moment de vie... Regard en arrière

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Message par Ciloo Mer 6 Fév 2013 - 16:00

Ma vie. Je ne suis pas vieille. Je n’ai pas encore la sensation de l’avoir raté car j’ai encore du temps devant moi. Et pourtant, j’ai ce goût amer, cette mélancolie qui m’accompagne, main dans la main depuis tant d’années. Je suis vieille.

2e dans une famille de 3 enfants. Enfants tous les 3 attendus, chéris, aimés.

Une mère tendre, ses bras toujours là pour se blottir, être réconfortée, câlinée tout simplement. Elle est calme, fragile presque. Elle analyse, explique, ne gronde que rarement, prend du temps pour nous 3. Elle nous aime.

Un père très aimant, très sensible, mais sous une grosse carapace. Il est très exigeant avec ses 3 enfants. Il n’a pas eu une enfance facile et il veut qu’on apprenne la même leçon que lui : seul le travail permet de réussir. Et il faut réussir. Réussir quoi ? L’école, les études, sa vie professionnelle.

Depuis petite, je joue un jeu, un rôle. Je me rappelle improviser une chanson en mimant l’anglais alors que je ne le parlais absolument pas. Tout ça pour interpeler ma sœur qui commençait, elle, les cours d’anglais.

Me déguiser, me grimer le visage, imiter les rires des gens. J’adorais ça. Mais à l’école, au tout début, je suis rejetée par les autres filles de mon âge. A l’époque, ma maman intervient et me permet d’intégrer un groupe de filles et de me faire des « amies ». Je mets amies entre guillemets car du fait de l’intervention de ma maman, j’ai ressenti pour la première fois, ce sentiment d’imposture. Sentiment que j’ai longtemps ignoré, mais qui a refait surface plus de 25 après.

Je n’ai pas tant de souvenirs que ça de l’école primaire. Surtout de la dernière année, l’année de mes 10 ans. Année tragique dans ma famille. Le cerveau des enfants est bien fait.

Scolarité normale. Résultats normaux. Je suis très vive, ai du mal à rester concentrée, pige très vite les raisonnements scientifiques et logiques. N’arrive pas à apprendre mes leçons par cœur. Et oui, je me rends compte aujourd’hui que si je comprends, j’apprends. Or apprendre par cœur, c’est apprendre sans comprendre et c’est là que ça bloque.

Donc pas littéraire pour un sous, mais assez bonne dans les matières scientifiques où il me « suffit » de comprendre pour maintenir mes notes à flots.

J’ai eu quelques profs qui ont marqués ma scolarité. Qui m’ont marquée. Un prof de physique-chimie au lycée qui, par son attitude stricte envers moi, a réussi à me canaliser et à m’intéresser. Une prof de biologie au collège qui a compris que je ne sais pas apprendre et qui m’a dégoûté à vie de tricher. Et deux profs d’anglais grâce à qui, je suis parfaitement bilingue aujourd’hui. Ils ont su présenter la langue d’une manière assez logique pour que je la « comprenne » et me donner la matière qu’il me fallait pour travailler et progresser indépendamment du reste de la classe.

Durant toute ma scolarité, j’ai eu du mal à travailler… Je me forçais, me sentais forcée, faisait semblant… Beaucoup… Trop. Je m’enfermais dans ma chambre avec mes cahiers et livres ouverts, mon esprit ailleurs. Je recopiais des leçons sur des fiches pour faire semblant. Rêvassais par la fenêtre. Allais à mes examens, déprimée de n’être pas arrivée à les préparer. Les examens se passent toujours dans un état de stress, un état second. Je ressors toujours transie de peur. Avoir l’impression d’avoir raté, la chute, la douleur intérieure. Alors je mets ce masque. Je joue ce rôle. Je dis à tout le monde – à mon père – que j’ai tellement bossé, que c’était très dur… Jusqu’aux résultats…
Oui, ça m’est bien sûr arrivé de rater, mais la plus part du temps et pour tous les examens important, je sauve les meubles et réussi à ne jamais redoubler. Voire même décrocher la plus petite mention : AB.

Et revoilà ce sentiment d’imposture. Soulagement de mon entourage – de mon père – je n’ai pas raté. Moi, je le sais, je n’ai pas travaillé. Je n’ai pas travaillé dur. J’ai eu de la chance. Je me demande par quel miracle j’arrive à maintenir la barque à flots.

Vient le moment du choix des études secondaires. Je ne sais pas ce que je veux faire. Je tâtonne, tente une première année de ci. Ne m’y plait pas.
Arrive à intégrer une 2e année de ça grâce à une passerelle. Ne m’y plait pas.
Passe encore une fois par une passerelle et arrive en 3e de ça. Ne m’y plait toujours pas.
A chaque fois, je fais mine de bosser dur, de rater et j’y arrive. L’imposture.

Je me rends compte que grâce à cette 3e année de ça, je peux intégrer une école universitaire et faire un master spécialisé en C. Génial. Cette école me permettra d’intégrer un milieu où on doit créer, on doit patouiller en laboratoire, on doit cogiter, c’est un peu une des branches artistiques des sciences.
Seulement voilà… Concours d’entrée pour intégrer l’école. Je ne vais jamais y arriver.
Alors là, je prépare ce concours. Pour de vrai.
J’en ressors major (par chance, c'est sur...) et intègre donc cette école.

J’adore les travaux pratiques et certains cours, mais la majeure partie, le tronc commun universitaire… Je déteste.

Je fais semblant de bosser. Je mets toujours ce même masque. Et je réussi. Pas brillamment. Mais je ne rate pas.

J’ai peu d’amies dans ma promo, seulement 2. La plus part des filles ne me comprennent pas et certaines même me détestent sans me connaitre. En fait, ça me fait mal car elles détestent ce masque que je porte, et je trouve ça injuste. Mais je ne sais pas ôter ce masque.

Vient la vie professionnelle. Je décide de partir à l’étranger. Nouveau pays, nouvelle vie, nouveau job : premier job et en plus avec des responsabilités ! J’aime ce que je fais.
Je m’éclate… Pendant 1 an et demi…
Sauf qu’au bout d’un an et demi, j’ai fait le tour et je commence à m’ennuyer. Je finis par être licenciée pour des raisons économiques après 4 ans. C'est la libération, sur le moment, j'exulte !

Je cherche du travail pendant presque 1 an. Le chômage tue à petit feu le peu de confiance en moi que j’avais déjà. Il faut que je me vende auprès d’éventuels futurs employeurs, sauf que je n’ai jamais vraiment travaillé dur de ma vie.

Les employeurs n’aiment pas mon masque. Je ne suis plus personne derrière ce masque. Je suis devenue ce masque. Mais il est vide.

Un an après mon licenciement, je signe un CDI pour un poste qui n’a rien à voir avec mes études. Je change à nouveau de pays, je change de vie, je revis, ce masque retrouve des couleurs. Pendant 6 mois, la nouveauté fait paraître ce boulot intéressant… Mais 6 mois, c’est court.

J’y suis aujourd’hui depuis 1 an et demi. Ca fait donc un an que je m’ennuie. Et qu’en plus, je n’aime pas ce job. Un an que je fais semblant.

Je suis en dépression. Je me cherche. Et pourtant, mon entourage me dit que j’ai tout. J’ai un boulot, un mari qui m’aime, que j’aime, une famille avec qui je m’entends bien, une santé pas trop mauvaise, pas de soucis d’argent. Mais ça ne va pas.

Toujours cette quête du boulot parfait, de l’activité professionnelle idéale. Serais-je heureuse un jour dans un boulot ?

Je prends tout trop à cœur. Je ne supporte pas l’injustice, envers d’autres, envers moi. Depuis toujours.

J’ai espéré que le 21 décembre, la fin du monde ait lieu. Pas l’apocalypse, non, mais un changement dans notre monde, dans notre société qui ferait que les gens seraient appréciés pour leur propre valeur, et non par des réseaux, des lobbies, des gros-sous, des politiciens.

Le monde est injuste et ça fait mal d’y vivre.

Est-ce que je suis zébrée. Je ne sais pas. Ça pourrait expliquer pas mal de choses. Le test, je le ferai surement un jour. Mais quand ? Et pour quelle finalité ? Est-ce qu’il faut que je m’accepte avant, que je comprenne qui je suis vraiment derrière tous ces masques ?

C’est un pavé… Dans la marre ? Dans la jungle ?

C’est brouillon… Mais c’est pas facile…
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Message par segirard Dim 10 Fév 2013 - 20:21

Bienvenue parmi les zébrés ; ) ça ne fait aucun doute. J'ai également ce masque, et cette année plus que de coutume apparemment (changement d'école, de ville, envie de réussir pour la première fois), et je m'attache à me donner une assurance car je commence des études qui vont vers un métier. dans une école privée, et il n'y a que moi qui en veut vraiment et qui voit enfin l'interêt de travailler (j'étais un cancre à l'école car je n'apprenais que ce qui me plaisait), du coup les autres qui sont post bacs on l'impression d'être en échec dans mon reflet...au début je me disais, s'ils savaient ! Et puis je leur ai dit mais rien à faire, je suis leur excuse pour ce qu'ils n'arrivent pas à réussir, et c'est également injuste, car moi-même je déprime, j'aime le métier vers lequel je vais mais pas la formation, ni les gens qui m'entoure et qui se voient tous en compétition et du coup ne cherchent pas les relations profondes. C'est injuste car ils n'aiment que ce qu'ils croient que je suis, et me déteste encore plus quand je me révèle car ils ne veulent pas que je leur prennent cette excuse pour détester quelqu'un et se sentir meilleur. C'est drôle dans ma famille on a tous toujours eu ce problème. J'ai eu une éducation très stricte, et mes parents avant moi, qui fait que je n'avais pas le droit de montrer mes sentiments, de pleurer, de crier, je devais toujours tout contrôler. Ca ajouté au caractère zébré qui contrôle naturellement tout, je ne te raconte pas l'image photo figée que je réflète ! Et le pire, c'est que c'est un masque dur et qu'à l'intérieur je bouillonne d'amour, mais je suis incapable de le montrer. Non ce n'est pas facile de retirer le masque, voire même impossible ! Le visage prend l'expression de l'ambiance familiale générale dans l'enfance ! Je crois que tu t'es déjà acceptée et que tu sais qui tu es, sinon tu ne serais pas zébrée. Le plus dur, c'est de s'accepter ponctuellement, à chaque fois que l'on nous rappelle que l'on est différent des autres. Tu devrais faire ce test ça te conforterais, de donner un sentiment d'appartenance, et retirer cette impression d'être toujours le cul entre deux chaises. Je viens de publier un topic sur la paranoïa chez les zèbres; rien à voir avec toi je te rassures, mais tu verras que moi-même j'ai voulu oublier que j'étais zèbre pour me fondre dans la masse et je viens de réaliser à quel point c'était une magistrale erreur. Cela fait 4 ans que lorsque quelqu'un me demandait d'où me venait se masque, j'inventais toutes sortes de raisons toutes plus détestable les unes que les autres (pour me faire détester par la personne, un autre problème lié à ma difficulté à accepeter d'être aimée), au lieu de simplement dire que j'étais zèbre. Mais ça le gens le prennent mal de toute façon, ils ne connaissent que mal le terme et croient par conséquent que tu les prends de haut. (Encore plus que juste avec ton masque)
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Message par Invité Lun 29 Fév 2016 - 1:16

Moi je connais 3 cas de figures vécus; sur LE REGARD que L'ON A SUR SA VIE PASSEE:
Voici les 3 personnages en jeu:

- le sage:  le futur détricoteur pro,  ces mauvais cadres a enlever et remettre a sa sauce. 0 subversion, aprend a montrer, regarder ON Y EST PAS ENCORE ICI. Mais au moins accepte :p C'est un beau premier pas...
il voyait pas le probleme, le tout gentil cheval GROS boulot, mais pas trop dur a dégérer, si ce n'est de la candicité

- le rebel: le grand contestataire procrastinateur, presque pas de trico, mais que de temps a ne pas faire. RAS coté subvestion et phylo. A TOUT PREVU, N'ATTENDS QUE LES CHOSES ARRIVES, et depuis longtemps....
il voyait  les problemes, a attendu pour faire uniquement ce qu'il avait compris, PAS beaucou de boulot, ya plus qu'a

- le débridé: être trop sensible jeté au feu contre son gres et au pire moment, a pris très vite le gout des flemmes. Certainement rien a faire pour devenir zebre, mais attention a la douche froide lorsque reverra sa vie a l'envers.
ressentir son passsé avec ses émotions présentes


Bref, aujourd'hui, mon amie débridé regarde sans crainte, mais sait elle que si elle trouve des erreurs dans ses choix de vie passé.....

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Message par Montmartre Jeu 31 Mar 2016 - 9:24

Bonjour Ciloo,

Je ne sais pas si tu me liras, car ton message remonte à 3 ans, mais je l'espère.

Il faut que tu passes le test.
Comme dit ma psy, il équivaut dans beaucoup de cas à 10 ans d'analyse.
Personnellement il m'a servi à me sentir mieux, ou plutôt à ne plus me sentir mal.
J'ai pas mal de soucis en ce moment, avant j'aurais été au fond du trou, envie de mourir, pleurs non-stop, dégoût de tout, etc...
Aujourd'hui, je me dis juste que c'est emmerdant, que je préférerais la paix et la sérénité, mais si je ne peux avoir la 1ère qui dépend aussi des autres, je tends doucement vers la 2nde qui peut ne dépendre que de moi.

Se complaire dans le mal-être de peur de ne pas être HP, c'est idiot, non ?

J'ai le même début de parcours que toi, mais pas d'études brillantes ensuite, ni quoi que ce soit de glorieux niveau professionnel, mais je m'en fous un peu.
Je n'ai jamais perçu le travail comme un quelconque accomplissement.

Je vis, c'est tout ce qui m'importe.
Montmartre
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