pensées sombres

Bonjour,

j'aurais bien aimé parler un peu de ces pensées sombres qui peuvent nous traverser l'esprit.

J'ai toujours eu ça, depuis toujours, lorsque j'abordais des difficultés dans la vie, si je ne réussissais pas, plutôt que de vivre la honte, la colère des autres, leurs reproches etc, qu'il serait une option de mettre fin à mes jours. Je n'ai jamais eu envie de mourir, mais la mort paraissait une option de facilité.

Il y a 2 ans, gros burn out, les choses ont quelque peu changé.
J'ai d'abord eu envie de m'endormir pour ne plus me réveiller, mais pas l'idée de m'en charger moi même.
Sont venues par la suite des images de mutilation (entailles profondes le long du bras gauche).

Ces images ont mis des mois à diminuer, mais n'ont pas totalement disparues. Elles peuvent resurgir par moment, toujours face à l'adversité, et dans des moments de désespoir.
J'ai l'impression que c'est quand je me cogne à une difficulté que mon cerveau reproduit la même chose qu'autrefois, mais cette fois avec cette image concrète que je n'ai jamais eu avant l'épisode de burn out.
C'est assez... désagréable.

J'aimerais savoir si ça vous est déjà arrivé, si ça a disparu, vos expériences quoi.

Je crois pas avoir besoin de conseil (je suis pas contre, hein) mais surtout d'échanger là dessus, ce que je ne peux pas faire IRL.
C'est une charge plutôt lourde pour l'entourage... et c'est très tabou.

Il n'y a presque pas de jours ou je n'ai pas d'idées définitives. Ca se gère, hein, il suffit de penser "et après?". Ce qui marche d'autant mieux que ma femme est incapable d'assurer la subsistance de mes enfants.

Ce n'est pas un conseil, hein, juste ma manière à moi de ne pas faire de connerie. J'ai aussi la hantise de me louper, ce qui est très dissuasif aussi.

Je pense que je me louperais de toute façon. avec deux mains gauches.
je ne pourrais pas partir sans ranger mon bordel avant, et ça, c'est épuisant en soi rien que d'y penser ^^

J'aimerais faire disparaitre ces pensées. J'aimerais me sentir plus courageuse (parce qu'en fait, une solution radicale serait une fuite de plus). et j'ai plus trop confiance dans la psychologie

Coucou  

Je ne connais pas l'imaginaire de mutilation, mais je ne l'aurais pas mis sur un même plan que l'envie de faire cesser la souffrance, d'en finir, que ça s'arrête (tout, rien, n'importe quoi).

Je peux être à côté de la plaque, mais j'aurais plutôt vu cet imaginaire de mutilation comme un retournement d'agressivité contre soi, ce qu'une certaine éducation foireuse peut engendrer. Au lieu de réagir aux aléas de la vie de manière saine et combative pour la défense des intérêts propres, on peut alors avoir tendance à se retourner contre soi, s'en prendre à soi-même. Comme si l'agressivité était là mais dirigée en mode auto-goal.

Mais je ne connais ni l'automutilation ni l'imaginaire d'automutilation, alors en fait je n'en sais trop rien. Sauf erreur, l'automutilation pas que fantasmée peut aussi correspondre à un besoin de contrôle, une balance entre tension et relâchement, un recentrage sur son corps, plus proche alors d'un trouble anorexique par exemple.

Certains parlent de parasuicide pour les mutilations, ça ne me semble pas parfaitement aberrant. Une sorte d'entre-deux.
Par ailleurs, je ne le relierais pas à des problématiques d'éducation. Y en a, c'est certain. Mais je ne pense pas que ça recouvre tout.
En outre, on a un problème de vocabulaire : on entend quoi par mutilation ici ? Parce que si on le prend stricto sensu, l'amputation, là je suis d'accord que ça craint vraiment beaucoup.

Punaise, tu as raison... j'avais pas fait le rapprochement. J'ai eu avant le burn out une période avec de grosses colères ingérables (mais quand j'étais seule hein) où j'en suis arrivée à me cogner la tête contre les portes (les murs ça fait trop mal lol)
Je suis trop chocotte pour me faire réellement mal (et tant mieux !)

Les pensées de mort, c'est plus réfléchi, comme option possible. C'est ce que je disais sur un autre fil. Et je sais que je n'y arriverai pas.

Loulou : je pense que Topsy parle surtout des soucis relationnels de l'enfance, et du type d'attachement, pas de l'éducation en elle même.
Quand tu as été bousculé durant l'enfance, tu te construis tout croche, et peux développer des comportements inadaptés, pathologiques...

Mutilation = se faire du mal physiquement volontairement.
Les gamins ont tendance à se couper. C'est le plus fréquent.


Il fut un temps où les gamins qui faisaient ça me donnaient envie de les tapis. ça déclenchait une rage chez moi que je ne comprenais pas (bien entendu, je n'ai jamais été agressive avec eux, je sais gérer).
ça me rappelait les colères de ma mère où elle se cognait la tête en hurlant et pleurant. Un jour, je l'ai attrapée par les poignets et je lui ai mis une baffe. Elle a raconté que je la frappais lol

pour finir par faire pareil... (mais moi j'impose ça à personne)

Ces pensées sont généralement fugaces. J'ai du bol. ça peut encore régulièrement tourner en boucle dans ma tête, avec tristesse et désespoir, mais sacrément moins. Marcher permet de calmer les choses.
Mais dans le temps, depuis quelques mois, je ne vois plus d'évolution.

je ne le relierais pas à des problématiques d'éducation

Oui, il y a malentendu, j'ai parlé d'éducation foireuse parce qu'on se connaît, Laelia et moi. J'avais en sous-entendu que quand on a été bien bien dressé(e) à être 'genti(elle)', bien habitué(e) à servir de serpillère ou poubelle, être méchant(e) peut être 'interdit', sauf contre soi.

Topsy Turvy a écrit:je ne le relierais pas à des problématiques d'éducation

Oui, il y a malentendu, j'ai parlé d'éducation foireuse parce qu'on se connaît, Laelia et moi. J'avais en sous-entendu que quand on a été bien bien dressé(e) à être 'genti(elle)', bien habitué(e) à servir de serpillère ou poubelle, être méchant(e) peut être 'interdit', sauf contre soi.

Ooooooh, que ça ça me parle terriblement, ça... Merci pour avoir explicité, soudain plein de choses s'éclairent en moi...et éclairent des zones assez glauques. J4ai du boulot, mais grâce à toi, maintenant, je le sais. Encore merci.

Bon, ça vous parle, alors je vais un bout plus loin. Dans la vingtaine, j'ai eu une période où je me sentais comme si je tenais une arme à feu pointée sur ma tempe. Dans un double rôle d'agresseur et de victime. Finalement, il m'était venu l'idée que ça faisait comme un court-circuit, qui vide les batteries (les miennes) sans servir à rien (pas d'ampoule allumée, pas de moteur qui tourne, pas de résultat autre que l'épuisement des batteries). Ça ne vous parle peut-être pas, mais ces images m'ont fait avancer, un peu. Ne serait-ce qu'en donnant du sens à ce qui ne semblait pas en avoir.

Je vois l'idée.

Les images mentales qui prennent du sens pour nous seraient ptèt un moyen, oui. Reste à trouver lesquelles.

J'avoue que juste pouvoir en parler un peu, ça fait du bien.
Ya des moments, j'ai l'impression d'être emprisonnée dans ma tête, et c'est chiant.

Bonjour Laelia,

Ce que tu décris me rappelle l'expression "phobie d'impulsion", décrite par exemple comme :

La phobie d’impulsion se traduit par l’angoisse de perdre le contrôle et de commettre un coup de folie ou un acte agressif envers autrui ou soi-même.
Ces pensées inavouables plongent souvent celui qui souffre de phobie d’impulsion dans une profonde solitude, de peur d’être incompris ou jugé par son entourage.

Dirais-tu que cela correspond à ta situation ?

J’ai pas franchement peur de commettre quelque acte que ce soit en fait. Je n’ai pas honte de ces images et ressentis. Par contre je sais que ça peut être mal compris ou bien induire des choses négatives chez l’autre (incompréhension, angoisse…) qui peuvent entraîner une agression verbale, du rejet, ou bien déclencher le syndrome du sauveur à coup de ilfoketu. Je sais pas ce qui est le pire lol dans tous les cas, j’ai pas envie de devoir expliquer à qui n’a pas forcément envie d’entendre ou de comprendre. Ça me fatigue d’avance. Ça risque d’être décevant (pas la personne mais la situation).

En tout cas, je retiens le concept

Ok, merci d'avoir clarifié ce point

Laelia a écrit:
J'ai toujours eu ça, depuis toujours, lorsque j'abordais des difficultés dans la vie, si je ne réussissais pas, plutôt que de vivre la honte, la colère des autres, leurs reproches etc, qu'il serait une option de mettre fin à mes jours. Je n'ai jamais eu envie de mourir, mais la mort paraissait une option de facilité.

Après il y a la problèmatique sous-jacente : diminuer notre dépendance au regard/jugement/colère des autres, qui est une bonne piste sur laquelle travailler.

Boarf…

J’y crois plus. Après des années de thérapie. Y’a des réflexes que restent.

double rôle d'agresseur et de victime

Je reviens là-dessus pour clarifier. Je pense que l'image d'auto-agression (en l'occurrence alors pour moi sous forme de menace), ça 'allait avec' de l'angoisse voire terreur et de la colère voire rage, sourdes, que je n'aurais pas pu associer à quelque chose. Mon 'scénario' de menace d'autodestruction 'résumait' (en les mettant directement bout à bout, en boucle fermée) ces deux 'tensions'.

en médecine chinoise, on dit : tristesse et colère sont les deux faces d une même pièce.
et que pour mettre fin à ses idées sombres, il faut entrer dans la colère.

Ce n'est sans doute pas faux, mais la question qui m'apparaît est la suivante : dans quel sens tourner la colère ? N'y a-t-il pas ici le risque de la retourner contre soi, quand celui d'en face est inattaquable ?

Ma collègue hurle. Seule dans la maison, m’a t elle dit. Elle a tenté de m’apprendre à le faire : c’est dur.
Aujourd’hui j’exprime mes colères mais en chialant.

Cependant, les pensées noires c’est différent, c’est lié à des échecs sur lesquels j’aurais pu y arriver si j’avais pas mis certaines choses sous le paillasson. Ces trucs que je procrastine.

Est-ce que tu ne pourrais pas les retourner, une forme de menace ? En gros, savoir que si tu ne parviens pas à poser ta tablette et à te lever du canapé pour aller faire telle chose cette aprèm, ce soir tu auras ces images en tête, est-ce que ça ne pourrait pas t'aider ? Avec des trucs raisonnables, hein, mais histoire de retourner vers quelque chose de plus positif (de je n'ai pas fait x à j'ai fait qqch). Je pense que ça peut rejoindre le propos de Topsy, l'idée serait d'avoir un point valorisant pour sortir d'une tension liée à une colère que tu ne peux pas faire sortir.

Tout ça me parle bien aussi (l'idéation, pas du tout les mutilations).
Moi j'ai très souvent eu l'envie que "ça s'arrête". Avec mille choses qui vont dans le "ça", des détails et des évènements mais aussi un tout, une trop longue vie.

C'est apparu vers la fin de l'adolescence je crois, disons la puberté. Avant ça, la mort me terrifiait, asthme aidant, et j'essayais souvent "d'être morte" (en arrêtant de penser : j'ai jamais réussi^^), dans les moments où je me battais pas avec mes bronches pour respirer.
Et puis mon boulot a mis un terme à ces idées/ projets, dès que j'ai eu le moyen de les mettre en œuvre, que j'ai ramené le matos chez moi pour une fin facile et confortable. Il a fallu que je réponde définitivement à cette question définitive : vraiment, tu veux mourir ? Go alors, et ce sera FINI !
Ben non en fait, je voulais juste : être une autre, changer de vie, changer de moi. C'est pas tout à fait pareil ; et surtout beaucoup moins irréversible.

Maintenant le temps a passé, et puisque je me supporte depuis un demi-siècle, c'est que c'est faisable, hein !?
Donc je travaille plutôt sur l'autocompassion (qui m'a appris à m'accepter en toute circonstance, comme je sais le faire avec les autres), la connaissance de moi et l'ancrage (avec l'aide de la méditation et de la pleine conscience). Ca me bouffe par moment beaucoup d'énergie, mais je gère mieux les idées morbides. Du coup, j'en viens même, parfois, à concevoir que d'autres me trouvent fréquentable... c'est pas rien.

Ce qui m'a bien aidée (en plus de tous les malades dont je m'occupais et qui eux se battaient pour vivre) ce sont des lectures, comme toujours, et notamment les travaux de Xavier Pommereau sur "L'adolescent suicidaire".
L'avant-propos du bouquin, en lecture libre, est déjà éclairante pour moi (je l'ai relu avec plaisir, merci de m'en avoir donné l'occasion ) : https://www.google.fr/books/edition/L_adolescent_suicidaire_3%C3%A8me_%C3%A9dition/WZ8PYyPshh8C?hl=fr&gbpv=1&printsec=frontcover

@Laelia, j'espère que le message de Cyrielle va t'aider à remonter la pente. Je vais regarder le lien sur l'adolescent suicidaire (et repartir quelques années en arrière), ça me semble pas mal, ce livre.

Auto-compassion, auto-indulgence... Et courage surtout.
Je sais que je radote mais as-tu regardé un peu la CNV de Marshall Rosenberg ?

Spoiler:

Oh une girafe ! Est-ce que ça fonctionne aussi si on prend un cheval ou un dragon ?

Le tout est d'arriver à dompter le chacal en nous !

Je connais depuis longtemps la communication non violente, mais j'ai jamais vraiment été capable de l'appliquer à moi même
Mais bon, je suis désormais quand même bien moins violente qu'il fut un temps... (je me félicite même régulièrement ^^)

Laelia a écrit:Je connais depuis longtemps la communication non violente, mais j'ai jamais vraiment été capable de l'appliquer à moi même
Mais bon, je suis désormais quand même bien moins violente qu'il fut un temps... (je me félicite même régulièrement ^^)

La CNV, c'est très bien tant qu'on a à faire à des gens de bonne foi. Est-tu de mauvaise foi? Il ne me semble pas (tu as le droit de détailler). Donc tu peux essayer sur toi-même, tu est une cible dans le scope.

Bof… à certains moments je me méprise, ça s’arrête là…

Ah non, tu ne te méprises pas stricto sensu. Puisque tu t'accordes un prix, quand bien même ce prix peut être négatif.

lol Je n'ai pas tes capacités littéraires, Loulou, du coup je n'accorde pas énormément de précision aux mots que j'utilise ^^

[réponse effacée]

se satisfaire d'un bonheur simple et facile

La recette est simple, la pratique difficile.

Si tu sais faire, bravo, j'admire et j'envie.
Je mets en place mais ça veut pas. ça coince. Et je sais pas pourquoi.

[réponse effacée]

c’est lié à des échecs sur lesquels j’aurais pu y arriver

Auto-'flagellation', souffrance pour expier les pêchés ?

Ya de ça je crois.
Ces derniers temps, les pensées sont redondantes quand je pense au concours (que j'ai pas assez bossé, que j'ai pas envie de passer - enfin ce qui me met le plus en angoisse, c'est de prendre le train, traverser Paris, dormir chépaoù et risquer d'arriver en retard ^^)

En psycho on appelle plutôt ça des es pensées automatiques. Ce sont des pensées qui viennent à l'esprit sans que nous ayons à y penser consciemment. Elles sont souvent déclenchées par des événements, des situations ou des émotions qui nous rappellent des expériences passées. Les pensées automatiques sont souvent liées à des croyances ou des schémas de pensée que nous avons développés au fil du temps, et qui peuvent être positifs ou négatifs.

Par exemple, si une personne a une expérience traumatisante dans sa vie, elle peut développer des pensées automatiques négatives comme "je ne suis pas assez bon", "tout le monde va me rejeter" ou "je ne peux pas faire confiance aux autres". Ces pensées peuvent devenir si fréquentes et envahissantes qu'elles affectent la manière dont la personne se comporte et interagit avec les autres.

Les pensées automatiques sont souvent associées à des troubles de l'humeur tels que l'anxiété, la dépression et le stress post-traumatique. En comprenant ces pensées, nous pouvons travailler à les modifier pour réduire leur impact négatif sur notre vie quotidienne.

Il est important de noter que les pensées automatiques ne sont pas nécessairement des vérités absolues, mais plutôt des réactions émotionnelles à des événements ou des situations. En apprenant à reconnaître ces pensées et à les remettre en question, nous pouvons développer des pensées plus positives et plus adaptatives qui améliorent notre bien-être mental.

En fait, des pensées automatiques j'en ai eu beaucoup de délétères (et j'en ai encore mais moins), j'ai identifié et travaillé ça et c'est sacrément moins présent.
Là, ce sont plus des images qui m'assaillent. Au sens propre.

Et tu ne penses pas que les images viennent de pensées ? de ce que tu peux te dires et des scénarios qui en découlent ?

Ya forcément un lien avec les croyances et l'anxiété générale de ma vie.
Mais rationaliser ne change pas grand chose, concrètement.
Si je prends l'exemple de mon concours, je culpabilise de ne pas bosser comme il faudrait. Je rationalise parce que je sais que si je bosse pas, c'est plus dû à un concours de circonstances. Pour autant ça n'apaise rien du tout.

Les pensées sont arrivées au moment du burn out / dépression ya 2 ans. ça s'était calmé doucement avec le temps et ça m'a lâché ya 6 mois on va dire. Et là ça revient.

Je vois très bien ou aller dans un cadre thérapeutique par rapport à ce que tu mes dis. Peut-être qu'en parler avec un psy pourrais t'aider à être plus efficace sur ta manière de restructurer tes pensées pour qu'elles t'apaisent davantage.
Je ne suis pas sur que " si je bosse pas, c'est plus dû à un concours de circonstances" soit une pensées très nuancée par exemple ^^
Et si ça revient au bout de 6 mois, c'est qu'il reste un travail à faire que tu ne pourras peut être pas mener seule.

Mes dialogues avec moi même sont plus nuancés, t’inquiète ^^ par contre je suis peu efficace (et probablement parce que je ne suis pas psy et que c’est par le dialogue et la relation à l’autre qu’on a plus de chances d’évoluer)
Je suppose qu’à un moment j’arriverai à trouver la motivation de me remettre encore une fois à chercher. Là je l’ai plus du tout. Je me suis tapée assez d’années pour m’en dégoûter et j’ai plus beaucoup de sous…
J’aurais préféré trouver par moi même