Premier tir.
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Premier tir.
Voici un texte que j'ai écrit quand j'avais seize ans. Un jour de colère et de haine. Je l'ai appelé premier tir parce qu'il est sorti d'un coup de mon crâne comme une balle d'un fusil. Rien n'a été retouché, à part les quelques fautes d'orthographe. Je ne suis jamais revenu dessus. Je le poste pour que vous me disiez ce qu'il vous évoque en bien ou en mal.
Merci
Le froid tiède du vent disparu d'Avril souffle sur les terrasses des cafés et démêle les coiffures prudes des passantes de Fontainebleau. Le vert sombre des arbres tout juste garnis jette son ombre sur les pavés mouchetés de mégots écrasés, incrustés dans la pierre.
Le lugubre gris de Mai fait son apparition alors que la Voie s'emplit de sangs Haineux de ne pas avoir d'étiquette.
La femme est là à observer la métamorphose de son monde depuis la fenêtre de son appartement. Le bruit régulier des bottes qui frappent le sol en cadence lui pince le coeur et lui pique le nez. La nuée noire, cortège morbide, avance à bon pas et une fois la première ligne avalée par l'horizon pavé apparaît celle que l'on croit être la dernière, derrière les grands peupliers de l'autre bout du Boulevard. Cette dernière arbore des épaules carrées et fières, des bras pointant tout à tour, avec une raideur
militaire, le lointain devant et le derrière passé.
Le chant des moines sur les toits qui fument accompagne les tambours de guerre.
La fine moustache de l'homme ondule et frétille tandis que ses paupières tressautent. Son visage parsemé de tâches rouges infectes sursaute à chaque fois que sa voix aigrelette hurle une insulte à la Vierge penchée à sa fenêtre. Ses menaces maladives entravent la portée des yeux turquoises qui ne peuvent se détacher de la Marche qui s'éloigne tandis que les moines se taisent au passage du dernier rang.
Ils quittent les toits d'un mouvement unique, décidé.
La femme se retourne pour regarder le petit homme dont la moustache reste désormais tranquille. Et tandis que son teint passe du rouge au violacé, le chat allongé sur le piano miaule un Do grave.
La ceinture de cuir noir cingle l'air et laisse apparaitre des rigoles rouges sur le visage de la Vierge. La porte ouverte de son arcade transforme l'iris Bleu en bulle sanglante, luisante de défaite et d'humiliation. La cantique quitte peu à peu la bouche de la Femme, remplacée par la sourde plainte des martyrs qui, comme elle, n'ont eu à assumer que les frappes de leurs tortionnaires.
Le chant s'éteint dans un murmure de gargouillis étouffés.
L'Homme à la moustache se relève, droit et fier, trempé de la sève de la Vierge.
Le Soleil, réapparu après avoir fui la Nuée, commence son déclin. Les clous des bottes ont laissé des trous dans le pavement, mais les mégots eux restent indemnes.
Les terrasses sont occupées par quelques hommes en débardeurs, leurs cheveux plaqués en arrière, un rictus figé par une cigarette pendant entre leurs dents noircies.
La Tiédeur se refroidit et le Chat frotte sa tête sur la commode du petit salon Jaune.
Le sang de la main tendrement ouverte vers le plafond lustré a collé ses poils.
L'appartement est calme, l'Homme a rejoint les autres sur les terrasses, noyer son méfait dans les méandres des rivières d'alcool naviguées par des serveuses ayant au moins autant de mérite que les intrépides marins de la Mer d'Ouest.
Les yeux des buveurs s'étaient éclairés d'une lueur inquiètante. La Lune remplaçait le soleil couard. Elle, ne se permettait aucune faiblesse et même lorsqu'un nuage apeuré la cachait, sa présence ne pouvait que se faire ressentir.
Les masses chancelantes quittèrent la place du Manège. Il reignait dans les rues une étouffante lourdeur qui rendait euphorique les cinq hommes. Tout leur être vibrait de puissance.
Merci
Le froid tiède du vent disparu d'Avril souffle sur les terrasses des cafés et démêle les coiffures prudes des passantes de Fontainebleau. Le vert sombre des arbres tout juste garnis jette son ombre sur les pavés mouchetés de mégots écrasés, incrustés dans la pierre.
Le lugubre gris de Mai fait son apparition alors que la Voie s'emplit de sangs Haineux de ne pas avoir d'étiquette.
La femme est là à observer la métamorphose de son monde depuis la fenêtre de son appartement. Le bruit régulier des bottes qui frappent le sol en cadence lui pince le coeur et lui pique le nez. La nuée noire, cortège morbide, avance à bon pas et une fois la première ligne avalée par l'horizon pavé apparaît celle que l'on croit être la dernière, derrière les grands peupliers de l'autre bout du Boulevard. Cette dernière arbore des épaules carrées et fières, des bras pointant tout à tour, avec une raideur
militaire, le lointain devant et le derrière passé.
Le chant des moines sur les toits qui fument accompagne les tambours de guerre.
La fine moustache de l'homme ondule et frétille tandis que ses paupières tressautent. Son visage parsemé de tâches rouges infectes sursaute à chaque fois que sa voix aigrelette hurle une insulte à la Vierge penchée à sa fenêtre. Ses menaces maladives entravent la portée des yeux turquoises qui ne peuvent se détacher de la Marche qui s'éloigne tandis que les moines se taisent au passage du dernier rang.
Ils quittent les toits d'un mouvement unique, décidé.
La femme se retourne pour regarder le petit homme dont la moustache reste désormais tranquille. Et tandis que son teint passe du rouge au violacé, le chat allongé sur le piano miaule un Do grave.
La ceinture de cuir noir cingle l'air et laisse apparaitre des rigoles rouges sur le visage de la Vierge. La porte ouverte de son arcade transforme l'iris Bleu en bulle sanglante, luisante de défaite et d'humiliation. La cantique quitte peu à peu la bouche de la Femme, remplacée par la sourde plainte des martyrs qui, comme elle, n'ont eu à assumer que les frappes de leurs tortionnaires.
Le chant s'éteint dans un murmure de gargouillis étouffés.
L'Homme à la moustache se relève, droit et fier, trempé de la sève de la Vierge.
Le Soleil, réapparu après avoir fui la Nuée, commence son déclin. Les clous des bottes ont laissé des trous dans le pavement, mais les mégots eux restent indemnes.
Les terrasses sont occupées par quelques hommes en débardeurs, leurs cheveux plaqués en arrière, un rictus figé par une cigarette pendant entre leurs dents noircies.
La Tiédeur se refroidit et le Chat frotte sa tête sur la commode du petit salon Jaune.
Le sang de la main tendrement ouverte vers le plafond lustré a collé ses poils.
L'appartement est calme, l'Homme a rejoint les autres sur les terrasses, noyer son méfait dans les méandres des rivières d'alcool naviguées par des serveuses ayant au moins autant de mérite que les intrépides marins de la Mer d'Ouest.
Les yeux des buveurs s'étaient éclairés d'une lueur inquiètante. La Lune remplaçait le soleil couard. Elle, ne se permettait aucune faiblesse et même lorsqu'un nuage apeuré la cachait, sa présence ne pouvait que se faire ressentir.
Les masses chancelantes quittèrent la place du Manège. Il reignait dans les rues une étouffante lourdeur qui rendait euphorique les cinq hommes. Tout leur être vibrait de puissance.
Longhetti- Messages : 17
Date d'inscription : 04/08/2012
Localisation : Bretagne
Re: Premier tir.
Merci pour ta petite introduction explicative, à voir la quantité de qualificatifs (comment on les apelle maintenant? Je suis de la vieille école désolée!) je peux sincèrement croire que tu étais dans tous tes états!
Tu veux une opinion pensant publier un jour ou bien une opinion simple sur ce que l'on ressent ou induit en le lisant?
Pour le premier type (publier) je ne peux pas vraiment être utile!
Pour la deuxième je ressens que les mots claquent et reposent tout comme tes émotions du moment probablement,
que malgré que cela semble une 'simple' description (par simple je ne veux pas dire 'non-complexe'! Je m'explique?) on peut y trouver un peu d'espace pour y mettre du sien, mais peut-être pas assez (pas assez d'espace au lecteur)
Sans te demander des détails, je suppose qu'une colère à 16 ans ressemble tout à fait à ce texte! En tout cas ce qui me saute aux yeux c'est un zeste de mépris comme auto-défense mais surtout beaucoup de souffrance d'être seul face a un être qui nous donne son attention que quand bon lui semble!
(Pas besoin de préciser que ce n'est que mon impression n'est-ce pas???)
Merci de partager Et j'ai beaucoup aimé!
J'ai tout perdu de ce que j'écrivais à 16 ans
Tu veux une opinion pensant publier un jour ou bien une opinion simple sur ce que l'on ressent ou induit en le lisant?
Pour le premier type (publier) je ne peux pas vraiment être utile!
Pour la deuxième je ressens que les mots claquent et reposent tout comme tes émotions du moment probablement,
que malgré que cela semble une 'simple' description (par simple je ne veux pas dire 'non-complexe'! Je m'explique?) on peut y trouver un peu d'espace pour y mettre du sien, mais peut-être pas assez (pas assez d'espace au lecteur)
Sans te demander des détails, je suppose qu'une colère à 16 ans ressemble tout à fait à ce texte! En tout cas ce qui me saute aux yeux c'est un zeste de mépris comme auto-défense mais surtout beaucoup de souffrance d'être seul face a un être qui nous donne son attention que quand bon lui semble!
(Pas besoin de préciser que ce n'est que mon impression n'est-ce pas???)
Merci de partager Et j'ai beaucoup aimé!
J'ai tout perdu de ce que j'écrivais à 16 ans
Segva- Messages : 345
Date d'inscription : 03/03/2012
Age : 49
Localisation : Dans le coin du cercle
Re: Premier tir.
Merci pour ta réponse Oh non il a pas été écrit pour être publié ! Après tout on ne montre pas ses dessins en espérant exposer dans une galerie.
J'écris énormément et je détruis tout, c'est le seul texte que j'ai gardé, je ne sais pas pourquoi.
Il transpire la crise d'ado, j'ai à moitié envie de sourire et de rougir de honte en le relisant. J'étais un p'tit con.
J'écris énormément et je détruis tout, c'est le seul texte que j'ai gardé, je ne sais pas pourquoi.
Il transpire la crise d'ado, j'ai à moitié envie de sourire et de rougir de honte en le relisant. J'étais un p'tit con.
Longhetti- Messages : 17
Date d'inscription : 04/08/2012
Localisation : Bretagne
Re: Premier tir.
Peut-être pas publier ce texte mais un autre? ou un futur?
J'espère que tu es assez indulgent avec toi pour ne plus en avoir honte... On peut difficilement avoir honte de nos sentiments quelsqu'ils soient puisqu'ils sont réels et répondent à des stimuli trop souvent en dehors de notre conscience non?
On peut peut-être avoir honte si on les traduit en actions?
Mais là on se lance dans un débat moral qui ne nou interesse pas aujourd'hui je crois.
Moi aussi j'ai tout jeté sauf un espèce de journal intime il y a quelques années, le seul que j'ai gardé. C'était plutôt un journal de bord!
Aujourd'hui j'écris sur un calepin que j'ai toujours près de moi et j'écris vraiment n'importe quoi! Dans le fond j'écris parce que j'ai eu peur.
Quelques fois je me surprend à avoir des pensées qui arrivent seules mais repartent aussi rapidement!
Et il m'est impossible de la retrouver telle quelle! Et je me dis que c'est pourtant bien dans mon cerveau que ça se passe (?)
Comment ça se fait qu'une idée passe dans ton propre circuit et qu'il soit tout à fait impossible de la retrouver... Ça t'arrives à toi aussi?
Est-ce qu'elle est influencée par une amalgame de facteurs (externes et internes) qui doivent se représenter de la même façon pour pouvoir faire une même association?
Je crois que oui. Alors depuis un an j'ai pris l'habitude de les écrire... au cas où!
Au plaisir
J'espère que tu es assez indulgent avec toi pour ne plus en avoir honte... On peut difficilement avoir honte de nos sentiments quelsqu'ils soient puisqu'ils sont réels et répondent à des stimuli trop souvent en dehors de notre conscience non?
On peut peut-être avoir honte si on les traduit en actions?
Mais là on se lance dans un débat moral qui ne nou interesse pas aujourd'hui je crois.
Moi aussi j'ai tout jeté sauf un espèce de journal intime il y a quelques années, le seul que j'ai gardé. C'était plutôt un journal de bord!
Aujourd'hui j'écris sur un calepin que j'ai toujours près de moi et j'écris vraiment n'importe quoi! Dans le fond j'écris parce que j'ai eu peur.
Quelques fois je me surprend à avoir des pensées qui arrivent seules mais repartent aussi rapidement!
Et il m'est impossible de la retrouver telle quelle! Et je me dis que c'est pourtant bien dans mon cerveau que ça se passe (?)
Comment ça se fait qu'une idée passe dans ton propre circuit et qu'il soit tout à fait impossible de la retrouver... Ça t'arrives à toi aussi?
Est-ce qu'elle est influencée par une amalgame de facteurs (externes et internes) qui doivent se représenter de la même façon pour pouvoir faire une même association?
Je crois que oui. Alors depuis un an j'ai pris l'habitude de les écrire... au cas où!
Au plaisir
Segva- Messages : 345
Date d'inscription : 03/03/2012
Age : 49
Localisation : Dans le coin du cercle
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