Etes vous un paradoxe vivant ?

Avez vous parfois cette sensation de penser des choses et de faire le contraire, ou de faire des choses et penser le contraire, sans avoir le sentiment de ne pas être en accord avec vous même?
De défendre des principes et de ne pas les appliquer? Ou d'appliquer des principes que vous ne défendez pas particulièrement?

Des exemples?
Je suis mariée, mais n'ai jamais rêvé de l'être. Je veux dire, c'est un choix réfléchi, fait par amour, etc..mais je n'ai jamais fait ce rêve de petite fille, dont on entend parler autour de soi, être une princesse, avoir une belle robe, couper le gâteau devant des centaines de paires d'yeux ébahis..je trouve ça limite..je sais pas, je trouve pas le mot en fait. Pourtant je l'ai fait. J'étais contente de tout ça, mais je ne comprends pas pourquoi les gens en font une montagne, et pourquoi ça a l'air d'être pour certains le summum du bonheur.
Peut être parce que pour moi, les préparatifs ont été plus source d'angoisses qu'autre chose. Quand je voyais des gens autour de moi, qui préparaient leur mariage, disserter sur le choix des fleurs, des nappes, de la couleur des chaises ou que sais je d'autre, je me demandais si les gens se mariaient pour eux ou pour épater leurs 150 invités...
Je crois que j'aurais rêvé d'un mariage en catimini fait dans le dos de tout le monde, rien que nous deux, et en même temps j'étais contente d'avoir toute la famille et les amis réunis autour de moi ce jour là....

Et dans la vie , je suis comme ça souvent, très souvent...

Ben oui moi aussi... je ne crois pas que ce soit ma zébritude qui fait ça mais :

- j'ai eu des enfants moi qui n'en voulait pas au départ.. (attention, j'aime mes enfants et j'y ai trouvé beaucoup de bonheur à les avoir mais ce n'était pas le chemin de vie que j'avais choisi pour moi);

- je me suis mariée deux fois (alors que je voulais me "marier pour la vie" car ça correspondait à mon idéal de vie de couple);

- je suis fonctionnaire alors que je ne voulais pas y bosser (j'avais des à priori stupides que j'ai révisés);

- je suis seule alors que je ne rêve que d'une vie de couple épanouie;

- j'ai une Ford Fiesta alors que je voudrais rouler en Audi A3

- je m'achète un appartement en "achat raisonné" au lieu d'en "achat coup de coeur" comme je voulais au départ;

- je suis moi alors que je voulais être Adrianna Karembeu aussi !

Bref.. ma vie n'est vraiment pas celle que je voulais, mes choix ne sont pas forcément ceux que j'aurais voulu prendre (même si on ne me force pas la main, je prends en compte d'autres points de vue raisonnables qui ne correspondent pas à mes choix initiaux et c'est peut-être pas plus mal.. je ne sais pas).

Pour moi, ça revient aussi à vouloir 2 choses en même temps,à avoir une part de moi très conformiste, qui agit comme telle, et une autre très anticonformiste, qui pense ou agit comme telle aussi.

C'est un peu de ça dans ma vie.. je veux vivre en profitant de la vie, des sens, "jouir de la vie" au sens large, mais.. je désire tout autant vivre une vie de recluse, en étant attirée par la vie spirituelle des moniales.

Paradoxe total.. donc, j'essaie de vivre, de profiter de la vie en incluant en permanence la notion de "sacré" dans tout ce que je fais.

Si être un paradoxe vivant, c'est vivre le contraire de ce dont on rêve, j'ai peur que beaucoup d'humains ne soient des paradoxes vivants, par nécessité.
Si être un paradoxe vivant, c'est vivre ce qu'on avait toujours pensé éviter et s'en trouver plutôt bien, c'est juste une forme de sagesse et une illustration qu'il ne faut jamais dire "fontaine, je ne boirai pas de ton eau".
Si être un paradoxe vivant, c'est mêler en soi des caractéristiques que les autres disent incompatibles, et sentir au contraire la profonde cohérence qui les unit, c'est juste la preuve qu'on est plutôt libre et qu'on vit une cohérence plus forte que les idées reçues...

A Fusain, la troisième définition que tu donnes résume bien le fond de ma pensée je trouve.

C'est une situation qui m'arrive souvent. Mais plutôt que paradoxe vivant, je dirais : oxymore sociétal. Pour marquer le fait que le "paradoxe" n'est qu'une apparence, un cliché, une pensée dominante. Ses deux termes ne sont pas des pôles entre lesquelles nous hésiterions sans fin, mais des termes qui pour nous n'ont aucune raison de s'exclure; voire qui vont très bien ensemble.