Pathologie de la différence irréductible

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Message par Fata Morgana Lun 26 Aoû 2013, 09:36

Quand très très jeune j'ai découvert le monde, je me souviens avoir découvert son extrême rugosité: pourquoi ne se pliait-il pas à mes envies légitimes ?
(J'ai parlé non seulement très jeune, mais de surcroit "comme un livre" d'après le témoignage de proches.)

  Tout alors contrariait mes plus simples élans, la pesanteur, la gravité, la brusquerie des relations humaines, la violence verbale de la maîtresse à la maternelle, l'obscurité des lieux fermés, l'autorité, le bruit, les températures, mon propre corps. J'étais si prude que je ne supportais que mal de faire mes besoins. Tout contrariait "ma féérie"...
Dans mes songeries alors je tentais d'imaginer un monde parfait, où délesté de mes entrâves je pourrais laisser libre court à mes talents de thaumaturge. Je rêvais d'Afrique des heures durant penché sur mes livres d'animaux évaluant la vélocité d'untel, la puissance carnassière de tel autre. Je désirais plus que tout connaître la détente: pouvoir m'assoir dans l'herbe et simplement goûter la douceur de l'instant. Je n'arrivais pas à comprendre la rudesse environnante, pourquoi tant de dysharmonies, de heurts, de climats oppressants et crépusculaires. Je rougissais pour un rien, heurté par les propos prosaïques, heurté par les rires qui s'élevaient parfois, le monde m'apparaissait comme l'antre d''une brute terre à terre qui piétinait ma sensibilité et m'écorchait l'âme. Je n'éprouvais que des émotions ravageuses, des ondes en dents de scie. Je ne voyais finalement d'amour et de tendresse nulle part, seulement des relations à visées pratiques et quelque chose comme de la malice qui semblait fort amuser les gens. J'étais là comme un elfe déchu, horrifié par la violence des choses, replié sur la nostalgie incompréhensible d'un éden égaré.

  Parfois cependant, alors que j'étais seul comme à mon habitude, je me me concentrais sur un jeu de construction et élaborais des vaisseaux spaciaux sans le moindre égard pour les modèles fournis avec le jeu en question. Mes vaisseaux semblaient être des nefs raffinées et élancées, presque des minarets, profilés et filiformes, qui traversaient l'air sans même le toucher. Manifestation plus ou moins consciente d'un désir de fluidité, d'être un sujet sans corps. Ces longs moments hors du temps, ces heures sans heurts me voyaient perdu dans des étoiles éclairant des mondes merveilleux où tout n'était qu'harmonie, danses et ris. Je goûtais enfin "Mon" monde, oubliant tout, rechignant à m'interrompre pour aller dormir. Cette harmonie reposait sur un équilibre dont je ne percevais pas les ressorts et elle se rompait tout à coup comme une bulle qui éclate, sans raison, et recommençait alors la litanie infinie d'un ennui sans fond.
L'ennui était une seconde nature, seule la douleur m'en distrayait. La douleur d'être si autre dans un monde si indifférent, si elfique dans un monde de prédateurs à la présence lourde, contraignante, sadique.
Au printemps je rêvais de courir nu dans les prés de la montagne sans comprendre la nécessité du port de vêtements, épris d'une entière et innocente liberté. J'écrivais à six ans des poèmes à la fois champêtres et surréalistes. Les pièces de mon jeu de construction devinrent peu à peu les mots.

  Au quotidien tout me semblait embu de teintes sombres et menaçantes. Les pièces baignaient dans un clair-obscur sans joie et j'éprouvais un profond malaise, sans doute comparable à celui d'un émigré du sud échoué dans un taudis du nord. Je ne me trouvais aucun point commun avec mon entourage, je cherchais avec désespoir des sources d'émerveillement, mais la grossièreté du quotidien ridiculisait mes si grands idéaux de paix, de joie, d'harmonie et de liberté.
  La maternelle était un cauchemar. Le chahut agressif des écoliers et l'autorité inflexible de la maîtresse me terrifiaient. Je ne voyais pas de raison de perdre mon temps dans un milieu aussi blessant alors que je portais en moi des rêves autrement plus lumineux, plus élevés. Mes rêves de mondes meilleurs se brisaient sur un quotidien brutal et j'en éprouvais une profonde humiliation. Les propos des enfants de mon âge manifestaient assez l'incompatibilité désespérante entre ce que j'aimais, et leurs passions. Tout me semblait être englué dans la fange. Parfois, je piquais de telles colères que je me tapais de toutes mes forces la tête sur le carrelage de la pièce. Un peu plus avancé en âge je montrais les signes clairs d'une hyperactivité incontrolable accompagnée d'insomnies. On me prescrivit des médicaments dès mes quatre ans.
Le monde n'était pas fait pour moi ni moi pour le monde. En toute logique cet état de fait aboutit à une dépression "infantile" qui dura cinquante deux ans.

  Je me souviens encore de l'angoisse qui se saisit de moi durant certaines leçons d'histoire où la cruauté des hommes me sidéra: je ne voulais qu'une chose: fuir cette horreur ! Comment pouvait-on se comporter de la sorte ? De là naquit une haine féroce de l'histoire et une méfiance immense à l'égard de l'humanité. (Je me souviens que je me disais alors: " Comment peuvent-ils ne pas comprendre ce qu'ils font à ce point là ?) Mon empathie spontanée m'identifiait à toutes les victimes de l'histoire... Aujourd'hui encore ces souvenirs gènent mon endormissement.

  Je me souviens aussi encore d'un cauchemar que je fis dans un centre médicalisé à un âge où je portais encore des couches: j'étais dans un grand lit situé au centre d'une salle glacée toute de marbre noire, absolument seul, abandonné au fond d'un caveau gigantesque et ténébreux.

  Précocément mes désirs de pureté, de légèreté, d"insouciance, d'innocence qui se heurtaient à la brutale réalité des jours, se transformèrent en une révolte sauvage et jusqu'au boutiste.
Jamais je ne fus comme les autres, et plus jamais je ne le serai, je le savais.
A douze ans je connus en face l'absurde atroce. Je fus ainsi initié aux terreurs métaphysiques à un âge où les autres jouent aux cow-boys et aux indiens.
J'étais différent en tout, et j'allais devoir réussir le défi le plus difficile: parvenir à la fin de ma vie sans me suicider.
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Message par L_easy_life Sam 31 Aoû 2013, 18:17

ton texte est magnifique, je ne comprends pas pkoi soneper ne l'a drapallé !!

je suis plus axée sur la fange pour ma part, enfin, une fange comme s' y intéresse Hubert Selby Jr ou William Burroughs, mais on est d'accords ; pas la médiocrité .

(et +1 pour être dégouté par ses besoins, je rêvais moi aussi qu'il n' y ait pas d'accouchements, pas d'urine, je détestais les gens gras, je détestais le superflu, merde !! faire pipi ou popo c'est totalement accessoire lorsqu' on a un combat à mort pour sauver une fougueuse prisonnière (jétais très mythes LOL))
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Message par Fata Morgana Sam 31 Aoû 2013, 18:28

Nan ! Une réaction ! Shocked 
Merci beaucoup !
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Message par Boitachat Sam 31 Aoû 2013, 20:09

En effet, c'est toujours un déchirement de devoir quitter le monde que l'on s'est construit pour revenir dans un monde agressif qui ne sait pas vraiment s'il veut de nous. Que dire également de la conscience morbide qui naît prématurément ?

Grandir est une longue et lente déception. Mais rien n'y fait. Impossible de se résoudre, de se plier à la terrifiante banalité du monde des adultes. Le beau disparaît de leur vie alors qu'il devrait en être le moteur. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent.

Merci pour ce texte.
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Message par Invité Sam 31 Aoû 2013, 20:39

Bonjour Fata Morgana,

Rien d'intéressant ni d'intelligent à dire sinon que ton sujet fait en moi un écho... impossible à qualifier...

L'école, la rentrée, tous ces abominables lieux collectifs. Crying or Very sad 
La maîtresse, pire encore l'infirmière scolaire... d'une indélicatesse rare.
La sensation d'être totalement perdue dans un milieu froid, hostile...
Et ce satané secours qui n'arrive pas.

Les bruits dans les couloirs. Les menaces si l'on n'était pas sage.

Il en aura fallu du courage aux enfants hypersensibles que nous avons été pour traverser toutes ces épreuves terrifiantes.
Mes souvenirs de cette période de ma vie me font apprécier comme jamais ma 50aine toute récente.

Merci, merci infiniment pour ces superbes lignes.
Avec toute ma sympathie.
Sincèrement.

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Message par OCB Dim 01 Sep 2013, 09:17

Je pensais avoir répondu. Très beau texte. As-tu pensé à être publié ?
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Message par Fata Morgana Dim 01 Sep 2013, 09:58

Oui forcément j'y ai pensé, mais l'impossibilité d'ordonner des montagnes de textes m'a toujours bloqué. Cela dit la question n'était pas je l'avoue d'écrire pour la beauté du geste, mais de coller à quelques uns des ressentis éprouvés enfant, de surcroît dans le contexte d'une vie de famille extrêmement dure.
Merci pour vos réactions en tout cas. Je commençais à penser avoir fait une grosse bétise en affichant ça ici. Vos coms me rassurent sur ce point !
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Message par Invité Dim 01 Sep 2013, 10:02

Fata Morgana a écrit:Merci pour vos réactions en tout cas. Je commençais à penser avoir fait une grosse bétise en affichant ça ici. Vos coms me rassurent sur ce point !
Avoir la patience d'attendre que le fil soit "vu" n'est pas chose aisée.
J'ai tendance à le vivre comme un désamour de plus.

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Message par Invité Dim 01 Sep 2013, 10:07

Ton texte me parle, bien que je n'aie pas vécu cela avec cette intensité ni cette précocité. Il me parle assez pour que je puisse subodorer un sentiment du même ordre, mais sous-proportionné, en comparaison.

Peut-être pour avoir fait beaucoup plus tard l'expérience de l'agression personnelle par le monde absurde-atroce.

Mais la conclusion a été la même.

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Message par Fata Morgana Dim 01 Sep 2013, 10:11

Merci fusain, en général je crains la rigueur de tes interventions ! Laughing 
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Message par Invité Dim 01 Sep 2013, 10:17

Lol.

Par rapport à ta vision de l'humanité:
Spoiler:

ou bien ?

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Message par Fata Morgana Dim 01 Sep 2013, 10:57

Ben oui hein ! Sans le moindre doute !
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Message par krapopithèque Dim 01 Sep 2013, 11:15

mea culpa:

Surtout ne te retiens pas de t'exprimer , Courbette 
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Message par Fata Morgana Dim 01 Sep 2013, 11:26

lol... krapopithèque, je ne suis PAS ton ennemi ! Amis 
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Message par OCB Dim 01 Sep 2013, 11:55

Il est tellement bouleversant que je n'ai pas osé non plus le commenter.

Tellement vrai, le texte se suffit à lui-même. Avec cette touche dramatique de la fin qui nous renvoie au même raisonnement. Il faudrait que j'écrive longuement pour pouvoir dire tout ce qu'il m'amène à penser.
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Message par Fata Morgana Dim 01 Sep 2013, 12:14

Embarassed 
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Message par Ise Dim 01 Sep 2013, 14:21

Bonjour Fata,
Tous ces mots que tu as réussi à poser sur ta vie passée, c'est je crois une réussite. Dis-moi si je me trompe mais je pense que tu as fait un énorme travail sur toi pour arriver aujourd'hui à VOIR tout cela, que tu ressentais et vivais, solitaire, et ne comprenant pas pourquoi aucun autre humain ne semblait en vivre - et donc en comprendre - la moindre miette...
Quelle souffrance
Maintenant tu sais qu'il y en a d'autres. Il reste que chacun est seul pour affronter sa propre vie.
Ce long message m'interpelle parce qu'il correspond à ce que j'ai pu lire de la réalité intérieure de surdoués. Je fais partie de ce monde depuis un an, et au bout de ce temps je n'ai pas encore pris conscience de tout cela. Il me reste un long chemin à parcourir... La solitude est ce qui me frappe le plus. Je me suffisais à moi-même et mon comportement induisait probablement ce que j'interprétais comme du rejet.
La réaction de "l'easy" me fait prendre conscience aujourd'hui de mon mal-être face aux odeurs corporelles, y compris lors de l'acte d'amour.
A suivre
Je te remercie pour ce message qui vient du plus profond de toi, et m'ouvre les yeux
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Message par haku" Dim 01 Sep 2013, 16:46

I love you 
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Message par Daiky Dim 01 Sep 2013, 17:17

Ton texte est vraiment très beau et je pense qu'il trouve une certaine résonance chez plusieurs personnes, ici. En tout cas, pour moi oui. J'en retiendrais un passage particulier :

Fata Morgana a écrit:[justify]Je me souviens encore de l'angoisse qui se saisit de moi durant certaines leçons d'histoire où la cruauté des hommes me sidéra: je ne voulais qu'une chose: fuir cette horreur ! Comment pouvait-on se comporter de la sorte ? De là naquit une haine féroce de l'histoire et une méfiance immense à l'égard de l'humanité. (Je me souviens que je me disais alors: " Comment peuvent-ils ne pas comprendre ce qu'ils font à ce point là ?) Mon empathie spontanée m'identifiait à toutes les victimes de l'histoire... Aujourd'hui encore ces souvenirs gènent mon endormissement.
Parce qu'il m'a profondément bouleversé. J'étais pareille quand j'étais petite. Je ne comprenais pas ces guerres, cette violence, cette bêtise humaine. Je crois que j'ai réussi à m'en détacher peu à peu, lorsque j'ai réalisé que tout mes efforts n'y changeraient rien... Aujourd'hui encore, je ne comprends pas, mais y accorder trop d'importance c'est se détruire à petit feu. On ne peut pas porter les misères du monde sur ses épaules. Je crois que c'est pour cela que je suis très intéressé par la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui s'y est déroulé est... indescriptible. Et impensable pour moi. Incompréhensible.

Merci d'avoir écrit ce texte.
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Message par Fata Morgana Dim 01 Sep 2013, 17:26

Dis-moi si je me trompe mais je pense que tu as fait un énorme travail sur toi pour arriver aujourd'hui à VOIR tout cela
Je ne me souviens pas d'un jour où je me suis dit: Je vais travailler sur moi. La vie a fait ça pour moi. Je viens d'une grande marginalité et d'une grande inculture. C'est encore pour moi aujourd'hui une fierté de pouvoir communiquer avec des personnes intelligentes et cultivées ! J'ai commencé à me cultiver à l'âge adulte, en ayant largement squizzé l'école pour des tas de raisons. On était sûr de me trouver dans un bar à l'heure des cours...Du coup ma culture n'a pas hérité de ce dont l'école nous fait habituellement hériter. C'est peut-être pour cela que n'ayant aucun préjugé, je me suis tourné vers une culture, au regard de la société plutôt, disons, alternative. L'idée que je puisse un jour être considéré comme intelligent est très récente. Plus jeune, j'ai été un voyou agressif, sans cervelle, sans scrupules et auto-destructeur. Rien n'aurait pu laisser penser que je deviendrai celui que je suis devenu, et surout que je puisse un jour communiquer avec des surdoués ! Very Happy 
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Message par Ise Dim 01 Sep 2013, 19:39

Alors je te tire ma révérence. En effet j'ai eu besoin d'aide pour décoincer ma vision négative de moi : je refusais d'en avoir une bonne. Tous mes efforts allaient vers la soumission et l'envie de me fondre dans mon environnement. Je m'en voulais pour tout ce qui tournait mal. Elève effacée, avec un regard désapprobateur ou des remarques "déplacées" tout au plus !
Me suis toujours entendue avec les bizarres, pas avec les "normaux"
Autre chose : je rejoins Dalky et sa citation de toi. J'ai rejeté toute lecture du genre "Un sac de billes", "Le journal d'Anne Franck" dont m'abreuvait ma mère. D'où un côté fleur bleue que j'ai encore !
Je suis comme toi toute étonnée de communiquer avec des surdoués et me surprends à oser être d'un avis différent de certains ! Que je me garde.
Je lis que tu parles de culture, le vernis par lequel certains brillent lorsqu'ils ouvrent le bec. Bof. Je découvre depuis peu que certains l'ouvrent grand, pour asséner des choses fausses !!! Alors les paroles que je préfère sont celles de la vérité de chacun. Le reste, les idées, les opinions, les avis, je les laisse de côté car
- et d'un je ne m'octroie que rarement des avis tranchés, persuadée que rien n'est tout blanc ou tout noir (c'est d'ailleurs un moyen de développer une conversation que d'envisager toutes les facettes d'un sujet !)
- et de deux j'ai trop entendu d'avis nets contredits peu après par les mêmes personnes !!!
Sur ce je reste "à l'écoute"
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Message par Invité Mar 03 Sep 2013, 19:20

Différence irréductible : quelle belle expression, si précise, mathématique et si sensible aussi.

Nous sommes irréductiblement différents, comme chacun sur terre au sens où chacun est un individu, même si la notion d'individu est un peu différente selon les régions du monde.
Et pourtant, cette irréductibilité domine notre vie. Nous n'avons que peu de, très peu de chose en commun avec la société dont secrètement nous désirions, et désirons peut-être encore, la reconnaissance.

Fata Morgana a écrit:.../...je portais en moi des rêves autrement plus lumineux, plus élevés. Mes rêves de mondes meilleurs se brisaient sur un quotidien brutal et j'en éprouvais une profonde humiliation. Les propos des enfants de mon âge manifestaient assez l'incompatibilité désespérante entre ce que j'aimais, et leurs passions. Tout me semblait être englué dans la fange.../...
Dans chaque témoignage que nous lisons ici, nous retrouvons quelques traits communs. Dans cette citation par exemple, rien n'est à ajouter, rien n'est à enlever si je cherche à me l'appliquer. Mais au fond, nous savons que même entre nous, nous sommes irréductiblement différents et que la seule vraie compagne ou compagnon, c'est la solitude.

Je refuse de m'y résoudre. J'en suis encore au stade où ce serait une défaite, j'en suis encore au stade où je ne peux exprimer ce qui est moi, mode de vie, intérêt, ... Alors je refuse, bien que je sache que c'est elle qui au final gagnera. Tant que je peux encore, j'essaie d'offrir et de partager de la vie, de l'affection, des lieux et des méthodes pour tenter de s'assumer. Futile fétichisme, illusion communautaire, puérile pirouette au bord du précipice vital.

Mes amies les plus intimes, celles qui m'ont recueilli, dévoilé, libéré, conseillé, et mes amis aussi sont loin et s'éloignent chaque jour ; comme je le fais. Notre vie est un big-bang. Je crois bien que nous sommes nombreux à regretter d'être des poussières d'étoiles. Quoique, dans cette image, il y aurait enfin une certaine cohérence.

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Merci de tes témoignages.

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Message par Fata Morgana Mar 03 Sep 2013, 19:34

Nous mettons chacun une définition qui nous est propre sous le mot solitude. Alors je me plais à penser qu'elle n'est due qu'à une acuité intense de la sensation de soi qui a un relief beaucoup plus marqué que celle que nous éprouvons envers ce et ceux qui est et sont extérieurs à nous.
J'ai souvent la sensation que ma pensée parle très fort, à haut volume et fixe ainsi mon attention bien plus que le reste. Cela se traduit entre autres phénomènes par le fait symptomatique que je sursaute souvent, comme tiré brutalement d'un état de fascination ébrieux.


Dernière édition par Fata Morgana le Mar 03 Sep 2013, 19:49, édité 1 fois (Raison : faute)
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Message par Invité Mar 03 Sep 2013, 19:42

Fata Morgana a écrit:Nous mettons chacun une définition qui nous est propre sous le mot solitude. Alors je me plais à penser qu'elle n'est due qu'à une acuité intense de la sensation de soi qui a un relief beaucoup plus marqué que celle que nous éprouvons envers de ce et ceux qui est et sont extérieurs à nous.
Ressenti comme très exact.
Effectivement.

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Message par Invité Mar 03 Sep 2013, 19:43

Fata Morgana a écrit:une acuité intense de la sensation de soi
Fata Morgana,

je jalouse cette formulation, dont la concision me va droit à l'âme, jusqu'au vertige.

Ma signature n'apparaît pas encore au bas de mes messages.
J'aimerais, si tu le permets, utiliser tes mots... (en te citant bien évidemment comme auteur).
Je serai flattée si tu l'acceptes.
Pas du tout fâchée si tu le refuses pour des raisons qui t'appartiendront... et que je respecterai.


Dernière édition par Fabuliotte le Mar 03 Sep 2013, 19:47, édité 1 fois

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Message par Fata Morgana Mar 03 Sep 2013, 19:47

Fais donc. Mon sens de la propriété privée ne va pas jusque là. Very Happy 
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Message par Invité Mar 03 Sep 2013, 19:48

Fata Morgana a écrit:Fais donc. Mon sens de la propriété privée ne va pas jusque là. Very Happy 
Mon sens du respect, si !
Merci beaucoup cher Monsieur.

Courbette 

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Message par Ise Mer 04 Sep 2013, 09:26

Ours a écrit : "Mais au fond, nous savons que même entre nous, nous sommes irréductiblement différents et que la seule vraie compagne ou compagnon, c'est la solitude.
Je refuse de m'y résoudre. J'en suis encore au stade où ce serait une défaite"

C'est tout à fait ça... Sentiment complètement partagé... Me sens une poussière d'étoile qui s'éloigne du big bang et des autres poussières.
Quant au refus de s'y résoudre... Je pense que c'est une formulation ancienne, qui correspond à avant cette prise de conscience. Conscience aidant l'acception se fait. Notre solitude grandit quotidiennement.
Toutefois à mon sens la vie de chacun ne s'en trouve pas appauvrie. De même que l'étude de chercheurs s'oriente vers l'infiniment grand de même pour d'autres c'est l'infiniment petit. A chaque poussière de découvrir sa richesse intérieure infinie.
Il s'agit de voir différemment, d'orienter notre regard ailleurs. La connaissance que nous engrangerons nous fera resplendir comme une nouvelle étoile !
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Message par Invité Mer 04 Sep 2013, 09:58

Conscience, connaissance, intense acuité de la sensation de soi, richesse intérieure infinie, certes !
Toutes choses dont nous avons été empêché, interdit, bâillonné.
Nous étions tabou à nous mêmes.
Mais le corollaire de cette libération est-il l'aveuglement à l'intime de l'autre... ?
A moins que je fasse un contre sens !
Peut-être là, la différence, la capacité de sentir, comprendre, intuiter, deviner l'échec de la rencontre avant même qu'elle ne se réalise, justement parce que nous ne sommes pas aveugles à l'autre mais trop et trop mal clairvoyant.

Assumer cette différence consisterait alors à l'admettre, à l'assumer et par là à accepter d'abaisser le niveau de conscience de la rencontre pour la rendre viable.
Est-ce viable : zèbre avec nous mêmes et marin avec l'autre, accepter l'inconnu, la houle, la déferlante, la lame traitresse... marin ou prisonnier, prisonnier d'une réalité que nous ne pouvons maitriser, englober, comprendre (au sens de prendre avec nous), après tout ce sont aussi des rayures ?
Sensation d'un sacrifice, encore un de plus, encore une amputation de son soi !
Sensation de fadeur !
Antithèse de l'espérance !
Opposition à la vie.

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Message par Fata Morgana Mer 04 Sep 2013, 10:03

Notre solitude n'est pas absolue: elle repose que le fait que nous ne pouvons souvent pas échanger A NOTRE NIVEAU. Dans ce sens, le scientifique spécialisé par exemple (ou le mystique pourquoi pas) est dans une position similaire à la nôtre.
Cependant le cours central des choses, nous l'avons bien en commun avec tous les autres, sans quoi nous serions fous, et non pas intelligents...C'est un peu l'image que je m'en fait: la maîtresse de maternelle au milieu de la cour de récréation.
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Message par Invité Mer 04 Sep 2013, 10:12

Ton image du chercheur ou du mystique, très éclairant.
Eux aussi partagent "le cours central des choses".

Comment assument-ils cet écart ?

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Message par Invité Mer 04 Sep 2013, 10:19

Ours a écrit:Assumer cette différence consisterait alors à l'admettre, à l'assumer et par là à accepter d'abaisser le niveau de conscience de la rencontre pour la rendre viable.
Il n'y a pour moi aucun lien entre admettre/assumer et abaisser le niveau de conscience d'une relation.
Bien au contraire.

J'admets et j'assume ma différence.
Abaisser quoi que ce soit me mènerait assurément à la maladie.
Je le sais, pour l'avoir expérimenté maintes fois.

Tout ce que je puis faire est de conserver mon niveau de conscience et d'accepter "une" rencontre, c'est-à-dire "une forme" de rencontre, que je sais être restreinte.

Je te rejoins Fata Morgana...

Toute rencontre pleine et entière ne s'envisage, pour moi, qu'avec un niveau de conscience aigü.
Précisément parce que je suis ce que je suis.

Se persuader du contraire est au mieux un leurre, au pire un suicide dans des conditions terriblement douloureuses...

Ours a écrit:
Et pourtant, cette irréductibilité domine notre vie. Nous n'avons que peu de, très peu de chose en commun avec la société dont secrètement nous désirions, et désirons peut-être encore, la reconnaissance.
J'ai l'impression de me répéter, de fil en fil... et de dire des banalités...
Mais j'ai vraiment renoncé à cette demande de reconnaissance.

Sans ostentation parce que je ne suis pas toujours sûre d'en avoir les moyens, j'assume ma différence.
Je "sais". Tandis que l'autre "ne sait pas".
A différents niveaux (intuition, conscience, analyse, vision d'ensemble) j'ai, nous avons une, voire plusieurs longueurs d'avance.
Mes tests, chiffrés, sont la reconnaissance dont j'avais besoin. Même entachée d'ambiguïté, elle me suffit.

A partir de là, je me donne une position plus juste qui n'est ni dans l'écrasement, ni dans le renoncement.
Et j'accepte, surtout, de payer le prix de l'inconfort que cela peut générer chez l'autre, donc chez moi...

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Message par Harpo Mer 04 Sep 2013, 10:49

Fata parle de pathologie à juste titre il me semble. Dans le sens : tout ce qui a fait que cette différence irréductible, ressentie normalement par chacun mais à des intensités très diverses (je suis très loin de ce qu'écrit Fata, ainsi que mon expérience, mais je le ressens intensément) a contribué à ce que nous nous débrouillons comme nous pouvions pour nous construire. Systèmes de défense, repli sur soi, problèmes d'identité, de confiance en soi, ...

La prise de conscience que nous sommes uniques et différents est fondamentale. En toute logique, l'autre l'est donc tout autant. Nous sommes seuls, mais avons besoin de vivre avec les autres, autres qui sont tout aussi seuls, etc. Le tout formant une société. Parler d'aveuglement à l'intimité de l'autre ne me semble pas le bon terme : il n'y a que des tentatives plus ou moins vaines de comprendre cette intimité (qui n'est d'ailleurs déjà pas très bien comprise pour soi). Je préfère à comprendre l'intimité, accepter cette intimité différente, qu'elle le soit justement différente.

Il devient alors possible de communiquer, de trouver ceux qui nous font du bien, avec qui nous pouvons être nous même, qui ne viennent pas empiéter notre solitude "ontologique" (désolé pour le terme, Fabuliotte Wink), mais nous proposer un échange fécond et serein.

Il me semble que malgré sa différence irréductible "pathologique", Fata a quand même réussi à se construire un nid douillet, une famille...


Dernière édition par Harpo le Mer 04 Sep 2013, 11:21, édité 2 fois
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Message par Ise Mer 04 Sep 2013, 10:51

Ours a écrit : "Mais le corollaire de cette libération est-il l'aveuglement à l'intime de l'autre... ?"
Mon intime conviction est qu'il est difficile voire impossibles pour tout un chacun de se connaître. Par conséquent toute tentative de comprendre l'autre est vouée elle aussi à l'échec. Au fond que demande-t-il ? Juste de l'écoute. Ou en plus abonder dans son sens, ce qui à on avis ne l'aide pas au contraire.
Je rejoins donc Fabuliotte : la communication est faussée d'entrée. Pourquoi pas échanger ? Comprendre que notre ultra-sensibilité et notre pensée en arborescence ne seront pas compris donc pris en compte dans l'échange est notre lot. Mais nous pouvons trouver notre compte dans la qualité de coeur, ou la connaissance approfondie d'un sujet que nous ne connaissions pas.
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Message par Fata Morgana Mer 04 Sep 2013, 10:57

Ours a écrit:Ton image du chercheur ou du mystique, très éclairant.
Eux aussi partagent "le cours central des choses".

Comment assument-ils cet écart ?
En faisant la part des choses ?

J'étais (l'imparfait importe) très énervé quand une personne se levait au milieu d'une discussion et rompait en disant "Tu m'embrouilles, je suis fatiguée" et que par conséquent je me retrouvais avec ma démonstration et mes réponses (si évidentes n'est-ce pas ?) sur les bras. Je vivais cela comme une censure ! Un rejet.
Maintenant, je ne juge plus, je mesure. Je cherche chez mon interlocuteur les signes de lassitude et quand je les vois apparaître, je mets moi-même un terme à l'échange par une pirouette qui satisfera tout monde. je voulais dire 100, je n'ai pu dire que 25. Ce qui reste, je le médite par devers moi, ou je l'écris. Si ma fille est surdouée testée et homologuée, ce n'est pas le cas de mon épouse. Mais le happy end se situe je le vois bien non pas dans le fait que j'ai réussi à étaler tous mes arguments brillants et triompher, mais bien dans la tendresse qui me submerge la concernant...Nous sommes ainsi gagnants -gagnants. Et puis il n'est pas rare que quelques temps plus tard les choses ayant fait leur chemin, finalement, elle me donne raison. Après tout, y a pas le feu ! Very Happy
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Message par Invité Mer 04 Sep 2013, 11:08

Harpo a écrit:Il devient alors possible de communiquer, de trouver ceux qui nous font du bien, avec qui nous pouvons être nous même, qui ne viennent pas empiéter notre solitude "ontologique" (désolé pour le terme, Fabuliotte Wink), mais nous proposer un échange fécond et serein.
Nous parlons bien de la même chose...
Du niveau d'échange.
Non pas de "la" rencontre mais "d'une" rencontre et de la possibilité que nous nous offrons, par nos choix, d'être totalement nous-mêmes.

Le plus difficile désormais, pour moi, n'est plus d'assumer ma différence (une fois encore sans ostentation ni arrogance), mais d'assumer mes choix...

Ne pas répondre aux sollicitations, propositions, invitations...
C'est très inconfortable... Mais il y va de mes orgasmes intellectuels (p2m si tu nous lis) donc de ma santé psychique.


Michel sors du corps de Harpo kssssssssssss:

Variante humoristique:


Fata Morgana a écrit:[Je cherche chez mon interlocuteur les signes de lassitude et quand je les vois apparaître, je mets moi-même un terme à l'échange par une pirouette qui satisfera tout monde. je voulais dire 100, je n'ai pu dire que 25. Ce qui reste, je le médite par devers moi, ou je l'écris.
Fata Morgana je te reçois 5/5 !

C'est précisément cela !

Nous "savons" (que nous sommes surdoués), l'autre "ne le sait pas", à partir de là la bonne solution consiste à renoncer, non pas dans l'absolu, mais en se repositionnant, en reformulant, en rendant la chose audible, acceptable, pour la vivre autrement.

C'est désormais mon credo :
assumer  / m'affirmer / renoncer

Me placer ailleurs, me décentrer...

Bref, quelque chose de ce goût-là, qui fait que la vie, est possible.


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Message par krapopithèque Mer 04 Sep 2013, 12:37


petit grain de sable salé à l'édifice :

à mon sens il n'y a aucune pathologie à être soi

tout au plus faut-il pondérer une satisfaction excessive , , , Courbette 
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Message par Harpo Mer 04 Sep 2013, 13:09

Pathologie n'est peut-être pas le terme le plus approprié. Et ce qui le serais, c'est tout les effets collatéraux de cette différence irréductible qui empêcheraient justement d'être soi. Non ?

C'est plutôt ainsi que je lis cette histoire de la "pathologie de la différence irréductible", au delà du témoignage de Fata.

Quand à la satisfaction excessive, que je traduirais par narcissisme, oui, d'accord. J'ajouterais juste le manque à l’excès.
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Message par Arne saknussemm Mer 04 Sep 2013, 16:15

L'école ne m'a pas convenu, j'imagine que je ne suis pas le seul.
C'est une évidence pour toutes les raisons que tu écrit.

Je sais toujours pas calculer de simples fractions, les aditionner, les multiplier...

Mais j'en épate pas mal quand je me met à jacter à propos de milliers de conneries rigolotes que je scanne tout les jours.

Alors bon, entre mon intérêt sur ... "les fourmis argentées" par exemple vaut bien leurs stupides fractions.
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Message par Aethos Jeu 05 Sep 2013, 08:40

Impérieuse envie de me joindre à cette discussion sur la solitude extrême ressentie lorsque, passée les premiers jours de la vie, l'on réalise instinctivement déjà que notre condition formelle (corps et esprit) font tous de nous des êtres uniques...

Or, si la différence qui nous permet d'affirmer notre unicité, était la cause même de ce sentiment de solitude? Si au-delà de la forme ne régnait pas qu'un énergie pure, irréductible, comme toute différence, et qui serait en fait notre intangible et ineffable identité... une identité commune à tous, identique en tous points... cette solitude nous viendrait-elle de ce que nous pressentons cela sans pouvoir jamais y accéder? Sans pouvoir jamais y mettre des mots, un sens...

J'aime beaucoup la qualité de vos discours respectifs, dans le respect de cette différence aussi, tendons nous à nous sentir moins seul? Car je crois alors que notre vrai ennui, lassitude, dépression solitaire viendrait aussi de ce que nous parvenons sans mots ni formule à percevoir ce qui fait que quoi que nous en pensions...nous ne sommes pas seul...nous le devenons...

Plus terrible est encore la solitude de celui qui a un jour touché de ses lèvres, de son esprit et de son corps l'intense sentiment de complétude en se retrouvant avec soi...dans l'autre ;-)
Conjectures et hypothèses, idées et pensées, toutes historiquement ancrée dans un lieu un espace et un temps donné, produits irréductible de sujets en devenir...

Merci en tous cas pour la qualité des écrits de Fata et des échanges précieux qui suivirent... on se sent moins seul ;-)
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Message par Invité Jeu 05 Sep 2013, 10:35

Aethos a écrit:.../...Car je crois alors que notre vrai ennui, lassitude, dépression solitaire viendrait aussi de ce que nous parvenons sans mots ni formule à percevoir ce qui fait que quoi que nous en pensions...nous ne sommes pas seul...nous le devenons...

Plus terrible est encore la solitude de celui qui a un jour touché de ses lèvres, de son esprit et de son corps l'intense sentiment de complétude en se retrouvant avec soi...dans l'autre ;-)
Conjectures et hypothèses, idées et pensées, toutes historiquement ancrée dans un lieu un espace et un temps donné, produits irréductible de sujets en devenir...

Merci en tous cas pour la qualité des écrits de Fata et des échanges précieux qui suivirent... on se sent moins seul ;-)
Se sentir moins seul, tout au moins entretenir la chaleur de l'espérance.
Du meilleur comme du pire, nous sommes capables de résilience, plus que d'autres du moins je le crois.
Je me dis que ... demain ......sunny , peut-être.


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Message par Invité Jeu 05 Sep 2013, 10:54

Ours a écrit:nous sommes capables de résilience, plus que d'autres du moins je le crois.
Je le crois aussi.

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