Olivia (et Jérémie le PN)

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Olivia,

Je m'étais jurée que, si mon test de QI s'avérait supérieur à 130, je t'écrirais.

Mais par où commencer ?

Tout d'abord je me présente. Je m'appelle M*******. Je t'ai vue une seule fois je crois. Chez les parents de Jérémie S****** à L* B****e. Dans l'appartement à l'étage. Tu étais accompagnée de ton copain de l'époque. Un grand sec et dégarni si je me souviens bien. Moi, je sortais avec Jérémie.

Et puis il m'a quitté en m'annonçant qu'il était avec toi dorénavant. C'était il y a 16 ans.

Ça m'a fait très mal sur le moment. Mais finalement, pas autant que l'ensemble des 2 années passées avec lui.

Heureusement j'ai eu la chance de sortir très peu de temps après avec mon mari actuel. Ça m'a aidé à me sortir de son emprise, passer à autre chose, m'en remettre, me reconstruire. Car j'étais incroyablement, néfastement amoureuse de Jérémie.

Ma relation avec lui, pendant ces deux années, n'a pas été ce qu'on qualifierait du parfait amour. J'étais folle amoureuse de lui, certes, mais en même temps je n'ai jamais été autant malheureuse.

J'étais très isolée, je ne parlais à personne de notre relation, j'en souffrais, en avais honte, mais d'un autre côté j'étais complètement sous son charme. Je l'admirais autant que je pouvais le trouver dur avec moi.
J'ai tendance à minimiser la fois où il m'a choppé par les cheveux alors que je me trouvais en haut de l'escalier. C'est sa mère qui m'a retenue in extremis sans quoi j'arrivais la tête la première directement à la dernière marche de l'escalier. Il y a eu une autre fois aussi, mais j'étais soûle, je ne me rappelle plus bien. Mais dans mon cerveau, c'était deux moments isolés, pas représentatifs de notre relation et il était les deux fois complètement ivre. De toute façon, je lui trouvais toujours des bonnes excuses. Il était plus jeune que moi. Il allait grandir. Il était énervé...Mais ça, c'était rien comparé à toutes les violences verbales. Il m'a rabaissé, détruite, je n'étais plus que l'ombre de moi-même, fumant des joints du matin au soir.

Mais je m'en suis remise, j'ai passé le concours d'instit, j'ai eu ma fille, et tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Alors pourquoi t'écrire ?

C'est assez simple. De par mon métier de professeur des écoles, j'ai découvert le monde du HPI (haut potentiel intellectuel). On me présenta un matin, dans ma classe, un élève de 5 ans détecté HPI, ou surdoué, ou précoce (pleins de mots existent) , un enfant donc avec un QI supérieur à 130. Je commence donc à m'intéresser un peu au sujet. Et me pose la question de mon propre cas. Puis passe à autre chose.
L'année d'après, j'ai des soupçons sur un élève. Je relis un peu sur le sujet mais non, cet élève ne semble pas HPI. Mais au passage, je tombe sur un article qui fait un lien entre stresse et HPI. Tiens, ça me correspond encore.
Cette année, j'ai à nouveau un élève HPi dans ma classe et cette fois je plonge corps et âme dans le sujet de la douance. Et là, stupéfaction, je découvre presque systématiquement sur les sites internet qui parlent du HPi une section consacrée aux pervers narcissiques.
Je ne connaissais ce mot que depuis 1 an lorsqu'un ami m'avait parlé de sa relation avec sa nouvelle amoureuse qui s'était avérée être une perverse narcissique. Je l'avais écouté mais sans comprendre réellement ce qu'était exactement un ou une perverse narcissique.
Là, en fouillant dans les sites internet consacrés au HPI, je découvre plus en détail de quoi il s'agit.
Et là je me dis : il faut vraiment que j'aille passer un test de QI, j'en ai quand même tous les signes. Car c'est une évidence, Jérémie est un pervers narcissique. Toi qui connais sûrement aussi son histoire familiale, tu ne peux pas nier qu'il en a tous les terrains facilitants. {Ce n'est pas "tous les terrains facilitants" qui convient mais je n'ai pas encore trouvé le terme}
Et je me promets, en allant passer le test, que si celui ci s'avère être positif, dans le sens " supérieur à 130", je contacte cette Oliva, pour savoir si elle va bien, pour m'assurer qu'elle n'a pas besoin d'aide, qu'elle n'est pas isolée, qu'elle a des amies et amis qu'elle fréquente régulièrement, qu'elle n'est pas devenue une morte vivante.

Voilà. En tout cas, si tu vis avec lui la même relation que j'ai vécu avec lui, on peut en parler, je pense être très bien placée pour te comprendre sans te juger.

Et si tu me dis que tout va bien alors tant mieux, mais j'ai aussi lu qu'être pervers narcissique c'était une personnalité, et on ne peut pas changer les gens. Chassez le naturel et il revient au galop.

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Voilà. Je me tâte à envoyer ça à Olivia.
J'hésite.
Comme toujours.
Est-ce que je me mêle de ce qui ne me regarde pas?
Est-ce que je m'autorise à avoir bonne conscience en envoyant ce courrier ?
Vous en pensez quoi?

Oui.
Sûrement pas.
Que les PN, ça n'existe pas. Que 16 ans après, même si c'est normal que tu y penses encore, tu devrais balayer ça plutôt que ressasser.

Si c’est dans le processus de ta guérison de cette relation toxique : fais-le. Le lien fut toxique. Lui devait souffrir, toi aussi, ensemble ça souffre.

Ça peut être différent dans une autre relation. Tu peux simplement prendre la température chez Oliva, s’ils sont encore ensemble?
Mais n’utilise pas les termes fâcheux de PN, il diabolise l’autre en se lavant de toute responsabilité personnelle.

Désolée pour cette expérience douloureuse!

Justement, pourquoi mêler Olivia à tout ça ?

T'es pas obligée de lui raconter ta vie, les histoires de stress, de hpi, ça ne concerne pas Olivia. Par contre ça me paraît pertinent d'envoyer un truc comme

Salut,

Quand j'étais avec ton actuel mari, j'étais très isolée, il m'a tiré deux fois les cheveux et failli me balancer dans l'escalier, et me rabaissait verbalement en permanence. Il m'a détruite. J'espère que ça se passe bien de ton côté.

Bises.

Le but de la lettre est que si Olivia vit la même chose que toi, la lettre puisse lui servir de déclic et éviter de souffrir des mois ou des années de plus.

Si tu donnes trop d'infos personnelles sur toi, ça pourra être utilisé contre toi. Tu ne sais pas à quel stade de la relation en est Olivia, et tu ne sais pas qui lira la lettre en premier. Par exemple, si tu attends une réponse et que tu donnes ton adresse, c'est dangereux pour toi.

En envoyant ce type de lettre, tu acceptes d'être gestionnaire de la situation de crise. Si Olivia est vraiment dans la merde, c'est vers toi qu'elle se tournera pour que tu la sauves. Si elle est dans le déni et folle amoureuse et que les deux sont toxiques, il et elle pourront chercher à te détruire.

Plus la lettre est courte, mieux c'est.

Si c'est pour toi et que ça te fait du bien, tu peux écrire une lettre longue et la mettre dans un tiroir.

Et si Olivia n'a rien vécu de similaire, ça va être quoi le message ? l'impact ?

Elle va trouver ça bizarre et poser des questions à son mari. Soit son mari lui expliquera que Mrust est folle, soit il lui expliquera qu'il a changé, ou bien une autre raison de pourquoi il était comme cela.

Ou bien Olivia gardera la lettre dans un coin de sa mémoire et si tout va bien finira par l'oublier.

Si la relation avec Olivia est parfaite, la lettre aura peu d'effet. Si la relation avec Olivia est violente, la lettre peut être utile et servir de déclic.

Je ne sais pas... t'aimerais que quelqu'un du passé viennent déblatérer sur ton compagnon / ta compagne sur des histoires si vieilles ?

+1 avec Tigrou.

Autant je suis sur que d'avoir écrit ça ici a beaucoup aidé Mrust dans la gestion de ce passé qui ne passe pas, autant réellement envoyer la lettre est quand même un gros risque pour la personne qui va la recevoir. Et, par ricochet, possiblement pour la personne qui l'envoie.

PN, ça n'existe pas. Une personne peut très bien être THQI a avoir un trouble de la personnalité narcissique. Une étiquette clinique ne doit pas être posée sans une solide formation clinique, un examen professionnel et un cadre définissant les objectifs (clinique ou pénal ou autre).

Si tu veux faire quelque chose pour cette dame, tu lui fais parvenir de manière anonyme une documentation officielle sur les violences conjugales, comme si c'était un tout-ménage distribué par les forces de l'ordre.

Tu ne dois en aucun cas être reconnaissable de quelque manière que ce soit. Si elle a un jour envie de te contacter, elle saura sûrement te retrouver.

Si tu décides d'accuser monsieur sans passer par la justice, c'est lui qui peut décider de te faire passer en justice.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Diffamation_en_droit_français

Sans être toxique, si elle et/ou lui n'apprécie(nt) pas ta démarche, tu pourrais le payer très très cher, que ce soit en justice et/ou dans tes sphères de vie privée, amicale, professionnelle,... Tu aurais finalement énormément de chance si tu t'en tirais 'bien' d'avoir 'joué les justiciers'.

Tu me fais penser à un tas de gens qu'on a vu débarquer ici peu après leur bilan avec des idées très arrêtées sur ci ou ça, comme si le bilan donnait la science infuse ou devait être suivi immédiatement de règlement de compte ou que sais-je.

Je préfère largement les préconisations de Topsy.
Si vraiment Mrust pense qu'Olivia est en danger (même 15 ans après), des démarches anonymes... pourquoi pas.
Mais bon le truc du "il y a 15 ans tu m'as piqué mon mec mais maintenant que je suis HPI je peux te dire la vérité sur lui", j'ai plutôt l'impression que ça peut se retourner contre l'envoyeur.

je vais citer ma psy (et compte tenu que je la paye 105 euros du quart d'heure, je suis obligée de croire en sa pertinence, oui, elle vient d'augmenter ses tarifs   ) : "ce n'est pas votre histoire."

c'est la réponse qu'elle me fait quand je m'inquiète pour une autre personne que moi et les 2 membres de ma famille.

s'il y a quelque chose à faire, c'est t'occuper de toi en priorité, et si cette histoire qui remonte à la surface 16 ans après te fait encore souffrir, c'est un traumatisme ancien qui peut être traité par un praticien EMDR. tu pourrais être surprise des tours que peut te jouer ta mémoire et te découvrir bien plus forte que tu ne t'en souviens en faisant remonter les souvenirs à la surface.

ce qui est heureux, c'est que tu n'as par le suite pas associé l'amour à la maltraitance puisque tu as construit ta vie.

le reste ne te regarde pas. on sait déjà tellement peu de ce que vivent nos proches, alors quelqu'un que tu as vu une fois (je te cite) et il y a 16 ans, c'est de l'ordre du "fantasme" au sens premier.

PS : ça peut arriver à toutes les filles même HPI de tomber amoureuse d'un c....d. si l'intelligence empêchait le cœur de se tromper, ça se saurait.

Je serai plutôt d'accord avec Isadora.
Il y a la non assistance à personne en danger, qui est bien définie et avec laquelle on ne transige pas, mais se mêler de la vie de gens qu'on n'a plus vu depuis des années, sans rien connaître d'eux, c'est se jeter dans l'abîme profond des ennuis.
On ne sait pas ce qui se passe ailleurs, alors oui, il ne faut pas s'en mêler.
Et ce n'est pas fuir ou être lâche ou je ne sais quel jugement à l'emporte-pièce, c'est du bon sens, du respect, de la sauvegarde personnelle (rayer les mentions inutiles).
Après, chacun vit sa vie comme il peut et je ne jugerai certainement pas.

Mrust a souffert et souffre.

Je n’ai pas compris le lien avec le QI pour envoyer ou non la lettre. Mais je comprends ce besoin d’en parler à une femme qui, si elle vit la même chose, se sentirait comprise.

Mais oui, si tout va bien entre Olivia et l’ex, la lettre sera mal reçue, et ça pourrait faire pire envers Murst qui pourrait être traitée de noms d’oiseaux.

Si Olivia vit la même toxicité de lien, Murst et Olivia s’entre-aideraient. Chacune se sentirait entendue/comprise.

Tout est dans l’intention. Toujours.  

Désolée pour toi Mrust pour ce que tu as vécu avec ce type…

Merci à vous tous pour vos réponses constructives et argumentée.

Merci à toi pour ton retour avec recul. Mon message était trop sec à mon goût, j'aurais pu et dû le terminer de manière plus soft. Et je peux tout à fait comprendre le lien qui s'est fait dans ton esprit entre deux notions. Je dirais même que c'est peut-être une bonne chose que tu aies été encouragée à poursuivre la piste du HQI, même si ça a pu être en partie pour des raisons 'regrettables' (regrettable que tu aies subi une relation toxique, et regrettable par le lien un peu 'simpliste' qui circule sur les relations toxiques et le HQI).