Valoriser les compétences Asperger/atypiques en entreprise

Une vidéo intéressante sur les compétences Asperger(/atypiques) en entreprise (je l'ajoute aussi dans la section 'Asperger' si j'ai le droit?)

sur le point de cette semaine:

un article : SPÉCIAL EMPLOI ET HANDICAP
Le filon des « intelligents atypiques »

Haut potentiel. A l’instar de la Silicon Valley, malgré quelques obstacles, des entreprises françaises misent sur le talent des autistes.
Par Nathalie Lamoureux

Les intelligences hors norme ont la cote. Longtemps ignorées, les spécificités des autistes Asperger – capacités de concentration, perfectionnisme et sens du détail – sont peu à peu prises en compte sur le marché du travail. Ce changement est facilité par des associations qui mettent en relation des autistes avec des entreprises, ainsi que par des patrons sensibles au sujet. Parmi eux, Laurent Delannoy, cofondateur d’Avencod, entreprise niçoise spécialisée dans les services numériques, qui compte 22 salariés, dont 18 personnes reconnues comme travailleurs handicapés, majoritairement autistes Asperger et avec un haut potentiel. « C’est très enrichissant en termes de management, confie Laurent Delannoy. Cela nous apprend à avoir une ouverture d’esprit. Petit à petit, on les fait monter en compétences. » Un agrément avec la Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi lie la société à un contrat d’objectifs triennal pour leur permettre d’évoluer vers le milieu professionnel ordinaire. « Nous voulons être un tremplin. » Sur les quatre salariés qui ont quitté Avencod, trois ont trouvé un emploi dans des entreprises d’informatique, un a repris ses études pour finaliser un bac+5.

Chez Avencod, les salariés exercent le métier d’analyste-programmateur, de développeur ou de testeur. Les autistes, majoritaires et travaillant ensemble, se sentent protégés des interactions sociales pesantes. Mais, l’habilité sociale, cela s’apprend. « On s’aperçoit qu’ils apprennent les codes sociaux. Certains disent : “Bonjour, comment ça va ?”, D’autres expriment une réflexion, “Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce n’est pas assez précis.”Il y a une véritable volonté de s’intégrer socialement. Nos collaborateurs nous ont demandé d’enlever les caches qui séparent les bureaux pour faciliter la communication. » Après Nice, la start-up, soutenue par les fondations Orange et Malakoff Médéric Handicap, a ouvert, en février, une antenne à Marseille, avec un objectif de 15 embauches sur deux ans. En France, une loi de 1987 oblige les entreprises de plus de 20 personnes à recruter des travailleuses et des travailleurs handicapés à hauteur de 6 % de leurs effectifs. Une mesure souvent perçue comme une contrainte. Les nouvelles représentations de l’autisme peuvent pourtant être à l’origine d’initiatives d’embauche pour ceux qui peuvent prouver leurs capacités à répondre aux besoins de l’entreprise. Mais c’est surtout la pénurie de compétences qui conduit des entreprises comme Avencod ou Aspertise à s’intéresser aux populations autistes. Pépite de la French Tech, Aspertise, cette strat-up fondée par Frédéric Vezon, lui-même autiste, s’est donné pour but de dénicher ces « expertises hors norme » pour les placer en mission dans les entreprises ou dans des grands groupes comme BNP Paribas. Une démarche louable.

Ecosystème. Les géants américains du Web, Gafam et consorts, ont lancé depuis plusieurs années des programmes de recrutement de personnes atteintes d’autisme. Mais en France, les « Aspies » ou « atypiques », comme ils se surnomment, peinent à s’adapter au monde des « neurotypiques » (non autistiques), et les sociétés sont réticentes à embaucher. L’originalité d’Aspertise est d’offrir un écosystème qui permet aux autistes d’apprendre à valoriser leurs compétences, d’être soutenus en cas de difficulté, et aux employeurs d’avoir un interlocuteur capable de détecter les problèmes. « On a travaillé avec Safran, la SNCF, Air France, mais on s’est heurtés à un énorme problème.Il fallait que nos employés soient des travailleurs handicapés et que l’entreprise soit accréditée par le gouvernement. Or le gouvernement ne voulait pas nous accréditer, car il n’y avait plus de subvention. Mais si vous n’avez pas la subvention, vous n’avez pas l’accréditation. Je suis autiste, tous mes employés sont atypiques. On ne peut pas être accrédités, alors qu’une compagnie composée de neurotypiques qui prend quelques atypiques pour faire joli dans le cadre des 6 % a le sésame », déplore Frédéric Vezon.

Goût amer. L’entrepreneur a dû jeter l’éponge et garde de cette expérience un goût amer. « Ça m’a énervé, je me concentre sur la valeur, je présente des gars avec des compétences très fortes dans des domaines très compliqués et ils ne sont pas pris. C’est Mozart qu’on assassine ! » Mais Frédéric Vezon ne baisse pas les bras. Il a lancé Droon, une plateforme de qualité de données en blockchain, et vend non plus ses consultants, mais des produits à haute valeur ajoutée. « Désormais, Mozart [ses collaborateurs, NDLR], travaille pour moi. Je vends la partition plutôt que le pianiste. Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour mettre fin aux clichés et aux préjugés. »

En 2010, Daniela Caruso, professeure de droit à l’université de Boston, citée dans une étude (1) par la sociologue Brigitte Chamak, constatait que « quand l’autisme est perçu comme une catastrophe, les associations de parents insistent sur l’urgence de la recherche, les traitements et leurs coûts, mais quand l’accent est mis sur la beauté et le génie, l’autisme est vu comme un investissement ». Les atypiques, parce qu’ils regardent les choses sous un angle inédit, ne peuvent s’épanouir que dans un cadre bienveillant

Chiffres :

De 10 000 à 15 000 emplois non pourvus chaque année dans l’informatique.

50 000 postes de développeurs informatiques non pourvus en France, un chiffre en hausse de 20 % en 2018.

De 30 à 75 % d’autistes n’ont pas de déficience intellectuelle. Des chiffres à prendre avec des pincettes, car la plupart des autistes de haut niveau (non déficients) ne déclarent pas leur autisme.


Formation :

Grenoble Ecole de Management (GEM) a lancé en janvier un cursus spécifique pour les étudiants Asperger qui souhaitent se former aux métiers relatifs aux données, avec, à la clé, un certificat, version adaptée du master spécialisé en big data de la GEM.

Autistes Asperger : ces compétences qu'ils maîtrisent mieux que d’autres

(du 16 Novembre 2020):

Managers et dirigeants, vous recherchez des profils big data, analystes, développeurs… ? Le 10 décembre prochain, Grenoble Ecole de Management organise les Rencontres entreprises Data Asperger, au format virtuel. L’objectif ? Présenter le nouveau Certificat Data Asperger, et susciter les échanges avec vos pairs, ayant recruté des profils Asperger, également présents.

à tenter, j'pense ...