Expliquer le chaos de mon adolescence...

Bonjour à tous ! Je ne sais pas si ce sujet va générer des réponses ou quoi que ce soit, mais j'avais besoin de l'écrire tout simplement... Je suis en train de me demander si le fait d'être (peut-être) un zèbre n'explique pas une grande partie de mon adolescence, que je vois encore comme la période la plus compliquée de ma vie...

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Dans les petites classes, ça se passait plutôt bien, jusqu'à mon déménagement à l'île de la Réunion (7 ans).
A partir de là ça s'est gâté progressivement.

Au collège, ça s'est extrêmement mal passé : Impossible de m'intégrer, je me suis alliée avec les mauvaises personnes (déjà à l'époque, quand j'y repense, il devait s'agir de personnes qui manipulaient les autres), j'ai vécu du harcèlement scolaire et un isolement social quasiment total (12 - 13 ans). J'ai « subi » sans rien dire. J'ai essayé de comprendre si leur comportement était légitime, si ça venait de moi, si j'avais fait quelque chose de mal (être blanche parmi les créoles n'a pas aidé, rétrospectivement).

Ensuite je suis rentrée en métropole (en région parisienne, on change de cadre ).
J'avais beaucoup d'espoir. J'ai mis toute ma bonne volonté sur la table pour essayer de m'intégrer. Je suis arrivée dans un collège en classe de 3ème. Tout le monde se connaissait déjà, j'étais « l'intrus ». Je me suis retrouvée avec des gens eux-mêmes rejetés, que je n'appréciais pas du tout. Cela m'a permis d'obtenir l'étiquette « marginale / associale » sans passer par la case départ. J'étais une personne transparente, « inutile ».

Passage au lycée, tout s'effondre. Je ne m'intègre pas mieux, je sens les moqueries dans mon dos. On me jette dans le bac à marginaux au bout de 2 secondes top chrono. Mes résultats scolaires s'effondre, je n'arrive plus à faire semblant que tout va bien.
Côté comportement, j'ai pété un plomb : Je suis devenue colérique. Je détestais tout, mais surtout, moi-même. Incapable d'être « comme les autres ». J'ai commencé à faire des crises d'angoisse. Le corps enseignant a estimé que j'avais un souci psychologique, que je devais arrêter le lycée et aller dans une filière professionnelle (à l'époque, si on m'avait dit "tu es folle à lier ma pauvre", ça m'aurait fait le même effet). Plus j'étais convoquée, plus je pleurais d'incompréhension dans leurs bureaux, et pire c'était.

Mes parents ne me comprenaient plus trop. Ils ont été convoqués chez une assistante sociale à cause de mes absences. Ils ont essayé de me soutenir mais je les sentais dépassés (surtout ma mère que je voyais beaucoup pleurer... ce qui me faisait aussi énormément de mal). Une fois, mon père m'a accusée de le faire exprès...
Dans cette période, j'ai rejeté toute la « vraie vie » pour construire une vie sur Internet. J'y ai rencontré des gens intéressants, et je me suis plongée dans une passion : apprendre à créer des sites web. Autant vous dire que je passais 20h par jour sur mon ordinateur... Pas vraiment une solution.

Dernier élément factuel, hors chronologie du récit : Rétrospectivement, je pense aussi que j'avais détecté un autre zèbre au lycée (une des seules personnes un peu "différentes", pour qui j'avais un réel intérêt et qui me le rendait un peu), mais notre méfiance réciproque a fait qu'on ne s'est pas rapprochés plus que ça. ^^

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Je sais pas quoi en penser mais j'ai l'impression que ça a du sens d'un seul coup...
Aujourd'hui ça va beaucoup mieux, j'ai pris du recul (en passant par une dépression). J'ai juste l'impression de comprendre petit à petit certains éléments, comme si je plaçais correctement quelques pièces d'un énorme puzzle.

Moi, aussi dans l'adolescence, au collège j'étais rejetee de tous. J'étais demi-pensionnaire, entre midi et deux j'étais toujours seule. J'étais harcelée en classe. Mes parents n'ont pas voulu me changer d'école. Ma mère ne me comprenait pas du tout. Elle me faisait la gueule a la maison. J'étais vraiment seule, a l'école comme a la maison. Ma mère ne me laissait aucune indépendance, pas meme de me coiffer comme je voulais. Non plus, aucune intimité dans ma chambre. Ma zebrite etait complètement incomprise. Mes parents préferaient les gens normaux qui leur ressemblaient.
Alors, tu vois CakeCitron, tu n'es pas toute seule dans ton cas, et heureusement d'ailleurs.

ShineFlower a écrit:
Alors, tu vois CakeCitron, tu n'es pas toute seule dans ton cas, et heureusement d'ailleurs.

+1

ShineFlower, j'ai eu comme toi des parents qui ne me laissaient pas beaucoup de liberté.
Ca me rassure de savoir que d'autres personnes ont vécu leur scolarité comme cela, même si je suis pas officiellement zèbre... ça m'aide quand même à déculpabiliser.

CakeCitron a écrit:Ca me rassure de savoir que d'autres personnes ont vécu leur scolarité comme cela

Soit rassuré, tu es loin, très loin, d'être un cas isolé.

Ce qui est positif, c'est qu'aujourd'hui ces difficultés sont derrière toi et que tu peux t'en souvenir en te disant : "Je n'ai jamais été inutile ou anormale, j'étais juste entouré de gens qui ne me comprenait pas."