à deux doigts du suicide

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Message par zeliefree Sam 24 Sep 2016 - 14:39

Je sais pas pourquoi écrire sur ce forum, même à ça j'y crois plus. Mais je suis déscolarisée, chez moi sans rien faire, et le temps est long. Ce que je vais vous expliquer est banal. Je pourrais prendre cent pages à décrire la souffrance qui accompagne chacune de mes minutes depuis des années, depuis toujours. Elle varie en intensité selon les saisons, selon mes illusions du moment mais ne part jamais. Tout est toujours sombre, j'ai arrêté de croire qu'un soleil viendrait faire fondre mes malheurs. Alors j'avance dans le noir. Et la route est encore longue, jusqu'à ma mort. Avant je voulais devenir écrivaine mais j'ai compris que plus personne ne lit et que mon travail n'aurait pas d'impact. Bien sûr, je le ferai quand même, pour le Beau. Mais ça réchauffe qu'un peu. Mon deuxième rêve c'était de devenir philosophe. Je m'imaginais, dans une grande bibliothèque, à rédiger des livres qui critiqueraient la société, qui réfléchiraient à son sens. C'est passionnant de construire une pensée. Mais il faut gagner sa vie, les études de philosophie sont bouchées, ne mènent à rien. Il aurait fallu faire l'ENS, être enseignant-chercheur mais c'est trop tard pour moi. Alors je vais reprendre des études de droit. Ou de communication. Il faudra bien acheter ma nourriture et payer mon loyer.

Mais plus rien ne me fait vibrer. Je comprends plus pourquoi je continue d'avancer dans la pénombre éternelle. C'est terminé, tous mes désirs sont vains, toutes mes illusions brisées. Il faudrait continuer de se battre, encore et encore. "L'espoir fait vivre", je n'en ai plus. Et pas la force d'en inventer un nouveau.

La conscience de ma médiocrité vient m'achever. Je regarde ma vie : peu d'amis, pas d'amour, pas de perspective, pas d'argent, trop de souffrance. Il y a des génies, des gens heureux, je n'en fait pas partie, je n'en ai pas les capacités. Mon corps et mon esprit sont faibles, je ne suis que quelqu'un qui doit vivre brièvement et être oublié. Il y a toujours ce gouffre entre les autres et moi. Les discussions ennuyeuses, les regards troublés et l'incroyable ennui. Pourtant je ne suis pas intelligente. Pas de mémoire, pas d'imagination, pas de talent. Les mauvais cotés du zèbre, je les comprends. Mais je ne connais pas les meilleurs.

Alors il y a ces médicaments à avaler pour en finir. Je sais qu'il faut encore attendre. Pas de suicide avant ma majorité. Peut être que j'aurai le courage de continuer quelques années après encore. Un miracle me sauverait.
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Message par janikest Sam 24 Sep 2016 - 15:57

Hello Zeliefree,

Je n'interviens pas souvent sur ce forum mais ton message m'a fait réagir. Vu le contexte dans lequel tu te trouves actuellement il est facile et tentant de voir la vie en noir. Pour sortir de ton état qui ne mène qu'à ressasser des pensées circulaires, il faut te sortir de ce contexte et ça va te demander beaucoup d'efforts, mais je suis sur que tu vas y arriver, tu as la vie devant toi et tu as déjà quelques atouts dans ta poche!

Tu as une vocation: devenir écrivaine et philosophe. Bien qu'il ne s'agisse que d'une "aspiration", il ne faut pas en nier l'importance. Peu de gens ont des vocations, la plupart d'entre nous se ruent sur les trajectoires que les autres ont décidé pour à notre place sans vraiment prendre le temps d'y réfléchir. Toi, tu sais ou tu veux aller ce qui est déjà un excellent point de départ.

Je te rassure: il y a encore des gens qui s’intéressent à la littérature et à la philosophie! Pas tout le monde, c'est vrai, mais qu'importe. Quand bien même ces disciplines sont délaissées, nous avons plus que besoin d'une réflexion sur nous mêmes, sur notre société par les temps qui courent, alors au travail!

Il est vrai que ce genre de vocation ne nourrit pas souvent son homme (ou sa femme). Il n'y a pas de solution définitive à ce problème: certains vivent leur passion à fond en dehors d'un travail alimentaire, d'autres la vivent à moitié en en faisant leur profession, ce qui nécessite parfois certains compromis car oui, le travail comporte presque toujours une part d'abnégation.

Ensuite, le fait que tu sois actuellement déscolarisée n'est pas une fin en soi, mais alors pas du tout. Rien ne t’empêche d'étudier par toi même, de prendre des cours par correspondance si l'univers scolaire ne te sied pas. Alors oui ce sera peut être plus long, mais une vocation ça s'envisage au long terme, étape par étape. Si tu veux passer par des voies officielles, alors prépares les ENS.

Pour la vie sociale et affective, c'est normale que ça ne suive pas non plus. Au bout d'un moment, c'est un peu un cercle vicieux. Plus on se focalise sur ses turpitudes, moins on se dispose à voir des gens, et comme la sociabilité n'est pas innée, on perd cette aptitude à faire des belles rencontres. Mais heureusement ce cursus de l'isolement associal est réversible.

Enfin, il faut arrêter de regarder en arrière et poser son regard droit devant soi. Quand à l'espoir, il ne faut pas attendre que le monde se plie à nos désirs car il ne fera pas. Il ne sert à rien d’espérer des lendemains qui chantent si l'espoir n'est pas précédé ou suivi par l'action.

Pour résumer tu as une vocation, tu es intelligente, et tu as la vie devant toi. Mon premier conseil est que si ça va vraiment mal, il faut te faire aider par quelqu'un de compétent, pas juste quelqu'un qui va te filer des pilules bleues pour aller mieux. Ensuite, il faut te sortir de cette situation d'isolement qui génère ces ruminations. Il faut procéder petit à petit en changeant les habitudes de vie: mieux manger, pratiquer une activité physique, rencontrer des gens, se remettre à étudier etc. Ou alors tu décides de faire le grand saut: pas dans le vide, mais faire le tour du monde avec un sac dos.

Alors oui, la pente va être dure à remonter. C'est un peu comme la gravité, plus on se rapproche d'une planète, plus il devient difficile de s'y arracher. Mais ce n'est pas impossible. Je te souhaite bonne chance!






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Message par Darth Lord Tiger Kalthu Sam 24 Sep 2016 - 16:14

Juste une question (je sais que dans le contexte global de ce que tu écris ça va sembler anecdotique, mais c'est pour comprendre l'ensemble), pourquoi tu dis qu'il est trop tard pour faire de la recherche tout en disant que tu vas attendre la majorité ? Si tu es mineure en quoi il est trop tard ?

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Message par Jo' Sam 24 Sep 2016 - 16:17

Complètement d'accord avec le message de janikest, j'ajouterais que l'état dépressif favorise une baisse de l'estime de soi, et dans ce contexte il n'est pas évident de prendre conscience de ses qualités et de ses compétences, que tu as pourtant. Le fait que tu sois focalisée sur cette situation que tu vis comme l'échec de ta vie ne t'aide pas à voir et/ou à utiliser les ressources que tu as en toi. Cela fait parti du cercle vicieux dans lequel tu te trouves.

Un jour tu transformeras toute cette mauvaise énergie en carburant, et crois-moi, quand tu auras fait le premier pas, on ne pourra plus t'arrêter Wink

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Message par Aëdeniel Sam 24 Sep 2016 - 16:30

je n'ai pas grand chose a ajouter a ce qui a été dit et avec lequel je suis d'accord...

des fois il faut atteindre le fond pour pouvoir prendre appui et remonter...peut etre est ce le cas pour toi. quoi qu'il en soit une fois que tu aura digéré certains points (accepter les désillusions par exemple) et bien comme dit brouillon, tu transformeras tout ca en energie vers de nouveaux objectifs...

te pose pas la question du "pourquoi tu continues"...avance, meme lentement et tu verras qu'un jour ton regard sur les choses aura changé sans que tu t'en aperçoive vraiment

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Message par Fata Morgana Sam 24 Sep 2016 - 18:21


C'est bête à dire, mais il faut parfois attendre le moment où l'on peut prendre du recul. Avec le nez dans le guidon, on ne voit pas tout ce qui nous entoure, ni même ce qu'on est, on a que cette douleur aux mollets qui remplit tout le champ de conscience. Seulement, avec un espace plus dégagé on se rend compte que le drame d'un jour était la chance du lendemain. Je suis un enfant martyr. J'ai passé toute mon adolescence dans des Hp. Mais il y a eu un moment où l'inespéré est apparu. L'inespéré existe, je l'ai rencontré.
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Message par offset Dim 25 Sep 2016 - 19:34

Bonsoir zeliefree,

Tu as à mon ressenti et d’après ce que tu écris la passion des mots, tu peux si tu le veux partager ici ta passion (lectures, philo…)
Je te lirai avec grand plaisir.

N’abandonne pas, je te souhaite bon courage


Long hug
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Message par jolindien Lun 26 Sep 2016 - 6:51

Un jour j'ai compris...j'ai compris alors que toute cette colère en moi, cette incompréhension de la réalité (l'illusion) humaine venait de cet incroyable amour, caché, ficelé, que je n'osais exprimer.

Comme si enfant on m'avait empêché d'aimer, d'aimer les gens, les animaux, la nature, la vie.
Comme si ce père ne pouvant supporter cet élan d'amour et de perspicacité l'eut brisé par la manipulation et la terreur.
Alors la vie m'a fait un cadeau...prendre conscience de moi, le moi profond (le soi donc!) à travers les expériences qui la font et la défont. Cet amour prisonnier est sorti, enfin libre, libre car je lui avais ouvert la porte.

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Message par Beatitude Jeu 29 Sep 2016 - 8:47

Bonjour ami zèbre.  Janikest à déjà tout dit... J 'ajouterais juste que ton message n' a rien de banal, il est d 'une profondeur déroutante et raisonne parfaitement  en moi. 
Comment vivre dans ce monde médiocre et hypocrite, la dépression existentielle ne serait pas une évidence pour des personnes lucides ?  J' en suis là aussi, pourtant je possède tous les éléments d'une "vie heureuse"  que tu as énumérés. J'ai un conjoint, deux enfants formidables, un bon job, un salaire décent. Donc tu vois, ce n'est pas la réponse. Pour ma part, j'ose croire à une étape, une désintégration positive en quelque sorte. Je dois de construire pour reconstruire. Et j'ai tant à perdre... 
Alors pose toi les bonnes questions maintenant, n'attend pas la crise de quarantaine ! 
Tu possèdes un talent : l'écriture. Tu vois, moi, c'est un truc que j'ai définitivement perdu avec mon immigration. Maintenant, j'ai oublié l'orthographe de ma langue maternelle et je n'aurai jamais un bon niveau en français. 
Et si, il y a des gens qui lisent, j'en fais partie. Ne t'arrête jamais si c'est ta passion ! Car une passion ne peut pas s'aquierir, contrairement à une compétence, un métier. 
As-tu été diagnostiquée HP ?  Je commencerais pas là. Autrement, tu seras toujours lue avec de fausses grilles de lecture. La compréhension de soit et la clé IMHO. Après, à toi de savoir quoi en faire.
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Message par zeliefree Lun 3 Oct 2016 - 17:23

Merci pour vos messages et mes excuses pour cette tardive réponse.

J'attends avec impatience de "toucher le fond" pour "pouvoir rebondir" (ce qu'on me dit régulièrement quand on essaye de me rassurer). Personnellement je vois plutôt la dépression comme une hémorragie, on perd son sang en grande quantité pendant une courte période, puis régulièrement le reste du temps. La difficulté est de panser les plaies qui s'accumulent avec le temps. Plus le nombre de dépressions est élevé, plus le risque suicidaire est important : l'âme trop trouée n'est plus récupérable et il est impossible de se soigner quand on est à bout de force.

Beata- merci pour ce témoignage émouvant, je te souhaite d'être en meilleure forme que moi (ce qui doit être le cas puisque tu as tenu toutes ces années). Evidemment je me passe de te donner des conseils, étant en mauvaise position Cool Il est vrai qu'un métier intéressant, une belle famille et une condition matérielle favorable ne suffisent pas au bonheur. Je ne sais pas quelle est la recette du bonheur.
J'ai été soupçonnée zèbre par plusieurs psy- dont mon psychiatre actuel (pauvre homme, essayer de soigner quelqu'un comme moi...) mais je refuse de passer les tests- étant suffisamment au fond du trou comme ça.

Kalthu- le système français étant extrêmement rigide, mon habitude d'étudier par correspondance va éloigner mes chances de réussite (accéder à des postes d'enseignants chercheurs en université par ex)


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Message par Beatitude Lun 3 Oct 2016 - 17:51

Amis Ne t'inquiète pas pour moi, zeliefree, je n'en sors toujours. J'ai déjà touché le fond la semaine dernière et je suis en train de rebondir, grâce à ma psy à à ma résilience.

Bien sur qu'il faut attendre pour être plus en forme pour passer le test, mais le diagnostic aide pas mal à rebondir... Même si on passe par des phases difficiles, comme tu le vois...
Bon courage à toi! Long hug
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Message par Marion.Henderson Lun 3 Oct 2016 - 19:26

Bonsoir,

je ne peux que comprendre ton témoignage.
J'ai eu mon bac L à 16 ans, passé le concours de l'ENS à 18 ans, eu ma maîtrise de lettres et un DEUG de LCE anglais à 20 ans, l'admissibilité de l'agrégation externe à 21 ans.
J'étais la plus jeune admissible à l'agrégation, cette année-là.
Une ancienne professeur de prépa m'a écrit : "En fait, vous auriez dû passer le concours d'entrée à l'ENS cette année, vous l'auriez eu."

Comme mes parents étaient ouvriers, et que l'année où j'ai raté l'oral de l'agrégation, j'ai été admise au CAPES, je suis devenue enseignante certifiée. C'est ainsi qu'à 22 ans, je me suis retrouvée, sans permis de conduire, quelque part dans l'Aisne. Adieu études universitaires ! Je bossais l'agrégation en autodidacte à mes heures perdues. Je me faisais l'effet de Robinson Crusoé à la différence que mon île n'était pas déserte : "Z'avez mis un 0 à ma fille ? Pourquoi ? Vous l'aimez pô ?" A pied, j'arrivais à atteindre quelques boulangeries, la gare, mais aucune librairie. On était en 2002. Je n'avais même pas Internet. Je jouais au Solitaire. Je fermais mes volets car je vivais dans un appartement au rez-de-chaussée et que mes élèves jouaient souvent au foot derrière chez moi. Je ne voulais pas qu'ils sachent que je vivais là.
J'ai vite obtenu une mutation. Je me souviens avoir envoyé une lettre à une collègue, contractuelle. Ses parents me l'ont renvoyée. Elle s'était suicidée le jour de la rentrée des classes.

Bref.

Je suis progressivement revenue à la civilisation. Mais adieu carrière d'enseignante-chercheuse !
A 20 ans, je courais les journées d'études et les colloques parisiens consacrés à Mme de Staël et aux autres auteurs au programme de l'agrégation de lettres.
A 22 ans... j'étais paumée dans l'Aisne. J'écoutais Volumen de Bjork et Londinium d'Archive en boucle.

Maintenant je suis enfin agrégée.
J'écris. Pas dans de grandes maisons d'édition, mais pas non plus à compte d'auteur.
J'ai une famille et j'ai le permis.

Ma vie aurait sans doute été différente si j'avais eu l'agrégation de lettres à 21 ans.
Dur à dire.

Le destin est capricieux.
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Message par zion Lun 3 Oct 2016 - 19:33

zeliefree a écrit:toutes mes illusions brisées

ah bah oui mon frere y'a un moment donné faut bien !
la vérité ne t'a jamais appartenu
par contre elle vogue par ci, par là si tu l'entrevois !
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Message par Marion.Henderson Lun 3 Oct 2016 - 19:45

zeliefree a écrit:
Kalthu- le système français étant extrêmement rigide, mon habitude d'étudier par correspondance va éloigner mes chances de réussite (accéder à des postes d'enseignants chercheurs en université par ex)

Une fois dans mon trou, au fin fond de l'Aisne, je n'ai plus vu d'enseignants chercheurs en université.
J'avais trois classes de 6e. Dans une des trois, la plupart des élèves ne savaient pas lire.
Mais j'aimais bien mes collègues vacataires et contractuels. Ils n'avaient, pour la plupart, pas le CAPES parce que vu le collège, les certifiés et les agrégés évitaient d'y aller.
Comme j'étais la plus jeune certifiée, c'est là que j'ai fini. Dans l'Education nationale, au moment des mutations, on départage les candidats ayant le même nombre de points en fonction de leur âge : le plus jeune est le dernier servi.

Mes collègues vacataires et contractuels gagnaient une misère. Ils n'avaient pas l'assurance de garder leur emploi. Ils n'avaient que la licence et essayaient, parfois depuis plus de dix ans, d'avoir le CAPES avec les cours du CNED. Mais difficile de se concentrer quand on enseigne 20 h par semaine dans un collège difficile. "Toi qui entres ici, abandonne tout espoir !"
Une était poétesse et avait gagné au moins cent concours de poésie. Elle avait des tas de coupes un peu partout chez elle. Ça m'impressionnait assez, même si plus grand monde ne lit, et alors la poésie...là, vraiment plus personne n'en lit.
Globalement, je touchais tellement le fond que mon moral n'étais pas si mauvais. Rien à voir avec la prépa où un 6/20 à une dissertation, et c'est le drame. Non. Là, c'était tout à fait différent, exotique et dépaysant.

Le lundi, mon train partait à 6h09. Au bout d'une heure 30, je rejoignais l'endroit tout gris où je passais ma semaine, ravitaillée comme je le pouvais. Il y avait la cantine, un Lidl et un Aldi.
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Message par Invité Lun 3 Oct 2016 - 22:37

zeliefree a écrit:Je ne sais pas quelle est la recette du bonheur.

Il n'y en a pas, même si on pourrait penser, comme dirait l'autre, qu'il "dépend de l'âme seule".

Ce fil met en évidence deux éléments-clés : les trajectoires de vie (professionnelle et personnelle, entremêlées) et les trous noirs qui les parsèment. Zeliefree évoque la disparition de la motivation, et la question cruciale, terrible, que nous nous sommes tous posé un jour : "A quoi sert tout ça ?"

Deux exemples de la complexité de cette question.

Un jour, il y a exactement 7 ans, je disais à deux collègues que j'étais exactement à l'endroit où je voulais être, dans la situation que j'avais choisie avec l'entourage qui me convenait. C'était partiellement vrai, certes, puisque tout était idéal en apparence, et j'étais convaincu du bien fondé de ce que je disais. Néanmoins, j'ai rarement été aussi malheureux qu'à cette époque, car cette perfection de papier s'était développée au détriment de ma vie sentimentale, et sans le savoir j'avais déjà les deux pieds dans le marécage. En d'autres termes, à un moment où je pensais savoir où j'étais, où j'allais, en effleurant le bonheur présent et futur, je me trompais complètement.

Une autre fois, bien avant, vers l'âge de 18-19 ans, je vivais deux saisons durant dans l'un de ces "trous noirs" - une période qui ressemble à celle traversée par Zeliefree. Séquence de mauvais choix (ou de non choix) dans l'orientation universitaire, arrêt de la fac, vie refermée, vaine écriture, vaine composition, avec la procrastination comme moteur et des centaines d'heures devant les écrans, quels qu'ils soient. En théorie, donc, au plus bas, et dans la brume épaisse. Et pourtant, ces éléments déstructurants ou nocifs (pris séparément), s'assemblaient en un mélange complexe, suivi de choix, réflexions, idées qui transformèrent en quelques mois ce temps perdu en apparence en une rampe de lancement intérieure de nombreuses années d'épanouissement et de bonheur. Ainsi, lorsque je regardais le trou noir avec une pointe de désespoir, je me trompais complètement.

Ces deux erreurs d'appréciation n'ont pas d'autre but que l'illustration d'un processus formatif qui nous touche tous, et dont nous ignorons l'issue, malgré toute la lucidité dont nous sommes capables.

En d'autres termes, Zelifree, courage, l'inattendu est devant, et (souvent), c'est pas mal !

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Message par Invité Lun 3 Oct 2016 - 23:25

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