L'abécédaire du bourricot

Celle grâce à qui tout est arrivé.

Tu passes de temps en temps en catimini sur ce forum et tu m'as dit que tu suivais mon fil. Alors je te rends ici publiquement hommage pour ton courage d'abord. Pas facile de re-naître : comme la première fois, le couloir est obscur, étroit et douloureux. Y'a la lumière au bout, ça c'est vrai, mais le passage douille quand même. Je n'entre pas dans les détails : tu vois très bien de quoi je parle.
Pour ta générosité et ton écoute, ensuite. Et nos longues conversations en fougère arborescente et décalées dans la petite salle du fond.
Pour ce regard profondément humain et tendre que tu portes sur les gens.

Tu n'es pas un âne avec un pyjama à rayures mais tu es une tête de mule !
Je persiste et signe : c'est bien que tu sois à côté de tes pompes parce que les anciens sabots étaient vraiment, vraiment trop petits pour toi!

"Iconoclaste" est l'un de mes mots favoris. Enfant, j'étais fan du Capitaine Haddock et lorsqu'il décollait les deux pieds du sol en hurlant des injures auréolées de signes cabalistiques, j'étais pliée. "Iconoclaste" m'expédiait loin dans les choux ! ( "Anacoluthe" occupe la deuxième position juste devant "Bachi-bouzouk"). J'en ignorais la signification exacte et je ne voulais surtout pas savoir. J'y voyais des choses bondissantes et incontrôlables !
Ce compliment a une réelle importance et c'est un honneur, Harpo, que tu me fais.

J'ai foi en Lui. Ainsi en ai-je décidé. Parce que sans Lui ma vie n'aurait aucun sens ( ni direction ni signification). J'essaye de me tourner vers lui le plus souvent possible sans attendre qu'une tuile me tombe sur la tête. Maman me disait souvent quand j'étais petite : "Les gens prient quand ils sont dans le malheur. Quand tout va bien, ils ne pensent pas au quotidien à remercier pour tout ce qui leur arrive d'heureux et de bon." Alors du coup, j'avais la frousse que Dieu m'envoie des beignes pour que je pense à Lui La frousse, heureusement, a disparu quand j'ai compris que l'amour est une question de "Lien". Lui dire "merci" dès que j'y pense c'est une façon de garder le contact. Enfin, j'essaye.
Une affaire de "lien" et aussi une affaire de "don". S'Il me donne, ce n'est que justice de Lui donner un peu aussi. Il en va de même avec autrui. Toujours donner et ne jamais recevoir, ça frustre cruellement. Quand je donne sans compter ( bon, ma notion du "sans compter" est très relative et mesurée à l'aune de mon réservoir personnel d'énergie et de possibilités) et que j'ai l'impression de ne recevoir pas même une miette, ça me fend le coeur. C'est peut-être pareil pour Dieu, je me dis. Sauf peut-être que son amour tellement inconditionnel, absolu, infini parvient à surmonter son chagrin.
( ça fait trois quarts d'heure que je suis devant ce brouillon, que les idées affluent comme taureaux en cavale et que je ne sais comment les coucher "sur le papier". J'arrête là. Je crois que j'ai dit l'essentiel.)

Edit : Ah si ! Je me souviens maintenant d'une anecdote ( une grande connerie, oui!) que je veux vous raconter
Le jour de ma profession de Foi ( j'avais 12 ou 13 ans, je sais plus) devant l'Autel, je demande à Dieu comme preuve suprême de l'amour que j'ai pour Lui de faire en sorte que personne ne m'aime pour que je puisse me consacrer entièrement à Lui, pour qu'il n'y ait que Lui dans ma vie ! Il m'a prise au mot. Pendant un an tout le monde, à l'exception de mes parents je crois bien, s'est détourné de moi. Après avoir vécu quelques mois repliée sur mon amour mystique et sur moi-même, j'ai passé le reste de l'année comme un roquet galeux à mendier de l'affection en pure perte. Merci pour la lumineuse leçon Seigneur ! J'ai bien compris qu'aimer Dieu c'est d'abord, et surtout, et avant tout, aimer les autres ! Et si en plus, les autres nous aiment, c'est tout bénef !

Esquive
Envol
Echappe
Evite

Et merveilles

Evasion
Elude
Espace
E - m@ginaire

En Jeu

Enfance !

Ce n'est plus depuis longtemps une stratégie : c'est une seconde nature. Je me sens l'âme d'un aventurier sur une ligne de fuite. Je suis la Christophine Colombe de mes mondes. Mais Le Déserteur de Boris, c'est aussi moi. Non pas que le réel ne présente pas d'intérêt mais c'est la vision magique de l'enfant que je ne veux pas perdre : celle qui fait que la poussière qui flotte dans la lumière d'une embrasure de fenêtre est étoiles et diamants, que le bord du trottoir est le rebord d'un précipice de 3000m de profondeur, celle qui peuple ma toiture de petits bonshommes facétieux. J'ai des araignées au plafond ! Le monde réel me fait peur et me navre. Je tâche de l'affronter le moins souvent possible.
Je ne remplis mes formulaires administratifs qu'au dernier moment. Un peu avant minuit. Cachet de la Poste faisant foi. Je paye sans rechigner les 10% de pénalités.
Je ne traite pas mon courrier. Ou un, deux, trois ans après. Je ne perçois aucune allocation pour les enfants : je n'ai jamais fait les démarches.
Je n'aime pas les bureaux, les administrations, les files d'attente, les salles d'attente, attendre. J'étouffe. J'y vais quand je n'ai pas le choix.
Je n'ai plus de télévision. Je ne su - porte plus le cortège d'enfants battus, violés, crucifiés qui envahit mon salon et me hante des jours et des nuits et des jours. Je ne peux simplement pas. Je vis avec eux le moindre de leur calvaire. Leurs visages inondés de larmes, leur ventre ballonné, leur maigreur terrifiante, leur esclavage, leurs terreurs. Ce sont MES enfants que je vois. Je ne peux pas assister au martyr de mes enfants. Je deviendrai folle. Je ne peux pas/plus/ pas encore absorber la misère du monde.
Je ne veux pas "voir" mais je veux "savoir" parce que je veux "agir". Je ne parlerai pas de mes actions. Mais j'ai remarqué quelque chose qui m'emplit d'espoir : lorsque j'ai un rôle à jouer, je fais les bonnes rencontres et tout s'enclenche sans efforts, comme par magie. Je deviens un maillon de la chaîne, un élément du rouage dynamique. Cela me satisfait.

Quand tout devient trop lourd, je fuis. Je me réfugie dans le virtuel. J'invente des histoires. Je joue.

[ Scènes de la vie quotidienne ]


II - L'ivresse des cimes

( Pour Northey )







III - Mise en bière

( Hommage à Fellini )

[ Scènes de la vie quotidienne ]


IV - Prendre une douche (Robert Doisneau)