A la recherche d'Atoum

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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:13

C'est en bon chemin Wink ...


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Message par Lemniscate le papillon Lun 31 Déc 2012 - 16:17

Ou, en bonne voie d'eau... sur l'ocean du bonheur... Razz
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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:17

D’ailleurs faut que je décolle !!! bounce

Allez, bises à tous Smile

Je suis dehors


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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:20

Eh !!! Tu m'as piqué le 500ème post Lemniscate ... Pété de rire

Oui sur l'océan du bonheur ... Comme quoi il faut toujours regarder devant Smile ... pas à coté mais devant !

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Message par Lemniscate le papillon Lun 31 Déc 2012 - 16:23

Pété de rire Nanananère...

YES...
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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:36

Bon OK Smile J'aurai le 1000ème Very Happy

Yes ... faut regarder devant, surprises, nouveautés, découvertes, autre regard sur le monde, ... enfin bref, pas de casseroles qui brinquebalent et une vraie envie de partage continu.

Je m'éclate là, c'est peu de le dire !!

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Message par Lemniscate le papillon Lun 31 Déc 2012 - 16:40

T'éclate pas trop quand même.... reste "entier" Lol Laughing
Tant je te coiffe au poteau pour le 1000ème...
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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:41

Bah si faut que je m'éclates !!!!

Quand on se casse la figure en moto, faut en refaire le plus vite possible, sinon on a la trouille. Dans la vie c'est pareil !!!

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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:44

Allez, je file grrrrrrrrrrrrrrrrr !!!

C'est pas tout ça, mais on m'attend Razz

(touchez ma bosse ... ^^)

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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:51

Le nouvel an à Sydney. C'est pour l'année prochaine ça Razz


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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 16:53

Hop, je suis dehors !!!


A l'année prochaine Razz

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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 18:25















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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 18:31

Le Machu Picchu !!! (une balade inoubliable en 1987 ... drunken)

Ah que j'aimerais y revenir ...



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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 19:17

Arf ... Smile

Je mets la table avec mes potes ... Et j'en suis baba ^^

Je vous laisse deviner la suite Wink


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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 20:08

drunken Amour


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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 21:08

Pause clope ...

Je mouline en même temps que je m'amuse et je pense aux valeurs de l'éclectisme.

Pas de freins particuliers à découvrir des branches inconnues de savoir. En tirer des enseignements qui se corrèlent avec les précédents acquis, puis les laisser maturer. Creuser ensuite l'axe précédement abordé pour enrichir le substrat et puis dégager une structure, cette dernière devenant un des pivots de la pensée "en marche".

J'aime assez cette idée d'agglomérat en mutation permanente ...


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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 22:57

L'expérience est la mère des tous les plaisirs ... Idée


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Message par Invité Lun 31 Déc 2012 - 23:59

BONNE ANNEE A TOUS !!! Bisous




_________________
"Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet." Georges Courteline

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 2:58

bounce bounce bounce

Dodoooooo !!!


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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 4:53


Pété de rire ... chais pas pourquoi, mais ça me rappelle certains trucs ...


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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 6:23

L’amour naissant : les ressorts dramaturgiques d’un élan sentimental
Auteur : Denis Hippert


Introduction

Comment rendre compte de l’engagement amoureux qui préside à la relation de couple ? Il y a encore quelques décennies, ce type de questionnement pouvait être jugé futile. Le mariage, garant de la légitimité des alliances, instituait l’accès à la vie conjugale. Aujourd’hui en revanche, l’entrée dans la relation conjugale ne procède plus de ce rite collectif inaugural. Le mariage est une « affaire de choix et de responsabilité individuels », dans laquelle deux personnes, « partenaires », s’embarquent par amour mutuel.

Pourtant, bien que l’avènement de ce que certains ont appelé la « modernité avancée » ne permette plus d’évacuer l’amour, la question précise de l’engagement amoureux fut et demeure peu traitée. Le constat d’une forte homogamie matrimoniale a d’emblée contribué à la placer au cœur d’une vaste réflexion sur l’ordre social. Marqué par le primat analytique de la position sociale dans l’étude des rapports sociaux, l’engagement amoureux a ainsi très vite été réduit à la question du choix du conjoint.

Aussi important soit-il de déterminer si en devenant libre et égalitaire l’amour peut constituer une force capable de bouleverser la structure sociale, un tel prisme conduit, en outre, à sous-estimer l’emprise du lien social que produit ce « mouvement collectif à deux ». Dans des sociétés façonnées par les logiques du capitalisme avancé et dans lesquelles les mécanismes intégratifs institutionnels se sont quelque peu grippés, l’amour, tout en étant un bien culturel de consommation, fait figure de rempart. En effet, les individus cherchent dans l’amour à combler une certaine érosion des supports classiques d’intégration sociale.

Dans cet article, nous entamerons une réflexion sur la formation de ce lien social important par l’étude des ressorts de l’amour naissant. En s’appuyant sur un matériau empirique non-représentatif, constitué de quarante entretiens, réalisés en France, auprès de femmes et d’hommes âgés entre 20 et 65 ans, hétérosexuels, de statuts matrimoniaux et d’origines socioculturelles différents, nous défendrons l’idée selon laquelle les logiques constitutives de la relation d’amour naissante sont de « nature » dramaturgique.

Aimer n’est plus un devoir moral : on se dit amoureux lorsqu’on éprouve des sentiments amoureux et c’est parce que l’on éprouve des sentiments amoureux que l’on se dit amoureux. L’amour est bien devenu « autoréférentiel », comme l’écrit Niklas Luhmann. Il ne peut donc être fondé sur autre chose que sur lui-même, c’est-à-dire sur l’actualisation de ses propres « codes ». L’épuisement progressif de la « fonction instituante » du mariage, qui conduisait – peut-être bien plus que ne le laisse entendre la littérature romantique – certains individus à réaliser subjectivement leur devoir moral en tombant véritablement amoureux de leur conjoint, a permis ce déplacement. Dès lors, la mise en couple est devenue le produit d’interactions, non pas entre deux époux enjoints à s’aimer par devoir marital – en vertu de leur capacité à tenir leurs rôles conjugaux respectifs – mais entre deux amants qui suite à un « choc amoureux » se considèrent comme les personnages prétendus idéaux et irremplaçables d’une histoire singulière. L’engagement amoureux suppose ainsi la création et la mise en scène d’un « personnage amoureux », la préservation des apparences dyadiques du cadre relationnel et enfin, l’adhésion à un scénario romantique.

Après avoir décrit la formation de la relation d’amour, ses motifs fondateurs, nous présenterons leurs soubassements dramaturgiques en analysant l’évolution diachronique du récit amoureux, la promesse d’exclusivité sexuelle et pour finir, l’influence de la culture romantique.

La formation du sentiment amoureux

Qu’est-ce qui conduit un individu à se déclarer amoureux, à s’engager dans une relation d’amour ? C’est à cette double question que nous tenterons d’abord d’apporter une réponse en proposant une lecture de la formation du sentiment amoureux centrée sur l’idéalisation de l’être aimé, l’enchantement relationnel, le plaisir sexuel et le renoncement.

Idéalisation

Avant tout, la relation d’amour naît d’un choix fondé sur une sorte d’emballement émotionnel. On tombe amoureux ! Même si personne ne sait jamais d’où et vers quoi, la sensation de chuter existe bel et bien. Pour la plupart des individus en effet, c’est encore et toujours des lumières disruptives du « coup de foudre », du « choc amoureux », que naît l’attachement sentimental. Ce choc résulte d’abord d’une admiration réciproque :

« Cette personne là c’[était] quelque chose, je ne [pouvais] pas faire semblant de l’ignorer. […] Je savais qu’une autre fille ne m’apporterait pas autant. Elle a vraiment un truc particulier qui fait que c’est elle. Je ne pourrais pas le décrire, je ne sais pas à quoi c’est dû. C’est vraiment quelque chose de cérébral. Quand je ressens sa présence, son prénom, ça me fait quelque chose. […] Pour moi, c’était tout. C’était une femme parfaite. Elle avait tout. Je la trouvais intelligente, mignonne, très désirable »

Il ne faut cependant pas exagérer la violence du choc amoureux. Si pour certains, l’amour peut effectivement passer par un violent coup de foudre, pour d’autres, il s’agit d’un basculement sentimental progressif entre des individus qui entretenaient déjà des liens de nature différentes :

« Ce mec, il m’a vraiment subjuguée alors qu’à la base on était amis. C’est venu crescendo. Je n’ai pas vu cette personne un jour en me disant : c’est vraiment trop génial ! Non, c’est vraiment quelqu’un que j’ai appris à connaître et qui m’a complètement bouleversée. C’est un mec brillant, intelligent, un artiste »

Quelle que soit la violence de ce basculement, les sentiments émergent dans la mesure où l’être aimé est perçu comme extraordinaire. C’est de la singularité de la personne aimée, de sa supposée exceptionnalité, que procède le désir amoureux. Il s’agit toujours d’une personne « parfaite », « brillante », « intelligente », « belle », « charmante »... Le choix des mots est important. Tomber, puis être amoureux, est avant tout le résultat de ce processus étrange et pourtant des plus communs, par lequel « l’autre » devient une personne idéale. « Véritable opération de l’esprit », disait Stendhal, cette « cristallisation tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections ». Ainsi peut-on dire qu’aimer son partenaire, c’est avant tout l’idéaliser. Cette impulsion subjective démesurée et passionnelle pour une seule et même personne est d’ailleurs une des expressions les plus communes de l’amour. On en trouve des traces bien avant le xviiie siècle en Europe dans des mondes socioculturels non occidentalisés.

Enchantement

Il ne suffit pas d’être avec une personne que l’on considère irrésistible pour qu’il y ait mécaniquement choc amoureux. Une alchimie très particulière est aussi indispensable :

« Les six premiers mois ça a été… je n’avais pas besoin de voir quelqu’un d’autre. […] C’était vraiment nickel. On faisait l’amour quatre à cinq fois par jour. On se couchait à cinq heures du matin. C’était le feu ! […] Elle m’apportait tout. C’était ma pote, ma sœur, ma copine, enfin, elle était tout pour moi. Et moi pareil pour elle. On a découvert un peu le truc ensemble »

Dans cet extrait, l’idéalisation du partenaire se double de l’idéalisation de l’expérience partagée. Dans de tels moments fusionnels, de « folie à deux », les « autres » sont écartés. Tout se passe comme si l’interaction avait la capacité de s’abstraire de la réalité et de ses contingences : comme dans un rêve.

« Notre rencontre avait un petit côté magique et complètement irréel finalement. Je suis ressortie de cet après-midi en ne sachant pas vraiment si je l’avais vécu ou si je l’avais rêvé. C’était assez curieux »

Cette « curieuse » collision entre rêve et réalité est l’une des sensations les plus fortes et sûrement les plus agréables de l’expérience amoureuse. Souvent, c’est au cours de ces étranges songes éveillés que les individus s’identifient à de grands récits amoureux issus d’œuvres romanesques, théâtrales ou cinématographiques. Le lien amoureux a besoin de ces errances imaginaires, car l’attachement affectif, dont l’amour ne peut se passer, procède par « identifications ».

Ces « dérapages », grâce auxquels la réalité s’éprouve comme un rêve qui se réalise, façonnent aussi d’intenses épisodes d’enchantement relationnel :

« Je l’ai vécu comme une soirée que je n’avais jamais vécue. Tu as l’impression – ce n’est qu’une impression finalement – que tout peut se passer comme tu l’avais jamais pensé, comme jamais je me l’étais imaginé. Comme si tout ce que tu voulais se passait concrètement. Tu en as rêvé et ça se passe. Après bon, la réalité est ce qu’elle est […]. On a fini la soirée dans un parc allongé dans l’herbe à écouter de la musique. Le truc romantique à deux francs, le gros cliché quoi, mais très agréable »

La collision entre rêve et réalité est moins forte dans ce dernier extrait d’entretien. Cependant, la narration procède selon un schéma similaire. La transfiguration de la réalité passe par l’actualisation d’une projection imaginaire. Dans la constitution du lien amoureux, l’imaginaire est immanquablement « une ressource pour l’action ». Il permet cette mise en scène par laquelle l’expérience peut « déraper » et enchanter une réalité – qui « reste toujours ce qu’elle est ».

Plaisir sexuel

Dans la constitution du lien amoureux, l’enchantement passe de plus en plus par le plaisir, le plaisir sexuel notamment. L’acte sexuel n’est plus une forme d’aboutissement : l’ordre des pratiques amoureuses s’est renversé. Le flirt s’est sexualisé. Beaucoup d’histoires d’amour se jouent ainsi dès le « premier matin ».

Animés de la conviction tenace selon laquelle la sexualité est toujours plus intense quand il y a de l’amour, les partenaires attendent beaucoup de leurs premières nuits :

« J’ai quand même tendance à penser que le grand sexe vient avec le grand amour. Avec mon ex, c’était le cas […]. Je n’envisage pas qu’avec Kevin ça ne soit pas bien. J’ai le sentiment que cela sera bien si on prend le temps d’être dans la tendresse »

En réalité, plus qu’une conviction, il s’agit d’un « script » sexuel amoureux que l’on retrouve – avec quelques variations – chez tous les individus, quels que soient leur genre, leur milieu social, leur âge et leur orientation sexuelle.

« Les sentiments décuplent le plaisir sexuel. C’est évident. Moi ce qui me fait vraiment monter, c’est le plaisir de l’autre. Et quand tu es amoureux, tu prêtes plus d’attention à ça. C’est plus facile. Cela rend la relation sexuelle plus riche […]. Quand tu n’es pas amoureux, c’est plaisant aussi de savoir que l’autre prend du plaisir. Tu te dis que tu es un bon coup. Mais pas plus que cela. Si [ta partenaire] ne jouit pas, cela ne change pas grand-chose ».

Le plaisir a pris une grande importance dans la relation d’amour car il est devenu indissociable de l’idée de plaire : j’éprouve du plaisir à être avec une personne qui me plaît tout autant que me plaît une personne qui me donne du plaisir. Dès lors, il n’est pas étonnant que lorsque « quelque chose de fort » se passe entre deux personnes, le déplaisir sexuel soit vécu comme une désillusion, un rappel troublant de la réalité :

« Le premier mois c’était terrible, on n’y arrivait pas, ça ne marchait pas. Pourtant il y avait vraiment quelque chose de fort entre nous […]. Au bout d’un moment, deux mois, je lui ai fait : "bon écoute, on n’y arrive pas !" Je lui ai dit que ce n’était pas la peine de continuer, que ce n’est pas la peine qu’on reste ensemble si c’est juste pour ça. S’il n’y a pas de plaisir sexuel de toute façon ça ne marchera pas. J’étais complètement défaitiste. C’était important que ça fonctionne à ce niveau pour moi, mais pour elle aussi […]. [Après cette discussion], on a quand même continué, et peu de temps après, la situation s’est débloquée. Et c’était fantastique ! »

Parallèlement au plaisir sexuel, ce sont les impressions personnelles qui conditionnent l’enchantement de la première nuit. En effet, la plupart des premiers soirs se déroulent chez l’un des partenaires sexuels. Cette intrusion dans l’univers intime n’a rien d’une pratique anodine. La décoration, l’agencement du mobilier, la possession de certains livres, tableaux, films, disques et toutes ces autres petites choses auxquelles nous prêtons une attention particulière, sont autant d’éléments sur lesquels se fondent nos jugements de valeur, y compris ceux qui concourent à l’enchantement préalable à la naissance du sentiment amoureux. Aussi, en intervenant en amont de beaucoup de rencontres, l’acte sexuel permet-il aux partenaires de se forger rapidement une idée l’un de l’autre.

Renoncements

Après l’idéalisation, l’enchantement des moments passés ensemble et le plaisir sexuel, l’amour exige une tension passionnelle. Dans les récits littéraires classiques, de Béroul à Shakespeare, l’expérience amoureuse est dépeinte comme un affrontement constant. Il s’agit toujours d’un amour impossible. Toute la force imaginaire de ces grandes fresques sentimentales réside dans l’inachèvement tragique qui permet à la passion de perdurer éternellement. Or, n’ayant plus rien de subversif et rencontrant de moins en moins d’obstacles socioculturels, la rencontre amoureuse ne donne de nos jours plus immédiatement matière à un emportement passionnel. La transgression de l’interdit ne préexiste plus à l’emballement émotionnel. Nombreux sont ainsi ceux qui entrevoient la dimension passionnelle de la relation d’amour seulement lorsqu’ils ont l’impression de vivre ou d’avoir vécu une histoire « compliquée » :

« Quand on s’est rencontrés [avec mon ex-mari], lui il était avec quelqu’un depuis longtemps. Et moi, je sortais d’une relation un peu compliquée. Je ne voulais pas tout de suite sortir avec quelqu’un. Je voulais plus m’amuser. Et on a eu cette relation pendant presque un an. C’était en cachette, avec tout le piment de l’interdit. Ca a fait que l’on est tombés amoureux. Enfin, on croyait être amoureux. Il y avait beaucoup de désir, des obstacles qui faisaient que moi je m’accrochais parce que justement c’était impossible. Enfin, je pense que s’il n’y avait pas eu ces obstacles, je ne serais pas restée avec lui. Ce sont les obstacles qui ont rendu la relation attrayante […]. Le sexe, cela marchait seulement au départ. Quand on était dans l’interdit. [En plus], j’étais en concurrence avec sa fiancée. Une fois mariée, je pouvais me dire : "j’ai gagné" ! »

Dans la plupart des récits, l’amour débute par une forme de « conquête ». Mais à la différence du roman sentimental classique, la dimension épique ne réside plus dans le franchissement d’obstacles extérieurs à la relation. L’adversité amoureuse s’est déplacée vers l’intérieur, pour se loger au cœur de la biographie émotionnelle des individus. Ce déplacement se traduit par des récits où il est moins question de transgression que de renonciation. Au terme d’une réflexion et parfois, pour certains, d’une véritable remise en question, les acteurs se disent amoureux lorsqu’ils manifestent une soudaine et irrépressible volonté d’infléchir leurs projets, de « faire des compromis » qu’ils refusaient jusqu’ici :

« Je pense que tant que tu n’as pas en face de toi la personne qui te donne envie de faire des compromis, de vouloir franchir des étapes, de sauter des étapes, puis des trucs comme se marier, vouloir avoir des enfants, tu n’as pas en face de toi la personne que tu aimes vraiment. Lorsque c’est le cas, tu as envie de faire ces choses-là »

Ces « compromis » correspondent, par exemple, à l’abandon d’une relation amoureuse pour une autre, d’une opportunité professionnelle pour se rendre disponible, à un départ précipité en vacances, à un déménagement du jour au lendemain, à un désir de « mariage », et enfin, à ce que Georg Wilhelm Friedrich Hegel considère comme « la plus haute incarnation de l’amour » : se surprendre à vouloir un enfant alors que l’on n’y pensait pas ou prétendait ne pas en vouloir. En ayant l’impression de faire un choix fondé sur un renoncement, les acteurs éprouvent l’enivrante sensation d’avoir – ne serait-ce que pour une période, parfois même pour un court instant – changé le cours de leur vie. Loin d’être anecdotiques, ces renoncements constituent de véritables histoires de référence permettant de sceller les fondations symboliques d’un édifice relationnel. Preuve manifeste de l’engagement amoureux, renoncer est aussi une étape importante qui marque l’entrée dans la relation conjugale.

Dans un ouvrage majeur sur les transformations de l’intimité, Anthony Giddens prétend que « la perspective de rencontrer la personne élue » a disparu au profit de former une « relation spéciale ». Or, loin d’avoir disparu, la perspective de rencontrer une personne idéale reste centrale dans l’imaginaire amoureux. Une relation est « spéciale », on l’a vu, lorsque les partenaires se considèrent comme des êtres « spéciaux », singuliers, lorsqu’ils s’idéalisent. Rencontrer une personne idéale et constituer une relation « spéciale » – enchantée, sexuellement plaisante et fondée sur un renoncement – restent donc les deux faces d’une seule et même aspiration. Mais, comment comprendre sa prégnance ?

Après avoir examiné ses soubassements, nous nous écarterons un peu plus de la thèse défendue par Anthony Giddens, en proposant une lecture dramaturgique de la naissance du lien amoureux et en insistant, dans un premier temps, sur la mise en scène du récit amoureux.

Le récit amoureux

Une relation d’amour naissante est perçue comme « spéciale » lorsque les deux partenaires ont l’impression d’être les deux « personnages » irremplaçables d’une histoire authentique. En examinant les évolutions du discours que tiennent les acteurs dans trois phases distinctes de leur histoire d’amour – au moment de la rencontre (relation d’amour naissante), de l’installation dans la vie de couple (relation conjugale) et de la séparation – nous essaierons de comprendre comment et pourquoi l’amour naissant ne peut se passer de mise en scène.

Le « personnage amoureux »

Au moment de la rencontre, choix du partenaire et sentiments se confondent dans un seul et même discours où tout conditionnement social semble avoir disparu. Pourtant, les individus tendent presque toujours à choisir leur partenaire dans un milieu social proche du leur – toutes choses égales par ailleurs. L’homogamie reste en effet un phénomène extrêmement fort. Les croisements de la profession, du niveau de diplômes et de revenus avec d’autres critères, peut-être plus problématiques, comme le sexe, l’âge, le lieu de résidence, et la couleur de peau, montrent que le destin marital reste une trajectoire sociale des plus banales. Mieux vaut être bien doté socio-culturellement pour être digne d’être aimé ! « Tout spécial qu’il soit, le désir amoureux se découvre par induction », écrivait Roland Barthes. Dès lors, il est difficile de nier le poids que jouent les critères sociaux 4 dans les processus décisionnels qui président au choix du partenaire amoureux.

Cela dit, même si sentiments amoureux et ordre social semblent être en harmonie, les ouvriers ne sont pas tous en couple avec des ouvriers et un couple d’ouvriers ne représente pas tous les couples d’ouvriers 5. D’autre part, le processus d’idéalisation qui vise à transformer un individu en un personnage singulier, en faisant explicitement fi de sa condition sociale, ne se calque jamais de manière purement symétrique sur la hiérarchie des catégories sociologiques standardisées. Rares sont ceux qui affirment : « j’aime cette personne parce qu’elle est cadre supérieure, diplômée, riche, urbaine et de couleur de peau blanche… ». Les termes employés pour décrire l’être aimé sont bien plus subtils et se dérobent systématiquement aux cases forgées par les observateurs. Plutôt neutres, ils ont une forte connotation symbolique qui renvoie à d’autres formes de hiérarchisations.

Imprégné par une culture romantique traditionnellement subversive et hantée par une exigence d’authenticité, l’ordre amoureux n’épouse pas complètement l’ordre social. C’est ainsi que nombreux sont ceux qui jettent leur dévolu sur des individus ayant une biographie hors du commun :

« Je suis vraiment tombé amoureux de Caroline. Tout me plaisait chez elle. Elle est super sensible à l’art. Elle est super belle. Elle n’a aucun défaut quand tu ne la connais pas complètement. Et puis, elle a un petit côté qui déstabilise. C’est ça qui est super intéressant. Au départ, tu n’es pas vraiment à l’aise. Elle est intimidante. Et après, quand elle commence un peu à se dévoiler, c’est un bouquin. En fait, c’est sa complexité que j’ai tout de suite aimée chez elle. Elle a un passé assez douloureux. Il lui est arrivé un truc vraiment pas possible »

Certaines activités, parfois non socioprofessionnelles, jouissent d’une aura qui contribue à rendre leurs auteurs attractifs, à les distinguer. Par exemple, la figure de « l’artiste » torturé, ayant un mode de vie bohème, n’a de cesse de revenir dans les entretiens.

« Je l’idéalise vachement parce que déjà, il y a la fascination de l’artiste. Il me fascine parce qu’il n’est pas saisissable. […] c’est quelqu’un qui n’a pas de chez lui, il va d’une ville à l’autre pour exposer. Du coup, il n’a jamais trouvé quelqu’un avec qui il avait envie de se poser. J’ai toujours eu des mecs comme cela finalement. Il ne sera jamais à moi, il ne m’appartiendra jamais. C’est quelqu’un de tellement indépendant et de tellement brisé intérieurement. Il a eu une vie atroce, un environnement familial atroce. Je pense qu’il me fait confiance. Mais bon, il ne fait confiance vraiment qu’à lui-même »

Cette figure correspond à la construction d’un « personnage amoureux » : cet amant idéal, présenté comme émotionnellement indisponible, d’autant plus idéalisé qu’il paraît avoir triomphé à « un concours d’inaccessibilité ». Au-delà de cette alchimie où se mêlent style et mode de vie, critères « esthétiques et physiques », « énergies et ambiances », jeux discursifs, tactiques de séduction et de drague, c’est donc dans la supposée capacité expressive à incarner avec du « cran » et de l’authenticité un personnage aux rôles sociaux culturellement valorisés que se trouvent, en première et peut-être même en dernière instance, les sources de l’idéalisation de l’être aimé dans l’amour naissant et parfois bien après cette première phase. Ce « personnage amoureux », en outre, est souvent doté d’un caractère et d’un mode de vie peu compatibles avec les exigences conjugales. Tout se passe en effet comme s’il était difficile de s’éprendre d’une personne dont le mode de vie eût été en congruence avec la figure du conjoint dévoué à l’accomplissement de ses rôles conjugaux, alors même que la transformation de l’amant en conjoint est inéluctable pour bâtir une relation de couple. En dépit d’un idéal égalitariste, la vie conjugale moderne continue ainsi de souffrir d’un fort déficit symbolique. À ce sujet, il est encore frappant de constater la quasi-absence d’un univers marital enchanté dans les productions culturelles de masse.

Dans le récit de leurs rencontres amoureuses, les acteurs décrivent avec grâce les premiers moments passés en compagnie de leur amant. L’adoption d’un tel discours est systématique. Sa teneur enchantée permet d’escamoter habilement l’altérité de l’être aimé, d’en dissiper ses traits les plus grossiers – l’irréductible banalité de sa personne – pour donner tout son éclat au seul « personnage amoureux ». L’amour a toujours du mal à composer avec l’altérité. Présente dans les grands récits romanesques, cette « liquidation » demeure encore aujourd’hui au fondement du lien amoureux. Elle facilite ces projections imaginaires par lesquelles l’un des partenaires, en s’appropriant un « personnage » éprouve l’enivrante sensation de changer et de se révéler autre à lui-même et au monde.

Altérité

Toutefois, une fois le choc amoureux passé, l’altérité ressurgit irrémédiablement :

« Une fois dépassée la première phase de l’amour, on rentre dans une phase de construction où passés tous les petits trucs "nian-nian", on retombe dans la réalité. On commence à voir l’autre, à le connaître, à le comprendre. On doit vivre avec ses défauts et ses qualités. Et c’est à ce moment-là qu’il y a des choses qui nous dérangent chez l’autre. Ce que tu ne vois pas au début, dans la première phase de l’amour où tout est rose. Dans la phase de construction ce n’est plus pareil »

Quelques mois de cohabitation suffisent pour que certains individus aient l’impression de ne pas connaître réellement leur partenaire. Les débuts de la vie commune peuvent ainsi être vécus comme un retour à la « réalité ». C’est lors de ce changement que certains acteurs réalisent que l’individu qui habite leur « personnage amoureux » n’est peut-être pas la personne avec qui elle ou il souhaite réellement vivre :

« Ce n’est pas comme tu te l’imagines, tu as d’autres rêves. Tu te rends compte que tu ne connaissais peut-être pas la personne. C’est-à-dire tu la vois différemment. Tu la vois dans les situations où tu commences à mépriser la personne en fait. Au début tu l’admires, ensuite tu bascules dans le mépris. Au début, tu refuses de voir les choses comme elles sont. Et ensuite, je pense que l’on est amoureux. On se dit : je suis amoureux et je veux être amoureux, donc je ne veux pas voir cela […]. Quand on commence à sortir avec quelqu’un, on est toujours sur son trente-et-un, on le voit et on est de bonne humeur. Avec mon ex-mari, c’était même après des années, il y avait toujours des tabous, toujours des choses, voilà, je suis une princesse, je suis intouchable, je suis […]. Dans cette [nouvelle] relation, j’apprécie qu’on ne se voile pas la face, on ne joue plus la comédie. Concrètement, je l’aime tel qu’il est. Et je lui donne beaucoup »

Expulsée dans le discours amoureux, l’altérité ne peut pourtant pas être totalement évacuée une fois terminée la phase de l’amour naissant. Progressivement en effet, la « grande comédie » cède la place à une relation conjugale où simplicité, sincérité, « sagesse », « souci pour autrui » et « communication émotionnelle » deviennent les mots d’ordre. Convaincus de l’attachement émotionnel de leur partenaire, les acteurs aspirent à « être plus naturels », et surtout « à être aimés pour ce qu’ils sont ». Toutefois, dans le quotidien conjugal, aspirer à être aimé pour « ce que l’on est » ne peut se passer d’idéalisation. Percevoir un regard désindividualisant et anodin de la part de l’être aimé est difficilement supportable. Perçu comme « relatif » ou « contingent », l’engagement sentimental perd toute justification. Cette contradiction insurmontable est à la source d’une tension permanente dans toute relation conjugale fondée sur l’amour.

Désidéalisation

Sous le coup du choc amoureux, puis en couple, les acteurs ne peuvent aisément s’affranchir du discours idéalisant. En revanche, lorsque l’un des deux partenaires envisage de mettre fin à la relation, la teneur des propos change radicalement :

« Damien, c’est quelqu’un pour qui j’ai vraiment beaucoup d’affection. Si demain il arrivait qu’il veuille coucher avec moi, il est possible que je me lance mais ça ne sera plus comme avant. J’ai toujours cette attirance physique pour lui. Au fond, c’est quelqu’un de quand même bien quelque part. Mais bon, il est parti dans une direction qui ne me plaît pas beaucoup et que je ne trouve pas très intéressante. Évidemment, je l’ai complètement désacralisé en redevenant son amie. En plus, il a évolué dans une voie pas très intéressante, alors finalement »

Si le choc amoureux consiste à la transformation de l’être aimé en un personnage idéal, rompre, puis faire le deuil de son ex-partenaire, consiste à faire le travail inverse, à opérer un retournement de sens parfois vertigineux. Ce travail de « désacralisation » de l’être aimé et de la relation se fait souvent dans la douleur pour au moins l’un des deux partenaires : celui qui « subit » la séparation. Lorsqu’on est amoureux, la rupture est associée à une terrible sensation de perte, puis de vide. Passer à autre chose prend parfois beaucoup de temps. Malgré la sophistication de l’appareillage thérapeutique, certains n’arrivent pas à faire le deuil de leur relation. La plupart du temps, ces personnes sont celles qui éprouvent de grandes difficultés à désidéaliser ou déconstruire « l’idée » qu’ils se sont forgée de leur ancien partenaire. N’ayant aucun motif suffisant pour constituer un véritable dossier à charge sur leur « ex », elles continuent d’exalter leur passé conjugal avec regrets. D’autres, en revanche, n’éprouvent aucune difficulté à s’en défaire :

« Moi qui croyais avoir affaire à quelqu’un d’exceptionnel, je m’étais bien trompée. Il est comme tous les autres. Il se barre avec une jeune. D’ailleurs, pour lui plaire, il a changé sa garde-robe. Il met des chemises un peu moulantes qui lui donnent un air ridicule. Il a eu le culot de me dire un jour que j’étais trop grosse, alors qu’il est chauve […]. Il refuse de finir de payer le crédit de la maison alors qu’il s’y était engagé parce qu’il dit me laisser la maison. Mais c’est quand même lui qui est parti, qu’il assume. […]. Je ne le reconnais plus, je ne reconnais plus la personne que j’aimais. Frédéric n’est plus la personne que j’ai aimée »

Au fond, il est toujours plus facile de désidéaliser, de se débarrasser du « personnage amoureux » qui sommeille encore, quand on peut s’appuyer sur une série de faits objectifs susceptibles de soulever un indignement collectif. Aussi, mieux vaut-il être quitté dans le drame – suite à une aventure extraconjugale qui éclate au grand jour, par exemple – que de se retrouver seul du jour au lendemain, avec pour unique explication le manque d’amour. En cas de rupture, toute action susceptible d’alimenter une situation de crise conjugale a ainsi un effet désintégrateur qui peut se révéler salvateur. En tarissant les sources de la mélancolie, le conflit fait du délitement du lien amoureux une épreuve émotionnellement moins coûteuse pour celui qui la subit. À bien des égards, ce constat corrobore les thèses de Søren Kierkegaard. « Dans toute relation amoureuse qui aboutit à une impasse », écrit le philosophe, « la délicatesse est ce qu’il y a de plus offensant […]. Pour mettre si possible un terme à ses souffrances, j’invitai mon ami […], [à] se transformer en une personne méprisable.

Qu’il s’agisse d’idéalisation, d’enchantement ou de renoncement, les acteurs se livrent toujours à une véritable entreprise dramaturgique. Le surgissement de l’altérité lors de l’entrée dans la vie conjugale, puis l’effort de désidéalisation auquel sont contraints certains après une séparation, l’attestent. Mais pourquoi cette « grande comédie » ?

Mise en scène

En premier lieu, il n’est pas besoin d’être fin observateur pour s’apercevoir que les comportements amoureux passent systématiquement par des formes de prestations théâtrales en public, par l’adoption d’un répertoire d’action pour valider et créer une unité : un Nous. Or, dans l’amour naissant, cette unité est fragile. Bien souvent, les grandes postures et l’épaisseur sémantique des discours masquent un profond vide ontologique :

« Je pense que j’ai peur de dire que je suis amoureuse de Jean. Lorsque j’en parle avec des amis, parfois je le dis et parfois non. Je pense que je suis amoureuse de ce qu’il représente. Je suis amoureuse de ce qu’il pourrait m’apporter, du rêve qu’il m’apporte. Je ne sais pas si je suis tellement amoureuse de lui »

Aimer, répétons-le, c’est être épris par une certaine « idée » de l’autre. Dans l’amour naissant, la reconnaissance de soi par l’autre ne procède pas tant d’une « révélation » identitaire, que d’une véritable « création », puisque à bien des égards le Moi antérieur est tout simplement ignoré. Les attributs identitaires que découvrent les partenaires ne préexistent donc pas toujours à la relation d’amour. Ils sont consubstantiels de celle-ci ; d’où cette épouvantable sensation de perte, puis de vide, éprouvée par l’aimant lorsque l’être aimé le quitte.

En second lieu, bien rares sont désormais les personnes pour qui la relation d’amour se réduit à un seul et même partenaire. Les individus ont des histoires d’amour au cours de leur vie. Or, l’augmentation du nombre de séparations et de divorces ne traduit pas le déclin de la relation d’amour, ni la fin de la vie amoureuse des individus : les taux de divorces et de remariages sont encore étroitement corrélés dans la plupart des pays européens 8 et d’Amérique du nord. Aussi, même s’il ne viendrait à personne l’idée d’affirmer et de revendiquer ouvertement et publiquement avoir un faible sentimental pour une personne tout à fait quelconque, sans la moindre qualité, dépourvue de toute singularité et avec qui partager son temps serait d’un ennui à mourir, tout individu est parfaitement conscient du caractère interchangeable de son partenaire autant que de sa relation d’amour. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que les acteurs s’évertuent toujours à construire l’exceptionnalité de la personne qu’ils aiment et de leurs relations amoureuses à travers un « discours ».

En troisième lieu, la relation d’amour naissante se passe difficilement de « grande comédie » car les partenaires évoquent explicitement peu les mécanismes qui orientent leurs désirs et déterminent leurs choix sentimentaux. Cette « imposture » n’est pas surprenante. Au moment même où ils entament leur relation, il serait pour le moins déplacé qu’ils avouent préférer l’idée qu’ils se font de leur objet d’amour à la personne qui l’incarne. Dans des sociétés qui produisent institutionnellement de l’individualisme, rien ne paraîtrait plus haïssable que de ne pas louer la supposée singularité de la personne que l’on dit aimer.

Singulariser, c’est aussi présenter l’être aimé comme un objet de désir sexuel non substituable. L’exclusivité sexuelle est ainsi une promesse importante, constitutive de la relation d’amour naissante. Pourtant, il arrive qu’elle ne soit pas tenue. Ayant à cœur de préserver une certaine insouciance relationnelle, nous verrons que l’infidélité sexuelle est un sujet sensible sur lequel il préférable de ne pas être transparent.

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Dernière édition par Qilin le Jeu 3 Jan 2013 - 17:35, édité 2 fois

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 7:00

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Le cadre dyadique de la relation d’amour

En dépit de l’avènement d’un contexte socioculturel favorable à la libération du désir sexuel, l’infidélité sexuelle continue d’être vécue comme une épreuve difficile à surmonter, quelle que soit par ailleurs l’orientation sexuelle des partenaires. Avant d’explorer les raisons pour lesquelles il semble préférable de taire une « frasque » sexuelle, il est important de bien comprendre le sens de cette promesse de fidélité.

L’exclusivité sexuelle

C’est l’amour qui conduit au renoncement de toute autre possibilité sexuelle : « Quand j’aime quelqu’un, je n’ai pas envie qu’elle me trompe et je n’ai pas envie de la tromper […]. C’est tout ce qu’il y a de plus simple ! »

L’autre raison invoquée pour justifier l’attachement à l’exclusivité sexuelle est liée à l’intimité de l’acte sexuel amoureux. Par définition, une relation est dite « intime » lorsqu’elle est délibérément restreinte par ses protagonistes. Ce qui s’y passe relève donc d’un domaine « privé ». La relation d’amour se passe péniblement d’un cadre intime dyadique puisqu’elle suppose que les deux partenaires se considèrent comme « les deux parties irremplaçables et indispensables d’un couple ». « L’éros amoureux », ajoute Francesco Alberoni, « est toujours une élection, un choix qui nous individualise, qui nous distingue de la masse d’anonymes ». Ainsi constitué, l’horizon fantasmatique du désir sexuel amoureux suppose l’exclusivité sexuelle et la monogamie. C’est notamment l’une des raisons pour lesquelles les partenaires envisagent peu leur épanouissement sexuel en dehors de leur relation conjugale, en dépit d’autres formes d’expression de la sexualité, d’une plus grande permissivité qui se traduit par l’élargissement significatif du répertoire des pratiques et l’augmentation de la consommation de produits érotisés.

Même si la fidélité sexuelle s’impose comme une évidence dans les discours, c’est aussi une règle explicite fondée sur un accord réciproque :

« Je pars du principe que si Sandrine [ma copine depuis moins d’un an] c’est la personne que j’ai choisie pour être en face de moi, c’est que quelque part, j’ai décelé chez elle que c’est aussi sa manière de fonctionner. Parce que si ce n’était pas, je ne l’aurais pas gardée en face de moi […]. C’est peut-être très occidental comme principe, mais quand tu es avec quelqu’un que tu aimes, tu ne le trompes pas, point ! C’est ma manière de fonctionner [car, …] je crois que quand tu partages un moment à deux, je pense que tu as envie que ce partage soit exclusif dans tous les sens du terme : sexuel, mental, psychique. Enfin, tu as envie que ça soit que pour toi et tu as envie de donner ces choses-là que pour elle. Tu n’as pas envie donc qu’elle aille partager des trucs avec d’autres personnes »

La crainte de l’infidélité

La relation d’amour reste encore aujourd’hui le cadre de référence pour l’épanouissement sexuel car elle continue de porter une promesse érotique inégalable : « La synthèse d’une relation en soi sensuelle et d’une relation en soi affective ». Or, si l’affection peut mener à la sensualité, l’inverse est aussi vrai : une aventure sexuelle peut éventuellement devenir le point de départ d’une relation amoureuse. Et tant que les acteurs ne sépareront pas la sphère sexuelle de la sphère amoureuse – ce qui n’est pas prêt d’arriver étant donné qu’ils conçoivent difficilement l’accomplissement érotique en dehors de la relation d’amour – ce qu’Anthony Giddens nomme « la contradiction de la relation pure », c’est-à-dire le « conflit entre l’excitation sexuelle, qui est souvent éphémère et des formes plus durables de souci pour autrui » ne pourra être surmontée. Les aventures sexuelles pourront toujours se transformer en histoires amoureuses et les histoires amoureuses, comme on peut l’observer de plus en plus, pourront toujours se terminer par de multiples aventures sexuelles entre des ex-partenaires.

Ce basculement a toujours existé. Néanmoins, il était moins évident jusqu’à l’avènement de l’amour « convergent ». Les frontières « statutaires » entre l’amant et le mari, la maîtresse et la femme, semblaient difficilement franchissables. Elles étaient préservées par un solide édifice normatif. Désormais, il n’y a rien de plus légitime que de quitter sa femme pour sa maîtresse ou son mari pour son amant si l’on en est amoureux ou amoureuse. « Mieux vaut mettre fin à la relation que de rester avec une personne qui ne nous aime plus ! », s’accordent à dire les acteurs. Ayant perdu ses garde-fous traditionnels, rien n’empêche la relation de couple de se défaire. Aussi l’infidélité représente-t-elle une menace permanente pour une relation d’amour naissante qui repose presque exclusivement sur l’intensité du sentiment amoureux.

Pourtant, même très amoureuses, beaucoup de personnes ne respectent pas leur promesse.

Égarements

Derrière cet engagement essentiel, il y a un décalage évident entre les déclarations de principe et la réalité :

« J’ai trompé Émilie avec ma voisine […]. Je n’ai pas réfléchi [...] C’était animal, c’était un désir animal. Je n’étais plus un homme. C’était vraiment de la baise. Je l’ai baisée ! Et elle, pareil. Mais elle était célibataire et moi je n’étais pas vraiment célibataire […]. Je ne me suis posé aucune question. Et après coup, je me suis dit "mince" ! Et j’ai tellement voulu l’oublier que je l’ai oublié. Il s’est rien passé, j’étais chez moi. Finalement, j’ai très bien vécu avec ça »

Hormis les personnes pour qui l’infidélité sexuelle est envisagée comme une vengeance ou un moyen de mettre un terme à la relation, ceux qui ont manqué à leur parole, dans les premiers temps de leur relation d’amour, ne tiennent pas à ce que cela s’ébruite : « Si on le raconte pas, si on le dit pas à l’autre, si on fait vraiment attention et si on respecte l’autre, il n’y a pas mort d’homme »

En avouant leurs égarements sexuels, les individus prendraient le risque de mettre en péril leur relation. Ils n’envisagent cependant pas que leur partenaire puisse y mettre fin :

« Quand on commence une relation on se dit : "ah si tu me trompes, c’est fini entre nous !" C’est des conneries de dire cela. L’amour c’est irrationnel. Ça a le pouvoir sur tout. Ça a du pouvoir sur le pardon. Donc si tu aimes vraiment une personne, jusqu’à en mourir, même si elle te trompe, tu vas rester avec elle. Tu vas lui redonner ta confiance »

Alors, pourquoi préfèrent-ils garder le silence ?

Insouciance

Pardonner une frasque sexuelle à la personne que l’on dit aimer n’est jamais impossible. N’est-on pas tous faillibles ? La peur de perdre son partenaire ne tient donc pas seulement à un manquement à la parole donnée :

« Je l’ai quitté au mois de mars parce que j’ai appris qu’il était sorti avec une autre nana. Cela m’a rendu furieuse. Je lui ai dit que je ne voulais plus le voir, plus jamais ! Il a tout nié. Il m’a dit qu’il avait inventé ça pour crâner devant ses amis. Mais, n’empêche que quand on s’est séparé, il s’est tapé la nana […]. Ca m’a rendue furieuse. Ca m’a beaucoup blessée. Quand j’y pense encore maintenant, ça me rend triste. Je me dis : comment est-ce possible de tromper ? J’étais encore plus en colère contre la nana que contre lui. Mais bon là, je pense que c’est un truc de femme. On se compare à l’autre. On se dit : "mais qu’est-ce qu’elle a que je n’ai pas ?" […] Il a toujours nié. Je lui ai pardonné, mais je ne peux pas dire que je suis en paix avec ça. J’ai vraiment souffert. Personne ne mérite cela. Et j’ai pensé à mon ex-mari. J’ai eu un sentiment de culpabilité en pensant aux fois où je l’avais trompé »

Dans la situation inverse, Jacques raconte les difficultés qu’il a connues dans les débuts de sa vie de couple lorsque sa partenaire, Émilie, a appris qu’il avait couché avec une autre femme :

« Émilie n’a pas réussi à me pardonner […]. C’est ma voisine avec qui j’avais couché qui lui a envoyé un E-mail. Au début j’ai nié, lâchement […], puis à la fin j’ai tout avoué […]. Je savais que j’étais foutu. Du coup, on s’est quitté deux semaines. Puis, on s’est remis ensemble. Mais elle n’a pas réussi à me pardonner […]. Elle remettait ça constamment. Il n’y avait plus aucune confiance. C’était vraiment le bordel ! Et donc au bout d’un moment tu craques. Surtout en plus, déjà tu te sens coupable de l’avoir trompée, tu ne te donnes pas le droit de répondre sur quoi que ce soit. Tu rentres dans une espèce de cercle très vicieux […]. Je n’avais plus de légitimité pour parler […]. Au bout de six mois, je n’arrivais plus à vivre. Je ne faisais plus rien, plus de musique. On s’est séparé à nouveau »

Jadis crainte pour le vent de déshonneur qu’elle attisait, l’infidélité sexuelle, au-delà de la trahison, du mensonge, de l’humiliation et de la fêlure narcissique, est désormais redoutée car elle fragilise le rapport de confiance. L’exclusivité sexuelle passe ainsi pour un gage de confiance, la preuve d’un renoncement réciproque essentiel. Dans un monde social caractérisé par le « risque, l’incertitude et la multiplicité des choix », la relation d’amour repose sur la confiance que s’accordent mutuellement les partenaires. Tissé aux fils des interactions et de la succession d’épreuves rencontrées, ce rapport s’institue comme un socle ontologique à partir duquel les individus acquièrent « sécurité émotionnelle » et estime d’eux-mêmes. Une fois perdue, toute cette mécanique vertueuse s’érode. Le doute et la suspicion ressurgissent. Le jeu de confirmation de soi par l’autre, indispensable à ce qu’Axel Honneth nomme « la reconnaissance intersubjective », perd tout son sens.

Mais l’importance de la confiance dans la relation d’amour naissante ne se réduit cependant pas aux questions de sécurité ontologique ou de reconnaissance. À la différence d’un contrat, la confiance est avant tout une promesse que les partenaires s’engagent à tenir afin de ne pas briser une certaine légèreté relationnelle :

« C’est quand il y a cette confiance qui est brisée que le couple est touché, que l’insouciance des deux personnes est touchée. Et quand il y a ça qui est touché et bien ça s’affaiblit. L’intensité des sentiments n’est plus la même. Tu n’aimes plus aveuglément comme avant. Parce qu’à partir du moment où tu reçois une flèche, tu redescends et tu te dis que ça va être dur de rattraper cet état-là »

Pour exister et s’inscrire dans la durée, le lien amoureux se passe difficilement « d’insouciance ». Souvent associée à la jeunesse, l’insouciance amoureuse n’est pourtant pas de l’inconscience ou de l’ignorance liée à l’immaturité conjugale. C’est une disposition de l’esprit, une énergie, grâce à laquelle un dessein conjugal ambitieux est perçu comme réalisable. Amoureux, les partenaires croient à la solidité des fondations de leur relation, tout en sachant que beaucoup de couples rompent au bout de quelques mois. « Certes cela arrive à d’autres, mais à moi, cela ne m’arrivera pas », disent-ils souvent, confiants et déterminés. De la même façon, ils croient que l’infidélité ne peut les menacer, tout en sachant que cela n’arrive pas qu’aux autres. L’insouciance amoureuse procède ainsi d’une croyance aveugle en l’autre qui permet de préserver le caractère « spécial » de la relation. Aussi, pour le protéger, nombreux sont les couples où l’un préfère taire une aventure sexuelle et où l’autre préfère ne pas chercher à « savoir ».

« Le savoir, c’est prendre le risque de détruire quelque chose […]. Qu’est-ce que cela changerait ? Je suis super amoureux d’Émilie, j’apprends qu’elle m’a trompée. Je vais quand même rester avec elle parce que je suis super amoureux. Mais par contre, il va y avoir une sorte de dégoût. Elle va me dégoûter. Et il y aura quand même un petit problème de confiance. Ca va me porter sur le système. Mais pourtant je vais rester avec elle parce que je l’aime. Si je ne le sais pas. Je reste avec elle, je l’aime, sauf que voilà, tous les mauvais côtés s’effacent »

Dans les premiers mois consécutifs à leur rencontre, amoureux et très attachés au principe d’exclusivité sexuelle, les partenaires considèrent l’infidélité comme un écart susceptible de devenir menaçant lorsque, pour une raison ou une autre, elle ne peut être tue. Dans le champ amoureux, affirme Roland Barthes, « les blessures les plus vives viennent davantage de ce que l’on voit que de ce que l’on sait ». En matière de sexualité, là encore, les relations entre partenaires amoureux ne correspondent donc pas à des échanges transparents. Empreintes de duplicité et de déni, elles procèdent d’un jeu dramaturgique qui cette fois permet de préserver les apparences dyadiques et une certaine insouciance relationnelle.

Par amour, deux individus déclarent mutuellement se désirer sexuellement de façon exclusive. Souvent dévoyée, on l’a vu, cette déclaration n’en reste pas moins teintée de romantisme.

La culture romantique

Bien que les fondements du mythe romantique soient décriés, la relation d’amour naissante continue d’être sous l’emprise de cet univers symbolique. Comment rendre compte de ce paradoxe ? C’est une réflexion sur la façon dont les acteurs rejettent et s’accaparent la culture romantique que nous voudrions entamer. Nous montrerons que cette culture continue d’influencer certaines pratiques, non pas parce qu’elle constitue une utopie, mais parce qu’elle est une fiction nécessaire.

La fin d’un mythe ?

Invités explicitement à donner leur point de vue sur l’amour romantique, la plupart de nos interlocuteurs ont tenu un propos clair et unanime : l’amour ne peut pas tout ! La passion ne peut exister dans la durée. Il s’agit d’un temps de la relation, qui de surcroît est plutôt rare. De façon générale, personne ne croit aux fondements sacrificiels des grandes histoires d’amour :

« Les histoires de l’amour vrai, de la philosophie – quand j’écoutais ma prof de philosophie – me semblaient aberrantes. Pour elle, l’amour vrai, c’est être capable de se sacrifier, de tout donner, de subir tous les torts possibles et rester toujours amoureux. Je n’y crois pas à ça. L’amour passionnel ça ne dure pas éternellement. Si Roméo meurt, ce n’est pas pour rien ! »

L’amour romantique est d’une naïveté déconcertante : « Dans le romantisme, tout est beau. Il n’y a pas de laideur. Il n’y a pas de, comment dire, de bémol. C’est harmonieux. Et puis, il y a un peu de souffrance. Mais, c’est de la souffrance romantique. C’est parce que la passion est tellement grande que […]»

La promesse d’un seul et grand amour pour la vie semble irréaliste et irréalisable. L’éventualité d’une séparation, difficile de feindre dans des sociétés où près de quatre mariages sur dix se soldent par un divorce, conduit à moins d’aveuglement sur le devenir de la relation amoureuse : « Je ne sais pas si c’est lui, lui l’unique personne. On se promet qu’on restera ensemble alors qu’on ne sait jamais. On ne sait jamais. Toute relation peut se finir […]. Je ne promettrais pas [de rester avec quelqu’un pour toute la vie] »

Contrairement à l’amour romantique où tout antagonisme est expulsé hors de la relation, la vie conjugale ne peut être pure harmonie. Toute relation est porteuse de tensions internes. Mais, en aucun cas il ne doit s’agir de souffrance. Mieux vaut mettre fin à une relation plutôt que de souffrir inutilement :

« L’idéal, c’est qu’on s’aime sans souffrir, non ? Il ne doit pas y avoir de souffrance […]. Mes parents sont divorcés. Pour moi, l’amour a toujours été associé à la souffrance. Il faut se garder de cette souffrance-là. Il vaut mieux terminer la relation dans ce cas-là. Après, des souffrances […] passagères, c’est un peu normal »

Les acteurs appréhendent tous avec un certain dédain les représentations romantiques de l’amour. Il ne s’agirait que de clichés, de fictions révolues d’un autre âge, qui ne peuvent exister. Souvent au fait de ces questions, ils sont parfois même capables, s’appuyant sur une littérature qui a pris le contre-pied de l’idéalisme romantique, d’en pourfendre les logiques. Pour autant, lorsqu’il s’agit de parler de leur partenaire, des raisons de ce choix, des premiers temps de leurs expériences de couple, ces mêmes acteurs, on l’a vu, tiennent des discours qui sont pour le coup empreints d’une forte tonalité romantique. Alors, comment comprendre que, d’une part, les acteurs justifient la constitution du lien amoureux par des logiques qui s’inspirent et de fait, puisent des éléments mythiques de la culture romantique tout en, d’autre part, récusant les fondements de cette culture ? Comment saisir l’articulation de ce double discours ?

Double discours

Ann Swidler a proposé une explication de ce qu’elle nomme la « dualité culturelle » de l’amour contemporain. Dans un ouvrage important, la sociologue a mis l’accent sur les propriétés institutionnelles du mariage et le besoin de supports pour l’élaboration de l’action. Deux « cadrages » – un « romantique » et un « prosaïque » – de l’amour persistent et coexistent, sans que l’un exclue l’autre, car les acteurs développent des lignes de compréhension de l’amour dans deux contextes spécifiques, affirme-t-elle. Le premier est celui des contraintes structurelles de l’institution maritale. Dans ce cas, les acteurs, qui doivent faire face à des choix difficiles, comme celui de se marier ou de rester mariés, appréhendent l’amour en termes mythiques. Pour le dire comme Ann Swidler, la conception mythique de l’amour permet de « décrire et d’organiser les contours internes de l’action individuelle dès lors qu’il s’agit de décider d’entrer ou de sortir d’une relation modelée sur le mariage ». Dans un contexte différent, celui de la très sensible gestion et régulation du quotidien de la relation, les acteurs mobilisent une culture amoureuse plus terre à terre. Dans ce cas, la vision prosaïque opère comme une description réaliste de l’expérience de couple. L’enquête menée par Bernadette Bawin-Legros corrobore cette thèse en montrant que si, de manière générale, les individus continuent de concevoir et de vivre la relation de couple en valorisant par exemple la formation de liens durables basés sur le partage, la compréhension mutuelle et l’exclusivité sexuelle, il existe en la matière des différences significatives entre les individus célibataires, ceux qui ne sont pas mariés mais vivent en couple, et enfin ceux qui sont mariés. Les derniers adhèrent – toutes choses égales par ailleurs – bien plus aux valeurs issues de la culture romantique que les individus qui ont déclaré être célibataires. À la lumière de ces données, la conclusion d’Ann Swidler semble s’imposer : la culture romantique continue de persister dans le sillage de cette institution qu’est le mariage, car elle procure des ressources culturelles essentielles pour l’engagement matrimonial.

Néanmoins, il semble que le poids explicatif dévolu à l’institution maritale soit analytiquement surévalué dans l’argumentation développée par Ann Swidler. En effet, les individus ne croient pas plus au mythe romantique quand ils sont mariés que quand ils ne le sont pas. La position institutionnelle ne commande jamais pleinement l’espace des croyances collectives. Ce n’est donc pas du seul contexte institutionnel marital que découle encore la culture romantique. Si c’était le cas, pourquoi complexifier inutilement l’analyse en empruntant à Erving Goffman la notion de « cadrage » ? Et surtout, pourquoi ne pas adopter une perspective fonctionnaliste et conclure qu’institution, culture, et action, sont en congruence ? Après avoir dit cela, il est important de proposer une autre interprétation de la dualité culturelle de l’amour.

Une fiction nécessaire

Dans un film réalisé par Yvan Attal, « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » (1993), Georges, père de famille marié, craque après une soirée de cartes bien arrosée chez son voisin. Après avoir dépeint le caractère insupportable de sa femme à deux de ces amis, Georges en vient à s’interroger sur les fondements de sa vie conjugale avec dépit, et surtout beaucoup d’ironie :

« J’adore ma femme, mais le problème c’est que j’adore ma femme et les autres femmes. Bon, on va arrêter de se mentir. J’aime ma femme et les autres aussi. Et ce qui est incroyable, vraiment incroyable, c’est que parce que j’aime une femme, une, je n’ai pas droit aux autres. Vous vous rendez compte de l’importance de ma femme. C’est elle ou potentiellement toutes les autres. En fait voilà, on va diviser le monde en deux. On va faire d’un côté ma femme et de l’autre, il y a toutes les autres femmes, ma femme et toutes les autres, toutes les autres et ma femme. Il n’y a pas quarante explications : ou ma femme c’est le summum, ou alors je suis complètement fou ».

Aujourd’hui, tout individu est conduit, à un moment ou à un autre, à se demander pour quels motifs il choisirait telle personne plutôt qu’une autre pour s’engager dans une relation d’amour. Cette question se pose, ou plutôt s’impose d’elle-même avec force, lorsque, comme dans le cas de Georges, la relation conjugale n’est pas vécue comme satisfaisante. Elle se pose aussi dans bien d’autres circonstances que celles liées à un état de crise conjugale. Toutefois, il est difficilement imaginable de concevoir un individu perpétuellement hanté par ce type de questionnement au quotidien. Sa vie serait un véritable enfer. Pis, on voit mal comment il viendrait à se mettre en couple, si à tout moment il pensait qu’il y a « potentiellement » mieux ailleurs. La vie sociale et à plus forte raison la vie amoureuse qui en fait partie, a besoin d’un minimum de certitudes. Pour le dire un peu caricaturalement, les individus se mettent en couple avec la personne de leur choix et sont le plus souvent convaincus d’être avec le partenaire idéal et donc d’avoir fait le bon choix, même si au fond, comme Georges, ils savent pertinemment qu’il est toujours possible de trouver mieux. Dans un monde où l’engagement conjugal est le reflet d’un désir amoureux réciproque qui s’est à la fois individualisé et désinstitutionnalisé, ce scénario de l’unique et idéal partenaire, avec qui l’on vivrait une expérience exceptionnelle, est devenu le dernier barrage contre l’avènement de « l’amour liquide », auquel peu de personnes aspirent.

« Même si la vie de célibataire a des avantages, la vie de couple est toujours plus agréable. Je ne suis pas fait pour vivre seul, pour être célibataire. Je n’en ai vraiment pas envie. Si je veux, je peux sortir tous les soirs. Ca m’est arrivé de le faire. Mais c’était plutôt par défaut. C’était pour éviter d’être seul chez moi et de passer la soirée seul. Je peux avoir des aventures – et il m’arrive d’en avoir – mais ce n’est pas ce que je recherche. J’ai envie d’une relation de couple, d’une vie de couple »

Même s’ils n’y sont pas contraints, les individus souhaitent vivre en couple et fonder une famille :

« Vivre seul toute la vie c’est quand même triste. Moi, je trouve ça "cool" d’avoir une famille, des enfants. Fonder quelque chose pour ne pas rester seul. Je ne me vois pas à quarante ans toute seule. C’est important d’avoir une présence, de se sentir aimé. Tu as de l’importance quand tu es avec quelqu’un. Quand tu es tout seul, c’est dur »

En dépit de violentes critiques, la fiction romantique continue ainsi de façonner l’imaginaire amoureux car elle est devenue indispensable. Avec l’effondrement de l’emprise des normes traditionnelles, elle constitue désormais un des derniers supports culturels de la relation d’amour. C’est la fiction nécessaire à l’accomplissement d’un engagement relationnel dyadique fondé sur une promesse sentimentale. Elle permet de concilier des aspirations conjugales, qui à bien des égards restent « traditionnelles », avec des exigences émotionnelles modernes. Par exemple, articuler engagement sentimental et exigences érotiques constitue un dilemme pour beaucoup de couples. Comme chacun sait, les vagabondages sexuels peuvent potentiellement être des expériences sexuelles excitantes. Et rien n’interdit de s’y abandonner. Même si la relation d’amour est loin de baigner dans un vide normatif, l’exclusivité sexuelle, malgré les frasques sexuelles de certains, est un principe qui va de soi dans les mois consécutifs à la rencontre. Peut-être en serait-il autrement si les acteurs ne se réappropriaient cette idée, directement inspirée du scénario romantique, selon laquelle la sexualité est toujours plus intense lorsqu’elle est portée par la passion amoureuse. Sans l’existence d’un tel « script », il serait pour le moins difficile d’aspirer continuellement à la conciliation de ces deux exigences que sont le plaisir et la fidélité.

Moins un système idéologique structuré qu’un mouvement culturel polymorphe, le rayonnement intellectuel du romantisme s’étend de la littérature à l’art depuis le milieu du xviiie siècle en Occident. Son « ontologie idéaliste », teintée de platonisme, a contribué à promouvoir une très haute idée de l’amour. Distillée sous formes de scénarios que s’approprient les acteurs, la culture romantique permet de donner un sens et une consistance symbolique à tout un ensemble de pratiques. La culture romantique n’émerge donc pas tant de ce « vide » entre engagement conjugal et institution maritale, comme l’affirme Ann Swidler, que du vide entre l’engagement sentimental et les contraintes symboliques de la relation d’amour naissante. Sans cette idée d’un seul et grand amour, où la passion prime sur la raison, l’engagement sentimental perd toute justification sociale. Son édifice symbolique s’écroule en entrainant inévitablement dans sa chute la relation de couple.

« Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient entendu parler d’amour » disait François de La Rochefoucauld. C’est bien parce que l’amour est en grande partie une « invention culturelle », que l’on ne peut comprendre certaines pratiques sans explorer les fictions qui les portent. Une telle orientation ne revient pas à abandonner le travail empirique comme certains ont pu l’écrire. Au contraire, c’est en partant du discours des acteurs que l’on peut analyser quelles sont les fictions nécessaires au déroulement de l’action sociale : « ces croyances auxquelles les acteurs ne croient pas vraiment, mais dont ils ne peuvent renoncer sans que leur travail se vide de sens ».

Conclusion

Dans cette relation à autrui si commune qu’est la relation d’amour naissante, le lien social est d’abord le produit d’un élan sentimental dont les ressorts sont dramaturgiques. Aimer, que l’on soit une femme ou un homme, hétéro, homo ou bisexuel, jeune ou âgé, issu d’un milieu modeste ou aisé, c’est d’abord aimer une idée incarnée par un personnage prétendu idéal, mettre en scène une relation au travers d’un récit enchanté, préserver les apparences d’un cadre dyadique et adhérer aux scénarios d’une fiction nécessaire. Dans les sociétés modernes avancées, la dramaturgie individualisée a ainsi succédé progressivement au mariage, ce « rite d’institution » collectif, qui scandait symboliquement les règles d’un jeu où le destin marital de chacun était scellé à l’avance. Le lien amoureux naissant ne procède donc pas d’un rapport d’échanges, de dons contre dons, fondé sur une série de « remises de soi », d’une « révélation » ou d’une « validation identitaire », ni d’un rapport d’utilité comme le suggère Anthony Giddens dans son modèle de « relation pure » et de moins en moins, d’une solidarité organique fondée sur un arrangement des rôles conjugaux où d’emblée mari et femme se trouvent placés dans une relation d’interdépendance pour assurer leur survie et celle de leurs futurs enfants. L’engagement qui préside à la vie conjugale est devenu sentimental puisque l’amour est supposé définir le début d’une relation entre deux partenaires, supposés libres et autonomes, qui se sont choisis parce qu’ils s’idéalisaient et se prêtaient respectivement des qualités de bon amant.

Pour autant, la consistance dramaturgique du lien amoureux naissant ne permet pas de conclure à une radicale altération de « l’ordre sentimental ». La persistance de l’homogamie sociale en matière de choix du partenaire, le maintien des aspirations traditionnelles, la prégnance des inégalités de sexes dans la répartition du travail domestique, ou encore, l’attachement à l’exclusivité sexuelle, invitent à nuancer l’affirmation selon laquelle « l’univers » des pratiques conjugales se serait totalement transformé. En revanche, il y a bien eu un changement dans la nature du lien social tissé par les partenaires amoureux. Tributaire des soubresauts de leur vie sentimentale, ce lien a cessé d’être inconditionnel. À la différence de l’amour parental, l’amour conjugal n’est plus un impératif moral. Il ne permet plus aux partenaires de pouvoir totalement se reposer l’un sur l’autre. Fragilisée, la famille conjugale ne constitue donc plus ce refuge stable et sécurisant, alors même que sa « fonction sociale » était pourtant d’amortir et de compenser les turpitudes du monde socioprofessionnel.

Or, pour paradoxal que cela puisse paraître, au-delà de l’accomplissement intersubjectif, les individus continuent d’espérer trouver une forme de lien inconditionnel dans l’amour. Au fond, tout le problème de l’amour découle du fait que les individus aspirent à être aimés de façon inconditionnelle pour des raisons qui, elles, sont conditionnelles. Aussi l’amour devient-il un besoin plus intense au moment même où le lien social généré par cette émotion collective se précarise. Cette situation anxiogène permet notamment de comprendre le « chaos amoureux » que l’on observe dans la plupart des pays occidentaux, pour reprendre l’expression d’Ulrich Beck et d’Elizabeth Beck-Gernsheim, malgré la forte aspiration des individus à fonder une vie de couple.


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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 15:54

C'est moi qui doit être le seul responsable des mes blessures.
Non pas responsable en tant que coupable, mais en tant que porteur de la volonté de les soigner et de les guèrir.

En ce début d'anné, j'en prends, vis à vis de moi, l'engagement formel.

Je présente à tous ceux qui se sont sentis heurtés par ces dernières l'expression de mes regrets. Je leur dot aussi que pour chacun, la vie est ainsi faite. Que la culpabilité non prononcée et reconnue est un frein à l'avancée vers soi et l'autre.
Qu'à mon sens on gagne en force en reconnaissant ses manques et faiblesses. Et je m'applique à le faire.

Je ne peux rien conseiller à personne. Juste souhaiter à tous de trouver le chemin vers eux comme je le trouve vers moi.

Bonne et heureuse année à tous !

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Message par Aerienne Mar 1 Jan 2013 - 16:47

Bonne et heureuse année à Toi, Neme6 sunny
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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 17:09

Salut Aérieene Smile

Bises à toi et merci de ta présence !

Encore tous mes voeux pour cette nouvelle année Smile

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 17:18

Il n'est plus le temps de regretter de n'avoir pas vécu. Il est temps de se consacrer à comprendre vite pourquoi, à s'activer à desserrer les freins, à s'occuper de soi vraiment.
Les réponses que je m'apporte me servent également à trouver l'aide dont j'ai besoin. Les outils qu'il me faut.

Cet aller vers une construction est, et doit rester à mon sens, une quête personnelle, quand bien même elle serait partagée pour offrir exemple.

Pour lire et avoir lu tant et tant, je comprends que la stabilité de sa propre construction (qui passe aussi par dire sa recherche) est le facteur essentiel à se trouver, donc aussi à partager.

Ainsi, je finis par penser qu'aller vers soi, c'est forcément aller hors de soi à un instant ou l'autre, mais cette fois en pleine connaissance de ses forces et limites.



Dernière édition par Qilin le Mer 2 Jan 2013 - 0:36, édité 2 fois

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 17:35

Il n'est plus le temps de regetter de n'avoir pas vécu. Il est temps de se consacrer à comprendre vite pourquoi, à s'activer à desserrer les freins, à s'occuper de soi vraiment.
Les réponses que je m'apporte me servent également à trouver l'aide dont j'ai besoin. Les outils qu'il me faut.

Cet aller vers une construction est, et doit rester à mon sens, une quête personnelle......



Si je puis me permettre garde cela précieusement, c'est la base incontournable pour avancer.

Bonne Année 2013 !



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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 18:40

Salut Ekaterina !

Oui tu vois je progresse Very Happy

Merci pour les voeux ! Je te souhaite également une très belle année pleine de joie et de prospérité.

Bisous

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 18:43

Je suis heureuuuux !!!

Je continue à réveilloner ce soir avec ma bande de potes !!

Je vais être sur les rotules, mais tant qu'il y a la fête, pourquoi s'en passer, hein ?

La vie est coooooool !!!!

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 19:06

Tiens il me restait un cadeau à offrir que j'avais mis de coté. Mon "ancien" iPhone en parfait état de marche.

Je vais faire un tirage au sort ce soir Smile

Ca va faire un(e) heureux(se) bounce

santa


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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 19:29

Plus je lis à droite et à gauche, plus je me marre.

Allez, je file à ma soirée.

Bonne fin de journée à tous Smile

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Message par Invité Mar 1 Jan 2013 - 20:04

...

Or, pour paradoxal que cela puisse paraître, au-delà de l’accomplissement intersubjectif, les individus continuent d’espérer trouver une forme de lien inconditionnel dans l’amour. Au fond, tout le problème de l’amour découle du fait que les individus aspirent à être aimés de façon inconditionnelle pour des raisons qui, elles, sont conditionnelles. Aussi l’amour devient-il un besoin plus intense au moment même où le lien social généré par cette émotion collective se précarise. Cette situation anxiogène permet notamment de comprendre le « chaos amoureux » que l’on observe dans la plupart des pays occidentaux, pour reprendre l’expression d’Ulrich Beck et d’Elizabeth Beck-Gernsheim, malgré la forte aspiration des individus à fonder une vie de couple
.

Quand on a compris cela, on a compris énormément de choses. La voie la meilleure est d'inattendre et de ne pas prêter attention aux rebuffades pour continuer à vivre sa vie. Léon Zitrone l'avait dit à sa manière : "Que l'on parle en bien ou en mal de moi n'est pas l'important. L'important est qu'on parle de moi".


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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 0:19



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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 0:21


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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 0:51

Les « Quatre vérités essentielles » que nous rapporte la tradition bouddhique populaire sont généralement énoncées comme suit :

1. Constatation de la souffrance.
2. Désignation de l’existence et de l’ignorance comme causes de la souffrance.
3. Possibilité d’être délivré de la souffrance.
4. Chemin à parcourir.

Sans « vue correcte », ni « attention correcte » il n’y a pas d’action correcte. L’homme réalise la « vue correcte » dès l’instant où son esprit n’est plus troublé par des idées. Plus aucune confection mentale ne peut s’interposer entre lui et les faits. Il doit être « présent au Présent ». Il s’agit là d’une attitude de vie essentiellement pratique englobant l’être humain dans sa totalité psychique et physique. C’est la raison pour laquelle le professeur Ed. Conze de l'université d’Oxford définissait le bouddhisme comme « un pragmatisme dialectique ».

Les formes élevées du bouddhisme ne s’attardent pas dans les spéculations métaphysiques sur l’origine première de la souffrance. Elle en constatent simplement le fait et nous donnent les moyens pratiques pour nous affranchir de façon réelle.

Dans l’optique du Ch’an et du Zen, la délivrance de la souffrance et des conflits ne résulte pas d’une fuite des problèmes par une rationalisation intellectuelle de ceux-ci. Il s’agit au contraire d’une approche directe. Le Ch’an et le Zen se bornent à constater que la souffrance provient de l’ignorance et que cette dernière correspond plus exactement à une condition de sommeil, de léthargie à la fois individuelle et collective.

Le Zen nous demande de « lâcher prise » et d’être disponibles. Il est une « maïeutique » comparable à celle de Socrate. La « maïeutique » ou « science de la délivrance spirituelle » s’efforce de réunir les éléments psychologiques à l’affranchissement de l’esprit. Elle permet de réaliser une véritable mutation psychologique.


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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 1:05



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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 1:24

http://www.ted.com/talks/lang/fr/sherry_turkle_alone_together.html

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 1:25

http://www.ted.com/talks/lang/fr/brene_brown_listening_to_shame.html

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 1:26

http://www.ted.com/talks/lang/fr/jonathan_haidt_humanity_s_stairway_to_self_transcendence.html

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 1:28

http://www.ted.com/talks/lang/fr/daniel_goldstein_the_battle_between_your_present_and_future_self.html

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 2:14

J'ai ouvert un fil comportant des extraits des livres d'Alain Ehrenberg (sociologue) sur le rapport de l'être à son environnement, et les constatations qui en découlent.

Pour les intéressés : https://www.zebrascrossing.net/t9171-fiche-de-lectures#358103

Bonne nuit Smile


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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 14:29

Comme je me focalise en ce moment sur la sociologie, je continue à poster là :

https://www.zebrascrossing.net/t9171-fiche-de-lectures#358273

Bonne journée Smile


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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 15:14

Je crois qu'il est quelque chose qui nous dépasse, un mécanisme qui est global et que nous ressentons intuitivement à la lisière de notre conscience. Nous sommes tous, semble-t-il, en train de faire les test de notre autonomie et de notre autogénèse et nous nous apercevons tous encore, peu ou prou, qu'il nous faut la présence des autres pour nous "alimenter".

Nous nous apercevons ensuite qu'il y a des impondérables qui viennent se mettre "en travers", et que ces derniers phénomènes ne sont pas liés au décisions communes prises par les différents protagonistes alors impactés.

Ces bouleversements ne sont pas forcément à disséquer logiquement, mais à accepter pour ce qu'ils sont. A partir de ces instants, l'énergie ainsi épargnée peut servir à construire et non plus à ressasser un événement. L'accepter c'est en tirer leçon, donc "outil", sans oublier que le contexte peut encore interagir dans l'avenir de manière aussi subite qu'il l'a fait par le passé.

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 15:16




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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 15:17



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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 15:26



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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 15:50

Méditer m'aide.

A comprendre que les différences des uns sont à un autre endroit que les miennes, que leurs aspirations le sont aussi. Que leurs manques encore ailleurs. Que se construire seul est difficile tellement les repères autrefois communs ont tendance à se déliter, à s'éparpiller, à se réduire.

A comprendre que ce qui est parti est à reconstruire et que cela prend du temps. Que cela ne peut venir que d'un être mais seulement de plusieurs.

Que cette reconstruction ne peut se faire que sur des dénominateurs partagés, tels une langue, une croyance, une association, un chemin ...

Que ce dénominateur doit être suffisamment prégnant pour faire balance à ce qui divise, oppose, sépare ... et conduire à l'acceptation de ces différences. Que sinon c'est aller vers des déconvenues.

Qu'il est illusion de croire pouvoir apporter quoi que ce soit de soit si l'acceptation de cet apport n'est pas compris, inutile aux êtres en face de soi.
Que le refus de ce qui est apporté par quiconque n'enlève pas de valeur au donneur ni au receveur. Que cela fait partie du chemin.

Je me libère, suis plus moi, plus apte à continuer ainsi. En ne remettant sur l'ouvrage que ce qui vient de moi.

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 16:02

En continuant mon chemin de réflexion, je m'aperçois que :

Vouloir aider les autres est prétentieux car je ne suis qu'un parmi les autres.

Juger et accuser est prétentieux car je ne suis qu'un parmi les autres.

Refuser l'état de fait est prétentieux car je suis un parmi les autres.

Prétendre donner la liberté est prétentieux car je suis un parmi les autres.

J'existe sans ça, et j'existe mieux ainsi. C'est ce que je deviens qui donnera lieu à partage, à partir du moment où je partagerai en connaissance de moi et de mes limites.


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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 16:16

La suite là (faut pas tout mélanger quand même Razz) :

https://www.zebrascrossing.net/t9171-fiche-de-lectures#358325


Dernière édition par Qilin le Jeu 3 Jan 2013 - 20:24, édité 2 fois

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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 16:25




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Message par Invité Mer 2 Jan 2013 - 16:26



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