans le champ de ta conscience. Une personne qui n'est pas dans la conscience de ce processus, serait effectivement un "sujet (moi) jugeant", mais ne le saurait pas.

S'en déprendre ? Continuer à "l'observer" (de manière neutre, sereine et "non-jugeante" (y travailler !)) comme tu le fais ...

Il faudra du temps, de la persévérance, (et donc une acuité de conscience qui va se construire) encore pour discerner les "moteurs" de ce processus (ce qui conditionne son surgissement) : la peur, d'être abandonné ou blessé (par ceux qui nous sont proches, au lointain passé, comme parfois au présent), et l'amour, le besoin d'apporter à l'entourage (proche, au lointain passé, comme parfois au présent, aussi) un soutien, une confirmation de ce que son comportement est "bon" (même si ce n'est pas forcément le cas en profondeur, mais bref ...). Mais ce que j'écris là, ne peut être, pour toi, qu'indicatif, ou "pré-senti", ou encore, sans signification, car, pour l'instant, tu n'as une vraie conscience que du processus lui-même ... selon "moi" (lequel ? Very Happy ), et ma conscience/compréhension très limitée, partielle et partiale des choses !

En fait, je ne peux décrire que la surface des choses ... mais bon, c'est déjà un poteau indicateur ! Qu'en penses tu ?

Patience et persévérance donc ! Bonne journée.
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Message par Zarbitude Ven 22 Fév 2013 - 8:00

tagore a écrit: Sur ce je ne peux m'empêcher de mentionner Thich Nhat Hanh, qui parle de la compréhension comme du fondement de l'amour. Cela s'applique également à soi-même, je crois Smile

Bonjour,

J'adore Thich Nhat Hanhn !

Sa "Plénitude de l'instant" est une pure merveille!

Mais en effet, se comprendre soi-même, se regarder et se voir véritablement tels que nous sommes, dans un constat humble, dans une reconnaissance sans complaisance mais aussi sans jugement, c'est le début d'une histoire d'amour, d'amour de soi parce qu'en effet nous sommes "aimables".
Moi en tout cas c'est ce que j'ai vu lorsque je suis "descendue" dans mes profondeurs.

J'ai vu que j'étais "aimable". J'ai vu que je pouvais m'aimer.

Et je ne m'en suis pas privée!

Pourquoi me priverai-je de cet amour que beaucoup me refusent?
Viendrai-je grandir leur rang?

J'ai dit non!

Et depuis je me sens bien Very Happy

Et c'est ce que je vous souhaite à tous!
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Message par Roland7 Sam 23 Fév 2013 - 9:05

Coucou Zarbitude ! Et tous ...

Il ne faut pas oublier que Cher Monsieur ne fait une psychothérapie que depuis un an ...

Et que pour lui, comme pour beaucoup ici, "descendre dans ses profondeurs" est un processus, une "action" intérieure qui n'a pas le même sens que pour toi !

Quand on débute un cheminement psycho-spirituel (psychothérapie, démarche et pratique spirituelle, ...) on découvre nos fonctionnements intérieurs, mais le problème, si l'on est pas bien accompagné, c'est qu'on les juge à partir d'une base erronée : nos préjugés inconscients, qui se sont constitués en fonction d'un environnement passé qui, même s'il a été aimant, nous a aussi blessé à bien des égards.
Donc un bon accompagnement psychothérapeutique, doit travailler sur la prise de conscience de nos fonctionnements psychologiques, avec nous-mêmes, dans nos relations, dans les différentes situations de vie (ça c'est la base), mais aussi, et c'est fondamentalement important (sinon fort risque d'aggravations des jugements négatifs que l'on porte sur soi, et des conséquences négatives et dépressives, qui vont avec) doit aussi travailler sur les jugements que nous portons sur nous-mêmes, sur ces fonctionnements dévoilés, sur le contexte général de notre vie, pour montrer que toujours, nous faisons et avons fait de notre mieux, avec les moyens qui étaient/sont les nôtres ...
Sinon la personne va naviguer de moments de libération, qui vont basculer vers l'euphorie (peuvent devenir maniaque), pour redescendre ensuite, dans des phases dépressives et très lourdes, dans lesquelles elle ne verra aucune issue, ni possibilités de sortie des "nœuds" psychologiques (enrobés de jugements négatifs plus ou moins conscients) dans lesquels elle se sentira enfermée, écrasée, sans perspectives positives d'aucune sorte ...
S'il n'y a qu'une "analyse" des fonctionnements psychologiques, dans la perspective de "découvrir ce qui ne va pas", pour "le corriger", voir sans autre perspective que d'en prendre conscience sans rien pouvoir y changer (comme dans la psychanalyse, selon moi, Crying or Very sad ) la personne se retrouve dans une impasse redoutable ... Elle découvre de la négativité et y tourne en rond, impuissante, et aucune positivité ... Ce qui est la fois faux, absurde et destructeur.

Je pense que peu de "psys" sont vraiment capables de conjuguer les deux démarches ... mais bon !

Réflexions personnelles, construites sur de nombreuses erreurs (douloureusement) comprises et corrigées sur des années, ... et qui n'engagent que moi, comme d'habitude ! Bonne journée à tous.
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Message par Zarbitude Sam 23 Fév 2013 - 10:13

Bonjour Roland7 Moi, libre de moi... 1286649609

C'est probablement le cas, chacun descend dans ses profondeurs, à sa manière.
Ce que j'avais envie de souligner c'est que s'aimer soi-même est une thérapie.

Et parce que Cher monsieur l'a mentionné à plusieurs reprises, le fait de ne pas s'accepter et de se juger sévèrement et systématiquement m'a donné l'envie de mettre l'accent sur cela.

Si on s'exerce à refuser ce genre de pensées destructrices envers soi-même, on fait déjà un gros travail.

A qui cela sert-il de se critiquer et de se détester?
Mais la plupart d'entre nous avons développé ce mécanisme d'auto sabotage et y mettre fin est important sinon toutes les thérapies du monde risquent d'être inopérantes.

Voilà aussi mes petites réflexions personnelles, basées sur mon expérience de vie qui j'espère pourra servir à d'autres.
Sinon, mettez tout ca dans la poubelle et sortez prendre l'air Moi, libre de moi... 1926856845

C'est pas mal aussi, ca, pour se nettoyer les idées Wink
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Message par ♡Maïa Sam 23 Fév 2013 - 10:48

Cher Monsieur, a écrit:Je suis curieux de t'entendre tes suggestions sur la manière de se déprendre de ce juge intérieur
Vaste chantier Smile

Je rejoins Roland7 sur la double idée de :
1- "travailler sur la prise de conscience de nos fonctionnements psychologiques"
2- "inscrire en soi, de nouveaux processus désamorçant les anciens".
C'est un travail de longue haleine, qui nécessite un regard extérieur. Pour moi, ce regard n'est pas là pour "donner des conseils" mais pour aider à s'arrêter sur des points qui sont tellement ancrés en nous qu'on ne les voit plus (je plussoie à nouveau Roland7, peu de psys sont capables de faire ça bien, sans tenter d'interférer dans le réel de nos quotidiens...).

Un exemple : quelqu'un que je connais avait pour habitude de dire plusieurs fois dans une même journée, à l'occasion d'actions anodines, "C'est pas bien !". Il auto-commentait ses propres actes sans même s'en apercevoir. Je lui ai simplement fait remarquer dans un "C'est curieux non ?" qui invitait à poser son attention sur ce contrat intérieur. Un jour nous sommes allés manger ensemble chez sa mère. Au demeurant fort charmante, celle-ci a prononcé de manière très caractéristique au détour d'une phrase ce "C'est pas bien"... Nous avons sursauté tous les deux en échangeant un regard. C'est parce que j'étais présente que cette personne a écouté avec une oreille neuve ces mots qui avaient dû être prononcés un nombre incalculable de fois dans son enfance sans qu'il s'en souvienne.

En partant du principe que ce "regard jugeant" a pu être un jour intériorisé, je me dis qu'il est possible d'ajouter un "méta-regard bienveillant" dans le système interne de manière volontaire. C'est un peu ce qu'Alice Miller nous invite à faire lorsqu'elle replace l'enfant au centre du ressenti, mettant ainsi en exergue toute l'absurdité de l'environnement de son point de vue à lui.

La prise de conscience commence donc par porter une écoute attentive, sans chercher à modifier le comportement dans un premier temps. Qu'est-ce qui se passe si au lieu de juger ton regard jugeant, tu te mets simplement à l'observer, à constater sa présence chaque fois que c'est possible ? "Ah tiens, je viens de me juger durement là...". Il y a des situations où c'est évident, mais il y en a beaucoup où c'est très subtil, voire carrément inconscient. En aiguisant peu à peu ce regard-constat, on fait émerger de plus en plus la conscience du regard-jugeant.
Les zèbres ont une grande facilité à poser ce genre de regard analytique sur leurs propres actes (et ceux des autres), pourquoi ne pas tenter de mettre cette compétence au service d'un objectif différent ?

Il y a un exercice très intéressant à faire pour essayer d'identifier ces "contrats inconscients" qui sont inscrits en nous : dessiner un arbre généalogique (jusqu'aux grands-parents déjà c'est pas mal), et tenter d'associer à chaque personne une "petite phrase" caractéristique, puis essayer d'identifier où, quand et comment ces phrases sont encore actives en nous.

L'étape suivante (ou parallèle), serait de désamorcer la force du regard-jugeant. Juge-t-on les actes d'un enfant de 5 ans comme nous jugeons ceux d'un adulte ? Non. Je m'applique au quotidien à m'appliquer à moi-même ce raisonnement : j'essaye de ne plus juger mes comportements à l'aune de ce que je sais de moi et du monde à un instant T. Je me dis "J'ai fait du mieux que j'ai pu, à ce moment-là de ma vie, avec les connaissances de moi et des autres que j'avais". Petit à petit, on peut appliquer ce filtre à son soi-enfant, puis à son soi-adolescent, et finalement à son soi-adulte, d'abord passé, et finalement pratiquement en temps réel. Cela demande un effort conscient au début, ça fait un peu "artificiel", et on oublie souvent de le faire (tu le dis très bien d'ailleurs : "Comment ai-je pu oublier cela ! "). Mais peu à peu, avec le temps et l'entraînement, ce "méta-regard" bienveillant s'inscrit comme un comportement naturel, intériorisé.

Je ne dis pas qu'il faut faire sauter tous les verrous bien entendu. Le but n'est pas de devenir un psychopathe et de se déresponsabiliser de tous ses actes. La culpabilité a une fonction régulatrice importante. Mais quand elle est présente en permanence, dans tout ce que l'on fait, on peut penser que sa fonction a été dévoyée par l'environnement. A titre d'exemple, j'ai fini par comprendre que je me sentais coupable du simple fait d'exister, et d'avoir une autonomie propre ! Dans un cas extrême comme celui-là, on peut raisonnablement penser que "ce n'est pas normal" Wink

J'ai envie de finir sur le concept d'inconscient amential proposé par Christophe Dejours. Certes, nous pouvons tenter de conscientiser un maximum de choses stockées dans notre inconscient "freudien" et de les désamorcer. Mais ce psychanalyste propose l'idée que lorsque l'enfant est trop stimulé au niveau corporel, il ne refoule pas au sens freudien du terme, c'est à dire qu'il stocke l'information non pas avec des mots, des images ou des symboles, mais directement dans un inconscient que je qualifierais de "physique". Impossible dans ces conditions de faire remonter à la conscience des choses qui n'ont pas été stockées sous forme "cérébrale". Les seules issues sont la psychose, le passage à l’acte ou la somatisation.
(=> Voir un texte long et pointu mais rudement intéressant.)
J'ai même envie d'émettre une hypothèse en lien avec ton post sur la maltraitance : les zèbres étant hypersensibles au niveau sensoriel, donc étant plus sur-stimulé corporellement que la moyenne par l'environnement, n'auraient-ils pas plus tendance que les autres à faire appel à cet inconscient amential ? Ce qui rendrait une bonne partie de nos raisonnements et de nos psychothérapies presque vains ?
Ce que je cherche à dire (mais tu le sais déjà Wink ), c'est que le mental ne peut pas suffire à nous faire avancer. Notre corps est aussi une source particulièrement riche et intéressante de compréhension et de transformation... Tenter d'identifier et d'accueillir au mieux et sans jugement les ressentis, les émotions et les somatisations me paraît tout aussi important que de "cérébraliser" notre processus interne...

EDIT : et je te remercie à mon tour car je m'aventure rarement en dehors des fils de présentations, ne trouvant pas assez "sécurisante" l'ambiance générale des échanges, ce qui n'est pas le cas dans les fils que tu ouvres où chacun s'exprime paisiblement.
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Message par Invité Sam 23 Fév 2013 - 12:28

Je suis désolée Cher Monsieur, du manque de tact de ma question au milieu de ce fil qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Je ne suis pas depuis longtemps sur ce forum et je suis parfois dans une grande souffrance le soir. Si j'avais eu l'esprit clair, je n'aurais pas fait cette intervention. Et je vais m'efforcer de limiter ce genre de "coucou c'est moi, j'ai lu, j'comprends pas tout mais c'est intéressant!"
Je me sens concernée toutefois par ton post, aussi je te remercie de l'avoir fait, car les réponses qui y sont apportées sont réellement très instructives.
Je me sens très concernée par les 3 derniers post. Merci Zarbitude, Roland7 et Mog*Why. Je ne vais pas alourdir le fil par ma propre expérience désastreuse en matière d'auto-dénigrement intensif mais en effet repérer les schémas de pensée, les processus inconscients sources de souffrance n'apportent qu'un soulagement éphémère. Et je pense que les pistes que tu donnes Mog*Why sont vraiment à explorer d'un point de vue pratique. Pour moi c'est vital en tout cas et je me permets de faire un copié/collé de ton post pour pouvoir le relire à loisir et le mettre en pratique sans aucune procrastination Very Happy


Dernière édition par Cilou la zebrette le Sam 23 Fév 2013 - 19:08, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 23 Fév 2013 - 12:40

Bonjour à tous.

Pas le temps de répondre : je file. Merci pour vos mots, certains me parlent beaucoup. Je poursuivrai à mon retour dans 1 semaine.

Cilou tu es toute excusée.

Si l'ambiance est paisible sur mes fils (et ce fut aussi le cas par le passé), c'est qu'il y a un ticket d'entrée à payer : se fader un énorme premier post. Du coup, ça filtre, enfin je crois.

Merci encore, désolé de ne pouvoir alimenter cet échange très intéressant. A la semaine prochaine.

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Message par Invité Sam 23 Fév 2013 - 12:56

Tchao

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Message par Roland7 Dim 24 Fév 2013 - 20:48

Bonjour Zarbitude,

Oui, 100 % d'accord avec toi ! Et non : je ne mettrai pas ce que tu veux dire et transmettre à la poubelle ! Smile

Bonjour Mog*why,

Beaucoup de choses intéressantes dans ton/tes posts.

L'inconscient "amential", non-symbolisé et non-pensé, je ne connaissais pas le mot, mais le principe oui ! Et j'ajouterai que cet inconscient est aussi accessible à la conscience.
Voilà un exemple perso, qui date d'un ou deux ans probablement :
Déjà le jeudi soir, j'étais pas bien, mais c'est le vendredi soir que ça a commencé : envie de vomir, vomissement, stress maximum, sans savoir pourquoi, et puis toutes les 3-4 heures, idem, jours et nuits ...
Dans ces cas là, mon principe : explorer, ressentir, essayer de faire des liens, entre image ssymboliques ou réelles, émotions, rêves, perceptions du quotidien, des situations dans lesquels je suis engagé ... C'est ce que je fais quelque soit le malaise, la tension, la maladie, l'état psychique ou physique difficile que je ressens ... Le médecin peut attendre, je sais qu'il y a une cause "psycho-spirituelle", un déséquilibre dans ma manière d'appréhender et de me situer dans un aspect de ma vie.
Je peux vous dire que pendant les 3 nuits et 2 jours que ça a duré, je faisais pas le fier, j'étais sûr de rien, et je savais pas comment cela allait se passer, ni si j'étais sur la bonne voie ... Et ça a duré jusqu'au dimanche dans la nuit, où, à force de "questionner/chercher", percevoir certains liens, j'ai eu un "flash", bing "j'ai compris" la racine, la situation, et le déséquilibre et la correction nécessaire à la situation, et là, je me suis endormi, et ça s'est arrêté ...
Si j'ai été voir le médecin le lendemain, c'était pas pour qu'il me donne un traitement, c'était inutile, mais quelques jours de repos, pour pouvoir récupérer !

Un autre exemple de ce qui est inscrit en nous "à l'insu de notre plein gré" ici ! et je sais que ça va te parler parce que, toi aussi, tu as été "voir" dans ces espaces !

Tout cela pour dire, que, oui : le corps, ses ressentis, mais aussi nos états psychiques, quand ils ont un caractère de toute puissance sur nous, qu'ils ont un impact corporel, qu'ils nous "écrasent" et que nous sommes sans aucun pouvoir sur eux, sont porteurs de nos vécus les plus profonds, les plus conditionnants, les plus douloureux et contradictoires ... et que travailler avec et sur eux, nous portent à des niveaux de conscience et d'intégration/équilibre intérieurs supérieurs et guérisseurs ...

Et oui, aussi :
Comprendre "dans nos tripes", par l'évidence du ressenti et de la connection intérieure/extérieure, est bien plus puissant que l'analyse et la "cérébralisation" (compréhension intellectuelle des mécanismes, qui ne peut être que superficielle) ... mais ... : qui sont fondamentalement utiles pour mettre en œuvre, dans la durée, ce qui a été compris "avec les tripes", et pour inscrire, donc, le changement et l'évolution dans notre fonctionnement psychologique, dans le temps ... !
Oui, Cilou la zebrette : après la prise de conscience, il faut "bosser", agir intérieurement, tout en restant attentif à d'autres prises de conscience, pour appliquer ce que la prise de conscience nous a apporté ! C'est ainsi que l'on progresse, et que l'on "démine" progressivement les situations psychologiques auto-destructrices ...

Pour moi, aussi, un facteur de la douance est un stress intense à la naissance, ou dans la petite enfance. Avec cette caractéristique que pour le bébé, l'action, la décharge motrice était inutile ou dangereuse (réellement ou psychologiquement), que la décharge émotionnelle n'apportait rien ou était aussi dangereuse (réellement ou psychologiquement), et que le seul "exutoire" à l'horreur de la situation, se situait dans un effort sur-humain d'intégration de données psychologiques et émotionnelles puissamment paradoxales et contradictoires, pour trouver une attitude bizarre, elle-même paradoxale en réponse à cette situation. Le fait que le bébé soit hypersensible, et/ou qu'il cherche avec une force et une énergie supérieures à la moyenne à faire bien pour ceux qui l'entourent, majore la perception des paradoxes (psycho-émotionnels) de l'environnement ...
Mais je ne sais pas si je serai bien compris, c'est probablement trop perso et insuffisamment explicité ! Mais bon ! Dort

Et merci de vos partages et de ce fil : il est rare de lire et de pouvoir exprimer de telles niveaux d'expériences et de compréhensions psychologiques ! Bonne soirée à tous !
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Message par ♡Maïa Lun 25 Fév 2013 - 13:28

Bonjour Roland7,

oui, cela fait bien longtemps que les praticiens des thérapies dites "psycho-corporelles" savent que le corps recèle des informations, Reich notamment.
Je me suis intéressée à cet aspect du développement personnel dès le début de ma thérapie, par exemple en lisant "Le cri primal" d'Arthur Janov.
Mais j'ai toujours été gênée dans ces lectures par un manque d'étayage intellectuel, une sorte de discours empirique qui flirte souvent avec avec des notions plus ou moins "new-age", voire une position "anti-psychalalyse" violente qui ne me convenaient pas. J'aime bien chercher les "troisièmes voies" quand je constate un clivage conceptuel trop radical Smile
C'est ce qu'apporte Christophe Dejours, entre autres auteurs. Je cite le texte que j'ai mis en référence plus haut (je le reciterai ensuite) :
Christophe Dejours est le seul psychanalyste, à ma connaissance, qui prenne en compte l’aspect biologique du corps. Ce n’est pas le moindre de ses mérites. Tous les autres psychanalystes, quand ils parlent du corps, parlent de l’image du corps. Lacan, dans toute son œuvre, toujours à ma connaissance, ne cite qu’une seule fois Wilhelm Reich pour moquer son concept d’armure caractérielle qu’il taxe d’armoiries. Un jeu de mots n’est pas une preuve et si armoiries il y a, qu’en est-il du jeu des hypertensions et hypotensions chroniques ? La signification symbolique des armoiries peintes sur une armure enlève-t-elle tout intérêt et toute réalité à la masse de fer dont elle est faite ?
C’est que, s’agissant des somatisations, il n’est pas sûr qu’elles veuillent toujours dire quelque chose. C’est justement ce que Lacan n’a pas vu, obnubilé par son retour à Freud et la question de l’hystérie.
Certes, les somatisations de l’hystérique sont un langage de l’inconscient traduisant un retour du refoulé. Tout comme les rituels de l’obsessionnel sont aussi un langage traduisant aussi un retour du refoulé. Mais de même que toutes les mises en acte ne sont pas la signature de ce retour du refoulé, toutes les somatisations ne sont pas ainsi décodables. En fait, certaines somatisations ne sont pas autre chose qu’une sorte de passage à l’acte et jouent exactement le même rôle, à savoir une forme d’autorégulation de la charge psychique quand les voies de l’acte ou de la symbolisation sont barrées. Comme dans le passage à l’acte, cette régulation ne passerait pas par le détour du refoulement. Nous aurions une voie de décharge directe, purement organique, où les encartages décrits par Damasio feraient défaut. En somme quelque chose de plus archaïque, semblable aux somatisations que montrent les rats ou souris soumis à des stress dans certaines expériences de Laborit.
Passer par le corps et l'expression émotionnelle me semble donc important, mais je suis d'accord avec toi, revenir à la symbolisation ensuite est indispensable. Sinon, on passe sa vie à éprouver de grands soulagements en allant vivre des expressions émotionnelles fortes dans des groupes régressifs, mais on n'avance pas, on y retourne, encore et encore... (comme on retourne en psychanalyse pendant 20 ans quand on ignore les manifestations de son corps).
Pour un qui le dit, combien qui le dénient ? La conscience ne suffit pas, la représentation symbolique ne suffit pas ! Les thérapies psycho-corporelles ont reconnue depuis longtemps que la décharge émotionnelle ne suffisait pas, que l’agir expressif (selon le terme de Christophe Dejours) ne suffisaient pas. Combien de temps faudra-t-il aux psychanalystes pour reconnaître que l’accès à la conscience n’est pas tout, si même cette expression a vraiment un sens comme le disent certains d’entre eux.
Ceci étant, la symbolisation a posteriori d'une énergie corporelle n'a rien à voir avec la prise de conscience d'un retour de contenu refoulé. Il s'agit de mettre des mots pour la première fois sur des événements au cours desquels on n'a pas pu symboliser dans l'instant (soit parce que la pensée en tant que telle n'existait pas encore, soit parce qu'elle a été "figée" au moment du choc). C'est délicat... et les dérives comme celles des "faux souvenirs" ne sont pas loin.
A titre d'exemple, il m'est arrivé de vivre en séance des manifestations corporelles particulièrement violentes et évocatrices de viol. Oui mais quel viol ? Il aurait été facile de confondre... Il m'a fallu du temps pour comprendre que des viols psychiques répétés et "inassimilables" peuvent marquer autant le corps qu'une agression physique.

Je connais plusieurs zèbres, dont je fais partie, qui disent "Je n'ai pratiquement aucun souvenir de mon enfance jusqu'à l'âge de X ans". Et bien je crois que dans certains cas, il est inutile de les chercher dans son cerveau, car il n'y en simplement PAS (et ça c'est très difficile à accepter).

Ainsi, ce qui est important n'est pas tant de retracer la "vérité": les mots que nous employons aujourd'hui pour qualifier une expérience infantile sont forcément empreints de notre bagage culturel et symbolique d'adulte.

Il s'agirait plutôt d'être dans le partage d'expérience, d'être accueilli par un autre (en général un thérapeute) dans son expression pour trouver une congruence qui n'a pas eu lieu à l'époque.

Il ne s’agit pas de relier les mouvements du corps à la symbolisation. Il s’agit aussi d’inscrire cela dans une dynamique relationnelle. .../... « Car le corps, dans l’agir expressif, ne porte pas seulement le sens : il provoque aussi des réactions dans le corps de l’autre, il agit sur l’autre… » Autrement dit, l’agir expressif est une tentative de dialogue. C’est à travers les mouvements du corps que s’exprime la vérité ou le mensonge de la communication et nous savons les ravages que produit un divorce entre les mots prononcés et l’expression du corps
Un exemple : une amie à moi se mettait à chanter à tue-tête lorsque son bébé exprimait par les pleurs son désagrément de prendre un bain. A cet âge-là, pas de mots pour le dire, pas même de symboles pour se le figurer... et un décalage total entre son ressenti corporel et l'expression de la mère. Un non-sens ! Dû à la non-congruence de l'environnement (n'oublions pas qu'à cet âge, le corps de la mère et celui du bébé ne font encore qu'un). Admettons que ce bébé une fois devenu adulte parvienne à ré-accéder à ce ressenti : ce qui importe, c'est qu'il puisse le revivre dans un contexte différent où cet autre en face de lui se laissera traverser lui aussi par l'énergie du moment, tout en le contenant.

Illustration : j'ai le souvenir d'une séance de thérapie absolument indescriptible où j'ai effectivement recontacté ce qui a dû se passer pour moi le jour de ma naissance, et surtout du comportement de la thérapeute qui m'a accompagnée ce jour-là. Quand je suis "revenue à moi", j'ai vu son visage souriant malgré le rimel qui avait coulé sur ses joues : elle m'avait accompagnée physiquement dans ce travail, en me contenant de toutes ses forces pour que je "n'explose" pas psychiquement. Les mots que j'ai posés ensuite sont forcément une construction mentale, qui n'a eu de valeur que parce qu'elle était partagée avec une personne qui avait vécu dans son corps en même temps que moi ce moment-là... (je rappelle juste pour mieux éclairer cet exemple que le jour de ma naissance ma mère était endormie, donc absente physiquement et psychiquement, et que j'ai failli y rester).
Pour en revenir au sujet de ce fil donc, je peux dire que ce jour-là, mon "moi" a été libéré de mon "moi", je me suis dit "Maintenant, je n'aurai plus jamais peur". Le soulagement n'a pas été provoqué par la compréhension, mais par une "co-création" de l'instant. Bon évidemment, il m'a fallu encore beaucoup de temps pour atteindre un mieux-être réel et stabilisé dans mon quotidien, tout cela n'a rien de "magique" Smile

Sans forcément remonter à ces expériences très précoces (et toutes personnelles), je pense donc que le principe est probablement applicable pour tous les moments "sans pensée" que nous traversons. Se trouver soi par le truchement d'un autre, d'où la nécessité d'un tiers dans le processus, et les limites de l'auto-analyse. D'où la nécessité également de sortir d'un "moi psychologisé" comme le nomme Cher Monsieur, qui nous enferme dans une solitude conceptuelle, pour revenir à un "moi ressenti" ancré dans le relationnel.
C'est une vraie croyance que j'ai aujourd'hui : la génération spontanée du désir n'existe pas. Le désir de l'homme ne peut émerger que dans le regard d'un autre de son espèce, pas seulement quand on est tout petit et dépendant, au sens vital, de l'environnement parental, mais tout au long de la vie.

Je ne limite pas ces expériences à la thérapie : je constate dans mon quotidien comment la congruence apportée un partage émotionnel/verbal libère de ces zones de non-mots menant à la somatisation, à l'anxiété insoluble et à des constructions mentales "déviées" qui ne cherchent qu'à redonner du sens là où l'on n'en trouve pas. En disant simplement "je ressens ceci" et si l'autre est capable d'en faire de même, on désamorce un nombre étonnant de situations qui auraient pu dégénérer en conflit relationnel sans même que l'on comprenne pourquoi et à notre grande tristesse... Il me semble que c'est d'autant plus vrai quand on est zèbre et constamment "pollué" par une empathie sur-efficiente qui complique énormément la tâche de distinguer ce qui nous appartient et ce qui appartient à l'autre Smile
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Message par Roland7 Mar 26 Fév 2013 - 22:56

D'accord avec beaucoup de choses, très justes, que tu écris, à partir de ton expérience personnelle.

J'ai vécu des choses du même ordre que toi, mais ... seul !
Ce n'est pas le partage qui est fondamentalement réparateur, c'est le fait que ce qui est mis en acte par le corps (dans ce que tu appelles "agir expressif"), fait émerger les sensations, les émotions qui ont été "verrouillée", qui sont corrélée à cet agir, et que là dessus, peut alors se construire une symbolisation, une mise en mot, et surtout un changement dans l'attitude psycho-émotionnnelle de la personne, qui va "corriger" le déséquilibre qui provoquait cet "agir expressif".

Pour reprendre mon exemple personnel, de trois nuits de vomissements, maux de têtes,... cela était en soi un "agir expressif". Je n'ai pas tenté de "lutter contre", j'ai à plusieurs reprises, laissé le corps se mouvoir, en lien avec ce profond mal-être, une tension très forte ... ce faisant des émotions se sont manifester : un rejet puissant, mais empêché ... un rejet de quoi ? empêché par quoi ? Le passé se mêlait au présent, relation à la mère en particulier, et deux trois situations du moment (où j'ai vécu cela). Tournant autour de tout cela, entre flash et apaisement, est venu ce que je rejetais : les émotions négatives de l'autre que j'ai du prendre en charge (avec ma mère, en prime enfance, dans ces deux trois situations), et empêché de rejeter : parce que j'avais besoin d'elle.
Donc l'informulé/incompris/non-symbolisé était "je veux rejeter tes émotions négatives, mais je me l'interdis, parce si je le fais je serai plus mal encore". Quant tout cela est devenu clair, et aussi dans le fonctionnement des relations actuelles (de ce moment là), j'ai pu changé d'attitude affective de manière quasi-immédiate, et je me suis retrouvé en total paix avec moi-même : tout l'agir expressif du mal de tête-vomissement n'a plus eu lieu d'être. Et s'est arrêté.
La conscience a pu intégrer, reconstituer ce qui était "enfoui", et aboutir à la compréhension/correction de l'attitude intérieure déséquilibrée, qui générait le mal-être.
La somatisation a un sens, mais ne peut pas être interprétée. La vivre en pleine conscience, nous ouvre aux dimensions inconscientes qui la sous-tendent, et une fois le conflit interne parfaitement clarifier, la "solution" émerge, parce qu'une partie du passé se superposait au présent, empêchant une vision juste et claire de la "réalité". Cette superposition supprimée, l'action, l'attitude juste et réparatrice au présent, et aussi par rapport au passé, deviennent évidentes.

Oui, un autre "neutre" et de confiance, un thérapeute peut aider et être un point d'appui pour parvenir à ce genre d'exploration/compréhension.

D'accord aussi tout "agir expressif", et toute émotion, est un message à visée interne ET relationnel.

Pour moi (!), ton "moi" n'a pas été libéré de ton "moi". Non, tu as "pris conscience" d'un fonctionnement très profond, central de ton individualité. Tu (ta conscience) t(s)'es(t) "dés-identifiée" de ce processus fondateur. Il est toujours présent "en profondeur" (susceptible de se manifester, se manifestant sans doute parfois sans que tu le vois toujours), mais ta conscience n'en est plus prisonnière.
(comme moi : hier après midi, j'ai éprouvé le même malaise (maux de tête, envie de vomir), s'aggravant doucement pendant une heure ou deux, mais assez rapidement la conscience est revenue de ce même processus vis à vis de certaines situations/personnes actuelles, et j'ai vu/pris la distance affective nécessaire, et en un quart d'heure, à mon propre étonnement, le malaise s'est effacé)

Notre "moi" le plus profond, est, à mon sens, la manière particulière que nous avons chacun individuellement, d'être conscient. Aucun des processus conscients ou inconscients qui se passent "en nous", n'est notre "moi".
Le "moi" est un peu comme un logiciel, quand nous ne le connaissons pas, tout se passe de manière automatique, en bien comme en mal, et nous en sommes prisonnier, identifié à lui. Si nous le connaissons parfaitement, nous avons accès à la programmation, le logiciel est toujours là, nécessaire et utile, mais nous pouvons en modifier les paramètres, améliorer les fonctionnalités, débrider certaines, supprimer celles qui bugguent ...

Reich, Janov, Zen, philosophie, méditation, ... c'est ce que j'ai exploré avant de partir en Inde à 18 ans. Groupes de thérapie intensives là bas. Retour et échec personnel. Étude professionnelle, et puis rencontre avec l'enseignement d’Arnaud Desjardins pendant plusieurs années, puis dépression avec petite hospitalisation, et quelques expériences thérapeutiques diverses (dont un an de psychanalyse à trois séances par semaine !) ... Puis les épreuves de la vie (couple, enfants, séparation, ...) affrontées seul, rien de tel pour vérifier si ce que l'on porte de sagesse et de compréhension en soi, tient le choc ou non ! Et toujours cette soif d'exploration et de compréhension de la psychologie et spiritualité humaine qui ne m'a jamais lâchée (les centaines, milliers de livres de tout acabit, de tous horizons, lus pendant toutes ces années) !
Et les schémas profonds et leur compréhension finissent par se dévoiler, depuis quelques années, comme l'art de ne plus se laisser briser par eux, et d'en tirer "la lumière" : une connaissance/conscience toujours plus profonde de soi et de la vie, une connexion de plus en plus profonde avec l'amour, avec la vérité profonde, inaliénable, indestructible, qui fonde la vie intérieure de chacun ... Mais j'étale la confiture ! Very Happy

Ah, si ! Une question personnelle, si tu veux bien : as-tu connu, connais tu, des états modifiés de conscience (expérience "mystique" en d'autres mots), souvent, parfois, pas du tout ?

Bonne soirée ! Et merci de tes partages, témoignages et liens sur ce fil (que j'avais parcouru l'autre jour).
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Message par ♡Maïa Mer 27 Fév 2013 - 0:48

Bonsoir Roland7,

avant de te répondre, je me suis demandée si nous n'allions pas dépasser le cadre proposé initialement sur ce fil par Cher Monsieur, mais finalement, comme il évoque également "un enfermement dans un moi "spirituel"", nous sommes toujours dans le sujet Smile

Oui, j'ai vécu quelques états modifiés de conscience (enfin si l'on parle bien de la même chose), mais je rechigne profondément à y accoler le mot de "mystique" justement. Pour reprendre ton image informatique, mon logiciel de base n'a pas prévu cette fonction.
Dans ma quête de compréhension, je me suis d'abord dirigée vers la biologie (ma formation initiale), et vers la généalogie (sur un plan plus personnel) : je reste donc attachée à ce que je considère comme un esprit "cartésien". Certes, j'ai beaucoup évolué depuis ces années d'études, je suis désormais capable d'écouter et d'accueillir des expériences qu'on ne peut pas (encore) expliquer rationnellement, mais mes références de bases restent assez "pragmatiques".

Dans la séance que j'évoque plus haut, je dis bien "quand je suis revenue à moi". Ce fut une expérience forte, une sorte de spirale aplatie où passé (y compris intra-utérin) et présent ne faisaient plus qu'un, et où la vie et la mort se rejoignaient (bon, les mots sont trop petits pour décrire mais j'aurais essayé), mais en aucun cas je ne l'ai assimilée à quelque chose de "mystique".
Je te rejoins d'ailleurs tout à fait sur l'idée que ce que j'ai découvert ce jour-là est et reste en moi, ça n'a pas disparu ou été "guéri", ça a simplement été intégré à la conscience, oui.

Il m'est arrivée également de vivre des moments "d'élévation" et de sérénité incroyables. Je me souviens avoir pensé "Si j'étais croyante, je pourrais dire que je viens de voir Dieu". Ça m'a aidée à comprendre ce que vivent les gens qui parlent de "révélation" par exemple. Seulement je ne suis pas croyante, enfin pas en un dieu, ni en une quelconque entité anthropomorphe, ça ne fait pas partie de mon bagage culturel.
Je crois aux molécules, aux poussières d'étoiles, aux énergies (des pierres, des plantes, des corps, de la terre, de l'eau, etc...), aux vibrations, au cycle de la vie, aux hallucinations aussi, et à la force de la psyche.
Par exemple, je ne crois pas aux fantômes ni aux "âmes", mais je suis tout à fait prête à croire que l'énergie dégagée par un événement traumatique peut s'inscrire dans les arbres ou les pierres environnantes.
Je suis séduite par l'hypothèse Gaïa aussi. Ce positionnement est une sorte d'animisme moderne peut-être ?

Globalement, les états modifiés de conscience que j'ai pu vivre sont plutôt de l'ordre d'un morcellement psychotique. Je ne connais pas ce que certains décrivent comme une "sortie du corps", je ne l'ai jamais visualisé sous cette forme. C'est plutôt mon corps qui s'éparpille et qui se mélange au milieu ambiant, si je puis le dire ainsi. C'est une expérience assez étrange d'être à la fois soi et la table du salon...
C'est sans doute à cause de cette caractéristique que pour ma part j'ai besoin d'un tiers contenant pour déclencher un "agir expressif" alors que toi tu peux le vivre tout seul. Je n'ai pas (encore ?) la capacité à vivre sereinement ce genre d'expérience de fusion avec l'environnement (je ne voudrais pas rester scotchée au plafond et finir mes jours en HP Wink ).

Les séances de thérapie les plus spectaculaires que j'ai vécues s'apparentent plus à de la transe : j'ai une capacité déconcertante maintenant à régresser vers ces "endroits-là", et mon corps s'exprime d'une manière qu'on pourrait qualifier "d'hystérique" si on s'en tient aux seuls concepts freudiens... De mon point de vue, il s'agit seulement d'un trop plein énergétique qui a besoin de sortir, notamment parce que j'éponge à peu près toutes les énergies qui m'environnent, en particulier quand je côtoie des personnes trop clivées (donc non congruentes). Pour le dire autrement, mon corps exprime ce que les autres ne (se) disent pas ! Ce n'est pas toujours très confortable...

"Je ne suis que créé par le monde" écrit Cher Monsieur... J'ai l'impression que plus je me laisse traverser par ce que je nomme les "énergies" qui m'environnement, moins je cherche à m'en défendre pour mieux les laisser passer (y compris mes propres pensées et somatisations), et mieux je me sens. Un jour, je tenterai peut-être le Taï Chi (quand je n'aurai plus peur de finir en mille morceaux mélangée aux feuilles des arbres) Smile
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Message par ♡Maïa Ven 8 Mar 2013 - 18:05

Je viens de découvrir cette vidéo qui me semble compléter les échanges précédents de ce fil Smile

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Message par Invité Ven 8 Mar 2013 - 20:22

Belle vidéo, si tu le veux bien je la partage... Cet homme est très positif quant à l'avenir, il génère de l'enthousiasme et il a raison sur pas mal de choses. Merci Mog*Why une fois encore.

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Message par Oiseau là Sam 27 Juil 2013 - 16:47

Cette conversation est très très intéressante, j'apprécie la grande finesse d'analyse de Cher Monsieur et Mog*why, rassurée qu'elles soient si proches des miennes.
J'observe aussi comment, paradoxalement, et c'est à devenir fou, c'est dans les moments où je suis le plus moi-même (où la dyssynchronie entre moi et moi est réduite, dans des circonstances permettant une projection d'un moi intègre et un dialogue avec le monde cohérent), que je suis libérée de moi (i.e. des moi conflictuels intégrés par mon histoire psychique de la petite enfance et réactivés par un décalage critique avec le monde extérieur).
Mais ces moments d'harmonie entre soi et soi et entre soi et le monde sont malheureusement rares dans mon histoire, constat bien désespérant. De sorte que pour échapper à cette prison où je suis le plus souvent encombrée d'un moi pulvérisé envahissant, je dois constamment trouver des stratégies pour me réunifier... et c'est là qu'avec le temps je me rends compte que l'auto-analyse en effet ne marche pas et aggrave la situation, et que souvent il serait bon qu'un événement extérieur me recentre... en me distrayant de moi-même. Finalement pour être sainement égocentrée je suis obligée de sortir de ma solitude choisie au départ, et choisie précisément dans le but de protéger mon intégrité (en me protégeant de la laideur du monde). Voilà une acrobatie ou un tour de force que je me sens le plus souvent impuissante à réussir sans "chance" venue de l'extérieur.
Réflexion et mise en place de stratégies en cours. Graaa.
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Message par Invité Jeu 26 Sep 2013 - 13:09

Bonjour et merci pour ce fil de très haute qualité.

Je me permets de me  greffer ici car mon propos s’inscrit il me semble parfaitement dans le sujet  « Moi, libre de moi ».

Mon point de départ est par contre différent : Le joueur Echecs de Stefan Zweig.

La lecture de ce roman à l’adolescence a été une vraie révélation. En effet, cette partie d’échecs mentale incessante, cette recherche perpétuelle des faiblesses ou failles de sa propre stratégie, de son propre raisonnement, jusqu’au bord de la folie, c’est exactement ce qui se passe dans ma tête ! Mon psy m’a demandé à de nombreuses reprises de laisser être quelque chose en moi sans l’assaillir immédiatement de toute part ; j’en suis incapable. Plus grave, en jouant contre soi-même il est difficile d’éviter le pat(hétique), et à force, tout mouvement devient lourd, angoissant, vain. Ce n’est pour l’heure qu’une hypothèse, mais le penchant répandu chez les zèbres pour la procrastination ne trouverait-il pas en partie sa source dans ce mode de pensée ?

Je vais prendre un exemple concret, l’écriture. Je passe généralement plus de temps à justifier mon point de vue qu’à le développer, à préciser le sens de mes mots au lieu de les laisser couler. Je suis par exemple  capable d’utiliser trois paires de guillemets et cinq parenthèses imbriquées dans une seule phrase. Le mot posé est comme une ouverture sur l’échiquier, il déclenche immédiatement une contre-attaque ; cette contre-attaque doit être anticipée via l’ouverture d’une parenthèse ou plus explicitement par l’emploi d’une formule telle que vous objecterez peut-être ou il existe  évidemment des exceptions… Une des remarques qui a fleuri le plus souvent sur les marges de mes dissertations : vous n’êtes pas Proust. Je le sais bien, mais comment mettre un point alors qu’il y a encore tant à dire sur ce que je viens d’écrire ! Autre symptôme selon moi : les introductions de vingt pages subdivisées de manière complexes alors que la consigne explicite clairement que le travail ne peut excéder 30 pages !

Pour en revenir à Zweig, je me suis ensuite demandé ou je me situais dans cette partie d’échecs. Eh bien, je suis le joueur évidemment, mais aussi un pion sur l’échiquier de la vie. Je suis mon propre pion, ma propre marionnette que je mets en scène. Si ma vie était un film, j’en serais l’acteur et le metteur en scène. Seulement, cet enchaînement constant de thèse, antithèse, foutaise fini par m’empêcher de me poser en tant qu’acteur et je me réfugie dans le rôle du metteur en scène qui, suite à ma défection, réalise un film sans acteur… Et revoilà la procrastination.

J’arrête ici pour le moment, merci de me dire si vous vous reconnaissez dans ma description et si vous avez trouvé des stratégies ou des astuces pour briser le cercle vicieux de la réflexion et poser des actes.

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