Tendances cyclothymiques et diagnostic.

Bonjour,

Certains d'entre vous ont-ils des traits cyclothymiques ou dysthymiques ? Si oui, quel a été votre parcours pour identifier le trouble ? Et des médicaments vous ont-ils été prescrits ?
Personnellement, face aux variations rapides (parfois d'une journée à l'autre, ou dans la même journée...) de mon humeur, qui oscille entre de brefs et discrets accès euphorique (au cours desquels je me sens  de bonne humeur, plein de verve et créatif,  confiant en moi- même et parfois, quoique de plus en plus rarement, animé d'un sentiment "grandiose" de ma propre valeur...) et des accès plus fréquents et très pénibles de tristesse ( estime de soi dans les choux, avec  la conviction douloureuse d'être une nullité ; sentiment de culpabilité ; impression de vide intérieur ; fatigue, perte de plaisir à faire des choses qui habituellement me plaisent ; irritabilité etc....), je me pose la question d'une éventuelle cyclothymie. Il y a parait il des facteurs génétiques : l'un de mes cousins a été traité jusqu'à sa mort pour bipolarité, mon père, qui s'est suicidé quand j'avais 19 ans, a eu de gros accès dépressifs et son propre père avait une personnalité un peu "spéciale" (schizotypique, visiblement...)
Ce qui m'inquiète, c'est que les années passant, et les déceptions s'ajoutant les unes aux autres, le côté "dépressif " est de plus en plus marqué. J'en souffre, bien sur ; mon entourage immédiat aussi...
Merci par avance pour vos témoignages et conseils !

Bonjour Nikko76,
Avant de penser à prendre des médicaments, ne serait il pas intéressant d'aller voir ce qui a pû t'amener à ces comportements?
Je veux dire, tu es conscient des faits dans ta famille, mais les thérapies sont là pour aider à digérer et nettoyer les évènements traumatiques, qu'ils aient été vécus par toi directement ou par ta famille.
Peut être l'as tu déjà fait?

Salut nikko76,

Pour m'être pas mal documenté sur le sujet et étant moi-même cyclothymique, le seul bon conseil que je pourrais te donner à ce sujet c'est : connais-toi toi-même. Il est en effet essentiel, lorsque l'on est sujet à des variations d'humeur fréquents, d'avoir autant que possible une hygiène de vie stable. Le sommeil est le facteur le plus important je pense, il faut essayer de trouver son rythme propre et s'y tenir. L'alimentation est importante aussi, ainsi que l'excès d'excitants... Ou encore le climat, qui peut avoir une influence instantanée sur l'humeur.
Ces conseils peuvent paraître un peu triviaux mais personnellement ça a été d'un poids non négligeable dans mon évolution vis-à-vis de ce "trouble". En parallèle il faut aussi apprendre à connaître son fonctionnement, sa manière gérer les émotions etc. Là, une thérapie peut en effet s'avérer bien utile, cela a été assez salvateur de mon côté, quoique le psy n'ait pas reconnu que je puisse être cyclothymique (qu'il vienne donc faire un tour dans ma tête, pas sûr qu'il ait le cœur assez accroché pour supporter ces montagnes russes !)

Après il semblerait que la cyclothymie puisse être liée à la douance du fait de l'hypersensibilité notamment (ce qui ne serait donc plus de la cyclothymie ?), mais sur ce terrain je n'en sais pas assez pour donner un avis trop tranché, en tout cas il y a quelque chose à creuser.

Sinon concernant la médicamentation, j'ai toujours fait en sorte de m'en passer pour ma part, mais je pense que cela peut être très utile dans certains cas, voire indispensable... Aujourd'hui ma situation est plus stable mais je ne compte plus les fois où j'ai failli tout laisser tomber et changer drastiquement d'existence, avec l'impression de pouvoir aller au bout du monde, pour le lendemain me retrouver plus bas que terre me demandant si je n'étais pas fou la veille...

Un ouvrage que je conseille souvent sur le sujet est la BD autobiographique Goupil ou Face qui raconte le cheminement d'une auteure de BD cyclothymique et donne un très bon descriptif de la maladie (élaboré en collaboration avec des soignants).

Le site associé http://www.goupil-ou-face.fr/ donne aussi pas mal d'infos et des pistes pour se renseigner plus avant.

Comme Lylan et Charlo, je te conseille enfin de te rapprocher d'un.e thérapeute pour y voir plus clair si tu penses que tes soucis sont d'ordre pathologiques

Bon courage !

Merci pour les conseils !
On continuant de fouiller, je m'aperçois que sur certains points, mon fonctionnement, concernant l'instabilité de l'humeur, mais encore les sentiments trop forts et trop fréquents de "colère", (et deux ou trois autres traits, plus modérés) me rapproche des personnalités borderline (sous une forme "atténuée", qui permet dans mon cas, une relativement bonne adaptation socio-professionnelle : cad que j'évite les ruptures et les parcours "galère" qui sont fréquents chez ces personnalités...)
Sinon, je pense entamer une thérapie cognitive (type ACT.) qui me permettra  de modifier mes schémas de pensées, très négatifs **
** : un seul exemple qui te parlera, Ardel : le go. On préfère tous gagner, bien sûr... mais la défaite, quel que soit le niveau atteint (je suis aujourd'hui 5/6k, sur mon nouveau compte KGS.) est inévitable : globalement, si notre rang est fiable, c'est d'un point de vue math 50% de victoires / 50% de défaites. Pour ma part, je vis incroyablement mal les défaites : elles me mettent dans des états pas possible, me conduisant à des remises en question absurdes, au point de jouer sur mon humeur, et de précipiter, parfois, des accès de déprime, surtout si elles s'enchainent ! Intellectuellement, j'ai bien conscience que de telles réactions sont insensées, complètement exagérées...et pourtant, elles me submergent.  Le go devient quasi-révélateur des failles narcissique (mauvaise estime de soi.) sous jacente à ma personnalité...
Je vais aller jeter un oeil à cette BD.

l'un de mes cousins a été traité jusqu'à sa mort

ça alors.

Où sont les traitements jusqu'à résurrection.

nikko76 a écrit:
** : un seul exemple qui te parlera, Ardel : le go. [...] Pour ma part, je vis incroyablement mal les défaites : elles me mettent dans des états pas possible, me conduisant à des remises en question absurdes, au point de jouer sur mon humeur, et de précipiter, parfois, des accès de déprime, surtout si elles s'enchainent ! Intellectuellement, j'ai bien conscience que de telles réactions sont insensées, complètement exagérées...et pourtant, elles me submergent.  Le go devient quasi-révélateur des failles narcissique (mauvaise estime de soi.) sous jacente à ma personnalité...

Je crois que c'est assez commun, j'ai des souvenirs de soirées post-tournoi passées à ruminer ^^ Par ailleurs, le go fait partie des rares jeux (avec les autres jeux de plateau 1v1, sans hasard et à information complète, et les jeux vidéos du même genre) où la responsabilité de la défaite ou de la victoire nous appartient entièrement, et c'est il me semble notoirement compliqué à gérer émotionnellement pour tout le monde  : il me semble que les éditeurs de jeux vidéos y font gaffe pour ne pas trop frustrer leurs joueurs. Hearthstone, le JCC à succès de Blizzard, en est un bon exemple : il mêle talent et connaissance du jeu (de sorte que les très bons joueurs ont de quoi manger), et assez de hasard pour que le résultat d'une partie puisse toujours être attribué en partie à la (mal)chance et ainsi ne pas frustrer les gens.

Bon, c'était un peu HS tout ça Bonne lecture, et bon courage pour la suite de ta démarche !

N'oublies pas que les zèbres ont cette faculté à passer du tout au tout émotionnellement, et que vivant des "poussées" d'émotions très fréquentes, (ayant aussi des prédispositions génétiques à la bipolarité), je ne pense pas que ça soit si alarmant !

Mauvaise estime de soi > non, haute estime de soi fragile (lire à ce sujet Christophe André).
Difficile quand on est zèbre de placer la barre du pathologique, quand on échappe tant aux règles