Tu sais que tu es seul(e) quand...
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Tu sais que tu es seul(e) quand...
Sur le principe de cet autre topic, je propose que nous examinions ensemble les signes manifestes de notre profonde solitude. Pour comprendre que, à l'instar du principe qui veut qu'il n'y a pas d'amour mais des preuves d'amour, il n'y a pas de solitude mais des preuves de celui-ci, des "moments de solitudes" où nous pouvons toucher du doigt l'essence de cet état.
Je m'inspire là d'une vignette de la géniale BD autobiographique de Nicolas Mahler, L'art sans madame Goldgruber, dans laquelle le bédéaste autrichien se figure en train de dessiner, alors qu'il s'abîme dans la perplexité en avisant les rognures de gomme sur le coin de sa feuille : « Hum. Et si je ne jetais pas ces quelques rognures de gomme ? Ainsi, cela me fera un peu de compagnie... »
Voilà comment l'artiste saisit merveilleusement l'essence poisseuse et misérable de sa solitude, qu'il essaie de transcender là par l'humour.
Je vous invite donc, ici, à tenter de faire de même : saisir par l'anecdote dérisoire et la sensation infaillible l'exact sentiment de la solitude.
Par exemple, moi, hier soir : le téléphone sonne, alors que je suis avec mon (seul) ami. Je décroche, pour entendre un type réclamer un ou une « Gaël(le) ». Je lui explique qu'il fait manifestement erreur, et l'on en reste là. Après avoir raccroché, je me tourne vers mon ami : « Faux numéro. C'était pas loin, remarque : « Gilles » [mon prénom], pas si éloigné du « Gaël » que ce mec croyait appeler... C'est presque dommage ! » Et de me rendre compte, dans un fou-rire, que je suis donc à ce point-là seul que je n'aurais pas craché sur un échange téléphonique prolongé avec ce parfait inconnu, pour exploiter là un quiproquo opportunément transmué en arrangement aussi approximatif qu'absurde.
La vielle, déjà, je discutais avec mon unique ami, quand j'ai eu souvenance d'une information qui m'a fait m'interroger : « Mais, avec qui donc ai-je récemment parlé de ça, déjà !? » Et de comprendre immédiatement, dans une consternation amusée, qu'il n'y avait pas là matière à la moindre hésitation
: étant donné que je n'ai qu'un seul ami – celui qui était présentement face à moi, à m'écouter –, la source de cette information qui me revenait là ne pouvait être que... lui! Ah ah, on a bien ri face à ce constat, allègrement cruel, de ma solitude quasi-parfaite. C'était presque émouvant.
Bref. Tu sais que tu es seul quand :
- tu en viens à espérer, avec opportunisme et sans vergogne, qu'une erreur téléphonique puisse être susceptible de t'octroyer un peu de compagnie fortuite ("sur un malentendu, on ne sait jamais !") ;
- tu ne doutes absolument plus de qui a pu te dire telle ou telle chose, puisque, forcément, tu n'as en tout et pour tout qu'un seul interlocuteur possible - hormis toi, naturellement.
Voilà pour vous donner le ton de ce topic qui ne prétend pas se prendre trop au sérieux pour évoquer l'essence d'un sentiment et d'un état – la solitude – qui n'est hélas pas suffisamment désamorcé par la dérision et le sarcasme (cette salutaire ironie tournée vers soi).
Je m'inspire là d'une vignette de la géniale BD autobiographique de Nicolas Mahler, L'art sans madame Goldgruber, dans laquelle le bédéaste autrichien se figure en train de dessiner, alors qu'il s'abîme dans la perplexité en avisant les rognures de gomme sur le coin de sa feuille : « Hum. Et si je ne jetais pas ces quelques rognures de gomme ? Ainsi, cela me fera un peu de compagnie... »
Voilà comment l'artiste saisit merveilleusement l'essence poisseuse et misérable de sa solitude, qu'il essaie de transcender là par l'humour.
Je vous invite donc, ici, à tenter de faire de même : saisir par l'anecdote dérisoire et la sensation infaillible l'exact sentiment de la solitude.
Par exemple, moi, hier soir : le téléphone sonne, alors que je suis avec mon (seul) ami. Je décroche, pour entendre un type réclamer un ou une « Gaël(le) ». Je lui explique qu'il fait manifestement erreur, et l'on en reste là. Après avoir raccroché, je me tourne vers mon ami : « Faux numéro. C'était pas loin, remarque : « Gilles » [mon prénom], pas si éloigné du « Gaël » que ce mec croyait appeler... C'est presque dommage ! » Et de me rendre compte, dans un fou-rire, que je suis donc à ce point-là seul que je n'aurais pas craché sur un échange téléphonique prolongé avec ce parfait inconnu, pour exploiter là un quiproquo opportunément transmué en arrangement aussi approximatif qu'absurde.

La vielle, déjà, je discutais avec mon unique ami, quand j'ai eu souvenance d'une information qui m'a fait m'interroger : « Mais, avec qui donc ai-je récemment parlé de ça, déjà !? » Et de comprendre immédiatement, dans une consternation amusée, qu'il n'y avait pas là matière à la moindre hésitation

Bref. Tu sais que tu es seul quand :
- tu en viens à espérer, avec opportunisme et sans vergogne, qu'une erreur téléphonique puisse être susceptible de t'octroyer un peu de compagnie fortuite ("sur un malentendu, on ne sait jamais !") ;
- tu ne doutes absolument plus de qui a pu te dire telle ou telle chose, puisque, forcément, tu n'as en tout et pour tout qu'un seul interlocuteur possible - hormis toi, naturellement.

Voilà pour vous donner le ton de ce topic qui ne prétend pas se prendre trop au sérieux pour évoquer l'essence d'un sentiment et d'un état – la solitude – qui n'est hélas pas suffisamment désamorcé par la dérision et le sarcasme (cette salutaire ironie tournée vers soi).

Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tiens, c'est curieux : il y avait pourtant eu une réponse à ce topic... Escamotée depuis !?
Pas facile d'assumer un témoignage documentant l'essence de sa solitude, n'est-ce pas... Bon, je vais pas en faire tout un fromage ni une tarte –
– , mais c'est intéressant, ce genre de phénomènes.
Je vais en remettre une louche, moi, éhontément – même pas mal !
:
Hier soir, je me réveille avec un appel manqué et un message vocal subséquent émanant d'un numéro que je ne connaissais pas. J'écoute le message pour y découvrir la voix d'une vieille amie, une ex-collègue perdue de vue depuis des lustres ! Une jolie surprise, donc, totalement inattendue.
Son message vocal était tronqué : quelques secondes faisaient défaut au début ; mais j'ai bien compris qu'elle n'était pas sûre du numéro et qu'elle cherchait à prendre des nouvelles. Certes, je n'ai pas entendu l'entame ; il manquait donc ce détail "Salut G. !"...
Du coup, je lui fais un beau texto, genre : Coucou, ça me fait super plaisir de t'entendre, depuis le temps ! Je serai ravi de discuter avec toi dès que tu pourras te libérer [je sais qu'elle est très prise par sa vie de famille et autres activités annexes]. Belle soirée à toi, Bises."
Et c'est là qu'on en revient à l'épiphanique moment de solitude : j'ai immédiatement obtenu ce SMS impersonnel et décourageant en écho : "Je suis désolé. Je fais l'erreur de numéro. Bon soirée".
Alors certes, D. est d'origine polonaise, mais je ne me souvenais pas que son français était aussi approximatif – ceci dit, notre relation, longue de près d'une décennie, passait exclusivement par l'oral. Mais surtout, gros LOL : elle m'explique là, tacitement, qu'elle n'avait carrément pas l'intention de m'appeler MOI ; c'était accidentel ! Et lorsque je lui réponds, visiblement dépité par cette malencontreuse fausse manip' de sa part, qui m'avait donné de l'espoir : « Ah, d'accord. Je pensais que tu voulais reprendre de mes nouvelles. Tant pis ! », elle renchérit dans le registre générique, potentiellement vexatoire : "Je suis pas chez moi actuellement. Désolée". Genre : "Lâche l'affaire, je te dis : j'te connais plus, toi. Retourne dans les limbes du souvenir biodégradable ! »
Il y a quelques années, lorsque ma vie était encore "normale », je pense que j'aurais pu me montrer susceptible et me formaliser de cette déconvenue et de son caractère ingrat. Mais plus maintenant, où j'ai appris à rire de ces ricanements que j'entends presque au-dessus de ma tête (suivez mon regard de mystique goguenard...). "Pire", même : je suis malgré tout content d'avoir eu un coup de fil, "sur un malentendu" (« on ne sait jamais ! »).
Surtout, ce que j'adore ici, cadeau de la providence, c'est le décalage absurde avec les clichés, les lieux communs qui voudraient nous faire croire, d'Hollywood à Copainsdavant en passant par Facebook (royaume ultime de l'amitié), qu'il reste tant de beaux sentiments entre les anciens (grands) amis. Dans la vie réelle, cela se passe plus sûrement ainsi. Le poète (en l'occurrence Emily Dickinson, dans Car l'adieu, c'est la nuit) a toujours raison :
On ne sait jamais qu'on part – quand on part –
On plaisante, on ferme la porte
Le destin qui suit derrière nous la verrouille
Et jamais plus on n'aborde.
Bref, tu sais que tu es seul quand :
— tu réalises que tes vieux potes ne cherchent même plus à faire semblant de s'arranger diplomatiquement lorsqu'ils te recontactent par mégarde ; et que tu vas même jusqu'à te délecter complaisamment de cette assumation crasse qui les fait assumer crânement de ne pas chercher à t'éviter une éventuelle blessure narcissique ;
— tu comprends que certaines relations "authentiques", soi-disant affermies par des années de connivence, n'ont plus lieu d'être sitôt qu'on n'est plus payés (salariés) pour être "ami" avec ces... vulgaires collègues ; que l'argent, élémentaire tronc commun, aide ainsi foncièrement (on parle encore de "fonds", pour qualifier le pécuniaire) au rapprochement des êtres, à leur bonne entente ("les bons comptes font les bons amis"), en favorisant la complicité dans le confort et l'obligation mutuelle, artificielle ;
— tu réalises que les poètes, les artistes, les écrivains, les philosophes, les gens dans la TV ou au cinéma, tous ces précieux étrangers, sont devenus plus intimes et nécessaires à ta survie affective et intellectuelle que cet aréopage de fantômes que tu te trimbalais inutilement, piteusement lesté de nostalgie régressive ;
— tu comprends mieux que jamais pourquoi et comment Siddhārtha Gautama a pu s'isoler six ans pour devenir Le Bouddha, ce prétendu philanthrope résolument en rupture avec la société humaine. Et de t'appuyer sur ce paradoxe édifiant pour saisir combien tu es dans le vrai, désormais, en fuyant méthodiquement la compagnie de tes « semblables ».
(La p*** de synchronicité qui me fait relire le mot « semblables » exactement au moment où Cyril Mokaïesh le prononce dans Houleux !
)


Je vais en remettre une louche, moi, éhontément – même pas mal !

Hier soir, je me réveille avec un appel manqué et un message vocal subséquent émanant d'un numéro que je ne connaissais pas. J'écoute le message pour y découvrir la voix d'une vieille amie, une ex-collègue perdue de vue depuis des lustres ! Une jolie surprise, donc, totalement inattendue.
Son message vocal était tronqué : quelques secondes faisaient défaut au début ; mais j'ai bien compris qu'elle n'était pas sûre du numéro et qu'elle cherchait à prendre des nouvelles. Certes, je n'ai pas entendu l'entame ; il manquait donc ce détail "Salut G. !"...
Du coup, je lui fais un beau texto, genre : Coucou, ça me fait super plaisir de t'entendre, depuis le temps ! Je serai ravi de discuter avec toi dès que tu pourras te libérer [je sais qu'elle est très prise par sa vie de famille et autres activités annexes]. Belle soirée à toi, Bises."
Et c'est là qu'on en revient à l'épiphanique moment de solitude : j'ai immédiatement obtenu ce SMS impersonnel et décourageant en écho : "Je suis désolé. Je fais l'erreur de numéro. Bon soirée".
Alors certes, D. est d'origine polonaise, mais je ne me souvenais pas que son français était aussi approximatif – ceci dit, notre relation, longue de près d'une décennie, passait exclusivement par l'oral. Mais surtout, gros LOL : elle m'explique là, tacitement, qu'elle n'avait carrément pas l'intention de m'appeler MOI ; c'était accidentel ! Et lorsque je lui réponds, visiblement dépité par cette malencontreuse fausse manip' de sa part, qui m'avait donné de l'espoir : « Ah, d'accord. Je pensais que tu voulais reprendre de mes nouvelles. Tant pis ! », elle renchérit dans le registre générique, potentiellement vexatoire : "Je suis pas chez moi actuellement. Désolée". Genre : "Lâche l'affaire, je te dis : j'te connais plus, toi. Retourne dans les limbes du souvenir biodégradable ! »
Il y a quelques années, lorsque ma vie était encore "normale », je pense que j'aurais pu me montrer susceptible et me formaliser de cette déconvenue et de son caractère ingrat. Mais plus maintenant, où j'ai appris à rire de ces ricanements que j'entends presque au-dessus de ma tête (suivez mon regard de mystique goguenard...). "Pire", même : je suis malgré tout content d'avoir eu un coup de fil, "sur un malentendu" (« on ne sait jamais ! »).
Surtout, ce que j'adore ici, cadeau de la providence, c'est le décalage absurde avec les clichés, les lieux communs qui voudraient nous faire croire, d'Hollywood à Copainsdavant en passant par Facebook (royaume ultime de l'amitié), qu'il reste tant de beaux sentiments entre les anciens (grands) amis. Dans la vie réelle, cela se passe plus sûrement ainsi. Le poète (en l'occurrence Emily Dickinson, dans Car l'adieu, c'est la nuit) a toujours raison :
On ne sait jamais qu'on part – quand on part –
On plaisante, on ferme la porte
Le destin qui suit derrière nous la verrouille
Et jamais plus on n'aborde.
Bref, tu sais que tu es seul quand :
— tu réalises que tes vieux potes ne cherchent même plus à faire semblant de s'arranger diplomatiquement lorsqu'ils te recontactent par mégarde ; et que tu vas même jusqu'à te délecter complaisamment de cette assumation crasse qui les fait assumer crânement de ne pas chercher à t'éviter une éventuelle blessure narcissique ;
— tu comprends que certaines relations "authentiques", soi-disant affermies par des années de connivence, n'ont plus lieu d'être sitôt qu'on n'est plus payés (salariés) pour être "ami" avec ces... vulgaires collègues ; que l'argent, élémentaire tronc commun, aide ainsi foncièrement (on parle encore de "fonds", pour qualifier le pécuniaire) au rapprochement des êtres, à leur bonne entente ("les bons comptes font les bons amis"), en favorisant la complicité dans le confort et l'obligation mutuelle, artificielle ;
— tu réalises que les poètes, les artistes, les écrivains, les philosophes, les gens dans la TV ou au cinéma, tous ces précieux étrangers, sont devenus plus intimes et nécessaires à ta survie affective et intellectuelle que cet aréopage de fantômes que tu te trimbalais inutilement, piteusement lesté de nostalgie régressive ;
— tu comprends mieux que jamais pourquoi et comment Siddhārtha Gautama a pu s'isoler six ans pour devenir Le Bouddha, ce prétendu philanthrope résolument en rupture avec la société humaine. Et de t'appuyer sur ce paradoxe édifiant pour saisir combien tu es dans le vrai, désormais, en fuyant méthodiquement la compagnie de tes « semblables ».
(La p*** de synchronicité qui me fait relire le mot « semblables » exactement au moment où Cyril Mokaïesh le prononce dans Houleux !

Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Coucou !
Je pense que l'absence de relai de ce topic dont l'idée me semble fort amusante, provient de ce que ta plume est bien aiguisée, precise, ciselée et qu'il faut certainement se sentir plus ou moins à niveau pour ne pas sembler ridicule. Je vais tout de même m'y essayer car je crois que l'autodérision permet en effet de mettre à distance des situations qui pourraient sembler parfois tristes.
L'anecdote :
Une dame, prénommée N, vient chaque jour à la maison pour m'aider à l'entretenir. C'est donc mon employée (devenue un membre de la famille au fil des ans).
Je suis à l'étage, je pensais parler à N. Après une tirade sur le comportement d'une de mes désagréables voisines, je m'étonnais de son silence.
Je descends et la cherche, sous le regard interloqué de ma chienne .
Je l'appelle à haute voix. Son silence persiste.
Je me décide à lui envoyer un SMS. Elle m'indique être partie de la maison dix minutes plus tôt.
....
Ce n'est pas caractéristique d'une solitude habituelle mais sur le moment je me suis sentie , et bien... tres seule .
Tu sais que tu es seule quand tu parles à ton chien pendant dix minutes.
Et désormais tu ne l'es plus sur ce fil.
Je pense que l'absence de relai de ce topic dont l'idée me semble fort amusante, provient de ce que ta plume est bien aiguisée, precise, ciselée et qu'il faut certainement se sentir plus ou moins à niveau pour ne pas sembler ridicule. Je vais tout de même m'y essayer car je crois que l'autodérision permet en effet de mettre à distance des situations qui pourraient sembler parfois tristes.
L'anecdote :
Une dame, prénommée N, vient chaque jour à la maison pour m'aider à l'entretenir. C'est donc mon employée (devenue un membre de la famille au fil des ans).
Je suis à l'étage, je pensais parler à N. Après une tirade sur le comportement d'une de mes désagréables voisines, je m'étonnais de son silence.
Je descends et la cherche, sous le regard interloqué de ma chienne .
Je l'appelle à haute voix. Son silence persiste.
Je me décide à lui envoyer un SMS. Elle m'indique être partie de la maison dix minutes plus tôt.
....
Ce n'est pas caractéristique d'une solitude habituelle mais sur le moment je me suis sentie , et bien... tres seule .
Tu sais que tu es seule quand tu parles à ton chien pendant dix minutes.
Et désormais tu ne l'es plus sur ce fil.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Effectivement, ton intervention, si qualitative (je l'aurais louée quand bien même elle ne l'aurait pas été) vient à point m'épargner le méta-post qui me pendait au nez, celui où j'allais devoir verser dans la mise en abîme pour ajuster logiquement à mon inventaire cette douloureuse occurrence : "Tu réalises que tu es seul quand tu crées un topic qui n'a pas l'heur d'intéresser le moindre zèbre à la ronde..."Vivelavie a écrit:Tu sais que tu es seule quand tu parles à ton chien pendant dix minutes.
Et désormais tu ne l'es plus sur ce fil.
Je t'en remercie, donc. Et merci aussi pour le partage de cette anecdote savoureuse, édifiante, oui !
Concernant l'éloquence pour laquelle tu me complimentes là, je suis flatté. Je pense qu'elle est exacerbée par le souci de transcender, dans une forme « étincelante », cette médiocrité marécageuse que je tente d'expier là, dans ces exercices de conjuration, aussi impudiques que cathartiques, je l'espère. Parce que oui, tu le dis bien : l'autodérision a cette vertu de permettre de mettre les mains dans la boue jusqu'au coude, précisément parce qu'on prétend ainsi alchimiser ce plomb de l'adversité pour en faire quelques pépites à partager, quelques perles à enfiler sur le chapelet de la lucidité, ce privilège de l'expérience (enfin) bien digérée.
Mais je crois que j'ai toujours fait plus ou moins ça, au fond : affecter de parler doctement de vétilles ; et inversement, parler avec désinvolture de choses importantes, dans le désir d'accentuer les contrastes. Cela peut donner des résultats intéressants, inattendus, à l'instar des artefacts de chambre noire, quand on abuse du bain révélateur...
Je renchéris, parce que j'ai des tonnes d’illuminations dans le domaine de la solitude, depuis que ma vie est devenue un laboratoire expérimental dédié à cette grande et inquiétante question. Tu sais que tu es seul quand :
– tu parles à ta TV, et que tu n'as même plus envie de te ressaisir face au spectre de la pente glissante qui augure là de ta déchéance imminente... Parce que tu l'assumes crânement, cette prétendue glissade dans le marasme de la solitude totale ;
– tu regrettes de ne pas avoir un chien à qui parler quand la TV devient trop bavarde (déjà qu'elle ne se contente plus de se laisser regarder, mais qu'elle te scrute lorsque tu as sombré, englouti par le canapé, binge-watché de replay) ;
– tu penses que ta condition de marginal, désolé et incompris, devient toujours plus idoine pour te permettre de fantasmer ta prochaine carrière de prophète laïc, parce que l'idée de la vocation opportuniste ne te gêne pas, pas plus que ne te tuera le ridicule ;
– tu instrumentalises à dessein ta solitude, ici ou là, pour faire trembler quelque chose, pour émouvoir une autre solitude, qui sait ; parce que tu voudrais, toi aussi, que quelqu'un t'attende quelque part...
Je crois que j'irai à la prochaine réunion de coproprios, tiens, pour changer.


Dernière édition par Kadjagoogoo le Mar 28 Mar 2017 - 5:16, édité 1 fois
Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
– Tu sais que tu es seul quand tu n'as pas de mot pour partager avec d'autres les idées que tu ressens, à l'heure où les couleurs du jour et de la nuit se mêlent mais que cela ne t'importe plus.
– Tu sais que tu es seul quand l'intérêt de ton quotidien repose sur l'instant éventuel où une fenêtre de chat s'allumera pour quelques minutes d'échange avec un rêve de l'autre côté du monde qui est à la fois tout sans exister vraiment.
– Tu sais que tu es seul quand tu t'émeus du frôlement perçu quand la boulangère t'a rendu la monnaie, que tu réalises que cette imprécision tactile sera ton seul contact charnel pour le mois à venir et que, d'ailleurs, les quelques mots échangés avec elle seront ta seule interaction sociale dans le monde réel jusqu'à ce que tu aies de nouveau faim.
– Tu sais que tu es seul quand tu souhaites ardemment que n'importe qui daigne t'envoyer un petit message de sympathie en privé mais que tu n'es pas sûr que tu aurais le courage ni l'envie d'y répondre et ne te sentirais de toute façon pas légitime à le faire.
– Tu sais que tu es seul quand tu as peur d'ennuyer d'autres solitaires à leur vendre des illustrations de ta propre solitude qui leur paraîtra à eux si ordinaire et quelconque de crainte que ta propre solitude soit dénaturée.
– Tu sais que tu es seul quand tu ne te sens pas légitime à t'avouer combien ce manque te pèse et que tu considères en ton for intérieur déjà comme une faiblesse ce besoin de le partager.
– Tu sais que tu es seul quand tu te laisses hypnotiser par cette blessure baigné dans une chimère d'ataraxie.
– Tu sais que tu es seul quand l'intérêt de ton quotidien repose sur l'instant éventuel où une fenêtre de chat s'allumera pour quelques minutes d'échange avec un rêve de l'autre côté du monde qui est à la fois tout sans exister vraiment.
– Tu sais que tu es seul quand tu t'émeus du frôlement perçu quand la boulangère t'a rendu la monnaie, que tu réalises que cette imprécision tactile sera ton seul contact charnel pour le mois à venir et que, d'ailleurs, les quelques mots échangés avec elle seront ta seule interaction sociale dans le monde réel jusqu'à ce que tu aies de nouveau faim.
– Tu sais que tu es seul quand tu souhaites ardemment que n'importe qui daigne t'envoyer un petit message de sympathie en privé mais que tu n'es pas sûr que tu aurais le courage ni l'envie d'y répondre et ne te sentirais de toute façon pas légitime à le faire.
– Tu sais que tu es seul quand tu as peur d'ennuyer d'autres solitaires à leur vendre des illustrations de ta propre solitude qui leur paraîtra à eux si ordinaire et quelconque de crainte que ta propre solitude soit dénaturée.
– Tu sais que tu es seul quand tu ne te sens pas légitime à t'avouer combien ce manque te pèse et que tu considères en ton for intérieur déjà comme une faiblesse ce besoin de le partager.
– Tu sais que tu es seul quand tu te laisses hypnotiser par cette blessure baigné dans une chimère d'ataraxie.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Comme je te l'ai déjà dit par ailleurs, merci pour m'avoir rassuré à propos du bon équilibre que j'ai su encore tenir là, apparemment, entre confession impudique et examen sarcastico-bilieux d'une situation peu reluisante. On a beau dire qu'il faudrait toujours avoir la pudeur de la (auto)dérision, c'est pas toujours évident. Et même, lorsqu'on en fait finalement l'économie, le témoignage s'en trouve redoublé dans l'impact, comme ici, avec un Circé particulièrement touchant. Je vais me permettre de commenter certains points cruciaux que tu as évoqué là, sans vouloir dénaturer l'essence de ton précieux partage :Vivelavie a écrit:![]()
![]()
Je te reponds demain.
Merci j'ai ri ( beaucoup)
Pour le coup, je crois que tu as su les convoquer, ces mots insoupçonnés, si adéquats pour transmettre un sentiment contagieux ;Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand tu n'as pas de mot pour partager avec d'autres les idées que tu ressens, à l'heure où les couleurs du jour et de la nuit se mêlent mais que cela ne t'importe plus.
Si Souchon devait ajouter un couplet contemporain à sa chanson "Ultra Moderne Solitude", il évoquerait probablement ces fenêtres de dialogue que l'on guette - tous -, que l'on espère vaguement ou plus fébrilement, qui sont les symptômes de l'inquiétude relative à la solitude sempiternellement renouvelée, en dépit des télécommunications - ou à cause d'elles, même ;Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand l'intérêt de ton quotidien repose sur l'instant éventuel où une fenêtre de chat s'allumera pour quelques minutes d'échange avec un rêve de l'autre côté du monde qui est à la fois tout sans exister vraiment.
J'adore ta métaphore - délibérément filée ? - de l'appétit d'interactions sociales qui fusionne ici, idéalement, avec la faim, l'appel du ventre. Parce que, oui, au fond, c'est bien un élan viscéral qui nous pousse à rechercher la compagnie des autres, vaille que vaille ; un élan naturel, animal, perpétuellement contrarié par des contingences qu'il nous appartient de dépasser - ou pas. (Cf. cette autre métaphore, de Schopenhauer, mettant en scène des porcs-épics qui se rapprochent mutuellement pour se réchauffer, mais qui se blessent réciproquement par leurs piquants hérissés, pour souffrir alors à nouveau du froid et devoir obéir encore à ce tropisme convergent, ce mouvement perpétuel...)Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand tu t'émeus du frôlement perçu quand la boulangère t'a rendu la monnaie, que tu réalises que cette imprécision tactile sera ton seul contact charnel pour le mois à venir et que, d'ailleurs, les quelques mots échangés avec elle seront ta seule interaction sociale dans le monde réel jusqu'à ce que tu aies de nouveau faim.
En l'occurrence, ce n'est pas la main frôlée de ma boulangère qui m'aura ému, au fond de ma misère affective, mais le frôlement de la hanche de ma collègue - laquelle était d'ailleurs ouvertement lesbienne, ce qui rendit la sensation plus noble encore, car dénuée d'intention de part et d'autre. Mais j'aime bien cette anecdote dans le décor d'une boulangerie, car j'ai éprouve moi aussi des expériences édifiantes, d'un autre ordre que j'évoquerais peut-être ultérieurement - car elles sont indirectement liées à ma condition solitaire, oui ;
Ah, ça, le nombre de MP et de posts publics que j'ai hélas renoncé à honorer d'une réponse, ankylosé dans la gangue mixe de ma pudeur mal placée, de ma flemme (procrastination exponentielle, que tout le monde connait, non ?), de divertissements médiocres et autres baumes récréatifs (Xhamster ?!Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand tu souhaites ardemment que n'importe qui daigne t'envoyer un petit message de sympathie en privé mais que tu n'es pas sûr que tu aurais le courage ni l'envie d'y répondre et ne te sentirais de toute façon pas légitime à le faire.


En l'occurrence, j'espère que tu n'aies pas trop agacé par ce long commentaire circonstancié de ton post, car non seulement tu ne m'as pas ennuyé avec cette lecture, mais au contraire, tu m'as transmis le sentiment d'être une autre sentinelle dans la nuit, à l'affut du besoin impérieux et vital de partager, d'échanger, de dire. C'est important, et la création de ce fil est d'ores et déjà justifié par vos participations inspirées travaillant l'universelle sensation, l'humaine condition ;Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand tu as peur d'ennuyer d'autres solitaires à leur vendre des illustrations de ta propre solitude qui leur paraîtra à eux si ordinaire et quelconque de crainte que ta propre solitude soit dénaturée.
Je sais pas, cela me fait penser à cette réplique géniale d'Audiard dans Un Taxi pour Tobrouk : "Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche." Et j'ai l'impression qu'on avance, quelque part, à violenter ("brutalement") sa nature prudente, sa circonspection face à la perspective d'une confession publique d'un sentiment si unanimement partagé. Si toi et moi laissons notre nature d'intellectuels nous gouverner dans cette occasion, nous resterons assis, aussi bêtes et inutiles que l'échec vain que dénonçait Socrate ("La chute n'est pas un échec ; l'échec est de rester là où nous sommes tombés.").Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand tu ne te sens pas légitime à t'avouer combien ce manque te pèse et que tu considères en ton for intérieur déjà comme une faiblesse ce besoin de le partager.
Je veux dire : je te parle, là, parce que la déréliction que tu documentes là me parle infiniment, nous faisant frères dans cet état fondamental, la solitude, dont on ne peut, au mieux, que se distraire dans la compagnie d'autres solitaires, plus ou moins convaincus, plus ou moins volontaires. Et si je te parle, tu es moins seul, moins unique, moins désolé. Et c'est comme si je te payais un pot virtuel pour te remercier de m'avoir inspiré ce fragment nocturne, assez inespéré, alors même que, pour avoir fait l'impasse sur le dîner, j'ai la dalle - la fameuse faim du ventre, qui se confond avec la voracité qui nous anime socialement. (Où je me répète, quelques jours après avoir posté ça dans un topic voisin : « "L'impératif créateur, notait Jung, accapare tout l'être, aux dépens de la santé et du bonheur humain." […] Qui nous fait penser que certains déséquilibres apparents, dus à un besoin fou de relation vitale — sainte Thérèse, Hölderlin, Van Gogh, Soutter — sont la marque d'un équilibre supérieur. Qui rétablit, en l'inversant, l'ordre de toutes choses. » — Georges Haldas, À la recherche du rameau d'or : Chroniques)
J'ai naturellement envie de trinquer avec celui qui emploie là, avec sensibilité, un mot qui m'obsède totalement, ces jours-ci !Circé a écrit:– Tu sais que tu es seul quand tu te laisses hypnotiser par cette blessure baigné dans une chimère d'ataraxie.

Merci.
Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
mieux vaut être seul que mal accompagné
J'ai eu des amis décevants, m'empêchant d'a-cé-van
J'suis loin d'un passé blanc, mais l'créateur est assez grand
J'ai vu les limites de l'amour, y'a longtemps qu'j'fais plus la cour
Oui j'en ai fait des tours, dans la tess, dans la cour
En fait, j'suis fatigué, c'est les codes qui m'ont bassiné
Ma vie j'ai consumé, j'suis mieux seul car les gens faut les assumer
Aucune envie d'avoir des comparses ou des rivaux
J'traque les dérivés, j'fais ma life solo

J'ai eu des amis décevants, m'empêchant d'a-cé-van
J'suis loin d'un passé blanc, mais l'créateur est assez grand
J'ai vu les limites de l'amour, y'a longtemps qu'j'fais plus la cour
Oui j'en ai fait des tours, dans la tess, dans la cour
En fait, j'suis fatigué, c'est les codes qui m'ont bassiné
Ma vie j'ai consumé, j'suis mieux seul car les gens faut les assumer
Aucune envie d'avoir des comparses ou des rivaux
J'traque les dérivés, j'fais ma life solo
- Spoiler:
- tu sais que t'es seul quand tu cherches des excuses pour dire que c'est cool d'être seul
Dernière édition par truth le Mar 28 Mar 2017 - 17:11, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Quand toi est content de toi, ou comment la solitude développe la schizophrénie affective.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Kapla tu devrais être écrivain pour solitaires.
Quand tu écris je me sens moins seule.
Narkyss, ca ou le miroir, l'important c'est de s'aimer
The truth : t'es sur de toi?
Quand tu écris je me sens moins seule.
Narkyss, ca ou le miroir, l'important c'est de s'aimer
The truth : t'es sur de toi?
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul que tu n'essaies même pas de faire de l'esprit sur ce topic.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Appelle-moi "Kapra" (Capra), et je te ferai voir la vie plus belle :Vivelavie a écrit:Kapla tu devrais être écrivain pour solitaires.
Quand tu écris je me sens moins seule.

Ravi de que mes mots sachent peupler ta solitude.

C'est intéressant, ce que tu me suggères là, car figure-toi que j'ai vaguement envisagé de me reconvertir en écrivain public, pour donner aux autres les moyens de s'exprimer. Hélas, cela serait essentiellement pour remplir de la paperasse administrative et autres joyeusetés glamour, du coup...

Tu résumes bien là la problématique de ce topic, où la dérision le dispute pudiquement à la nécessaire exhibition des témoignages. J'ignore si c'est patent, mais je m'efforce ici de trouver le bon dosage dans la bipolarité requise par ce sujet - un exercice de documentation de l'essence de la solitude - à la fois tragique et dérisoire, lancinant et drolatique, en cela qu'il se prête aussi bien à la gravité nerveuse qu'au dynamitage potache. A ce titre, je pense qu'il touche précisément à cette dualité distinctive qui nous fait humains : si certains éthologues s'accordent pour dire que les animaux se pensent et rient, ils ne poussent pas l'analogie anthropomorphique jusqu'à prétendre que ces mêmes animaux peuvent rire d'eux-mêmes, de leur condition à la fois grotesque et sublime. Il s'agit là d'une prérogative indéniablement propre à l'Homme.Godzilla a écrit:Tu sais que tu es seul que tu n'essaies même pas de faire de l'esprit sur ce topic.
(Sacrée digression ! WTF

Bref, tout ça pour dire que parfois, c'est effectivement lorsqu'on suspend le parti-pris potache que l'on peut témoigner plus qualitativement - d'un phénomène potentiellement drôle, même !

Totalement d'accord avec toi. Je suis actuellement occupé à identifier ces sensations intimes, ce déploiement intérieur, presque schizoïde, oui, qui vient alors irriguer une vie affective que l'on pourrait croire exsangue dans cette rupture avec l'afflux social, la transfusion humaine ; alors que notre vie affective est, au contraire, certainement moins innervée lorsqu'on est soi-même en train de se trémousser, "comme tout un chacun, dans cet univers aberrant" - la société. Ainsi, je comprends enfin, depuis que je suis dans cette solitude quasi-parfaite, la prière d'Anaïs Nin que j'avais jadis confusément notée dans mon carnet (j'avais l'intuition qu'elle me parlerait pleinement, un jour) : « Aidez-moi à protéger ma vie personnelle. C'est le laboratoire où la poésie est produite. »Ce n'est pas moi a écrit:Quand toi est content de toi, ou comment la solitude développe la schizophrénie affective.
La poésie, on la comprend effectivement mieux dans la solitude, dans cet état où l'on peut prendre particulièrement soin de soi, de sa sensibilité, de sa vulnérabilité, qui n'est plus menacée par quiconque – au contraire : ce qui était fragilité devient puissance, tour de force réalisé dans cette soi-disant adversité : l'isolement. Se découvrir ainsi fort, capable de cette douceur aimante (« qui n'est que l'autre nom de la force », nous dit Christian Bobin) dirigée vers soi-même, voilà bien un motif d'auto-satisfaction légitime, oui.
Tu sais que tu es seul quand :
— tu comprends enfin la chose poétique, pour la toucher du doigt « à l'insu de [ton] plein gré » ; car lorsque Rilke nomme la dépression « existence en surnombre », tu ne peux saisir cette formulation poétique de l'état dépressif qu'une fois que le parasitage extérieur a opportunément cessé ;
— tu réalises que lorsque les gens s'en vont, l'existence peut paradoxalement (?) proliférer, devenir surnuméraire, avec des journées (qui sont en fait des nuits, blanches et productives) prétendument « oisives » plus toniques que celles que d'aucuns occupent laborieusement ;
— tu comprends Emily Dickinson comme une âme sœur spirituelle, providentielle, lorsqu'elle prétend qu' « Il y a une oisiveté - plus Tonique que le Labeur - » ( « There is an idleness - more Tonic than Toil - » — L275, mi-novembre 1862, à Samuel Bowles).
Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul quand tu te rends compte que tu ne te rappelles plus à quoi ressemble la sonnerie de ton téléphone.
C'était juste pour dire que ce topic est très intéressant.
C'était juste pour dire que ce topic est très intéressant.
Pat Redwey- Messages : 85
Date d'inscription : 27/03/2017
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Kadjagoogoo a écrit:Je suis actuellement occupé à identifier ces sensations intimes, ce déploiement intérieur, presque schizoïde, oui, qui vient alors irriguer une vie affective que l'on pourrait croire exsangue dans cette rupture avec l'afflux social, la transfusion humaine ; alors que notre vie affective est, au contraire, certainement moins innervée lorsqu'on est soi-même en train de se trémousser, "comme tout un chacun, dans cet univers aberrant" - la société. Ainsi, je comprends enfin, depuis que je suis dans cette solitude quasi-parfaite, la prière d'Anaïs Nin que j'avais jadis confusément notée dans mon carnet (j'avais l'intuition qu'elle me parlerait pleinement, un jour) : « Aidez-moi à protéger ma vie personnelle. C'est le laboratoire où la poésie est produite. »
La poésie, on la comprend effectivement mieux dans la solitude, dans cet état où l'on peut prendre particulièrement soin de soi, de sa sensibilité, de sa vulnérabilité, qui n'est plus menacée par quiconque – au contraire : ce qui était fragilité devient puissance, tour de force réalisé dans cette soi-disant adversité : l'isolement. Se découvrir ainsi fort, capable de cette douceur aimante (« qui n'est que l'autre nom de la force », nous dit Christian Bobin) dirigée vers soi-même, voilà bien un motif d'auto-satisfaction légitime, oui.
Oui c'est vrai, il y a bien un processus de distanciation avec le collectif et de rapprochement à l'individu. Ce qui est dans la même mesure paradoxale que cette fragilité qui devient puissance, puisque, se rapprocher de l'individu, c'est se rapprocher de sa nature pour dire vulgairement, de l'unique pour citer Stirner. Et c'est seulement dans ces conditions il me semble, que l'Homme peut "s'apprendre", s'appréhender.
La force du sentiment semble s'ancrer, verticalité ou la raison devient la meilleure allié.
Merci de ton partage.
Tu sais que tu es seul(e) quand :
Tu t'en fous
Tu t'en fous
Y'a personne chez toi
Tu t'en fous
Pat Redwey a écrit:Tu sais que tu es seul quand tu te rends compte que tu ne te rappelles plus à quoi ressemble la sonnerie de ton téléphone.
Haha ! aussi. Et que d'un coup tu te rends compte que tu n'as pas la main dessus "depuis quand déjà ? et il est où ?" et que d'un coup tu te mets à imaginer "ça se trouve on à essayer de me joindre" et que tu le cherche en pensant à la possibilité qu'en le trouvant le Mexique allait débouler chez toi.
Et que toi te tourne en dérision et que tu te marre avec.
Et que tu t'en fous.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Non là j'avoue, faudrait peut-être un topic Tu sais que la folie s'est emparé de toi quand..

Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Quand la solitude et la folie s'embrassent :
Pat Redwey- Messages : 85
Date d'inscription : 27/03/2017
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Pat ne me dis pas que ce magnifique œil en amande est le tien!
@ narkolepiss : alors la tu vas saturer zc, rien qu'à moi toute seule j'ai 56 anecdotes
@ narkolepiss : alors la tu vas saturer zc, rien qu'à moi toute seule j'ai 56 anecdotes
Dernière édition par Vivelavie le Mer 29 Mar 2017 - 4:56, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
D'accord, je me tais.Vivelavie a écrit:Pat ne me dis pas que ce magnifique œil en amande est le tien!

Pat Redwey- Messages : 85
Date d'inscription : 27/03/2017
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
La lucidité se tient dans mon froc!
Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment, nous l´appellerons "bonheur", les mots que vous employez n´étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lesquels les analphabètes se font bonne conscience.
Merci Pat ! Je découvre.
Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment, nous l´appellerons "bonheur", les mots que vous employez n´étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lesquels les analphabètes se font bonne conscience.
Merci Pat ! Je découvre.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Narkyss tu as dormi ? Pourquoi on dort pas et on se retrouve seul, sur ce fil?
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Je m'y rends au sommeil.
Le voilà.
Là.
La réponse est dans la question.
Le voilà.
Là.
La réponse est dans la question.
Dernière édition par Ce n'est pas moi le Mer 29 Mar 2017 - 6:11, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul.
Pat Redwey- Messages : 85
Date d'inscription : 27/03/2017
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Et quand on a du apprendre à développer son humour rien que pour ne pas s’ennuyer de soi même.
(D'ailleurs par là c'est intéressant, que ne développe t-on pas d'autre dans cet apprentissage de "générosité" envers soi)
(D'ailleurs par là c'est intéressant, que ne développe t-on pas d'autre dans cet apprentissage de "générosité" envers soi)
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Non mais je me désolidarise, y'a un chien dans ma Vie.
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
haha !
Allez, bisous désespéré à vous.
Bonne nuit sombre
Et seule
Et si sombre
Si seule
Seule
feule !
leule
Ma case s'en va, je file !
Allez, bisous désespéré à vous.
Bonne nuit sombre
Et seule
Et si sombre
Si seule
Seule
feule !
leule
Ma case s'en va, je file !
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
tu sais que t'es seul quand personne n'est là pour critiquer ce que tu es
quand personne n'est là pour te demander une service ou une aide
quand si tu te lève tard personne n'est là pour te dire que tu est un fainéant
quand tu te couche tard personne n'est là pour te dire que c'est pas sain
quand tu commences à te causer à toi même ou au chat qui ne piges pas un traitre mot de ce que tu luis dis mais qui écoute quand même parce qu'il t'aime bien toi
quand tu es tant transparent au monde que tu ne reconnais plus ton reflet dans un miroir, est ce moi que je vois là ? ce n'est pas celui que je suis
quand en réunion de 30 personnes quoi que tu dises n'est pas écouté ou compris, que tu causes ou danses le jerk est la même chose
parfois du coup je danses le jerk en réunion, tant qu'à faire autant s'amuser non ?
quand tu comprends que tu es le dernier de ton espèce sur terre
quand personne n'est là pour te demander une service ou une aide
quand si tu te lève tard personne n'est là pour te dire que tu est un fainéant
quand tu te couche tard personne n'est là pour te dire que c'est pas sain
quand tu commences à te causer à toi même ou au chat qui ne piges pas un traitre mot de ce que tu luis dis mais qui écoute quand même parce qu'il t'aime bien toi
quand tu es tant transparent au monde que tu ne reconnais plus ton reflet dans un miroir, est ce moi que je vois là ? ce n'est pas celui que je suis
quand en réunion de 30 personnes quoi que tu dises n'est pas écouté ou compris, que tu causes ou danses le jerk est la même chose
parfois du coup je danses le jerk en réunion, tant qu'à faire autant s'amuser non ?
quand tu comprends que tu es le dernier de ton espèce sur terre
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Je ne me sens presque jamais seul. C'est sans doute parce que je ne suis pas dépressif et que je ne vis pas tellement dans l'instant.
Pourtant j'ai été seul la plus grande partie de ma vie. Déjà adolescent, dans une famille où j'étais bien et avec le souvenir encore proche de copains de jeu avec qui je m'étais beaucoup dépensé, je me sentais isolé quant à ce que je pouvais exprimer. J'aurais souhaité avoir un ami d'élection comme dans les romans, mais la mélancolie de cette idée me suffisait presque. Par la suite, quand j'ai vécu seul à Paris, j'ai souvent regretté rétrospectivement de n'avoir pu suffisamment éprouver les joies et les peines en compagnie d'autres personnes, avec qui j'aurais eu ces souvenirs en commun. Il y a eu la famille et quelques amis mais, la plus grande part de mes expériences (notamment de pensée) je les ai gardées pour moi, ou je les ai écrites sans que personne ne les lise. Pourtant, depuis que je participe à des forums, tout cela je peux en parler à des quasi-inconnus qui parfois me répondent, ce qui me satisfait assez. Et puis il y a eu quelques relations amoureuses, qui m'ont permis enfin de m'exprimer de façon plus complète, sur tout et sur rien; aussi je les regrette; mais cela devenait parfois aussi un empêchement.
Non, la seule expérience de la solitude, c'est pour moi la souffrance, que je n'ai heureusement pas tellement connue. C'était l'objet de ma première réflexion philosophique dans l'enfance, lorsque je me suis rendu compte que, dans ces moments, personne ne pouvait prendre une part de ce que j'éprouvais, pas même ma mère : là j'étais fixé à mon sort, radicalement seul.
Pourtant j'ai été seul la plus grande partie de ma vie. Déjà adolescent, dans une famille où j'étais bien et avec le souvenir encore proche de copains de jeu avec qui je m'étais beaucoup dépensé, je me sentais isolé quant à ce que je pouvais exprimer. J'aurais souhaité avoir un ami d'élection comme dans les romans, mais la mélancolie de cette idée me suffisait presque. Par la suite, quand j'ai vécu seul à Paris, j'ai souvent regretté rétrospectivement de n'avoir pu suffisamment éprouver les joies et les peines en compagnie d'autres personnes, avec qui j'aurais eu ces souvenirs en commun. Il y a eu la famille et quelques amis mais, la plus grande part de mes expériences (notamment de pensée) je les ai gardées pour moi, ou je les ai écrites sans que personne ne les lise. Pourtant, depuis que je participe à des forums, tout cela je peux en parler à des quasi-inconnus qui parfois me répondent, ce qui me satisfait assez. Et puis il y a eu quelques relations amoureuses, qui m'ont permis enfin de m'exprimer de façon plus complète, sur tout et sur rien; aussi je les regrette; mais cela devenait parfois aussi un empêchement.
Non, la seule expérience de la solitude, c'est pour moi la souffrance, que je n'ai heureusement pas tellement connue. C'était l'objet de ma première réflexion philosophique dans l'enfance, lorsque je me suis rendu compte que, dans ces moments, personne ne pouvait prendre une part de ce que j'éprouvais, pas même ma mère : là j'étais fixé à mon sort, radicalement seul.
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
@Kadjagoogoo : j'ai peut-être été maladroit, je me moquais pas du tout de ce fil : je suis juste moi-même pas tellement lyrique (en ce moment) mais il y a de belles choses écrites ici 

Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
@Truth : trop fort ! tu viens (au 2eme degré hein ^^) de me rappeler quel chance j'ai de pas avoir une chieuse sur le dos, merci

Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul quand tu es fâché avec ton ami imaginaire.
tieutieu- Messages : 952
Date d'inscription : 20/05/2016
Age : 46
Localisation : LA
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Ça arrive assez régulièrement, d'après ce que j'ai vu. Je pense que ce ne sont pas vraiment des monologues, juste des gens qui disent des choses tellement vraies que les autres ne trouvent rien d'autre à ajouter (ou sont trop intimidées pour tenter d'ajouter quelque chose).Narkyss fait la cuisine a écrit:Quand tu monologue sur ZC.
Pat Redwey- Messages : 85
Date d'inscription : 27/03/2017
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Sache que je n'ai absolument pas mal pris ton intervention ; au contraire : je l'ai commentée avec enthousiasme et bienveillance, celle-là même qui irrigue ce fil de discussion, à ma grande joie.Godzilla a écrit:@Kadjagoogoo : j'ai peut-être été maladroit, je me moquais pas du tout de ce fil : je suis juste moi-même pas tellement lyrique (en ce moment) mais il y a de belles choses écrites ici

Excellente suggestion ! Je crois que si tu ne t'y colles pas, je risque bien de t'emprunter cette idée pour y déverser tous les indices de ma dinguerie avérée, héhé !Narkyss-Objectif Lune a écrit:Non là j'avoue, faudrait peut-être un topic Tu sais que la folie s'est emparé de toi quand..![]()

Je rejoins Pat pour valoriser ces précieux soliloques (car ils ne sont jamais rédhibitoires ni péjoratifs, en l'occurrence), pour envisager que certains monologues sont, ici, autant de bouteilles lancées à la mer pour faire réagir, pour créer un lien potentiel,Pat Redwey a écrit:Ça arrive assez régulièrement, d'après ce que j'ai vu. Je pense que ce ne sont pas vraiment des monologues, juste des gens qui disent des choses tellement vraies que les autres ne trouvent rien d'autre à ajouter (ou sont trop intimidées pour tenter d'ajouter quelque chose).Narkyss fait la cuisine a écrit:Quand tu monologue sur ZC.
Personne à par toi-même, qui reste le juge le plus légitime pour se prononcer sur la question, n'est-ce pas.Zebulon252 a écrit:tu sais que t'es seul quand personne n'est là pour critiquer ce que tu es

J'ai connu cette sensation vertigineuse une nuit, il y a bien longtemps, qui fut alors si nette et intense que j'ai cru que mon équilibre psychique pourrait vaciller suite à ce moment de vérité. Et je n'avais même pas pris de psychotrope !Zebulon252 a écrit:quand tu es tant transparent au monde que tu ne reconnais plus ton reflet dans un miroir, est ce moi que je vois là ? ce n'est pas celui que je suis
Ou bien le tout-premier ?...Zebulon252 a écrit:quand tu comprends que tu es le dernier de ton espèce sur terre
Je te cite partiellement là, mais c'est bien l'entièreté de ton témoignage qui me fait dire que nonobstant ton déni (?), tu sembles évoluer – et depuis toujours – au cœur de ce sentiment et de cet état qui est ici examiné, moqué (sur le mode de l'autodérision), recensé, et dont les stigmates sont courageusement inventoriés. Je ne dis pas cela pour te contredire et te forcer à prendre ta place dans la communauté des solitaires assumés. Non, c'est plus subtil que ça, tu vas voir : ton témoignage, qui prend comme à l'accoutumée le parti de traiter la question soumise avec une nuance distinctive, me permet d'envisager plus précisément encore que la solitude est davantage une sensation qu'un état, un ressenti plutôt qu'un statut. En effet, si dans les faits, tu es techniquement seul – et c'est bien ainsi que je t'imaginais (ce qui t'a toujours rendu sympathique et séduisant à mes yeux – empathie oblige) – tu n'en cultives pas pour autant le sentiment d'être isolé, désolé. Dans Responsabilité et jugement, Hannah Arendt opère ce même distinguo (qui est en fait plus sûrement une distinction, moins ténue et plus valide) : « Dans la solitude, je suis "parmi moi-même", en compagnie de moi-même, et donc deux-en-un, tandis que dans la désolation, je suis en vérité un seul, abandonné de tous les autres. »Pieyre a écrit:Je ne me sens presque jamais seul. C'est sans doute parce que je ne suis pas dépressif et que je ne vis pas tellement dans l'instant. […]
Non, la seule expérience de la solitude, c'est pour moi la souffrance, que je n'ai heureusement pas tellement connue. C'était l'objet de ma première réflexion philosophique dans l'enfance, lorsque je me suis rendu compte que, dans ces moments, personne ne pouvait prendre une part de ce que j'éprouvais, pas même ma mère : là j'étais fixé à mon sort, radicalement seul.
Une question, peut-être trop indiscrète, mais elle m'intéresse particulièrement, par rapport à ma propre situation, peut-être analogue : ton discours, affectant (?) la distanciation et évacuant tout pathos, semble émaner d'un individu qui a renoncé à vivre autre chose que ce qui lui paraît désormais dans ses cordes, après avoir identifier ses limites – en termes de relationnel et de capacité à évoluer en société. As-tu effectivement pris, en quelque sorte, ta retraite (anticipée) des relations interpersonnelles IRL, pour privilégier dorénavant des échanges plus confortables et secures, par la truchement de telles agoras – virtuelles et codifiées ?Pieyre a écrit:Pourtant j'ai été seul la plus grande partie de ma vie. Déjà adolescent, dans une famille où j'étais bien et avec le souvenir encore proche de copains de jeu avec qui je m'étais beaucoup dépensé, je me sentais isolé quant à ce que je pouvais exprimer. J'aurais souhaité avoir un ami d'élection comme dans les romans, mais la mélancolie de cette idée me suffisait presque. Par la suite, quand j'ai vécu seul à Paris, j'ai souvent regretté rétrospectivement de n'avoir pu suffisamment éprouver les joies et les peines en compagnie d'autres personnes, avec qui j'aurais eu ces souvenirs en commun. Il y a eu la famille et quelques amis mais, la plus grande part de mes expériences (notamment de pensée) je les ai gardées pour moi, ou je les ai écrites sans que personne ne les lise. Pourtant, depuis que je participe à des forums, tout cela je peux en parler à des quasi-inconnus qui parfois me répondent, ce qui me satisfait assez. Et puis il y a eu quelques relations amoureuses, qui m'ont permis enfin de m'exprimer de façon plus complète, sur tout et sur rien; aussi je les regrette; mais cela devenait parfois aussi un empêchement.
Si je te pose cette question, c'est parce que je suis moi-même dans ce questionnement, alors que je suis dans une phase de désintégration sociale résolue et plus ou moins méthodique, et que je commence à admettre que cette rupture avec la société et le commerce humain était programmatique au regard de cette nature qui s'est prodigieusement affirmée chez moi, pour le meilleur et pour le pire, ces dernières années. Cet aveu pour que tu ne soupçonnes pas, chez moi, une quelconque condamnation d'une situation que je ne maîtriserais pas. Bien au contraire, tu vois.
Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
– Tu sais que tu es seul quand tu te moques pas mal de recharger la batterie de ton téléphone. Qui pourrait bien t'appeler ? Pas le moindre texto à envoyer, et encore moins de coup de fil à donner. Parler, même, ça t'arrive désormais si peu. Tu écris, à la place.
Deux filles discutent juste à côté de moi, dans le métro. L'une fait remarquer qu'il ne lui reste que 5% d'autonomie sur son portable, et s'en inquiète. L'autre rétorque, amusée : « Arff ! Moi, 5% de charge, ça me fait trois jours, facile ! » Et j'ai instantanément préféré cette fille à sa copine plus conforme à la normale.
Tu sais que tu es seul quand tu ressens des élans affectifs pour des gens au seul motif qu'ils viennent incarner à tes yeux l’anticonformisme et l'indépendance, si rafraîchissants et désirables dans cette société résolument sous perfusion des télécommunications et de leurs corollaires : les réseaux sociaux ; où la plupart panique à l'idée de ne plus être joignable, opérationnel et fonctionnel.
La crainte d'être différent, en rupture ou exclu des réjouissances collectives (les Anglo-Saxons ont un acronyme et une expression consacrés : F.O.M.O., pour Fear Of Missing Out, qui désignent et stigmatisent ceux qui redoutent maladivement de manquer quelque chose qui pourrait avoir lieu en leur absence). Cela vous faire de ces choses...
Tu es chez toi, face à ton four micro-ondes ; tu attends que ta tasse de café chauffe. Et ton regard accroche le dos d'un bouquin de recettes rangé là : Apéros, de Jamie Oliver & Co.
Passablement incrédule, tu l'attrapes et tu l'ouvres, pour lire l'introduction du jeune chef glamour à la coule : « Bienvenue ! J'adore les tapas, les mezzés, tous ces petits plats disposés à table pour que chacun pioche dedans comme il le souhaite. C'est aussi l'occasion de goûter différents morceaux et de tester de nouvelles saveurs. Voilà le repas idéal pour les soirées entre amis, qui permet de se retrouver dans une bonne ambiance.
»
Et cette célébration liminaire de la convivialité, si insipide, convenue et composée (artificielle), te fait l'effet d'un témoignage documentant une culture exotique, un rituel étranger auquel tu te sens bien incapable de participer.
– Tu sais que tu es seul quand tu es saisi par un sentiment d'étrangeté et d'aliénation (perte de sens ; CNRTL : « [Une pers. considérée dans ses rapports avec elle-même] Fait de devenir étranger à soi-même, de perdre l'esprit. P. ext. Altération passagère du jugement, de la maîtrise de soi, égarement. ») face à ta petite collection de livres de cuisine (car tu ne cuisines pas, déjà !
), qui te toise en te signifiant que tu as pu pousser, jadis, le conformisme et l'optimisme (le conforptimisme) sociaux jusqu'à faire ces achats saugrenus et pathétiques, à l'antipode de ta prédilection pour la solitude, tout juste nuancée par des exceptions sur le mode prudent et sélectif du duo.
Deux filles discutent juste à côté de moi, dans le métro. L'une fait remarquer qu'il ne lui reste que 5% d'autonomie sur son portable, et s'en inquiète. L'autre rétorque, amusée : « Arff ! Moi, 5% de charge, ça me fait trois jours, facile ! » Et j'ai instantanément préféré cette fille à sa copine plus conforme à la normale.
Tu sais que tu es seul quand tu ressens des élans affectifs pour des gens au seul motif qu'ils viennent incarner à tes yeux l’anticonformisme et l'indépendance, si rafraîchissants et désirables dans cette société résolument sous perfusion des télécommunications et de leurs corollaires : les réseaux sociaux ; où la plupart panique à l'idée de ne plus être joignable, opérationnel et fonctionnel.
La crainte d'être différent, en rupture ou exclu des réjouissances collectives (les Anglo-Saxons ont un acronyme et une expression consacrés : F.O.M.O., pour Fear Of Missing Out, qui désignent et stigmatisent ceux qui redoutent maladivement de manquer quelque chose qui pourrait avoir lieu en leur absence). Cela vous faire de ces choses...
Tu es chez toi, face à ton four micro-ondes ; tu attends que ta tasse de café chauffe. Et ton regard accroche le dos d'un bouquin de recettes rangé là : Apéros, de Jamie Oliver & Co.


Et cette célébration liminaire de la convivialité, si insipide, convenue et composée (artificielle), te fait l'effet d'un témoignage documentant une culture exotique, un rituel étranger auquel tu te sens bien incapable de participer.


– Tu sais que tu es seul quand tu es saisi par un sentiment d'étrangeté et d'aliénation (perte de sens ; CNRTL : « [Une pers. considérée dans ses rapports avec elle-même] Fait de devenir étranger à soi-même, de perdre l'esprit. P. ext. Altération passagère du jugement, de la maîtrise de soi, égarement. ») face à ta petite collection de livres de cuisine (car tu ne cuisines pas, déjà !

Kadjagoogoo- Messages : 899
Date d'inscription : 15/11/2014
Localisation : Lyon (Dabrowski Point)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que t'es seul, quand tu es seul... Voilà voilà.
Non plus sérieusement tu sais que tu es seul quand ton seul sentiment n'existe que pour toi, quand tu n'a aucune similarité avec un autre, quand ta façon de penser reste seule et profondes, quand même ton point de vu et incompris de tous, quand ton esprit ce vautre et que personne est la pour le secouer à nouveau, quand tu es dépourvu d'émotion et de sentiment quand même la moindre larme ne veut sortir et ne s'y plairait pas...
Être seul ça reste très vague quand même la solitude n'a lieu d'être que si l'on s'y résolu.
Non plus sérieusement tu sais que tu es seul quand ton seul sentiment n'existe que pour toi, quand tu n'a aucune similarité avec un autre, quand ta façon de penser reste seule et profondes, quand même ton point de vu et incompris de tous, quand ton esprit ce vautre et que personne est la pour le secouer à nouveau, quand tu es dépourvu d'émotion et de sentiment quand même la moindre larme ne veut sortir et ne s'y plairait pas...
Être seul ça reste très vague quand même la solitude n'a lieu d'être que si l'on s'y résolu.
Syphzx- Messages : 101
Date d'inscription : 07/04/2017
Age : 31
Localisation : Toulouse
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
tu sais que t'es seul quand tu te br.. ah non c'est vrai j'essaye de dire moins de conneries 

Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
quand tu cries : "tu peux me rapporter du papier toilette ?" et que personne ne te répond ....
- Spoiler:
- C'est une variante de : tu sais que tu es célibataire ou alors de : tu sais que tu deviens dingue quand...
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Oui voilà, tu sais que tu es seule ou que la folie s'est emparé de toi quand tu retrouve une note dans un livre sur les parasites (déjà ça) :
La réalité
Espace-temps ?
La réalité
Espace-temps ?

Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
"Tu" sais que tu est seul(e) quand je me "tu", pour mieux renaître.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul quand tu n'as même plus le courage d'écrire, ayant perdu tout espoir que quelqu'un te lise, encore moins que quelqu'un te réponde. Tu restes là, invisible, te demandant ce qui cloches chez toi, quelle partie de ta folie te cause tant de difficultés, laquelle te vaut cette solitude.
Tu attends, désirant avec une obsession de plus en plus malsaine ce que chacun entends chaque jour de son existence sans même comprendre ce que cela signifie vraiment : tu voudrais savoir que l'on t'aime.
Tu attends, désirant avec une obsession de plus en plus malsaine ce que chacun entends chaque jour de son existence sans même comprendre ce que cela signifie vraiment : tu voudrais savoir que l'on t'aime.
Nightul- Messages : 131
Date d'inscription : 29/07/2016
Age : 25
Localisation : Compiègne
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul quand...
Dernière édition par Un ange déchu le Ven 9 Juin 2017 - 21:09, édité 1 fois
SØnDay- Messages : 334
Date d'inscription : 15/05/2017
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Quand la boule que tu as dans le plexus solaire t'as tellement irradié que tu ne trouve même plus la force de vouloir communiquer ta détresse. Quand tu en est au stade du cri silencieux. Quand le bucher s'embrase.
- un peu de bacon avec vos oeufs ?!:
- Bien sur Munch, mais aussi :
Aux innocents aux mains pleines.
soto²- Messages : 2760
Date d'inscription : 07/12/2016
Localisation : Au delಠ(31)
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
I am so sure a écrit:quand tu cries : "tu peux me rapporter du papier toilette ?" et que personne ne te répond ....
- Spoiler:
C'est une variante de : tu sais que tu es célibataire ou alors de : tu sais que tu deviens dingue quand...
Voilà exactement ça !
Mon rêve car y'a toujours qqun derrière la porte...
Solitude chérie, reviens !!!
Invité- Invité
Re: Tu sais que tu es seul(e) quand...
Tu sais que tu es seul quand tu planes comme l'avion de Pablo.
Le Vinaigre Epris- Messages : 139
Date d'inscription : 30/05/2017
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» Je sais que je suis TDA/h quand...
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