Clavier + Coca = mes belles conneries
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Clavier + Coca = mes belles conneries
Bon, je ne savais pas où mettre ça, alors je me suis mis en mode random, et j'ai choisi un forum au hasard.
Donc je poste deux petites nouvelles que j'ai écrites il y a plusieurs semaines.
Découverte
Un jeune homme lisait un livre dans son fauteuil. Le titre de l’ouvrage était Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, d’Isaac Newton, et sur la première page on pouvait lire
« Pour Bertie, de la part de Maurice »
Bertie était donc son nom. Il était absorbé par sa lecture, mais au bout de quelques minutes, il leva les yeux pour regarder l’heure.
23h30.
Il n’allait pas tarder à se diriger vers son lit. Mais tout à coup, le livre se mit à trembler. Les feuilles se détachèrent une à une et vinrent recouvrir Bertie, obstruant sa vue.
Il resta un moment sans bouger, puis entendit un bruit sourd, comme un boulet de canon s’écrasant contre le sol.
Alors, effrayé, il se dépêcha de se lever. Mais en se retournant, il remarqua qu’il se tenait sur une chaise en bois, au milieu d’un chemin de terre. Au-dessus du chemin se trouvait une inscription :
« Académie des sciences post mortem :
Que nul n’entre ici s’il n’est scientifique. »
Bertie était étonné, car ce qui se trouvait autour de lui ne ressemblait pas à un conte de fée. Pourtant, il était bien rentré dans un livre.
Au loin, derrière l’arche, un homme l’appela :
« Monseigneur, Monseigneur, hâtez-vous, nous n’avons pas toute l’après-midi. »
L’étranger portait une longue perruque, un pourpoint blanc, des bas rouges et de hautes bottes. Il ne se présenta pas, ce n’était pas nécessaire. Devant Bertie, se trouvait le plus grand physicien de tous les temps, Sir Newton lui-même. Notre héros resta sans voix face à son idole. Lequel parlait suffisamment pour deux :
« Vous voilà arrivé dans le jardin de la connaissance. Soyez bienheureux d’accéder à ce lieu divin où les plus grands esprits de la Terre continuent leurs recherches après leur mort. »
Tous deux commencèrent à marcher le long du chemin. Après quelques pas, le dit sentier se séparait en de nombreux sentiers. Mais Newton, sûr de lui, continua tout droit. Et à leur gauche apparut un spectacle étonnant. Sous une immense cloche en verre, un homme portant un masque à oxygène se trouvait au sommet d’une tour de quelques mètres, un boulet de plomb dans une main et une plume dans l’autre. Malgré l’épaisseur du verre, Bertie le distinguait clairement, mais trop intrigué, ne s’occupa pas de sa tenue.
« Voici Galilée, commenta Newton. Il adore faire cette expérience encore et encore. D’abord dans l’air, comme à son époque, et ensuite dans le vide. D’ailleurs, savez-vous ce qu’il est en train de faire ? »
« Hum… Il me semble qu’il vérifie que des objets de poids différents tombent à la même vitesse, répondit Bertie, dont les cordes vocales avaient retrouvé leur utilisation première. »
« Exactement ! Bien, très bien, vous me semblez parfait. »
« Parfait pour quoi, demanda Bertie ? »
Ignorant la question, Newton continua à marcher le long du chemin central de l’académie. Quelques mètres plus loin, un autre scientifique fut visible sur la droite.
Il était habillé d’une simple toge blanche, légèrement verdie par l’herbe dans laquelle il était assis. A côté de lui, se trouvaient quatre boites sur lesquelles on pouvait lire respectivement : « Feu », « Air », « Eau » et « Terre ».
« Ce cher Aristote essaye encore de reconstituer l’ensemble de l’univers en utilisant uniquement ses quatre « éléments fondamentaux ». Vous savez, sa théorie archaïque qui prétend que tout est constitué des quatre éléments fondamentaux. En ce moment, il bloque sur cet étrange breuvage que vous appelez Coca-Cola, explique Isaac, sans prendre le temps de s’arrêter, ni de saluer le Grec. »
Enfin, ils arrivèrent au bout du chemin, là où se finissait l’Académie. A cet endroit sortait du sol un magnifique pommier, majestueux mais suffisamment bas pour que l’on puisse cueillir ses fruits. Fruits qui d’ailleurs étaient des pommes de couleurs toutes différentes.
« Nous sommes arrivé à l’arbre des sciences. Voyez-vous, chaque pomme représente une discipline scientifique. Les grosses sont très anciennes, comme la physique, alors que les plus petites sont récentes, comme celle de la génétique. Choisissez votre pomme, observez-la, mais ne la cueillez surtout pas ! prévint Newton. »
Bertie s’approcha alors d’un énorme fruit de couleur bleue, qui représentait la physique. Il ressentait la fièvre et l’excitation des plus grands découvreurs de cette branche au plus profond de son être. La pomme et lui étaient en résonance.
Alors, reproduisant une erreur millénaire, il croqua dans la pomme. Avant même que son guide ait pu commencer à lui crier dessus, tout disparut autour de lui, pour laisser place à l’espace intersidéral. Et notre héros se trouvait chevauchant un rayon lumineux, à une vitesse extrême. Il sentit dans sa main un poids plutôt léger et bien présent.
C’était son miroir, qu’il laissait habituellement dans sa salle de bain. Seul son aspect familier lui permettait de reconnaitre l’objet, car Bertie ne se reflétait pas dedans.
Il se réveilla soudain, dans son fauteuil, le livre ouvert sur ses genoux. Il regarda l’heure.
23h33.
Dommage, pensa-t-il.
C’était un bien beau rêve et il l’avait gâché en transgressant les règles. Mais il ne pouvait ôter de sa tête sa dernière vision. Il n’avait pas de reflet. Donc la lumière qui aurait du atteindre ses yeux ne pouvait aller plus vite que le rayon sur lequel il se trouvait ? Peut-être cela signifiait-t-il que rien n’allait plus vite que la lumière, et donc que sa vitesse était la limite finale ? Peut-être avait-il vu une plus grande part de la vérité que Newton, qui s’était contenté de se prendre la pomme sur la tête.
Trop fatigué pour se perdre dans les méandres de la physique théorique, Bert alla se coucher. Quelques jours plus tard, il écrirait deux articles sur le sujet, qu’il enverrait à une revue scientifique.
Et il signerait :
Albert Einstein.
Et l'autre :
Quand on peut faire simple
Les derniers visiteurs sortent du musée. C’est l’heure de la pause déjeuner pour Monir et moi. Je suis un gardien. Mais attention, pas n’importe quel gardien. Je m’occupe du musée des sciences de Genève, plus particulièrement de la partie sur la Mécanique Quantique.
Qu’est-ce que la mécanique quantique ?
Pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment, même si d’après ce que j’ai compris ça a un rapport avec un chat zombie.
« La pièce la plus importante de ce musée, m’avait dit le professeur Vonkraken le jour de mon arrivée, c’est le chat de Schrodinger.
Vous voyez cette boite en métal au centre de la salle de physique moderne ?
A l’intérieur se trouve la plus grande preuve de la mécanique quantique.
En effet, cette théorie explique que tout se trouve dans une superposition d’états. Mort et Vivant par exemple.
Et que c’est l’observation qui force la matière à choisir un état. Un peu abstrait je l’avoue pour un concierge, mais que voulez-vous.
Un jour, le grand physicien Erwin Schrodinger décida de créer une expérience déterminante pour prouver cette théorie. Il mit dans une boite un atome radioactif qui avait exactement une chance sur 2 de se désintégrer. Sa désintégration entrainait le cas échéant l’ouverture d’une fiole de poison qui tuait un chat se trouvant dans la boite. Et le plus beau était que tant que l’atome n’était pas observé, il était à la fois intact et désintégré !
Donc le chat se trouvait être à la fois mort et vivant. Vous observez donc aujourd’hui le seul chat mort-vivant de la terre »
C’était plus ou moins le charabia qu’il sortait à tous les visiteurs, remarque méprisante sur ma condition à part.
De toute manière, je suis quand même assez fier de veiller sur la partie la plus importante du musée. Avec une expérience qui date de 1935.
Une idée traverse les brumes de mon cerveau, pour atteindre la partie consciente. Mais je l’arrête juste à temps. S’il y a bien quelque chose que j’ai appris ici, c’est de ne jamais avoir d’idée en étant entouré de génies des sciences.
On prend très facilement un coup à son égo en voyant 10 docteurs en physique se foutre de vous.
Je me contente de nettoyer la pièce, en attendant que les visiteurs reviennent. Ils doivent être à la dernière conférence du prof Vonkraken, intitulée
« Ce que la mécanique quantique permet de déduire sur la nature de l’ame »
J’y serais bien allé si j’avais une once d’intelligence. Mais je ne suis qu’un concierge après tout.
C’est à ce moment que l’idée revient en force, traversant les barrières mentales que j’avais minutieusement érigées. Et je suis saisi d’un sentiment de panique, car je sais que quelque chose cloche.
Il faut à tout prix que j’ouvre cette foutue boite. Seulement, elle est scellée. Je cours chercher mon chalumeau dans mon casier. En passant devant la salle de conférence, je la ferme à clé de l’extérieur. Les physiciens ont la fâcheuse habitude de perdre leurs clés, ce qui me donne quelques minutes supplémentaires.
Après 5 minutes de recherche dans mon bordel, je retrouve l’objet de mon désir, et je reviens dans la salle du chat en courant. J’entends des coups à la porte de la salle de conférence.
Bonne nouvelle, ils n’ont pas encore trouvé les clés.
Debut de l’ouverture de la caisse. Vite, je n’ai pas le temps ! Le chalumeau detruit doucement les dernières résistances de la boite, et je l’ouvre.
C’est alors que j’éclate de rire !
« Couillon de physicien, je dis »
Il avait oublié que la vie d’un chat tient parfois à autre chose qu’un atome radioactif.
L’oxygène par exemple.
Donc je poste deux petites nouvelles que j'ai écrites il y a plusieurs semaines.
Découverte
Un jeune homme lisait un livre dans son fauteuil. Le titre de l’ouvrage était Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, d’Isaac Newton, et sur la première page on pouvait lire
« Pour Bertie, de la part de Maurice »
Bertie était donc son nom. Il était absorbé par sa lecture, mais au bout de quelques minutes, il leva les yeux pour regarder l’heure.
23h30.
Il n’allait pas tarder à se diriger vers son lit. Mais tout à coup, le livre se mit à trembler. Les feuilles se détachèrent une à une et vinrent recouvrir Bertie, obstruant sa vue.
Il resta un moment sans bouger, puis entendit un bruit sourd, comme un boulet de canon s’écrasant contre le sol.
Alors, effrayé, il se dépêcha de se lever. Mais en se retournant, il remarqua qu’il se tenait sur une chaise en bois, au milieu d’un chemin de terre. Au-dessus du chemin se trouvait une inscription :
« Académie des sciences post mortem :
Que nul n’entre ici s’il n’est scientifique. »
Bertie était étonné, car ce qui se trouvait autour de lui ne ressemblait pas à un conte de fée. Pourtant, il était bien rentré dans un livre.
Au loin, derrière l’arche, un homme l’appela :
« Monseigneur, Monseigneur, hâtez-vous, nous n’avons pas toute l’après-midi. »
L’étranger portait une longue perruque, un pourpoint blanc, des bas rouges et de hautes bottes. Il ne se présenta pas, ce n’était pas nécessaire. Devant Bertie, se trouvait le plus grand physicien de tous les temps, Sir Newton lui-même. Notre héros resta sans voix face à son idole. Lequel parlait suffisamment pour deux :
« Vous voilà arrivé dans le jardin de la connaissance. Soyez bienheureux d’accéder à ce lieu divin où les plus grands esprits de la Terre continuent leurs recherches après leur mort. »
Tous deux commencèrent à marcher le long du chemin. Après quelques pas, le dit sentier se séparait en de nombreux sentiers. Mais Newton, sûr de lui, continua tout droit. Et à leur gauche apparut un spectacle étonnant. Sous une immense cloche en verre, un homme portant un masque à oxygène se trouvait au sommet d’une tour de quelques mètres, un boulet de plomb dans une main et une plume dans l’autre. Malgré l’épaisseur du verre, Bertie le distinguait clairement, mais trop intrigué, ne s’occupa pas de sa tenue.
« Voici Galilée, commenta Newton. Il adore faire cette expérience encore et encore. D’abord dans l’air, comme à son époque, et ensuite dans le vide. D’ailleurs, savez-vous ce qu’il est en train de faire ? »
« Hum… Il me semble qu’il vérifie que des objets de poids différents tombent à la même vitesse, répondit Bertie, dont les cordes vocales avaient retrouvé leur utilisation première. »
« Exactement ! Bien, très bien, vous me semblez parfait. »
« Parfait pour quoi, demanda Bertie ? »
Ignorant la question, Newton continua à marcher le long du chemin central de l’académie. Quelques mètres plus loin, un autre scientifique fut visible sur la droite.
Il était habillé d’une simple toge blanche, légèrement verdie par l’herbe dans laquelle il était assis. A côté de lui, se trouvaient quatre boites sur lesquelles on pouvait lire respectivement : « Feu », « Air », « Eau » et « Terre ».
« Ce cher Aristote essaye encore de reconstituer l’ensemble de l’univers en utilisant uniquement ses quatre « éléments fondamentaux ». Vous savez, sa théorie archaïque qui prétend que tout est constitué des quatre éléments fondamentaux. En ce moment, il bloque sur cet étrange breuvage que vous appelez Coca-Cola, explique Isaac, sans prendre le temps de s’arrêter, ni de saluer le Grec. »
Enfin, ils arrivèrent au bout du chemin, là où se finissait l’Académie. A cet endroit sortait du sol un magnifique pommier, majestueux mais suffisamment bas pour que l’on puisse cueillir ses fruits. Fruits qui d’ailleurs étaient des pommes de couleurs toutes différentes.
« Nous sommes arrivé à l’arbre des sciences. Voyez-vous, chaque pomme représente une discipline scientifique. Les grosses sont très anciennes, comme la physique, alors que les plus petites sont récentes, comme celle de la génétique. Choisissez votre pomme, observez-la, mais ne la cueillez surtout pas ! prévint Newton. »
Bertie s’approcha alors d’un énorme fruit de couleur bleue, qui représentait la physique. Il ressentait la fièvre et l’excitation des plus grands découvreurs de cette branche au plus profond de son être. La pomme et lui étaient en résonance.
Alors, reproduisant une erreur millénaire, il croqua dans la pomme. Avant même que son guide ait pu commencer à lui crier dessus, tout disparut autour de lui, pour laisser place à l’espace intersidéral. Et notre héros se trouvait chevauchant un rayon lumineux, à une vitesse extrême. Il sentit dans sa main un poids plutôt léger et bien présent.
C’était son miroir, qu’il laissait habituellement dans sa salle de bain. Seul son aspect familier lui permettait de reconnaitre l’objet, car Bertie ne se reflétait pas dedans.
Il se réveilla soudain, dans son fauteuil, le livre ouvert sur ses genoux. Il regarda l’heure.
23h33.
Dommage, pensa-t-il.
C’était un bien beau rêve et il l’avait gâché en transgressant les règles. Mais il ne pouvait ôter de sa tête sa dernière vision. Il n’avait pas de reflet. Donc la lumière qui aurait du atteindre ses yeux ne pouvait aller plus vite que le rayon sur lequel il se trouvait ? Peut-être cela signifiait-t-il que rien n’allait plus vite que la lumière, et donc que sa vitesse était la limite finale ? Peut-être avait-il vu une plus grande part de la vérité que Newton, qui s’était contenté de se prendre la pomme sur la tête.
Trop fatigué pour se perdre dans les méandres de la physique théorique, Bert alla se coucher. Quelques jours plus tard, il écrirait deux articles sur le sujet, qu’il enverrait à une revue scientifique.
Et il signerait :
Albert Einstein.
Et l'autre :
Quand on peut faire simple
Les derniers visiteurs sortent du musée. C’est l’heure de la pause déjeuner pour Monir et moi. Je suis un gardien. Mais attention, pas n’importe quel gardien. Je m’occupe du musée des sciences de Genève, plus particulièrement de la partie sur la Mécanique Quantique.
Qu’est-ce que la mécanique quantique ?
Pour tout vous dire, je ne sais pas vraiment, même si d’après ce que j’ai compris ça a un rapport avec un chat zombie.
« La pièce la plus importante de ce musée, m’avait dit le professeur Vonkraken le jour de mon arrivée, c’est le chat de Schrodinger.
Vous voyez cette boite en métal au centre de la salle de physique moderne ?
A l’intérieur se trouve la plus grande preuve de la mécanique quantique.
En effet, cette théorie explique que tout se trouve dans une superposition d’états. Mort et Vivant par exemple.
Et que c’est l’observation qui force la matière à choisir un état. Un peu abstrait je l’avoue pour un concierge, mais que voulez-vous.
Un jour, le grand physicien Erwin Schrodinger décida de créer une expérience déterminante pour prouver cette théorie. Il mit dans une boite un atome radioactif qui avait exactement une chance sur 2 de se désintégrer. Sa désintégration entrainait le cas échéant l’ouverture d’une fiole de poison qui tuait un chat se trouvant dans la boite. Et le plus beau était que tant que l’atome n’était pas observé, il était à la fois intact et désintégré !
Donc le chat se trouvait être à la fois mort et vivant. Vous observez donc aujourd’hui le seul chat mort-vivant de la terre »
C’était plus ou moins le charabia qu’il sortait à tous les visiteurs, remarque méprisante sur ma condition à part.
De toute manière, je suis quand même assez fier de veiller sur la partie la plus importante du musée. Avec une expérience qui date de 1935.
Une idée traverse les brumes de mon cerveau, pour atteindre la partie consciente. Mais je l’arrête juste à temps. S’il y a bien quelque chose que j’ai appris ici, c’est de ne jamais avoir d’idée en étant entouré de génies des sciences.
On prend très facilement un coup à son égo en voyant 10 docteurs en physique se foutre de vous.
Je me contente de nettoyer la pièce, en attendant que les visiteurs reviennent. Ils doivent être à la dernière conférence du prof Vonkraken, intitulée
« Ce que la mécanique quantique permet de déduire sur la nature de l’ame »
J’y serais bien allé si j’avais une once d’intelligence. Mais je ne suis qu’un concierge après tout.
C’est à ce moment que l’idée revient en force, traversant les barrières mentales que j’avais minutieusement érigées. Et je suis saisi d’un sentiment de panique, car je sais que quelque chose cloche.
Il faut à tout prix que j’ouvre cette foutue boite. Seulement, elle est scellée. Je cours chercher mon chalumeau dans mon casier. En passant devant la salle de conférence, je la ferme à clé de l’extérieur. Les physiciens ont la fâcheuse habitude de perdre leurs clés, ce qui me donne quelques minutes supplémentaires.
Après 5 minutes de recherche dans mon bordel, je retrouve l’objet de mon désir, et je reviens dans la salle du chat en courant. J’entends des coups à la porte de la salle de conférence.
Bonne nouvelle, ils n’ont pas encore trouvé les clés.
Debut de l’ouverture de la caisse. Vite, je n’ai pas le temps ! Le chalumeau detruit doucement les dernières résistances de la boite, et je l’ouvre.
C’est alors que j’éclate de rire !
« Couillon de physicien, je dis »
Il avait oublié que la vie d’un chat tient parfois à autre chose qu’un atome radioactif.
L’oxygène par exemple.
hardkey- Messages : 227
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Localisation : Dans la boite avec ce fucking chat mort vivant.
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Bon, je t'ai déjà dit ce que j'en pensais, mais je te le redis :
Elles sont super, j'aime bien les univers différents dans lesquels tu nous emmènes
Elles sont super, j'aime bien les univers différents dans lesquels tu nous emmènes
TiZ- Messages : 40
Date d'inscription : 12/04/2012
Age : 28
hardkey- Messages : 227
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Localisation : Dans la boite avec ce fucking chat mort vivant.
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Hahaha tu as le mérite de m'avoir fait rire !
Tu as de bonnes idées. Tes nouvelles sont un peu à la physique ce que le livre "Le Monde de Sophie" est à la philosophie.
Je vois que tu n'as que 18 ans, je ne me souviens pas qu'au lycée on abordait la mécanique quantique, je ne l'ai vu que dans mes études supérieures.
Tu souhaites devenir docteur en physique?
Tu as de bonnes idées. Tes nouvelles sont un peu à la physique ce que le livre "Le Monde de Sophie" est à la philosophie.
Je vois que tu n'as que 18 ans, je ne me souviens pas qu'au lycée on abordait la mécanique quantique, je ne l'ai vu que dans mes études supérieures.
Tu souhaites devenir docteur en physique?
Musesoul- Messages : 73
Date d'inscription : 10/07/2012
Age : 34
Localisation : Toulouse
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Merci d'avoir pris le temps de ma lire
Et non, on n'aborde pas la mécanique quantique en terminale (ou alors juste la notion de quanta, et encore, comme des barbares).
Mais ça fait des années que je m'intéresse à la question. Et pour l'instant, je vais faire une prépa MPSI, probablement pour rentrer à l'ENS et travailler sur la physique théorique. J'ai un certain nombre d'autres nouvelles dans ce genre si tu es intéressé.
Et non, on n'aborde pas la mécanique quantique en terminale (ou alors juste la notion de quanta, et encore, comme des barbares).
Mais ça fait des années que je m'intéresse à la question. Et pour l'instant, je vais faire une prépa MPSI, probablement pour rentrer à l'ENS et travailler sur la physique théorique. J'ai un certain nombre d'autres nouvelles dans ce genre si tu es intéressé.
hardkey- Messages : 227
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Localisation : Dans la boite avec ce fucking chat mort vivant.
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
La seconde, on la voit un peu venir.
Mais j'ai bien ri avec la première. Notamment avec Aristote et le Coca.
Mais j'ai bien ri avec la première. Notamment avec Aristote et le Coca.
Invité- Invité
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Très beaux projets. Ma soeur a fait l'ENS, elle finit actuellement sa thèse en physique des plasmas. Si tu as éventuellement des questions, je peux lui faire passer.
Et quant aux autres nouvelles du genre, oui, ça m'intéresse.
Je pense qu'en travaillant un tout petit peu le style de certains passages, tu pourrais l'envoyer à une maison d'édition !
Tu as déjà tenté ta chance?
Et quant aux autres nouvelles du genre, oui, ça m'intéresse.
Je pense qu'en travaillant un tout petit peu le style de certains passages, tu pourrais l'envoyer à une maison d'édition !
Tu as déjà tenté ta chance?
Musesoul- Messages : 73
Date d'inscription : 10/07/2012
Age : 34
Localisation : Toulouse
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Génial! Je verrais si j'ai des question à lui poser. Et vu que tu en redemandes, voila deux autres nouvelles :
L’infini intersidéral
Journal de bord du Carnum, vaisseau spatial de type 74
13 mai 2237 :
Nous sommes partis du restaurant galactique Alpharacle il y a 3 jours. Depuis, nous avons remarqués qu’ils ont orientés leur écran publicitaire géant vers nous, afin de nous faire passer un message :
« ATTENTION A … »
Evidemment, tout l’équipage est très inquiet à propos de cette communication alarmante, mais je pense que c’est juste la caissière qui a oubliée de nous donner le ticket de caisse. Mais le plus étonnant reste le temps qu’ils mettent à afficher la suite du message. Je me demande quel phénomène physique est en cause.
14 mai 2237 :
L’affichage de l’écran a changé. A cause de la distance, nous avons eu plus de mal à le lire cette fois.
Il était écrit :
« L’HORIZON … »
Incompréhensible. En effet, l’horizon est une notion que l’on ne rencontre que sur les planètes. A moins que ce ne soit manière poétique de nous avertir des dangers de notre voyage ? Je serais étonné que les serveurs du plus grand fast-food de la galaxie y aient pensé.
Nous verrons bien dans quelques heures.
20 mai 2237 :
Enfin, nous avons la fin du message. Seulement, vu la distance énorme, il faut attendre que notre ordinateur de bord utilise ses algorithmes d’amélioration d’image.
Le temps parait de plus en plus dilaté. Je n’aime vraiment pas ça.
J’en parlerais avec un physicien à notre retour sur Terre.
21 mai 2237 :
L’image de l’écran publicitaire est presque terminée. Mais aujourd’hui j’ai remarqué que nous ne pouvons plus voir aucune étoile dans l’espace. C’est bien le moment pour que les cameras du vaisseau nous lâchent. Je n’en peux plus d’attendre de connaitre la fin du message.
Ah… l’ordinateur de bord m’indique que l’opération est terminée :
« D’UN TROU NOIR ! »
L’horizon d’un trou noir.
La ligne limite à partir de laquelle rien, même la lumière, ne peut s’échapper de l’attraction gravitationnelle de ce monstre interstellaire.
Merde !
La souffrance du chaos
Je souffre, je suis blessé.
Petit à petit, mon sang coule sur la faïence de mon lit.
Hier, un homme est venu me voir. Malheureusement, il n’avait pas de blouse blanche. Il portait juste un T-shirt « Schrodinger Cat is dead » et était mal rasé.
Un simple physicien.
Et au lieu de m’aider, cet abruti regarde, hypnotisé, l’écoulement de mon fluide vital, irrégulier à cause de la gravité de ma blessure.
Cependant, mon sang tombe lentement, goutte après goutte.
Et mon observateur de s’écrier :
« J’ai trouvé le chaos », en courant dans le couloir.
Depuis, un groupe d’étudiants accompagnés d’un professeur passe toutes les heures. Bien trop souvent à mon goût.
« Voyez comme les gouttes tombent selon un rythme imprédictible, dit le professeur à sa portée de lèches bottes. On voit que le liquide agit de manière chaotique. »
Evidemment, ce vieux scientifique parle de liquide. Ça serait trop personnel de parler de sang.
J’ai l’impression d’être un patient atteint de la peste, qui serait montré à tous les étudiants en médecine. Une telle chance de pouvoir observer comment agit une maladie disparue !
« A vrai dire, on pourrait prévoir le rythme de chute des gouttes en enregistrant tous les paramètres physiques dans un ordinateur et en lançant une simulation, continue le bon professeur.
Seulement notre précision n’étant pas absolue, nous aurions arrondi les valeurs des forces qui s’appliquent sur le système. A chaque nouvelle boucle, les approximations des simulations précédentes augmenteraient l’erreur, ce qui fait que nous ne pourrions prédire que deux ou trois gouttes. C’est ce que l’on appelle la dépendance sensitive aux conditions initiales. Ou pour les incultes l’effet papillon, finit-il en éclatant de rire. »
Content que ta blague te plaise.
Sale petit …
Et si au lieu de te concentrer sur tes théories stupides, tu t’occupais de moi.
Pas que j’ai besoin d’aide, mais bon, je pense que cela pourrait être utile.
Bien évidemment, il ne m’entend pas. Dieu ne m’a pas donné le don de la parole, et je le maudis pour cela chaque jour depuis que j’ai commencé à souffrir.
J’aimerais tellement qu’ils arrêtent tous de penser à leurs papillons à la con, et qu’ils se tournent vers moi, me voyant vraiment.
Ça ne devrait pas être trop dur pour une telle bande de génies de me soigner.
Après tout, je ne suis qu’un robinet qui fuit.
Voila. Sinon, je ne pense pas qu'une maison d'édition soit vraiment intéressé
L’infini intersidéral
Journal de bord du Carnum, vaisseau spatial de type 74
13 mai 2237 :
Nous sommes partis du restaurant galactique Alpharacle il y a 3 jours. Depuis, nous avons remarqués qu’ils ont orientés leur écran publicitaire géant vers nous, afin de nous faire passer un message :
« ATTENTION A … »
Evidemment, tout l’équipage est très inquiet à propos de cette communication alarmante, mais je pense que c’est juste la caissière qui a oubliée de nous donner le ticket de caisse. Mais le plus étonnant reste le temps qu’ils mettent à afficher la suite du message. Je me demande quel phénomène physique est en cause.
14 mai 2237 :
L’affichage de l’écran a changé. A cause de la distance, nous avons eu plus de mal à le lire cette fois.
Il était écrit :
« L’HORIZON … »
Incompréhensible. En effet, l’horizon est une notion que l’on ne rencontre que sur les planètes. A moins que ce ne soit manière poétique de nous avertir des dangers de notre voyage ? Je serais étonné que les serveurs du plus grand fast-food de la galaxie y aient pensé.
Nous verrons bien dans quelques heures.
20 mai 2237 :
Enfin, nous avons la fin du message. Seulement, vu la distance énorme, il faut attendre que notre ordinateur de bord utilise ses algorithmes d’amélioration d’image.
Le temps parait de plus en plus dilaté. Je n’aime vraiment pas ça.
J’en parlerais avec un physicien à notre retour sur Terre.
21 mai 2237 :
L’image de l’écran publicitaire est presque terminée. Mais aujourd’hui j’ai remarqué que nous ne pouvons plus voir aucune étoile dans l’espace. C’est bien le moment pour que les cameras du vaisseau nous lâchent. Je n’en peux plus d’attendre de connaitre la fin du message.
Ah… l’ordinateur de bord m’indique que l’opération est terminée :
« D’UN TROU NOIR ! »
L’horizon d’un trou noir.
La ligne limite à partir de laquelle rien, même la lumière, ne peut s’échapper de l’attraction gravitationnelle de ce monstre interstellaire.
Merde !
La souffrance du chaos
Je souffre, je suis blessé.
Petit à petit, mon sang coule sur la faïence de mon lit.
Hier, un homme est venu me voir. Malheureusement, il n’avait pas de blouse blanche. Il portait juste un T-shirt « Schrodinger Cat is dead » et était mal rasé.
Un simple physicien.
Et au lieu de m’aider, cet abruti regarde, hypnotisé, l’écoulement de mon fluide vital, irrégulier à cause de la gravité de ma blessure.
Cependant, mon sang tombe lentement, goutte après goutte.
Et mon observateur de s’écrier :
« J’ai trouvé le chaos », en courant dans le couloir.
Depuis, un groupe d’étudiants accompagnés d’un professeur passe toutes les heures. Bien trop souvent à mon goût.
« Voyez comme les gouttes tombent selon un rythme imprédictible, dit le professeur à sa portée de lèches bottes. On voit que le liquide agit de manière chaotique. »
Evidemment, ce vieux scientifique parle de liquide. Ça serait trop personnel de parler de sang.
J’ai l’impression d’être un patient atteint de la peste, qui serait montré à tous les étudiants en médecine. Une telle chance de pouvoir observer comment agit une maladie disparue !
« A vrai dire, on pourrait prévoir le rythme de chute des gouttes en enregistrant tous les paramètres physiques dans un ordinateur et en lançant une simulation, continue le bon professeur.
Seulement notre précision n’étant pas absolue, nous aurions arrondi les valeurs des forces qui s’appliquent sur le système. A chaque nouvelle boucle, les approximations des simulations précédentes augmenteraient l’erreur, ce qui fait que nous ne pourrions prédire que deux ou trois gouttes. C’est ce que l’on appelle la dépendance sensitive aux conditions initiales. Ou pour les incultes l’effet papillon, finit-il en éclatant de rire. »
Content que ta blague te plaise.
Sale petit …
Et si au lieu de te concentrer sur tes théories stupides, tu t’occupais de moi.
Pas que j’ai besoin d’aide, mais bon, je pense que cela pourrait être utile.
Bien évidemment, il ne m’entend pas. Dieu ne m’a pas donné le don de la parole, et je le maudis pour cela chaque jour depuis que j’ai commencé à souffrir.
J’aimerais tellement qu’ils arrêtent tous de penser à leurs papillons à la con, et qu’ils se tournent vers moi, me voyant vraiment.
Ça ne devrait pas être trop dur pour une telle bande de génies de me soigner.
Après tout, je ne suis qu’un robinet qui fuit.
Voila. Sinon, je ne pense pas qu'une maison d'édition soit vraiment intéressé
hardkey- Messages : 227
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Localisation : Dans la boite avec ce fucking chat mort vivant.
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Très intéressant.
La chute de la première histoire est très drôle, la chute de la deuxième histoire peut encore être travaillée
EDIT : je n'avais pas pris la phrase "je ne suis qu'un robinet qui fuit" au premier degré. J'étais resté sur mon image d'homme mourant ^^
Du coup je rectifie : la chute est en fait une idée formidable !
Qui ne tente rien n'a rien ... alors tente ta chance !
La chute de la première histoire est très drôle, la chute de la deuxième histoire peut encore être travaillée
EDIT : je n'avais pas pris la phrase "je ne suis qu'un robinet qui fuit" au premier degré. J'étais resté sur mon image d'homme mourant ^^
Du coup je rectifie : la chute est en fait une idée formidable !
Qui ne tente rien n'a rien ... alors tente ta chance !
Dernière édition par musesoul le Sam 14 Juil 2012 - 18:39, édité 1 fois
Musesoul- Messages : 73
Date d'inscription : 10/07/2012
Age : 34
Localisation : Toulouse
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
La première est bien tournée mais elle me rappelle une nouvelle, peut être d'Arthur C Clarke, avec un vaisseau qui se lance pour tester une théorie qui s'affranchit de la relativité et qui provoque l'effondrement de l'univers et un nouveau big bang en adoptant une trajectoire ou je ne sais plus quoi qui lui donne une masse infinie. Les malveillants risquent de voir une réminiscence...
J'ai adoré la seconde !
J'ai adoré la seconde !
Invité- Invité
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Très agréable à lire, j'ai beaucoup aimé la chute de la dernière nouvelle. J'ai juste buté sur une ou deux phrases quelques fois (et encore, le problème peut venir de moi), mais franchement, c'est fluide et efficace. Continue !
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Yeah, merci beaucoup pour toutes ces critiques.
Allez, en cadeau, ma dernière nouvelle :
Dessins
Le vent, lentement, entrait par la porte, pour se fracasser sur les murs, tels un navire se naufrageant dans les récifs. Biologiquement, ce courant d’air glaça le sang de Mark. Mais, alors qu’il entra dans la pièce où Job était occupé, il ressentit une peur, une terreur bien plus profonde. Une horreur ancrée dans son inconscient. Si seulement il était capable de la déloger.
Seulement, elle était bien là. Et, quand il vit Job dessiner, la panique envahit chaque parcelle de son corps. Plus aucun stimulus n’arrivait à son cerveau, il était en roue libre, totalement laissé à lui-même. Il se rua sur le téléphone, tout en feuilletant frénétiquement le catalogue de LifeFriends Corp, à la recherche d’une explication.
Et quand la jeune standardiste lui demanda la raison de son appel, Mark du résister à son dégout de lui-même. Il l’aimait de tout son cœur, mais il allait trahir son fils ! Cependant les instincts reprirent le dessus. Il dit à son interlocutrice :
« J’ai un code 246. »
Sur le catalogue qui gisait maintenant sur le sol, on pouvait lire sur une page entrouverte :
« Code 246 : Mon robot a un comportement étrange »
*
« C’est vraiment très étonnant ce que vous me dites là, expliqua le professeur Von Kraken. Après tout, nous n’avons pas inclus la créativité dans l’intelligence artificielle de votre robot
-Il s’appelle Job, corrigea Mark
-Oui, il est vrai. Mais faites attention Monsieur, se lier émotionnellement avec un robot n’est jamais bon. Après tout, ce n’est que de la ferraille »
Mark devait résister à l’envie de frapper, encore et encore ce malotru, ce sale petit … qui se moquait de son fils adoré. Car oui, c’était son fils à part entière. Mark avait beau être impulsif et parfois violent, il n’avait jamais, au grand jamais frappé Job. Il l’adorait trop pour cela. Mais aujourd’hui, à l’amour se mêlait la peur. La peur de ne plus pouvoir le contrôler. La peur de la rébellion du robot qu’il était contre son créateur. La peur du parricide robotique. Il devait donc écouter Von Kraken.
« Est-ce qu’il aurait eu des interactions poussées avec d’autre enfants de son âge, demanda ce dernier ?
-Comment voulez-vous ? Il est de couleur métallisé. Tous les enfants savent qu’il est une machine, et le repoussent. Seul le petit Jimmy lui parle, et encore, je suis sur ce que ce n’est que par ce qu’il est poli. Job est ostracisé par votre politique de couleur totalement stupide !
-Vous savez, répondit Von Kraken, ce n’est pas un choix de notre entreprise. C’est imposé par l’Etat, pour que nous ne puissions pas faire passer le fleuron de notre technologie pour de vrai petits garçons. Ils sont peur de la magie des Pinocchio modernes en quelque sorte, expliqua-t-il en riant.
-Mais comment peut-on l’aider ? Il en a besoin. C’est comme s’il était malade au final. Son comportement n’est pas celui qu’il devrait être.
-Malheureusement, il n’y a qu’un seul moyen. N’ayant jamais été confronté à ce genre de problème, il va me falloir le démonter afin de trouver le problème. Le risque est grand qu’il n’y survive pas.
-Non ! Vous ne pouvez pas faire ça. Ce n’est qu’un enfant ! Il ne doit pas mourir.
-Ne soyez pas ridicule. Malgré le transfert de sentiment que vous avez effectué sur lui, il reste avant tout un robot. Et vous devez cette opération à l’espèce humaine. Car des machines qui deviennent créatives, c’est un risque trop grand. »
Mark, terrassé en plein cœur par l’argument de Von Kraken, dut faire un choix. L’humanité ou son fils. Et, poussé par la pression sociale, il fit ce qui lui apparut pendant des années comme le mauvais choix. Il choisit l’humanité.
*
Job entra dans la salle d’opération, simple pièce de montage rebaptisée pour les nerfs de Mark. Celui-ci portait avec lui toutes les pièces qu’il avait changées à son fils au bout de 8 ans. Il se rappelait encore comment on lui avait ramené ce robot nourrisson.
A chaque changement de pièce, il était à la fois fou de joie de voir Job évoluer, mais aussi triste, une boule au ventre, appréhendant le vieillissement de son fils. Et pire que tout, après ses 20 ans artificiels, Job serait démonté.
C’était dans les règles de la compagnie. Mais en ce moment, Mark était terrifié à l’idée que son pauvre fils ne puisse même pas vivre jusque-là. Cet endroit n’avait pas l’odeur aseptisée d’une vraie salle d’opération. Un mélange de senteur d’huile, de métal et de pétrole, c’est tout ce qui arrivait à ses narines.
Alors Mark s’apprêta à sortir, Job sur le billard et Von Kraken au-dessus de lui, un tournevis et une scie à la main. Mark était sur que le bruit de la scie tranchant des bouts de son fils resterait à jamais dans sa tête, pour le torturer. Mais une petite voix cria un « Non » retentissant, et tous se retournèrent vers l’entrée, où se trouvait le petit Jimmy.
« Job n’a pas créé. Il a simplement recopié mes dessins, expliqua-t-il, en montrant la liasse de papier qu’il tenait dans ses mains. »
Après un examen rapide des dessins, similaires en tout point à ceux de Job, tous les scientifiques en présence, ainsi que Mark, acceptèrent l’explication de Jimmy. Après tout, c’était la plus logique.
Tout heureux qu’il était, le père ne remarqua pas le clin d’œil que son fils fit à Jimmy.
*
Dans le noir, le salon de la maison de Mark est à peine éclairé par un rayon de lune. L’odeur fraiche et enivrante de la nuit n’empêche pas se dernier de dormir. Mais tous n’ont pas un appareil olfactif fonctionnel. Dans le salon, sur une feuille blanche, Job est concentré.
D’un trait droit, fluide, bien supérieur à celui d’un enfant, apparait sur le papier un mouton avec une petite trappe. Un mouton électrique.
Allez, en cadeau, ma dernière nouvelle :
Dessins
Le vent, lentement, entrait par la porte, pour se fracasser sur les murs, tels un navire se naufrageant dans les récifs. Biologiquement, ce courant d’air glaça le sang de Mark. Mais, alors qu’il entra dans la pièce où Job était occupé, il ressentit une peur, une terreur bien plus profonde. Une horreur ancrée dans son inconscient. Si seulement il était capable de la déloger.
Seulement, elle était bien là. Et, quand il vit Job dessiner, la panique envahit chaque parcelle de son corps. Plus aucun stimulus n’arrivait à son cerveau, il était en roue libre, totalement laissé à lui-même. Il se rua sur le téléphone, tout en feuilletant frénétiquement le catalogue de LifeFriends Corp, à la recherche d’une explication.
Et quand la jeune standardiste lui demanda la raison de son appel, Mark du résister à son dégout de lui-même. Il l’aimait de tout son cœur, mais il allait trahir son fils ! Cependant les instincts reprirent le dessus. Il dit à son interlocutrice :
« J’ai un code 246. »
Sur le catalogue qui gisait maintenant sur le sol, on pouvait lire sur une page entrouverte :
« Code 246 : Mon robot a un comportement étrange »
*
« C’est vraiment très étonnant ce que vous me dites là, expliqua le professeur Von Kraken. Après tout, nous n’avons pas inclus la créativité dans l’intelligence artificielle de votre robot
-Il s’appelle Job, corrigea Mark
-Oui, il est vrai. Mais faites attention Monsieur, se lier émotionnellement avec un robot n’est jamais bon. Après tout, ce n’est que de la ferraille »
Mark devait résister à l’envie de frapper, encore et encore ce malotru, ce sale petit … qui se moquait de son fils adoré. Car oui, c’était son fils à part entière. Mark avait beau être impulsif et parfois violent, il n’avait jamais, au grand jamais frappé Job. Il l’adorait trop pour cela. Mais aujourd’hui, à l’amour se mêlait la peur. La peur de ne plus pouvoir le contrôler. La peur de la rébellion du robot qu’il était contre son créateur. La peur du parricide robotique. Il devait donc écouter Von Kraken.
« Est-ce qu’il aurait eu des interactions poussées avec d’autre enfants de son âge, demanda ce dernier ?
-Comment voulez-vous ? Il est de couleur métallisé. Tous les enfants savent qu’il est une machine, et le repoussent. Seul le petit Jimmy lui parle, et encore, je suis sur ce que ce n’est que par ce qu’il est poli. Job est ostracisé par votre politique de couleur totalement stupide !
-Vous savez, répondit Von Kraken, ce n’est pas un choix de notre entreprise. C’est imposé par l’Etat, pour que nous ne puissions pas faire passer le fleuron de notre technologie pour de vrai petits garçons. Ils sont peur de la magie des Pinocchio modernes en quelque sorte, expliqua-t-il en riant.
-Mais comment peut-on l’aider ? Il en a besoin. C’est comme s’il était malade au final. Son comportement n’est pas celui qu’il devrait être.
-Malheureusement, il n’y a qu’un seul moyen. N’ayant jamais été confronté à ce genre de problème, il va me falloir le démonter afin de trouver le problème. Le risque est grand qu’il n’y survive pas.
-Non ! Vous ne pouvez pas faire ça. Ce n’est qu’un enfant ! Il ne doit pas mourir.
-Ne soyez pas ridicule. Malgré le transfert de sentiment que vous avez effectué sur lui, il reste avant tout un robot. Et vous devez cette opération à l’espèce humaine. Car des machines qui deviennent créatives, c’est un risque trop grand. »
Mark, terrassé en plein cœur par l’argument de Von Kraken, dut faire un choix. L’humanité ou son fils. Et, poussé par la pression sociale, il fit ce qui lui apparut pendant des années comme le mauvais choix. Il choisit l’humanité.
*
Job entra dans la salle d’opération, simple pièce de montage rebaptisée pour les nerfs de Mark. Celui-ci portait avec lui toutes les pièces qu’il avait changées à son fils au bout de 8 ans. Il se rappelait encore comment on lui avait ramené ce robot nourrisson.
A chaque changement de pièce, il était à la fois fou de joie de voir Job évoluer, mais aussi triste, une boule au ventre, appréhendant le vieillissement de son fils. Et pire que tout, après ses 20 ans artificiels, Job serait démonté.
C’était dans les règles de la compagnie. Mais en ce moment, Mark était terrifié à l’idée que son pauvre fils ne puisse même pas vivre jusque-là. Cet endroit n’avait pas l’odeur aseptisée d’une vraie salle d’opération. Un mélange de senteur d’huile, de métal et de pétrole, c’est tout ce qui arrivait à ses narines.
Alors Mark s’apprêta à sortir, Job sur le billard et Von Kraken au-dessus de lui, un tournevis et une scie à la main. Mark était sur que le bruit de la scie tranchant des bouts de son fils resterait à jamais dans sa tête, pour le torturer. Mais une petite voix cria un « Non » retentissant, et tous se retournèrent vers l’entrée, où se trouvait le petit Jimmy.
« Job n’a pas créé. Il a simplement recopié mes dessins, expliqua-t-il, en montrant la liasse de papier qu’il tenait dans ses mains. »
Après un examen rapide des dessins, similaires en tout point à ceux de Job, tous les scientifiques en présence, ainsi que Mark, acceptèrent l’explication de Jimmy. Après tout, c’était la plus logique.
Tout heureux qu’il était, le père ne remarqua pas le clin d’œil que son fils fit à Jimmy.
*
Dans le noir, le salon de la maison de Mark est à peine éclairé par un rayon de lune. L’odeur fraiche et enivrante de la nuit n’empêche pas se dernier de dormir. Mais tous n’ont pas un appareil olfactif fonctionnel. Dans le salon, sur une feuille blanche, Job est concentré.
D’un trait droit, fluide, bien supérieur à celui d’un enfant, apparait sur le papier un mouton avec une petite trappe. Un mouton électrique.
hardkey- Messages : 227
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Localisation : Dans la boite avec ce fucking chat mort vivant.
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Oui, s'il te plaît, dessine-moi un mouton
Ca a un petit côté A.I. cette nouvelle, j'ai bien apprécié la lecture.
Ca a un petit côté A.I. cette nouvelle, j'ai bien apprécié la lecture.
Musesoul- Messages : 73
Date d'inscription : 10/07/2012
Age : 34
Localisation : Toulouse
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
J'aime bien tes nouvelles
Mégalopin- Messages : 4729
Date d'inscription : 05/11/2010
Localisation : Fils de Butte
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Merci pour tous ces supers commentaires
Sinon, je suis sur un roman en ce moment. La première partie fait dans les 7000 mots. Si quelqu'un est intéressé, me contacter par MP ^^
Sinon, je suis sur un roman en ce moment. La première partie fait dans les 7000 mots. Si quelqu'un est intéressé, me contacter par MP ^^
hardkey- Messages : 227
Date d'inscription : 01/05/2011
Age : 30
Localisation : Dans la boite avec ce fucking chat mort vivant.
Re: Clavier + Coca = mes belles conneries
Je poste une autre nouvelle, dans un genre un peu différent :
Cassé
Son pied, qui avait été loyal pendant tant d’années, percuta le coin de la commode. Matt, le reposant à terre en vitesse, serra les dents, pour se préparer à l’éclat de douleur qui suivrait l’effet anesthésique du choc.
Alors, son petit doigt de pied irradia de douleur. La violence de la collision l’avait transformé en petite saucisse apéritif, toute gonflée. Les teintes de rouges et de violet effrayèrent un peu Matt, mais il se dit qu’après tout, c’était normal après ce genre d’accident domestique. Il se contenta donc de prendre un cachet de doliprane, et de sortir un pain de glace du frigo. Il l’appliqua sur son pied mal en point, et s’assit dans son fauteuil, pour lire un peu. Un bon bouquin, d’après l’expérience de Matt, fait toujours passer la souffrance, qu’elle soit physique comme ici, ou psychologique.
Après, 3 pages, il dut se résoudre à le reposer. Cela faisait deux heures qu’il lisait, et l’état de son doigt de pied l’avait empêché de se concentrer ne serais-ce qu’un peu. D’abord, la glace, avait rajouté à l’élancement qu’il ressentait. Matt avait résisté à l’envie infantile de la retirer, pour que la douleur reflue un peu. Et puis, ce fut ensuite les infimes mouvements de son pied qui le torturèrent. Une de ses habitudes de lecture était de taper légèrement du pied sur le sol quand il lisait. Ainsi, sans jamais réussir à se maîtriser, il cognait invariablement la partie blessé sur le parquet.
C’en était trop pour Matt. Pire, le petit doigt restait aussi gonflé que juste après le choc, même avec le pain de glace. Il prit la décision d’aller chez son médecin traitant. Après tout c’était peut-être une entorse ou une fracture. Un coup de fil plus tard, et un rendez-vous était pris pour l’après-midi même. Abandonnant l’idée de se distraire, Matt décida de regarder son doigt de pied blessé. Ne disait-on pas que l’esprit est plus fort que la matière ?
Pendant que le vieil homme respectable l’auscultait, il se dit que finalement, la matière gagnait largement. Et puis, comme un lycéen, une boule au ventre, attends les résultats du bac, Matt attendis le diagnostic.
« C’est cassé, lui dit le médecin »
Il lui faudrait l’immobiliser, avec une bande pansement, que l’on pouvait acheter en pharmacie. Après s’être fait bander, les deux derniers doigts de pied, Matt remit ses chaussures, attrapa l’ordonnance, et prit congé du médecin, non s’en s’être délaissé du prix de la consultation. Arrivant dans la rue, il décida de marcher. Son appartement ne se trouvait pas très loin, et Matt était certain que l’exercice aidait à ressouder les os. D’un bon pas, quoique boitant, il avançait, lentement mais surement. Et puis ça arriva. Un autre pic de douleur déferla dans le pied blessé. Mais cette fois-ci, sur un autre orteil. Effaré, appuyé sur le mur le plus proche, Matt dut admettre qu’il en avait un autre de cassé. La marche reprit, plus difficile, mais toujours faisable. Et puis, comme une gamme au piano, l’un après l’autre, les doigts de pied se brisèrent. La souffrance, atroce ne s’arrêtait pas. Mais, plus que la douleur de marcher sur un pied dont tous les orteils était cassés, plus que ses joues qui saignaient, tellement il les mordait pour ne pas crier, la peur était arrivé jusqu’aux tripes de Matt. Car, la logique, la rationalité en lui le prévenait, en faisant remonter une angoisse profonde : et si ça ne s’arrêtait pas ? Pourquoi ce qui semblait une destruction systématique de tous les os de son corps s’arrêterait en si bon chemin ?
La réponse lui vint de son vieil ami, son pied gauche. Après les orteils, tous les os, même les plus petits, s’étaient cassés. Pire que la souffrance atroce, qui le fit, cette fois, bel et bien crier, ce fut le bruit qui effraya Matt. Le bruit de craquement, celui d’une chips sous la dent. Trainant son pied mort au bataillon, il se hâta de rentrer chez lui. Car il savait que la prochaine cible serait l’autre organe pédestre. Et il devait pouvoir rentrer chez lui avant. Pourquoi, mais pourquoi, ce jour entre tous, Matt avait-il oublié son portable ? Pour aller aux urgences, il devrait utiliser son fixe, car dans la rue, les passants se mettaient déjà tous sur l’autre trottoir. Au milieu de la pluie acide de la douleur qui rongeait son esprit, Matt se dit qu’il devait presque avoir l’air comique. Un trentenaire, criant au milieu de la rue, trainant un de ses pieds et sautillant sur l’autre, luisant de sueur, et se démenant comme un damné pour avancer. Enfin, deux orteils brisés plus tard, il arriva dans son appartement. Comme il l’avait prédit, CA s’était attaqué à son autre pied.
Allongé sur son lit, la voix tremblante, ponctuée de cris de douleurs, Matt prévint les urgences de la gravité de la situation. Le temps que l’ambulance arrive dans sa rue, Des deux pieds, ainsi que ses deux fémurs, s’était brisés. Matt avait l’impression qu’un psychopathe sadique s’amusait, petit à petit, à lui enfoncer des couteaux dans toutes les parties de son corps. Tandis, qu’on le transportait sur un brancard, il faisait tout, absolument tout ce qui était en son pouvoir pour rester conscient. Il se doutait qu’il ne lui restait que très peu de temps à vivre, et il voulait au moins le vivre consciemment. Mais quand le véhicule des urgences démarra, son bassin se cassa en trois morceaux. Le craquement, atroce, mais qui ne pouvait pas sortir de sa tête. Matt s’évanouit.
Il était seul, dans le noir. Rien n’était visible autour de lui. Dans ce paysage mental désolé, il avait encore tous ses os en bon état. Matt se mit à genoux et cria. Il cria de fureur, de rage, de tristesse. Il sortit le son qu’il avait tout fait pour garder en lui. Pour rester digne. Mais il n’avait plus la force pour s’occuper de la dignité. La souffrance l’avait minée, détruite.
C’est alors que son cri de désespoir se transforma en cri d’horreur. Un sourire. Un grand sourire, des dents blanches parfaitement placés. Mais il avait quelque chose de malsain. Et les yeux. Petits, rouges. Le plaisir et l’amour de la violence se lisait dans le regard de la CHOSE. Et pire que tout, un reflet. Un reflet de métal qui se rapprochait, encore et toujours. Matt était incapable de bouger. Tout ce qu’il pouvait faire c’était crier. Le cri animal de la peur, la peur profonde, la peur absolue. Et la chose abattit son couteau sur lui.
Il se réveilla, en sueur, dans un lit d’hôpital. Partout au-dessous de son cou, il souffrait le martyre. Matt essaya de bouger ses bras, mais la douleur, toujours atroce, l’en empêcha. Son souffle était court. Il n’arrivait pas à respirer. Puis il compris. C’était ses cotes, fendues, qui appuyaient sur ses poumons. Il risquait de ne plus pouvoir respirer. Mais une intuition, un sixème sens animal, lui fit sentir qu’il mourrait avant.
Les seuls os qui lui restaient entiers, étaient ceux du cou et du crane. Là encore, il savait que tous se briserait en même temps. Et alors …
« J’aurais bien aimé connaitre la fin de ce livre, dit-il à la chambre vide. »
Et sa boite crânienne se détruisit.
Le dernier son qui lui parvint, ce fut le bruit.
Le bruit d’un paquet mou qui tombe, ayant perdu son support.
Le bruit d'un cerveau qui, inexorablement, tombe.
Cassé
Son pied, qui avait été loyal pendant tant d’années, percuta le coin de la commode. Matt, le reposant à terre en vitesse, serra les dents, pour se préparer à l’éclat de douleur qui suivrait l’effet anesthésique du choc.
Alors, son petit doigt de pied irradia de douleur. La violence de la collision l’avait transformé en petite saucisse apéritif, toute gonflée. Les teintes de rouges et de violet effrayèrent un peu Matt, mais il se dit qu’après tout, c’était normal après ce genre d’accident domestique. Il se contenta donc de prendre un cachet de doliprane, et de sortir un pain de glace du frigo. Il l’appliqua sur son pied mal en point, et s’assit dans son fauteuil, pour lire un peu. Un bon bouquin, d’après l’expérience de Matt, fait toujours passer la souffrance, qu’elle soit physique comme ici, ou psychologique.
Après, 3 pages, il dut se résoudre à le reposer. Cela faisait deux heures qu’il lisait, et l’état de son doigt de pied l’avait empêché de se concentrer ne serais-ce qu’un peu. D’abord, la glace, avait rajouté à l’élancement qu’il ressentait. Matt avait résisté à l’envie infantile de la retirer, pour que la douleur reflue un peu. Et puis, ce fut ensuite les infimes mouvements de son pied qui le torturèrent. Une de ses habitudes de lecture était de taper légèrement du pied sur le sol quand il lisait. Ainsi, sans jamais réussir à se maîtriser, il cognait invariablement la partie blessé sur le parquet.
C’en était trop pour Matt. Pire, le petit doigt restait aussi gonflé que juste après le choc, même avec le pain de glace. Il prit la décision d’aller chez son médecin traitant. Après tout c’était peut-être une entorse ou une fracture. Un coup de fil plus tard, et un rendez-vous était pris pour l’après-midi même. Abandonnant l’idée de se distraire, Matt décida de regarder son doigt de pied blessé. Ne disait-on pas que l’esprit est plus fort que la matière ?
Pendant que le vieil homme respectable l’auscultait, il se dit que finalement, la matière gagnait largement. Et puis, comme un lycéen, une boule au ventre, attends les résultats du bac, Matt attendis le diagnostic.
« C’est cassé, lui dit le médecin »
Il lui faudrait l’immobiliser, avec une bande pansement, que l’on pouvait acheter en pharmacie. Après s’être fait bander, les deux derniers doigts de pied, Matt remit ses chaussures, attrapa l’ordonnance, et prit congé du médecin, non s’en s’être délaissé du prix de la consultation. Arrivant dans la rue, il décida de marcher. Son appartement ne se trouvait pas très loin, et Matt était certain que l’exercice aidait à ressouder les os. D’un bon pas, quoique boitant, il avançait, lentement mais surement. Et puis ça arriva. Un autre pic de douleur déferla dans le pied blessé. Mais cette fois-ci, sur un autre orteil. Effaré, appuyé sur le mur le plus proche, Matt dut admettre qu’il en avait un autre de cassé. La marche reprit, plus difficile, mais toujours faisable. Et puis, comme une gamme au piano, l’un après l’autre, les doigts de pied se brisèrent. La souffrance, atroce ne s’arrêtait pas. Mais, plus que la douleur de marcher sur un pied dont tous les orteils était cassés, plus que ses joues qui saignaient, tellement il les mordait pour ne pas crier, la peur était arrivé jusqu’aux tripes de Matt. Car, la logique, la rationalité en lui le prévenait, en faisant remonter une angoisse profonde : et si ça ne s’arrêtait pas ? Pourquoi ce qui semblait une destruction systématique de tous les os de son corps s’arrêterait en si bon chemin ?
La réponse lui vint de son vieil ami, son pied gauche. Après les orteils, tous les os, même les plus petits, s’étaient cassés. Pire que la souffrance atroce, qui le fit, cette fois, bel et bien crier, ce fut le bruit qui effraya Matt. Le bruit de craquement, celui d’une chips sous la dent. Trainant son pied mort au bataillon, il se hâta de rentrer chez lui. Car il savait que la prochaine cible serait l’autre organe pédestre. Et il devait pouvoir rentrer chez lui avant. Pourquoi, mais pourquoi, ce jour entre tous, Matt avait-il oublié son portable ? Pour aller aux urgences, il devrait utiliser son fixe, car dans la rue, les passants se mettaient déjà tous sur l’autre trottoir. Au milieu de la pluie acide de la douleur qui rongeait son esprit, Matt se dit qu’il devait presque avoir l’air comique. Un trentenaire, criant au milieu de la rue, trainant un de ses pieds et sautillant sur l’autre, luisant de sueur, et se démenant comme un damné pour avancer. Enfin, deux orteils brisés plus tard, il arriva dans son appartement. Comme il l’avait prédit, CA s’était attaqué à son autre pied.
Allongé sur son lit, la voix tremblante, ponctuée de cris de douleurs, Matt prévint les urgences de la gravité de la situation. Le temps que l’ambulance arrive dans sa rue, Des deux pieds, ainsi que ses deux fémurs, s’était brisés. Matt avait l’impression qu’un psychopathe sadique s’amusait, petit à petit, à lui enfoncer des couteaux dans toutes les parties de son corps. Tandis, qu’on le transportait sur un brancard, il faisait tout, absolument tout ce qui était en son pouvoir pour rester conscient. Il se doutait qu’il ne lui restait que très peu de temps à vivre, et il voulait au moins le vivre consciemment. Mais quand le véhicule des urgences démarra, son bassin se cassa en trois morceaux. Le craquement, atroce, mais qui ne pouvait pas sortir de sa tête. Matt s’évanouit.
Il était seul, dans le noir. Rien n’était visible autour de lui. Dans ce paysage mental désolé, il avait encore tous ses os en bon état. Matt se mit à genoux et cria. Il cria de fureur, de rage, de tristesse. Il sortit le son qu’il avait tout fait pour garder en lui. Pour rester digne. Mais il n’avait plus la force pour s’occuper de la dignité. La souffrance l’avait minée, détruite.
C’est alors que son cri de désespoir se transforma en cri d’horreur. Un sourire. Un grand sourire, des dents blanches parfaitement placés. Mais il avait quelque chose de malsain. Et les yeux. Petits, rouges. Le plaisir et l’amour de la violence se lisait dans le regard de la CHOSE. Et pire que tout, un reflet. Un reflet de métal qui se rapprochait, encore et toujours. Matt était incapable de bouger. Tout ce qu’il pouvait faire c’était crier. Le cri animal de la peur, la peur profonde, la peur absolue. Et la chose abattit son couteau sur lui.
Il se réveilla, en sueur, dans un lit d’hôpital. Partout au-dessous de son cou, il souffrait le martyre. Matt essaya de bouger ses bras, mais la douleur, toujours atroce, l’en empêcha. Son souffle était court. Il n’arrivait pas à respirer. Puis il compris. C’était ses cotes, fendues, qui appuyaient sur ses poumons. Il risquait de ne plus pouvoir respirer. Mais une intuition, un sixème sens animal, lui fit sentir qu’il mourrait avant.
Les seuls os qui lui restaient entiers, étaient ceux du cou et du crane. Là encore, il savait que tous se briserait en même temps. Et alors …
« J’aurais bien aimé connaitre la fin de ce livre, dit-il à la chambre vide. »
Et sa boite crânienne se détruisit.
Le dernier son qui lui parvint, ce fut le bruit.
Le bruit d’un paquet mou qui tombe, ayant perdu son support.
Le bruit d'un cerveau qui, inexorablement, tombe.
hardkey- Messages : 227
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