L'accompagnement musical de vos lectures

Il y a quelques temps j'avais eu un projet - avorté comme la plupart de mes projets : faire un blog où je parlerai de lecture mais avec un angle un peu spécial, celui de "l'accompagnement musical". Tout ça était parti d'un constat simple : lorsque je lis, j'aime bien avoir aussi quelque chose dans les oreilles. Mais pas n'importe quoi. Je n'arrive pas à lire lorsque l'univers sonore qui m'entoure ne me parait pas être en adéquation avec ma lecture. Et rapidement, je fais des associations entre un album que j'écoute en boucle et le livre que je suis en train de lire. Si ça colle, tant mieux. Ou pas. Parce que du coup je deviens incapable d'écouter l'album en question sans avoir en arrière plan le contexte du récit que je lisais en même temps. Un exemple tout simple : j'ai découvert Woodkid en même temps que je lisais Le loup des steppes d'Hermmann Hesse. Et mine de rien, je trouvais que ça collait, que l'univers musical de Woodkid collait particulièrement bien à l'espèce de folie intense du bouquin. Bien sûr c'est une appréciation purement personnelle et presque inexplicable (c'est une des raisons qui fait que je n'ai jamais "concrétisé" ce projet de blog, ça n'aurait servi à personne en fait). Mais du coup voilà, j'ai essayé de ré-écouter l'album cette après-midi et je me suis retrouvée plongée à la foi dans le bouquin de Hesse et dans le souvenir du contexte personnel qui m'entourait au moment de ma lecture.

Je ne sais pas si c'est spécifiquement Z, ce lien qui se créé entre différents éléments "sensoriels", entre la musique et la lecture, mais j'aurais bien aimé savoir comment vous viviez, vous, le truc. Je sais qu'il y a aussi certains livres que je ne peux pas lire si mon esprit est occupé aussi par la musique, mais j'aime bien quand il y a cette espèce de connexion fertile, quand un univers musical parvient à nourrir l'imagination qui se développe à partir d'un récit. Si d'autres se retrouvent dans la même situation que moi, à relier de la musique à un livre, je serai aussi assez curieuse de voir ce que ça donne. J'ai quelques autre exemples en tête.


Rano Pano de Mogwai et 1984. C'est peut-être l'espèce de sensation "d'univers urbain" qui se dégage dans les deux cas qui créé la liaison. J'ai toujours imaginé 1984 dans un univers à la fois urbain et industriel, avec un paysage marqué par la destruction et la misère - comme si l'horreur de ce "gouvernement" inondait l'espace. Et la musique répond particulièrement bien à tout ça aussi, ça donne un côté post-apocalyptique, saturé...

I lived on the moon  de Knoow me fait invariablement penser à la série du Bourbon Kid, notamment au Livre sans nom (puisque bon, je n'ai fini que celui-là pour l'instant  ) Mais je ne saurais pas exactement expliquer pourquoi.

En fait c'est un peu comme si je me créais une BO pour mes lectures. Et finalement à le même effet secondaire que quand on n'arrive plus à dissocier une musique d'une publicité ou du film dans lequel elle aura été utilisées. C'est à la fois perturbant (parce que c'est comme si c'était irréversible) et, je trouve, vraiment intéressant de voir comment se font ces connexions. Donc si je ne suis pas la seule à fonctionner comme ça je serai bien curieuse de voir ce que ça donne chez les autres .

Impossible pour moi de lire avec de la musique. Faut choisir !

moi aussi parce que quand je suis vraiment dedans apres je m'entends respirer

mais je vais y penser

peut etre avec des musiques de drogués comme Haendel

je vais tenter je te dirais

je vais reflechir...

Il m'arrive assez régulièrement d'écouter de la musique en lisant un livre, par besoin, quand paradoxalement j'ai un problème de... concentration. Quand ça part dans tous les sens, quand la dispersion est trop forte. Ouvrir alors une source officielle de « dérangement » me permet de canaliser la dispersion. Comme si j'étais bicéphale dans ces moments-là, un cerveau voulant lire, l'autre s'amuser. Ma psy m'a dit un jour que c'était aussi une façon de contrôler la dispersion, mais elle voit du contrôle partout chez moi, ma psy. Par contre je ne choisis pas forcément la musique en fonction du livre, peu importe, il peut s'agir d'univers totalement différents.
Quant à savoir si c'est un truc de z, je crois pas, il paraît qu'il n'y a pas de trucs spécifiques aux z, qu'ils soient exclusifs ou inclusifs.
Il m'arrive aussi d'avoir besoin de faire autre chose (ménage, saut sur l'ordi, etc) quand je commence à décrocher d'un film, pour pouvoir mieux replonger dedans.
Quand j'étais jeune, mon père ne comprenait pas que je révise devant la télé, ou avec la musique. Moi non plus je comprenais pas. Maintenant si.
Par contre je ne lis jamais un livre quand j'écoute de la musique

Pour ma part, je mets un fond musical quand je lis, genre radio classique: ça crée une barrière agréable entre le monde extérieur et l'univers de mon bouquin.
En revanche, je suis assez d'accord avec Ferdi: quand je veux vraiment écouter de la musique, je ne lis pas en même temps.

Lire, ou écrire ?
Si je lis, de la musique transparente, de type IDM ou house minimale, très doucement.
Si j'écris des pensées je suis assez synesthète pour être mentalement environné de "formes" et de "couleurs" (et d'arborescences) pour ne pas avoir besoin de musique. Si j'écris des vers et que de la musique instrumentale répétitive joue, ma synesthésie me donne tant à voir que finalement je ne recolte que l'écume de ce qui se présente à mon esprit. Donc de la musique oui, mais en pur arrière-plan et pas trop invasive (surtout jamais de chansons, de paroles !)
Si j'écris, ce peut être de la transe psychédélique ou de l'ambient.

Je suis assez d'accord, paradoxalement, avec ce qui est dit.

J'écoute de la musique en lisant pour

1- me couper du monde et établir une bulle sensorielle permettant l'immersion totale dans l'oeuvre.

2- ajouter la dimension sonore (dans le cas de bande son adaptée) à la profondeur de l'oeuvre et lui donner une tonalité supplémentaire

3- je ne le fais pas si j'ai besoin de découvrir une oeuvre. Musicien amateur de formation, je reste très ouvert à l'analyse des oeuvres par l'oreille, jusqu'à la transcription dus olfège. Donc: dévorer une oeuvre littéraire ou déchiffrer/vorer une oeuvre musicale: il faut choisir.




Pour un bel exemple de combinaison musique/livre: voir la Horde du Contrevent, d'Alain Damasio et sa version proposée avec un CD de bande son spécialement crée pour cette oeuvre.

D'un point de vue général, j'ai besoin de musique pour me couper du monde et mieux me concentrer, quoi que je fasse, du moment que la musique me plait

Pour ma part, livre ou musique il faut choisir. Je trouve que les mots suffisent. Egalement synesthète, j’y vois là la pleine expression de toutes mes sensations. La musique c’est pareil : si je veux vraiment écouter de la musique, c'est-à-dire celle qui me fait littéralement vibrer, alors je ne peux pas faire autre chose en même temps (ou alors il faut vraiment que ce soit une tâche très répétitive, qui ne demande aucun effort intellectuel).
Toutefois, j’ai passé tous mes diplômes avec de la musique dans les oreilles. Impossible de me concentrer sur un bouquin de math sans avoir un fond sonore (musique/télé/radio…), ce qui enrageait mon père qui ne comprenait pas comment je pouvais travailler de la sorte.

Il m'arrive d'étudier en musique (si j'ai de la peine à focaliser mon attention), mais habituellement je ne lis pas de romans en écoutant de la musique. Je n'arriverais pas à choisir si je dois plus écouter ou plus lire.

J'ai cependant une anecdote à propos de lecture en musique et des associations ainsi créées.
Je devais avoir à peu près 11 ans et je venais d'acheter le dernier CD de Lorie. Je voulais l'écouter et, ne sachant pas quoi faire en même temps, j'ai pris le livre que je venais de commencer: Les naufragés de la Cigale (un livre jeunesse à propos du vrai naufrage du bateau La Cigale en 1936 dans l'océan Indien). Habituellement, à l'époque aussi, je ne lisais pas en musique.
Par la suite, pendant plusieurs années, il y a une des chansons de l'album (je ne me rappelle plus laquelle, je n'ai plus ce CD depuis plusieurs années) que je ne pouvais pas écouter sans qu'elle évoque en moi des images de mer déchaînée et un sentiment poignant de tristesse.
(Après petite recherche Google, il s'agit de la chanson "Dis-moi". Dès le début du refrain j'ai ressenti ces mêmes sensations ! Dingue !)