[Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
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[Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
J'ai une question aux spécialistes : y-a-t-il des indices de l'apparition d'une nouvelle espèce d'humains, je veux dire homo sapiens et puis ensuite ça va vers quoi ?
Dernière édition par Edelweiss le Ven 10 Avr 2015 - 21:45, édité 1 fois
Edelweiss- Messages : 549
Date d'inscription : 24/11/2014
Evolution future de l'humain
Bonjour,
En fait, pour répondre, il faut déjà se mettre d'accord sur le concept d'espèce... chez les espèces sexuées en général, et chez l'humain en particulier, une définition qui marche à peu près est le critère d'interfécondité: on défini comme deux espèces distinctes deux populations qui ne sont pas interfécondes.
Ainsi, les tigres et les zèbres ne sont pas interféconds, ce sont deux espèces différentes.
Il y a des "cas limites" car bien sur la séparation d'espèces est progressive, et ne se fait pas du jour au lendemain: l'ânesse et le cheval ou l'âne et la jument peuvent produire des descendants mais ceux-ci sont le plus souvent stériles. La conséquence est la même que lorsqu'il n'y a pas d'interfécondité: ce qu'on appelle les "flux de gène" sont limités entre les deux populations, donc plus le temps passe, plus la différentiation génétique est forte.
Ok, maintenant, retour sur l'humain: je n'ai pour le moment jamais vu de données concernant une éventuelle baisse de fécondité pour des humains provenant de deux "populations" différentes comparé à des humains d'une même population, ce qui indique qu'il n'y a pas le début d'une spéciation.
Est-ce qu'on pourrait s'attendre à ce que ça se produise dans le futur?
Au vu des connaissances actuelles, c'est très peu plausible. En simplifiant grosso modo, y a deux mécanismes dans la mise en place de la spéciation:
1- les deux populations sont isolées géographiquement, assez longtemps qu'elles évoluent trop différemment pour que l'association de leurs génomes soient compatibles et produise une population viable (à comparer à des problèmes de compatibilité informatique qui se poseraient si Apple et Windows décidaient de ne plus faire évoluer leurs technologies en regardant comment ils évoluent respectivement... problèmes de plus en plus important au fur et à mesure du temps). Chez l'homme, il y a eu quelques différentiations d'un endroit à un autre, mais pas suffisante pour créer un début de non interfécondité. Et désormais, les flux d'humains sont trop importants à travers le monde, il n'y a plus de barrière géographique qui ferait qu'on pourrait s'attendre à une incompatibilité dans un certain temps.
2- Lorsqu'un début de différentiation s'est mis en place, il peut y avoir une désavantage évolutif pour des individus de deux populations différentes à se reproduire ensemble, bien évidemment si la fécondité est plus basse qu'avec des individus de leur pop d'origine (perte de temps à copuler avec des partenaires pour un succès moindre, potentiellement plus de foetus ratés, etc.), mais aussi si chacun est localement adapté à la localité dont il provient: l'hybride peut n'être adapté à aucune des deux localités. Dans ces cas, on peut s'attendre à l'évolution de mécanismes dit de "renforcement" de la spéciation: par exemple, les deux populations vont évoluer des signaux de reconnaissance et des préférences sexuelles vis à vis de ces signaux). Ou alors des mécanismes génétiques qui font échouer une fécondation qui aurait de haut risques de conduire à un foetus avorté vont évoluer. Plein de mécanismes sont possibles.
Chez l'homme, vu qu'il n'y a pas (à ma connaissance) de baisse de fécondité, on n'observera pas de renforcement pour cette raison. On pourrait se demander si on pourrait s'attendre à un renforcement pour des raisons d'adaptation locale.. perso, j'y crois pas tellement, déjà parce que l'adaptation locale évolue très mal pour des populations avec de forts flux migratoires (cas de l'humain), donc en gros, quand c'est le cas, l'espèce devient plutôt généraliste (adaptations spécifiques qui permettent une plasticité quand on change de localité... genre le type méditerranéen (dont les ancêtre ont évolué au carrefour du monde) sont des généralistes comparés aux roux d'irlande dont les ancêtres ont évolué sur une île: les français bronzent et débronzent en fonction des variations dans l'ensoleillement).
Mon autre réserve, c'est que l'environnement de l'humain a beaucoup évolué (et va encore évoluer... pollution, changement climatique, urbanisation, etc.) et que les adaptations locales qui avaient été développées lorsque les pops humaines étaient encore isolées n'ont peut être plus aucune utilité désormais... vu que les environnements dans lesquelles elles ont évolué n'existent plus ou ne sont plus fréquentés par les humains. Du coup, ceux qui sont porteurs des adaptations locales ne sont plus avantagés dans aucun environnement comparé à ceux qui sont le fruit de mélanges, il n'y a plus les bases pour un renforcement.
Voilà, en gros, j'espère avoir expliqué de manière à peu près compréhensible....
En fait, pour répondre, il faut déjà se mettre d'accord sur le concept d'espèce... chez les espèces sexuées en général, et chez l'humain en particulier, une définition qui marche à peu près est le critère d'interfécondité: on défini comme deux espèces distinctes deux populations qui ne sont pas interfécondes.
Ainsi, les tigres et les zèbres ne sont pas interféconds, ce sont deux espèces différentes.
Il y a des "cas limites" car bien sur la séparation d'espèces est progressive, et ne se fait pas du jour au lendemain: l'ânesse et le cheval ou l'âne et la jument peuvent produire des descendants mais ceux-ci sont le plus souvent stériles. La conséquence est la même que lorsqu'il n'y a pas d'interfécondité: ce qu'on appelle les "flux de gène" sont limités entre les deux populations, donc plus le temps passe, plus la différentiation génétique est forte.
Ok, maintenant, retour sur l'humain: je n'ai pour le moment jamais vu de données concernant une éventuelle baisse de fécondité pour des humains provenant de deux "populations" différentes comparé à des humains d'une même population, ce qui indique qu'il n'y a pas le début d'une spéciation.
Est-ce qu'on pourrait s'attendre à ce que ça se produise dans le futur?
Au vu des connaissances actuelles, c'est très peu plausible. En simplifiant grosso modo, y a deux mécanismes dans la mise en place de la spéciation:
1- les deux populations sont isolées géographiquement, assez longtemps qu'elles évoluent trop différemment pour que l'association de leurs génomes soient compatibles et produise une population viable (à comparer à des problèmes de compatibilité informatique qui se poseraient si Apple et Windows décidaient de ne plus faire évoluer leurs technologies en regardant comment ils évoluent respectivement... problèmes de plus en plus important au fur et à mesure du temps). Chez l'homme, il y a eu quelques différentiations d'un endroit à un autre, mais pas suffisante pour créer un début de non interfécondité. Et désormais, les flux d'humains sont trop importants à travers le monde, il n'y a plus de barrière géographique qui ferait qu'on pourrait s'attendre à une incompatibilité dans un certain temps.
2- Lorsqu'un début de différentiation s'est mis en place, il peut y avoir une désavantage évolutif pour des individus de deux populations différentes à se reproduire ensemble, bien évidemment si la fécondité est plus basse qu'avec des individus de leur pop d'origine (perte de temps à copuler avec des partenaires pour un succès moindre, potentiellement plus de foetus ratés, etc.), mais aussi si chacun est localement adapté à la localité dont il provient: l'hybride peut n'être adapté à aucune des deux localités. Dans ces cas, on peut s'attendre à l'évolution de mécanismes dit de "renforcement" de la spéciation: par exemple, les deux populations vont évoluer des signaux de reconnaissance et des préférences sexuelles vis à vis de ces signaux). Ou alors des mécanismes génétiques qui font échouer une fécondation qui aurait de haut risques de conduire à un foetus avorté vont évoluer. Plein de mécanismes sont possibles.
Chez l'homme, vu qu'il n'y a pas (à ma connaissance) de baisse de fécondité, on n'observera pas de renforcement pour cette raison. On pourrait se demander si on pourrait s'attendre à un renforcement pour des raisons d'adaptation locale.. perso, j'y crois pas tellement, déjà parce que l'adaptation locale évolue très mal pour des populations avec de forts flux migratoires (cas de l'humain), donc en gros, quand c'est le cas, l'espèce devient plutôt généraliste (adaptations spécifiques qui permettent une plasticité quand on change de localité... genre le type méditerranéen (dont les ancêtre ont évolué au carrefour du monde) sont des généralistes comparés aux roux d'irlande dont les ancêtres ont évolué sur une île: les français bronzent et débronzent en fonction des variations dans l'ensoleillement).
Mon autre réserve, c'est que l'environnement de l'humain a beaucoup évolué (et va encore évoluer... pollution, changement climatique, urbanisation, etc.) et que les adaptations locales qui avaient été développées lorsque les pops humaines étaient encore isolées n'ont peut être plus aucune utilité désormais... vu que les environnements dans lesquelles elles ont évolué n'existent plus ou ne sont plus fréquentés par les humains. Du coup, ceux qui sont porteurs des adaptations locales ne sont plus avantagés dans aucun environnement comparé à ceux qui sont le fruit de mélanges, il n'y a plus les bases pour un renforcement.
Voilà, en gros, j'espère avoir expliqué de manière à peu près compréhensible....
Waka- Messages : 3452
Date d'inscription : 06/11/2011
Age : 40
Localisation : A l'ouest mais au Sud.
Re: [Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
Homo économicus celui qui recherche à tout prix la sécurité à travers l'argent, y pensant, y faussant ses rapports, et percevant le monde à travers se qu'il pourrait en tirer ...
Sol œil- Messages : 619
Date d'inscription : 10/01/2014
Age : 36
Re: [Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
Omnibulée par la partie spéciation, j'ai complétement zappé la partie " évolution globale" (l'homme peut évoluer en tant qu'une seule et même espèce).
Pour le coup, les évolutionnistes s'accordent sur un truc: les types qui font des prédictions sur l'humain du futur (genre pas de cheveux, pas de seins pour les femmes, etc.) sont des rigolos. On sait juste pas ce que sera l'humain du futur...
Pour le coup, les évolutionnistes s'accordent sur un truc: les types qui font des prédictions sur l'humain du futur (genre pas de cheveux, pas de seins pour les femmes, etc.) sont des rigolos. On sait juste pas ce que sera l'humain du futur...
Waka- Messages : 3452
Date d'inscription : 06/11/2011
Age : 40
Localisation : A l'ouest mais au Sud.
Re: [Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
Si on parle de Homo sapiens, en gros il va falloir attendre dans les 100 à 200 000 ans avant de voir le nouvel Homo, non ?
Edelweiss- Messages : 549
Date d'inscription : 24/11/2014
Re: [Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
La question est confuse et suggère une mauvaise compréhension de la notion d'espèce.
Dans le cadre "normal" de l'évolution (j'omets des choses un peu particulières) une nouvelle espèce n'apparait pas en remplacement de la précédente. C'est seulement une population d'une espèce donnée qui dans la durée... la trèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèès longue durée... subit de petites mutations par-ci par-là qui finissent par s'accumuler jusqu'à un moment où on regarde en arrière et on décrète que l'accumulation de différences est suffisante pour distinguer l'espèce actuelle de l'espèce d'il y a 1000, 10000, 100000 ans.
La complexité du vivant peut rendre les choses difficiles alors utilisons une métaphore : une dune de sable c'est différent d'un tas de sable, et c'est différent d'une pincée de sable, et c'est différent d'un grain de sable. Imagine qu'on commence l'histoire de notre dune avec un grain de sable ! C'est seulement 1 grain. Ca n'est pas une dune. On ajoute un 2ème grain. Ca n'est toujours pas une dune. On ajoute, on ajoute, et on continue d'ajouter... à aucun moment il n'y a eu une transition si marquée qu'elle méritait de dire que N+1 grains de sable constituent un tas d'une nature différente de N grains de sable. Pourtant, il y a un moment où on est certains d'avoir une dune. C'est donc arbitrairement qu'on décrète, après avoir observé la dune (et on est incapables de revenir en arrière dans le temps), que nous sommes en phase "dune" depuis plus ou moins longtemps. Et c'est ça, une espèce. Un découpage arbitraire de l'évolution d'une population dont chaque individu n'a jamais été d'une nature fondamentalement différente de la nature de ses parents.
On ne verra donc pas un nouvel homo. Il finira seulement par arriver (si notre espèce survit) des humains qui jugeront que leurs différences avec les humains d'aujourd'hui sont assez nombreuses ou assez drastiques pour ne pas partager la même étiquette dans la classification du vivant.
Quant au temps nécessaire, il est impossible à prévoir. Plus la population est nombreuse, plus la dérive génétique (~vitesse d'évolution) est lente. Avec plusieurs milliards d'êtres humains sur Terre aujourd'hui, le changement va être beaucoup plus lent qu'au temps où l'humanité ne comptait que quelques milliers d'individus.
Dans le cadre "normal" de l'évolution (j'omets des choses un peu particulières) une nouvelle espèce n'apparait pas en remplacement de la précédente. C'est seulement une population d'une espèce donnée qui dans la durée... la trèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèès longue durée... subit de petites mutations par-ci par-là qui finissent par s'accumuler jusqu'à un moment où on regarde en arrière et on décrète que l'accumulation de différences est suffisante pour distinguer l'espèce actuelle de l'espèce d'il y a 1000, 10000, 100000 ans.
La complexité du vivant peut rendre les choses difficiles alors utilisons une métaphore : une dune de sable c'est différent d'un tas de sable, et c'est différent d'une pincée de sable, et c'est différent d'un grain de sable. Imagine qu'on commence l'histoire de notre dune avec un grain de sable ! C'est seulement 1 grain. Ca n'est pas une dune. On ajoute un 2ème grain. Ca n'est toujours pas une dune. On ajoute, on ajoute, et on continue d'ajouter... à aucun moment il n'y a eu une transition si marquée qu'elle méritait de dire que N+1 grains de sable constituent un tas d'une nature différente de N grains de sable. Pourtant, il y a un moment où on est certains d'avoir une dune. C'est donc arbitrairement qu'on décrète, après avoir observé la dune (et on est incapables de revenir en arrière dans le temps), que nous sommes en phase "dune" depuis plus ou moins longtemps. Et c'est ça, une espèce. Un découpage arbitraire de l'évolution d'une population dont chaque individu n'a jamais été d'une nature fondamentalement différente de la nature de ses parents.
On ne verra donc pas un nouvel homo. Il finira seulement par arriver (si notre espèce survit) des humains qui jugeront que leurs différences avec les humains d'aujourd'hui sont assez nombreuses ou assez drastiques pour ne pas partager la même étiquette dans la classification du vivant.
Quant au temps nécessaire, il est impossible à prévoir. Plus la population est nombreuse, plus la dérive génétique (~vitesse d'évolution) est lente. Avec plusieurs milliards d'êtres humains sur Terre aujourd'hui, le changement va être beaucoup plus lent qu'au temps où l'humanité ne comptait que quelques milliers d'individus.
ErikFromFrance- Messages : 2873
Date d'inscription : 11/04/2014
Age : 46
Localisation : Roci Nantes
Re: [Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
@ErikFromFrance : merci pour l'explication qui est très claire grâce à ta métaphore avec le sable
Si je comprends bien : la présentation de l'évolution telle qu'elle est faite dans les museums est un peu un gadget pour le grand public ?
@Waka : j'ai à peu près compris, mercii.
Si je comprends bien : la présentation de l'évolution telle qu'elle est faite dans les museums est un peu un gadget pour le grand public ?
@Waka : j'ai à peu près compris, mercii.
Edelweiss- Messages : 549
Date d'inscription : 24/11/2014
Re: [Biologie de l'évolution] Evolution future de l'humain
Comprendre l'évolution, ça nécessite de passer quelques longues heures à lire des livres ou écouter des spécialistes en parler. Les musées ne peuvent pas proposer un cours complet de biologie évolutionnaire à leur public qui comprend beaucoup d'enfants, de vieux, et de gens qui veulent juste qu'on leur raconte une histoire facile à comprendre.Edelweiss a écrit:Si je comprends bien : la présentation de l'évolution telle qu'elle est faite dans les museums est un peu un gadget pour le grand public ?
ErikFromFrance- Messages : 2873
Date d'inscription : 11/04/2014
Age : 46
Localisation : Roci Nantes
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