Lettres aux écoles.
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Lettres aux écoles.
LETTRES AUX ECOLES
KRISHNAMURTI
Un ouvrage indispensable, incontournable et méconnu...
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Je le relis pour la nième fois.
"Quand l'enseignant et l'enseigné ont à cœur de comprendre vraiment l'importance extraordinaire de la relation, ils établissent alors entre eux, dans l'école, une relation juste. Cela fait partie de l'éducation et a une autre dimension que le simple enseignement des matières scolaires...
La relation requiert beaucoup d'intelligence. On ne l'acquiert pas en achetant un livre et on ne peut pas l'enseigner. Elle n'est pas la somme d'une grande expérience. Le savoir n'est pas l'intelligence. L'intelligence peut se servir du savoir. Le savoir peut être astucieux, brillant et utilitaire mais ce n'est pas l'intelligence. L'intelligence apparaît naturellement et facilement quand on perçoit toute la nature et la structure de la relation. C'est pourquoi il importe d'avoir du loisir afin que l'homme et la femme, le maître et l'élève puissent calmement et sérieusement parler de leur relation dans laquelle ils percevront leurs vraies réactions, leurs susceptibilités et les barrières qui les séparent, au lieu de les imaginer et de les déformer pour se faire plaisir mutuellement ou bien de les supprimer pour amadouer l'autre"
L'immense problème au regard de cette relation vient du fait que les enfants rencontrent immanquablement dans leur parcours scolaire, cet enseignant qui n'agit que frontalement, qui nourrit et entretient les conflits par son attitude destructrice. Dès lors, la peur est ancrée. La peur de revivre ce cauchemar. Si un autre enseignant cherche pour sa part à établir une relation juste, cette peur va se muer en colère, un sentiment de revanche, au plus profond de l'inconscient, comme un traumatisme qui remonte à la surface, des émotions bridées, étouffées, qui soudainement jaillissent parce que l'enfant sent que les menaces n'existent plus, que le danger est inexistant. Au lieu de profiter de cette situation favorable, la peur emmagasinée, l'humiliation vécue, la colère ressassée, vont guider cette révolte jusque-là contenue. C'est comme un ressort comprimé qui reprend sa forme initiale mais en portant désormais les traces des coups reçus. La justesse du comportement est rendue impossible par la souffrance. Même si l'enseignant concerné n'en est pas responsable. Il faudrait à l'enfant une aide immense pour qu'il parvienne à établir en lui l'observation de sa dérive. Mais le courant a une force immense... C'est pour l'enseignant un travail gigantesque. Il doit avant même de pouvoir œuvrer à cette "intelligence" libérer l'esprit de ce qui l'encombre. Un travail bien plus long qu'il n'en a fallu pour que le traumatisme s'installe.
Imaginons maintenant qu'il ne s'agisse pas d'un seul enseignant humiliant mais de plusieurs...Et pendant plusieurs années...
Que deviendra cette intelligence ? Elle sera fossilisée dans la douleur. Quant au savoir, il sera limité par la place prise par cette douleur.
"La bonté (Intelligence, Plénitude, Lucidité) ne peut s'épanouir dans un climat de peur. Il existe toutes sortes de peurs, la peur immédiate et la peur à venir. La peur n'est pas un concept mais l'explication de la peur est conceptuelle et ces explications varient d'un spécialiste à l'autre ou d'un intellectuel à l'autre mais l'explication n'est pas importante. Ce qui compte, c'est d'affronter le fait même de la peur.
L'éducateur, l'enseignant, ne doit pas éveiller la peur chez l'élève. La peur, sous toutes ses formes, rend l'esprit infirme, entraîne la destruction de la sensibilité et un rétrécissement des sens. La peur est le lourd fardeau que l'homme a toujours porté. Elle a donné naissance à diverses formes de superstition, religieuse ou scientifique. On vit désormais dans un monde de faux-semblants et le monde conceptuel dans son essence est né de la peur.
Si dans la relation, il existe la moindre crainte, l'enseignant ne peut pas aider l'élève à se libérer de ses peurs. L'élève arrive avec tout un arrière-plan dans lequel existent la peur, l'autorité et toutes sortes de tensions."
Il est aisé de comprendre qu'aucun enseignant ne peut accompagner un enfant s'il n'a lui-même instauré l'observation constante, approfondie, honnête, lucide de ses propres peurs.
Combien d'enseignants ont réellement accompli cette tâche ?
"Affronter le réel, le présent et la peur est la plus haute tâche de l'enseignant ou de l'éducateur. Il lui appartient non pas de promouvoir seulement un excellent niveau scolaire mais, ce qui est bien plus important, de donner à l'élève et à lui-même la liberté psychologique. Quand vous comprenez la nature de la liberté, vous éliminez alors toute compétition, que ce soit sur le terrain des jeux ou dans la salle de classe. Est-il possible d'éliminer complétement l'évaluation comparative sur le plan scolaire et sur le plan éthique ? Est-il possible d'aider l'élève à ne pas penser en termes de compétition dans le domaine scolaire, tout en excellant dans ses études, ses actes et sa vie quotidienne ? Veuillez garder présent à l'esprit que notre objet est l'épanouissement de la bonté et que cet épanouissement est impossible là où existe la moindre compétition. La compétition n'existe que lorsqu'il y a comparaison et la comparaison n'engendre pas l'excellence.
Nos écoles ont été crées non pas pour former de simples carriéristes mais pour promouvoir l'excellence de l'esprit. "
KRISHNAMURTI
Un ouvrage indispensable, incontournable et méconnu...
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Je le relis pour la nième fois.
"Quand l'enseignant et l'enseigné ont à cœur de comprendre vraiment l'importance extraordinaire de la relation, ils établissent alors entre eux, dans l'école, une relation juste. Cela fait partie de l'éducation et a une autre dimension que le simple enseignement des matières scolaires...
La relation requiert beaucoup d'intelligence. On ne l'acquiert pas en achetant un livre et on ne peut pas l'enseigner. Elle n'est pas la somme d'une grande expérience. Le savoir n'est pas l'intelligence. L'intelligence peut se servir du savoir. Le savoir peut être astucieux, brillant et utilitaire mais ce n'est pas l'intelligence. L'intelligence apparaît naturellement et facilement quand on perçoit toute la nature et la structure de la relation. C'est pourquoi il importe d'avoir du loisir afin que l'homme et la femme, le maître et l'élève puissent calmement et sérieusement parler de leur relation dans laquelle ils percevront leurs vraies réactions, leurs susceptibilités et les barrières qui les séparent, au lieu de les imaginer et de les déformer pour se faire plaisir mutuellement ou bien de les supprimer pour amadouer l'autre"
L'immense problème au regard de cette relation vient du fait que les enfants rencontrent immanquablement dans leur parcours scolaire, cet enseignant qui n'agit que frontalement, qui nourrit et entretient les conflits par son attitude destructrice. Dès lors, la peur est ancrée. La peur de revivre ce cauchemar. Si un autre enseignant cherche pour sa part à établir une relation juste, cette peur va se muer en colère, un sentiment de revanche, au plus profond de l'inconscient, comme un traumatisme qui remonte à la surface, des émotions bridées, étouffées, qui soudainement jaillissent parce que l'enfant sent que les menaces n'existent plus, que le danger est inexistant. Au lieu de profiter de cette situation favorable, la peur emmagasinée, l'humiliation vécue, la colère ressassée, vont guider cette révolte jusque-là contenue. C'est comme un ressort comprimé qui reprend sa forme initiale mais en portant désormais les traces des coups reçus. La justesse du comportement est rendue impossible par la souffrance. Même si l'enseignant concerné n'en est pas responsable. Il faudrait à l'enfant une aide immense pour qu'il parvienne à établir en lui l'observation de sa dérive. Mais le courant a une force immense... C'est pour l'enseignant un travail gigantesque. Il doit avant même de pouvoir œuvrer à cette "intelligence" libérer l'esprit de ce qui l'encombre. Un travail bien plus long qu'il n'en a fallu pour que le traumatisme s'installe.
Imaginons maintenant qu'il ne s'agisse pas d'un seul enseignant humiliant mais de plusieurs...Et pendant plusieurs années...
Que deviendra cette intelligence ? Elle sera fossilisée dans la douleur. Quant au savoir, il sera limité par la place prise par cette douleur.
"La bonté (Intelligence, Plénitude, Lucidité) ne peut s'épanouir dans un climat de peur. Il existe toutes sortes de peurs, la peur immédiate et la peur à venir. La peur n'est pas un concept mais l'explication de la peur est conceptuelle et ces explications varient d'un spécialiste à l'autre ou d'un intellectuel à l'autre mais l'explication n'est pas importante. Ce qui compte, c'est d'affronter le fait même de la peur.
L'éducateur, l'enseignant, ne doit pas éveiller la peur chez l'élève. La peur, sous toutes ses formes, rend l'esprit infirme, entraîne la destruction de la sensibilité et un rétrécissement des sens. La peur est le lourd fardeau que l'homme a toujours porté. Elle a donné naissance à diverses formes de superstition, religieuse ou scientifique. On vit désormais dans un monde de faux-semblants et le monde conceptuel dans son essence est né de la peur.
Si dans la relation, il existe la moindre crainte, l'enseignant ne peut pas aider l'élève à se libérer de ses peurs. L'élève arrive avec tout un arrière-plan dans lequel existent la peur, l'autorité et toutes sortes de tensions."
Il est aisé de comprendre qu'aucun enseignant ne peut accompagner un enfant s'il n'a lui-même instauré l'observation constante, approfondie, honnête, lucide de ses propres peurs.
Combien d'enseignants ont réellement accompli cette tâche ?
"Affronter le réel, le présent et la peur est la plus haute tâche de l'enseignant ou de l'éducateur. Il lui appartient non pas de promouvoir seulement un excellent niveau scolaire mais, ce qui est bien plus important, de donner à l'élève et à lui-même la liberté psychologique. Quand vous comprenez la nature de la liberté, vous éliminez alors toute compétition, que ce soit sur le terrain des jeux ou dans la salle de classe. Est-il possible d'éliminer complétement l'évaluation comparative sur le plan scolaire et sur le plan éthique ? Est-il possible d'aider l'élève à ne pas penser en termes de compétition dans le domaine scolaire, tout en excellant dans ses études, ses actes et sa vie quotidienne ? Veuillez garder présent à l'esprit que notre objet est l'épanouissement de la bonté et que cet épanouissement est impossible là où existe la moindre compétition. La compétition n'existe que lorsqu'il y a comparaison et la comparaison n'engendre pas l'excellence.
Nos écoles ont été crées non pas pour former de simples carriéristes mais pour promouvoir l'excellence de l'esprit. "
Re: Lettres aux écoles.
"Le savoir ne conduit pas à l'intelligence. Nous accumulons beaucoup de savoir sur bien des choses, mais il semble presque impossible d'agir intelligemment selon ce que nous avons appris. Les écoles, les collèges, les universités cultivent les connaissances sur l'univers, la science, l'économie, la technologie, la psychologie mais ces établissements aident rarement un être humain à exceller dans la vie de tous les jours. Les savants soutiennent que les êtres humains ne peuvent évoluer que grâce à de vastes accumulations d'informations et de connaissances. L'homme a pourtant vécu des milliers et des milliers de guerres. Il a amassé beaucoup de connaissances sur les diverses façons de tuer et ce sont précisément ces connaissances qui l'empêchent de mettre fin à toutes ces guerres. Nous acceptons les guerres comme une façon de vivre et toutes les brutalités, la violence et le meurtre comme faisant partie du cours normal de notre vie. Nous savons que nous ne devons pas tuer notre prochain mais le fait de le savoir reste totalement étranger à l'acte de tuer. Le savoir n'empêche pas de tuer les animaux et de détruire la terre. Le savoir ne peut pas fonctionner au moyen de l'intelligence mais l'intelligence peut fonctionner en utilisant le savoir. Le savoir ne peut résoudre nos problèmes humains. C'est l'intelligence qui le peut. "
Krishnamurti
Un regard sur l'Histoire montre à quel point tout cela est exact. Les progrès de la médecine sont des progrès mécaniques, les progrès de la qualité de vie sont des progrès mécaniques. Même s'ils représentent une avancée qu'il n'est pas question de renier, ils sont vides d'une substance pourtant indispensable. C'est cette intelligence. Ce regard existentiel sur le réel. Et non seulement sur la réalité.
L'école s'attache à transmettre les connaissances qui entretiennent la réalité mais à travers le voile des conditionnements. Il ne s'agit pas de tendre vers un individu lucide, capable d'une observation de tous les phénomènes inhérents à cette réalité mais uniquement de conduire l'individu à un statut de citoyen consommateur.
La crise actuelle fait d'ailleurs voler en éclat bien des illusions. A travers les générations, le rôle de l'école a été de porter les enfants à un statut social plus favorable que celui des parents. Les études sont destinées à fournir un diplôme et une qualité de vie supérieure à cette vie des ancêtres. L'objectif a pu être atteint depuis plusieurs générations parce que la croissance économique répondait aux ambitions. Des ambitions honorables. Mes parents ont eu une vie professionnelle bien plus difficile que la mienne. Je ne parle pas de celle de mes grands-parents. Je ne renie pas les structures qui m'ont permis de devenir instituteur.
Mais on voit bien aujourd'hui le désœuvrement des adultes qui voient s'effondrer leurs désirs de participer à cette vie sociale proportionnellement à leur engagement dans les études. Le cas de la jeunesse espagnole est dramatique. Ces gens qui se considèrent comme "inexistants", vides de tout, abandonnés. Loin de moi l'idée de les critiquer. Ils ne sont que des victimes d'un fonctionnement archaïque. Tout ce savoir qui se révèle inapplicable se transforme en gouffre, un néant qui les absorbe parce que toute leur existence s'est construite sur ce concept. Le savoir devait les projeter vers le haut mais c'était en fait une échelle mouvante et elle vacille, elle tremble, elle projette en bas les moins solides. Le système sauve toujours en priorité les individus les plus rentables. D'autres chercheront dans des voies parallèles et non "légales" à sauver leur mise. Et puis certains en s'écroulant emporteront avec eux des victimes choisies au hasard des rencontres. Les quatre adolescents qui ont abattu leur "camarade" et brûlé son corps. Le vide des existences, aucune valeur humaine, juste une errance nourrie par le désœuvrement des adultes, par les images multiples d'un monde sordide. Ces drames ont toujours existé. Ils ne sont pas modernes. Ce qui l'est par contre, c'est leur mise à jour à une échelle gigantesque. Le même fonctionnement pervers que celui de "l'art" qui utilise la violence, la folie, toutes les dérives les plus épouvantables. La télévision n'est pas responsable, l'art n'est pas un multiplicateur. Tout ça n'est qu'un reflet. Le miroir n'est pas la réalité. Que des individus choisissent d'agrandir la dimension du miroir ne change pas cette réalité. Elle peut avoir un effet facilitateur sur des individus qui sont sur le fil du rasoir. C'est certain. Mais il est inutile d'analyser l'image reflétée. Cette futilité qui consiste à condamner les projecteurs d'images, c'est consternant.
Si l'éducation n'est pas au service de l'intelligence, si elle ne favorise pas le développement intérieur, si elle ne stimule pas les explorations émotionnelles, les observations lucides, si elle se soumet uniquement à l'accumulation des savoirs avec une unique intention sociale, alors elle fabrique les scissions, les ruptures, les désillusions, les échecs, les images brisées d'une réalité inaccessible.
Cette impression de voir pousser des plantes alors qu'elles ne sont plus ancrées dans la terre. C'est une élévation illusoire, une suspension au-dessus d'un vide existentiel. Certains parviendront, par tous les moyens, à se maintenir dans des altitudes favorables à l'assouvissement de leurs désirs. Beaucoup retomberont au sol.
Est-ce que l'école doit participer à cette réalité, est-ce que l'école a pour mission d'englober les individus dans l'illusoire ascension sociale ?
Il n'est pas question de brûler le système. Il s'agit de l'amener à s'observer. Mais le système en lui-même n'existe pas...Chaque individu construit le système. Il devient nécessaire de mettre un voile sur le miroir. De se détacher du reflet et d'apprendre à ne plus apprendre les reflets. C'est à la source intérieure qu'il faut remonter.
Krishnamurti
Un regard sur l'Histoire montre à quel point tout cela est exact. Les progrès de la médecine sont des progrès mécaniques, les progrès de la qualité de vie sont des progrès mécaniques. Même s'ils représentent une avancée qu'il n'est pas question de renier, ils sont vides d'une substance pourtant indispensable. C'est cette intelligence. Ce regard existentiel sur le réel. Et non seulement sur la réalité.
L'école s'attache à transmettre les connaissances qui entretiennent la réalité mais à travers le voile des conditionnements. Il ne s'agit pas de tendre vers un individu lucide, capable d'une observation de tous les phénomènes inhérents à cette réalité mais uniquement de conduire l'individu à un statut de citoyen consommateur.
La crise actuelle fait d'ailleurs voler en éclat bien des illusions. A travers les générations, le rôle de l'école a été de porter les enfants à un statut social plus favorable que celui des parents. Les études sont destinées à fournir un diplôme et une qualité de vie supérieure à cette vie des ancêtres. L'objectif a pu être atteint depuis plusieurs générations parce que la croissance économique répondait aux ambitions. Des ambitions honorables. Mes parents ont eu une vie professionnelle bien plus difficile que la mienne. Je ne parle pas de celle de mes grands-parents. Je ne renie pas les structures qui m'ont permis de devenir instituteur.
Mais on voit bien aujourd'hui le désœuvrement des adultes qui voient s'effondrer leurs désirs de participer à cette vie sociale proportionnellement à leur engagement dans les études. Le cas de la jeunesse espagnole est dramatique. Ces gens qui se considèrent comme "inexistants", vides de tout, abandonnés. Loin de moi l'idée de les critiquer. Ils ne sont que des victimes d'un fonctionnement archaïque. Tout ce savoir qui se révèle inapplicable se transforme en gouffre, un néant qui les absorbe parce que toute leur existence s'est construite sur ce concept. Le savoir devait les projeter vers le haut mais c'était en fait une échelle mouvante et elle vacille, elle tremble, elle projette en bas les moins solides. Le système sauve toujours en priorité les individus les plus rentables. D'autres chercheront dans des voies parallèles et non "légales" à sauver leur mise. Et puis certains en s'écroulant emporteront avec eux des victimes choisies au hasard des rencontres. Les quatre adolescents qui ont abattu leur "camarade" et brûlé son corps. Le vide des existences, aucune valeur humaine, juste une errance nourrie par le désœuvrement des adultes, par les images multiples d'un monde sordide. Ces drames ont toujours existé. Ils ne sont pas modernes. Ce qui l'est par contre, c'est leur mise à jour à une échelle gigantesque. Le même fonctionnement pervers que celui de "l'art" qui utilise la violence, la folie, toutes les dérives les plus épouvantables. La télévision n'est pas responsable, l'art n'est pas un multiplicateur. Tout ça n'est qu'un reflet. Le miroir n'est pas la réalité. Que des individus choisissent d'agrandir la dimension du miroir ne change pas cette réalité. Elle peut avoir un effet facilitateur sur des individus qui sont sur le fil du rasoir. C'est certain. Mais il est inutile d'analyser l'image reflétée. Cette futilité qui consiste à condamner les projecteurs d'images, c'est consternant.
Si l'éducation n'est pas au service de l'intelligence, si elle ne favorise pas le développement intérieur, si elle ne stimule pas les explorations émotionnelles, les observations lucides, si elle se soumet uniquement à l'accumulation des savoirs avec une unique intention sociale, alors elle fabrique les scissions, les ruptures, les désillusions, les échecs, les images brisées d'une réalité inaccessible.
Cette impression de voir pousser des plantes alors qu'elles ne sont plus ancrées dans la terre. C'est une élévation illusoire, une suspension au-dessus d'un vide existentiel. Certains parviendront, par tous les moyens, à se maintenir dans des altitudes favorables à l'assouvissement de leurs désirs. Beaucoup retomberont au sol.
Est-ce que l'école doit participer à cette réalité, est-ce que l'école a pour mission d'englober les individus dans l'illusoire ascension sociale ?
Il n'est pas question de brûler le système. Il s'agit de l'amener à s'observer. Mais le système en lui-même n'existe pas...Chaque individu construit le système. Il devient nécessaire de mettre un voile sur le miroir. De se détacher du reflet et d'apprendre à ne plus apprendre les reflets. C'est à la source intérieure qu'il faut remonter.
Re: Lettres aux écoles.
L'Ecole de la Pensée et de l'Intelligence Emotionnelle, du Respect de Soi, du Respect des Autres.
L'Ecole où chaque adulte, chaque enfant, chaque adolescent a sa place, s'y sent sécurisé affectivement et intellectuellement.
L'Ecole rattachée à la Vie, l'Ecole rattachée à la réalité. La Réalité que nous voulons construire, que nous mettons en oeuvre aujourd'hui.
L'Ecole qui fait Grandir en Humanité et offre l'espace mais aussi le temps pour construire, pour se construire.
Voile sur le miroir... J'en prends volontiers un pan pour le recouvrir avec toi, Thierry73, je te suis.
L'Ecole où chaque adulte, chaque enfant, chaque adolescent a sa place, s'y sent sécurisé affectivement et intellectuellement.
L'Ecole rattachée à la Vie, l'Ecole rattachée à la réalité. La Réalité que nous voulons construire, que nous mettons en oeuvre aujourd'hui.
L'Ecole qui fait Grandir en Humanité et offre l'espace mais aussi le temps pour construire, pour se construire.
Voile sur le miroir... J'en prends volontiers un pan pour le recouvrir avec toi, Thierry73, je te suis.
Invité- Invité
Re: Lettres aux écoles.
Non, tu ne me "suis" pas, tu m'accompagnesKara a écrit:L'Ecole de la Pensée et de l'Intelligence Emotionnelle, du Respect de Soi, du Respect des Autres.
L'Ecole où chaque adulte, chaque enfant, chaque adolescent a sa place, s'y sent sécurisé affectivement et intellectuellement.
L'Ecole rattachée à la Vie, l'Ecole rattachée à la réalité. La Réalité que nous voulons construire, que nous mettons en oeuvre aujourd'hui.
L'Ecole qui fait Grandir en Humanité et offre l'espace mais aussi le temps pour construire, pour se construire.
Voile sur le miroir... J'en prends volontiers un pan pour le recouvrir avec toi, Thierry73, je te suis.
Re: Lettres aux écoles.
**sourire**
J'avance donc encore d'un pas de plus.
Et je relis tout ceci avec intérêt pour scanner les possibilités avant d'entendre le reste, venant de toi ou des prochaines interventions...
J'avance donc encore d'un pas de plus.
Et je relis tout ceci avec intérêt pour scanner les possibilités avant d'entendre le reste, venant de toi ou des prochaines interventions...
Invité- Invité
Re: Lettres aux écoles.
"Nos esprits vivent dans la tradition. Le sens même de ce mot - transmettre - nie l'intelligence. Il est facile et confortable de suivre la tradition, qu'elle soit politique, religieuse ou de sa propre invention. On n'a pas besoin, dans ce cas, d'y penser, on ne la met pas en question ; accepter et obéir font partie de la tradition. Plus la culture est ancienne, plus l'esprit est attaché au passé, vit dans le passé. Lorsqu'une tradition disparaît, une autre vient s'imposer, inévitablement. Un esprit qui a derrière lui plusieurs siècles d'une certaine tradition, refuse de rompre avec elle et ne s'y résigne qu'en faveur d'une autre tradition également satisfaisante et sécurisante. La tradition sous toutes ses diverses formes, de la tradition religieuse à la tradition scolaire, nie forcément l'intelligence. Celle-ci est illimitée alors que le savoir, aussi vaste soit-il, est limité comme la tradition. Dans nos écoles, il nous faut observer le mécanisme de l'esprit générateur d'habitudes et dans cette observation, il y a activation de l'intelligence. "
Krishnamurti
Je suis convaincu que si le monde enseignant parvenait à établir ce travail de l'observation, de la déconstruction des traditions et des ancrages, les conditionnements finiraient par s'effacer. Et c'est bien pour cela que les instances dirigeantes ne le veulent pas et s'opposent à toute forme de développement personnel. Ce ne sont pas les programmes scolaires de l'école élémentaire qui participent au développement des individus. C'est une aberration de le croire. Aucun enfant n'évolue en tant qu'humain en étudiant la numération ou la grammaire, ni l'informatique ou une langue étrangère, la science, l'histoire de France, l'histoire des Arts, ni tout le reste. Ces éléments pourraient effectivement favoriser ce développement personnel de l'individu s'ils étaient nourris d'une observation des phénomènes internes qu'ils génèrent. Mais dès lors qu'ils n'existent que pour eux-mêmes, ils ne sont qu'une accumulation de savoirs dénués de sens. L'objectif qui est présenté aux enfants est de répondre favorablement à la continuité des traditions ; "Tu auras un travail mon fils..." On pourrait prolonger la phrase par un "Et tu consommeras..."
Il est inconvenant de penser que les programmes scolaires sont chargés de former des individus éveillés, conscients, responsables, autonomes. Non, il s'agit bien évidemment de renforcer les identifications et l'absorption des fonctionnements archaïques. Dès lors que les enseignants adhèrent à ce formatage, ils ne tiennent pas le rôle de cette mission d'éveil inhérente au métier d'enseignant mais ils deviennent des "sergents recruteurs".
Je suis convaincu que ce travail sur l'intelligence et non uniquement sur le savoir, s'il était fait à l'école élémentaire, participerait au bien-être des individus au lieu de les conduire, soit à la rébellion, soit au découragement et dans le moins pire des cas à l'obtention d'un diplôme. Un diplôme attestant de la validité de l'embrigadement. Quelle réussite...
Il est aberrant également d'attendre la classe de Terminale du lycée pour enfin initier les individus à la philosophie. Comment justifier le fait que le parcours scolaire des enfants soient entachés d'une soumission craintive jusqu'à cette classe pour qu'enfin leur soient présentés des "penseurs" ? La raison en est très simple : le formatage est déjà validé et la philosophie ne sera donc plus une opportunité de développement mais uniquement la participation à un diplôme convoité. La philosophie en elle-même n'apparaît que comme une "épreuve" et elle est redoutable pour des esprits qui ont jusque-là été éduqués à ne pas penser à eux-mêmes ni par eux-mêmes mais uniquement à l'accumulation d'un savoir livresque. C'est justement cette absence de considération pour l'individu qui explique cette aversion quasi générale des élèves pour la philosophie. Jusque-là, il leur a été répété jusqu'à l'outrance et si nécessaire jusqu'au harcèlement : "Tais-toi et apprends" et là, pendant un an, il va leur être répété "Apprends mais ne pense pas à ce que les Penseurs enseignent. Contente-toi de le savoir. "
Il ne s'agit pas de le vivre. Juste de le savoir. D'ailleurs, la complexité des programmes interdit toute profondeur. Il faut juste absorber, absorber, encore et encore. Juste des éponges. C'est là que repose la Tradition. Ne pense pas, apprends, applique et transmet.
Si les enseignants considèrent qu'ils doivent œuvrer à ce marasme spirituel, alors effectivement je n'exerce pas le métier d'enseignant.
Krishnamurti
Je suis convaincu que si le monde enseignant parvenait à établir ce travail de l'observation, de la déconstruction des traditions et des ancrages, les conditionnements finiraient par s'effacer. Et c'est bien pour cela que les instances dirigeantes ne le veulent pas et s'opposent à toute forme de développement personnel. Ce ne sont pas les programmes scolaires de l'école élémentaire qui participent au développement des individus. C'est une aberration de le croire. Aucun enfant n'évolue en tant qu'humain en étudiant la numération ou la grammaire, ni l'informatique ou une langue étrangère, la science, l'histoire de France, l'histoire des Arts, ni tout le reste. Ces éléments pourraient effectivement favoriser ce développement personnel de l'individu s'ils étaient nourris d'une observation des phénomènes internes qu'ils génèrent. Mais dès lors qu'ils n'existent que pour eux-mêmes, ils ne sont qu'une accumulation de savoirs dénués de sens. L'objectif qui est présenté aux enfants est de répondre favorablement à la continuité des traditions ; "Tu auras un travail mon fils..." On pourrait prolonger la phrase par un "Et tu consommeras..."
Il est inconvenant de penser que les programmes scolaires sont chargés de former des individus éveillés, conscients, responsables, autonomes. Non, il s'agit bien évidemment de renforcer les identifications et l'absorption des fonctionnements archaïques. Dès lors que les enseignants adhèrent à ce formatage, ils ne tiennent pas le rôle de cette mission d'éveil inhérente au métier d'enseignant mais ils deviennent des "sergents recruteurs".
Je suis convaincu que ce travail sur l'intelligence et non uniquement sur le savoir, s'il était fait à l'école élémentaire, participerait au bien-être des individus au lieu de les conduire, soit à la rébellion, soit au découragement et dans le moins pire des cas à l'obtention d'un diplôme. Un diplôme attestant de la validité de l'embrigadement. Quelle réussite...
Il est aberrant également d'attendre la classe de Terminale du lycée pour enfin initier les individus à la philosophie. Comment justifier le fait que le parcours scolaire des enfants soient entachés d'une soumission craintive jusqu'à cette classe pour qu'enfin leur soient présentés des "penseurs" ? La raison en est très simple : le formatage est déjà validé et la philosophie ne sera donc plus une opportunité de développement mais uniquement la participation à un diplôme convoité. La philosophie en elle-même n'apparaît que comme une "épreuve" et elle est redoutable pour des esprits qui ont jusque-là été éduqués à ne pas penser à eux-mêmes ni par eux-mêmes mais uniquement à l'accumulation d'un savoir livresque. C'est justement cette absence de considération pour l'individu qui explique cette aversion quasi générale des élèves pour la philosophie. Jusque-là, il leur a été répété jusqu'à l'outrance et si nécessaire jusqu'au harcèlement : "Tais-toi et apprends" et là, pendant un an, il va leur être répété "Apprends mais ne pense pas à ce que les Penseurs enseignent. Contente-toi de le savoir. "
Il ne s'agit pas de le vivre. Juste de le savoir. D'ailleurs, la complexité des programmes interdit toute profondeur. Il faut juste absorber, absorber, encore et encore. Juste des éponges. C'est là que repose la Tradition. Ne pense pas, apprends, applique et transmet.
Si les enseignants considèrent qu'ils doivent œuvrer à ce marasme spirituel, alors effectivement je n'exerce pas le métier d'enseignant.
Re: Lettres aux écoles.
Les parents sont favorables à la philosophie dès la maternelle, puis en élémentaire. Les enfants aiment beaucoup ces temps de réflexion, ou d'apport plus poussé.
Les enseignants, sont soumis aux mêmes conditions que les élèves. La preuve ? Pénurie de volontaires aux concours d'entrée... Et rejet des enseignants actuels, dont 35% minimum cherche/réfléchit ou veut déjà quitter le système éducation nationale.
Personne ne veut plus rentrer... Ceux qui y sont encore ou déjà, veulent en partir. ^^
Les statistiques dans ces deux sens ont vertigineusement explosées ces dernières années. Et je ne parle pas des stats de non-remplacements désormais... ni de l'élévation des dépressions chez les enseignants.
Sans compter la violence ressentie côté élèves et côté enseignants, de ces obligations diverses sur tout et n'importe quoi, qui se multiplient comme des petits pains en tous sens. Comme disait une jeune ex-enseignante, reconvertie au théâtre: au spectacle, au moins, le public est consentant (a priori). Ce n'est pas comme à l'école.
Lorsque tout le monde est contraint en permanence, non-écouté, mis devant l'échec pour ceux qui ne se plient pas aux exigences, maintenu même en échec puisque les moyens d'aider ont été retirés, et que l'on surcharge de plus en plus les classes, que l'on rend de plus en plus difficile les réouvertures... Mais que les surfaces de classe restent identiques pour des élèves de plus en plus nombreux...
Il reste alors la soumission. Ou le rejet.
Les "soumis" acceptent donc de vivre ainsi. Si l'on peut dire.
Ceux qui rejettent seront en échec et évacués du système, ou maintenus en échec donc de toutes façons. S'ils n'y arrivent pas, on leur fera encore plus d'heures, avec les aides personnalisées, donc ils se reposeront encore moins. Et garderont cette empreinte d'être en difficulté. Comme ils vont rejeter le système, ils seront perturbateurs en plus d'en souffrir. C'est nocif pour tous, mais on laisse perdurer un système qui incite à soumission / rejet...
Comme ils rejettent, ils seront exclus. Ou s'excluront par eux-mêmes, vers l'arrêt des études, ou la baisse des notes.
A l'école, il y a les enfants qui ont besoin de parler pour apprendre. Intelligence verbale. Réellement. Réfléchir à voix haute: on leur dit de se taire...
A l'école, il y a ceux qui ont besoin de manipuler les objets pour apprendre, intelligence kiné... On leur dit que pour réussir ils doivent réussir avec un papier et un stylo, c'est tout, que seuls les élèves en retard ont besoin de manipuler des objets... Pourtant, les champions aux échecs manipulent bien les pièces dans leurs mains, c'est reconnu, pour se concentrer. Mais nos élèves, non, on ne les autorise pas.
A l'école, il y a ceux qui, au contraire d'autres cités plus hauts, ont besoin de s'isoler pour apprendre et se concentrer. Seuls, ils font des merveilles. Mais dans la classe, il n'y a pas assez de place pour leur permettre d'avoir un bureau loin des autres. Et si on en a parfois la possibilité, on ne peut pas le faire pour tous ceux de la classe qui fonctionnent ainsi.
En maternelle, les enfants doivent pouvoir faire la sieste: il n'y a pas assez de lits, ni assez de place tout court.
En primaire, les enfants n'ont brutalement plus aucun jouet dans la cour en arrivant au CP. Pas de budget pour ça... S'amuser à l'âge où il faut lire ? Plus possible. A 6 ans...
En primaire, les enfants ont souvent les pieds qui pendouillent dans le vide, personne n'a inventé de système simple et peu cher pour qu'ils puissent tous poser leurs pieds par terre. on peut parfois régler la hauteur des tables. Mais quand ce n'est pas prévu, ou pas suffisant, alors l'enfant a en permanence les pieds en l'air. Essayez de tenir 30mn ainsi, pour voir l'effet sur votre corps.
Et en prime, vous devez apprendre à bien écrire pendant que vous êtes mal assis...
A l'école française, vous pouvez avoir 0/20. Mais jamais 20/20...
A l'heure de la modernité et des technologies actuelles, il serait tellement simple d'offrir aux élèves un cadre coloré d'affiches ludiques et pédagogiques, toutes prêtes à imprimer, ou envoyées aux écoles.
Tellement simple que de penser à offrir un environnement plaisant et stimulant, pour peu cher: des jardinières ou des plantes à cultiver partout. Du matériel pré-découpé en carton, pour manipuler les bases essentielles selon les niveaux de classes. Du matériel tout prêt à faire coudre pour ceux qui ont des parents avec machine à coudre... Quitte à apprendre la couture avec ses élèves pour fabriquer le matériel.
Instituer un autre cadre, plus souple: des cours en classe, mais aussi des regroupements qui mélangent les classes selon des options choisies par les enfants. Des moments de partages entre adultes et élèves: un temps de sport partagé, ou un temps d'art selon les affinités. Des moments jeux de société partagés par tous, parents, professeurs et élèves.
Encourager aussi les projets des élèves.
Laisser le temps construire. Jusqu'à la maternelle, les enfants sont libres d'apprendre selon leurs affinités et vitesses. Selon leurs périodes aussi, celui qui tombe amoureux des puzzles, celui qui veut remplir et vider, celui qui dessine... Montessori en parlait déjà de laisser l'enfant assouvir sa soif d'apprendre dans les domaines qui lui parlaient au moment où il en avait besoin, et pas au moment que l'adulte décide pour lui...
Laisser la créativité s'exprimer... Y compris avec le matériel prêté. Et là, les enfants compliquent très vite quand ils se sentent autorisés. Ils vont réinvestir des notions vues, en les mettant dans un jeu qu'on n'avait pas prévu pour, mais eux, eux ils y ont pensé. Ils vont vouloir agencer avec ordre, un ordre complexe, pour construire là où le jeu ne demandait que de bêtement répéter... Et là, ils deviennent non seulement acteurs, mais aussi décideurs de leur atelier sur ce temps-là où on leur laisse la possibilité de s'exprimer librement, mais en plus ils fabriquent des façons d'utiliser nettement plus complexes que ce qu'on leur proposait.
L'adulte ne devient plus celui qui sait face à l'enfant qui ne sait pas... Il devient le guide, qui aménage l'environnement et choisit les situations diverses à proposer pour que l'enfant puisse se les approprier seul, et que l'enfant soit celui qui découvre, qui essaye, qui trouve. Qui recommence s'il n'a pas trouvé, au lieu d'être celui qui est en échec s'il n'y arrive pas encore...
Les enseignants, sont soumis aux mêmes conditions que les élèves. La preuve ? Pénurie de volontaires aux concours d'entrée... Et rejet des enseignants actuels, dont 35% minimum cherche/réfléchit ou veut déjà quitter le système éducation nationale.
Personne ne veut plus rentrer... Ceux qui y sont encore ou déjà, veulent en partir. ^^
Les statistiques dans ces deux sens ont vertigineusement explosées ces dernières années. Et je ne parle pas des stats de non-remplacements désormais... ni de l'élévation des dépressions chez les enseignants.
Sans compter la violence ressentie côté élèves et côté enseignants, de ces obligations diverses sur tout et n'importe quoi, qui se multiplient comme des petits pains en tous sens. Comme disait une jeune ex-enseignante, reconvertie au théâtre: au spectacle, au moins, le public est consentant (a priori). Ce n'est pas comme à l'école.
Lorsque tout le monde est contraint en permanence, non-écouté, mis devant l'échec pour ceux qui ne se plient pas aux exigences, maintenu même en échec puisque les moyens d'aider ont été retirés, et que l'on surcharge de plus en plus les classes, que l'on rend de plus en plus difficile les réouvertures... Mais que les surfaces de classe restent identiques pour des élèves de plus en plus nombreux...
Il reste alors la soumission. Ou le rejet.
Les "soumis" acceptent donc de vivre ainsi. Si l'on peut dire.
Ceux qui rejettent seront en échec et évacués du système, ou maintenus en échec donc de toutes façons. S'ils n'y arrivent pas, on leur fera encore plus d'heures, avec les aides personnalisées, donc ils se reposeront encore moins. Et garderont cette empreinte d'être en difficulté. Comme ils vont rejeter le système, ils seront perturbateurs en plus d'en souffrir. C'est nocif pour tous, mais on laisse perdurer un système qui incite à soumission / rejet...
Comme ils rejettent, ils seront exclus. Ou s'excluront par eux-mêmes, vers l'arrêt des études, ou la baisse des notes.
A l'école, il y a les enfants qui ont besoin de parler pour apprendre. Intelligence verbale. Réellement. Réfléchir à voix haute: on leur dit de se taire...
A l'école, il y a ceux qui ont besoin de manipuler les objets pour apprendre, intelligence kiné... On leur dit que pour réussir ils doivent réussir avec un papier et un stylo, c'est tout, que seuls les élèves en retard ont besoin de manipuler des objets... Pourtant, les champions aux échecs manipulent bien les pièces dans leurs mains, c'est reconnu, pour se concentrer. Mais nos élèves, non, on ne les autorise pas.
A l'école, il y a ceux qui, au contraire d'autres cités plus hauts, ont besoin de s'isoler pour apprendre et se concentrer. Seuls, ils font des merveilles. Mais dans la classe, il n'y a pas assez de place pour leur permettre d'avoir un bureau loin des autres. Et si on en a parfois la possibilité, on ne peut pas le faire pour tous ceux de la classe qui fonctionnent ainsi.
En maternelle, les enfants doivent pouvoir faire la sieste: il n'y a pas assez de lits, ni assez de place tout court.
En primaire, les enfants n'ont brutalement plus aucun jouet dans la cour en arrivant au CP. Pas de budget pour ça... S'amuser à l'âge où il faut lire ? Plus possible. A 6 ans...
En primaire, les enfants ont souvent les pieds qui pendouillent dans le vide, personne n'a inventé de système simple et peu cher pour qu'ils puissent tous poser leurs pieds par terre. on peut parfois régler la hauteur des tables. Mais quand ce n'est pas prévu, ou pas suffisant, alors l'enfant a en permanence les pieds en l'air. Essayez de tenir 30mn ainsi, pour voir l'effet sur votre corps.
Et en prime, vous devez apprendre à bien écrire pendant que vous êtes mal assis...
A l'école française, vous pouvez avoir 0/20. Mais jamais 20/20...
A l'heure de la modernité et des technologies actuelles, il serait tellement simple d'offrir aux élèves un cadre coloré d'affiches ludiques et pédagogiques, toutes prêtes à imprimer, ou envoyées aux écoles.
Tellement simple que de penser à offrir un environnement plaisant et stimulant, pour peu cher: des jardinières ou des plantes à cultiver partout. Du matériel pré-découpé en carton, pour manipuler les bases essentielles selon les niveaux de classes. Du matériel tout prêt à faire coudre pour ceux qui ont des parents avec machine à coudre... Quitte à apprendre la couture avec ses élèves pour fabriquer le matériel.
Instituer un autre cadre, plus souple: des cours en classe, mais aussi des regroupements qui mélangent les classes selon des options choisies par les enfants. Des moments de partages entre adultes et élèves: un temps de sport partagé, ou un temps d'art selon les affinités. Des moments jeux de société partagés par tous, parents, professeurs et élèves.
Encourager aussi les projets des élèves.
Laisser le temps construire. Jusqu'à la maternelle, les enfants sont libres d'apprendre selon leurs affinités et vitesses. Selon leurs périodes aussi, celui qui tombe amoureux des puzzles, celui qui veut remplir et vider, celui qui dessine... Montessori en parlait déjà de laisser l'enfant assouvir sa soif d'apprendre dans les domaines qui lui parlaient au moment où il en avait besoin, et pas au moment que l'adulte décide pour lui...
Laisser la créativité s'exprimer... Y compris avec le matériel prêté. Et là, les enfants compliquent très vite quand ils se sentent autorisés. Ils vont réinvestir des notions vues, en les mettant dans un jeu qu'on n'avait pas prévu pour, mais eux, eux ils y ont pensé. Ils vont vouloir agencer avec ordre, un ordre complexe, pour construire là où le jeu ne demandait que de bêtement répéter... Et là, ils deviennent non seulement acteurs, mais aussi décideurs de leur atelier sur ce temps-là où on leur laisse la possibilité de s'exprimer librement, mais en plus ils fabriquent des façons d'utiliser nettement plus complexes que ce qu'on leur proposait.
L'adulte ne devient plus celui qui sait face à l'enfant qui ne sait pas... Il devient le guide, qui aménage l'environnement et choisit les situations diverses à proposer pour que l'enfant puisse se les approprier seul, et que l'enfant soit celui qui découvre, qui essaye, qui trouve. Qui recommence s'il n'a pas trouvé, au lieu d'être celui qui est en échec s'il n'y arrive pas encore...
Invité- Invité
Re: Lettres aux écoles.
Oui Kara, l'analyse lucide de la situation ne prête pas à la réjouissance. Pour ma part, je ne considère plus que je travaille dans un système viable. Alors, je tente de maintenir ce qui me porte. En excluant, ce qui entrave ma liberté. J'en subis les conséquences au regard de ma hiérarchie. Mais c'est insignifiant quand je compare avec l'engagement de mes élèves. Le fruit dans le ver. Une motivation inépuisable.
Re: Lettres aux écoles.
Listing des idées, principes ?
Déjà écrits par des pédagogues, déjà utilisés en d'autres pays, ou venant de l'expérience et crées, ou encore idées utilisées pour d'autres lieux que l'école, en association, aide aux devoirs, pratiques des parents à la maison, etc...
Qu'on fasse une cartographie des "bonnes idées" et de pourquoi elles marchent.
Ou des idées qui vous ont aidé lorsque vous étiez vous-mêmes étudiant-élève ?
Déjà écrits par des pédagogues, déjà utilisés en d'autres pays, ou venant de l'expérience et crées, ou encore idées utilisées pour d'autres lieux que l'école, en association, aide aux devoirs, pratiques des parents à la maison, etc...
Qu'on fasse une cartographie des "bonnes idées" et de pourquoi elles marchent.
Ou des idées qui vous ont aidé lorsque vous étiez vous-mêmes étudiant-élève ?
Invité- Invité
Re: Lettres aux écoles.
Personnellement, je dirais qu'aucune méthode n'est justifiable si elle n'est pas portée par l'enthousiasme du partage. J'ai connu des "anciens" enseignants pratiquant des méthodes ancestrales et obtenant des résultats magnifiques, juste parce que TOUT se faisait avec cet amour de l'autre, l'acceptation des différences, l'absence de jugement de valeur, la capacité à ne pas rester figé mais bien davantage à évoluer. Ils n'étaient pas enfermés dans un système mais constamment à l'écoute. La seule méthode qui compte à mes yeux, c'est celle qui évolue.
Re: Lettres aux écoles.
thierry73 a écrit:Personnellement, je dirais qu'aucune méthode n'est justifiable si elle n'est pas portée par l'enthousiasme du partage. J'ai connu des "anciens" enseignants pratiquant des méthodes ancestrales et obtenant des résultats magnifiques, juste parce que TOUT se faisait avec cet amour de l'autre, l'acceptation des différences, l'absence de jugement de valeur, la capacité à ne pas rester figé mais bien davantage à évoluer. Ils n'étaient pas enfermés dans un système mais constamment à l'écoute. La seule méthode qui compte à mes yeux, c'est celle qui évolue.
Bien trouvé ça...
Simple, mais il fallait penser à le dire. Et ce n'est pas du tout ce qu'on entend habituellement. Peut-être le coeur du souci réellement ? Ou l'un des noyaux centraux ?
Invité- Invité
Re: Lettres aux écoles.
Je me suis décidé à contacter les parents d'un de mes élèves pour leur dire que je suspectais un "haut potentiel". C'était il y a quinze jours. La maman s'est mise à pleurer quand j'ai dit ça;"Nous, avec mon mari, on s'en doute depuis longtemps mais on n'a jamais osé s'opposer à l'école. "
Leur garçon a connu jusqu'ici une scolarité difficile. Considéré comme insolent, paresseux, rêveur, indolent, réfractaire à l'autorité.
A part un gros problème d'organisation, je n'ai rien relevé de semblable;
Ce qui m'a décidé, c'est la qualité de ses interventions pendant les "débats philo"; Une maîtrise étonnante de la langue et surtout une capacité stupéfiante à entrer dans une démarche et une réflexion spirituelle qui me bouleverse.
Je ne voulais pas l'emmener au collège sans être sûr de moi.
Quand dans un débat sur le libre arbitre, il est capable de me répondre "qu'il n'y a pas d'autre libre arbitre que de comprendre que la liberté n'existe pas", il faut bien que je réagisse.
Il a donc été testé.
Totalement positif et très haut.
Je suis heureux.
Leur garçon a connu jusqu'ici une scolarité difficile. Considéré comme insolent, paresseux, rêveur, indolent, réfractaire à l'autorité.
A part un gros problème d'organisation, je n'ai rien relevé de semblable;
Ce qui m'a décidé, c'est la qualité de ses interventions pendant les "débats philo"; Une maîtrise étonnante de la langue et surtout une capacité stupéfiante à entrer dans une démarche et une réflexion spirituelle qui me bouleverse.
Je ne voulais pas l'emmener au collège sans être sûr de moi.
Quand dans un débat sur le libre arbitre, il est capable de me répondre "qu'il n'y a pas d'autre libre arbitre que de comprendre que la liberté n'existe pas", il faut bien que je réagisse.
Il a donc été testé.
Totalement positif et très haut.
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