Et pourquoi pas tout poser par écrit ?

Oui, pourquoi pas ? Je ne sais pas si j'écris ce post là où il faut l'écrire, ni même pourquoi je le fais (en fait si, juste pour peut être mettre de l'ordre dans tout ca, sans réelle envie que ce soit lu ou commenté, car que dire face à ce que vous, vous connaissez déja ???). Mais pour une fois, je vais pouvoir mettre noir sur blanc tout ce qui me concerne sans, je l'espère, passer pour une folle...

Je pense avoir un parcours de zèbré "normal". Une enfance plutôt classique quand j'y pense (même si, à priori, lorsque je relis mes "journaux intimes" de l'époque, je me sentais toujours triste et fatiguée sans comprendre). Pas beaucoup d'amis à l'école primaire (une seule que je vois encore aujourd'hui même si nous sommes totalement opposées, mais aujourd'hui je comprends pourquoi elle était mon amie. Elle a eu une enfance très difficile, se faisait embêter par les autres à cause de ses problèmes familiaux, bref, elle avait besoin de protection...) mais de très bons résultats scolaires. Par contre j'étais déja cataloguée d'enfant hyper émotif, qui pleurait tout le temps, je faisais même de l'hyper tension.
Au collège, ce fut horrible... J'avais une seule "copie" d'amie (ce n'était pas vraiment une amie, mais fallait bien trouver quelqu'un). Un peu le même profil que celle que j'avais en primaire. Une personne pas sûre d'elle... avec des soucis familiaux... J'essayais de faire comme les autres, de passer inaperçue, mais non. J'étais le vilain petit canard... Bref, j'ai survécu puis vint le Lycée...

Alors là, gros tournant pour moi ! Je ne me sentais plus persécutée, mais je suis devenue la "persécutrice" des profs (les pauvres, quand j'y pense). J'étais l'élève indisciplinée, ingérable, tout le temps virée de cours (quand j'y allais). Un vrai clown que les profs détestaient (sauf quelques rares que j'appréciais et que je respectais). Cela m'a valu 2 années de secondes que j'ai raté, et donc obligée d'aller en lycée professionnel. Là rien n'a changé au niveau de mon comportement, mais vu que j'étais la première de la classe en ne faisant rien, ils ont bien dû me garder jusqu'au Bac (obtenu avec mention sans le moindre effort). Je crois que seule une prof avait compris qui j'étais. D'ailleurs on s'entendait très bien et avions de grandes discussions (la seule). J'avais aussi quelques "amis", enfin plutôt des copains et copines avec qui s'amuser. Car j'étais encore et toujours le clown et la grande gueule...

Je n'avais qu'une seule hâte, que je puisse arrêter d'aller en cours et aller enfin bosser. J'avais vraiment la sensation de perdre mon temps. Puis donc arriva le moment d'aller travailler... Pas mal de changements de boulot, mais jamais de difficulté pour en trouver un par contre. Je ne sais pas pourquoi, mais à partir de l'âge adulte, j'attire en règle générale la sympathie des gens (???). Ils ont toujours tendance à vouloir venir me parler (même de parfaits étrangers dans la rue), les enfants aussi... Pourtant, je ne suis pas du genre sociable (sauf au boulot où je dois jouer un rôle, vu que je suis dans le commerce). Je n'aime pas du tout la compagnie des gens, je ne me sens bien qu'auprès de mes animaux et de mon fils. Je rêverais de vivre dans une petite maison perdue au fin fond des bois avec personne que des hectares à la ronde...

Je vis avec mon mari, on a donc un enfant de 6 ans, un tas d'animaux (je suis incapable de vivre sans animaux) tous issus de sauvetages (j'ai monté ma propre association de protection animale depuis plusieurs années), dans une maison entourée de nature (mais pas assez) mais... même si tout cela semble sur le papier parfait...je ne me sens jamais "accomplie". Je ne suis jamais satisfaite ! J'ai toujours envie de changer des choses, recommencer (un peu comme une partie dans un jeu vidéo où on repart de zéro, d'ailleurs c'est ce que je fais tout le temps dans les jeux vidéos).
Depuis quelques années, mon couple part totalement en vrille. La communication est de plus en plus compliquée, mon mari ne me comprends par et s'énerve très vite. Et comme j'aime parler mais que le conflit m'effraie... tout cela est très compliqué.

Dernièrement, l'institutrice de notre fils nous convoque car notre fils à des difficultés sociales avec les autres enfants (par contre il n'a aucun souci avec les cours, même si toujours la tête ailleurs). Mon premier réflexe à été de m'énerver quand mon mari m'a appris la nouvelle. J'étais en colère contre cette instit qui ne comprenait rien, contre mon mari qui voulait montrer mon fils à un psy... Bref, une fois la colère passée j'ai compris que je savais depuis toujours que mon fils était "différent" et que j'ai voulu l'occulter et là... j'ai été obligée de reconnaitre l'évidence. Mais lorsque nous avons vu l'instit, toute colère m'a quitté car elle éprouvait une réelle peine et sympathie pour notre fils (elle même connait ce genre de problème avec l'un de ses enfants). Et là, je me suis mise, comme toujours face à un souci, à chercher, analyser, comprendre... Ce qui m'a amené à lire tout ce que je trouvais sur les enfants "précoces". Et là, révélations ! Dans tout ce que je lisais, c'est moi que je voyais !!!

Et donc le verdict est tombé, je suis un zèbre, et je pense que bientôt mon fils sera reconnu en tant que tel également (bilan début janvier).

Et depuis, ma vie complète est vue sous un nouveau jour ! Comme si un voile venait de se lever, un poids même ! Car j'ai soudain l'impression d'avoir le DROIT d'être ce que je suis ! Je suis, pour la première fois de ma vie, en paix avec moi même !!!! et surtout... je ne suis pas folle ! Même si je sais qu'un tas de gens le pensent (mon mari sûrement d'ailleurs car je sens qu'il ne "croit" pas en la surdouance), moi je sais que je ne le suis pas. Et que d'autres personnes sont (peut être) capables de me comprendre.

Je ne sais pas vous, mais j'ai envie de vous faire un petit récap de ce qui m'a fait me sentir folle, de ce que je n'osais (et n'ose pas encore) avouer aux gens :
- déja je trouve les autres lents, parfois bêtes, mais surtout égoistes et "inconsistants"
- mes pensées défilent tout le temps, à m'en rendre dingue certains jours (mes nuits sont très agitées, avec un nombre hallucinants de rêves qui m'épuisent)
- j'ai une empathie exacerbée qui me pourrie la vie la majeure partie du temps (je me suis isolée des médias, évitent les gens que je ne connais pas, et fuis toute situation de stress)
- les animaux et la nature sont ma vie, ils me ressourcent et sont mon but. Il me suffit parfois de poser ma main sur un arbre, sentir son écorce rugueuse, sa force tranquille, sa vie... et je me sens vivre. pour animaux j'ai l'impression de les comprendre parfaitement, surtout certains (j'ai eu des animaux de "vif", comme le dit l'excellente Robin Hobb dans "L'assassin Royal", elle a réussi à dire avec des mots ce que je ressents depuis des années, sans pouvoir l'exprimer)
- je suis d'humeur très changeante avec parfois de fortes dépressions et de grosses crises de colère incontrôlable (mais qui peuvent disparaitre en quelques secondes si je m'isole)
- j'ai BESOIN d'écouter de la musique et de lire
- mon odorat, mon ouie et ma vue sont hyper sensibles (l'odorat me pose souvent des soucis relationnels d'ailleurs...)
- je change souvent de "passion", quand je commence quelque chose, je me mets dedans à fond, jusqu'à ce que je connaisse le sujet à fond, puis je m'en lasse...
- (alors là, je ne sais pas si c'est classique) : je me parle tout le temps dans ma tête. De vrais dialogues, constamment... Je parle avec moi même... Début de folie ?
- j'ai besoin de contrôler les choses, de tout prévoir à l'avance pour ne pas trop stresser, et également de tout organiser pour ne pas perdre de temps (j'ai horreur de la perte de temps)

Voila, voila, dans les grandes lignes... Mais j'ai l'impression aujourd'hui d'être passée à côté de tout ce qui était important. Alors j'espère qu'à partir d'aujourd'hui, ma nouvelle vie va commencer

(arf le pavé ! mais... ce que ca peut faire du bien ^^)

Bravo !

ben voilà

Je t'avoue que j'ai pas tout lu.

Après lecture rapide:
C'est con mais n'ose pas trop avouer aux gens ta particularité. Tu feras ce que tu veux ensuite.
Je sais ça donne des ailes mais par expérience... attends un peu et vas-y par petite dose :-)

Salut !
Merci pour ton roman !
Je sais ce que tu ressens. Nous le savons tous , ici.
C'est précisément pour cette raison que notre vie est compliquée.
Ton mari doit absolument lire un maximum sur le sujet des surdoués, et passer outre. Parce que si tu lui dis que tu es zèbre, ou surdouée, il va , comme toi, rester dans l'idée préconçue, rester dans le cliché du surdoué qui réussi tout. C'est pas une tare d'être surdoué. Je vois pas pourquoi les autres sont systématiquement jaloux.
J'ai annoncé à mon meilleur ami que j'avais enfin compris pourquoi ma vie était bizarre, pourquoi j'allais "mal" parfois : c'est parce que je suis surdoué. Du coup, il m'a juste dit : "ça va, tu veux des fleurs ?" ... Pff, il a rien compris. Toute façon, même s'il avait la curiosité de lire un bouquin sur les surdoués, même s'il dépassait ce clichait, de toute manière, il ne vit pas ce que je vis, il ne ressent pas ce que je ressent.
Alors bon, y a rien a faire, faut juste envoyer chier les personnes qui nous veulent du mal, et trouver une autre approche pour annoncer a nos proches qu'on est surdoués, sans qu'ils aient l'impression qu'on se la pète...
Laisses du temps à ton mari pour qu'il comprenne.
T'as mis toute ta vie pour te comprendre toi. Sois reconnaissante si les autres mettent autant de temps , pourvu qu'ils finissent par te comprendre !
L'amour ne se soucie pas de la couleur de peau, ni de l'âge, ni de la religion, et encore moins des rayures de zèbres. Mais bon, une certaine ouverture d'esprit, de tolérance, c'est la base de tout ...

Merci à vous (d'ailleurs, félicitations d'avoir réussi à lire ce pavé ^^).

Déliméo, je pense que tu as raison... malheureusement...

Doc, merci. Tu as raison, je veux toujours que tout aille trop vite... Comme c'est dur de toujours devoir attendre...