Bond cognitif?

Bonjour,

Je souhaiterais savoir si certains d'entre vous ont déjà vécu ce type d'expérience.

J'ai eu une période difficile dernièrement. J'ai des difficultés au travail (ce n'est pas nouveau, je démissionne régulièrement...), mais cette fois-ci c'était pire. J'avais l'impression d'être dans une entreprise de fous, tant les décisions managériales me paraissaient incohérentes/menées uniquement pour des visées personnelles/ "stupides". En fait, j'avais surtout l'impression d'être folle, tant le fossé et l'incompréhension étaient énormes (je suis même allée voir un psy à cause de ça, en lui demandant si je n'étais pas folle, si je n'avais pas des hallucinations...).

J'ai décidé de me réorienter suite à cette énième mauvaise expérience (mais cette fois-ci la pire de toutes). J'ai donc commencé à prendre des cours en ligne de maths et d'informatique.

Je n'étais pas spécialement douée au lycée avec les maths (en fait j'en avais plus peur qu'autre chose, à force d'entendre que les maths, c'est compliqué). Et là, tout se passe comme un charme. J'apprends à vitesse grand V. J'ai l'impression d'être "plus douée" que quand j'étais étudiante.

Est-ce que certains d'entre vous ont déjà vécu ça? J'ai repris le terme "bond cognitif" de cet article cet article. Cela parle d'une petite fille. Est-ce que ce type d'évènement peut arriver à l'âge adulte?

Quand on fait des choses avec du sens derrière ça aide à concrétiser les fameux bonds que tu évoques. Les maths sont de plus vus comme un moyen et non une finalité donc oui, le recul ainsi suscité rend leur appréhension et compréhension plus faciles.

Je vis également cela aussi ayant repris des études, en M2 en droit. Ma stratégie n'a rien à voir avec celle qui peut être attendue.
Je survole comme un V2 les cours pour répondre aux attentes des profs exprimées par le biais des devoirs à faire.
En revanche, j'approfondis personnellement les thèmes en ma faveur, parce qu'ils m’intéressent.
Et enfin pour les devoirs je sais les attentes implicites tant sur le fond et la forme et ne perds donc pas de temps.

Cela dit c'est plaisant à éprouver.
Bravo en tout cas d'avoir pris le problème par les cornes et d'agir en ta faveur.

Ayant lu l'article en question, je tiens à dire que je n'ai aucunement vécu ce type de bond, donc mon actuel rapport avec les études ainsi reprises n'en relève pas du tout
Il serait intéressant de savoir si le bond inverse existe aussi.

Pour moi c'est un peu le contraire qui s'est passé lorsque j'ai repris mes études sur le tard, j'ai perdu beaucoup de mes facilités sur les matières scientifiques. 
En revanche, je m'intéressais peu à l'histoire et maintenant cela me passionne (en loisirs). J'ai été virée un nombre phénoménal de fois de TP de chimie (j'exasperais les profs tellement j'étais maladroite) et maintenant je joue à la petite chimiste chez moi dans ma cuisine. J'étais nulle en peinture et maintenant je me débrouille. 
En fait j'ai perdu énormément sur le théorique et gagné beaucoup en sens pratique. 
Je pense aussi que la maturité, la motivation et le recul sur la matière permettent de l'appréhender différemment et de lever des blocages. 

Dans le même genre tu peux regarder ce qui se dit sur "l'impuissance acquise" (learned helplessness) qui est un mécanisme qui nous fait baisser les bras par persuasion de notre incapacité.

Je comprends ton ressenti Mily _Moheori, sur les matières scientifiques le procédé est différent dans la mesure où les connaissances doivent être fraiches ou rafraîchies : les formules sont à connaître.

J'ai expérimenté cela en économie cette année où je me suis retrouvée devant des dérivées et des matrices à manipuler. Ce qui est étrange c'est la manière dont me sont revenus des souvenirs que je croyais morts. Or, comme pour le piano (que je ne pratique pas...donc l'exemple est pas bon, on va préférer le vélo ) la mécanique est revenue peu à peu. Il a certes fallu aider ce retour en force, mais tout cela s'est fait sans trop de douleurs étant pris sous un angle différent car orienté utile et pratique.

je suis globalement d'accord avec cet article notamment sur l'asynchronie, elle me caractérise tout à fait, je n'ai absolument aucun esprit de compétition, cela m'emmerde

par contre je peux procéder par bonds si il ya enjeu pour moi, notamment moral

en particulier trouver le levier adéquat de sa propre douance

je ne l'ai pas encore trouvé.. mais j'ai une piste quand même, si jel'applique dans ce cadre alors les bonds vus de l'extérieur sont en effet ceux de surdoués

il ne faut pas craindre ces bonds, ils n'importent pas en soi, mais ce qu'on poursuit

c'est la raison pour laquelle il est si compliqué d'expliquer son surdon à un non surdoué, il ya la notion de "mission", de place dans l'ensemble

cela passe alors pour de la prétention ou de la stupidité mais cela va bien au delà de ces choses

"Les individus surdoués sont arrivés équipés de l’exacte combinaison de forces inhabituelles et de faiblesses – l’asynchronie parfaite – afin de pourvoir à leurs propres ordres secrets."

c'est exactement cela et il faut alors éprouver forces et faiblesses

je suis au seuil de ma propre découverte "des ordres secrets"

je ne suis pas fou.. je le précise car cela peut "sonner" ainsi

c'est plutôt une conscience supérieure et argumentée de l'expérience positives et négatives , les dons reçus et ceux déployés ou non, de la conscience de ce à quoi ils doivent servir, et non pas peuvent servir

c'est un chemin très complexe , sans aucune indication autre que son propre parcours

les bonds peuvent être alors autant de portes et de liens pour arriver à un endroit précis dans le processus

appliqué au cas désigné, la question est à quoi servent ces maths dans le processus engagé, sont elles un moyen ou une fin ?

le hasard nécessaire a fait que j'ai vu un reportage sur le commandant cousteau , à qui on demandait ce qui le motivait, gloire ? argent ?

il a répondu non ni l'un ni l'autre, je fais cela parce que cela m'amuse

c'est très exactement cela !

il n'y a pas d'enjeu en soi, le destin s'en mêle ou non après, un esprit intelligent qui s'amuse innove et crée sans cesse

zebulonlezebre. Ce genre de bonds je les fais quand je prends du recul ou que je me mets en position Méta soit "au dessus" et que je perçois "la mission" pour reprendre ton propos et alors je "vois" immédiatement le résultat dans une netteté incroyable.

Ensuite quand ce "flash" disparaît reste la difficulté de cheminer, or parfois le chemin s'éclaire aussi. Cela relève en effet d'une conscience supérieure, d'une force percutante. Enfin c'est ainsi que je vis cela. C'est pourquoi j'aime bien être stimulée car je me nourris et nourrie je sens que ces forces sont tapies en moi prêtes à subir au moindre prétexte qui à passer pour un impromptu hors sujet, mais j'aime les hors sujet étant en marge.

Oui d'accord s'amuser c'est cela. Je valide !

L'amusement et le plaisir à faire ce que l'on fait sont très importants, mais je n'ai jamais autant progressé qu'après une intense frustration sur un sujet me tenant a cœur et sur lequel je bute. Une fois le problème abordé différemment ou tout simplement totalement décortiqué, le flash qui survient (comme le dit Izo) au moment ou je vois la solution me submerge totalement.

Le champ de possibilités créatives et cognitives qui s'ouvre après ce genre d'éclair est sans commune mesure, comme un verrou qui saute. Et en informatique, je ne manque pas d'exemples... En général d'ailleurs je fais peur à tous mes collègues quand je fais ce genre de bond..

A l'opposé, être frustré par un sujet imposé pour lequel je n'ai strictement rien à foutre va m'en détourner de manière prolongée.

aaaa je suis content de voir que il y a d'autres qui fonctionnent sur le mode plaisir !! "pour le fun" comme je dis souvent

dans mes bras camarades et camaradeeess !!

Je suis tout à fait d'accord sur la notion de plaisir!

On m'a souvent dit "le travail tu t'en fiches, fais ce que tu as à faire et profite de la vie à côté". Or j'ai l'impression de me "fâner" quand je fais un travail que je trouve idiot, ou qui heurte mes convictions. De même, je suis assez peu attachée au salaire, ça vient après l'intérêt du poste et les conditions de travail pour moi, mon entourage ne comprend pas. Et quand je suis sur un poste qui m'ennuie/me heurte, je suis vidée de mes forces pour les activités extérieures.

A contrario, quand je fais un travail intéressant, j'ai l'impression de "fleurir". Et je suis pleine de forces. Et effectivement, je m'amuse (à faire des maths, oui).

Je ne comprends pas comment les personnes peuvent supporter toute leur vie d'occuper un poste qu'elles n'aiment pas. J'ai vraiment l'impression de me "dégrader", au niveau mental, moral et physique quand ça m'arrive (et ça m'est malheureusement beaucoup arrivé ces dernières années). A tel point qu'étant usée, je me demande quel est l'intérêt de vivre si c'est pour s'user encore plus chaque jour. D'où la reconversion (il était temps je crois...).

J'ai aussi repris mes études parallèlement à mon travail avec beaucoup de plaisir. Je suis major de promo alors ça me rassure quant à mon niveau et ma capacité à apprendre de nouvelles choses. Je mets une claque aux petits jeunes et je dois dire que...C'est pas bien de m'en vanter mais c'est trop bon!

Lola , j'ai vécu cela pendant un mois (vendeuse à la boulangerie d'un supermarché de quartier), j'ai eu le sentiment de me décérébrer. Je n'arrivais plus à rien lire ou regarder d'autre que des choses vides. C'est de ce moment que j'ai tout fait pour ne plus jamais me retrouver dans une situation comme celle-là.
Blossac : oui, tu peux être fier, parce que tu ne te contentes pas d'exploiter tes facilités, tu mènes deux choses de front, ce qui est assez rare.

Blossac je partage ta situation (j'ai repris mes études que je finis là dans 15 jours !) et ton avis quant au plaisir d'apprendre, car c'est en effet une sensation stimulante et agréable. En ce qui concerne la fierté et alors ? t'as bien raison

Lola et Plurebati : la "floraison" au travail est plus jolie et appréciable que leur fameux "épanouissement" qui a des airs utopiques. J'achète donc ton expression

Sinon, il est parfois utile de s'expérimenter dans un travail "décérébrant" (idem j'achète) pour se motiver à bouger son derrière et à trouver monture à sa taille.

Le bond cognitif, tu le dois surtout au fait que tu apprends à ta vitesse ici.
Si tu compares avec l'école ou la fac ou c'est lent et chiant, ça fait un choc, c'est sur!

Je suis allé longtemps à la fac et c'était d'un ennui mortel! Je dormais tout le temps en cours!
Ensuite, j'ai fait l'école 42, où tu n'as ni prof, ni cours, et où tu vas à la vitesse que tu veux (si bien que tu peux finir le cursus de 3 ans en 1 si ça te chante), et tu sens énormément la différence!
A la fac, je faisais le complexe de l'imposteur, où je pensais être complètement nul et incapable alors que tout le monde me disait que je me débrouillait bien, simplement parce que j'avais pas l'impression d'apprendre, ni de progresser, ni de faire un quelconque effort.
A 42, a contrario, j'ai pris une confiance de fou! Et quand je vois ceux qui sortent de fac d'info et qui ont peur simplement de se retrouver à taffer sur un langage qu'ils ne connaissent, je me rencontre du gouffre qu'il y a entre ces 2 modes d'apprentissage!