A Paris, des surdoués s’intègrent à coups d’épée - Le Monde

Il y a de longues galeries du XIXe siècle à traverser. Ses colonnades en acier et ses murs en pierre rougeâtre donneraient presque à cette vaste cité scolaire parisienne des airs de bâtisse industrielle. Puis, au bout de quelques minutes de marche, il ne reste qu’à emprunter un petit couloir. Enfin, à droite, une porte blanche défraîchie ouvre sur une drôle de pièce. « C’est un peu moche et vieux, reconnaît en souriant Anny Forestier, le proviseur du collège-lycée Janson-de-Sailly, dans le 16e arrondissement. Mais ça fait maison. »
Cette pièce n’a rien d’une classe : s’y retrouvent des élèves précoces, filles et garçons, qui ont généralement deux ans d’avance sur les autres et qui, malgré leur QI dépassant largement les 130, sont en… échec scolaire. Cet espace leur est réservé; d’ailleurs, c’est écrit sur la porte: « DIEP », comme Dispositif d’insertion des enfants précoces.
Depuis 2004, le collège de quelque 1000 élèves accueille dans un projet expérimental plus d’une trentaine d’enfants considérés comme dotés d’un « haut potentiel » et qui sont en difficulté. « Les hauts potentiels ne sont pas vraiment reconnus par l’institution scolaire, regrette Anny Forestier. Il y a des enfants brillants, mais qui n’y arrivent pas, et c’est notre mission de les révéler. » Ils ne sont pas à part, mais intégrés aux cours des autres collégiens.
Difficile de croire que des enfants aussi intelligents aient du mal à réussir à l’école. Et pourtant, certains s’ennuient car ça ne va pas assez vite. D’autres développent des phénomènes d’angoisse et de rejet de l’école. D’autres encore éprouvent des difficultés à s’entendre avec leurs camarades qui n’ont rien de précoce. « Et ils sont dérangeants, ils parlent comme des adultes », ajoute le proviseur. En 2010, Violaine Guérin, docteur spécialisée en endocrinologie et gynécologie, a réussi à convaincre la directrice de l’établissement scolaire d’utiliser l’escrime pour les intégrer dans leur classe. « J’étais présidente d’un club à Paris et mon fils était élève dans ce collège », explique-t-elle.
Pour Violaine Guérin, l’escrime a des vertus, et en particulier le sabre. Pour manier correctement cette arme, il faut être rapide et stratège. « Ça les oblige à avoir une coordination motrice et une analyse tactico-technique quasi simultanément, détaille la spécialiste. Et ça, ils aiment. »
Le docteur Guérin préside l’association ATP, pour Active ton potentiel, un clin d’œil à l’adénosine triphosphate, la molécule qui crée de l’énergie. Elle a mis en place des procédés pédagogiques afin d’aider ces enfants à mieux vivre avec eux-mêmes. D’abord en respectant la piste d’escrime. « C’est un bon moyen de leur faire comprendre qu’il faut respecter les limites, on leur apprend à travailler dans un cadre bien précis », explique-t-elle.
Et puis cela permet de prendre confiance en soi. « On leur apprend à attaquer, souligne le docteur, afin qu’ils aient de l’estime pour eux. C’est important, surtout quand ils sont en échec scolaire et qu’ils pensent en être les responsables. Ou est-ce le système scolaire qui ne sait pas les adapter ? » Violaine Guérin se remémore l’histoire d’un élève qui développait une véritable phobie de l’école. « On a pu le réintroduire dans la scolarité en le faisant venir d’abord aux cours d’escrime », se réjouit-elle.
Tous les lundis matin, ces enfants précoces vont au cours d’escrime pendant que les autres ont français ou maths. C’est Olivier Serwar, un maître d’armes qui a suivi deux années de formation avec une psychothérapeute, notamment pour savoir parler aux enfants, qui croise le fer avec eux. « Je les écoute aussi beaucoup », ajoute-t-il.
Durant les séances, filles et garçons apprennent également l’humilité. « Ils sont tous néophytes, ils sont presque sur un pied d’égalité, explique le maître d’armes. Ils avancent en même temps. C’est différent d’un cours de mathématiques de sixième, dont ils connaissent déjà le programme. On les remet dans la normalité. »
C’est aussi un moment où ces enfants surdoués découvrent l’erreur, « Et ça les fait rire, sourit Olivier Serwar. Chez eux, gagner, c’est normal. Quand on fait des jeux et qu’ils se trompent, ça les replonge dans l’enfance. Il ne faut pas oublier que généralement, vis-à-vis de leurs parents, ils n’en ont pas le droit ».
L’escrime est devenue la matière préférée de ces enfants de 8 à 12 ans, presque plus que les mathématiques ou la physique. « J’avais du mal à garder mon attention mais l’escrime a amélioré ma concentration », raconte Côme, 12 ans, en quatrième, qui va attaquer sa troisième année de pratique du sabre. Tout comme son copain Félicien, 10 ans et déjà en quatrième lui aussi. « Ça donne de la confiance en soi, reconnaît ce petit bonhomme, car, quand on apprend à attaquer, on fait le premier pas. »

Source : Le Monde http://atpescrime.free.fr/wp-content/uploads/DIEP-Escrime-Le-Monde-121019.pdf par Zebrounet (http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2012/10/22/a-paris-des-surdoues-sintegrent-a-coups-depee-le-monde-octobre-2012/)

Elève à Janson depuis deux ans, je n'avais même pas ne serais-ce qu'entendu mentionner ce dispositif. D'un autre côté, la prépa et le collège sont deux mondes bien différents, dans ce lycée, qui est tellement grand qu'on y côtoie des élèves qui ont parfois la moitié de notre âge...
En attendant, c'est vrai que la pratique d'un art martial m'avait, moi aussi, beaucoup aidé, quoique pas en sixième: en terminale.

Ce qui est encore + cool c'est que grâce à cet article des fonds ont été débloqués (je sais pas par qui) et vont permettre la poursuite du dispositif cette année en tous cas.
Mon petit cousin en bénéficie!!!

Cela me rend trés triste. J'aurais pu vivre autrement. A 26 ans j'ai encore le temps de voire le temps devant moi et de retrouver du sens. L'ignorance de ma douance m'a fait délirer pour donner sens, j'ai été détruit par les croyances des autres et c'est sûrement ça qui m'a pousser à étudier les sc humaines. Mais j'ai perdu la passion et le goût ainsi que l'amitié lors de mon adolescence, j'"ai eu des peur panique me faisant penser que j'avais une maladie mental. J'ai connu une semaine dans ce lieux d'exclusion qu'est l'asile alors que qq temps en Vendée m'ont largement fais baisser la fameuse "angoisse psychotique" qui n'en était pas une! BRef je me suis fait malmené par les jugements hatif brassé dans la peur de l'esprit cloisonné du normopensant qui a toujours besoin de chiffre pour accepter l'autre. Peut-être mes recentes envie de suicide font écho à la blessure profonde d'injustice et d'humiliation par rapport à l'autre "normal" qui s'approprie ainsi le pouvoir. Je n'aime guère la démocratie en ce moment aprés l'avoir encensé plus tôt dans ma vie or c'est la démocratie qui a tué ma vie. Car pas de vie sans le ressenti authentique et l'acceptation de notre etre par l'école, le lieu de la citoyenneté. Il n'y a plus de valeur! Et le pire c'est que chaque génération connait la même erreur. Maintenant j'essaye de sublimer ma haine féroce de l'Etat pour éviter la révolution: une erreur car c'est resté coincé dans le drame! Je cherche à les dépasser par la sagesse, à leur montrer que toute leurs humiliations répétés ne m'ont pas tué et que je vais même les utiliser pour grandir enfin et plus vite que jamais. C'est l'expérience rare de l'être hypersensible qui vis encore l'exclusion à la manière des grpupes sociaux du XIXe siècle. Je ne vis pas dans leur idéal démocratique, j'en ai été rejeté.