Cerveau, mémoire et Alzheimer

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Message par Invité Dim 26 Sep 2010 - 11:42

Bonjour à tous,

Intéressant article dans Le Monde du week-end sur la mémoire et la maladie d'Alzheimer. Visiblement, la curiosité intellectuelle permet d'en retarder les dégâts : nous voilà au moins prémuni contre quelque chose. Je mets l'article dans son intégralité et non un lien car sa lecture est réservée aux abonnés.


La maladie d'Alzheimer touche aujourd'hui environ 35 millions de personnes dans le monde. Elle progresse inexorablement, compte tenu du vieillissement de la population. Entretenir sa mémoire est devenu un enjeu de santé publique. Quels sont les meilleurs moyens de retarder les effets de l'âge sur le cerveau ? Les programmes d'entraînement cérébral sur ordinateur ou sur console, de plus en plus nombreux, sont-ils efficaces ?

Alain Lieury, professeur de psychologie cognitive à l'université Rennes-II, ne croit pas à leurs vertus. En 2008, il avait montré, avec Sonia Lorant-Royer, maître de conférences à l'université de Strasbourg, que le fameux programme "Dr Kawashima" de Nintendo n'avait aucun effet spécifique sur les performances de raisonnement, de mémoire des chiffres et des symboles chez les enfants de 10 ans. Dans une étude à paraître dans la Revue européenne de psychologie appliquée, il montre cette fois que ce programme d'entraînement cérébral n'a pas plus d'effet sur l'attention des enfants du même âge qu'un simple jeu comme Super Mario, commercialisé par... Nintendo. Tout juste améliore-t-il la dextérité de la main droite... ou gauche.

Mais le constat sur des enfants est-il valable chez des sujets plus âgés ? Adrian Owen, chercheur en neurosciences à l'université de Cambridge, a testé des programmes d'entraînement cérébral à grande échelle (11 430 adultes de 18 ans à 60 ans). Ces programmes n'avaient pas plus d'effet sur les capacités cognitives que le fait de faire des recherches sur Internet. Parue dans la revue Nature, son étude reste néanmoins controversée.

Bernard Croisile, neurologue à l'Hôpital neurologique de Lyon, considère que l'étude, qui a duré six semaines, était "trop courte" et qu'il aurait fallu uniquement s'intéresser à "des sujets de plus de 50 ans". Selon le docteur Croisile, également vice-président scientifique de la société Scientific Brain Training - qui commercialise le programme d'entraînement cérébral Happy Neuron -, comparer les performances de personnes faisant des exercices cognitifs à celles d'un groupe utilisant Internet pour répondre à des questions n'est pas pertinent.

Les chercheurs sont toutefois d'accord sur un point : les exercices pour entraîner sa mémoire dans un domaine ne sont pas transposables dans un autre. S'exercer au Scrabble améliorera la mémoire lexicale mais pas celle des chiffres. "Nous n'avons pas une mémoire, mais des mémoires spécialisées", analyse Alain Lieury. Mémoires des visages, des chiffres, des mots, des odeurs, des sons, du goût... Ainsi, certaines personnes peuvent afficher des performances exceptionnelles et retenir des dizaines de chiffres, par un entraînement intensif. "Mais, en dehors de cette mémoire hyperspécialisée, elles ne présentent pas, dans d'autres tests, des résultats au-dessus de la norme. Il n'y a pas de transfert de cette aptitude mnésique exceptionnelle à d'autres domaines de la mémoire", complète le neuropsychologue Francis Eustache, directeur de l'unité de recherche de l'Inserm sur les maladies de la mémoire à l'université de Caen.

Conserver une bonne mémoire se travaille dès la naissance. La meilleure façon est d'accumuler les connaissances. "Quand on accède à un certain niveau socio-éducatif, ces acquis vont faire en sorte qu'on va conserver plus longtemps des capacités cognitives internes", explique M. Eustache. Jusqu'à reculer de plusieurs années la survenue des symptômes de la maladie d'Alzheimer.

Mais tout n'est pas perdu si l'on n'a pas fait de longues études. Car, plus on a une vie stimulante intellectuellement, plus le cerveau reste performant. C'est ce qu'atteste une étude publiée dans la revue Neurology, en 2009. Des chercheurs de l'Inserm ont suivi pendant quatre ans 6 000 seniors de 65 ans et plus. Ceux qui pratiquaient au moins deux fois par semaine des activités de loisirs stimulantes intellectuellement (mots croisés, jeux de cartes, cinéma, théâtre, activité artistique ou associative) étaient deux fois moins susceptibles de développer démence ou Alzheimer, comparés à ceux qui les pratiquaient moins d'une fois par semaine. Et ce indépendamment de la catégorie socioprofessionnelle. "Vous ne prouverez jamais que le bridge retarde Alzheimer, mais la pratique régulière d'activités variées permet d'augmenter sa réserve cérébrale - la quantité de neurones et de connexions - et cognitive", poursuit le docteur Croisile.

Une alimentation saine permet également, non pas de développer sa mémoire, mais de préserver son cerveau. "Ce qui est bon pour le coeur est bon pour le cerveau, poursuit le neurologue. Le régime crétois (riche en fruits, légumes et poisson), de 30 à 60 minutes d'exercice, pas de tabac ni d'alcool - à l'exception d'un verre de vin par jour - permet de préserver son cerveau."

Dernier - ou premier - ennemi de notre cerveau à combattre : le stress. En s'attaquant, comme l'alcool, aux cellules de l'hippocampe, il menace l'organe du cerveau archiviste de notre mémoire.

Auteur : Martine Laronche

"Doper son cerveau", d'Alain Lieury (Dunod, 248 p., 18,50 €) ; "Les Chemins de la mémoire", de Francis Eustache et Béatrice Desgranges (Pommier, 514 p., 29 €) ; "Tout sur la mémoire", de Bernard Croisile (Odile Jacob, 2009, 510 p., 26 €).

Entre-filet :
LES DIFFÉRENTES MÉMOIRES
Mémoire procédurale. C'est celle des automatismes. Elle permet d'acquérir des habiletés à la suite d'un entraînement, de les stocker et de les restituer sans faire référence aux expériences antérieures, comme conduire une voiture, faire du vélo, jouer du piano.

Mémoire perceptive. Elle nous permet de reconnaître, sans effort, des informations avec lesquelles nous avons déjà été en contact. C'est elle, par exemple, qui est sollicitée pour faire un trajet habituel en voiture entre son domicile et son travail.

Mémoire de travail. Elle permet de maintenir pendant un temps court et pour une action précise des informations et de les traiter dans l'activité en cours. Exemple : retenir une phrase ou un numéro de téléphone avant de le recopier. Elle est aussi appelée mémoire à court terme, car sa capacité est limitée dans le temps. Ainsi, chez le jeune adulte, le rappel immédiat d'une liste de quinze mots différents est de sept. Après vingt secondes, ce rappel n'est plus que de trois à quatre mots.

Mémoire sémantique. C'est celle des connaissances générales sur le monde (Paris est la capitale de la France) et sur soi (je m'appelle Pierre Dupont, je suis boulanger et j'habite à Lille). Elle ne fait pas référence à un événement précis de la vie. Deux grandes dimensions de classement dominent : un classement logique en arborescence par catégorie (animal, oiseau, canari) et un classement par associations entre différents concepts utilisés fréquemment ensemble (ciel bleu).

Mémoire épisodique. C'est celle des souvenirs, c'est-à-dire des événements personnellement vécus et situés dans un contexte spatial et temporel. La récupération d'un souvenir donne l'impression de revivre l'événement.


Dernière édition par leica le Dim 26 Sep 2010 - 11:43, édité 1 fois (Raison : correction d'une faute d'orthographe)

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Message par Invité Dim 26 Sep 2010 - 12:59

Un exemple isolé n'est évidemment pas représentatif, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ma grand-mère. Elle avait une mémoire d'éléphant et a commencé à la perdre vers les 70 ans : elle se rappelait du vieux temps mais n'arrivait plus à enregistrer l'immédiat. Elle se souvenait de son enfance mais pas du matin même. Et ça a empiré et empiré jusqu'à tout emporter. A la fin elle ne nous reconnaissait plus. Elle a vécu jusqu'à presque 93 ans mais dans quelles conditions...
Ce n'était pas Alzheimer, des tests l'ont prouvé de façon formelle, personne n'a jamais su mettre un nom sur sa maladie.
Mais, par rapport à l'article, elle lisait énormément et jouait intensivement au scrabble, jusqu'à un âge beaucoup plus avancé que le début de ses pertes de mémoire. Et pourtant... Crying or Very sad

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Message par Invité Dim 26 Sep 2010 - 13:13

Merci Leica pour cet article!

Plume: il faut imaginer la mémoire épisodique comme un mille-feuille. Les couches supérieures s'effaçant en premier.

Pour plus de renseignements sur cette maladie :
voir ici

Effectivement Leica, d'après les caractéristiques neuro-physiologiques des surdoués, il se pourrait que nous soyons préservés un peu plus longtemps des troubles induits par la MA. Néanmoins, la composante génétique étant importante (voir ici), il est difficile d'évaluer précisément ce bénéfice possible de la douance. Il serait intéressant de mettre en route une étude spécifique sur une population de surdoués...

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Message par Lanza Dim 26 Sep 2010 - 14:20

Une autre exemple : mon grand père, érudit notoire, a commencé à décliner vers 82 ans.

Nous voilà donc avec un échantillon représentatif de 2 personnes. cheers
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Message par Invité Dim 26 Sep 2010 - 14:30

82 ans, c'est un âge déjà avancé.
Le vieillissement normal implique forcément des pertes de capacités cognitives. Le diagnostic s'impose lorsque les symptômes sont plus précoces et également lorsque cela pose un problème dans l'autonomie de la personne au quotidien.
Maintenant dans les faits, j'ai aussi vu beaucoup de cas où le diagnostic n'intéresse ni la famille ni le médecin (motif "boarf, il est vieux, c'est normal, on s'achemine vers la mort de toutes manières")... on place en maison de retraite et puis on attend...
J'ai même un médecin qui m'a dit l'autre jour "ah mais vous vous occupez aussi des gens avec une MA? Mais ça sert à quoi?" Rolling Eyes

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Message par bepo Dim 26 Sep 2010 - 15:27

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Dernière édition par Dragibusupa le Jeu 30 Sep 2010 - 13:04, édité 2 fois

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Message par synapse Lun 27 Sep 2010 - 22:17

Préambule :

La MA est la forme de démence la plus répandue(5 à 10 % des gens de + de 6 ans, 45% des personnes âgées de + de 85 ans).

La protéine amyloïde (dépôt extra cellulaire anormal) formant des "plaques"est à l'origine des altérations de plusieurs fonctions de notre cerveau, dont la mémoire.
Attention : corrélation génétique, chromosome 21 marqueur (mutation d'un géne codant; APP) pour les famille à apparition précoce et chromosome 19 pour les famille "tardive".


Une autre exemple : mon grand père, érudit notoire, a commencé à décliner vers 82 ans.

Ma grand mère maternelle à commencé à manifester des troubles MA suffisamment visible vers 70 ans, elle est décédée à 89 ans.
L'évolution de ce type de dégénérescence est plus lente(en générale) lorsque les sujets sont âgés.
Activité sociale dense, grande curiosité. La MA s'est manifesté lorsqu'elle est allée en maison de retraite.

Je me pose une question :
Une densité de connections synaptique = plus de Amyloid precursor protein(APP) (qui est à l'origine de la création/réparation de ces dernières).
Peux on avancer le postula suivant :
Plus la neuro-plasticité du cerveau est importante, plus ce dernier peut mettre en œuvre des stratégies de diversification /contournement pour maintenir l'échange des données.La sollicitation soutenue au niveau cellulaire limite le clivage anormale de l'APP et limite le "surstockage" de peptide-β-amyloïde.




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Message par Invité Lun 27 Sep 2010 - 22:29

ça.... ?

Ce que je sais, c'est que mettre en place une prise en charge cognitive très tôt, dès l'apparition des premiers symptômes, permet de ralentir les effets du processus évolutif.

Après....

Question

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Message par Clausule Mer 30 Oct 2013 - 22:31

Avec l'expérience, je remarque que la présence, l'affection, sont aussi des facteurs pour retarder l'avancée de la maladie. Limiter l'angoisse en étant un autre. A se demander parfois si cette maladie n'est pas psychologique à la base (les lésions au cerveaux apparaitraient suite à un choc émotionnel, une anxiété refoulée par exemple, etc.). Une sorte de somatisation … la question est ouverte, et mérite d'être creusée.
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