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Message par ou-est-la-question Mar 22 Juil 2014 - 19:10

et merci Alphonsine pour l'index

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Message par zebravalia Mar 22 Juil 2014 - 20:45

https://www.facebook.com/pages/Amis-des-Editions-Al-Manar/469234970034?fref=nf

Le Festival "Voix Vives de la Méditerranée" bat son plein à Sète. Il est encore temps de nos rejoindre ! Jusqu'à la fin de cette semaine, la poésie sera partout dans cette cité dionysiaque…!
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Message par Invité Jeu 24 Juil 2014 - 18:47

Un peu de Paul-Jean Toulet, qui correspond bien à mon humeur un peu mélancolique, ce soir.

Soir de Montmartre

Décor d’encre. Sur le ciel terne
Court un fil de fer :
Mansarde où l’on aima, vanterne
Sans carreaux, où l’on a souffert.

Une enfant fait le pied de grue
Le long du trottoir.
Le bistro, du bout de la rue,
Ouvre un oeil de sang dans le noir ;

Tandis qu’on pense à sa province,
A Faustine, à Zo’…
Mais c’est pour Lilith que j’en pince :
Autres chansons, autres oiseaux.

Quelques fois

Quelquefois, après des ébats polis,
J'agitai si bien, sur la couche en déroute,
Le crincrin de la blague et le sistre du doute
Que les bras t'en tombaient du lit.

Après ça, tu marchais, tu marchais quand même ;
Et ces airs, hélas, de doux chien battu,
C'est à vous dégoûter d'être tendre, vois-tu,
De taper sur les gens qu'on aime.

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Message par Tan Lun 4 Aoû 2014 - 15:16

Un homme passe sous la fenêtre et chante.

Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
Comme la vitre pour le givre
Et les vêpres pour les aveux
Comme la grive pour être ivre
Le printemps pour être amoureux
Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux

Toi qui avais des bras des rêves
Le sang rapide et soleilleux
Au joli mois des primevères
Où pleurer même est merveilleux
Tu courais des chansons aux lèvres
Aimé du Diable et du Bon Dieu
Toi qui avais des bras des rêves
Le sang rapide et soleilleux

Ma folle ma belle et ma douce
Qui avais la beauté du feu
La douceur de l’eau dans ta bouche
De l’or pour rien dans tes cheveux
Qu’as-tu fait de ta bouche rouge
Des baisers pour le jour qu’il pleut
Ma folle ma belle et ma douce
Qui avais la beauté du feu

Le temps qui passe passe passe
Avec sa corde fait des nœuds
Autour de ceux-là qui s’embrassent
Sans le voir tourner autour d’eux
Il marque leur front d’un sarcasme
Il éteint leurs yeux lumineux
Le temps qui passe passe passe
Avec sa corde fait des nœuds

On n’a tiré de sa jeunesse
Que ce qu’on peut et c’est bien peu
Si c’est ma faute eh bien qu’on laisse
Ma mise à celui qui dit mieux
Mais pourquoi faut-il qu’on s’y blesse
Qui a donc tué l’oiseau bleu
On n’a tiré de sa jeunesse
Que ce qu’on peut et c’est bien peu

Tout mal faut-il qu’on en accuse
L’âge qui vient le cœur plus vieux
Et ce n’est pas l’amour qui s’use
Quand le plaisir a dit adieu
Le soleil jamais ne refuse
La prière que font les yeux
Tout mal faut-il qu’on en accuse
L’âge qui vient le cœur plus vieux

Et si ce n’est pas nous la faute
Montrez-moi les meneurs du jeu
Ce que le ciel donne qui l’ôte
Qui reprend ce qui vient des cieux
Messieurs c’est ma faute ou la vôtre
A qui c’est-il avantageux
Et si ce n’est pas nous la faute
Montrez-moi les meneurs du jeu

Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux
Le monde l’est lui pour y vivre
Et tout le reste est de l’hébreu
Vos lois vos règles et vos bibles
Et la charrue avant les bœufs
Nous étions faits pour être libres
Nous étions faits pour être heureux.

Louis Aragon – Elsa – 1959
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Message par Pieyre Lun 4 Aoû 2014 - 15:35

    La lune blanche
    Luit dans les bois;
    De chaque branche
    Part une voix
    Sous la ramée...

    Ô bien-aimée.

    L’étang reflète,
    Profond miroir,
    La silhouette
    Du saule noir
    Où le vent pleure...

    Rêvons, c’est l’heure.

    Un vaste et tendre
    Apaisement
    Semble descendre
    Du firmament
    Que l’astre irise...

    C’est l’heure exquise.


    — Paul Verlaine

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Message par Invité Lun 4 Aoû 2014 - 15:39

Mis en musique par Reynaldo Hahn :



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Message par Pieyre Lun 4 Aoû 2014 - 18:10

Oui, merci. Beaucoup de poèmes ont été mis en chanson, mais c'est d'autant plus difficile quand leurs vers sont courts, me semble-t-il. Il serait intéressant de discuter de la musicalité des poèmes, y compris celle particulière qu'on leur donne en les énonçant.

Et merci pour la mise à jour de l'index.

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Message par Invité Sam 9 Aoû 2014 - 12:07

En effet.
Ma grande interrogation, notamment, a toujours été : comment lit-on le vers libre ? Laughing Les règles nous permettent, sinon, de lire "correctement" les vers classiques (et encore, y'a-t-il une façon correcte de lire, et les autres ? J'ai remarqué, par exemple, que la diction des acteurs, pour les pièces en vers, était différente de la façon dont on énonçait les poèmes en littérature), mais qu'en est-il, dès lors qu'on travaille à désaccorder, déséquilibrer le vers... ? Et les vers courts, et les impairs ?
Pour le coup, si j'adore le morceau de Reynaldo Hahn, je trouve qu'il ne met pas particulièrement en valeur le texte - j'ai longtemps écouté cette chanson sans "capter" que c'était un poème de Verlaine Laughing ... Aujourd'hui, de le savoir, je l'écoute différemment...

De rien pour l'index, ça me fait plaisir de contribuer ainsi au sujet. Smile

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Message par Killian Ven 29 Aoû 2014 - 22:35

Petite mise au vert (sans mauvais jeu de mot...) et plus avec John Keats.

Endymion (Ouverture, 1818)

A thing of beauty is a joy for ever:
Its loveliness increases; it will never
Pass into nothingness; but still will keep
A bower quiet for us, and a sleep
Full of sweet dreams, and health, and quiet breathing.
Therefore, on every morrow, are we wreathing
A flowery band to bind us to the earth,
Spite of despondence, of the inhuman dearth
Of noble natures, of the gloomy days,
Of all the unhealthy and o'er-darkened ways                  
Made for our searching: yes, in spite of all,
Some shape of beauty moves away the pall
From our dark spirits. Such the sun, the moon,
Trees old and young, sprouting a shady boon
For simple sheep; and such are daffodils
With the green world they live in; and clear rills
That for themselves a cooling covert make
'Gainst the hot season; the mid forest brake,
Rich with a sprinkling of fair musk-rose blooms:
And such too is the grandeur of the dooms                    
We have imagined for the mighty dead;
All lovely tales that we have heard or read:
An endless fountain of immortal drink,
Pouring unto us from the heaven's brink.

Nor do we merely feel these essences
For one short hour; no, even as the trees
That whisper round a temple become soon
Dear as the temple's self, so does the moon,
The passion poesy, glories infinite,
Haunt us till they become a cheering light                    
Unto our souls, and bound to us so fast,
That, whether there be shine, or gloom o'ercast,
They alway must be with us, or we die.

............................................................

Un objet de beauté est une joie éternelle
Son charme ne fait que croître; et jamais
Ne sombrera au néant, mais restera toujours
Pour nous un havre de calme, un sommeil
Plein de doux rêves, de santé et d’un calme respire.
Aussi chaque jour qui passe, nous tressons
Une guirlande de fleurs pour nous lier à la terre,
Malgré le désespoir, l’inhumaine disette
De nobles créatures, malgré les jours lugubres,
Les chemins ténébreux et malsains
Où marche notre quête: oui, en dépit de tout,
Une forme de beauté vient enlever le suaire
De nos esprits en deuil. Ainsi font le soleil, la lune,
Les arbres jeunes ou vieux qui offrent leurs première ombres bienfaisantes
Aux humbles brebis; ainsi les jonquilles
Et ce monde verdoyant où elles vivent; et les clairs ruisseaux
Qui se font un couvert de fraîcheur
Contre la brûlante saison; ainsi le fourré au cœur des bois
Richement parsemé de la beauté des roses musquées:
Ainsi pareillement les grandioses destins
Que nous avons imaginés pour les plus grands des morts,
Tous les contes merveilleux, lus ou entendus:
Fontaine intarissable d’un breuvage immortel
Qui coule jusqu’à nous du bord même des cieux

Et ce n’est pas seulement pendant une heure brève
Que ces essences nous pénètrent; non, comme les arbres
Qui bruissent autour d’un temple bientôt deviennent
Aussi précieux que le temple lui-même, ainsi la lune
La poésie – cette passion – gloires infinies
Nous hantent jusqu’à devenir une lumière de réconfort
Pour nos âmes et s’attacher à nous d’un lien si puissant
Que, dans le soleil ou sous un ciel couvert et sombre,
Il nous faut toujours les garder près de nous – ou mourir.

(traduction de Jean Briat)
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Message par Bacha Posh Dim 14 Sep 2014 - 11:23


Demain, dès l'aube…

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo, Les Contemplations

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Message par Bacha Posh Dim 14 Sep 2014 - 11:30


À une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! — Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

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Message par Princeton Dim 14 Sep 2014 - 12:01

Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal — Appendices
ÉBAUCHE D’UN ÉPILOGUE POUR LA 2e ÉDITION


Tranquille comme un sage et doux comme un maudit,
…j’ai dit:
Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…
Que de fois…
Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,
Ton goût de l’infini
Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame,

Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,
Tes faubourgs mélancoliques,
Tes hôtels garnis,
Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,
Tes temples vomissant la prière en musique,
Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,
Tes découragements;

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie,
Et ta vertu risible, au regard malheureux,
Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie…

Tes principes sauvés et tes lois conspuées,
Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes.
Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,
Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,
Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,
Tes magiques pavés dressés en forteresses,

Tes petits orateurs, aux enflures baroques,
Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,
S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,
Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques
Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,
Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.
Princeton
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Message par Invité Dim 14 Sep 2014 - 18:19

Walt Whitman, Chanson des Joies. (trad : J. Darras)

Spoiler:

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Message par Invité Lun 29 Sep 2014 - 2:48

Un sonnet de Charles Cros, s'il vous plaît :


Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c'est la fête.
Les gens disent : "Comme il est bête !"
En somme, je suis mal coté.

J'allume du feu dans l'été,
Dans l'usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête,
Qu'importe ! J'aime la beauté.

Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.

J'ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d'un pas normal :
Des roses, des roses, des roses !

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Message par Invité Mer 1 Oct 2014 - 14:50

Keuwa ?! J'ai jamais mis Les Amis inconnus ici ? Ou alors j'ai foiré mon mirifique index... ?
Bon, dans le doute :

Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d'une lame profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit les étoiles muettes.

Il vous naît un oiseau dans la force de l'âge,
En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
Puisqu'il n'a que son cri d'oiseau pour la montrer.
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s'y pose, on dirait qu'elle est comme les autres.

Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
Il n'est pas de chasseur encor dans la contrée,
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L'écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?

Il vous naît un ami, et voilà qu'il vous cherche
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux
Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
Et loge dans son cœur d'étranges battements
Qui lui viennent de jours qu'il n'aura pas vécus.

Et vous, que faites-vous, ô visage troublé,
Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles
"Si je croise jamais un des amis lointains
Au mal que je lui fis vais-je le reconnaître ?"

Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés,
Pour les phrases venant de lèvres inconnues
Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.


Dernière édition par Alphonsine le Mer 1 Oct 2014 - 14:54, édité 1 fois (Raison : Sans les fautes, c'est mieux.)

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Message par Invité Mer 1 Oct 2014 - 15:00

Les Amis inconnus
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Message par Invité Jeu 2 Oct 2014 - 12:01

A ceux qui sont petits

Est-ce ma faute à moi si vous n'êtes pas grands ?
Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans,
Le mistral, le simoun, l'écueil, la lune rousse ;
Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce ;
Hélas ! l'envie en vous creuse son puits sans fond,
Et je vous plains. Le plomb de votre style fond
Et coule sur les noms que dore un peu de gloire,
Et, tout en répandant sa triste lave noire,
Tâche d'être cuisant et ne peut qu'être lourd.
Tortueux, vous rampez après tout ce qui court ;
Votre oeil furieux suit les grands aigles véloces.
Vous reprochez leur taille et leur ombre aux colosses ;
On dit de vous : - Pygmée essaya, mais ne put.-
Qui haïra Chéops si ce n'est Lilliput ?
Le Parthénon vous blesse avec ses fiers pilastres ;
Vous êtes malheureux de la beauté des astres ;
Vous trouvez l'océan trop clair, trop noir, trop bleu ;
Vous détestez le ciel parce qu'il montre Dieu ;
Vous êtes mécontents que tout soit quelque chose ;
Hélas, vous n'êtes rien. Vous souffrez de la rose,
Du cygne, du printemps pas assez pluvieux.
Et ce qui rit vous mord. Vous êtes envieux
De voir voler la mouche et de voir le ver luire.
Dans votre jalousie acharnée à détruire
Vous comprenez quiconque aime, quiconque a foi,
Et même vous avez de la place pour moi !
Un brin d'herbe vous fait grincer s'il vous dépasse ;
Vous avez pour le monde auguste, pour l'espace,
Pour tout ce qu'on voit croître, éclairer, réchauffer,
L'infâme embrassement qui voudrait étouffer.
Vous avez juste autant de pitié que le glaive.
En regardant un champ vous maudissez la sève ;
L'arbre vous plaît à l'heure où la hache le fend ;
Vous avez quelque chose en vous qui vous défend
D'être bons, et la rage est votre rêverie.
Votre âme a froid par où la nôtre est attendrie ;
Vous avez la nausée où nous sentons l'aimant ;
Vous êtes monstrueux tout naturellement.
Vous grondez quand l'oiseau chante sous les grands ormes.
Quand la fleur, près de vous qui vous sentez difformes,
Est belle, vous croyez qu'elle le fait exprès.
Quel souffle vous auriez si l'étoile était près !
Vous croyez qu'en brillant la lumière vous blâme ;
Vous vous imaginez, en voyant une femme,
Que c'est pour vous narguer qu'elle prend un amant,
Et que le mois de mai vous verse méchamment
Son urne de rayons et d'encens sur la tête ;
Il vous semble qu'alors que les bois sont en fête,
Que l'herbe est embaumée et que les prés sont doux,
Heureux, frais, parfumés, charmants, c'est contre vous.
Vous criez : au secours ! quand le soleil se lève.
Vous exécrez sans but, sans choix, sans fin, sans trêve,
Sans effort, par instinct, pour mentir, pour trahir ;
Ce n'est pas un travail pour vous de tout haïr,
Fourmis, vous abhorrez l'immensité sans peine.
C'est votre joie impie, âcre, cynique, obscène.
Et vous souffrez. Car rien, hélas, n'est châtié
Autant que l'avorton, géant d'inimitié !
Si l'oeil pouvait plonger sous la voûte chétive
De votre crâne étroit qu'un instinct vil captive,
On y verrait l'énorme horizon de la nuit ;
Vous êtes ce qui bave, ignore, insulte et nuit ;
La montagne du mal est dans votre âme naine.

Plus le coeur est petit, plus il y tient de haine.

~ Victor Hugo

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Message par Bacha Posh Jeu 2 Oct 2014 - 12:41

Lyhan a écrit:Plus le coeur est petit, plus il y tient de haine.

Plus le coeur est petit, moins il peut contenir d'amour.

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Message par Bacha Posh Ven 3 Oct 2014 - 17:45

Le firmament est plein de la vaste clarté

Le firmament est plein de la vaste clarté ;
Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté.
Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure ;
Le champ sera fécond, la vigne sera mûre ;

Tout regorge de sève et de vie et de bruit,
De rameaux verts, d'azur frissonnant, d'eau qui luit,
Et de petits oiseaux qui se cherchent querelle.
Qu'a donc le papillon ? qu'a donc la sauterelle ?

La sauterelle à l'herbe, et le papillon l'air ;
Et tous deux ont avril, qui rit dans le ciel clair.
Un refrain joyeux sort de la nature entière ;
Chanson qui doucement monte et devient prière.

Le poussin court, l'enfant joue et danse, l'agneau
Saute, et, laissant tomber goutte à goutte son eau,
Le vieux antre, attendri, pleure comme un visage ;
Le vent lit à quelqu'un d'invisible un passage

Du poème inouï de la création ;
L'oiseau parle au parfum; la fleur parle au rayon ;
Les pins sur les étangs dressent leur verte ombelle ;
Les nids ont chaud ; l'azur trouve la terre belle,

Onde et sphère, à la fois tous les climats flottants ;
Ici l'automne, ici l'été ; là le printemps.
Ô coteaux ! ô sillons ! souffles, soupirs, haleines !
L'hosanna des forêts, des fleuves et des plaines,

S'élève gravement vers Dieu, père du jour ;
Et toutes les blancheurs sont des strophes d'amour ;
Le cygne dit : Lumière ! et le lys dit : Clémence
Le ciel s'ouvre à ce chant comme une oreille immense.

Le soir vient ; et le globe à son tour s'éblouit,
Devient un œil énorme et regarde la nuit ;
Il savoure, éperdu, l'immensité sacrée,
La contemplation du splendide empyrée,

Les nuages de crêpe et d'argent, le zénith,
Qui, formidable, brille et flamboie et bénit,
Les constellations, ces hydres étoilées,
Les effluves du sombre et du profond, mêlées

À vos effusions, astres de diamant,
Et toute l'ombre avec tout le rayonnement !
L'infini tout entier d'extase se soulève.
Et, pendant ce temps-là, Satan, l'envieux, rêve.

Victor Hugo, Les Contemplations


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Message par Invité Mar 7 Oct 2014 - 17:05

Index mis à jour ! Et merci à Sarty pour l'entrée de Walt Whitman dans cette anthologie personnalisée et à Princeton pour cette ébauche méconnue ! *fait des découvertes*

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Message par Subrisio Saltat. Mar 7 Oct 2014 - 19:43

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Dernière édition par Subrisio Saltat. le Dim 15 Nov 2015 - 17:42, édité 1 fois
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Message par Kodiak Mar 7 Oct 2014 - 21:25

Louis Aragon - Il n’y a pas d’amour heureux

Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux

Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux

Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deux



Et la poignante mise en musique par Georges Brassens :

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Message par IndianaJoan Mar 7 Oct 2014 - 21:51

Pour diversifier un peu, moi je donne dans la poésie anglophone I love you (parce que bon, Baudelaire, j'aime beaucoup, mais...)

The Sick Rose - William Blake

O Rose thou art sick.
The invisible worm,
That flies in the night
In the howling storm:

Has found out thy bed
Of crimson joy:
And his dark secret love
Does thy life destroy.

celui-là est un peu long, je le mets donc sous spoiler. mais c'est pas parce que je l'aime moins:
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Message par Pieyre Mer 8 Oct 2014 - 0:09

    La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
    Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
    Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
    De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
    – C'était le jour béni de ton premier baiser.
    Ma songerie, aimant à me martyriser,
    S'enivrait savamment du parfum de tristesse
    Que même sans regret et sans déboire laisse
    La cueillaison d'un Rêve au cœur qui l'a cueilli.
    J'errais donc, l'œil rivé sur le pavé vieilli,
    Quand, avec du soleil aux cheveux, dans la rue
    Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
    Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
    Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
    Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
    Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfu­mées.

    Stéphane Mallarmé, Apparition

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Message par Nochéry Dim 12 Oct 2014 - 3:54

bonjour.

Merci pour ta liste Alphonsine.

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Message par Invité Sam 18 Oct 2014 - 1:26

Litchee Smile

Pour changer un peu, un poème en prose de Gabriel de Lautrec, Les Maîtresses des poètes :

Les maîtresses des poètes sont maigres ; c’est les femmes au corps d’enfant, qui, dès l’aube, tandis que du lourd sommeil de la nuit finissante dort l’aimé, se lèvent dans les lueurs crépusculaires. Elles vont par la chambre étroite, allumant le feu, disposant les feuilles blanches où doit se recueillir la pensée du poète, et les chers livres trop lus, qui hantent ses insomnies. Elles ont froid, malgré le feu vite allumé, étant de celles qui rêvent anxieusement être ensevelies dans les douces tiédeurs du lit, et dormir, dormir pour toujours, caressantes et caressées, cheveux noirs, front pensif, lèvres frémissantes, avec l’ignorance craintive de tout ce qui n’est pas le baiser. Et le matin, tôt levées, vigilantes, mais les yeux lourds, elles viennent se pencher éperdûment sur les yeux fermés de l’aimé, comme, dans les vieilles légendes allemandes, le page de velours noir qui veille sur le page blanc malade d’amour. Les maîtresses des poètes sont laides, mais leur laideur est pleine d’un charme à faire pleurer. Leurs prunelles ont un mystère, et leurs lèvres, le divin sourire qui humilie la beauté. Et pour telle que méprisèrent les désirs vulgaires, le poète sentit la source de son cœur blessé s’ouvrir ; et l’éternelle chanson, comme sur les cordes fragiles d’un violon sonore, pleure sa vibrante harmonie en leur âme désolée. Ô séduisantes et mélancoliques bien-aimées, quel démon subtil et triste leur enseigna le cher secret de guérir le mal de vivre par le mal d’aimer ? – Hélas ! c’est d’une que d’autres, peut-être, trouvèrent étrange, que le poète se meurt aujourd’hui, ô sœur de jadis et pauvre enfant pâme dont si frêle fut le cœur, si caressants les cheveux longs, et pour si longtemps inoubliable le frisson des yeux ! Les maîtresses des poètes sont mortes. Durant leur vie terrestre, si courte, elles s’appelèrent Lilith, Antigone, Sperata ! – et c’est d’elles, les mortes d’amour, que nous cherchons le baiser sur les lèvres d’aujourd’hui. Oh ! que la blessure est éternelle ! – Ne pouvoir guérir de ce désir d’étoile, inutile et vain, – et si cher ! – Vienne le soir qui calme et berce les cœurs malades, comme l’on berce les enfants peu sages qui voient des formes effrayantes la nuit. – Et vous endormirez l’âme du poète avec des éthers et des narcotiques, qu’il repose du sommeil sans rêve où toute douleur s’anéantit. Mais avant que descende cette aube sombre, il s’en ira sous la lune, vers les tombes où sont des lèvres closes et des yeux à jamais fermés. Et quand il aura confié au silence magique et frissonnant du soir le secret des chères paroles, et des poèmes lumineux que nul autre que lui ne lira, elles viendront, celles d’autrefois, qui seules l’auront écouté, elles viendront, avec des caresses et leurs cheveux dénoués, lui murmurer les réponses amoureuses qu’il n’avait jamais entendues, et que pourtant il reconnaîtra.

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Message par poupée BB Sam 18 Oct 2014 - 3:08

Quand j´étais gosse, haut comme trois pommes
J´parlais bien fort pour être un homme
J´disais : je sais, je sais, je sais, je sais

C´était l´début, c´était l´printemps
Mais quand j´ai eu mes dix-huit ans
J´ai dit : je sais, ça y est, cette fois, je sais

Et aujourd´hui, les jours où je m´retourne
J´regarde la Terre où j´ai quand même fait les cent pas
Et je n´sais toujours pas comment elle tourne!

Vers vingt-cinq ans, j´savais tout : l´amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l´amour! J´en avais fait tout l´tour!

Mais heureusement, comme les copains, j´avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j´ai encore appris.
C´que j´ai appris, ça tient en trois, quatre mots :

Le jour où quelqu´un vous aime, il fait très beau
J´peux pas mieux dire : il fait très beau!

C´est encore ce qui m´étonne dans la vie
Moi qui suis à l´automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse!

Toute ma jeunesse, j´ai voulu dire "je sais"
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j´savais

Il y a soixante coups qui ont sonné à l´horloge
J´suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j´m´interroge :

Maintenant je sais, je sais qu´on n´sait jamais!

La vie, l´amour, l´argent, les amis et les roses
On n´sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C´est tout c´que j´sais! Mais ça, j´le sais!
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Message par ΣΦ Lun 27 Oct 2014 - 18:51

@ Subrisio Saltat. Je peux te demander qui lit l'élégie de Duino sur le lien que tu as mis??

(Rilke, un de mes essentiels, oui! Merci à toi!)
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Message par Subrisio Saltat. Mar 28 Oct 2014 - 8:42

ΣΦ a écrit:@ Subrisio Saltat. Je peux te demander qui lit l'élégie de Duino sur le lien que tu as mis??

(Rilke, un de mes essentiels, oui! Merci à toi!)

Un donneur de voix amateur bien que très doué à mon avis) dont le nom figure ici http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/rilke-rainer-maria-elegies-de-duino.html (je ne le citerai pas ici pour des raisons que tu comprendras).

Il y lit toutes les Elegies Smile
(Sauf celle-ci, écrite pour Marina Tsvetaeva http://www.poesie.net/enfants/rilke_marina.htm . J'aimerai un jour trouver une traduction qui lui rende vraiment justice.)

Beaucoup d'amateurs de Rilke ici, c'est fou. Rilke semble avoir une certaine résonance dans le cœur ou dans la tête des membres de ce forum.

(Et merci à toi !)
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Message par ΣΦ Mer 29 Oct 2014 - 14:40

merci Subrisio Saltat. Smile
j'irai jeter une oreille plus avant sur ce site qui m'a l'air bien!

Oui, difficile de traduire Rilke et Zvetaeva aussi, d'ailleurs! Smile

Sans doute, connais-tu Laurent Terzieff, alors?
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Message par Invité Mer 29 Oct 2014 - 16:30

@ Zofie : Terzieff (RIP), le Lucernaire, le TNP toussa drunken !!!
Merci à toi, aujourd'hui je me sens revigorée par certains posts qui rappellent à mon souvenir tant de talents ...

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Message par ΣΦ Mer 29 Oct 2014 - 16:36

lui-même, oui, que j'ai eu la chance de voir et d'écouter plusieurs fois, oui!

tant mieux, tant mieux (pour le "revig-orage", j'veux dire), tu m'en refiles un ch'touille??? Wink
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Message par Invité Mer 29 Oct 2014 - 16:41

ΣΦ a écrit:lui-même, oui, que j'ai eu la chance de voir et d'écouter plusieurs fois, oui!

tant mieux, tant mieux (pour le "revig-orage", j'veux dire), tu m'en refiles un ch'touille??? Wink

je te refile même toute ma ch'touille si ça peut aider !!! Pété de rire

petite veinarde, jamais vu en scène ce bonhomme ...

Revis Igor !:

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Message par ΣΦ Mer 29 Oct 2014 - 17:26

Hey! Merci beaucoup!! C'est vrai qu'elle est très belle celle-là aussi! Tanti Grazie!
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Message par Nochéry Sam 1 Nov 2014 - 14:33

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/jozsefattila/attilajozsef.html

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Message par Gianpao Mar 30 Déc 2014 - 22:57

WaterShed a écrit:Un classique, mais qui me tire presque des larmes:

Victor Hugo a écrit:Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère ;
Elle entrait et disait : « Bonjour, mon petit père » ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres s’asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe. 

Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,

Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,

Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent

Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,

Et mainte page blanche entre ses mains froissée

Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.

Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,

Et c'était un esprit avant d'être une femme.

Son regard reflétait la clarté de son âme.

Elle me consultait sur tout à tous moments.

Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants

Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère

Tout près, quelques amis causant au coin du feu !

J'appelais cette vie être content de peu !

Et dire qu'elle est morte! hélas! que Dieu m'assiste !

Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ;

J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux

Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

Et aussi celui-ci, d'un poète brésilien, dit par le prêtre aux obsèques d'un camarade de promotion décidé à l'automne dernier...

Adémar de Barros a écrit:J'ai fait un rêve, la nuit de Noël.
Je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur.
Nos pas se dessinaient sur le sable en laissant une double empreinte, la mienne et celle du Seigneur.
L'idée me vint, c'était en songe, que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie.
Je me suis arrêté pour regarder en arrière.
J'ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin.
Mais je remarquai qu'en certains endroits, au lieu de deux empreintes, il n'y en avait qu'une.
J'ai revu le film de ma vie. Ô surprise !
Les lieux à l'empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence.
Jours d'angoisse ou de mauvais vouloir,
Jours d'égoïsme ou de mauvaise humeur,
Jours d'épreuve et de doute,
Jours intenables...
Jours où moi aussi j'avais été intenable.
Alors me tournant vers le Seigneur,
J'osai lui faire des reproches :
"Tu nous avais pourtant promis d'être avec nous tous les jours !
Pourquoi n'as-tu pas tenu ta promesse ?
Pourquoi m'avoir laissé seul aux pires moments de ma vie ?
Aux jours où j'avais le plus besoin de Ta présence ?"
Mais le Seigneur m'a répondu :
"Mon ami,
Les jours où tu ne vois qu'une trace de pas sur le sable, ce sont les jours où je t'ai porté !"

Sad

Je suis plus sensible au poème d'Hugo, l'autre me semble plus alambiqué, sympathique aussi, mais je ne crois pas au dieu des prètres. Celui d'Hugo me convient déjà mieux.
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Message par Pieyre Ven 2 Jan 2015 - 15:52

    Gaspard Hauser chante :

    Je suis venu, calme orphelin,
    Riche de mes seuls yeux tranquilles,
    Vers les hommes des grandes villes :
    Ils ne m'ont pas trouvé malin.

    A vingt ans un trouble nouveau,
    Sous le nom d'amoureuses flammes,
    M'a fait trouver belles les femmes :
    Elles ne m'ont pas trouvé beau.

    Bien que sans patrie et sans roi
    Et très brave ne l'étant guère,
    J'ai voulu mourir à la guerre :
    La mort n'a pas voulu de moi.

    Suis‑ je né trop tôt ou trop tard ?
    Qu'est‑ce que je fais en ce monde ?
    Ô vous tous, ma peine est profonde :
    Priez pour le pauvre Gaspard !

    — Paul Verlaine, Sagesse

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Message par Elther Ven 2 Jan 2015 - 18:54

Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls
Goûtent la volupté divine d’être seuls.

Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples,
De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.

Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls.

Ils contemplent l’aurore et l’aspect de la vie
Sans horreur, et plus d’un qui les plaint les envie.

Ceux qui cherchent la paix du soir et des linceuls
Connaissent la terrible ivresse d’être seuls.

Ce sont les bien-aimés du soir et du mystère.
Ils écoutent germer les roses sous la terre

Et perçoivent l’écho des couleurs, le reflet
Des sons… Leur atmosphère est d’un gris violet.

Ils goûtent la saveur du vent et des ténèbres,
Et leurs yeux sont plus beaux que des torches funèbres.

Renée Vivien, Les solitaires
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Message par Gianpao Ven 2 Jan 2015 - 22:36

On a jamais le temps
de se demander pourquoi,
pourquoi toi et moi
on est comme ça...

Si on a pas de temps,
alors il faut en prendre,
en prendre où il y en a
et ne jamais le rendre.

Si les maîtres du temps
nous déclarent la guerre,
plutôt que de le rendre,
il faudra bien la faire...

Et si ça prend du temps,
c'est pas du temps perdu
parce que s'ils nous reprennent
on sera tous pendus
Aux plus hautes
horloges
du navire...

Bibi, mézigue, alias ma pomme, il suo molto umile e obediente schiavo.
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Message par Kodiak Sam 3 Jan 2015 - 15:35

Les bijoux. Charles Baudelaire

La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un signe,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S'avançaient, plus câlins que les anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

Je croyait voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe!

- Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Commme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre!

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Message par Pieyre Lun 19 Jan 2015 - 15:03

    El Desdichado

    Je suis le Ténébreux, le Veuf, – l'Inconso­lé,
    Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
    Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
    Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

    Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
    Rends‑moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
    La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
    Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

    Suis‑je Amour ou Phœbus ?... Lusignan ou Biron ?
    Mon front est rouge encor du baiser de la Reine;
    J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Syrè­ne...

    Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
    Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
    Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

    — Gérard de Nerval, Les chimères

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Message par Mika2 Lun 26 Jan 2015 - 23:24

J'aime murmurer ce long poème comme une litanie:

La marche à l'amour

Tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d'oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d'avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s'élève jusqu'à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s'influencent
pour la réverbération de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as
tu viendras tout ensoleillée d'existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oubliés
où tes seins sont devenus des envoûtements
tu te lèves, tu es l'aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons
je te prendrai marcheur d'un pays d'haleine
à bout de misères et à bout de démesures
je veux te faire aimer la vie notre vie
t'aimer fou de racines à feuilles et grave
de jour en jour à travers nuits et gués
de moellons nos vertus silencieuses
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie
nous n'irons plus mourir de langueur
à des milles de distance dans nos rêves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j'irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n'est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d'indécence
un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
frappe l'air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
si ce n'est pour remonter debout à ton flanc
nouveau venu de l'amour du monde
constelle-moi de ton corps de voie lactée
même si j'ai fait de ma vie dans un plongeon
une sorte de marais, une espèce de rage noire
si je fus cabotin, concasseur de désespoir
j'ai quand même idée farouche
de t'aimer pour ta pureté
de t'aimer pour une tendresse que je n'ai pas connue
dans les giboulées d'étoiles de mon ciel
l'éclair s'épanouit dans ma chair
je passe les poings durs au vent
j'ai un coeur de mille chevaux-vapeur
j'ai un coeur comme la flamme d'une chandelle
toi tu as la tête d'abîme douce n'est-ce pas
la nuit de saule dans tes cheveux
un visage enneigé de hasards et de fruits
un regard entretenu de sources cachées
et mille chants d'insectes dans tes veines
et mille pluies de pétales dans tes caresses
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d'univers
ma danse carrée des quatre coins d'horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
mon murmure de jours à mes cils d'abeille
mon eau bleue de fenêtre
dans les hauts vols de buildings
mon amour
de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
tu es ma chance ouverte et mon encerclement
à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
et j'ai du chiendent d'achigan plein l'âme
tu es belle de tout l'avenir épargné
d'une frêle beauté soleilleuse contre l'ombre
ouvre-moi tes bras que j'entre au port
et mon corps d'amoureux viendra rouler
sur les talus du mont Royal
orignal, quand tu brames orignal
coule-moi dans ta plainte osseuse
fais-moi passer tout cabré tout empanaché
dans ton appel et ta détermination
Montréal est grand comme un désordre universel
tu es assise quelque part avec l'ombre et ton coeur
ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
fille dont le visage est ma route aux réverbères
quand je plonge dans les nuits de sources
si jamais je te rencontre fille
après les femmes de la soif glacée
je pleurerai te consolerai
de tes jours sans pluies et sans quenouilles
des circonstances de l'amour dénoué
j'allumerai chez toi les phares de la douceur
nous nous reposerons dans la lumière
de toutes les mers en fleurs de manne
puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang
tu seras heureuse fille heureuse
d'être la femme que tu es dans mes bras
le monde entier sera changé en toi et moi
la marche à l'amour s'ébruite en un voilier
de pas voletant par les lacs de portage
mes absolus poings
ah violence de délices et d'aval
j'aime
que j'aime
que tu t'avances
ma ravie
frileuse aux pieds nus sur les frimas de l'aube
par ce temps profus d'épilobes en beauté
sur ces grèves où l'été
pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
et qu'en tangage de moisson ourlée de brises
je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
je roule en toi
tous les saguenays d'eau noire de ma vie
je fais naître en toi
les frénésies de frayères au fond du coeur d'outaouais
puis le cri de l'engoulevent vient s'abattre dans ta gorge
terre meuble de l'amour ton corps
se soulève en tiges pêle-mêle
je suis au centre du monde tel qu'il gronde en moi
avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
je vais jusqu'au bout des comètes de mon sang
haletant
harcelé de néant
et dynamité
de petites apocalypses
les deux mains dans les furies dans les féeries
ô mains
ô poings
comme des cogneurs de folles tendresses

mais que tu m'aimes et si tu m'aimes
s'exhalera le froid natal de mes poumons
le sang tournera ô grand cirque
je sais que tout mon amour
sera retourné comme un jardin détruit
qu'importe je serai toujours si je suis seul
cet homme de lisière à bramer ton nom
éperdument malheureux parmi les pluies de trèfles
mon amour ô ma plainte
de merle-chat dans la nuit buissonneuse
ô fou feu froid de la neige
beau sexe léger ô ma neige
mon amour d'éclairs lapidée
morte
dans le froid des plus lointaines flammes
puis les années m'emportent sens dessus dessous
je m'en vais en délabre au bout de mon rouleau
des voix murmurent les récits de ton domaine
à part moi je me parle
que vais-je devenir dans ma force fracassée
ma force noire du bout de mes montagnes
pour te voir à jamais je déporte mon regard
je me tiens aux écoutes des sirènes
dans la longue nuit effilée du clocher de Saint-Jacques
et parmi ces bouts de temps qui halètent
me voici de nouveau campé dans ta légende
tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges
les chevaux de bois de tes rires
tes yeux de paille et d'or
seront toujours au fond de mon coeur
et ils traverseront les siècles
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n'ai plus de visage pour l'amour
je n'ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m'assois par pitié de moi
j'ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

   Gaston Miron (L'Homme Rapaillé, Montréal, l'Hexagone, 1994)
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Message par Invité Jeu 5 Fév 2015 - 1:53



Mon œil s’étant fait peintre a, sur mon cœur, tracé,
Comme sur un tableau, ta divine figure;
Ce portrait pour son cadre en mon corps est placé
Et perspective est l'art majeur de la peinture.

Car à travers le peintre observez son savoir
Pour trouver en quoi ment votre fidèle image
Exposée en mon sein, boutique où l'on peut voir
Aux fenêtres vos yeux remplacer le vitrage.

Et vois de quels bienfaits les yeux comblent les yeux :
mes yeux t'ont dessiné, les tiens se sont fait glaces
Ouvertes en mon sein. Le soleil radieux
Aime à les traverser pour contempler tes grâces.

Mais les yeux de leur art excusent la valeur :
Ils peignent ce qu'ils voient sans connaître le cœur.



W.Shakespeare

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Message par Invité Lun 9 Fév 2015 - 15:22

Je viens de tomber sur un poème de Raoul Ponchon, Le Nu dans le crime, qui m'a bien fait rire :

(Tiré d'un fait divers, où les deux assassins de M. Rémy s'étaient mis nus pour perpétrer leur crime)

... Quant à moi, dès que je connus
Que les assassins étaient nus,
Sans perdre une seconde,
Et de mon pas le plus léger,
J’allai chez Monsieur Bérenger,
À l’âme pudibonde.

Car notre illustre sénateur
Étant le plus grand contempteur
Du Nu, qui soit en France,
Il me semblait intéressant
D’avoir son avis entre cent,
En pareille occurrence.

Telle était donc la question :
Connaître son opinion
Sur le « Nu dans le crime »,
Sur ce Renard et son ami
Dont ce pauvre Monsieur Rémy
Avait été victime.

Dès qu’il me vit : « Les scélérats !
Fit-il – les sombres choléras !
Tenez j’en meurs de honte,
Pour mon pays, s’il est bien vrai
Que le crime fut perpétré,
Ainsi qu’on le raconte.

« Ce fin Renard et son « comtois »
Cet imbécile de Courtois,
Laissez-moi vous le dire,
Sans préjuger de leurs desseins,
Me semblent moins des assassins
Que d’ignobles satyres.

« Ils avaient – dit-on – adopté
Une complète nudité,
Pour occire leur maître ;
– Il fallait éviter le sang,
Sur leurs habits, les accusant,
Pouvant les compromettre.

« Allons donc ! Vous n’y pensez pas,
Ce serait en faire, en ce cas,
Des criminels-artistes ;
Mais non, ce sont des possédés.
C’est ce que nous appelons des
Exhibitionnistes.

« Ils n’avaient rien prémédité
Qu’une extrême impudicité...
Et c’est à mon estime,
Alors qu’ils se virent tout nus.
Atroces, hideux, saugrenus,
Qu’ils conçurent leur crime.

« Crime horrible et sans précédents !
Car ces deux misérables, dans
Leur folie ordurière,
Tout en le lardant d’un poignard,
À cet infortuné vieillard
Montrèrent leur derrière.

« Qui sait si ce n’est pas d’abord
De ce spectacle qu’il est mort ?...
À quatre-vingts ans d’âge,
Où l’on est au bout de son fil,
Soyez bien persuadé qu’il
N’en faut pas davantage.

« Enfin, tel est mon sentiment :
Il est mort de saisissement,
Ce vieillard, sans nul doute.
Oui, de saisissement – plutôt
Que des treize coups de couteau
Qu’il reçut, somme toute.

« – Pensez donc ! au coup de minuit,
Un derrière qui vous poursuit,
Terrifiant et blême !
Moi-même je mourrais... d’ennui,
En plein jour, rien qu’à voir celui
De Vénus elle-même ! »

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Message par Pieyre Lun 9 Fév 2015 - 16:35

    Quand il est entré dans mon logis clos,
    J'ourlais un drap lourd près de la fenêtre,
    L'hiver dans les doigts, l'ombre sur le dos…
    Sais-je depuis quand j'étais là sans être ?

    Et je cousais, je cousais, je cousais…
    – Mon cœur, qu'est-ce-que tu faisais ?

    Il m'a demandé des outils à nous.
    Mes pieds ont couru, si vifs dans la salle,
    Qu'ils semblaient – si gais, si légers, si doux, –
    Deux petits oiseaux caressant la dalle.

    De-ci, de-là, j'allais, j'allais…
    – Mon cœur, qu'est-ce que tu voulais ?

    Il m'a demandé du beurre, du pain,
    – Ma main en l'ouvrant caressait la huche –
    Du cidre nouveau, j'allais, et ma main
    Caressait les bols, la table, la cruche.

    Deux fois, dix fois, vingt fois je les touchais…
    – Mon cœur, qu'est-ce que tu cherchais ?

    Il m'a fait sur tout trente-six pourquois.
    J'ai parlé de tout, des poules, des chèvres,
    Du froid et du chaud, des gens, et ma voix
    En sortant de moi caressait mes lèvres…

    Et je causais, je causais, je causais…
    – Mon cœur, qu'est-ce que tu disais ?

    Quand il est parti, pour finir l'ourlet
    Que j'avais laissé, je me suis assise…
    L'aiguille chantait, l'aiguille volait,
    Mes doigts caressaient notre toile bise…

    Et je cousais, je cousais, je cousais…
    – Mon cœur, qu'est-ce que tu faisais ?


    Marie Noël, Les Chansons et les Jours

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Message par Invité Lun 16 Fév 2015 - 22:33

Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?

René Char
Extrait de
"Eloge d'une soupçonnée,
Poésie/Gallimard"

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Message par Invité Ven 13 Mar 2015 - 14:39

Frisson d'hiver de Stéphane Mallarmé (1867)

Cette pendule de Saxe, qui retarde et sonne treize heures parmi ses fleurs et ses dieux, à qui a-t-elle été ? Pense qu’elle est venue de Saxe par les longues diligences autrefois.

(De singulières ombres pendent aux vitres usées.)

Et ta glace de Venise, profonde comme une froide fontaine, en un rivage de guivres dédorées, qui s’y est miré ? Ah ! je suis sûr que plus d’une femme a baigné dans cette eau le péché de sa beauté ; et peut-être verrais-je un fantôme nu si je regardais longtemps.

— Vilain, tu dis souvent de méchantes choses.

(Je vois des toiles d’araignées au haut des grandes croisées.)

Notre bahut encore est très vieux : contemple comme ce feu rougit son triste bois ; les rideaux amortis ont son âge, et la tapisserie des fauteuils dénués de fard, et les anciennes gravures des murs, et toutes nos vieilleries ? Est-ce qu’il ne te semble pas, même, que les bengalis et l’oiseau bleu ont déteint avec le temps ?

(Ne songe pas aux toiles d’araignées qui tremblent au haut des grandes croisées.)

Tu aimes tout cela et voilà pourquoi je puis vivre auprès de toi. N’as-tu pas désiré, ma sœur au regard de jadis, qu’en un de mes poèmes apparussent ces mots « la grâce de choses fanées » ? Les objets neufs te déplaisent ; à toi aussi, ils font peur avec leur hardiesse criarde, et tu te sentirais le besoin de les user, ce qui est bien difficile à faire pour ceux qui ne goûtent pas l’action.

Viens, ferme ton vieil almanach allemand, que tu lis avec attention, bien qu’il ait paru il y a plus de cent ans et que les rois qu’il annonce soient tous morts, et, sur l’antique tapis couché, la tête appuyée parmi tes genoux charitables dans ta robe pâlie, ô calme enfant, je te parlerai pendant des heures ; il n’y a plus de champs et les rues sont vides, je te parlerai de nos meubles... Tu es distraite ?

(Ces toiles d’araignées grelottent au haut des grandes croisées.)

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Message par Invité Dim 5 Avr 2015 - 16:01

Apollinaire - Automne malade

Spoiler:

Tzara - L'Homme approximatif

Spoiler:

Spoiler:

Villon - Le Testament, "Les regrets de la belle Heaulmiere"

Spoiler:

Rimbaud - Barbare

Spoiler:

Ezra Pound - Sestina : Altaforte

Spoiler:

Lautréamont - Les Chants de Maldoror

Chant I, strophe 9:

Chant III, strophe 5:

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Message par Kodiak Sam 25 Avr 2015 - 17:10

Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix.
C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime.
L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
Où rampe la raison, l’honnêteté périt.
Dieu, le premier auteur de tout ce qu’on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l’âme en liberté se meut.
L’école est sanctuaire autant que la chapelle.
L’alphabet que l’enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le cœur
S’éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu’il puisse vous suivre.
La nuit produit l’erreur et l’erreur l’attentat.
Faute d’enseignement, on jette dans l’état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c’est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L’intelligence veut être ouverte ici-bas ;
Le germe a droit d’éclore ; et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l’école en or change le cuivre,
Tandis que l’ignorance en plomb transforme l’or.

Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire ;
Je dis qu’ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit ;
Je dis qu’ils étaient l’homme et qu’on en fit la brute ;
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute ;
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés ;
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n’est pas leur faute ;
Pouvaient-ils s’éclairer du flambeau qu’on leur ôte ?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis ;
On a de la pensée éteint en eux la flamme ;
Et la société leur a volé leur âme. »
Victor Hugo, Jersey, 27 février 1853, Les Quatre vents de l’Esprit.
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Message par Invité Mar 28 Avr 2015 - 16:17

La Fin de Tristan Corbière, réponse acide à Oceano nox de Victor Hugo (Ô combien de marins, combien de capitaines) :

Eh bien, tous ces marins - matelots, capitaines,
Dans leur grand Océan à jamais engloutis...
Partis insoucieux pour leurs courses lointaines
Sont morts - absolument comme ils étaient partis.

Allons! c'est leur métier ; ils sont morts dans leurs bottes !
Leur boujaron au cœur, tout vifs dans leurs capotes...
- Morts... Merci : la Camarde a pas le pied marin ;
Qu'elle couche avec vous : c'est votre bonne femme...
- Eux, allons donc : Entiers! enlevés par la lame
Ou perdus dans un grain...

Un grain... est-ce la mort ça ? la basse voilure
Battant à travers l'eau ! - Ça se dit encombrer...
Un coup de mer plombe, puis la haute mâture
Fouettant les flots ras - et ça se dit sombrer.

- Sombrer - Sondez ce mot. Votre mort est bien pâle
Et pas grand'chose à bord, sous la lourde rafale...
Pas grand'chose devant le grand sourire amer
Du matelot qui lutte. - Allons donc, de la place ! -
Vieux fantôme éventé, la Mort change de face :
La Mer !...

Noyés ? - Eh allons donc ! Les noyés sont d'eau douce.
- Coulés ! corps et biens ! Et, jusqu'au petit mousse,
Le défi dans les yeux, dans les dents le juron !
À l'écume crachant une chique râlée,
Buvant sans hauts-de-coeur la grand'tasse salée...
- Comme ils ont bu leur boujaron. -

- Pas de fond de six pieds, ni rats de cimetière :
Eux ils vont aux requins ! L'âme d'un matelot
Au lieu de suinter dans vos pommes de terre,
Respire à chaque flot.

- Voyez à l'horizon se soulever la houle ;
On dirait le ventre amoureux
D'une fille de joie en rut, à moitié soûle...
Ils sont là ! - La houle a du creux. -

- Ecoutez, écoutez la tourmente qui meugle !…
C’est leur anniversaire – Il revient bien souvent –
Ô poète, gardez pour vous vos chants d’aveugle ;
- Eux : le De profundis que leur corne le vent.

.. Qu’ils roulent infinis dans les espaces vierges !…
Qu’ils roulent verts et nus,
Sans clous et sans sapin, sans couvercle, sans cierges…
- Laissez-les donc rouler, terriens parvenus !

À bord. – 11 février.

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Message par Pieyre Mar 28 Avr 2015 - 22:30

              Autre baiser

    Quand ton col de couleur de rose
    Se donne à mon embrassement,
    Et ton œil languist doulcement
    D'une paupiere à demy close,

    Mon ame se fond du desir
    Dont elle est ardentement pleine,
    Et ne peult souffrir à grand'peine
    La force d'un si grand plaisir.

    Puis quand j'approche de la tienne
    Ma levre, et que si pres je suis,
    Que la fleur recuillir je puis
    De ton haleine Ambrosienne :

    Quand le souspir de ces odeurs,
    Ou noz deux langues qui se jouënt
    Moitement folastrent et nouënt,
    Evente nos doulces ardeurs,

    Il me semble estre assis à table
    Avec les Dieux, tant suis heureux,
    Et boire à longs traicts savoureux
    Leur doulx breuvage delectable.

    Si le bien qui au plus grand bien
    Est plus prochain, prendre on me laisse,
    Pourquoy ne permets‑tu, maistresse,
    Qu'encores le plus grand soit mien ?

    As‑tu peur que la jouissance
    D'un si grand heur me face Dieu,
    Et que sans toy je vole au lieu
    D'eternelle resjouissance ?

    Belle, n'aye peur de cela,
    Par tout où sera ta demeure,
    Mon ciel jusqu'à tant que je meure,
    Et mon paradis sera là.


    Joachim du Bellay, Jeux rustiques, XXIV

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