L'axiome du début

Et jusque-là j'avais trouvé que ça restait un petit peu maladroit

Mais là je trouve que c'est un petit peu mieux intégré à l'aspect créatif de l'oeuvre

C'est normal de challenger un peu les créateurs de série ou de film

Sinon ils vont jouer la surenchère

Au lieu de la créativité.

Février

Alors quelle heure est-il et quand partirons-nous
Mais partir faut-il s'il vous plaît dans quel endroit
Alors où sommes-nous de travers ou tout droit
Ne soyez pas brutaux mais ne soyez pas mous

J'aime quand il y a quand c'est plus ou moins moindre
C'est selon c'est selon c'est selon c'est selon
Si c'est court c'est pas long si c'est pas court c'est long
Tu ne vois rien venir ne le vois-tu point poindre

Ce mois de février qui nous a fait vriller
Une bête de somme ma mère ouvrier
Qui mit au monde le deux le divin enfant

C'est-à-dire moi déjà fourbu de la tâche
Que je dois faire à langue à harangue et à hâche
Jadis beau garçon hui gros comme un éléphant.

Voilà un poème fin et léger

Voilà avec quelques h aspirés

Voilà le dernier vers est assez lourdeau mais ça va bien

La deuxième strophe est toujours difficile à passer

En fait le poème joue sur une contradiction

Le quand partirons nous est contredit par tout le reste du poème

C'est une élusion de question

Être de travers ou tout droit c'est qualifier une localisation par une façon d'être voire une trajectoire

Inversions pour perdre celui qui écoute

Répétitions pour l'ironie

Les rimes grotesques moins moindre et point poindre tu dis quelque chose avec les sons mais rien avec le sens

Ensuite quelque chose de pseudo nostalgique

Avec une figure grotesque de la "mère ouvrier"

Autrement dit la mère vue comme une usine de fabrication

Les enfants sont déjà fatigués à la naissance

La langue c'est l'essoufflement, harangue c'est le troupeau et la hâche c'est l'injustice

Le dernier vers annonce la dégénérescence grotesque de l'humain avec cette rime fatale entre enfant et éléphant

Donc c'est une critique de la politique de Lidl-peoplisation des masses

En fait les Lidl-people c'est des gens qui sont fiers d'aller au Lidl

J'y suis allé parfois sans être particulièrement fier

Ce qui m'a marqué le plus qui m'a fait froid dans le dos c'est la façon dont ils annoncent qu'une caisse se ferme et une caisse s'ouvre

Comme si moins faire payer les gens les autorisait à parler de manière très sèche aux gens

Ce poème aussi bien sûr me présente comme le sauveur du monde

Les gens veulent partir sur mars

Quelle heure est-il : paumés aujourd'hui
Quand partirons-nous : attente de la solution qui pour les gens est partir

Donc comme d'hab je pose la question pour où

Ni brutaux ni mous : éviter les extrêmes

Plus ou moins moindre : la nuance

C'est selon : il faut toujours être pragmatique

3e vers : il faut être simple

4e vers : appel à observation, tu ne vois rien as-tu bien regardé

Et après enfin je fais référence au titre ce qui rompt avec les précédents

Donc je suis le deux février et ma mère est assez carré

À langue à harangue et à hache c'est bien sûr par le verbe et en étant tranchant

Beau garçon c'est la naïveté et éléphant le poids physique et d'autorité

Le tout est emballé dans rimes à la fois fabriquées comme un emballage

Et ludique mais c'est un jeu

Pour déjouer la routine

Un jeu pour questionner

Dommage hache n'a pas d'accent circonflexe

On traite les lidl people comme de la merde et eux ils sont contents parce qu'on leur dit que l'on a pris en compte le fait qu'ils ont peu d'argent, ainsi ils existent

On reconnaît leur existence en les traitant comme de la merde

Exister pour l'autre est encore un symptôme du virtuel

Je suis bien sûr dès ma naissance écrasé par la tâche à accomplir

Hui est donc la fin d'aujourd'hui