Se sentir terne et stupide, un standard ?

Je pense que tout est dans le titre.

Oui, what else ?

A toi de voir si tu as something else à en dire.
La plupart du temps tu te traines ce spleen, et te vois comme une grosse merde. Tu regardes dans ta tête et trouve des toiles d'araignées, tu cherches une idée tonifiante et ne découvre qu'un " ..." hébété.
Alors tu te dis; moi, surdoué ? Mou-aa-aaargh !
Les compliments te sont des injures et tu as décidément trompé tout le monde !
Le ci-devant fil est là pour les ceusses qui traversent une telle stase.

Le ci-devant fil

Ma vanité profonde s'exprimant notamment par la confiture et notamment l'usage précieux de formules élégantes et archaïques, j'aime beaucoup cette expression et je m'insurge contre cet usage erroné : ci-devant ne signifie pas "que voici" mais "anciennement" !
Sarquaux est ci-devant président de la République.

Bon, revenons au sujet.
ça m'arrive (enfin, plus ça va, moins c'est permanent; ça revient surtout les dimanches après-midi et les jours de pluie) de douter au point d'imaginer que le test que j'ai passé a été pipeauté pour faire de moi un client satisfait... Ou alors, "OK je suis surdoué mais j'en fais rien, je gaspille tout, je suis surtout surdoué en glandouille etc". Dans mon cas au moins, c'est la résultante de tout ce qu'on m'a renvoyé pendant des années. L'estime de soi étouffée, écrasée à coups de botte dès le plus jeune âge, "l'intelligence" mesurable (les résultats scolaires) utilisée comme levier pour me pressurer. ça pouvait difficilement donner autre chose.

Fusain a écrit:de douter au point d'imaginer que le test que j'ai passé a été pipeauté pour faire de moi un client satisfait...

J'ai eu l'audace, à la restitution du bilan, de demander à mon psy s'il ne m'avait pas aidé pour une question, auquel cas ça fausserait le test, vous comprenez, vous m'avez aidé, mais... non. Il m'a expliqué qu'il ne m'avait pas aidé, et que, globalement, il ne "pouvait" pas m'aider pour la question en question (hoho).

Fusain a écrit:Ou alors, "OK je suis surdoué mais j'en fais rien, je gaspille tout, je suis surtout surdoué en glandouille etc".

Je connais aussi... Mais du coup j'essaye de me lancer (et de continuer, et de finir) dans des projets personnels, genre une broderie, un pull au tricot, une peinture, un meuble, etc. Un roman, aussi... Hum...


Et pour ne pas totalement flooder, je rajouterai que oui, je me suis très souvent sentie stupide. Mais terne, non, pas depuis ma dépression en tout cas.

Un roman, aussi...

Excuse-moi Sapho, ça n'engage que moi, mais qu'est-ce que je peux trouver les romans (et même parfois la lecture toute entière) chiants dans ces moments là...

ça n'engage que moi

Par contre y a un truc en guise de dernier recours: brancher ma guitare...

Se sentir terne et stupide, un standard ?

Un état d'esprit ...

... periodique ?

Hmmm... j'ai pas trop le sentiment d'imposture moi.

Bon c'est sur quand on me fait plein de compliment sur ma formation au bout de deux jours alors que je sais que le moment tendu c'est le 3e jour, je me dit "ouille ils croient que je suis douée et que j'enseigne comme une star, ils vont déchanter demain", et je culpabilise à mort (oui gros sentiment d'imposture dans ce cas là).

Mais je me sens pas imposteur quand je dis que je suis surdouée par contre.

Tu le dis ?

Nan, je ne le dis pas, "façon de parler"

Fusain a écrit:Tu le dis ?

Relever les fôtes n'est pas sans risque...

aaah lol

Ok, mea culpa.

Gné ?
Je n'ai pas "relevé une faute", il n'y en a d'ailleurs évidemment pas, j'ai simplement demandé à Waka : "vraiment, tu le dis aux autres, tu te dévoiles comme Z ??"

D'où l'italique pour marquer ma surprise. Cf tous les autres topics sur la faible acceptation sociale de la douance.

Gné... lol...

Ouh là le quiproquos (y a un s? ma connexion rame je peux pas trop vérifier).

Y avait une faute, je l'ai corrigée du coup ^^.

(Fusain, ca m'intéresse de savoir, pourquoi cette question t'es si importante? Par MP si tu veux )

MP en effet, non pas que ce soit confidentiel, mais pour ne pas détourner le topic.

Parfois je me trouve lent,terne et je me dis que je ne suis pas une lumière...

Ok ça ne marche pas, je suis une femme, mais il fallait que je la fasse.
Sinon, je sais que je ne vaux pas rien, mais c'est théorique, quand il faut passer à la pratique et que je pense trop je me dis que c'est hors de portée, simplement parce que je cherche à dessiner mentalement le chemin pour arriver à la fin et que je me perds très vite. Alors qu'il suffit d'agir sans réfléchir, d'être dedans, pour que tout roule.

Donc j'essaie de m'habituer à faire et non à contempler (et je crois que ce sont de vieux restes d'une scolarité passée à regarder et réfléchir mais sans agir).

Lente, terne, ça marche aussi...C'est pour ça que je l'ai mis en rouge.

Imposteuse, terne et stupide....oui oui ...au quotidien
J'ai demandé plusieurs fois à ma psy s'il elle ne s'était pas trompée, si elle n'avait pas oublié de me faire passer une partie des tests...je me suis même demandé si je n'avais pas dépassé la fameuse limite du QI à ces tests parce que j'avais mangé des protéines le matin (MOUARFFFF voyez jusqu'où va ma stupidité....)
Bon, c'est vrai que j'ai une image de moi-même déplorable, un manque de confiance en moi indéniable et profond....et je dois travailler là-dessus absolument...la psy a confirmé...mais ce n'étais pas difficile pour elle de confirmer ça puisque j'ai passé tout le temps du test à dire "je suis nulle" "j y arriverai jamais" "je suis vraiment trop bête"...etc etc etc

Donc, terne et stupide, ça me parle...malheureusement

J'avoue que personnellement je me sens parfois totalement "géniale" quand j'ai eu une idée "fabuleuse" dont je suis super-fière ... pour retomber dans les affres de la culpabilisation et de l'auto-critique extrême la seconde d'après, soit parce que ma petite voix interne m'a susurré un "mais non ça vaut rien", soit parce que je viens d'entendre parler d'un chercheur(se) / inventeur(se) / entrepreneur(se) / créateur(trice) qui a fait/analysé/créé quelque chose qui fait avancer le schmilblick du monde ... A ce moment là je regarde ma vie pour me dire que je n'ai RIEN fait de mon intelligence soit disant "sup", que je gâche mes qualités et mes super idées avec ma fichue procrastination, que j'en ai assez de perdre mon temps dans mon boulot qui ne sert à rien et surtout pas à m'épanouir et où je m'emm... et je hurle (intérieurement si je suis en public) ou je me traite de tous les noms et surtout d'imbécile, ce qui n'est pas le top pour l'estime de soi ! Et pourtant j'ai suivi une psychothérapie avec un psy intelligent et moderne durant 3 ans. Bien sûr il ne savait pas que j'étais "surdouée", je l'ai découvert il y a moins d'un an après un test passé à la demande d'un autre médecin pour un diagnostic de TDAH et les psychiatres semblent être les derniers à imaginer l'option HQI comme origine de mal-être ou de burn-out. Maintenant je vois la psychologue qui m'a fait passer le test pour un coaching qui, j'espère, me permettra d'apprendre à ne plus procrastiner autant et à ne plus me traiter d'idiote régulièrement en mettant en application plus régulièrement mes idées "géniales".

Fata Morgana a écrit:

Bref il y a des jours sans relief ni panache. Et je me demande quelle est la part de la fatigue dans cette humeur qui peut s'attarder...Un univers intérieur vide et morne sans ces "flahs" qui surgissent, ces prises de conscience lumineuses et profondes. Ah ces jours-là ! Quelle "mornitude", quel ennui...
On ne sait ni d'où cela vient, et encore moins par quel miracle cela cesse. Un beau jour arrive, et de nouveau, tout pétille, vibre, résonne.

Est-ce qu'il serait envisageable une vie sans mornitude? Les idées lumineuses naissent en partie dans ces moments où on se rend compte que rien n'a de sens non?

Et stupide oui, ça m'arrive à tous les jours ou presque lorsque je trébuche sur mes mots ne sachant pas comment expliquer la globalitude évidente dans ma tête... disant une évidence finalement parce que je désiste d'aller plus loin dans mon idée... je l'écrirai bien un jour que je me dis.

Pour le roman (écrire et lire) j'adhère à 110%, pour la guitarre ... je passe!

Fata Morgana a écrit:
Les compliments te sont des injures et tu as décidément trompé tout le monde !

Ca me parle beaucoup, cette remarque. Pour ma part j'ai souvent vécu des compliments très mal, effectivement, et je pense que je ne suis pas le seul ici... Prendre un "compliment" pour une insulte, parce qu'il est fait pour quelque chose de tellement anodin (pour nous). Aie, la baffe. Et l'effet kiss cool c'est le regard de l'autre qui se rend compte que tu le prends mal. Deuxième claque.

Oui, je me sens souvent comme les troncs sans branches. Comme l'étron, surtout.

huhu j'aime ton humour Airborne
Pareil ici, c'est l'àquoibonite quasi quotidienne. J'ai longtemps mis ça sur le compte de la "dépression masquée" (c'est comme le vengeur...) avant de me tourner enfin vers un test qui a confirmé mes rayures.
Du coup, je ne sais pas trop quoi en penser. Est ce un "signe" de zébritude ? La plupart du temps, il faut vraiment que je sonde mes ressources profondes pour me motiver à "faire" des choses.
Parfois, je trouve un peu de "réconfort" à contempler la progression tangible de qq chose dont pourtant je me fous (tricot, couture, etc). Pendant que mes mains s'occupe, mon cerveau bulle en boucle, mmmh la PAIX

s'occupent* !!!!

tyuip, j'ai eu du mal à me motiver pendant longtemps également. Manque d'estime de soi comme il semble que ce soit le cas pour beaucoup ici.
J'ai trouvé cependant une femme adorable et très patiente (que je ne mérite pas blah blah blah), et cette famille m'a donné beaucoup d'énergie pour construire.
Du coup je me suis fait un beau petit atelier chez moi et je me suis mis à travailler le bois. J'y trouve beaucoup de plaisir, et je fais mes meubles.

C'est d'ailleurs quelque chose, il me semble, qui revient souvent tout au long de ce que j'ai pu lire ici, dans des sections différentes. Il m'apparait que les zèbres qui le vivent plus ou moins mal se trouvent des choses pour s'occuper les mains afin de mettre la tête au repos. Du reste le travail du bois m'a obligé à acquérir des techniques que je ne connaissais pas du tout, et j'ai appris et apprends encore beaucoup (livres ou internet. Et mine de rien faire des meubles fait beaucoup gamberger, cela sied à certains de mes neurones qui apprécient). Cela m'a aussi amener à me faire plaisir (à faire la sciure ou admirer le travail fini, ou plus rarement maintenant à créer du bois de chauffage design), ce que je n'avais jamais vraiment fait avant.
Et je sens très vite quand je commence à gamberger trop à la tâche : la sanction arrive très vite! (au mieux j'ai coupé un truc trop court ou j'ai fait des trous au mauvais endroit ou bien j'ai collé le truc à l'envers, au pire il me faut la boîte de pansements). Et je ne me lance pas à utiliser certaines machines si je sens que la bouillotte chauffe trop, ça je l'ai compris très vite.

Et les autres, que faites vous pour vous tranquilliser pour buller en boucle comme le dit joliment tyuip?

Il y a un petit gars dans ma classe, j'étais stupéfait par les réflexions qu'il avait dans les débats philo et j'ai invité ses parents. J'ai émis l'idée qu'il puisse être HP, il y avait bien d'autres signes qui me parlaient. Il a donc été testé et c'est bien le cas. Et bien, hier, ce petit gars, à la récré, reste en classe et vient me voir au bureau pour me dire : "C'est nul que je ne fasse rien de tout ça. " C'est un résumé très succinct mais dans le fond, il trouvait désespérant d'être "affublé" de ce don et de ne pas parvenir à s'en servir, à se sentir même accablé par ce potentiel. Alors, quand je vous lis ici (je ne suis pas HP), j'ai vraiment l'impression que c'est un sentiment quasi général et je me demande quelles sont les attitudes à adopter, les actes à mener pour parvenir à "alléger" cette souffrance. Et là, il s'agit d'un petit gars de dix ans...

Je dirais qu'avant tout il faut le libérer d'une "pression de résultat"... S'il a été testé, il risque désormais d'être sous pression des parents qui vont attendre de lui monts et merveilles, mais pas forcément les monts que lui voudra gravir ni ce qui est merveille à ses yeux !

Fusain a écrit:Je dirais qu'avant tout il faut le libérer d'une "pression de résultat"... S'il a été testé, il risque désormais d'être sous pression des parents qui vont attendre de lui monts et merveilles, mais pas forcément les monts que lui voudra gravir ni ce qui est merveille à ses yeux !

J'ai pas mal parlé avec les parents et je n'ai pas senti chez eux une quelconque pression mais bien davantage une inquiétude. C'est "difficile" à la maison...Un relationnel conflictuel. Ce petit gars est en difficulté scolaire depuis le CP. Tout ce qui est écrit le rebute au plus haut point. Par contre, le collège vers lequel je les ai dirigés leur plaît bien. Mais c'est un internat et pour un élève de sixième, ça n'est pas évident. Lui, il veut y aller mais pour les parents, c'est une décision délicate. Une heure et demie de route, pas de gare ici, faut faire le trajet en voiture et c'est à l'opposé de leur lieu de travail. Mais tout ça, c'est de l'organisation et ça n'est pas le plus compliqué. C'est d'un point de vue émotionnel ou existentiel que les troubles sont gigantesques. Cette impression d'être "différent" et de ne pas savoir qu'en faire.

Peut-être, alors, que le problème n'est pas pris par le bon bout ? Il y a un hiatus dans cette phrase : être différent et ne pas savoir qu'en faire. Etre/faire. Deux choses. Comment dire ?... Etre différent, on n'en fait pas quelque chose : on l'est, donc on le vit. Cela imprègnera tout ce qu'il fera, les choses "différentes" comme les moments de la vie les plus ordinaires, les plus communs à tous.
Présenté comme ça, ça me donne envie de dire qu'il cherche sa voie à l'instar de tout ado/préado en décrochage scolaire; la douance ouvre des perspectives plus larges; mais la question est la même, chercher son chemin, chercher de quel côté on sent qu'il y a de la vie.

thierry73 a écrit:Un relationnel conflictuel. Ce petit gars est en difficulté scolaire depuis le CP.

Avant que tu n'apportes cette précision c'est à peu près ce que je voulais répondre. Je ne peux pas parler pour ce gamin que je ne connais pas, mais dans mon expérience personnelle je peux dire que si je n'avais jamais eu un relationnel difficile (à la maison ou à l'école ou ailleurs) les choses auraient été extrêmement plus simples.
J'ai envie de dire qu'il faut arriver à faire comprendre et connaître à cet enfant ses "différences". Je dis souvent (enfin.. je ne dis rien mais je le pense) qu'on ne m'a jamais donné les clefs pour comprendre les autres, mais c'est surtout que je n'ai jamais su comprendre que beaucoup d'autres voient le monde en bleu quand je le vois rouge. Ce serait un bon début peut-être, je crois.
Bon courage, et merci à toi pour ce gamin! Avoir un enseignant qui se pose toutes ces questions à son propos va déjà l'aider grandement, j'en suis certain.