Une vie sans compromis?

ce serait quoi, pour vous?

Cette question parce que je ne vois vraiment pas comment vivre avec autant de colorations intérieures, que celles-ci soient douces ou criardes, "aquarellables" ou pas, dans un monde
en noir et blanc.
Toujours cette sensation d'être trop, que ce soit dans le positif comme dans le négatif.
Et pourtant, devoir être en permance sur le fil des compromis, afin de ne pas tuer l'envie de communiquer.
Mais quelle usure intérieure.

Cyrano, évidemment.

"Il a vécu sans pactes,
Libre dans sa pensée autant que dans ses actes."

Vous êtes libre, Fusain? Qu'est-ce que vous mettez derrière le concept (plus que le mot) liberté?

Je suis libre en ce qui me concerne. Libre d'être moi, en respectant l'éthique le mieux possible. Ce qui me rend libre ? penser, peser, jauger et entreprendre. Que l'on me laisse seul faire et qu'on doute m'oblige à avancer, et quand j'avance te je réussis je me dépasse. Quand je me plante j'assume.

Dans les deux cas j’apprends.

Je ne suis pas contre les compromis. Là encore, j'aime quand ils sont argumentés avec un poids (une substance forte, argumentée et étayée) qui permet de valider le résultat. Je ne l'aime pas affectif, appuyé sur du ressenti uniquement, ressenti qui mélange souvent des sensations passées au annexes qui n'ont rien à voir avec la situation présente.

Donc, je prend de la hauteur et me libère. Avance pour mon propre équilibre. M'analyse et analyse la situation. Et avance encore.

Il y a deux choses que je retiens :

"On ne peut pas faire le bonheur de l'autre contre sa volonté"
"Rien ne sert d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer"

Oui, moi aussi, j'avais retenu cette sitation de G. D'orange, et je me la remémore régulièrement.

L'argument reste effectivement du domaine du raisonnement. Mais alors, où se place l'affect? dans tout autre lieu que le mental, non?

QU'est-ce que la notion de bonheur?

L'affect ... je l'ai enlevé de mon raisonnement depuis bientôt deux ans. Il n'a fait, pour moi, que placer du brouillard sur ma route. Je prefère désormais regarder crument ce qui se passe, me construire, et par la suite, s'il y a lieu de le faire, le reprendre en compte.

Ma notion (toute relative) du bonheur ? Savoir d'abord qui on est, savoir ensuite ce que l'on peut donner et admettre de recevoir. Et quand c'est fait, vivre l'instant.

Mais je n'en suis pas encore là ...

Une vie sans compromis, c'est impossible, ça ne dépend pas que de nous. Comme on ne peut pas tout contrôler, rechercher l'absence de compromis est sûrement trop.
Par contre comme le dit Mjöllnir, savoir qui on est (et comment on est sur le moment) permet d'avoir une idée des compromis qu'on doit trouver et de ceux qu'on peut balayer. Sachant qu'à l'intérieur d'un compromis on oublie souvent qu'on a une grande marge de liberté. (ça dépend du compromis mais on a tendance à se focaliser sur le négatif)

Pour ce qui est des autres, c'est un peu la même chose.
Le monde est fait d'autant de couleurs que toi.

sélénite a écrit:Vous êtes libre, Fusain? Qu'est-ce que vous mettez derrière le concept (plus que le mot) liberté?

Je n'ai pas dit que j'étais libre. Il s'en faut, hélas, de beaucoup. J'ai simplement dit que la question de départ ne pouvait que m'évoquer ce personnage. Qui reste un personnage de théâtre, et de plus, très en noir et blanc et même un peu superficiel (bien que j'adore cette pièce et que je sache quasiment l'acte I par coeur).

Je pense que la vraie liberté consiste, entre autres, non pas à "faire ce qu'on veut quand on veut" - ce qui n'est pas liberté, mais esclavage de son propre fantasme de toute-puissance, fantasme qui finit tôt ou tard par se heurter à la finitude de chaque homme - mais à vivre en des limites librement acceptées, acceptées en cohérence et en discernement. La liberté, quelque part, c'est la cohérence.
Alors, la question du compromis se pose autrement. Le compromis qu'on me propose ou cherche à m'imposer transgresse-t-il les limites que j'estime être les miennes ? Il n'y a pas de sens à appliquer un même refus "par principe" du compromis à... mettons, les compromis du vivre-ensemble dans un couple et les compromis que demanderait, au travail, un client dont les exigences équivaudraient à enfreindre la loi. Un compromis peut être mortifère ou au contraire porteur de davantage de vie. Je pense que le refus systématique du compromis est mortifère. Revenons à Cyrano : il est seul, tragiquement seul, et il part en ayant le sentiment d'avoir "tout raté, même sa mort". Si Roxane avait été moins cruche et l'avait aimé au lieu de Christian ? Il aurait dû choisir entre l'amour de Roxane et le jeu social qui va avec une telle liaison, et sa vie sans compromis...
Par contre, tout aussi mortifère est le culte du compromis-consensuélite, et pire encore, le système qui consiste à avoir des principes pour mieux les oublier le jour où on voit un intérêt immédiat à les mettre de côté.

Je pense qu'effectivement, dans le compromis se trouvent toute une palette qui va du blanc au noir, en passant par différentes nuances. Et le problème du zèbre étant que souvent, c'est SOIT noir, SOIT blanc, le compromis entraîne un problème à le concevoir, non pas comme un état négatif ou une perte de qqch, mais simplement comme une forme d'adaptation.

On peut faire des compromis sans se sentir restreint par eux, tout comme on peut vivre les compromis comme autant de déchirements intérieurs entre ce qu'on est et ce que l'on pense que l'on doit accepter pour s'adapter dans ce monde.

Ceci dit, pour vivre le compromis en toute sérénité, il faut déjà être serein soi-même. Ce qui soit dit en passant est à mon avis tout sauf une évidence.

A voir également ce que l'on nomme compromis. Pour certains un compromis est simplement une manière de tenir compte des besoins des uns et des autres, et dès lors une manière respectueuse de vivre en société. Là où cela devient problématique c'est lorsque les uns concèdent à plus de compromis que les autres.

Si je puis me permettre, qu'est-ce qui te dérange dans le fait de devoir faire des compromis?