«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard

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Message par Invité Dim 15 Nov 2020, 09:52

J’ai longtemps cherché un petit quelque chose pour réagir à la chanson sur la mort, de Ferré et Causimon. Un poème absolument superbe auquel je souhaitais apporter une petite touche d’espoir ou peut-être de gaité (où que j’aille, je ne peux m’empêcher de vouloir mettre un peu de lumière sur du sombre, j’espère en être pardonnée).

Et j’ai finalement trouvé cette chanson de Barbara que je ne connaissais pas. Et puis j’ai cherché la meilleure interprétation et là… j’ai trouvé cet enregistrement un peu flou. Mais quelle présence, j’en ai eu des frissons…







Et concernant le Cantique des Cantiques, c’est un texte là aussi absolument superbe et son histoire l’est tout autant. Je ne sais pas si tu la connais.


Il y a un moment j’ai écouté une émission sur France Culture, Les chemins de la philosophie d’Adèle Van Reeth qui se basait sur un entretien avec Chloé Mons (sa femme et bassiste), qui avait écrit un livre sur sa vie et son travail artistique avec Alain Bashung, décédé donc.

https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/faisons-un-reve-44-alain-bashung-monsieur-reve


Outre que c’était passionnant et extrêmement touchant de l’entendre en parler avec un amour profond et un immense respect, de l’entendre rire avec tendresse de son addiction à la cigarette qui lui aura coûté la vie, de l'entendre raconter, sans fard, sans non plus de mélancolie amère ou tourmentée, combien elle a su être présente et forte dans son dernier combat contre la maladie, elle a aussi raconté pourquoi et comment avait été enregistré ce Cantique des Cantiques.

En fait c’est une idée qu’ils ont eu tous les deux pour concrétiser leur mariage tardif. Leur toute première prestation s’est donc déroulée devant leurs amis réunis dans une chapelle. Et elle a tenu lieu de cérémonie, une forme de messe donc.  

Lumineux.

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Message par Ours de la MAZ Dim 15 Nov 2020, 14:52

A propos de Barbara, tu pourras écouter ce quadriptyque d'émission en podcast : https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-oeuvres/barbara-ou-lart-total-14-la-compagnie-des-oeuvres-emission-du-lundi-05-octobre-2020.

J'étais adulte, adulte et con, alors qu'elle vivait encore, alors qu'elle "tournait" encore. Je ne l'ai découvert que très tard.... et elle est mon intime.

Je vais écouter cette émission de la belle Adèle. J'ai loupé son dernier tour, alors que la salle était à 10mn à pied de mon domicile. J'étais alors sous domination d'un autre moi-même, je ne me suis pas autoriser à y aller seul.
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Message par Ours de la MAZ Mar 01 Déc 2020, 19:19

Source : De L'art En Général Et De La Lecture En Particulier sur FB

Tu voulais du parfait,
Et je n'étais que moi,
J'ai essayé tu sais,
D'atteindre ce que je ne pouvais pas,

J'ai renié mes faiblesses,
Pour sembler infaillible,
Cachant même la tristesse,
Pour une joie plus visible,

Je marchais la tête haute,
Les épaules fatiguées,
Sous le poids de mes fautes,
Dont celle de trop aimer,

Tu voulais du parfait,
Et je n'étais que moi,
Moi je voulais du vrai,
Et tu n'étais que toi.

Alexandra Julien

Cela ressemble à une chanson, ce n'est pas de très haute volée poétique, mais j'ai trouvé cela juste, "du vécu" comme on dit.
Après tout, on peut aussi se laisser bercer par une certaine mélancolie.
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Message par Ours de la MAZ Dim 20 Déc 2020, 17:24

Ne vous laisser pas influencer par l'image de musique classique.
C'est epoustouflant de qualité et une vraie pièce de soul music.
"L’œuvre minimaliste et mélancolique de Max Richter transfigurée sous l’archet de Daniel Hope, dans un concert à domicile. Avec la chanteuse soul Joy Denalane, il réinterprète le déchirant mashup "This Bitter Earth / On the Nature of Daylight"."



Source : Arte Concert
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Message par Ours de la MAZ Lun 21 Déc 2020, 21:32

Nous sommes le 23 février 2023. Après une fin d'année à peine libérée et une météo clémente, le début d'année fut rigoureusement confinée. Le vent se mit au nord-est et les températures chutèrent. Entre deux anticyclones, un couloir d'air froid et humide s'abattit sur Paris.
Le virus avait depuis longtemps vidé les terrasses et la neige ruina ce qu'il pouvait en rester. Les boulevards ressemblaient désormais à des quais désaffectés, alignement de navires devenus gris, les voiles encore cargués d'où pendaient lamentables, des lambeaux de toile déchirés par le temps.
Des messieurs engoncés dans leur manteau d'hiver et des petites dames figées devant leur thé, chacun tout à tour observant la joyeuse jeunesse, de tous ceux là qui ne vivent que du spectacle des plus jeunes, de tous ceux-là donc, le souvenir même s'effaça.
Peu à peu, la vie leur manqua. Il ne resta plus d'eux qu'une ligne statistique qui chaque soir nourrit le journal mortifère d'individus oublieux d'avoir été un peuple.

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 13248110

Source : Édouard Boubat (Français, 1923-1999) - Café de Flore, Paris, 1950 via FB Ida Lupino


Dernière édition par Ours de la MAZ le Mar 22 Déc 2020, 18:54, édité 1 fois (Raison : complément)
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Message par Ours de la MAZ Mar 22 Déc 2020, 18:36

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 13252011

Source : FB Andrei Andronache, Takeuchi Seihō, Bear in Snow , Japan, 1940
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Message par Ours de la MAZ Jeu 24 Déc 2020, 13:50

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Message par Ours de la MAZ Dim 27 Déc 2020, 13:05

"C'est à trop voir les êtres sous leur vraie lumière qu'un jour ou l'autre nous prend l'envie de les larguer.
La lucidité est un exil construit, une porte de secours, le vestiaire de l'intelligence.
C'est aussi une maladie qui nous mène à la solitude"
Attribué à Léo Ferré

"Et puis il y a l'amour, qui rend aveugle."
Attribué à un ours cynique par défaut
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Message par Invité Dim 27 Déc 2020, 13:32

Mais n'est ce pas agréable aussi, d'être aveuglé, de temps à autre ? Je ne vois là aucun cynisme, plutôt une ode à l'espoir qui fait vivre. Sinon.. à quoi bon ?


Edit : J'en profite pour te souhaiter une douce solitude pendant ces fêtes, puisque toi aussi, tu es seul. FIP est mon compagnon du moment et c'est assez doux je dois dire.

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Message par Invité Dim 27 Déc 2020, 13:44

Récemment j'ai regardé un film sur Netflix, un film étrange, vraiment étrange, atypique, n'utilisant aucun code classique du cinéma, dans un style artistique qu'on pourrait qualifier "d'avant-garde", ou "d'auteur", et je me suis dit que j'aurais pu le mettre sur le fil de l'autisme, parce que c'est un film qui décrit à la perfection ce que c'est que de sentir étranger à son propre corps.

Mais je n'ai pas osé le mettre là bas. Alors je me permets de te le conseiller, si tu peux le trouver (il me semble que tu n'es pas abonné à Netflix). Il s'agit de "Under the skin" avec Scarlett Johansson.

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Message par Ours de la MAZ Dim 27 Déc 2020, 18:00

Au départ, c'est un roman de Michel Faber, classé comme de la science fiction. Roman étonnant pour le moins. Son adaptation cinématographique en reprend un des thèmes mais si je me souviens bien, il est loin d'une version à la lettre du roman. En revanche, il réussit l'exploit de donner forme à l'énigme d'un "sur-réel" et en cela c'est une reussite.
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Message par Invité Dim 27 Déc 2020, 18:39

Comment tu me mets la honte ! x)

Promis, plus jamais je ramènerais ma "science" ^^'

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Message par Ours de la MAZ Dim 27 Déc 2020, 20:25

Désolé, ce n'était pas mon intention. Je voulais simplement compléter ton post. Il se trouve que je connais.
J'ai donc partagé.
Tu as témoigné, moi de même. Cela donne quelque chose qui peut intéresser celle où celui qui lira.
Il n'y a là aucun jeu de savoir ou de pouvoir.
Enfin, c'est comme cela que je le vois.
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Message par Ours de la MAZ Dim 27 Déc 2020, 21:12

@Fleur de Lotus

Je me souviens de ton intérêt pour les jeux en ligne.
En parcourant Univers Ciné, je suis tombé sur Avalon : "Ash, une joueuse chevronnée, a toujours su prendre ses distances avec Avalon, un jeu vidéo illégal sur lequel les joueurs branchent directement leur cerveau et qui provoque des comportements addictifs : mais lorsque Murphy, son copain, se fait griller les neurones par Ghost, le chasseur virtuel du programme, le face-à-face entre Ash et Ghost devient inéluctable... "

Je ne connais rien du film. Mais peut-être cela t'intéressera-t-il.
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Message par Invité Dim 27 Déc 2020, 22:06

Ours... je suis désolée d'avoir réagi comme je l'ai fait. C'était immédiat, sans filet, en hyper réaction toute personnelle et sensible.

Mais à cela il y a une raison, personnelle mais que je rends publique, puisque c'est entamé.

Ici, c'est ton fil, c'est chez toi. Si j'y viens c'est parce que c'est toi, que je connais, et à qui je pense souvent. Il n'y aurait pas le confinement, je t'aurais proposé d'aller te voir depuis un moment déjà, le temps d'un week-end comme celui que nous avons partagé. Mais à quoi bon le "dire" quand on ne peut pas le réaliser. Je sais que tu n'aimes pas "les projections", que tu les craints même. Alors j'attends. Mais j'y pense et je reste en contact, à ma façon, proche et lointaine.


Quand j'ai lu ton petit mot sur le cynisme, j'ai réagi, sans réfléchir. Parce qu'en fait, j'avais lu cette phrase de Ferré, ici,  et je m'étais fait un peu la même réflexion que toi, en me moquant de moi-même.

Puis une fois postée ma réaction, tout de suite je me suis dit que je pouvais rajouter quelque chose sur la solitude en ces moments de fêtes, puisqu'en cela nous sommes proches. J'avais cherché une image pour toi, hier ou avant hier, avec un ours, mais je n'ai pas trouvé, alors j'ai abandonné l'idée. Voilà pourquoi, une fois ma réaction posée tout à l'heure, j'ai eu besoin de rajouter ce petit message de sympathie, d'où l'édit.

Et puis, dans la foulée, j'ai eu le sentiment que c'était à la fois trop personnel et pas assez (je te défile ma pensée à postériori), sans réfléchir j'ai eu envie de rajouter d'autres pensées que j'avais pu avoir. Il y avait ce film et le fait que j'avais failli en parler ici, lorsque je l'ai visionné, avant hier je crois.

J'ai alors mis ces quelques mots sur le film, mots neutres qui ne semblaient pas personnels (et en cela ta réaction est appropriée), mais qui, finalement l'étaient, je viens d'en expliquer la source. D'où ma réaction. Inappropriée au regard de ce qu'est un fil sur ZC, j'en conviens.

Voilà toute l'histoire. Encore une fois désolée, mais au final, je ne regrette pas, me voilà démasquée, c'est tout aussi bien.

Et pour ce qui concerne Avalon, je crois bien que je l'ai vu, mais il y a longtemps, et très certainement sans regard critique. Je te remercie donc, je vais m'y intéresser de nouveau.

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Message par Ours de la MAZ Sam 09 Jan 2021, 08:56

Texte croisé et re-publié sur Facebook :

C'est très impudique.
Mais c'est si exact. Et je me sens redevable vis à vis de ceux que je croise et que je fréquente professionnellement ou amicalement, redevable de froideur.
Ce n'est pas très moral non plus de s'approprier les mots d'un tiers. Mais ceux-ci expriment exactement mon quotidien :

"Oui je m'isole, non pas parce que je n'aime pas les gens,
mais parce que je m'épuise au contact du monde, le bruit, la foule, les discussions trop longues, aussi parce que je préfère être seul qu'entouré de personnes qui ne vibrent pas sur les mêmes fréquences que moi.
Non, je ne dis pas qu'elles sont moins intéressantes, je n'ai nullement cette prétention. Je dis simplement que nous sommes différents. Nos sensibilités et ressentis n'atteignent pas les mêmes sommets.
Je dis aussi que plus je vieillis et plus je sais qui je suis, où je vais et ce que je veux et ce qui ne me correspond plus du tout. Je n'ai pas besoin d'avoir de la compagnie. Je ne me sens jamais seul, je me sens merveilleusement bien dans le silence.
Et si je reçois du monde, c'est que l'envie est là et le plaisir aussi !
Bien souvent, mon calme, ma paix intérieure, mes ressources, mon lâcher prise, ma sérénité, je les puise dans ma bulle "chez moi" seul, ou dehors "en pleine nature" seul encore et toujours.
Je ne suis pas associal, je suis un empathe sélectif. Un empathe qui respecte ses ressentis et écoute son corps, son mental, son âme.
J'aime profondément les gens, les écouter, les conseiller et les aider...Mais après cela, mon "Moi" réclame une pause.
Alors si quelques personnes se reconnaissent, elles sauront que si l'on passe du temps avec quelqu'un, ce n'est nullement pour combler un vide, mais c'est que l'on en a envie... Vraiment !
Eden Cara"
Source : Esprit Zèbre / Surdoués - HP - Aspies sur FB

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Message par Ours de la MAZ Sam 09 Jan 2021, 08:59

Marcher tout l'hiver
Dans la poudreuse
Jusqu'à la maison fleurie
Sous les montgolfières
Nos vies heureuses
Que demander au seigneur?
On a fait de nos mains
La pluie et le beau temps
Un salon, un jardin
L'amour, les paravents
Pour mettre nos âmes à l'abri
Mettre nos âmes à l'abri
Des vues imprenables
Tombées du ciel
Et nos regards s'attendrissent
Le temps d'une escale
Goûter au miel
D'un tout nouveau précipice
Que nos pas dans la neige
Nous redonnent la grâce
Illusion d'un cortège
Le parfum à la glace
De mettre nos âmes à l'abri
Mettre nos âmes à l'abri
Ad vitam æternam
Sur la plage, sur un sablier
Mettre nos âmes à l'abri
Mettre nos âmes à l'abri
La douceur tombera
Comme une coulée de plomb
On se relèvera
La nuit sur le balcon
Pour mettre nos âmes à l'abri
Mettre nos âmes à l'abri


Source : LyricFind - Paroliers : Laurent Lescarret / Alain Bashung


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Message par Ours de la MAZ Dim 10 Jan 2021, 10:05

Il se dit avec raison que les orchidées sont les plus féminines des fleurs. C'est peut-être pour cela qu'il me plait de les classer au sommet de la phylogénie botanique.

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 13754610

Portrait of Loïe Fuller, by Frederick Glasier, 1902 - "Serpentine dance"
Source : FB - Ars gratia artis - mutatis mutandis

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Message par Ours de la MAZ Dim 10 Jan 2021, 10:13

Connaissez vous Peter Frie, peintre contemporain ?
Je le vois comme le peintre de rien, de ce rien à l'horizon sur lequel on construit un rêve éveillé, de ce rien qui apprend à voler, de ce rien qui qui partage "l'essentiel est invisible pour les yeux".

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 Peter_10

Peter Frie (Sweden, 1947), Untitled, 2002, oil on canvas 50 x 70 cm
FB - Ars gratia artis - mutatis mutandis
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Message par Ours de la MAZ Mer 20 Jan 2021, 07:32

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 Fb_img12

Source FB
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Message par Ours de la MAZ Dim 07 Fév 2021, 11:14

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 Img_2017

"If you didn't care what happened to me,
And I didn't care for you,
We would zig zag our way through the boredom and pain
Occasionally glancing up through the rain."

Extrait de Pigs on the Wing, Parts 1 & 2 par Pink Floyd
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Message par Ours de la MAZ Dim 15 Aoû 2021, 14:20

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Message par Invité Dim 15 Aoû 2021, 14:35

Hello Ours,

Tu connais Emile Verhaeren?
Spoiler:

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Message par Ours de la MAZ Lun 16 Aoû 2021, 06:11

Je me souviens de lui, pour en avoir appris par cœur dans les petites classes, oubliés bien sûr depuis.

Celui-ci sonne comme une chanson d'espoir et de vie.
Merci.
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Message par Ours de la MAZ Lun 06 Juin 2022, 19:01

06-06-2022

Le temps de la retraite arrive.
Heure après heure, jours après jour, mois après mois, je décompte, je simule, je suppute mais surtout je tourne dans ma vie comme un ours en cage : « l’éternité c’est long, surtout vers la fin… »

Cette échéance tant espérée, perçue en fait comme une libération, entraine pour moi de profonds changements. Dans quelques mois, ce sera fini. Je changerais de vie, de lieu, de moyens et de temps disponible aussi. Cela me parait si loin et si près à la fois. Voilà près de 37 ans que je suis dans la place, 37 ans à faire la pluie et le beau temps pour une entreprise familiale et locale : le commerce, ce sont des produits, des clients et au milieu de la marge commerciale. Les produits, c’est moi. J’ai en tête une arborescence de segments marketing que je peine sur l’instant à dénombrer exactement mais qui doit être de l’ordre de 20 000 items, items qui hébergent plus d’1 000 000 de produits. J’en connais presqu’instinctivement l’importance, l’élasticité au prix, la cible clientèle. Je ne suis pas bon à grand-chose d’autre qu’à documenter et documenter sans cesse de nouveaux produits, de nouvelles procédures.
Quand j’étais étudiant, je faisais de la botanique et particulièrement de la systématique. Rien ne me réjouit plus que de déterminer l’espèce d’une plante, d’une fleur, d’une plantouille gélatineuse ou d’une mousse couvrant les parois d’une cascade par exemple. Et quand en plus la séance de détermination se fait à deux, c’est encore plus… Difficile de dire mon ressenti une fois la chose identifiée. La chose devient un individu et c’est un peu comme partager l’infini, celui de la connaissance ; c’est soudain dresser par la pensée une carte floristique, écologique, hydrographique, géologique, sentir la dynamique de la vie, … Autant dire, que des gens comme moi sont assez peu fréquents : jouir d’une approche naturaliste romantique, c’est complètement passé de mode. Désormais, nos téléphones les plus puissants embarquent suffisamment d’intelligence artificielle pour faciliter ces moments de détermination. Mais l’identification instantanée dévalorise la détermination : la porn-botanic a envahi l’imaginaire.  Il n’empêche qu’identifier un poirier sauvage au sommet d’un petit mont battu par le vent et irradié du soleil de Provence ne cesse plusieurs mois plus tard de nourrir mon imaginaire.

Or toutes ces activités, et quelques autres, je les pratique en compagnie. Mais dans quelques mois, je serai seul. Pourquoi cette solitude ? J’avoue une incapacité à tenir des liens durables sans devoir assumer des compromis qui finissent par écorner la qualité de la relation. Les vibrations de l’autre, des autres m’envahissent et me désynchronisent avec moi-même. J’en perds ma fragile cohérence, j’en perds ma joie. L’entreprise aura été pour moi un lieu de socialisation certes. Un espace où j’ai pu développer un fantasme communautaire à raison d’une cinquantaine d’heures par semaine, une sorte de tribu, un village gaulois. Je sais bien ce que j’y ai vécu, je me souviens bien des moments où la réalité normale des individus a fracassé le fantasme. Mais peu importe. J’ai survécu avec ce carburant émotionnel qui a installé en moi une dépendance perverse et narcissique : la réussite était celle des autres grâce en autre à mon travail, les échecs étaient pleinement les miens. Comme toute relation déséquilibrée, ceci s’est installé sur un terrain, sur des fragilités ; je me suis comporté comme une victime expiatoire d’un passé familial. Je n’ai rien expié, de fait. Mais je me suis bien victimisé pour autant. De ce carburant affectif vicié, je m’en suis nourri, je m’en suis drogué et comme tout drogué, j’ai plongé dans un monde où seul l’entreprise avait du sens. J’y ai perdu ma famille, mes amis et presque mes enfants. J’ai fait quelques rencontres décisives : une communauté intellectuelle, des amantes inaccessibles, des thérapeutes, deux amies fidèles. Et surtout une thérapeute qui a su jouer sur mon besoin de tout intellectualiser et qui m’a fourni une altérité neutre exigeante et intelligente face à laquelle j’ai été obligé de me définir et peu à peu de voir clair.
Ce carburant, je cherche à m’en sevrer avant qu’il ne cesse de m’être fourni. J’ai quitté le tabac le 25 juillet 2012, une seconde naissance. J’ai éloigné l’alcool en avril 2022. Il me reste à me sevrer de ce carburant. Mais par quelle autre énergie le substituer ?
Ce chemin de sevrage est peut-être le fond du thème de cette chronique.

Je n’ai jamais été seul en fait. J’ai toujours été accompagné de mes imaginaires, j’ai toujours été en présence d’autres. Mais là, je suis saisi d’une crainte profonde.
Je sais que le sevrage est pour moi lié à une relative inaccessibilité du poison mais aussi à un conditionnement comportemental. L’esprit impose au corps qui impose à l’esprit.
Connaissant ma propension à flotter dans le temps et l’espace comme une méduse, je teste des stratégies.
Il y a d’abord cette écriture. C’est une chronique, mais aussi un témoignage et aussi un livre de souvenirs. Je ne sais si je pourrais tout évoquer. Non que le temps me manque (à moins que je ne sois pas encore au courant) mais une forme de pudeur ou de respect de mes enfants me poussera à la discrétion. Et puis à quoi bon étaler ses avanies ? Une ex-collègue de travail, qui vient de prendre sa retraite, m’a témoigné d’un cousin ayant tenu une écriture, mêlant texte d’opinion, journal, souvenir. Je suis assez tenté par cette variété ; je voudrais y ajouter de la poésie.
Il y a ensuite le fait de publier au fur et à mesure ces pièces d’écriture dans leur forme brute. Je voudrais ainsi m’obliger face à une communauté que j’imagine lectrice. Celle qui m’a permis de me reconstruire à partir de janvier 2012, celle grâce à qui et sans pathos ou grandiloquence, je crois, que je ne serai pas là ou plus en état d’écrire.
Il y a ensuite un calendrier. Ma méduse intérieure, au fond, admire ce qui nous est dit des philosophes et des écrivains. Et elle admire particulièrement la démarche rigoureuse d’Emmanuel Kant. Son quotidien suivait un rythme immuable de travail, de promenade, de repas. Loin de moi l’idée de me comparer avec ce géant, mais j’ai établi un planning quotidien et hebdomadaire, que j’ai baptisé « Planning Kantien ». Je vais donc tester sur mes moments de liberté, ce planning, pour peu à peu le rendre compatible avec la réalité….
Et ce soir, il s'agissait de la première séquence planifiée.


Dernière édition par Ours de la MAZ le Mar 07 Juin 2022, 15:58, édité 1 fois
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Message par Invité Mar 07 Juin 2022, 05:12


Je fais partie de cette communauté que tu imagines lectrice. Je regarde les images aussi, elles sont belles.

Je suis toujours inspirée par quelqu'un qui a trouvé sa vocation, merci pour le partage de ta mission.

Quelqu'un m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup aidé, et je me permets de te le partager, avec une bonne intention : pour sortir de la victimisation, tu as besoin de te reconnaître d'abord victime. Voici la rampe de sortie qui m'a été indiquée et que j'ai prise.

Il y a aussi les bénéfices dits seconds : qu'est-ce que j'en retire ? Mais pour pouvoir le voir en face, j'ai d'abord rouvert la porte du trauma et j'ai traversé, la rampe se trouvait de l'autre côté. Après seulement j'ai eu le choix, je retrouvais mon libre-arbitre qui avait été perdu. Alors j'ai choisi la résilience.

Je te souhaite une bonne préparation à la retraite.




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Message par Shadow Boxeur Mar 07 Juin 2022, 07:02

Ta chronique promet d'être passionnante.
Je suis impressionné par le degré de connaissance de soi que je ressens à te lire.
Bonne écriture à venir dans ton planning Kantien !
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Message par Ours de la MAZ Mar 07 Juin 2022, 15:53

07/06/2022

Ce matin, j’étais plus léger, presque guilleret. Réveillé avant le réveil, j’ai laissé flotter ma conscience au bal des martinets remontant la rue du hameau à tire d’aile. Ils ont mis du temps cette année à revenir. J’ai même pensé que je ne les verrai pas. Et puis un matin, le bal a commencé.
S’il se dit qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, là où j’habite, les martinets font l’été. Nous sommes passés en quelques semaines, d’un printemps hivernal à des températures estivales. Le climat du sud de la France devient tropical sec.

Le son du matin, du plus loin que je me souvienne, c’est le son de la radio. Mes grands-parents, c’était Europe 1 pour les uns et RTL pour l’autre. Ma mère c’était France Inter. Plus tard mon père c’était La voix de la Révolution au Congo, puis Radio Cotonou au Bénin, entrecoupées de Radio France Internationale ou de la Voix de l’Amérique en Français – nous habitions à cette époque en Afrique.
Plus tard, lycéen interne, c’était Radio Luxembourg la nuit et France Inter le matin. Jeune adulte, cela a été les « ondes courtes internationales » avec les joies nocturnes d’identifier le Vietnam, le Cambodge, Radio Beijing, l’Australie et bien sur de très nombreuses radios africaines.
Maintenant, c’est France Culture et FIP en fond musical quand j’ai des invités à diner.
Il faut avouer que France Culture, ce n’est pas la franche rigolade, mais au moins les idées et les opinions ont le temps d’être argumentées. Et puis on a la radio que l’on mérite… Le matin, après les informations de 7h00, il y a pourtant une virgule décalée : le 7h14. Et ce matin, c’était un vol de martinets. En un instant, mon appartement s’est rempli de cris d’oiseaux, ceux de la rue et ceux de la radio. Cela a fini de me réveiller : Hitchcock revival…

En quittant mon logement, sur un fond de martinets sprintant et criant, de la fenêtre de la maison d’en face, une voix aigrelette : « A revoir maman… » assorti du miaulement déchiré d’un siamois. Le chat répondant-il au bambin ? J’en doute.
Remontant la rue du hameau, je sentais la chaleur et l’odeur des murs malgré l’air léger du matin ; « …. Sauf sur le pourtour méditerranéen qui bénéficiera d’un franc ensoleillement ». Je l’inviterai bien Madame Météo à subir durant 6 mois les 30 degrés quotidiens et plus et les nuits qui ne rafraichissent plus.
Le figuier proche des voitures, déjà au soleil, embaumait.

Il n’y avait donc rien, ce matin. Rien ou presque pour faire frétiller le neurone. Factuellement, ce matin ressemblait trait pour trait à ceux qui le précédaient et à ceux qui à priori le suivront. Et pourtant, il y avait bien une différence.
Au fond, la voix off d’Arte hier soir a raison : « et surtout, restez curieux ! ». Savoir s’étonner d’une odeur, d’un son, d’un enchainement d’événements, c’est l’ouverture à la vie, l’ouverture au hasard, à l’aléa.
Le quotidien nous fait entrer en force dans une routine standardisée. Pour y rester bien sagement, des grilles de lecture nous pénètrent insidieusement via ceux qui pratiquent la parole publique. Loin de moi une quelconque adhésion aux théories du complot, c’est un confort triste de cesser de se surprendre. Nous sommes nos propres oppresseurs, en acceptant l’inacceptable, à savoir cesser d’être, laisser la Méduse s’imposer. Et c’est un vrai travail que de faire ce ménage intellectuel. Peut-être faudrait-il que je l’inscrive dans mon planning Kantien, comme on y inscrirait un temps de méditation.
Il faudrait que je prenne le temps de lire le « Traité de la servitude Volontaire » de La Boétie. Ce n’est pas très long et voire c’est en vidéo YouTube.

Que s’est-il passé ce matin ?
Est-ce l’écriture d’hier ?
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Message par Invité Mar 14 Juin 2022, 00:34

Quel plaisir de te lire Ours, du petit lait Bisous


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Message par Ours de la MAZ Mer 22 Juin 2022, 21:32

22/06/2022

Deux semaines ont passées, deux semaines sans fait marquant, deux semaines…
J’évoquais la soumission et la nécessité de révolte.
Eh bien, il y a eu deux semaines de soumission. Bien entendu, la soumission ne fut pas intégrale. Je n’ai cédé à aucune injonction publicitaire, je n’ai pas acheté d’alcool fort, pas plus de tabac d’ailleurs – ceux là sont sortis de ma vie, pour le premier moins de deux mois, pour le second quasiment dix ans. Je concède d’avoir regardé la télévision.
Pour dire la réalité, la soumission a pris la forme de la routine. Pourtant, ce soir en quittant mon lieu de travail, je me suis mis à écrire dans ma tête. La plupart des gens parlent dans leur tête, les épuisés de solitude se parlent à haute voix, moi j’écris dans ma tête pour pouvoir parler… Ne cherchez pas, c’est compliqué. Je vous expliquerai peut-être un jour.
Il faut avouer qu’il y a de nombreux habitants dans ma tête. C’est organisé un peu comme un tribunal. Il y a en premier lieu, un Panthéon de personnes m’ayant marqué affectivement. Ils sont sagement et souvent silencieusement assis dans l’assemblée, très attentifs. Puis, il y a un procureur particulièrement disert, maître dans l’argumentation irréfutable, passant régulièrement en revue toutes les avanies, les lâchetés, les démissions, les mollesses, les renoncements, les avilissements et même les moments de révolte, de sauvegarde. Il est beau comme un militaire, visage acéré, svelte, droit, sa manche droite se termine par un index levé, désignant les cieux, source absolue de tout justice. Son argumentation repose sur les verbes en « -oir » et en « -oire ». Falloir, devoir, savoir, croire, … cette tribu d’injonctions moralisantes que je perçois comme insaisissables, à la fois état, à la fois action mais qui désigne un Ordre. J’apprécie la paix, je supporte la règle de vie commune, mais l’ordre ! L’ordre est soumission, la réflexion est désobéissance. Réfléchir c’est déjà désobéir.
Je suis très proche de Michel Deleuze sur ce thème. Je préfère la fuite créatrice à la soumission trahison. Dans un film patrimonial (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître sans compter qu’en plus il est en noir et blanc… rédhibitoire !), "La traversée de Paris", il y a une scène monologue de Jean Gabin dans un bistrot populaire pendant l’Occupation Hitlérienne (je répugne à la facilité de dire allemande). Gabin termine sa tirade pleine de verve et d’énergie par un « salauds de pauvres ». Ces termes m’ont longtemps choqué, jusqu’à ce que je comprenne que la pauvreté désignait l’état mental induite par la soumission.
Mais revenons à mes « encéphaliens ». Il y a donc le tenant de l’ordre, face auquel mon avocat tente par moment de sauver ma dignité. Son argument principal : les accords toltèques et particulièrement le quatrième : faire de son mieux. Mon avocat n’est pas un ténor du barreau. Mal fagoté, rasé d’à peu près (quoique désormais ce soit une marque de virilité – moins en bas plus en haut, la mode…), une tâche rebelle sur sa chemise, des ourlets de pantalon pour le moins artisanaux, des chaussures de prétendue randonnée fatiguées et poussiéreuses. Il se tient toujours un peu de biais. Alors je l’aide. Tout y passe : la jeunesse isolée, les décès, les déracinements, les laminages de personnalité, les mises au rebus, les accusations, les… « Vous voyez, Monsieur le Juge, mon client est plus victime que coupable ».
Parce qu’il y a un juge. Mais il reste silencieux. Les délibérations de La Cour ne sont jamais publiées, les amendes et condamnation jamais prononcées… « Affaire suivante ! ».

Donc j’écrivais à moi-même.

Hier au soir, j’envisageais de finir le démontage de ma serre-véranda.
A cette étape, il faut une contextualisation. N’ayant pas de racine, je fais comme les escargots, je transporte ma maison sur mon dos. Dans ma maison : - il y a des instruments de cuisine en hommage à ma grand-mère (qui n’était pas ma grand-mère, ne cherchez pas, c’est compliqué. Je vous expliquerai peut-être un jour). - il y a la collection de tasses touristiques de ma mère (dont les deux petits cartons émettent à chaque mouvement des sons de vaisselle brisée et que je refuse d’ouvrir pour ne pas avoir à jeter ces reliques). – il y a mes livres dont une large part de l’œuvre de Simenon car son univers correspond approximativement au temps où mon père était mon père, à Paris et dans le Nord de la France mais aussi mes livres de science-fiction que je déménage consciencieusement depuis cinquante ans. – Mais aussi et bien plus compliqué à faire suivre, il y a mes plantes.
En 1976, soit désormais plus de quarante-six ans à ce jour, dans le jardin du building où mon père, ma belle-mère et ma demi-sœur (Ne cherchez pas, c’est compliqué. Je vous expliquerai peut-être un jour) vivaient à Kinshasa, je pris quelques boutures. J’avais dix-sept ans et le jardin, les plantes m’ont toujours plu. Mon grand père (qui était lui mon vrai grand père et qui l’est resté – Ne cherchez pas …) avait son petit potager en banlieue parisienne. Je n’ai jamais jardiné avec lui, ce devait être son jardin secret probablement. J’admirai pourtant les haricots à rames, les salades, les pieds de cèleri, et d’oseille, la haie de cassis et groseille mêlés et trois arbres : un cerisier, un griottier et un prunier Reine Claude. Plus tard, vivant avec mes prétendus parents en Afrique au Congo, nous avions ce qui est convenu de nommer de la domesticité. Notamment un boy jardinier. Je crois qu’il s’appelait Antoine. J’avais une dizaine d’années. Et je passais de longs moments avec lui, de même avec Jean le boy cuisinier. Finalement, à postériori, je porte encore la marque de ces deux hommes.
Mais revenons en 1976. Des boutures ramenées en dehors de tout certificat sanitaire, il n’est resté rapidement qu’un hibiscus. Et il a tout subi, il a résisté à tout : l’internat à Genève, les études à Montpellier, la suite à Reims puis Paris et enfin Toulon, au total plus de vingt-cinq déménagements. Cette variété d’hibiscus est à fleur rose mais l’essentiel est qu’il a exactement la forme des hibiscus de Polynésie, ce qui est introuvable en Europe où ne sont disponibles que des cultivars.
A cet hibiscus sont venus s’agréger au gré des saisons, des voyages, des cadeaux, des chapardages (respectueux des plantes) dans les jardins botaniques, … près d’une centaine d’espèces et deux cents pots environ - peut-être plus en fait...

Le moment de la retraite va correspondre pour moi à une très nette réduction de mon contexte matériel, géographique et en premier lieu immobilier. J’ai toujours mal gagné ma vie, n’ai jamais été pingre et me suis trouvé à faire des investissements immobiliers à contrecourant des embellies dont la plupart ont profité. Pour couronner ce parcours matériellement peu glorieux, un divorce a fini par ratisser le pécule et la maison prétendue familiale (Ne cherchez pas, c’est compliqué. Je …).
Pour faire court, si j’arrive à me loger dans un deux pièces en immeuble, ce sera le maximum. Évidemment, mes « bienaimées » ne pourront m’accompagner. Ma maison doit rétrécir ! Les plantes sont des organismes vivants et comme tout jardinier, il est de ma responsabilité de leur donner un cadre de vie le plus adapté. Il y a une logique : nous ne sommes pas propriétaires de la vie, quelque forme qu’elle prenne, simplement transmetteur, messager.  Alors, en anticipation, j’ai décidé de les donner et non les abandonner. En m’y prenant à l’avance, je donne à des personnes qui en prendront sincèrement soin et les feront leur. Les donner, donc, mais aussi de démonter les installations électriques pour les suppléments d’éclairage, les étagères à clairevoie. C’est ce que j’ai commencé hier soir et avait prévu de continuer ce soir.

Mais c’était sans compter avec la session du tribunal qui s’est déroulé inopinément en fin de journée.
Je voulais en fait vous relater la teneur des débats. Alors ce sera pour une suite… ou la suite de la suite…

Vive la liberté de la pensée.
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Message par Ours de la MAZ Sam 25 Juin 2022, 18:56

Si on s'en allait tout là-haut
Si on prenait de la hauteur
Tu verrais que le monde est beau
Beau
Si on allait chiner l'écho
Qui guérit les peines et les peurs
Peut-être trouveras-tu les mots
Les mots

Au-delà des fourbes apparences
Derrières nos loups de circonstance
Sous nos masques cousus d'espérance
Se cachent les fêlures de l'enfance
De l'enfance

L'air de rien, on n'est pas mal tout là-haut
On goûte aux étoiles tout là-haut
On oublie nos certitudes
On chérit la solitude
A faire une escale tout là-haut
A nourrir le calme tout là-haut
On ne joue plus d'artifice
On sait pourquoi on existe
Enfin, allez viens

Si on s'en allait tout là-haut
Pour mieux s'imprégner des couleurs
Saurions-nous faire taire notre égo, oh
À démêler le vrai du faux
À chercher en nous le meilleur
Libre comme le cœur des oiseaux
Là-haut

Au-delà des fausses apparences
Dans nos cailloux d'adolescence
Sous nos masques teintés d'insouciance
Sommeillent les blessures de l'enfance
De l'enfance

L'air de rien, on n'est pas mal tout là-haut
On goûte aux étoiles tout là-haut
On oublie nos certitudes
On chérit la solitude
À faire une escale tout là-haut
À nourrir le calme tout là-haut
On ne joue plus d'artifice
On sait pourquoi on résiste
Enfin, allez viens, allez viens
Allez viens
Allez viens
Allez viens

Si on s'en allait tout là-haut
Pour mieux se parer de douceur
Tu verrais tout d'un oeil nouveau

Si on ressortait nos pinceaux
Pour dessiner à bras le cœur
Les contours de nos idéaux
Là-haut

Au-delà des sottes apparences
Dans le sillon de l'existence
Sous nos masques cousus d'espérance
Charrient les brûlures de l'enfance
De l'enfance

L'air de rien, on n'est pas mal tout là-haut
On goûte aux étoiles tout là-haut
On oublie nos certitudes
On chérit la solitude
À faire une escale tout là-haut
À nourrir le calme tout là-haut
On ne joue plus d'artifice
On sait pourquoi on existe

Libres, on n'est pas mal tout là-haut
On goûte aux étoiles tout là-haut
On oublie nos certitudes
On chérit la solitude
À faire une escale tout là-haut
À tomber le voile tout là-haut
On ne joue plus d'artifice
On sait pourquoi on résiste
Enfin, allez viens, allez viens
Allez viens
Allez viens
Allez viens

Tout là haut - ZAZ

------------------------------------------------

Et si ce soir, demain, dans une semaine ou dans un mois...
Je rêve souvent de faire "off", non pas un moment d'absence chimique, spirituelle ou sportive mais un "off" définitif. Du temps où j'étais actif sur ZC, globalement les deux premières années (première inscription en janvier 2012), trois personnes ont décidé de n'être plus que des souvenirs.

Pour le moment, je renonce. J'ai encore un travail à accomplir. Je dois fermer la boucle de mon errance géographique. J'ai toujours été un étranger partout où je suis passé. Et d'ailleurs, je n'y suis que passé, avec au fond de moi la certitude qu'il existait une origine, mon origine. Je crois avoir trouvé un territoire où je suis en paix, où j'éprouve la paix. Ce sera le lieu de ma retraite et à plus court terme celui de mes vacances.
J'ai décidé de ramasser tous mes dés et je relance intégralement? Voilà le défi à relever : jouer à nouveau toute sa vie sur une sensation.

J'avais du temps aujourd'hui pour écrire, mais je n'avais pas d'énergie.
Je n'en ai pas plus à cette heure.

A la relecture de ce texte de ZAZ, cela me saute aux yeux. Ma perception était très partielle et très sinistre.
L'amour nous envole aussi.
Éros et Thanatos étroitement mêlés, la lumière et la nuit, les deux faces de cette étrangeté qu'est la conscience de la vie.

L'un ne peut exister sans l'autre, il fait lumière parce qu'il a fait nuit.
J'ai écouté d'une oreille inattentive l'émission d’Étienne Klein sur France Culture : Science en question. Le thème : Comment Proust aurait-il répondu à la question de Saint Augustin, posée il y a seize siècles : "Où va le présent quand il devient passé ?" avec comme invité Raphaël Enthoven (Philosophe). Je ne suis pas fan de Raphaël Enthoven, un peu trop cabot pour mon goût mais enfin, j'y apprends toujours quelque chose. Deux thèmes m'ont interpellé :
- le passé n'existe que par une démarche volontaire de mémorisation. Il vient que je pense être désormais le seul à pouvoir colporter vers mes filles l'histoire de leurs origines donc des miennes et de celles de mes parents et aïeux, du-moins ce dont je me souviens, ce que je pense que l'on m'a raconté, que les faits soient rigoureusement historiques ou arrangés
- les évènements du temps seraient intimement liés à des lieux géographiques et aux visites que nous faisons à ces lieux lors des moments de notre quotidien, ceux d'hier, d'aujourd'hui, de demain... Ces deux "axiomes" ont des conséquences incalculables, notamment sur le regard moralisateur, inquisiteur, procurateur que l'on porte sur notre propre passé et ce que nous croyons savoir de celui des autres. Le passé ne va pas quelque part, c'est nous qui allons ailleurs.

Je ne sais pas comment inclure un lien vers l'émission autrement que sur ce post.
Il faudra que je vois comment faire surs un éventuel support non numérique. Un QR code peut être...
Pour le moment je le place ici : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/science-en-questions/ou-le-passe-est-il-passe-8697433
J'aime la philosophie en ce qu'elle n'a de cesse de déstabiliser mes certitudes, mes réponses doctes et savantes.
J'aime la philosophie mais à l'expérience, je n'y entends rien...
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Message par Ours de la MAZ Lun 08 Aoû 2022, 12:13

08/08/2022

Moments inactifs au bureau, temps volé, certes. Mais je suis incapable de faire autre chose qu’essayer de calmer la farandole folle qui s’est emparée de mes pensées.
Voilà 7 semaines où je n’ai rien écrit.
Il y a eu les vacances, il y a eu la reprise, il y a eu je ne sais quoi.

Ce matin, avant de me résoudre à écrire, il y avait une telle agitation que j’ai quelque peu remonté mon histoire récente. Tout s’agitait et s’agite encore un peu. Une sensation étrange, comme celle d’oublier une date significative, une date que je ne devrais pas oublier. Mais je n’ai rien retrouvé.
J’ai cherché le rapport avec celles que j’ai aimé, avec celles qui m’ont touché, avec celles qui sont "parties".

J’ai cherché sur Facebook, sur ZC.
J’ai cherché et je n’ai rien trouvé.
Quelqu’un que je connais souffre ou pire et je n’arrive à rien. C’est comme un sentiment d’urgence, d’affolement, une panique affective. Alors comme à mon habitude, je dédouble, je cloisonne, je banalise une moitié de moi pour contenir l’autre.

Je suis sec.
Sec et froid.

Et ma tendance à brûler mes vaisseaux, à jeter mes adresses, à « clic-droit-supprimer »…

Ce week-end, j’ai cassé un lien. Rien de bien intense, mais un reste de sociabilisation. Par diverses circonstances, je pratique un longe côte de fond depuis quelques temps. Cela consiste, pour moi, en une marche en bord de mer, de l’eau à mi-thorax, avançant en ramant avec des palettes. Une ex-collègue de travail est venue se greffer sur cette activité. Et elle a pris l’ascendant. Pour ne pas dire non, pour ne pas gérer un micro-conflit, j’ai suivi. Ce n’est plus le jour ni l’heure qui me va. Ce n’est plus non plus le lieu que je préfère. De retour de congés, après trois semaines d’absence, après un SMS, je me rends au rendez-vous. Mais comme dans la chanson de Brassens, « la belle, la traitresse avait » changé d’horaire sans prévenir.
Impossible de me garer, trop de touristes et très peu de places. C’est entre autres ce qui fait le charme de cette longue plage de sable provençale, « ma plage ». Alors je suis rentré et j’y suis retourné le dimanche. Trois heures trente d’efforts doux m’ont fait du bien à moins que ce ne soit la solitude.
J’irai désormais le dimanche matin. Le dimanche ne lui convient pas ; c’est heureux ainsi.

Tout ce que j’écris est totalement pénible et totalement décousu. En fait je suis en crise, celle où la solitude physique intime me mord et où toute sociabilité m’est insupportable. J’ai l’impression que seul le corps pourrait reconstruire l’esprit, seul le physique est la voie d’accès la voie d’équilibre. C’est une sorte de régression infantile, une prostration hurlante, en boule au coin du mur.

Je sais qu’il en sortira quelque chose, j’espère que ce ne sera pas encore plus dur.
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Message par Ours de la MAZ Jeu 11 Aoû 2022, 10:01

Radu Bata – Je me suis porté pâle de la côte d’opale jusqu’au népal

(petit chant de la différence)

je suis absent
voilà pourquoi je manque les rendez-vous avec le présent
avec le bruit
avec la vie
je me demande si le présent a déjà eu lieu
si le bruit est bien vivant
ou si c’est moi qui me suis déjà effacé
pour laisser la place aux aubes
s’étendre jusqu’à l’horizon
aux herbes pousser dans le désert
au silence parler avec le vent

je suis absent
voilà pourquoi personne ne me voit
dans le catalogue des gens comme il faut
qui font des merveilles pour réussir
pour faire des fruits dans leur arbre généalogique
et monter sur l'échelle de likert
je suis absent car je ne fais rien comme il faut
comme toi ou comme tant d’autres
ou alors je fais des bêtises tellement insignifiantes
que je deviens invisible
ainsi je peux passer d’une pièce à l’autre
d’une existence à l’autre
sans que personne ne m’aperçoive

je suis absent
et ça tombe bien
car en ce moment
le présent fiche une pagaille monstre
et je ne voudrais pas figurer dans son tableau de chasse
ni composer avec les chasseurs
la sonate des horreurs
sur le dos des oiseaux

je suis absent
comme toi ou comme tant d’autres
car le temps qui nous lie
aux choses et aux envies
s’est élimé aux entournures
il n’est plus qu’une ficelle
si frêle et pourtant si belle
qu’on peut avoir facilement pour elle
le cou de foudre

***

Radu Bata

Source : BEAUTY WILL SAVE THE WORLD
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Message par Ours de la MAZ Jeu 18 Aoû 2022, 12:30

"Si l’ordinateur et les premières langues pour ordinateurs – qui reviennent à Shannon en Amérique et à Turing en Angleterre –, si leur invention avait été développée en Inde, et si les premières formules d’écritures informatiques avaient été fondées sur la grammaire hindoue, le monde serait différent. La planète ne serait pas celle que nous connaissons. Il existe une coïncidence fantastique entre la nouvelle conception du langage minimal et la structure naturelle de l’anglo-américain. "

"Avec cette petite expérience de quelques semaines, j’ai entrevu l’abîme, ce que Henry James appelle the real thing (la vraie chose) : on se donne totalement. Risque de vie, de mort, de disgrâce, de dettes – on s’en fout de tout pour vivre l’absolu, risquer la totalité. L’alpiniste qui va au-delà de ses forces le fait à chaque fois ; le plongeur en profondeur le fait à chaque fois, pour savoir ce que c’est que l’ivresse de l’absolu, où il n’y a plus rien d’autre, où toutes ces petites vertus bourgeoises n’existent plus. Je n’ai pas eu ce sens du courage du risque ultime."

"Si je suis ce que je suis, c’est parce que je n’ai pas été créateur. C’est une tristesse très profonde."

Arbitraires et insuffisants Extraits de "George Steiner, Un long samedi, Entretiens avec Laure Adler ©Flammarion, 2014" publiés dans la revue en ligne legrandcontinent.eu

Article complet, un délice de lecture:
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Message par Ours de la MAZ Jeu 22 Sep 2022, 12:30

Je continue mes miscellanées.
Incapable d'écrire en ce moment, trop d'affects tournent en boucles, trop de pulsions vrillent mes tripes

Un poème chanté partiellement par Ferré, Lavilliers, Rinaldi, Thiefaine, .... qui a suscité tant d'abandon à la raison, à l'analyse. Il me hante à nouveau depuis quelques semaines.
Des mots glanés sur un site : "la poésie est étrangère aux clés, elle est toute ailleurs".

La mémoire et la mer:
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Message par Invité Dim 12 Fév 2023, 10:48

Bonjour Ours et Bon anniversaire !

J'espère que les réformes successives sur les retraites n'ont pas trop retardé l'objectif d'une vie enfin choisi.
Je te souhaite de longues heures d'herborisations, de photographies, de poétisations partagées, sans codes, sans clé.
J'ai aimé lire les fragments de poésie que tu apportais ici.

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Message par Ours de la MAZ Dim 19 Mar 2023, 18:57

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 Img_2028

Toutes directions, certes, mais laquelle ?

Hébétée derrière ses yeux bleus lumineux, indifférente à l'agitation de la rue, elle restait strictement immobile, comme une statue de sel. Chimie, irréalité, déraison ?
Attablé peu après devant une réconfortante bière pression, protégé du vent d'est qui s'est installé, baigné du bruit de fond de cette grande brasserie, la seule fréquentable de la ville à mon sens, j'éprouve de l'apaisement au ballet des serveurs, au tintement des pièces et des verres, au grondement des chaises traînées, aux voix entremêlées auxquelles je ne comprends rien.

Je la crois encore immobile dans son infinie solitude.
Cette solitude est aussi la mienne, est aussi la nôtre. Nous n'en sommes pas immunisés. Seuls les autres forment rempart à ce collapsus mental.
Les autres, les autres et l'art.

(merci d'excuser la piètre qualité photographique : la pudeur et le respect m'ont incité à "clicher" au débotté, sans cadrage ni précaution)


Dernière édition par Ours de la MAZ le Dim 19 Mar 2023, 19:17, édité 1 fois
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Message par Ours de la MAZ Dim 19 Mar 2023, 19:15

Peu à peu et c'est peut-être l'effet de l'apaisement, la fin des tourments existentiels profonds, j'apprécie certaines œuvres de Mozart.
Je le trouvais maniéré comme d'ailleurs l'a décrit le film de Milos Formann - Amadeus. Je lui préférais Brahms, Rachmaninov.
J'écoute Arte, sur ce concerto.
Wikipedia:
Et si l'approche de ma libération géographique et professionnelle annonçait une renaissance ?

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Message par Parisette Dim 19 Mar 2023, 19:30

Hello Ours de la Maz
Reconnais-tu ma photo de profil ? Je l'adore, merci pour le partage. Very Happy
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Message par Ours de la MAZ Dim 19 Mar 2023, 19:42

Bien sûr, je n'ai vu que ça.
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Message par Ours de la MAZ Mar 21 Mar 2023, 16:24

Un petit peu de cosmologie quantique, cela ne peut pas faire de mal.
Etes-vous Platonicien ou Epicurien ?
Ou oserait-on se prétendre Hawkinguien ?
"l’Univers est une sorte d’entité auto‐organisée, dans laquelle apparaissent toutes sortes de structures émergentes, les plus générales d’entre elles étant ce que nous appelons les lois de la physique"

Peu importe, voilà une chronique à propos du dernier livre directement inspiré de sa dernière théorie. Profitons en pour faire un peu de brain-washing...

Article complet de Philo-Mag à propos de la dernière théorie de Stephen Hawking et Thomas Hertog  :

PS : je ne lirai pas ce livre, je suis bien trop feignant.... je préfère la sensualité de l'image et de la poésie !
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Message par Ours de la MAZ Jeu 23 Mar 2023, 19:24

Ouvrir un livre, c'est s'aventurer.

Acheté il y a longtemps, j'ai ouvert "Le livre d'El - d'où" de Caroline Sagot Duvuroux.
C'est un livre de deuil.
Je ne comprends que partiellement ce que j'y lis, mais quelle importance ? Ce texte ouvre un monde inaccessible à la raison. Texte sensible, électrisé d'émotion, procédant par rebond, de mot en phrase puis de phrase en mot, de ponctuation en ellipse de celle-ci, il dessine le jaillissement du souvenir, de la pensée et au détour d'un cahot délivre une phrase percutante pour le lecteur tantôt personnelle tantôt universelle.

"Mais toujours l'écriture s'adresse et c'est à. A, c'est El, mort parmi tous les morts. Ce n'importe quel mort fut mon vivant. J'ai dit toi. A, c'est toujours toi. Mais toi contient tous les tu du monde. Ainsi les livres s'adressent à tous que la lecture solitaire rend chacun. Le comme un des mortels, c'est toi."

Ou encore

"Naître, souffrir...et tout le reste ne sont singulier que pendant la vie. La mort et le livre désamarrent de singularité, la vie, rendent aux calendriers les prénoms. C'est pourquoi ne peut s'achever le livre dont nous sommes l'enfance. Mais étrangement  ces péripéties accessoires font la phrase, la bougent en la reliant par coupes. La phrase c'est la vie du livre disparu depuis toujours dans son aventure future. La phrase veut découdre tous les ourlets langagiers de toujours. Le livre de toujours n'existe pas, dieu merci, nous aurions perdu la folle compassion de la lecture."

Et aussi

"il est nu sans aucune chose qui lui appartienne
otage ?
d'un passage
rien ne reste tout fut jeté au vent selon qu'il l'eut fallu
dans le pur espace et la saison de Rilque
chuchotons

où es-tu ? - laisse - où vas-tu ? - je viens à toi parce que tu me pleures - beaucoup te pleurent - j'ai su - je me souviens de l'insatiable - va - une sorcière dit que tu as pléthore dans ta barque - j'ai négligé beaucoup de gens - où vont-ils ? - nulle part - qu'est-ce ? - nous n'avons pas de mots dans ta langue - tu es sans reflet - retourne toi je suis entiers, dissous - tu as connu la fatigue du chagrin - oui mais pas celle du chagrin de toi - y eut-il patience ? - et douleur - tu m'as trahie - je t'ai laissé prendre la mesure de nos solitudes - je m'appuierai contre l'absence et sur l'échelle des poussières j'écrirai le livre d'El pour toi ou tous qui furent celui auprès de qui "
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Message par Ours de la MAZ Sam 25 Mar 2023, 07:33

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 2023-011

Témoignage

Je ne suis pas né pour les plantations à profit
Je ne suis pas né pour les baisers de reptiles
Je ne suis pas né pour les alcools à propagande
Je ne suis pas né pour fabriquer la Mort
Je ne suis pas né pour les citadelles de sable
Des jungles asiatiques aux rives du Niger
Je ne suis pas né pour meubler les cirques à Nègres
Je ne suis pas né pour le salut automatique
O cet appel qui me vient du ciel
La sombre caravane du désespoir en fuite
Et voici que l'aile humide de la Victoire
Frôle en tournoyant mon cœur attentif
Je suis né fort du ventre des tempêtes marines
Je suis né pour briser à coups de pierres dures
La carapace tenace de nos faux paradis
Hurler dans le ciel rouge l'impatience africaine
Caresser le bronze mouvant des Négresses
Et vivre vivre l'anxiété des soirs de Liberté.

***

David Diop (1927-1960) - Coups de pilon (Présence Africaine)
par Beauty will save the world - FB



"Je suis né fort du ventre des tempêtes marines"
Et si nos plaintes perpétuelles n'étaient dues qu'au quotidien où cette certitude intime ne se réalise pas. Haut potentiel, certes ; c'est le potentiel qui pose problème pas le haut. Le haut nous le savons depuis l'âge de savoir, quand bien même nous nous opposons, cachons, combattons....
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Message par Ours de la MAZ Lun 27 Mar 2023, 19:04

Cristina Hermeziu – Que font les gens...


que font les gens
ensemble
quand personne ne voit
avec les yeux
de l'autre

quand personne ne parle
avec la bouche
de l'autre

que font les gens
ensemble
quand personne ne tremble
avec la peau
de l'autre

quand personne ne saigne
avec le sang
de l'autre

que font les gens
ensemble
quand personne ne crie
avec le cri
de l'autre

quand personne ne se rappelle
les souvenirs
de l'autre

que font les gens
ensemble
quand personne ne vieillit
dans la chair
de l'autre

***

Cristina Hermeziu - Între timp îti vezi de viata ta (Junimea/Cuvinte migratoare, 2020) - Traduit du roumain par Radu Bata.
Repris de Beauty will Save The World
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Message par Ours de la MAZ Mar 28 Mar 2023, 12:27

Ce matin,
Au travail.
Solitude physique, solitude sociale.
Down.

"Il faut être deux pour danser le tango".
Moi, j'sais pas danser.
Et même quand j'me lance sur la piste, je suis à contre-temps.
J'en ai tant dans la tête des temps, que mes pieds s'en mélangent.

Il y a longtemps, j'avais presqu'oublié.
Le down, c'est quand on revient sur terre après...
Moi, je n'ai pas besoin de psychotropes.
J'en produis tout seul dans ma tête.

C'était toujours après une rencontre.
Le lendemain ou le surlendemain.
Courbatures de l'affect.
Peut-être est-ce de revenir ici ?

Tant de moments partagées
Tant d'amour éprouvé
Tant de communauté
Idée temps mot corps cris joie envie...

Peut-être cette manageuse
Récemment arrivée,
Dont la fille adolescente
Est aspie et la mère...

Peut-être cette professionnelle
Rentrée en Espagne pour se faire opérer
Que je fréquente de temps à autres,
Et qui vibre sous mes mains

Peut-être cette "hôtesse de caisse" qui se croit caissière
Dont la voix chante comme des tubullar bells
Quand sa sœur bachote son troisième doctorat
Relation instantanée, intense et fugace le temps d'un ticket

.....

Alors j'aligne des mots
Que je strophe en texte
Qui se voudrait poétique
Comme une pudeur qui n'est plus.

Et je fuis,
Demain je me ferai une digue, demain la mer du Nord
Demain cela ira mieux, demain je serai amoureux
Demain des mains se poseront, demain nous regarderons.

Et nous n'aurons plus peur.
Et nous n'aurons plus froid.

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 2023-013

«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard - Page 10 2023-012

webcams des dunes de Flandres
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Message par Ours de la MAZ Sam 01 Avr 2023, 10:31

"Quand on se déteste, c'est super d'avoir quelqu'un qui vous dit que vous êtes formidable"
"Je ne sais pas pourquoi je fais cela, j'accepte de plus en plus de clients"
"Et je m'enfonce toujours davantage, au fond du trou"

Bonnie, travailleuse du sexe, évoque son rapport à ce métier.

« Bonnie and The Thousand Men », un documentaire à retrouver sur arte.tv 🔗

#ARTEdocu

https://static-cdn.arte.tv/fr/videos/111041-000-A/bonnie-and-the-thousand-men/

Quand votre père et votre belle-mère vous ont répété : que vous n'auriez pas dû naître, que votre mère et grand-mère étaient au mieux des "dérangées" au pire des catins, que vous étiez responsable de la mort de votre mère ; quand ceux face à qui vous auriez pu vous construire ont préféré vous abandonner moins de 5 ans après le décès, quand ils ont privilégié à leurs responsabilités parentales leur situation et leur nouvelle vie de famille, quand votre adolescence a été confinée sans famille-racine à moins de 1 000 km (et des prétendus parents à plus de 10 heures d'avion) dans un internat religieux "home d'enfants", quand vos "vacances d'été" ont été vécues isolé dans un hameau du centre de la France ; quand l'adolescence est une succession d'humiliations quant à votre existence même, quand on vous a nié par insultes et vexations le fait d'être un garçon ; quand cet internat n’accueillait que des garçons jusqu'au Bac et que le viol vous a initié à l'intimité de l'autre, quand la proximité d'un homme signifie brutalité, violence et coups et quand l'ancrage inconscient de cette impossibilité d'être un homme vous isole des femmes ; quand vous avez cru aux fadaises religieuses du pardon, quand on rencontre une femme "madone" dont on attend tout y compris d'être sauvé, quand on doit s'en séparer pour survivre, ...

Alors oui, on se déteste. On a fait comme on doit faire, on a baisé comme on doit baiser, on a relationné comme on doit relationner, on a éduqué comme on doit éduquer (ou presque)... mais la porte est fermée.
Elle est fermée, elle reste fermée comme un coffre, comme un container. Pourtant, certains jours, ça fuit...
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Message par Ours de la MAZ Sam 01 Avr 2023, 19:27

Je suis remonté sur mon fil, un peu.
Je m'aperçois que je ressasse toujours la même chose. C'est déplaisant.
A force de ressasser, les souvenirs et meurtrissures deviennent de moins en moins douloureux, certes. Mais c'est lassant.
Pourtant, d'année en année, j'ai l'impression de mieux comprendre ou tout au moins j'échafaude un meilleur système de causalité pour accepter mon histoire.

J'espère que je pourrais aller au bout de ces énigmes.
Comment ne suis-je pas devenu fou ?

Je voudrais être en vacances de tout cela.
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Message par Ours de la MAZ Mar 11 Avr 2023, 14:14

Un article lu dans Le Grand Continent ( https://legrandcontinent.eu/fr/ ) : un interview "impossible" d'Italo Calvino et du dernier empereur aztèque, Moctezuma II. Diffusée sur la RAI en septembre 1974....
De multiples pistes de réflexion. Je peine à croire que ce texte a près de 50 ans, un demi-siècle et bigrement contemporain !

(Et moi à 64 ans, destinataire de cette question : "C’est ainsi que tu regardes ton carnage aujourd’hui, homme blanc ?")



Calvino et Moctezuma : dialogue de fin des temps
En donnant la parole au dernier empereur aztèque, Moctezuma II, Italo Calvino livre une réflexion profonde, drôle et surprenante sur la concurrence des histoires et des temps. .../... A lire en attendant l’ère du serpent à plumes.
Dialogue:


Dernière édition par Ours de la MAZ le Jeu 13 Avr 2023, 17:45, édité 1 fois
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Message par Ours de la MAZ Jeu 13 Avr 2023, 17:39

Reprise des publications de BEAUTY WILL SAVE THE WORLD


Julio Cortázar – Le futur


Et je sais très bien que tu n'y seras pas.
Tu ne seras pas dans la rue, dans le murmure qui jaillit la nuit
des réverbères, ni dans le geste
de choisir le menu, ni dans le sourire
qui soulage les métros complets,
ni dans les livres prêtés ni dans les mots à demain.

Tu ne seras pas dans mes rêves,
ni dans le destin original de mes mots,
ni dans un chiffre téléphonique
ou la couleur d'une paire de gants ou d'une blouse.
Je me fâcherai, mon amour, non pas à cause de toi,
et j'achèterai des bonbons mais pas pour toi,
je serai debout au coin d'une rue où tu ne viendras pas,
et je dirai les mots qui se disent
et je mangerai les choses qui se mangent
et je rêverai les rêves qui se rêvent
et je sais très bien que tu n'y seras pas,
ni ici dedans, la prison où encore je te retiens,
ni là dehors, ce fleuve de rues et de ponts.

Tu ne seras pas du tout, tu ne seras même pas un souvenir,
et si je pense à toi, je penserai une pensée
qui obscurément essaye de t'évoquer.

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Message par Ours de la MAZ Jeu 13 Avr 2023, 17:44

Certainement publié mille fois
Ce sera donc mille et une fois...



Paroles:
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Message par Ours de la MAZ Sam 15 Avr 2023, 18:16

Reprise des publications de BEAUTY WILL SAVE THE WORLD

Alberto Moravia – Questions

Suis-je en train de me retirer
de la vie
ou suis-je en train d'y entrer ?
Et qu'est-ce que vivre ?
C'est rester seul
toujours
et être connu
de millions de personnes
ou être entouré
et ignoré
de tout le monde ?
C'est la vulgarité
de l'intelligence
ou bien l'élégance
de la stupidité ?
J'ai aimé la raison
mais j'ai découvert
qu'elle n'avait pas de mamelles
de sorte qu'on ne peut
rien
téter.
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