Wyatt, 25 ans, surdoué : "Comment j’ai raté ma vie"

Je n'arrête pas de relire cet article, je le trouve tellement (juste).

Et vous, qu'en pensez-vous?

http://www.konbini.com/fr/tendances-2/surdoue/

Coucou Z3IL,
trop drôle, je suis tombée sur ce texte aussi, il y a quelques semaines ou mois. j'ai eu envie de contacter le gars direct pour le prendre dans mes bras. pis après j'ai vu que le texte avait été posté il y a 3 ans. bon, tant pis. pis après je me suis dit "mais y'a pas que de la souffrance dans tout ça... si?!". j'espère que non. retour du débat sur la vision de la zébritude comme handicap... le livre de JSF n'est peut-être pas, contrairement à ce qu'écrit Wyatt, la bible en la matière... perso, j'ai jamais trop aimé les bibles. mais je m'égare, je voulais juste te dire que j'avais été touchée aussi, par le texte de Wyatt. cette envie de parfois tout lâcher côté professionnel pour trouver un équivalent de "décharger des palettes". pour à la fois poser son cerveau et ne pas devoir faire de compromis. je m'interroge aussi sur un de ses titres "une maladie à la mode". y a-t-il des posts là-dessus? n'avez-vous pas, parfois, l'impression que finalement vous voyez des zèbres partout? mode ou épidémie ou aucune des deux?
bon, je voulais pas changer de sujet, mais une idée en amenant une autre ...

Bonsoir myrca,
En fait, tout est dans la conclusion je cite: "Aidez-nous à mettre notre formidable potentiel au service de l’humanité avant qu’il ne soit trop tard. Nous ne vous demandons que ça."
Souvent je me sens tellement frustré que j'ai envie/besoin? de me résigner à les décharger ces put**** de palettes. Sauf que... je ne peux pas accepter de ne servir qu'à ça.

Mais le monde est clos. Verrouillé de l'intérieur. On court tous après des chimères.

Sinon oui en ce qui me concerne j'ai tendance à en voir partout des zèbres, ou alors, pas du tout ;p

C'est pas mal comme texte.

Demandred a écrit:C'est pas mal comme texte.

Je dirais même qu'il est très bien !

Le mec qui a écrit ça a l'air vachement fragile quand même.

Laintime a écrit:Le mec qui a écrit ça a l'air vachement fragile quand même.

Je le trouve au contraire terriblement lucide.

Je ne vais pas me faire des amis sur ce coup-là, mais je trouve ce texte inintéressant au possible. L'auteur reprend "Trop intelligent pour être heureux?" et en fait une version encore plus noire. Il ne semble voir que la douance comme explication à ses fonctionnements et ses troubles psychiques, alors que la réalité est tellement plus riche et complexe! Quid de son vécu personnel et d'éventuels traumatismes, de l'influence de sa famille et de son éducation, de ses prédispositions génétiques (à la dépression notamment) ou encore de sa personnalité?

Wyatt a écrit:Et c’est vrai putain, y’a pas grand chose qui tourne rond ici-bas !
Seulement, comme ils avaient tous l’air d’accord pour dire que tout était okay, comme ils avaient tous l’air contents, j’ai passé les vingt-cinq premières années de ma vie à me persuader que c’était moi le problème. Je n’osais douter de la sincérité et du bon sens de la planète entière.

Franchement, vous connaissez beaucoup de personnes qui trouvent que tout va bien dans notre monde? Surdoué ou pas, tout le monde voit des dysfonctionnements dans nos sociétés, regrette que ça ne fonctionne pas plutôt comme ci ou comme ça,... Les mythes du "seul contre tous" et du "surdoué qui a tout compris alors que tous les autres sont des abrutis finis", très peu pour moi.

Wyatt a écrit:Mes sens sont exacerbés dans un joyeux bordel organique. Je sens, remarque et analyse tout en permanence. Chaque détail, tout le temps, avec tout le monde. Si nous sommes dans un bar, je suis capable de vous dire de quoi parlent la plupart des gens autour de nous. Je sais comment ils sont habillés, ce qu’ils boivent et combien d’entre eux portent des Stan Smith. C’est comme un sixième sens. C’est très envahissant.

Je ressens vos émotions et m’en imprègne sans pouvoir m’en détacher. Je suis hyperempathique. Je n’ai pas besoin de vous observer très longtemps pour savoir ce que vous pensez, et je sais d’ores et déjà que vous ne m’aimez pas. Je le sens gros comme une maison. Je viens de vous dire que j’avais un sixième sens.

Ben voyons! J'aimerais bien l'avoir en face de moi pour lui demander s'il a remarqué tel ou tel truc autour de nous, puisqu'il voit, entend et analyse tout. J'aimerais bien aussi savoir pourquoi il part du principe que son interlocuteur ne l'aime pas. Je me demande si cette idée est une cause ou un effet de sa dépression (peut-être les deux?)...

Wyatt a écrit:Un des fléaux de la douance, c’est la lucidité. Une lucidité extrême sur vous-même, sur les autres et sur le monde. La machine infernale n’épargne rien ni personne. L’hyperréceptivité doublée d'une intelligence aiguisée dissèquent et analysent tout. Aucun aveuglement n’est possible. Enfant, je percevais les faiblesses et les absurdités des adultes, de mes parents ou de la géopolitique internationale.

Ben voyons! Il ne se trompe jamais, ne loupe jamais d'informations, et a plus raison que tous les autres... Il serait pas un peu mégalo en fin de compte?! Oui, parce que percevoir les "absurdités de la géopolitique internationale" dès l'enfance, c'est pas mal aussi...

Wyatt a écrit:J’erre à la recherche des vestiges de l’insouciance dans mon désert de lucidité. Mon monde est sans magie, sans féérie et sans espoir. Pourtant je donnerais tout pour croire en l’amitié, en l’humain ou en l’amour. Mais arrêtons de nous mentir les mecs, tout ça n’est que de la merde.

Je n'appelle pas ça de la lucidité mais de la dépression. Il voit tout en noir et est désespéré.

Wyatt a écrit:Que dois-je faire de mon passage sur terre ? Quel est le sens de la vie ? Comment se sentir bien, ou au moins apaisé ?
Ce genre de questions nous harcèlent dès le matin. Ça mouline, ça tourne, ça fume. C’est l’hyperactivité cérébrale. Un truc sans répit. Pas de vacances pour les vrais gars. L’intelligence est un fardeau.

Ce genre de questions, on se le pose quand on va mal. Ce n'est pas une spécificité de la douance. Peut-être qu'il faudrait lui offrir des bouquins sur la dépression, à Wyatt, pour qu'il analyse différemment les choses? Il y a aussi des livres sur la douance, basés sur des travaux scientifiques, qui en offrent une autre vision que celle prônée par JSF (et d'autres auteurs, mais elle a fait fort dans le genre): Le haut potentiel en questions et Les surdoués ordinaires.

Wyatt a écrit:J’ai toujours écouté beaucoup de rap, qui comme la poésie en son temps est un moyen d’expression très prisé des surdoués. Ecouter mes contemporains me donnait un peu d’espoir : oui, il existe des gens comme moi ! Des gens qui ressentent les mêmes choses et les écrivent noir sur blanc. Nous avons les mêmes tempêtes dans le crâne, les mêmes turbulences affectives, le même goût du dégoût. Avec ces mecs, nous nous connaissons bien mieux que tous les humains que je fréquente au quotidien. Nous sommes de la même race. Nous ne sommes pas seuls.

Tiens, je l'avais pas encore lue celle-là! Les surdoués aiment le rap, maintenant. Et les rappeurs, ils sont tous surdoués? Si ce n'est pas le cas, comment se fait-il qu'ils soient dégoûtés du monde eux aussi? Ah, mais alors finalement, y aurait-il des points communs  entre les surdoués et les autres?! L'auteur ne semble pas y avoir pensé, sans doute sa pensée en arborescence qui l'a emmené trop vite et trop loin...

Désolée pour cette moquerie à son égard, je m'efforce le plus possible de limiter ce genre de choses, mais je trouve ce genre de textes franchement irritant: non seulement il ne fait que reprendre un grand nombre de lieux communs et amalgames diffusés par JSF sans le moindre fondement scientifique, mais en plus l'auteur ne fait aucune remise en question personnelle et met tous ses problèmes sur le compte de la douance, tout en prétendant qu'il perçoit et comprend tout mieux que tout le monde. Si vraiment il ressent et analyse tellement mieux que les autres, pourquoi ne met-il pas ses grandes capacités au service de ses relations et actions?! C'est quoi son problème au fond?

Wyatt a écrit:Si la plupart des adultes à haut potentiel vont très bien, environ 30 pour cent d’entre nous sombrent dans la partie handicapante de la chose.

J'aimerais aussi savoir d'où sort ce chiffre. Si quelqu'un a une source, je suis preneuse.

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@Tempête
Merci beaucoup d'avoir exposé ton point de vue; effectivement je te trouve vraiment critique voire dure, mais en même temps, c'est ce que j'attendais: une critique construite.
A aucun moment ce texte ne te parle, donc? (positivement?).

@Ortolan
La bataille des chiffres et les légendes urbaines, on se croirait presque en politique^^
Ce qui m'intéresse ici est vraiment le ressenti que vous avez pu avoir en lisant ce texte. Le reste constitue à mon sens beaucoup de bla-bla.

Z3lL a écrit:@Tempête
Merci beaucoup d'avoir exposé ton point de vue; effectivement je te trouve vraiment critique voire dure, mais en même temps, c'est ce que j'attendais: une critique construite.
A aucun moment ce texte ne te parle, donc? (positivement?).

Je n'ai pas le courage de le reparcourir pour répondre à ta question, mais honnêtement je ne crois pas que je trouverais grand-chose. J'ai découvert la notion de douance via le livre de JSF: à la fois je me sentais concernée par le sujet et à la fois j'avais déjà l'impression qu'elle se trompait sur un certain nombre de points. Dans tous les cas, son livre manque de manière flagrante de rigueur analytique et scientifique, il est très émotionnel et cela lui fait perdre beaucoup de crédit à mes yeux (j'ai une formation scientifique). Tout ce qu'elle exprime sur l'anxiété, la lucidité ou le fait de se poser mille questions, je le vis depuis que je présente un trouble anxio-dépressif, mais ça ne me caractérisait pas du tout avant, et je me suis donc tout de suite demandée si elle ne confondait pas, au moins en partie, des symptômes anxio-dépressifs avec des caractéristiques de la douance. Pour moi, le texte de Wyatt tombe complètement dans ce biais.

Il me paraît indispensable de prendre du recul sur le sujet de la douance en s'informant par le biais d'articles et ouvrages plus scientifiques. Je viens d'ailleurs de commander "Le haut potentiel en questions" et j'espère trouver (enfin) mon compte dans cet ouvrage plus rationnel (les deux auteures sont à la fois psychologues cliniciennes et chercheuses sur le sujet du haut potentiel).

Je ne pense pas que la douance soit un fardeau, pas plus que je ne la vois comme un cadeau. C'est une particularité, comme peut l'être un aspect prépondérant de notre personnalité, qui dans certains contextes nous apporte des bénéfices alors que dans d'autres elle nous crée des difficultés. Par exemple, je suis quelqu'un de réservé et à l'écoute des autres: cela m'apporte des bénéfices car j'aime recevoir des connaissances ou des témoignages d'autrui, mais cela me crée des difficultés car je finis par être frustrée de ne pas m'exprimer davantage et de ne pas être plus écoutée par les autres. De la même façon, mes capacités intellectuelles (je n'ai pas passé le test de QI, notamment car je souffre d'un trouble anxio-dépressif sévère) m'ont permis de bien réussir et m'adapter à l'école, et ainsi de me valoriser; par contre elles m'ont fait me sentir en décalage dans ma famille qui est très peu intellectuelle. Est-ce que tu vois ce que je veux dire?

Je n'ai pas vu ce genre de nuances dans le texte de Wyatt, et c'est en grande partie pour ça qu'il m'a autant déplu. Je pense vraiment qu'il y a des choses plus graves que d'être surdoué, et que les surdoués qui vont (très) mal sont en souffrance pour le même genre de raison que les autres individus: un manque de confiance en soi, des traumatismes infantiles qui laissent leurs marques, des difficultés d'adaptation sociale, des troubles psychiques plus ou moins prononcés, des environnements de travail ou personnels défavorables voire toxiques, etc. À mes yeux, être surdoué, c'est avant tout être plus intellectuel; aimer réfléchir et/ou créer, innover; être plus rapide sur certaines tâches, ce genre de choses. Même le lien avec l'hypersensibilité n'est pas prouvé, ce qui ne veut pas dire que des surdoués ne peuvent pas être hypersensibles, mais qu'ils ne le sont en moyenne pas plus que la population générale.

Et personnellement, j'aurais tendance à penser qu'une très grande sensibilité peut poser plus de problèmes qu'un très grand QI, surtout si elle est associée à un manque d'estime de soi ou à des troubles psychiques.

Bref, je suis convaincue qu'il y a beaucoup de confusions à l'heure actuelle sur le sujet de la douance, et que les textes tels que celui de Wyatt ne font que les entretenir.

Je te remercie en tout cas de ne pas t'être braqué suite à mon post assez vindicatif, et je suis curieuse d'en savoir plus sur ce qui fait que tu te reconnais tellement dans ce texte, si tu as envie d'en parler.

ortolan a écrit:De ce qu'expliquait Gauvrit, il semblerait que cette répartition 1/3 - 1/3 - 1/3 vienne d'un biais de recrutement, à savoir que parmi les personnes interrogées par les psychologues cliniciens qui écrivent ces bouquins (et qu'on va voir parce qu'on rencontre des difficultés), une sur 3 se dit en réussite sociale, une autre ni en réussite ni en échec et la troisième en échec (ciblé échec scolaire chez l'enfant si ma mémoire est bonne). La médiatisation et la reprise de cette idée a fait le reste de ce qui pourrait être une légende urbaine.

Je ne me souviens pas assez bien de ce que j'ai pu lire de Gauvrit pour confirmer ou infirmer ce que tu as écrit, mais de mémoire ça ne me paraît pas tout à fait exact. Je ne vois pas trop comment il pourrait savoir que les enfants reçus par les psychologues spécialisés dans la douance sont pour 1/3 en réussite, 1/3 ni en réussite ni en échec et 1/3 en échec. De plus, je pense que le biais de recrutement doit être plus prononcé puisque ce sont les enfants (comme les adultes) en difficulté et mal-être qui consultent.

ortolan a écrit:Dans une méta-analyse des études menées auprès des populations de différents pays, il semblerait qu'un QI élevé soit un facteur de réussite dans 95% des cas (ce qui n'exclut pas des difficultés, entendons-nous bien).

Est-ce que par "95% des cas", tu entends 95% des surdoués? Je ne pense pas qu'une méta-analyse, basée sur tout un tas d'études menées de façons différentes, puisse conclure de façon aussi précise. Si tu entendais "95% des articles pris en compte", ça me semble plus probable d'un point de vue de méthode scientifique.

Personnellement, je reproche à Gauvrit (et Ramus) de prendre trop le contre-pied du "la douance est un fardeau" en affirmant que "la douance est un cadeau". Les études sur les enfants dont j'ai eu vent s'arrêtaient au collège, et ne disaient donc rien sur les difficultés qui peuvent être rencontrées à un plus haut niveau d'étude, à l'entrée dans le monde professionnel, ou plus tard dans la vie adulte. Mais je n'ai que peu de connaissance des études réalisées et de leurs résultats. C’est en tout cas à cause de ce parti-pris de Gauvrit que j'ai choisi de lire "Le haut potentiel en questions" plutôt que "Les surdoués ordinaires". Et aussi parce que le premier m'a paru particulièrement clair et pédagogique, alors que le second m'a semblé un peu confus et rébarbatif. Est-ce que tu as lu "Les surdoués ordinaires", @ortolan?

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Quand on n'a pas bien retenu ou compris les chiffres, je pense qu'il vaut mieux éviter de les ressortir en les affirmant, parce que c'est aussi comme ça que se transmettent les idées reçues et autres conceptions erronées.