NO FLOOD l'antre à fata (un beau merdier entre nous soit dit...)

Si j'essaie de faire abstraction de toute transcendance, et ce n'est pas une chose aisée, je m'interroge sur la finalité de cette mue interminable qui caractérise ma vie, mais sans doute pas seulement la mienne.
Aujourd'hui j'ai eu des réminiscences assez claires au sujet de la personne que j'étais enfant. Avant ce quelque chose (pas seulement le ratage de mon éducation) qui a causé une grande rupture. A la maternelle, j'étais estomaqué (je choisis ce mot avec minutie, et avec minutie chaque fois que je l'utiliserai) par la cruauté des enfants. J'étais pareillement estomaqué par la crudité de la vie, la violence des faits, la violence normale des choses. Plus tard, j'ai été quasiment traumatisé par la violence - offerte à tous - des livres d'histoire, la violence des rois, leur sadisme, leur cynisme, et la furie des foules. Je ne m'y suis pas fait aujourd'hui encore. J'étais aussi estomaqué par le soupçon qu'on pouvait faire peser sur moi. J'étais tout le temps entrain de tomber des nues devant la brutalité du monde. Je souffrais tout jeune de l'idée de la mort, et de sa totale absurdité. Par dessus tout, la violence imbécile me rendait et me rend aujourd'hui encore muet. Comme face au mystère, il n'y a que silence face à la bêtise, le mutisme. Il me semblait que la vie m'était comme un exil complet. Comme une séparation épouvantable. Je me réveillais en prison. Rien n'était beau, rien n'était sacré, rien n'était préservé. La bêtise imposait sa cruauté sur le monde entier. Et mes pensées et mes émotions raffinées n'y pouvaient rien changer. Je subissais et je subis.
Je n'étais alors ni garçon ni fille, car j'étais totalement candide. Il me souvient que j'étais fait pour aimer et que tout autour de moi niait cette dimension hors de laquelle aucune vie n'a pas le moindre sens.
J'apprenais qu'on pouvait mourir très jeune de maladies horribles que je pensais réservées aux adultes !
J'apprenais que la violence, celle de l'autorité, celle de ceux de mon âge, celle de mes proches, celles de la télévision, alors en noir et blanc, n'avait aucun sens et ne répondait à aucune parole sensée qu'on aurait pu lui proposer. C'était un état de brutalité irréfléchie, spontanée, irraisonnée, absurde et dangereuse.
Et je dois dire qu'il m'arrive encore d'être estomaqué par la bêtise des hommes. Je perds alors tous mes moyens, tant l'absurdité qui entoure leurs manœuvres est criante de stupidité. C'est de là que j'ai décidé je crois, et cela bien jeune, que ce monde m'était adverse et le serait toujours.
La violence des brutes n'a aucune explication. Or je sais que je vis dans un monde où cette bêtise est institutionnelle, économiquement rentable et universellement répandue.
j'ai donc décidé de créer l'univers dans lequel respirer me serait possible, donc, dès l'enfance, je me suis mis à écrire.

Tu es plus proche de ces souvenirs que moi, mais ce que tu dis me confirme dans mon idée, à savoir qu'un surdoué est souvent sensible au beau, au bon et au vrai, même si de ces trois termes chacun peut avoir une conception différente.

Les pierres sont bleues, bleues, bleues le long du chemin sinuant.
Je suis sorti et ai franchi les frondaisons. Constellé comme une toile de Pissaro par les rousseurs et l'or des ramures, je suis apparu de l'autre coté de ce voile.
Mon pas se dirigeait lui même, mon pas obéissait à un voix, j'avais un pépin d'amour ardent à demeure dans mon cœur. Et il obéissait à la gravité d'une île verte, rose, bleue, blanche, dorée, incolore, et j'allais.
J'allais, et je vais.
Au son de la voix, à l'appel de mon nom.

Avec ultra fractal.

Je ne sais pas si ça vous fait comme moi, mais j'ai des espèces de stéréotypies mentales. Par exemple, je compte tout, surtout les angles de carreaux, les pieds de chaises, de table, les ouvertures, les escaliers, les rayons des radiateurs, etc, sans arrêt et même en même temps que je fais autre chose semble t-il. Ou bien "en tâche de fond" j'écris mentalement des textes, ou bien je réécoute des mélodies, des morceaux entiers dans ma tête. Comme si cet appareil sous mon crâne n'était jamais au repos. Ça vous fait des trucs comme ça vous ?

http://www.ultrafractal.com/

Un copain m'a commandé des pattens de musique pour travailler sa technique à la guitare. j'en ai donc composé une trentaine en trois jours, mais l'un de ces riffs me reste en tête depuis près d'une semaine !
Je n'aurais jamais dû le créer !

De toutes façon, je supporte ces petites avanies sans trop de problème, tout a un prix, y compris être surdoué, donc à tout prendre, je préfère ça qu'être un crétin primaire !
J'ai beaucoup de joies aussi grâce à certaines capacités de mises en lien de toutes sortes de choses entre elles et aussi grâce à ces flashs que j'ai parfois (comme la "parabole qui m'est venue à l'esprit dans le salon chrétien). Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine !