Conte rendu d'errance
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Re: Conte rendu d'errance
Bon les affaires reprennent. On a du réseau ce soir et on s'est arrêté tôt.
Un peu d'incohérence dans le fil. Je reviens en arrière dans le récit, je parle de sujets déjà évoqués mais c'est plus structuré
08-08
Nous avons comme projet de visiter un ethno-musée à la sortie de la ville dans un immense parc arboré.
Erreur de débutant que je ne me pardonne pas : oublié que nous sommes dimanche. Toute la ville est venue se mettre au frais, c’est la foire d’empoigne, embouteillage, parking saturés, etc.
Je récidive. Contre toute forme de bon sens je décide de quitter les lieux en direction de la montagne proche par une vallée qui rejoint la « station de ski » où nous sommes passés quelques jours auparavant. Tous les lieux horizontaux sont occupés par des barbecues …
Nouvel acte manqué.
Je ne vais pas très bien ces jours. Je dors très mal, des cauchemars terriblement précis. Les séquelles de mon enfance. C’est banal, j’y suis habitué, ce n’en est pas pour autant fort désagréable. Ça survient par épisodes sans que je n’ai jamais identifié le déclencheur.
La contrariété d’avoir agi irrationnellement ajoutée à l’angoisse intense du SCPT qui s’est réveillé me plonge dans un profond désespoir. Sans raison objective. Ainsi est la vie à laquelle j’ai été contraint de m’accoutumer. Dans ces moments-là, j’ai un intense besoin de solitude, seule la présence de M. me rassure un peu. Je trouve une petite piste qui part dans la montagne, les familles aiment en général rester au bord de la rivière et dédaignent les alpages. Nous y trouverons du calme.
Voir une bande de potes insouciante échanger des banalités en buvant des bières et en grillant du cochon m’est terriblement douloureux. Je suis mis en face de mes singularités et de mes échecs. Il me faut fuir le monde et la nature m’apaise un peu.
Malchance, après quelques centaines de mètres, la route est fermée par une barrière cadenassée.
Cette dernière galère qui aurait été insignifiante dans un contexte ordinaire me dévaste. D’autant qu’un message aussi haineux que stupide sur les réseaux sociaux m’a blessé et que j’y repense en boucle. Généralement je suis totalement indifférent à la malveillance 2.0.
Et je sombre dans un désarroi intense.
Nous laissons la voiture devant la barrière, le demi-tour s’annonce laborieux, la route est étroite le coteau très pentu.
Nous partons à pied et marchons durant plusieurs heures sur la petite piste. Elle suit le torrent dans un sous-bois agréablement frais. Ce serait parfait n’était mon état …
La benzo fait peu à peu son effet et puis je me raisonne, ne pas s’inquiéter et ce convaincre que l’épisode sera comme toujours temporaire. Un immense désespoir m’envahit dans ces instants, une plongée dans un enfer noir et gluant, une tristesse indicible dont rien ne peut me distraire.
Ca faisait longtemps que le malaise n’avait pas été aussi intense. Je pleure beaucoup.
Il ne faudrait pas que l’on fasse tout ça à un enfant.
Au final, si on regarde avec un tout autre point de vue, on a fait une chouette balade sur cette route forestière qui se prolongeait par un sentier serpentant dans le cours du torrent. La température était idéale, le soleil versait des flaques de lumière entre les arbres. L’eau état si limpide que je n’ai pas hésité à me désaltérer, quelques bergeronnettes des ruisseaux nous accompagnaient. Nous avons marché quatre heure sans croiser personne hormis un étonnant personnage en scooter qui allait on ne sait où puisque le sentier finissait par se perdre dans le bois sans aboutir dans un lieu d’un quelconque intérêt.
Le demi-tour a été un peu laborieux mais pas épouvantable.
Calmé j’ai repris la cartographie numérique sous les yeux et avec un peu de bonne volonté j’ai trouvé un plan à moins de quinze kilomètres qui laissait espérer un point de bivouac agréable. La fin d’après-midi aidant, les citadins quittaient la fraicheur de la montagne. Même si la distance est assez courte, ils doivent rouler à très faible vitesse avec leurs voitures de ville sur les pistes caillouteuses et pleines de trous.
Nous trouvons un coin sympa bien qu’un peu dégueulasse puisque les Roumains sont passés par ici et y ont laissé tous leurs déchets comme la coutume l’exige. C’est le bord d’un fort ruisseau très sonore. La vallée s’élargit, quelques herbages sont occupés par des vaches occupées à parsemer le paysage de vastes bouses odorantes.
De l’autre côté de la rivière, cachés par des arbustes, un couple d’une bonne quarantaine est installé dans un fourgon vaguement aménagé. Ils campent là sans doute depuis quelques jours puisqu’ils ont pris soin d’aménager à l’aide de quelques pierres un trou d’eau pour un conserver au frais boissons et légumes. Je surveille l’homme du coin de l’oeil. Il ne quitte pas son fauteuil de camping, immobile devant une bière en boîte. Tout me laisse penser qu’il est confortable, bien dans ses tongs.
La femme alterne quelques activités « domestiques » et des séjours sur le siège qui lui fait face.
Pour me venger, je cuisine un sauté de porc fumé avec des carottes, des pommes de terre et des oignons. Nous le mangerons accompagné de vin roumain qui est en outre un assez bon anxiolytique.
Sur le soir, se pointe un berger qui vient récupérer les vaches qui chient consciencieusement autour de nous. Je lui propose un peu de palinka (gnôle de prune) qu’un copain agriculteur m’a donné il y a quelques jours.
Il accepte volontiers et me tient une longue conversation en roumain. Il est semble-t-il si con qu’il n’arrive pas à concevoir qu’un homme assez intelligent pour avoir à la fois une grosse bagnole et un stock l’alcool puisse ne pas parler sa langue.
Vite fait parce que c’est de l’information (et non une réponse à quelques inepties).
L’IDHI de la Roumanie est le même que celui du Portugal, qui ne passe pourtant pas pour un pays du Tiers Monde …
Par contre, si on examine l’IDH strict, le Portugal est au quarantième rang mondial alors que la Roumanie est au cinquante quatrième.
Autrement dit la Roumanie serait un pays dans lequel il ferait aussi bon vivre que le Portugal si la richesse y était mieux répartie. Ce n’est en aucun cas un pays pauvre ! Et je ne vous raconte pas l’arrosage de fonds structurels européens, le pays est couvert de panneaux vantant le mérite des projets ainsi financés.
Se balader en Roumanie comme nous le faisons n’est pas un étalage de richesse indigne (« minable »). Dans la réalité, le paysan qui vit en autosubsistance dans un village déserté voit ses compatriotes expatriés revenir chaque été et rouler en grosse berline allemande, rénover à grand frais la maison de famille et la meubler somptueusement. Il sait qu’en ville les gagnants de la mondialisation vivent plus que confortablement puisque leurs salaires sont alignés sur les standards européens dans un pays où un café coûte 40 centimes d’euro dans un bar de campagne et le kilo de viande de porc élevé en plein air moins de 5 euros.
Et sur les routes les Audi Q7 ou les 4x4 flambant neufs sont légions. J’ai toute raison de croire que mon vieux HZJ passe ici pour ce qu’il est : une vieille bagnole de l’ancien temps ! Une étrange particularité de notre époque moderne fait qu’il coûte fort cher … en France. Je n’imagine pas un Roumain échanger une vieille BM série 7 qui, chez-nous, aurait peine à trouver preneur pour 5000 € contre mon vieux Land Cruiser !
Au-delà, et dans le fond c’est plus important, dans les contacts que nous avons eu avec eux, les culs-terreux locaux m’ont semblé fort bien dans leur petite vie. Quelques vaches ou brebis, un jardin saisonnier, des céréales et le reste du temps la chasse, les champignons, la palinka avec les potes, pas si triste. Ils ne m’ont pas semblés envieux ou jaloux, bien au contraire à l’aise dans leur histoire pas ambitieuse. Et lorsqu’il leur fallait changer le vieux petit 4x4 Suzuki, souvent des Jimmy, ou faire quelques frais dans la maison, ils avaient un plan pour venir passer quelques mois à l’Ouest faire le manœuvre. Bien entendu ils sont exploités par les esclavagistes qui gèrent leurs contrats, mais, moyennant de trimer comme des bêtes douze heures par jour sur les chantiers, de leur aveu, tous frais déduits, il leur reste huit ou neuf cents euros en fin de mois. Et c’est une somme énorme ici dans les campagnes.
Ceux avec qui j’ai parlé semblaient presque rire des besoins des « gens de la ville », ils ne nous ont pas regardé comme des privilégiés, mais, il me semble et ce n’est pas une certitude, comme des gens qui cherchent la même simplicité de vie dans la nature et sont prêtes à partager un verre de vin avec un passant.
Bien entendu c’est « fake », je ne suis pas seulement cette personne. Je suis aussi cette personne et entre-temps suis empli de bien d’autres réalités.
Je ne sais pas jusqu’à quel point ils le perçoivent. Quand bien même ce serait le cas, je ne crois (?) pas que ce soit un souci.
Un peu d'incohérence dans le fil. Je reviens en arrière dans le récit, je parle de sujets déjà évoqués mais c'est plus structuré
08-08
Nous avons comme projet de visiter un ethno-musée à la sortie de la ville dans un immense parc arboré.
Erreur de débutant que je ne me pardonne pas : oublié que nous sommes dimanche. Toute la ville est venue se mettre au frais, c’est la foire d’empoigne, embouteillage, parking saturés, etc.
Je récidive. Contre toute forme de bon sens je décide de quitter les lieux en direction de la montagne proche par une vallée qui rejoint la « station de ski » où nous sommes passés quelques jours auparavant. Tous les lieux horizontaux sont occupés par des barbecues …
Nouvel acte manqué.
Je ne vais pas très bien ces jours. Je dors très mal, des cauchemars terriblement précis. Les séquelles de mon enfance. C’est banal, j’y suis habitué, ce n’en est pas pour autant fort désagréable. Ça survient par épisodes sans que je n’ai jamais identifié le déclencheur.
La contrariété d’avoir agi irrationnellement ajoutée à l’angoisse intense du SCPT qui s’est réveillé me plonge dans un profond désespoir. Sans raison objective. Ainsi est la vie à laquelle j’ai été contraint de m’accoutumer. Dans ces moments-là, j’ai un intense besoin de solitude, seule la présence de M. me rassure un peu. Je trouve une petite piste qui part dans la montagne, les familles aiment en général rester au bord de la rivière et dédaignent les alpages. Nous y trouverons du calme.
Voir une bande de potes insouciante échanger des banalités en buvant des bières et en grillant du cochon m’est terriblement douloureux. Je suis mis en face de mes singularités et de mes échecs. Il me faut fuir le monde et la nature m’apaise un peu.
Malchance, après quelques centaines de mètres, la route est fermée par une barrière cadenassée.
Cette dernière galère qui aurait été insignifiante dans un contexte ordinaire me dévaste. D’autant qu’un message aussi haineux que stupide sur les réseaux sociaux m’a blessé et que j’y repense en boucle. Généralement je suis totalement indifférent à la malveillance 2.0.
Et je sombre dans un désarroi intense.
Nous laissons la voiture devant la barrière, le demi-tour s’annonce laborieux, la route est étroite le coteau très pentu.
Nous partons à pied et marchons durant plusieurs heures sur la petite piste. Elle suit le torrent dans un sous-bois agréablement frais. Ce serait parfait n’était mon état …
La benzo fait peu à peu son effet et puis je me raisonne, ne pas s’inquiéter et ce convaincre que l’épisode sera comme toujours temporaire. Un immense désespoir m’envahit dans ces instants, une plongée dans un enfer noir et gluant, une tristesse indicible dont rien ne peut me distraire.
Ca faisait longtemps que le malaise n’avait pas été aussi intense. Je pleure beaucoup.
Il ne faudrait pas que l’on fasse tout ça à un enfant.
Au final, si on regarde avec un tout autre point de vue, on a fait une chouette balade sur cette route forestière qui se prolongeait par un sentier serpentant dans le cours du torrent. La température était idéale, le soleil versait des flaques de lumière entre les arbres. L’eau état si limpide que je n’ai pas hésité à me désaltérer, quelques bergeronnettes des ruisseaux nous accompagnaient. Nous avons marché quatre heure sans croiser personne hormis un étonnant personnage en scooter qui allait on ne sait où puisque le sentier finissait par se perdre dans le bois sans aboutir dans un lieu d’un quelconque intérêt.
Le demi-tour a été un peu laborieux mais pas épouvantable.
Calmé j’ai repris la cartographie numérique sous les yeux et avec un peu de bonne volonté j’ai trouvé un plan à moins de quinze kilomètres qui laissait espérer un point de bivouac agréable. La fin d’après-midi aidant, les citadins quittaient la fraicheur de la montagne. Même si la distance est assez courte, ils doivent rouler à très faible vitesse avec leurs voitures de ville sur les pistes caillouteuses et pleines de trous.
Nous trouvons un coin sympa bien qu’un peu dégueulasse puisque les Roumains sont passés par ici et y ont laissé tous leurs déchets comme la coutume l’exige. C’est le bord d’un fort ruisseau très sonore. La vallée s’élargit, quelques herbages sont occupés par des vaches occupées à parsemer le paysage de vastes bouses odorantes.
De l’autre côté de la rivière, cachés par des arbustes, un couple d’une bonne quarantaine est installé dans un fourgon vaguement aménagé. Ils campent là sans doute depuis quelques jours puisqu’ils ont pris soin d’aménager à l’aide de quelques pierres un trou d’eau pour un conserver au frais boissons et légumes. Je surveille l’homme du coin de l’oeil. Il ne quitte pas son fauteuil de camping, immobile devant une bière en boîte. Tout me laisse penser qu’il est confortable, bien dans ses tongs.
La femme alterne quelques activités « domestiques » et des séjours sur le siège qui lui fait face.
Pour me venger, je cuisine un sauté de porc fumé avec des carottes, des pommes de terre et des oignons. Nous le mangerons accompagné de vin roumain qui est en outre un assez bon anxiolytique.
Sur le soir, se pointe un berger qui vient récupérer les vaches qui chient consciencieusement autour de nous. Je lui propose un peu de palinka (gnôle de prune) qu’un copain agriculteur m’a donné il y a quelques jours.
Il accepte volontiers et me tient une longue conversation en roumain. Il est semble-t-il si con qu’il n’arrive pas à concevoir qu’un homme assez intelligent pour avoir à la fois une grosse bagnole et un stock l’alcool puisse ne pas parler sa langue.
Vite fait parce que c’est de l’information (et non une réponse à quelques inepties).
L’IDHI de la Roumanie est le même que celui du Portugal, qui ne passe pourtant pas pour un pays du Tiers Monde …
Par contre, si on examine l’IDH strict, le Portugal est au quarantième rang mondial alors que la Roumanie est au cinquante quatrième.
Autrement dit la Roumanie serait un pays dans lequel il ferait aussi bon vivre que le Portugal si la richesse y était mieux répartie. Ce n’est en aucun cas un pays pauvre ! Et je ne vous raconte pas l’arrosage de fonds structurels européens, le pays est couvert de panneaux vantant le mérite des projets ainsi financés.
Se balader en Roumanie comme nous le faisons n’est pas un étalage de richesse indigne (« minable »). Dans la réalité, le paysan qui vit en autosubsistance dans un village déserté voit ses compatriotes expatriés revenir chaque été et rouler en grosse berline allemande, rénover à grand frais la maison de famille et la meubler somptueusement. Il sait qu’en ville les gagnants de la mondialisation vivent plus que confortablement puisque leurs salaires sont alignés sur les standards européens dans un pays où un café coûte 40 centimes d’euro dans un bar de campagne et le kilo de viande de porc élevé en plein air moins de 5 euros.
Et sur les routes les Audi Q7 ou les 4x4 flambant neufs sont légions. J’ai toute raison de croire que mon vieux HZJ passe ici pour ce qu’il est : une vieille bagnole de l’ancien temps ! Une étrange particularité de notre époque moderne fait qu’il coûte fort cher … en France. Je n’imagine pas un Roumain échanger une vieille BM série 7 qui, chez-nous, aurait peine à trouver preneur pour 5000 € contre mon vieux Land Cruiser !
Au-delà, et dans le fond c’est plus important, dans les contacts que nous avons eu avec eux, les culs-terreux locaux m’ont semblé fort bien dans leur petite vie. Quelques vaches ou brebis, un jardin saisonnier, des céréales et le reste du temps la chasse, les champignons, la palinka avec les potes, pas si triste. Ils ne m’ont pas semblés envieux ou jaloux, bien au contraire à l’aise dans leur histoire pas ambitieuse. Et lorsqu’il leur fallait changer le vieux petit 4x4 Suzuki, souvent des Jimmy, ou faire quelques frais dans la maison, ils avaient un plan pour venir passer quelques mois à l’Ouest faire le manœuvre. Bien entendu ils sont exploités par les esclavagistes qui gèrent leurs contrats, mais, moyennant de trimer comme des bêtes douze heures par jour sur les chantiers, de leur aveu, tous frais déduits, il leur reste huit ou neuf cents euros en fin de mois. Et c’est une somme énorme ici dans les campagnes.
Ceux avec qui j’ai parlé semblaient presque rire des besoins des « gens de la ville », ils ne nous ont pas regardé comme des privilégiés, mais, il me semble et ce n’est pas une certitude, comme des gens qui cherchent la même simplicité de vie dans la nature et sont prêtes à partager un verre de vin avec un passant.
Bien entendu c’est « fake », je ne suis pas seulement cette personne. Je suis aussi cette personne et entre-temps suis empli de bien d’autres réalités.
Je ne sais pas jusqu’à quel point ils le perçoivent. Quand bien même ce serait le cas, je ne crois (?) pas que ce soit un souci.
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
Tes soucis de santé à part, ton fils m'a ramener, je ne sais pas pourquoi à "La carte postale d'un bout du monde" de Fred Tran Duc. Petit moment de culture pour moi qui me faisait aller au bar tabac presse du coin tout les jeudi.
Ton anecdote sur les salaires roumains me projette quelques années en arrière.
Training en angleterre pour tous les presales europe. Je sympathise avec un roumain, fort sympa. Le seul hic, c'est qu'il bosse dans une structure qui était destiné à flinguer les consultants régionaux payé au prix de l'or. En clair, pour le même boulot, je prenais trois fois son salaire.
Le soir nous décidons de diner ensemble et là il a abordé la mondialisation du business et ces salauds d'indien qui allait lui piquer son job car ils étaient bien moins payé que lui et que nous avions maintenant les moyens de bosser à distance
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
Vraiment pas cool ces réminiscences et l'état qui suit.
Visiblement, tu sais gérer, c'est toujours ça, mais quand même.
Ils repassent Chungking Express au Champo à côté de chez moi, vu ça hier soir en rentrant. J'y cours.
Visiblement, tu sais gérer, c'est toujours ça, mais quand même.
Ils repassent Chungking Express au Champo à côté de chez moi, vu ça hier soir en rentrant. J'y cours.
fift- Messages : 8882
Date d'inscription : 26/04/2016
Age : 48
Localisation : Paris
Re: Conte rendu d'errance
- HS My i:
- My_illusion a écrit:
C’est une question qui me taraude depuis mes 10 ans, à me répéter « un jour, ce sera différent » alors je cherche des réponses chez les plus âgés. etc...
il ne faut pas chercher chez les plus âgés, mais chez les plus guéris ! l'âge n'y fait rien, ce n'est pas une question de temps, de "à la longue, ça passera", plutôt des soins qu'on a pu apporter aux traumatismes. c'est un autre mécanisme. pas dans la durée, mais dans la profondeur, une navigation intérieure plutôt qu'une pérégrination extérieure.
isadora- Messages : 3913
Date d'inscription : 04/09/2011
Localisation : Lyon
Re: Conte rendu d'errance
09-08
Nous nous réveillons tard et prenons du temps pour prendre un solide petit déjeuner.
Le berger d’hier est planté devant le Camion. Je le salue laconiquement en descendant de mon lit puisque dans le fond il brise mon intimité matinale. M. est restée au lit. Je démarre la préparation du café de M. à la cafetière italienne, s’il vous plait … et de mon thé. Je feins de ne pas le voir. Il observe tous mes gestes en particulier les étranges manœuvres du réchaud à essence que je narrais précédemment.
Il est installé dans la posture habituelle du berger, le pied gauche solidement ancré au sol sur une jambe tendu, l’autre jambe légèrement fléchie, le bâton fiché sous l’aisselle droite, un peu incliné.
Il reste immobile tandis que je gère mes petites affaires.
Je croise fortuitement son regard, j’y lis le désarroi du chien battu. D’une voix hésitante il me dit « Palinka !». Je ne me sens pas de l’accompagner, M. observe la scène depuis le toit et rigole. Comme elle souhaite que je modère ma consommation d’alcool fort elle insiste pour que je lui donne la fin de la bouteille. J’obéis … Le visage de mon berger s’illumine, le temps d’un multumesc (merci) et il part accompagné de ses vaches et de ses chiens.
De son côté homme au fourgon est fidèle à son poste installé dans son fauteuil de camping.
Nous redescendons vers la ville distante d’une vingtaine de kilomètres.
J’ai beaucoup entendu dire de mal de Ceaucescu. Je ne l’ai pas personnellement connu, mais j’imagine qu’on a de bonnes raisons de le faire. Je sais que sa femme Helena, lorsqu’elle a été exécutée, portait un manteau noir fort démodé et serrait nerveusement tout contre elle un sac à main en cuir noir trop vernis. C’est de très mauvais goût. J’imagine que cette scène n’a pas amélioré son image posthume.
Pour le reste, nous rentrons pour deux euros (tarif retraité) dans l’ethno-musée en plein air Astra (sans rapport avec le récemment célèbre …).
Dans les années 60, le dictateur a fait démonter plus d’une centaine de bâtiments de toutes natures dans les diverses régions du pays afin de les regrouper dans cet immense parcs de plusieurs centaines d’hectares. Je ne sais rien des modalités d’expropriation. Il n’est pas à exclure qu’elles aient été décentes, mais peut-être n’en a-t-il rien été. Qui le saura jamais avec certitude ?
La conservation de ce patrimoine mineur en un lieu spécifique est précieuse. Certains bâtiments sont très ordinaires et se rencontrent fréquemment dans les campagnes où ils sont encore en usage. D’autres sont très spécifiques et rares, en l’absence de leur dépose on peut être certain qu’ils seraient tombés dans l’oubli faute d’usage et seraient aujourd’hui détruits.
Toujours est-il que sur un parcours de plus de dix kilomètres de chemin et dans un environnement parfait nous avons pu admirer la qualité exceptionnelle de maisons rurales, de moulins à eau ou à vent, de pressoirs à raisin ou à huile, de scieries ou d’ateliers de broyage de minerai actionnée par de l’hydraulique, d’églises rurales, de demeures et ateliers d’artisans de tous types. La plupart des bâtiments étaient construits avec un sous-bassement de pierre puis en rondins ou épaisses poutres savamment assemblées par des systèmes ingénieux en queue d’aronde autobloquants. Je ne doute pas que les édifices ont été choisis pour leur excellence, ceux réalisés par les maîtres artisans.
J’admire particulièrement tous les systèmes mécaniques parfois fort complexes liés à l’hydraulique. Des engrenages entièrement en bois dont la taille est parfois considérables (roues de plus de 2 mètres de diamètre) avec denture rapportées dans un bois plus dur et démontable afin de permettre une remise en état rapide sans intervenir sur le gros œuvre – des dispositifs de transformation de mouvement par bielle manivelle, came ou excentrique – des astuces constructives ingénieuses avec une économie de moyens remarquable – le métal est économisé et réservé à des absolues nécessités. Le traitement du bois est d’une grande maîtrise, avec des poutres dont la section dépasse parfois le mètre carré dont les assemblages sont travaillés à quelques millimètres près.
J’adore l’intelligence manuelle populaire !
La visite est exténuante ! Le parcours est très long, nous sommes dans un bas-fond marécageux et il fait très chaud et humide.
Nous remontons au même bivouac en altitude qu’hier afin de chercher le frais.
L’homme au fourgon n’a pas changé de place.
Nous nous réveillons tard et prenons du temps pour prendre un solide petit déjeuner.
Le berger d’hier est planté devant le Camion. Je le salue laconiquement en descendant de mon lit puisque dans le fond il brise mon intimité matinale. M. est restée au lit. Je démarre la préparation du café de M. à la cafetière italienne, s’il vous plait … et de mon thé. Je feins de ne pas le voir. Il observe tous mes gestes en particulier les étranges manœuvres du réchaud à essence que je narrais précédemment.
Il est installé dans la posture habituelle du berger, le pied gauche solidement ancré au sol sur une jambe tendu, l’autre jambe légèrement fléchie, le bâton fiché sous l’aisselle droite, un peu incliné.
Il reste immobile tandis que je gère mes petites affaires.
Je croise fortuitement son regard, j’y lis le désarroi du chien battu. D’une voix hésitante il me dit « Palinka !». Je ne me sens pas de l’accompagner, M. observe la scène depuis le toit et rigole. Comme elle souhaite que je modère ma consommation d’alcool fort elle insiste pour que je lui donne la fin de la bouteille. J’obéis … Le visage de mon berger s’illumine, le temps d’un multumesc (merci) et il part accompagné de ses vaches et de ses chiens.
De son côté homme au fourgon est fidèle à son poste installé dans son fauteuil de camping.
Nous redescendons vers la ville distante d’une vingtaine de kilomètres.
J’ai beaucoup entendu dire de mal de Ceaucescu. Je ne l’ai pas personnellement connu, mais j’imagine qu’on a de bonnes raisons de le faire. Je sais que sa femme Helena, lorsqu’elle a été exécutée, portait un manteau noir fort démodé et serrait nerveusement tout contre elle un sac à main en cuir noir trop vernis. C’est de très mauvais goût. J’imagine que cette scène n’a pas amélioré son image posthume.
Pour le reste, nous rentrons pour deux euros (tarif retraité) dans l’ethno-musée en plein air Astra (sans rapport avec le récemment célèbre …).
Dans les années 60, le dictateur a fait démonter plus d’une centaine de bâtiments de toutes natures dans les diverses régions du pays afin de les regrouper dans cet immense parcs de plusieurs centaines d’hectares. Je ne sais rien des modalités d’expropriation. Il n’est pas à exclure qu’elles aient été décentes, mais peut-être n’en a-t-il rien été. Qui le saura jamais avec certitude ?
La conservation de ce patrimoine mineur en un lieu spécifique est précieuse. Certains bâtiments sont très ordinaires et se rencontrent fréquemment dans les campagnes où ils sont encore en usage. D’autres sont très spécifiques et rares, en l’absence de leur dépose on peut être certain qu’ils seraient tombés dans l’oubli faute d’usage et seraient aujourd’hui détruits.
Toujours est-il que sur un parcours de plus de dix kilomètres de chemin et dans un environnement parfait nous avons pu admirer la qualité exceptionnelle de maisons rurales, de moulins à eau ou à vent, de pressoirs à raisin ou à huile, de scieries ou d’ateliers de broyage de minerai actionnée par de l’hydraulique, d’églises rurales, de demeures et ateliers d’artisans de tous types. La plupart des bâtiments étaient construits avec un sous-bassement de pierre puis en rondins ou épaisses poutres savamment assemblées par des systèmes ingénieux en queue d’aronde autobloquants. Je ne doute pas que les édifices ont été choisis pour leur excellence, ceux réalisés par les maîtres artisans.
J’admire particulièrement tous les systèmes mécaniques parfois fort complexes liés à l’hydraulique. Des engrenages entièrement en bois dont la taille est parfois considérables (roues de plus de 2 mètres de diamètre) avec denture rapportées dans un bois plus dur et démontable afin de permettre une remise en état rapide sans intervenir sur le gros œuvre – des dispositifs de transformation de mouvement par bielle manivelle, came ou excentrique – des astuces constructives ingénieuses avec une économie de moyens remarquable – le métal est économisé et réservé à des absolues nécessités. Le traitement du bois est d’une grande maîtrise, avec des poutres dont la section dépasse parfois le mètre carré dont les assemblages sont travaillés à quelques millimètres près.
J’adore l’intelligence manuelle populaire !
La visite est exténuante ! Le parcours est très long, nous sommes dans un bas-fond marécageux et il fait très chaud et humide.
Nous remontons au même bivouac en altitude qu’hier afin de chercher le frais.
L’homme au fourgon n’a pas changé de place.
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 66
Localisation : Drôme
Re: Conte rendu d'errance
Chais pas si je vais réussir à rattraper mon retard !
On est à nouveau si bien ce soir ! Vue de rêve sur la plaine, petit pré fauché, agréable fraicheur de l'altitude.
Salade mixte - côte de porc fermier - pâtes sauce tomate - vin rouge local (évidemment ...).
Demain, si ça rigole trempouille dans des eaux salées - sauna - hammam.
Mais on n'arrive pas à avancer. Les nécessités de halte se succèdent !
On est à nouveau si bien ce soir ! Vue de rêve sur la plaine, petit pré fauché, agréable fraicheur de l'altitude.
Salade mixte - côte de porc fermier - pâtes sauce tomate - vin rouge local (évidemment ...).
Demain, si ça rigole trempouille dans des eaux salées - sauna - hammam.
Mais on n'arrive pas à avancer. Les nécessités de halte se succèdent !
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 66
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Re: Conte rendu d'errance
Il,y a une obligation à avancer ? C’est bien les haltes. (L’Izo, sage zombienne).
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
Ah oui ! une précision importante puisque je me suis fait agrafer par une personne suspicieuse : lorsque je rapporte les propos d'un interlocuteur rencontré au cours de ce voyage il ne faut en aucun cas en conclure que je les approuve (... ni que je les désapprouve).
La sagesse est ailleurs !
Izo, c'était un simple constat et non un regret ! Seule contrainte il nous faut éviter de trainer à Turda durant le week-end si on veut trempouiller en paix.
La sagesse est ailleurs !
Izo, c'était un simple constat et non un regret ! Seule contrainte il nous faut éviter de trainer à Turda durant le week-end si on veut trempouiller en paix.
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 66
Localisation : Drôme
Re: Conte rendu d'errance
- Oui je t'ai agrafé ailleurs car je ne voulais pas polluer ton fil:
- Confiteor a écrit:07-08
Pas mal de trainer un peu dans un bon lit, douche confortable, etc.
Nous allons voir la suite de l’expo dans un autre lieu. C’est vraiment bien, ça m’a brassé.
Ballade dans les quartiers moins touristiques.
Un petit muséum d’histoire naturelle à l’ancienne.
L’exposition de la collection personnelle d’un galeriste, de la peinture roumaine seconde partie du 20ème. Pas éblouissant.
Le long des remparts, un petit marché aux « antiquités », un bien grand mot beaucoup de merdouilles modernes, un peu de came 20ème d’assez mauvaise facture et goût provenant d’Allemagne, Italie ou France à des prix très élevés.
La visite aurait été décevante si nous n’avions passé près d’une heure avec un marchand très plaisant qui nous a expliqué hésiter à venir en France pour acheter tant il s’y sent en insécurité. Long témoignage sur ce qu’il juge être une politique laxiste en matière d’immigration et de répression des incivilités et délits aboutissant à un climat anxiogène. Il compare notre « problème Arabe » avec leur « problème Gitan ». Il nous assure que la Roumanie restera toujours prête à l’accueil des réfugiés de notre type lorsque la situation deviendra explosive en France.
Je vous avais déjà dit qu’ils sont ultra sympas ici !
De fait nous nous sentons ultra en sécurité dans le pays, jamais un regard de travers ou agressif, des comportements systématiquement respectueux et courtois, pas de clochards dans les rues, ni de bande de jeunes au look et à l’attitude provocante.
Nous avons vu nos premiers policiers urbains … cet après-midi ! Deux mecs déambulant dans le centre et semblant totalement incongrus dans l’ambiance si sereine.
Notre antiquaire nous a confirmé la bonne santé économique de la ville, de nombreux investisseurs en particulier Allemands pour des raisons historiques, du tourisme roumain et étranger, du travail dans des secteurs porteurs. Il a utilisé le terme « ville émergente ». C’est exactement ce que nous avions ressenti.
Nos connaissances ont eu bien raison de nous mettre en garde contre les dangers des voyages en pays hostiles.
Pour être honnête nous n’avons pas encore traîné dans les banlieues des villes et ne savons pas quel en est le climat. Faudra bien qu’on s’y colle un de ces jours.
Ah ! et puis juste un truc marrant, nous dormons dans des lits jumeaux et séparés par un espace. C'est très étrange comme sensation, si peu commun.
Je prends l'info comme elle apparait.
Je suspecte que tu insistes sur la sympathie de l'interlocuteur rencontré au cours de ce voyage (comme faisant partie des gens sympas "ici").
Je ne sais pas qui sont les futurs réfugiés potentiels de ton/votre type qui quitteront la France quand la situation deviendra explosive.
Je pense que ce ne sont pas les jeunes à l'attitude provocante et les clochards.
C'est vrai quoi, cachez ces jeunes et ces clochards qui font tâche...
Dois-je corréler le problème arabe et la future explosion de la situation en France ?
Je dois t'avouer que je suis étonnée que tes propos passent crème..... (sauf auprès de Prof bien-sûr dont je n'apprécie pas nécessairement les formes d'expression mais que je peux dans une certaine mesure rejoindre sur le fond...)
Edit :
Je n'ai pas bien compris le concept de "pays hostile".... (politique de l'Etat, population ? dans quelle mesure ?)
oui, je suspecte un certain jugement de valeur dans ton récit, que je pourrais qualifier de mépris, ou même de condescendance de type orientaliste peut-être... C'est ce qui m'apparait mais je veux bien croire que ce n'est qu'apparence.
J'ai dit ce que j'avais sur le coeur et je ne t'embêterai plus à ce sujet.
horizon artificiel- Messages : 3526
Date d'inscription : 23/01/2020
Localisation : Sur Terre depuis le 30 Juin 1966, plus précisément dans les Hauts-de-France, même si apparemment pour certains, je ne serais pas conforme à une prétendue "identité nationale culturelle française"..... Je n'ai plus envie de dialoguer dans les échanges publics sur zc. Changement d'avatar en mai 2022 : j'ai abandonné le fond diffus cosmologique pour rendre hommage à Shireen, Allah i rahma
Re: Conte rendu d'errance
Je viens de te signaler horizon, motif: "procès d'intention diffamatoire"
Mais au final, peu m'importe, je ne te lirais plus.
Mais au final, peu m'importe, je ne te lirais plus.
cyranolecho- Messages : 4876
Date d'inscription : 29/07/2015
Age : 53
Localisation : au pays de Candy... man
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- Pas de problème. J'assume et m'en remets au jugement de la modération.
Il me semble que Confiteor ne s'est pas privé de me dire mes "quatre vérités sur différents fils" et je pensais pouvoir en faire de même.
Je n'ai jamais signalé aucun message.
Désolée du dérangement
horizon artificiel- Messages : 3526
Date d'inscription : 23/01/2020
Localisation : Sur Terre depuis le 30 Juin 1966, plus précisément dans les Hauts-de-France, même si apparemment pour certains, je ne serais pas conforme à une prétendue "identité nationale culturelle française"..... Je n'ai plus envie de dialoguer dans les échanges publics sur zc. Changement d'avatar en mai 2022 : j'ai abandonné le fond diffus cosmologique pour rendre hommage à Shireen, Allah i rahma
Re: Conte rendu d'errance
Non, toi tu supposes, c'est différent.
Et non, tu n'es pas désolée, sinon tu effacerais ce que tu as écrit. Moi j'ai un mot pour ça: tartufferie.
Et non, tu n'es pas désolée, sinon tu effacerais ce que tu as écrit. Moi j'ai un mot pour ça: tartufferie.
Dernière édition par cyranolecho le Jeu 12 Aoû 2021 - 1:31, édité 1 fois
cyranolecho- Messages : 4876
Date d'inscription : 29/07/2015
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Localisation : au pays de Candy... man
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- cyranolecho a écrit:Non, toi tu supposes, c'est différent.
Je réglerai mes problèmes avec Confiteor s'il le souhaite.
Il a supposé beaucoup de choses à mon sujet.
Désolée de polluer le fil. Mais comme Confiteor a fait allusion sur ce fil à ma remarque, il fallait bien que je m'en explique ici.
horizon artificiel- Messages : 3526
Date d'inscription : 23/01/2020
Localisation : Sur Terre depuis le 30 Juin 1966, plus précisément dans les Hauts-de-France, même si apparemment pour certains, je ne serais pas conforme à une prétendue "identité nationale culturelle française"..... Je n'ai plus envie de dialoguer dans les échanges publics sur zc. Changement d'avatar en mai 2022 : j'ai abandonné le fond diffus cosmologique pour rendre hommage à Shireen, Allah i rahma
Re: Conte rendu d'errance
horizon artificiel a écrit:....
J'ai dit ce que j'avais sur le coeur et je ne t'embêterai plus à ce sujet.
Pas besoin d'expliquer, sous des aspects bienveillants, tu ne cherches qu'a te friter, et tu t'en excuses après. TARTUFFERIE
cyranolecho- Messages : 4876
Date d'inscription : 29/07/2015
Age : 53
Localisation : au pays de Candy... man
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- Le second degré est interdit sur ce forum ? Je me pose la question depuis un moment…
Opium- Messages : 119
Date d'inscription : 13/09/2020
Re: Conte rendu d'errance
Les questions de HA ne sont pas illégitimes. Cependant Confi a précisé qu'il ne faisait que rapporter des propos sans les commenter.
L'histoire ne dira pas s'il a expliqué à son interlocuteur qu'il n'y a pas de 'problème arabe' en France ; ou s'il l'a provoqué en lui expliquant qu'en France la majorité des gens faisaient l'amalgame gitan=rom=roumain ; ou s'il lui a demandé comment ce pays a solutionné la problématique des sdf urbains qui gâchent les vacances des bourgeois.
L'histoire ne dira pas s'il a expliqué à son interlocuteur qu'il n'y a pas de 'problème arabe' en France ; ou s'il l'a provoqué en lui expliquant qu'en France la majorité des gens faisaient l'amalgame gitan=rom=roumain ; ou s'il lui a demandé comment ce pays a solutionné la problématique des sdf urbains qui gâchent les vacances des bourgeois.
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
C'est un devoir pour être bien vu de contredire en terres étrangères une personne aux idées fumeuses ?
(Ou du moins de rapporter qu'on le fait)
(Ou du moins de rapporter qu'on le fait)
Opium- Messages : 119
Date d'inscription : 13/09/2020
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- "à Rome fais comme les romains." et en Roumanie, fais comme les roumains !
se fondre dans le paysage culturel, tenter de comprendre, recueillir les opinions les plus controversées, s en imprégner, et plus tard faire le tri si on peut. c est cela voyager pour moi.
je suis revenue muette définitivement sur la question israelo palestinienne après 3 semaines de voyage et de rencontres humaines en Israël et en Palestine.
isadora- Messages : 3913
Date d'inscription : 04/09/2011
Localisation : Lyon
Re: Conte rendu d'errance
Merci isadora pour ton témoignage et sa conclusion qui a sa justesse. Voyager est aussi cette confrontation parfois brutale avec des faits dont on est préservé, ainsi que ce mouvement vers l’autre quel qu’il soit. Les récits de voyage sont rarement analytiques ils rapportent au plus vif de ce qui se vit. Ensuite on sait qui on lit, la prose de Conf peut sembler accuser une force désobligeante à première vue qui est atténuée plus bas ou tout simplement dans tout son ensemble. Enfin une lecture est pour nous faire réagir, aussi je ne vois pas forcément d’un mauvais œil ces débats internes qui ont le mérite de soulever des questions à traiter par ailleurs pour chacun qui se sentirait interpelé.
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
- HS:
Je comprends mieux mes réticences, le mot est faible, à parler de l'Afrique : c'est un tout autre système de fonctionnement qui ne peut être compris par des personnes qui n'y sont jamais allées, quoique les pires sont celles qui ont voyagé un mois en touristes, elles ont besoin de croire qu'elles ont tout compris, hors les déterminismes comportementaux ne sont pas les mêmes que les nôtres, quand ce ne sont pas les structures mentales et à moins d'être imprégnés on reste étranger.
Maintenant non moi non plus je n'apprécie pas les jugements par catégories qui sont toujours abusifs vus d'ici mais je peux aussi paraître en faire quand parfois je m'aventure à parler de l'Afrique et cela scandalise alors que de fait ce serait toujours à nuancer par des contradictions, mais on n'y pense pas toujours, il faut penser en tendances fortes et non dans l'absolu.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 68
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Conte rendu d'errance
Oui Panabal, mon frère voyage beaucoup dont en Afrique dont il revient chargé comme ce n’est pas possible au point d’être mutique parce que ce n’est pas le même monde que nous avec des représentations de vie comme nous les vivons et exprimons dans notre vie habituelle et sur lesquelles parfois il sent qu’il ne peut pas échanger pour ne pas heurter.
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
- Ah:
- C'est mon premier signalement, et je n'ai pas signalé parce que cela ne me plaisait pas, mais tout simplement parce que les commentaires de Profdemaths et de horizon étaient abjects.
C'est légitime d'insulter quelqu'un entre les lignes? C'est quoi le débat quand on traite quelqu'un de raciste qui se moque également du sort des SDF et des jeunes?
C'est exactement la même position que la personne qui s'est faite attraper avec le panneau "qui?", rien n'était dit, mais tout était insinué, doit on réellement débattre de cela?
D'ailleurs ce fil n'a pas été ouvert pour débattre, mais pour relater, et c'est dommage que certains ne l'aient pas compris.
Personnellement, on me ferait la moitié que j'aurais arrêté le film depuis longtemps, puisqu'il n'est plus possible aujourd'hui d'écrire quoique ce soit sans avoir une leçon de morale de la part de bigots tartuffiens.
Je n'aurais peut être pas dû réagir, certes, ou être un peu plus prolixe, mais ça me blesse quand on doute de l'humanité de quelqu'un d'aussi humain et surtout quand on fixe son attention sur un détail insignifiant, en oubliant le reste de ses écrits, où même en ne les ayant pas lus.
Ainsi, bientôt, il ne sera plus possible d'écrire que les arabes ont été de ceux qui ont contribué le plus à l'esclavage, et qu'encore aujourd'hui cela se pratique couramment au moins en Mauritanie et en Arabie Saoudite (oui, moi aussi je peux provoquer, mais sans insulter quiconque, et sans insinuer quoique ce soit).
Oui, j'ai été blessé, car c'est avec des commentaires comme cela qu'on dégoute les gens et qu'on les pousse à se taire, pour sa propre satisfaction, et au détriment de ceux que cela intéresse.
Je regrette simplement d'intervenir après les beaux commentaires d'opium, isadora, pabanal et izo.
Certes Tigrou, mais n'était t'il pas plus productif que PDM et HA ouvrent un fil où ils auraient pu débattre de ce qu'ils imaginent avec ceux que ça intéresse, plutôt que d'attaquer une personne, frontalement pour l'un plus insidieusement pour l'autre, à propos de ce qu'elle n'a pas dit, pas insinué, pas fait.Nolimit a écrit:Chuuuuuut....le film
T'aurais pas pu intervenir avant toi?
cyranolecho- Messages : 4876
Date d'inscription : 29/07/2015
Age : 53
Localisation : au pays de Candy... man
Re: Conte rendu d'errance
- non agressif:
- Je peux pas dire que je me sois pas senti con après tout ça.
Même si me sentir con est mon lot quotidien. Il est assez rare que j'associe cette sensation d'un constat rationnel.
Merci à cyranolecho d'avoir dit que je lui faisais pitié. J'avais d'abord envie de répondre que je fais pitié à tout le monde, donc ce n'était pas une information en soi. Beaucoup de personnes me trouvent pathétique. Mais l'intérêt de ton message est que tu as dit ce que tout le monde pense et n'ose jamais dire car n'est-ce pas, c'est un peu la suprême insulte sociale, qui fait peur généralement à ceux qui ressentent cette pitié, qui n'osent jamais le dire. Or tu as en quelque sorte brisé ce tabou. Cela ne m'a pas blessé, cela ne m'a pas fait plaisir non plus, mais c'est beaucoup mieux que l'hypocrisie.
Confiteor, ton voyage ne méritait pas une telle critique. Je te présente mes excuses. Cela t'a affecté, avec un peu de chance c'est un revival, et peut-être que dans quelques jours sans savoir pourquoi tu iras mieux qu'avant. Enfin c'est ce que je souhaite.
Dernière édition par ProfDeMaths le Ven 13 Aoû 2021 - 4:30, édité 6 fois
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- cyranolecho a écrit:
- Ah:
- C'est mon premier signalement, et je n'ai pas signalé parce que cela ne me plaisait pas, mais tout simplement parce que les commentaires de Profdemaths et de horizon étaient abjects.
C'est légitime d'insulter quelqu'un entre les lignes? C'est quoi le débat quand on traite quelqu'un de raciste qui se moque également du sort des SDF et des jeunes?
C'est exactement la même position que la personne qui s'est faite attraper avec le panneau "qui?", rien n'était dit, mais tout était insinué, doit on réellement débattre de cela?
D'ailleurs ce fil n'a pas été ouvert pour débattre, mais pour relater, et c'est dommage que certains ne l'aient pas compris.
Personnellement, on me ferait la moitié que j'aurais arrêté le film depuis longtemps, puisqu'il n'est plus possible aujourd'hui d'écrire quoique ce soit sans avoir une leçon de morale de la part de bigots tartuffiens.
Je n'aurais peut être pas dû réagir, certes, ou être un peu plus prolixe, mais ça me blesse quand on doute de l'humanité de quelqu'un d'aussi humain et surtout quand on fixe son attention sur un détail insignifiant, en oubliant le reste de ses écrits, où même en ne les ayant pas lus.
Ainsi, bientôt, il ne sera plus possible d'écrire que les arabes ont été de ceux qui ont contribué le plus à l'esclavage, et qu'encore aujourd'hui cela se pratique couramment au moins en Mauritanie et en Arabie Saoudite (oui, moi aussi je peux provoquer, mais sans insulter quiconque, et sans insinuer quoique ce soit).
Oui, j'ai été blessé, car c'est avec des commentaires comme cela qu'on dégoute les gens et qu'on les pousse à se taire, pour sa propre satisfaction, et au détriment de ceux que cela intéresse.
Je regrette simplement d'intervenir après les beaux commentaires d'opium, isadora, pabanal et izo.
Certes Tigrou, mais n'était t'il pas plus productif que PDM et HA ouvrent un fil où ils auraient pu débattre de ce qu'ils imaginent avec ceux que ça intéresse, plutôt que d'attaquer une personne, frontalement pour l'un plus insidieusement pour l'autre, à propos de ce qu'elle n'a pas dit, pas insinué, pas fait.Nolimit a écrit:Chuuuuuut....le film
T'aurais pas pu intervenir avant toi?
Je voudrais bien ajouter quelque chose sans polluer le fil. Mais je ne vois pas où je pourrais écrire ailleurs.
Cyranolecho, ce n'est pas le première fois que tu te poses toi-même en juge impartial. A quel titre alors que je ne t'ai même pas interpelé ???
J'ai dit clairement les choses. J'ai posé des questions. Je n'ai rien insinué. Confiteor aurait pu me répondre sur le fond. J'ai été polie contrairement à toi. Je n'ai pas insulté contrairement à toi. Mais chacun sa façon de faire.
Quand tu parles des arabes pour t'amuser à provoquer, à quels arabes penses-tu ? Fais-tu un lot de tous les arabes ? Un bel amalgame dans lequel ils seraient tous responsables des actes les uns des autres à travers le temps et l'espace....
Si tu me trouves abjecte ou insidieuse dans mes commentaires, wa aleycum salam.
Il y a plusieurs choses qui ne me plaisent pas forcément dans le récit de Confiteor. Je n'ai jamais dit qu'il ne valait rien en tant que personne. Mais ça ne m'empêche pas d'être choquée par ses jugements à l'emporte pièce qui ne sont pas du second degré.
Je peux parler aussi du fait de déjeuner au resto avec un avocat.... et de se plaindre de l'éducation de ses enfants qui ont pourri le moment... Mouais, les enfants ne s'éduquent pas seuls, donc s'ils sont mal éduqués, qui les a mal éduqués.... Ah oui c'est pas facile d'être heureux quand on ne supporte pas les enfants des gens avec lesquels on mange au resto...
Avoir un fils hors norme, je sais ce que c'est...
Concernant le "problème arabe" et les "gens de notre type", j'ai réagi, je suis restée sous spoiler sur ce fil. Je suis restée polie et malgré ça je me fais traiter de bigote et de tartufe...
Et on m'accuse de manquer de bienveillance... (voir message suivant qui confirme)cyranolecho a écrit:horizon artificiel a écrit:....
J'ai dit ce que j'avais sur le coeur et je ne t'embêterai plus à ce sujet.
Pas besoin d'expliquer, sous des aspects bienveillants, tu ne cherches qu'a te friter, et tu t'en excuses après. TARTUFFERIE
C'est l'histoire d'un type ultra sympa, qui rencontre un gars du même genre de type ultra sympa, et qui se racontent des histoires ultra sympas....
Il y a des fois où on peut s'expliquer pour clarifier en cas de malentendu.
Si Confiteor souhaite que je lui réponde il me fera signe.
En attendant, je ne répondrai à personne d'autre sur le sujet en question.
Dernière édition par horizon artificiel le Ven 13 Aoû 2021 - 4:34, édité 3 fois (Raison : ajout, j'avais oublié de préciser sur la "malveillance")
horizon artificiel- Messages : 3526
Date d'inscription : 23/01/2020
Localisation : Sur Terre depuis le 30 Juin 1966, plus précisément dans les Hauts-de-France, même si apparemment pour certains, je ne serais pas conforme à une prétendue "identité nationale culturelle française"..... Je n'ai plus envie de dialoguer dans les échanges publics sur zc. Changement d'avatar en mai 2022 : j'ai abandonné le fond diffus cosmologique pour rendre hommage à Shireen, Allah i rahma
Re: Conte rendu d'errance
- Ah Ah:
- Oui, tu pratiques la CNV horizon, sauf que c'est sans bienveillance, voire par ruse. Bref tu es un démon déguisé en ange.
Et si tu veux parler à Confiteor, et seulement à Confiteor, avoir une explication ou un développement sur éventuellement ce que tu crois qu'il insinue, écris lui un MP.
Mais non, car visiblement ton kif, c'est de faire chier le monde, j'imagine que ton mec s'est barré où qu'il doit avoir une patience à toute épreuve (moi aussi je peux supposer), et au passage faire passer tes idées bateau. Ainsi grâce à toi et sur ce forum je bannis le mot "arabe" de mon vocabulaire, comme il faudra que je bannisse d'autres mots, d'autres phrases, de peur qu'on me comprenne mal, qu'on n'essaie pas de me comprendre, voire qu'on détourne mes propos.
Et je ne te fais pas de MP, parce que je veux que tout ceux qui peuvent lire voient ô combien je suis insultant (je peux l'être et assez violemment, je pense ne l'avoir été vraiment qu'une fois en MP, autant qu'une insulte puisse être un qualificatif adéquat parfois).
Ne m'excuse pas Confiteor, c'est ma faute, ma très grande faute, punis moi, prive moi de ce récit tant polémique.
Câtsi bani este motorina?
Dernière édition par cyranolecho le Ven 13 Aoû 2021 - 4:38, édité 1 fois
cyranolecho- Messages : 4876
Date d'inscription : 29/07/2015
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Localisation : au pays de Candy... man
Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- cyranolecho a écrit:
- Ah Ah:
- Oui, tu pratiques la CNV horizon, sauf que c'est sans bienveillance, voire par ruse. Bref tu es un démon déguisé en ange.
Et si tu veux parler à Confiteor, et seulement à Confiteor, avoir une explication ou un développement sur éventuellement ce que tu crois qu'il insinue, écris lui un MP.
Mais non, car visiblement ton kif, c'est de faire chier le monde, j'imagine que ton mec s'est barré où qu'il doit avoir une patience à toute épreuve (moi aussi je peux supposer), et au passage faire passer tes idées bateau. Ainsi grâce à toi et sur ce forum je bannis le mot "arabe" de mon vocabulaire, comme il faudra que je bannisse d'autres mots, d'autres phrases, de peur qu'on me comprenne mal, qu'on n'essaie pas de me comprendre, voire qu'on détourne mes propos.
Et je ne te fais pas de MP, parce que je veux que tout ceux qui peuvent lire voient ô combien je suis insultant (je peux l'être et assez violemment, je pense ne l'avoir été vraiment qu'une fois en MP, autant qu'une insulte puisse être un qualificatif adéquat parfois).
scuze Confiteor.
Oui mon mec s'est barré ou alors peut-être même que je suis mal baisée qui sait...
C'est moi qui ai pitié de toi cette fois.
Dernière édition par horizon artificiel le Ven 13 Aoû 2021 - 4:39, édité 1 fois (Raison : j'avais oublié de mettre en spoiler)
horizon artificiel- Messages : 3526
Date d'inscription : 23/01/2020
Localisation : Sur Terre depuis le 30 Juin 1966, plus précisément dans les Hauts-de-France, même si apparemment pour certains, je ne serais pas conforme à une prétendue "identité nationale culturelle française"..... Je n'ai plus envie de dialoguer dans les échanges publics sur zc. Changement d'avatar en mai 2022 : j'ai abandonné le fond diffus cosmologique pour rendre hommage à Shireen, Allah i rahma
Re: Conte rendu d'errance
c'est combien le prix du gasoil en Roumanie?
cyranolecho- Messages : 4876
Date d'inscription : 29/07/2015
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Re: Conte rendu d'errance
Intermède
Intéressant la tournure que prend ce fil. Etonnant aussi, je n’envisageais initialement pas que le récit de la balade en Camion de deux petits vieux en Roumanie puisse entraîner de telles polémiques ! L’autre jour j’allais mal, une crevasse dans mon cuir pourtant habituellement épais. De ce fait j’ai été stupidement blessé par un propos, c’est passé tout va bien, je ne suis pas fâché, ni contrarié.
Il est tout à fait possible que je sois raciste, fasciste, sexiste, homophobe, insensible à la douleur d’autrui, ravageur de planète, indécent, etc. et ce alors que je l’ignore. Je remercie ceux qui ont l’amabilité de me le faire savoir par sous-entendus perfides ou de manière plus explicite. Ils font mon éducation, il n’est jamais trop tard. Qui sait, ils me conduiront peut-être vers le camp du bien, celui qui amène au paradis ?
Je ne peux pas répondre à tout le monde, j’ai du boulot moi, faut que je co,ntinue ma tournée afin d’alimenter la polémique !
Je réponds plus spécifiquement à Tigrou parce qu’il est à la frontière du propos de modération dans son intervention.
C’est bien plus beau lorsque c’est ambigu, chacun est ainsi libre de projeter sa propre construction mentale … Et d’en tirer mille conclusions fondées sur des croyances quant à la nature ou à l’opinion de celui qui rédige cette chronique (puisque c’est de cela dont il s’agit et non d’un texte argumentatif).
« Mon » antiquaire a jugé qu’il y avait un problème Arabe (en Noir) en France. Il s’est baladé dans une cité parisienne de merde habillé propret avec une jolie bagnole et il a eu peur lorsqu’il a vu les regards qu’on lui jetait. Il s’est senti en grande insécurité. Comme l’immense majorité des habitants de ce lieu est d’origine maghrébine ou sub-saharienne il en a tiré la conclusion qu’il y avait un problème avec les Arabes ou les Noirs en France. Toute la question de la corrélation et de la causalité en une anecdote !
Et puis cet homme a parcouru le centre des villes et a observé des sdf faisant la manche de manière parfois insistante. Il en a été un peu effrayé et en a tiré la conclusion que nous avions un « problème de Sdf » en France. D’autant qu’on n’en voit aucun en Roumanie, pas même les Gitans. Je ne sais pas ce qu’ils en font, peut-être sont-ils parqués dans des zones spécialisées ou peut-être n’y en a-t-il pas ?
J’ai oublié de demander à mon interlocuteur si un prof à la retraite est un bourgeois. Je ne peux donc pas donner d’information à ce sujet. Lui-même n’es pas du tout un bourgeois, il appartient à la classe moyenne, gagne sa vie en chinant en France et en revendant de la came bas de gamme aux touristes roumains ou d’Europe Centrale sur un stand au bord des remparts d’une ville dite « émergente ». Malgré tout, il a trouvé que la contemplation de la misère humaine avait « gâché » son séjour en France, qui n’était pas des vacances d’ailleurs.
Enfin cet homme a vu de jeunes gens habillés de manière étrange fumer des joints sans se cacher dans la rue, à l’heure où généralement de jeunes gens étudient ou travaillent. Et ces groupes avaient une attitude inamicale avec les passants. On consomme très peu de drogue en Roumanie. Elle est seulement en train de se répandre, chez les Gitans pour le cannabis et dans les milieux hype pour la coke. On y boit d’ailleurs moins que la légende ne le raconte et les conducteurs ne boivent pas une goutte d’alcool, la répression est très sévère. Les jeunes sont charmants, polis, souriants, habillés indifférent ou propret. J’imagine que le tissu doit être cher. En effet les filles cachent soit leur seins soit leur fesses, rarement les deux. Et l’antiquaire en a tiré la conclusion que nous avons un « problème jeune ».
Et puis aussi …
Cet homme de retour chez-lui regarde la télé et internet. Il observe que notre pays vit dans un grand climat de tension, que les manifestations sont d’une violence inouïe, avec des incendies volontaires, la dégradation de monuments historiques, etc. Et il entend dire que la répression policière est également très sévère.
Alors il tire la conclusion que le risque d’explosion de notre société est réelle face à ce qu’il a identifié comme un étant un « problème arabe – jeune – sdf » (il a aussi beaucoup parlé de migrants, mais pas de climat).
Et comme c’est un bon mec, il me dit que je serai le bienvenu dans son pays moi qui ne suis ni arabe ni jeune ni sdf si la situation devenait intenable dans le mien.
C’est généreux et amusant. On a souvent tendance à considérer la Roumanie comme une terre qu’on fuit pour sa pauvreté et la faible qualité de vie qui y règne. Et ce n’est pas faux, il existe un million de camionneurs roumains, près de 10 % de la population est définitivement exilée, sans compter les innombrables travailleurs saisonniers qui font des allers-retours de quelques mois.
Je n’ai pas eu besoin de lui expliquer « l’amalgame » (hahaha …) Roumain-Rom en Europe. Il en souffre assez, lui qui les observe au quotidien vivre de cette manière si étrange. Et il sait que dans certains villages vidés par l’exode rural, l’émigration, la dénatalité, ils deviennent majoritaires et prennent les rennes municipales (ils continuent à faire beaucoup d’enfants). Il m’a dit ne pas en être content.
Je reviens sur le reproche de « regard orientaliste » sur le pays qui m’est fait.
Elle est très bonne ! On parle d’un pays européen, chrétien, voir bigot, qui fut dans l’empire Austro-Hongrois, plus blanc que blanc, parlant une langue latine, dont les centre-ville arborent des façades très sécession viennoise, des cathédrales gothiques, des églises réformés renaissance et des monastères orthodoxes, etc.
Il subsiste d’importantes minorités communautaires parlant hongrois, allemand, ukrainien, etc.
L’Orient est bien peu exotique ici !
Bon va falloir que je cesse ces fariboles et que je reprenne mon récit afin d’alimenter le débat que je n’avais jamais envisagé aussi vif …
Mais avant de m’y mettre …
J’ai entendu des Syriens faire l’éloge d’Hitler pour son antisémitisme, un touriste bedonnant à Madagascar me dire préférer sodomiser les gamines que les gamins. Un Camerounais m’a raconté comment on brulait vif les homosexuels. J’ai vu l’esclave noir d’un Arabe de Tombouctou recoudre à vif son pied explosé par un chameau afin de pouvoir terminer sa méharée sans décharger la bête pour la monter, son maître l’aurait tué à l’arrivée. J’ai vu lors de la fête d’anniversaire des dix-huit ans de son fils un pakistanais faire défiler des putes à moitié nues afin que celui-ci choisisse lesquelles occuperaient sa nuit. J’ai vu dans le Sahel une femme me tendre son enfant mourant de faim et je me suis vu lui donner de la nivaquine qui allait sans doute le tuer, s’il meure beaucoup d’enfants, il reste plus de nourriture pour les adultes qui pourront ainsi cultiver en vue de la saison suivante. Je me suis fait expliquer par un Mollah quel pourrait être un plan d’extermination de Sunnites. Des mafieux pillant leur pays m’ont offert des cigares Davidoff, étalant leur richesse insolente dans des boîtes de nuit, trois putes et une cour d’admirateurs à leurs côtés. J’ai vu des tonnes de ce cannabis trop dosé en THC qui rend fou ou impuissants à vivre les gosses de nos collèges stockés dans des hangars alors que le cultivateur fumait une variété locale bien innocente pour la santé mentale. Je me suis fait expliquer par des musulmans intégristes quelle place était convenable pour une femme dans une société idéale. J’ai vu des occidentaux ravager la planète à force d’avidité et de désir pulsionnel de consommation. J’ai vu une société perdre son âme à force de se contempler dans un smartphone. J’ai entendu des adultes dans la force de l’âge et en pleine santé trouver préférable de profiter de tous les parachutes sociaux d’un pays plutôt que d’aller travailler parce que le système économique est pourri. J’ai entendu une none orthodoxe me dire que nos actions sont moins importantes que nos pensées et notre pratique. Une femme m’a dit regretter le temps de Ceaucescu et de la Securitat.
J'ai vu et entendu tant d'autre choses ...
Et je me suis vu vieillir.
Intéressant la tournure que prend ce fil. Etonnant aussi, je n’envisageais initialement pas que le récit de la balade en Camion de deux petits vieux en Roumanie puisse entraîner de telles polémiques ! L’autre jour j’allais mal, une crevasse dans mon cuir pourtant habituellement épais. De ce fait j’ai été stupidement blessé par un propos, c’est passé tout va bien, je ne suis pas fâché, ni contrarié.
Il est tout à fait possible que je sois raciste, fasciste, sexiste, homophobe, insensible à la douleur d’autrui, ravageur de planète, indécent, etc. et ce alors que je l’ignore. Je remercie ceux qui ont l’amabilité de me le faire savoir par sous-entendus perfides ou de manière plus explicite. Ils font mon éducation, il n’est jamais trop tard. Qui sait, ils me conduiront peut-être vers le camp du bien, celui qui amène au paradis ?
Je ne peux pas répondre à tout le monde, j’ai du boulot moi, faut que je co,ntinue ma tournée afin d’alimenter la polémique !
Je réponds plus spécifiquement à Tigrou parce qu’il est à la frontière du propos de modération dans son intervention.
Et l’histoire ne le dira jamais !Ceci n'est pas un tigrou a écrit:Les questions de HA ne sont pas illégitimes. Cependant Confi a précisé qu'il ne faisait que rapporter des propos sans les commenter.
L'histoire ne dira pas s'il a expliqué à son interlocuteur qu'il n'y a pas de 'problème arabe' en France ; ou s'il l'a provoqué en lui expliquant qu'en France la majorité des gens faisaient l'amalgame gitan=rom=roumain ; ou s'il lui a demandé comment ce pays a solutionné la problématique des sdf urbains qui gâchent les vacances des bourgeois.
C’est bien plus beau lorsque c’est ambigu, chacun est ainsi libre de projeter sa propre construction mentale … Et d’en tirer mille conclusions fondées sur des croyances quant à la nature ou à l’opinion de celui qui rédige cette chronique (puisque c’est de cela dont il s’agit et non d’un texte argumentatif).
« Mon » antiquaire a jugé qu’il y avait un problème Arabe (en Noir) en France. Il s’est baladé dans une cité parisienne de merde habillé propret avec une jolie bagnole et il a eu peur lorsqu’il a vu les regards qu’on lui jetait. Il s’est senti en grande insécurité. Comme l’immense majorité des habitants de ce lieu est d’origine maghrébine ou sub-saharienne il en a tiré la conclusion qu’il y avait un problème avec les Arabes ou les Noirs en France. Toute la question de la corrélation et de la causalité en une anecdote !
Et puis cet homme a parcouru le centre des villes et a observé des sdf faisant la manche de manière parfois insistante. Il en a été un peu effrayé et en a tiré la conclusion que nous avions un « problème de Sdf » en France. D’autant qu’on n’en voit aucun en Roumanie, pas même les Gitans. Je ne sais pas ce qu’ils en font, peut-être sont-ils parqués dans des zones spécialisées ou peut-être n’y en a-t-il pas ?
J’ai oublié de demander à mon interlocuteur si un prof à la retraite est un bourgeois. Je ne peux donc pas donner d’information à ce sujet. Lui-même n’es pas du tout un bourgeois, il appartient à la classe moyenne, gagne sa vie en chinant en France et en revendant de la came bas de gamme aux touristes roumains ou d’Europe Centrale sur un stand au bord des remparts d’une ville dite « émergente ». Malgré tout, il a trouvé que la contemplation de la misère humaine avait « gâché » son séjour en France, qui n’était pas des vacances d’ailleurs.
Enfin cet homme a vu de jeunes gens habillés de manière étrange fumer des joints sans se cacher dans la rue, à l’heure où généralement de jeunes gens étudient ou travaillent. Et ces groupes avaient une attitude inamicale avec les passants. On consomme très peu de drogue en Roumanie. Elle est seulement en train de se répandre, chez les Gitans pour le cannabis et dans les milieux hype pour la coke. On y boit d’ailleurs moins que la légende ne le raconte et les conducteurs ne boivent pas une goutte d’alcool, la répression est très sévère. Les jeunes sont charmants, polis, souriants, habillés indifférent ou propret. J’imagine que le tissu doit être cher. En effet les filles cachent soit leur seins soit leur fesses, rarement les deux. Et l’antiquaire en a tiré la conclusion que nous avons un « problème jeune ».
Et puis aussi …
Cet homme de retour chez-lui regarde la télé et internet. Il observe que notre pays vit dans un grand climat de tension, que les manifestations sont d’une violence inouïe, avec des incendies volontaires, la dégradation de monuments historiques, etc. Et il entend dire que la répression policière est également très sévère.
Alors il tire la conclusion que le risque d’explosion de notre société est réelle face à ce qu’il a identifié comme un étant un « problème arabe – jeune – sdf » (il a aussi beaucoup parlé de migrants, mais pas de climat).
Et comme c’est un bon mec, il me dit que je serai le bienvenu dans son pays moi qui ne suis ni arabe ni jeune ni sdf si la situation devenait intenable dans le mien.
C’est généreux et amusant. On a souvent tendance à considérer la Roumanie comme une terre qu’on fuit pour sa pauvreté et la faible qualité de vie qui y règne. Et ce n’est pas faux, il existe un million de camionneurs roumains, près de 10 % de la population est définitivement exilée, sans compter les innombrables travailleurs saisonniers qui font des allers-retours de quelques mois.
Je n’ai pas eu besoin de lui expliquer « l’amalgame » (hahaha …) Roumain-Rom en Europe. Il en souffre assez, lui qui les observe au quotidien vivre de cette manière si étrange. Et il sait que dans certains villages vidés par l’exode rural, l’émigration, la dénatalité, ils deviennent majoritaires et prennent les rennes municipales (ils continuent à faire beaucoup d’enfants). Il m’a dit ne pas en être content.
Je reviens sur le reproche de « regard orientaliste » sur le pays qui m’est fait.
Elle est très bonne ! On parle d’un pays européen, chrétien, voir bigot, qui fut dans l’empire Austro-Hongrois, plus blanc que blanc, parlant une langue latine, dont les centre-ville arborent des façades très sécession viennoise, des cathédrales gothiques, des églises réformés renaissance et des monastères orthodoxes, etc.
Il subsiste d’importantes minorités communautaires parlant hongrois, allemand, ukrainien, etc.
L’Orient est bien peu exotique ici !
Bon va falloir que je cesse ces fariboles et que je reprenne mon récit afin d’alimenter le débat que je n’avais jamais envisagé aussi vif …
Mais avant de m’y mettre …
J’ai entendu des Syriens faire l’éloge d’Hitler pour son antisémitisme, un touriste bedonnant à Madagascar me dire préférer sodomiser les gamines que les gamins. Un Camerounais m’a raconté comment on brulait vif les homosexuels. J’ai vu l’esclave noir d’un Arabe de Tombouctou recoudre à vif son pied explosé par un chameau afin de pouvoir terminer sa méharée sans décharger la bête pour la monter, son maître l’aurait tué à l’arrivée. J’ai vu lors de la fête d’anniversaire des dix-huit ans de son fils un pakistanais faire défiler des putes à moitié nues afin que celui-ci choisisse lesquelles occuperaient sa nuit. J’ai vu dans le Sahel une femme me tendre son enfant mourant de faim et je me suis vu lui donner de la nivaquine qui allait sans doute le tuer, s’il meure beaucoup d’enfants, il reste plus de nourriture pour les adultes qui pourront ainsi cultiver en vue de la saison suivante. Je me suis fait expliquer par un Mollah quel pourrait être un plan d’extermination de Sunnites. Des mafieux pillant leur pays m’ont offert des cigares Davidoff, étalant leur richesse insolente dans des boîtes de nuit, trois putes et une cour d’admirateurs à leurs côtés. J’ai vu des tonnes de ce cannabis trop dosé en THC qui rend fou ou impuissants à vivre les gosses de nos collèges stockés dans des hangars alors que le cultivateur fumait une variété locale bien innocente pour la santé mentale. Je me suis fait expliquer par des musulmans intégristes quelle place était convenable pour une femme dans une société idéale. J’ai vu des occidentaux ravager la planète à force d’avidité et de désir pulsionnel de consommation. J’ai vu une société perdre son âme à force de se contempler dans un smartphone. J’ai entendu des adultes dans la force de l’âge et en pleine santé trouver préférable de profiter de tous les parachutes sociaux d’un pays plutôt que d’aller travailler parce que le système économique est pourri. J’ai entendu une none orthodoxe me dire que nos actions sont moins importantes que nos pensées et notre pratique. Une femme m’a dit regretter le temps de Ceaucescu et de la Securitat.
J'ai vu et entendu tant d'autre choses ...
Et je me suis vu vieillir.
Confiteor- Messages : 9195
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Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
Pabanal- Messages : 4647
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Re: Conte rendu d'errance
- Spoiler:
- Confiteor,
Je n'ai pas dit "une condescendance orientaliste", mais "de type orientaliste", c'est à dire de celle qu'ont montré des occidentaux avec leur capacité à juger les populations d'autres pays, et de faire de ces jugements des clichés. Et j'ai ajouté "peut-être".
Je note que tu mentionnes des sous-entendus perfides... tu ne dis même pas de qui tu parles. (à part moi, qui ?).
Je n'ai jamais employé un tel adjectif à ton sujet.
Ai-je le droit de m'interroger sur tes remarques ? Pourquoi n'as-tu pas répondu sur le fil de la sagesse zcéenne et ton fil n'aurait pas été perturbé.
Est-ce la section "j'aime... " qui ne permet pas qu'on débatte ?
Aurais-tu été plus ouvert au débat dans une autre section ?
Tu m'as dit être ironique et moqueur par nature, quel que soit le sujet. Je pense pourtant qu'il est parfois nécessaire de clarifier les propos.
Lorsque tu m'as dit par exemple sur le fil de l'antisémitisme qu'il semblait que c'était (l'antisémitisme) une activité (que je menais) à plein temps, tu penses que c'était marrant ? Je n'ai pas trouvé ça amusant mais je ne m'en suis pas vexée. J'ai répondu aux attaques personnelles et aux procès d'intention de plusieurs interlocuteurs tout le long du fil en justifiant que je voulais bien faire, ou mettre en évidence, la distinction entre "juif" et "israëlien" d'une part, entre politique (qu'on a le droit de critiquer, particulièrement sur l'occupation non réglementaire de territoires) d'un Etat israëlien (qui a le droit d'exister) et citoyens de cet Etat d'autre part. J'ai parlé des différentes définitions du sionisme, et je voulais montrer l'impasse à continuer à qualifier Israël d'Etat juif. Je préfère parler d'Etat israëlien. Et je voulais discuter du problème concernant la définition "ethnique" du judaïsme.
Quand tu intervenais sur le fil en question, c'était dans un but ? lequel ? celui d'échanger ou de te moquer ?
Moi, sur ton fil, j'ai lu des remarques qui me paraissaient manquer de clarté.
Je suis intervenue pour clarifier.
Quand t'ai-je fait la morale ?
De toute façon, je ne lirai plus puisque je n'apprécie pas trop le filtre que tu utilises pour ton récit.
Je te souhaite quand-même un bon voyage.
horizon artificiel- Messages : 3526
Date d'inscription : 23/01/2020
Localisation : Sur Terre depuis le 30 Juin 1966, plus précisément dans les Hauts-de-France, même si apparemment pour certains, je ne serais pas conforme à une prétendue "identité nationale culturelle française"..... Je n'ai plus envie de dialoguer dans les échanges publics sur zc. Changement d'avatar en mai 2022 : j'ai abandonné le fond diffus cosmologique pour rendre hommage à Shireen, Allah i rahma
Re: Conte rendu d'errance
10-08
Nous sommes déjà installés dans la routine, le berger est planté devant le Camion, mais ce matin il n’aura rien …
L’homme au fourgon, stoïque, trône sur son siège. Le quitte-t-il même la nuit ?
Nous descendons de « notre » montagne et roulons dans un paysage de petites collines en direction de l’ouest, vers Alba Julia. Nous évitons les grands axes et parcourons de petites départementales. Les villages sont déserts et malgré tout fort bien entretenus, avec des façades pimpantes. Jusqu’à présent tous les bourgs que nous avons traversés sont implantés de part et d’autre de la route principale, parfois avec une ou deux rues transversales, mais fort rares sont les places ou les lieux de convivialité. Même les cafés avec terrasse sont peu fréquents.
La plupart des maisons ont les volets clos, elles possèdent un vaste portail métallique cachant une cour intérieure le plus souvent couverte d’une tonnelle de vigne. On y croise peu de monde, sauf au point d’eau potable, des fontaines charmantes agrémentées d’une icône fournissent une eau légère et fraîche. Même si toutes les maisons sont raccordées au réseau public les habitants continuent à venir chercher une eau de source de qualité minérale.
Nous sommes encore en zone Saxonne. Beaucoup de villages possèdent une église réformée fortifiée, une cour intérieure est protégée par des remparts et défendue par au moins une tour servant aussi de clocher et de réserve alimentaire.
Moyennant quelques coups de téléphone tendus car mon roumain n’est pas encore très au point, nous parvenons à contacter un homme chargé de la visite de l’une d’entre-elles, les portes sont fermées à clé. Au premier abord, il est fort peu amène mais se détend rapidement. Il parle allemand, j’en comprends quelques mots.
Dans les époques anciennes, les habitants étaient tenus de stocker du lard gras fumé, du vin et des céréales dans la tour principale, celle-ci date du XIIIème mais a été abondamment remaniée. C’est seulement sur l’autorisation d’une sorte de responsable de la gestion des stocks, je n’ai pas compris son statut précis ni son mode de désignation, que les habitants pouvaient accéder à leurs réserves pour une occasion particulière comme une fête religieuse ou familiale.
J’ai cru sentir toute la rigueur protestante dans cette organisation sociale, une société très policée et austère, sans doute un peu bigote.
Il nous fait ensuite visiter l’église aujourd’hui utilisée pour le culte datant du XVIIIème, elle est vaste, très claire mais simple et rigoureuse, rien à voir avec le baroque dégoulinant de dorures des édifices catholiques. Il me dit qu’aujourd’hui seuls 37 sièges sont occupés (au temple chacun a sa place réservée) alors que dans son enfance les quatre cents places étaient combles. Ce n’est pas seulement la désaffection pour la religion qui en est la cause, les habitants ont fui ces campagnes pour la ville de Sibiu, centre commercial attractif et pour beaucoup pour l’Allemagne dans laquelle ils sont définitivement installés. Je crois comprendre qu’ils y poursuivent une vie communautaire comparable à celle qu’ils ont vécu au milieu du peuple roumain. Ils reviennent chaque été, participent à l’embellissement des villages et à l’entretien du patrimoine.
Nous rejoignons la plaine en contre-bas. Ici règne l’agriculture industrielle avec des champs de plus de cent hectares, maïs, tournesol, céréales ou luzerne. On y trouve des fermes « usine à viande », le matériel agricole n’a rien à envier avec celui de l’Ouest.
Nous nous sommes levés face à un berger conduisant une dizaine de vaches pâturer le long de la piste ou dans les rares clairières de la forêt, ce matin nous avons traversé de l’agriculture vivrière familiale cultivée au motoculteur et en ce début d’après-midi nous tombons dans la mondialisation.
Alba Julia est une ville de 60 000 habitants dont le centre est coquet. Une très vaste zone fortifiée sur un schéma à la Vauban enserre les bâtiments administratifs et religieux. Il fait une chaleur torride, tous les espaces sont dallés ou goudronnés et fort rares sont les zones d’ombre.
Elle est célèbre dans le pays pour avoir été le lieu de la signature du rattachement de la Transylvanie au royaume de Roumanie en 1918.
Je n’ai pas tout mémorisé, mais son histoire est fort tumultueuse et son patrimoine en témoigne.
On y trouve côte à côte une cathédrale catholique du XIIème, un vaste temple protestant du XVème et une énorme et très ostentatoire basilique orthodoxe construite dans les années 1930 afin d’afficher la nouvelle destinée de la Transylvanie après son rattachement. La concurrence symbolique est forte !
Nous partons dans les contreforts des Monte Alpuseni par une petite route serpentant au bord d’un ruisseau. Sur ses bords alternent des fermes microscopiques et des résidences secondaires parfois luxueuses. La route se poursuit par une petite piste qui monte aux alpages, nous trouvons une superbe clairière au bord de l’eau, la température est idéale et le lieu serein. C’est un haut lieu de piquenique dominical des « gens de la ville », mais étrangement il est beaucoup moins sale qu’à l’habitude.
Un môme d’une douzaine d’années y garde une vingtaine de moutons. Il joue sur un vieux smartphone. Avec ses quelques mots d’anglais il nous dit habiter en contre-bas et passer ses vacances à cette occupation, depuis tôt le matin jusqu’à la tombée de la nuit. Il ne semble pas affecté à cette idée, plutôt résigné. Il est le dernier d’une fratrie, ses parents sont assez âgés et ne travaillent pas. Lorsque nous redescendrons, nous comprendrons à l’aspect de la maison qu’il est gitan, certains ne sont absolument pas typés physiquement, tout au contraire, d’autres passeraient inaperçus à Calcuta.
Une bande de huit très gros chiens traîne dans la clairière.
Je crois tout d’abord qu’ils appartiennent au gosse. Bien vite je comprends qu’ils sont ensauvagés et affamés. Etrangement, ils sont serviles et apeurés, les habitants leur ont sans doute expliqué de manière vigoureuse que les hommes sont les mâles alphas génériques.
Ils ont si faim qu’ils mangent les épluchures de légume que nous jetons dans les fourrés, et de vieilles pommes flétries ! Je ne savais pas cela possible. Nous leur donnons du pain rassis qu’ils dévorent avec avidité. Lorsque je pars déféquer, ils font le guet afin de profiter de l’aubaine, nous autres humains sommes dispendieux et utilisons fort peu la nourriture que nous consommons, nos excréments sont encore fort nourrissants.
Ce ne sont que des chiens mais j’ai eu peine à rester indifférent à leur condition.
Et je reste très étonné qu’ils n’aient jamais été agressifs, lorsque nous avons mangé, ils étaient plantés en cercle autour de nous, immobiles, comme suppliant mais jamais menaçants. C’est très étrange, nous avons été habitués à la sauvagerie sans nom des kangals en Turquie ou des lévriers de campement dans les déserts et de tous les chiens de berger de la planète. Ils sont le principal danger pour le voyageur. J’ai souvenir d’avoir vu courir à bonne allure une meute de kangals durant près de trente minutes, lorsque je ralentissais, ils tentaient de mordre les pneus de la voiture ! Nous serions descendus, ils nous auraient assurément tué. Dans les alpages kirghizes, les bergers eux-mêmes avaient peine à les maîtriser.
En Roumanie, même les énormes chiens poilus sont gentils …
Nous sommes déjà installés dans la routine, le berger est planté devant le Camion, mais ce matin il n’aura rien …
L’homme au fourgon, stoïque, trône sur son siège. Le quitte-t-il même la nuit ?
Nous descendons de « notre » montagne et roulons dans un paysage de petites collines en direction de l’ouest, vers Alba Julia. Nous évitons les grands axes et parcourons de petites départementales. Les villages sont déserts et malgré tout fort bien entretenus, avec des façades pimpantes. Jusqu’à présent tous les bourgs que nous avons traversés sont implantés de part et d’autre de la route principale, parfois avec une ou deux rues transversales, mais fort rares sont les places ou les lieux de convivialité. Même les cafés avec terrasse sont peu fréquents.
La plupart des maisons ont les volets clos, elles possèdent un vaste portail métallique cachant une cour intérieure le plus souvent couverte d’une tonnelle de vigne. On y croise peu de monde, sauf au point d’eau potable, des fontaines charmantes agrémentées d’une icône fournissent une eau légère et fraîche. Même si toutes les maisons sont raccordées au réseau public les habitants continuent à venir chercher une eau de source de qualité minérale.
Nous sommes encore en zone Saxonne. Beaucoup de villages possèdent une église réformée fortifiée, une cour intérieure est protégée par des remparts et défendue par au moins une tour servant aussi de clocher et de réserve alimentaire.
Moyennant quelques coups de téléphone tendus car mon roumain n’est pas encore très au point, nous parvenons à contacter un homme chargé de la visite de l’une d’entre-elles, les portes sont fermées à clé. Au premier abord, il est fort peu amène mais se détend rapidement. Il parle allemand, j’en comprends quelques mots.
Dans les époques anciennes, les habitants étaient tenus de stocker du lard gras fumé, du vin et des céréales dans la tour principale, celle-ci date du XIIIème mais a été abondamment remaniée. C’est seulement sur l’autorisation d’une sorte de responsable de la gestion des stocks, je n’ai pas compris son statut précis ni son mode de désignation, que les habitants pouvaient accéder à leurs réserves pour une occasion particulière comme une fête religieuse ou familiale.
J’ai cru sentir toute la rigueur protestante dans cette organisation sociale, une société très policée et austère, sans doute un peu bigote.
Il nous fait ensuite visiter l’église aujourd’hui utilisée pour le culte datant du XVIIIème, elle est vaste, très claire mais simple et rigoureuse, rien à voir avec le baroque dégoulinant de dorures des édifices catholiques. Il me dit qu’aujourd’hui seuls 37 sièges sont occupés (au temple chacun a sa place réservée) alors que dans son enfance les quatre cents places étaient combles. Ce n’est pas seulement la désaffection pour la religion qui en est la cause, les habitants ont fui ces campagnes pour la ville de Sibiu, centre commercial attractif et pour beaucoup pour l’Allemagne dans laquelle ils sont définitivement installés. Je crois comprendre qu’ils y poursuivent une vie communautaire comparable à celle qu’ils ont vécu au milieu du peuple roumain. Ils reviennent chaque été, participent à l’embellissement des villages et à l’entretien du patrimoine.
Nous rejoignons la plaine en contre-bas. Ici règne l’agriculture industrielle avec des champs de plus de cent hectares, maïs, tournesol, céréales ou luzerne. On y trouve des fermes « usine à viande », le matériel agricole n’a rien à envier avec celui de l’Ouest.
Nous nous sommes levés face à un berger conduisant une dizaine de vaches pâturer le long de la piste ou dans les rares clairières de la forêt, ce matin nous avons traversé de l’agriculture vivrière familiale cultivée au motoculteur et en ce début d’après-midi nous tombons dans la mondialisation.
Alba Julia est une ville de 60 000 habitants dont le centre est coquet. Une très vaste zone fortifiée sur un schéma à la Vauban enserre les bâtiments administratifs et religieux. Il fait une chaleur torride, tous les espaces sont dallés ou goudronnés et fort rares sont les zones d’ombre.
Elle est célèbre dans le pays pour avoir été le lieu de la signature du rattachement de la Transylvanie au royaume de Roumanie en 1918.
Je n’ai pas tout mémorisé, mais son histoire est fort tumultueuse et son patrimoine en témoigne.
On y trouve côte à côte une cathédrale catholique du XIIème, un vaste temple protestant du XVème et une énorme et très ostentatoire basilique orthodoxe construite dans les années 1930 afin d’afficher la nouvelle destinée de la Transylvanie après son rattachement. La concurrence symbolique est forte !
Nous partons dans les contreforts des Monte Alpuseni par une petite route serpentant au bord d’un ruisseau. Sur ses bords alternent des fermes microscopiques et des résidences secondaires parfois luxueuses. La route se poursuit par une petite piste qui monte aux alpages, nous trouvons une superbe clairière au bord de l’eau, la température est idéale et le lieu serein. C’est un haut lieu de piquenique dominical des « gens de la ville », mais étrangement il est beaucoup moins sale qu’à l’habitude.
Un môme d’une douzaine d’années y garde une vingtaine de moutons. Il joue sur un vieux smartphone. Avec ses quelques mots d’anglais il nous dit habiter en contre-bas et passer ses vacances à cette occupation, depuis tôt le matin jusqu’à la tombée de la nuit. Il ne semble pas affecté à cette idée, plutôt résigné. Il est le dernier d’une fratrie, ses parents sont assez âgés et ne travaillent pas. Lorsque nous redescendrons, nous comprendrons à l’aspect de la maison qu’il est gitan, certains ne sont absolument pas typés physiquement, tout au contraire, d’autres passeraient inaperçus à Calcuta.
Une bande de huit très gros chiens traîne dans la clairière.
Je crois tout d’abord qu’ils appartiennent au gosse. Bien vite je comprends qu’ils sont ensauvagés et affamés. Etrangement, ils sont serviles et apeurés, les habitants leur ont sans doute expliqué de manière vigoureuse que les hommes sont les mâles alphas génériques.
Ils ont si faim qu’ils mangent les épluchures de légume que nous jetons dans les fourrés, et de vieilles pommes flétries ! Je ne savais pas cela possible. Nous leur donnons du pain rassis qu’ils dévorent avec avidité. Lorsque je pars déféquer, ils font le guet afin de profiter de l’aubaine, nous autres humains sommes dispendieux et utilisons fort peu la nourriture que nous consommons, nos excréments sont encore fort nourrissants.
Ce ne sont que des chiens mais j’ai eu peine à rester indifférent à leur condition.
Et je reste très étonné qu’ils n’aient jamais été agressifs, lorsque nous avons mangé, ils étaient plantés en cercle autour de nous, immobiles, comme suppliant mais jamais menaçants. C’est très étrange, nous avons été habitués à la sauvagerie sans nom des kangals en Turquie ou des lévriers de campement dans les déserts et de tous les chiens de berger de la planète. Ils sont le principal danger pour le voyageur. J’ai souvenir d’avoir vu courir à bonne allure une meute de kangals durant près de trente minutes, lorsque je ralentissais, ils tentaient de mordre les pneus de la voiture ! Nous serions descendus, ils nous auraient assurément tué. Dans les alpages kirghizes, les bergers eux-mêmes avaient peine à les maîtriser.
En Roumanie, même les énormes chiens poilus sont gentils …
Confiteor- Messages : 9195
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Localisation : Drôme
Re: Conte rendu d'errance
11-08
Nous avons programmé une balade en bagnole dans la montagne.
Elle sera très réussie.
Une petite vallée étroite fort peu habitée, quelques résidences secondaires des habitants fortunés de la ville et de rares fermes, conduit à un immense plateau très vallonné à une altitude de 800 à 1000 m. Nous découvrons à perte de vue un paysage jardiné de microscopiques champs dans les plats, et soigneusement fauché dans les vastes coteaux, les meules de foin qui parsèment les champs en témoignent. L’habitat est très dispersé, des hameaux de quelques maisons traditionnelles en bois entourent le gros bourg de Mogos. Beaucoup ont troqué leur chaume pour de la tôle ondulée plus pratique d’entretien. Les plus perfides cachent leur structure massive en poutres de bois savamment assemblées sou un crépi avec des peintures imitant la pierre de taille.
La pays transpire une rude douceur de vivre. Les hivers sont rudes, les stocks de bois sont abondants, rangés avec soin en tas élégants. Le foin est précieux, on le fauche au motoculteur lorsque la pente est raisonnable et on finit le travail à la faux afin de ne rien perdre. Dans toutes les directions, un peuple est au travail, en famille, les femmes et les enfants ratissent ou fanent, les hommes se consacrent aux tâches plus physiques. On les devine habitant leur vie laborieuse avec sérénité plus que résignation. Une forme de nécessité que j’ai connue dans la campagne de mon enfance.
Le week-end, nous quittions la cité ouvrière pour aller « faire les foins ». C’est fatigant, il fait chaud, c’est un peu urticant pour la peau d’un môme. Mais personne ne trouvait cette tâche ingrate, c’était l’ordinaire du début de l’été. Et ensuite les tâches s’enchaîneraient dans une évidence ancrée dans le fil d’une histoire qu’on n’envisage pas de choisir. Castrer les maïs afin que la panouille profite mieux et que la mule machouille inlassablement tout l’hiver les longues et odorantes tiges des fleurs males, le regard pensif dans la tiédeur de l’étable. Piocher les pommes de terre et la vigne. Ramasser les haricots afin de faire des piles de bocaux pour l’hiver. Enfin vendanger et récolter les noix. Puis ce sera le temps de glaner dans les champs des riches voisins qui déjà récoltent le maïs à la machine. En ces temps, celle-ci sont peu performantes et laissent échapper trop de panouilles pour qu’on puisse les laisser perdre. Et enfin on ira couper du bois au bord du ruisseau afin que la cuisinière en fonte poêle puisse ronfler l’hiver suivant.
Je me sens dans le climat de ce temps.
Je veux croire que les cultivateurs de cet immense plateau regardent leur vie sans plus de dépit que ne le faisaient les petits paysans de la plaine de l’Isère.
Au « magazin mixt » de Molos nous achetons un pain industriel et sans saveur et en profitons pour boire un café au distributeur automatique …
Nous le buvons dehors sur une table en plastique au milieu d’un groupe d’hommes qui tourne à la bière. L’un d’entre eux est camionneur roumain. J’en rencontre enfin un vrai ! Reste à trouver un plombier polonais …
Il parle un anglais correct qu’il a appris à force de regarde des cartoons sous-titrés.
Nous passons deux heure ensemble. Il est malin, comprend parfaitement mon attente et a le désir sincère de satisfaire ma curiosité. D’une certaine manière, et cette situation nous est familière, il est honoré qu’un touriste s’intéresse sincèrement à son histoire, à celle du petit peuple de son pays là où les élites sont indifférentes.
Son père est né dans un hameau distant de quelques kilomètres. Il a quitté cette terre ingrate pour Petrosani. Souvenez-vous, cette vallée minière dévastée et sinistrée près de Vulcan que nous avons découvert en descendant du parc national Retezat. C’était à l’époque communiste un lieu attractif de plein emploi. Mon camionneur y a grandit, son destin d’ouvrier métallurgique semblait tout tracé. Las dans les années 1990 Lakshmi Mittal a racheté toutes les usines de la vallée pour une bouchée de pain. Et dès qu’il s’est emparé des carnets de commande les a fermées avec l’accord du gouvernement de l’époque, peut-on envisager quelques compensations occultes ?
Une histoire que nous avons connue durant les années Miterrand. C’était d’ailleurs le même industriel indien à la manœuvre …
Et mon nouveau copain est devenu camionneur, embauché par une société italienne. Il part en car rejoindre son volant pour trois semaines de conduite non-stop en Europe et revient ^passer une semaine avec sa femme et sa gosse de neuf ans. Il en profite pour venir saluer son père qui a pris sa retraite dans le village de son enfance.
Avec mon camionneur, nous avions tant à nous dire que nous avons même oublié d’échanger notre prénom, appelons le Andrei, c’est plus que banal ici.
Andrei construit un rêve pour sa fille. Il économise sous après sous pour construire une maison dans l’ouest près de Timisoara, il juge son université digne de sa fille. Dans l’attente, il trime, dort et mange dans son camion afin de ne pas dépenser ses primes.
Il n’est pas amer, empli d’un espoir actif et dans le fond, il est confiant en une forme d’avenir pour sa fille qu’il imagine meilleur que ne l’est son présent.
Sa femme ne travaille pas. A quoi bon ? Sans formation, elle trouverait au mieux un boulot de tenancière de boutique douze heures par jour, six jours sur sept pour deux cents euros par mois.
Je retrouve d’une certaine manière le vague optimisme résigné des ouvrier des années glorieuses (OK boomer …).
Il me raconte aussi Molos et le plateau.
Ici nous sommes à près de deux heures de piste de la ville, et ce dans toutes les directions. Encore faut-il que la neige n’ait pas coupé la route. Certains habitants partagent leur temps entre un emploi salarié à temps partiel dans la vallées et la culture de leur ferme. Cette arbitrage de vie était assez courante dans l’usine où travaillait mon père dans les années 1960.
Ils ne sont pas jaloux de la réussite des « élites urbaines », sont heureux de vivre dans leur cahute et assurent volontiers l’entretien et le gardiennage des résidences secondaires des riches de la ville moyennant une rétribution modeste
Il parle beaucoup. De tout. Et derrière les faits me livre sans fausse pudeur un part émouvante de son intimité.
J’hésite à tout raconter, je ne voudrais pas choquer. Je ne dirai donc pas qu’en France il craint l’insécurité, celle des pilleurs de camions nocturnes, des gitans voleurs de carburant, des migrants qui découpent les bâches des remorques savoyardes. Cette insécurité est-elle réelle ou est-ce un "sentiment d'insécurité" ? Je ne peux pas trancher, je ne suis pas chauffeur de TIR. Cependant Andrei aime beaucoup la France et trouve les français plutôt gentils avec lui dans le peu de relations qu'il entretient avec eux : livraison et chargement - quelques bavardages laborieux avec les routiers français qui sont rarement polyglottes sur les aires d'autoroute.
Nous trouvons un beau bivouac sur un petit plateau herbeux.
Une joggeuse passe à proximité du camion. C’est une jeune fliquette qui profite de ses vacances pour venir aider ses parents à faire les foins. Chaque soir elle complète l’activité physique de la journée par un peu de course. Aujourd’hui elle profite de ce prétexte pour venir voir qui sont ces drôles de touristes qui campent au loin sur ses prés !
Nous avons programmé une balade en bagnole dans la montagne.
Elle sera très réussie.
Une petite vallée étroite fort peu habitée, quelques résidences secondaires des habitants fortunés de la ville et de rares fermes, conduit à un immense plateau très vallonné à une altitude de 800 à 1000 m. Nous découvrons à perte de vue un paysage jardiné de microscopiques champs dans les plats, et soigneusement fauché dans les vastes coteaux, les meules de foin qui parsèment les champs en témoignent. L’habitat est très dispersé, des hameaux de quelques maisons traditionnelles en bois entourent le gros bourg de Mogos. Beaucoup ont troqué leur chaume pour de la tôle ondulée plus pratique d’entretien. Les plus perfides cachent leur structure massive en poutres de bois savamment assemblées sou un crépi avec des peintures imitant la pierre de taille.
La pays transpire une rude douceur de vivre. Les hivers sont rudes, les stocks de bois sont abondants, rangés avec soin en tas élégants. Le foin est précieux, on le fauche au motoculteur lorsque la pente est raisonnable et on finit le travail à la faux afin de ne rien perdre. Dans toutes les directions, un peuple est au travail, en famille, les femmes et les enfants ratissent ou fanent, les hommes se consacrent aux tâches plus physiques. On les devine habitant leur vie laborieuse avec sérénité plus que résignation. Une forme de nécessité que j’ai connue dans la campagne de mon enfance.
Le week-end, nous quittions la cité ouvrière pour aller « faire les foins ». C’est fatigant, il fait chaud, c’est un peu urticant pour la peau d’un môme. Mais personne ne trouvait cette tâche ingrate, c’était l’ordinaire du début de l’été. Et ensuite les tâches s’enchaîneraient dans une évidence ancrée dans le fil d’une histoire qu’on n’envisage pas de choisir. Castrer les maïs afin que la panouille profite mieux et que la mule machouille inlassablement tout l’hiver les longues et odorantes tiges des fleurs males, le regard pensif dans la tiédeur de l’étable. Piocher les pommes de terre et la vigne. Ramasser les haricots afin de faire des piles de bocaux pour l’hiver. Enfin vendanger et récolter les noix. Puis ce sera le temps de glaner dans les champs des riches voisins qui déjà récoltent le maïs à la machine. En ces temps, celle-ci sont peu performantes et laissent échapper trop de panouilles pour qu’on puisse les laisser perdre. Et enfin on ira couper du bois au bord du ruisseau afin que la cuisinière en fonte poêle puisse ronfler l’hiver suivant.
Je me sens dans le climat de ce temps.
Je veux croire que les cultivateurs de cet immense plateau regardent leur vie sans plus de dépit que ne le faisaient les petits paysans de la plaine de l’Isère.
Au « magazin mixt » de Molos nous achetons un pain industriel et sans saveur et en profitons pour boire un café au distributeur automatique …
Nous le buvons dehors sur une table en plastique au milieu d’un groupe d’hommes qui tourne à la bière. L’un d’entre eux est camionneur roumain. J’en rencontre enfin un vrai ! Reste à trouver un plombier polonais …
Il parle un anglais correct qu’il a appris à force de regarde des cartoons sous-titrés.
Nous passons deux heure ensemble. Il est malin, comprend parfaitement mon attente et a le désir sincère de satisfaire ma curiosité. D’une certaine manière, et cette situation nous est familière, il est honoré qu’un touriste s’intéresse sincèrement à son histoire, à celle du petit peuple de son pays là où les élites sont indifférentes.
Son père est né dans un hameau distant de quelques kilomètres. Il a quitté cette terre ingrate pour Petrosani. Souvenez-vous, cette vallée minière dévastée et sinistrée près de Vulcan que nous avons découvert en descendant du parc national Retezat. C’était à l’époque communiste un lieu attractif de plein emploi. Mon camionneur y a grandit, son destin d’ouvrier métallurgique semblait tout tracé. Las dans les années 1990 Lakshmi Mittal a racheté toutes les usines de la vallée pour une bouchée de pain. Et dès qu’il s’est emparé des carnets de commande les a fermées avec l’accord du gouvernement de l’époque, peut-on envisager quelques compensations occultes ?
Une histoire que nous avons connue durant les années Miterrand. C’était d’ailleurs le même industriel indien à la manœuvre …
Et mon nouveau copain est devenu camionneur, embauché par une société italienne. Il part en car rejoindre son volant pour trois semaines de conduite non-stop en Europe et revient ^passer une semaine avec sa femme et sa gosse de neuf ans. Il en profite pour venir saluer son père qui a pris sa retraite dans le village de son enfance.
Avec mon camionneur, nous avions tant à nous dire que nous avons même oublié d’échanger notre prénom, appelons le Andrei, c’est plus que banal ici.
Andrei construit un rêve pour sa fille. Il économise sous après sous pour construire une maison dans l’ouest près de Timisoara, il juge son université digne de sa fille. Dans l’attente, il trime, dort et mange dans son camion afin de ne pas dépenser ses primes.
Il n’est pas amer, empli d’un espoir actif et dans le fond, il est confiant en une forme d’avenir pour sa fille qu’il imagine meilleur que ne l’est son présent.
Sa femme ne travaille pas. A quoi bon ? Sans formation, elle trouverait au mieux un boulot de tenancière de boutique douze heures par jour, six jours sur sept pour deux cents euros par mois.
Je retrouve d’une certaine manière le vague optimisme résigné des ouvrier des années glorieuses (OK boomer …).
Il me raconte aussi Molos et le plateau.
Ici nous sommes à près de deux heures de piste de la ville, et ce dans toutes les directions. Encore faut-il que la neige n’ait pas coupé la route. Certains habitants partagent leur temps entre un emploi salarié à temps partiel dans la vallées et la culture de leur ferme. Cette arbitrage de vie était assez courante dans l’usine où travaillait mon père dans les années 1960.
Ils ne sont pas jaloux de la réussite des « élites urbaines », sont heureux de vivre dans leur cahute et assurent volontiers l’entretien et le gardiennage des résidences secondaires des riches de la ville moyennant une rétribution modeste
Il parle beaucoup. De tout. Et derrière les faits me livre sans fausse pudeur un part émouvante de son intimité.
J’hésite à tout raconter, je ne voudrais pas choquer. Je ne dirai donc pas qu’en France il craint l’insécurité, celle des pilleurs de camions nocturnes, des gitans voleurs de carburant, des migrants qui découpent les bâches des remorques savoyardes. Cette insécurité est-elle réelle ou est-ce un "sentiment d'insécurité" ? Je ne peux pas trancher, je ne suis pas chauffeur de TIR. Cependant Andrei aime beaucoup la France et trouve les français plutôt gentils avec lui dans le peu de relations qu'il entretient avec eux : livraison et chargement - quelques bavardages laborieux avec les routiers français qui sont rarement polyglottes sur les aires d'autoroute.
Nous trouvons un beau bivouac sur un petit plateau herbeux.
Une joggeuse passe à proximité du camion. C’est une jeune fliquette qui profite de ses vacances pour venir aider ses parents à faire les foins. Chaque soir elle complète l’activité physique de la journée par un peu de course. Aujourd’hui elle profite de ce prétexte pour venir voir qui sont ces drôles de touristes qui campent au loin sur ses prés !
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 66
Localisation : Drôme
Re: Conte rendu d'errance
12-08
(je crois que ça chie un peu dans les dates …)
Nous avons comme projet de rejoindre Turda dans la plaine et d’y visiter une mine de sel immense abandonnée dans les années 1950 et reconvertie depuis peu en une sorte de de Disneyland.
Il faut que nous cédions aussi à la modernité. Par précaution nous avons choisi un jeudi, milieu de semaine, en espérant un peu moins d’affluence.
Cruelle déception, c’est la guerre, plus de mille voitures sur le parking, une queue interminable devant la billetterie. Le tarif est pourtant élevé pour le pays.
Nous renonçons …
Nous nous contenterons d’une jolie balade de 3 heures dans un canyon à la sortie de la ville, c’est un spot d’escalade, on y vient de tout le pays, certaines voies sont d’une cotation très élevée.
Nous rencontrons un couple mixte d’une Roumaine et d’un Grec. Il nous indique quelques spots de camping sauvage méconnus dans le Péloponnèse …
Nous avons décidé de nous offrir un peu de luxe et avons réservé un appartement-hôtel pour la nuit. La dame qui assure la réception parle seulement quelques mots d’anglais. Mais en dépit de la difficulté de compréhension est plus que chaleureuse. Les hébergements touristiques sont si nombreux dans le pays et les étrangers si peu nombreux à le visiter que nous sommes sincèrement accueillis. C’est touchant. Les Français semblent avoir une fort bonne réputation. S’ils savaient …
C’est bien aussi de se reposer dans un vrai grand lit et de manger de la bouffe grasse dans un mauvais restaurant.
(je crois que ça chie un peu dans les dates …)
Nous avons comme projet de rejoindre Turda dans la plaine et d’y visiter une mine de sel immense abandonnée dans les années 1950 et reconvertie depuis peu en une sorte de de Disneyland.
Il faut que nous cédions aussi à la modernité. Par précaution nous avons choisi un jeudi, milieu de semaine, en espérant un peu moins d’affluence.
Cruelle déception, c’est la guerre, plus de mille voitures sur le parking, une queue interminable devant la billetterie. Le tarif est pourtant élevé pour le pays.
Nous renonçons …
Nous nous contenterons d’une jolie balade de 3 heures dans un canyon à la sortie de la ville, c’est un spot d’escalade, on y vient de tout le pays, certaines voies sont d’une cotation très élevée.
Nous rencontrons un couple mixte d’une Roumaine et d’un Grec. Il nous indique quelques spots de camping sauvage méconnus dans le Péloponnèse …
Nous avons décidé de nous offrir un peu de luxe et avons réservé un appartement-hôtel pour la nuit. La dame qui assure la réception parle seulement quelques mots d’anglais. Mais en dépit de la difficulté de compréhension est plus que chaleureuse. Les hébergements touristiques sont si nombreux dans le pays et les étrangers si peu nombreux à le visiter que nous sommes sincèrement accueillis. C’est touchant. Les Français semblent avoir une fort bonne réputation. S’ils savaient …
C’est bien aussi de se reposer dans un vrai grand lit et de manger de la bouffe grasse dans un mauvais restaurant.
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 66
Localisation : Drôme
Re: Conte rendu d'errance
13-08
A nouveau petite journée tranquille.
Je fais mes devoirs de vacances qui sont un peu restés en plan …
Copieux petit déjeuner sur une terrasse au centre de cette coquette ville. Joli petit marché. J’y fait un bon portrait. Vous le verrez … un jour si j’ai le courage de m’y mettre.
Nous devons libérer l’appartement, le week-end approche et les habitants de Cluj, riche ville universitaire toute proche viennent visiter en famille les mines de sel. Je n’ose imaginer l’affluence !
M. trouve un superbe hôtel avec piscine et sauna à la sortie de la ville.
Après la visite du joli petit musée d’archéologie de l a ville nous profitons du luxe. L’hôtel est presque complet mais les installations de bien-être sont négligées, nous y sommes seuls. C’est parfait.
Le restaurant est vraiment bon, une agréable et trop rare surprise.
C’est bien aussi de ne rien faire. Si tant est que prendre soin de soi consiste à ne rien faire …
Vertu, j’ai peu à raconter ! Encore que, faudrait voir dans les détails, peut-être aurais-je plus à dire qu’il ne semble mais ne le souhaite pas ?
A nouveau petite journée tranquille.
Je fais mes devoirs de vacances qui sont un peu restés en plan …
Copieux petit déjeuner sur une terrasse au centre de cette coquette ville. Joli petit marché. J’y fait un bon portrait. Vous le verrez … un jour si j’ai le courage de m’y mettre.
Nous devons libérer l’appartement, le week-end approche et les habitants de Cluj, riche ville universitaire toute proche viennent visiter en famille les mines de sel. Je n’ose imaginer l’affluence !
M. trouve un superbe hôtel avec piscine et sauna à la sortie de la ville.
Après la visite du joli petit musée d’archéologie de l a ville nous profitons du luxe. L’hôtel est presque complet mais les installations de bien-être sont négligées, nous y sommes seuls. C’est parfait.
Le restaurant est vraiment bon, une agréable et trop rare surprise.
C’est bien aussi de ne rien faire. Si tant est que prendre soin de soi consiste à ne rien faire …
Vertu, j’ai peu à raconter ! Encore que, faudrait voir dans les détails, peut-être aurais-je plus à dire qu’il ne semble mais ne le souhaite pas ?
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 66
Localisation : Drôme
Re: Conte rendu d'errance
14-08
Nous partons confiants dès l’aube (vers 15 heures) avec l’idée d’atteindre le parc naturel des Munte Apuseni. C’est un peu loin mais il reste pas mal de goudron sur la route et on peut y circuler à une vitesse acceptable.
Nous avons parcouru une vingtaine de kilomètres lorsqu’un panneau nous indique la possibilité de faire du canoé et du rafting en prenant une petite route à gauche en direction de Torockó Rimetea.
Ce genre d’activité se déroule en général dans des paysages agréables et nous décidons de faire un bref détour.
C’est une jolie petite vallée assez ouverte pour que des résidences secondaires et des pensions soient installées au milieu des petites ferlmes sur les banquettes herbeuses au bord de l’eau. Nous ne sommes pas loin de Cluj c’est un lieu de week-end idéal pour les citadins.
Le village de Rimetea est au pied d’un gros massif rocheux que nous voyons au loin. Lorsque nous en approchons l’affluence augmente, de nombreuses voitures, beaucoup de jeunes avec des sacs à dos.
Nous pensons être arrivés au Chamonix local et nous en avons un peu de dépit car nous espérions en égoïstes profiter du paysage dans une relative solitude.
Sur la place, c’est une relative affluence, de nombreuses terrasses de café, des stands de camelote comme on trouve toujours ici dans les lieux touristiques.
Un peu déçus nous traversons le village afin de profiter d’un peu de calme dans la campagne qui suit et nous comprenons enfin, oui, je sais, parfois je ne suis pas très perspicace … que cette petite foule s’est déplacée pour un festival de musique.
Quelques interviews de passants et nous apprenons qu’il s’agit exclusivement de musique hongroise, qu’ici on est le bienvenu seulement si on est Hongrois de Roumanie ou de Hongrie. Et d’ailleurs on y parle exclusivement cette langue même sur les affiches ou les flyers.
Ah bon …
Deux scènes, l’une consacrée à du folklore traditionnel avec les incontournables danses collectives. Nous avons trop subi dans notre vie ce type de spectacle pour y être encore sensible plus de quelques minutes. L’autre scène est consacrée à une musique plus moderne mais dont les racines prennent corps dans le répertoire folk hongrois réinterprété. On nous vend de la « pop-folk » du « folk-electro » et même du « punk-folk ». Assez intrigant pour mériter exploration.
Le public est varié, quelques familles, beaucoup de jeunes gens, les habitants du village. D’assez nombreuses voitures immatriculées en Hongrie montrent qu’on s’est déplacé de loin pour l’occasion.
Alors que nous nous rapprochons de la billetterie un jeune couple tout mignon nous interpelle. Il souhaite revendre leurs bracelets car ils doivent quitter les lieux avant la soirée de clôture du festival qui a duré trois jours. Nous ne sommes pas passés inaperçu avec le Camion immatriculé en France. On papote, bien entendu ! Ils viennent de finir leurs études d’architecture et se préparent à un séjour Erasmus à Barcelone. Ils se sont rencontrés à la fac. Lui est de Budapest elle de Brasov en Roumanie, et bien entendu elle appartient à la minorité roumaine hongroise. L’endogamie traverse les générations !
Le festival propose en plus de la musique des ateliers d’écriture, des groupes de réflexion et de discussion (nous ne saurons jamais sur quels sujets …) et quelques accrochages. Je ne parle toujours pas hongrois et donc …
Notre copine architecte y expose son travail de fin d’étude. Fort gentiment elle accepte de nous le faire découvrir et de le commenter.
Elle a étudié et cartographié un gros village gitan d’environ 3500 personnes. Tous sont en plus de minorité hongroise. Je découvre avec stupeur ce cas de figure ! Comme le dit Anna, double peine. Beaucoup d’entre-eux ne parlent pas roumain, seulement gitan et hongrois ! On pourrait envisager qu’en mille an de séjour ici, ils auraient pu avoir le temps d’apprendre la langue mais il semble que ce ne soit pas une priorité pour eux. De ce fait ils ne peuvent pas être scolarisés. On n’échappe pas à la malchance.
Les conditions d’habitat sont très précaires, pas d’eau ni d’électricité, les dépôts d’ordure dans les ruelles, pas de toilettes, un seul magasin installé dans l’épave d’un camion.
Anna a conçu des dispositifs modulaires en bois qui peuvent se greffer les uns aux autres afin de croître avec les familles (on fait beaucoup de mioches ici). Les maisons sont munies de panneaux solaires, de dispositifs de recueil de l’eau de pluie, de toilettes sèches. Elle a prévu des espaces communautaires, etc.
Tout ceci est évidemment un « projet » ! Mais il est généreux et soucieux de progrès social.
Les relations d’Anna avec les habitants ont été facilitées par la présence d’une de ses amies gitane elle-même mais qui a été scolarisée et est éduquée qui l’a introduite dans le milieu.
Ce qu’elle me décrit du climat est un peu effrayant. La police ne rentre pas, il existe une sorte de chef de village assisté d’un conseil des « sages ». Mais en pratique leur autorité est sans cesse contestée et les litiges se règlent à l’échelle individuelle. D’après Anna, les viols, incestes, prostitution contrainte sous la violence, vente d’enfants destinés à la mendicité, bagarres au couteau, mariages forcés, etc. sont l’ordinaire.
Peut-être l’amélioration de l’habitat résoudrait le problème ?
Anna nous invite à passer quelques jours dans sa maison de famille en compagnie de ses parents qu’elle souhaite nous présenter. Par malchance ce séjour nous imposerait un aller-retour de 600 km (et je sais que certains surveillent mon bilan carbone).
Nous installons le Camion sur le parking à l’extérieur qui sert d’espace camping et partons roder en ville à nouveau.
Nous parlons avec un vendeur de baskets et de vinyls d’occasion. Un carton avec seulement du bon voir de l’excellent depuis King Crimson jusqu’à Hendrix. J’aurais aimé acheter Band of Gypys en Roumanie, mais je le possède déjà. Les prix sont aussi élevés qu’en Europe et d’ailleurs il avour se fournir sur le web !
Musique live ? Premier set une chanteuse la quarantaine assumée look de panthère, un peu façon Madona, belles cuisses à l’air, dansant de manière fort suggestive sur un rythme endiablé. De la pop en hongrois. C’est bien fait et en place. Seulement quelques centaines de spectateurs. La plupart connaissent les paroles, c’est une star à son échelle et elle l’assume. C’est très touchant, elle est dans son histoire avec une intensité telle qu’on se croirait à Bercy.
Durant la pause nous parlons avec un jeune Hongrois, logisticien pour un grand groupe pharmaceutique, classe moyenne sup. Nous comprenons que le festival est subventionné par Orban, comme beaucoup d’événements communautaires. Il semblerait que la minorité hongroise roumaine soit en phase de revendication de droits, par exemple la possibilité d’écoles spécifiques. Ce festival est emblématique de ce courant, et la présence de nombreux Hongrois venu le soutenir laisse penser qu'il est tout sauf innocent.
C’est peut-être une illusion mais je ressens fortement ce climat communautaire, cette sorte de fraternité au-delà des frontières, l’appartenance à un groupe qui ne se définit pas encore « contre » mais … Je ne serais pas surpris que nous entendions parler de ce phénomène avant longtemps.
Le nombre de spectateurs a beaucoup augmenté pour le groupe suivant. Il joue une étrange musique sur base électro avec des paroles scandées en staccato, on me dit qu’elles sont insignifiantes, gros effets lumineux avec strobos, reverb et longues boucles partant en écho. De la musique à écouter sous MDMA. Mais ici on picole gentiment de la bière. La drogue y est si interdite que circule dans la foule des policiers avec un chien renifleur. Ce n’est pas en France qu’on oserait, on se heurterait à une telle multiplicité de procédures à gérer …
Le dernier groupe joue une musique aux accents étrangement aigres, avec une batterie agressive très rapide, peu de mélodie, un chant aigu et criard. Je n’ose pas dire que j’ai pensé à de la musique Oï. On saute beaucoup plus qu’on danse.
Je suis un peu bourré, c’est la règle ici et il faut se plier aux coutumes locales
C’est encore raté pour le parc naturel, nous sommes définitivement dans l’échec de réalisation de nos plans. L’histoire de ma vie !
Nous partons confiants dès l’aube (vers 15 heures) avec l’idée d’atteindre le parc naturel des Munte Apuseni. C’est un peu loin mais il reste pas mal de goudron sur la route et on peut y circuler à une vitesse acceptable.
Nous avons parcouru une vingtaine de kilomètres lorsqu’un panneau nous indique la possibilité de faire du canoé et du rafting en prenant une petite route à gauche en direction de Torockó Rimetea.
Ce genre d’activité se déroule en général dans des paysages agréables et nous décidons de faire un bref détour.
C’est une jolie petite vallée assez ouverte pour que des résidences secondaires et des pensions soient installées au milieu des petites ferlmes sur les banquettes herbeuses au bord de l’eau. Nous ne sommes pas loin de Cluj c’est un lieu de week-end idéal pour les citadins.
Le village de Rimetea est au pied d’un gros massif rocheux que nous voyons au loin. Lorsque nous en approchons l’affluence augmente, de nombreuses voitures, beaucoup de jeunes avec des sacs à dos.
Nous pensons être arrivés au Chamonix local et nous en avons un peu de dépit car nous espérions en égoïstes profiter du paysage dans une relative solitude.
Sur la place, c’est une relative affluence, de nombreuses terrasses de café, des stands de camelote comme on trouve toujours ici dans les lieux touristiques.
Un peu déçus nous traversons le village afin de profiter d’un peu de calme dans la campagne qui suit et nous comprenons enfin, oui, je sais, parfois je ne suis pas très perspicace … que cette petite foule s’est déplacée pour un festival de musique.
Quelques interviews de passants et nous apprenons qu’il s’agit exclusivement de musique hongroise, qu’ici on est le bienvenu seulement si on est Hongrois de Roumanie ou de Hongrie. Et d’ailleurs on y parle exclusivement cette langue même sur les affiches ou les flyers.
Ah bon …
Deux scènes, l’une consacrée à du folklore traditionnel avec les incontournables danses collectives. Nous avons trop subi dans notre vie ce type de spectacle pour y être encore sensible plus de quelques minutes. L’autre scène est consacrée à une musique plus moderne mais dont les racines prennent corps dans le répertoire folk hongrois réinterprété. On nous vend de la « pop-folk » du « folk-electro » et même du « punk-folk ». Assez intrigant pour mériter exploration.
Le public est varié, quelques familles, beaucoup de jeunes gens, les habitants du village. D’assez nombreuses voitures immatriculées en Hongrie montrent qu’on s’est déplacé de loin pour l’occasion.
Alors que nous nous rapprochons de la billetterie un jeune couple tout mignon nous interpelle. Il souhaite revendre leurs bracelets car ils doivent quitter les lieux avant la soirée de clôture du festival qui a duré trois jours. Nous ne sommes pas passés inaperçu avec le Camion immatriculé en France. On papote, bien entendu ! Ils viennent de finir leurs études d’architecture et se préparent à un séjour Erasmus à Barcelone. Ils se sont rencontrés à la fac. Lui est de Budapest elle de Brasov en Roumanie, et bien entendu elle appartient à la minorité roumaine hongroise. L’endogamie traverse les générations !
Le festival propose en plus de la musique des ateliers d’écriture, des groupes de réflexion et de discussion (nous ne saurons jamais sur quels sujets …) et quelques accrochages. Je ne parle toujours pas hongrois et donc …
Notre copine architecte y expose son travail de fin d’étude. Fort gentiment elle accepte de nous le faire découvrir et de le commenter.
Elle a étudié et cartographié un gros village gitan d’environ 3500 personnes. Tous sont en plus de minorité hongroise. Je découvre avec stupeur ce cas de figure ! Comme le dit Anna, double peine. Beaucoup d’entre-eux ne parlent pas roumain, seulement gitan et hongrois ! On pourrait envisager qu’en mille an de séjour ici, ils auraient pu avoir le temps d’apprendre la langue mais il semble que ce ne soit pas une priorité pour eux. De ce fait ils ne peuvent pas être scolarisés. On n’échappe pas à la malchance.
Les conditions d’habitat sont très précaires, pas d’eau ni d’électricité, les dépôts d’ordure dans les ruelles, pas de toilettes, un seul magasin installé dans l’épave d’un camion.
Anna a conçu des dispositifs modulaires en bois qui peuvent se greffer les uns aux autres afin de croître avec les familles (on fait beaucoup de mioches ici). Les maisons sont munies de panneaux solaires, de dispositifs de recueil de l’eau de pluie, de toilettes sèches. Elle a prévu des espaces communautaires, etc.
Tout ceci est évidemment un « projet » ! Mais il est généreux et soucieux de progrès social.
Les relations d’Anna avec les habitants ont été facilitées par la présence d’une de ses amies gitane elle-même mais qui a été scolarisée et est éduquée qui l’a introduite dans le milieu.
Ce qu’elle me décrit du climat est un peu effrayant. La police ne rentre pas, il existe une sorte de chef de village assisté d’un conseil des « sages ». Mais en pratique leur autorité est sans cesse contestée et les litiges se règlent à l’échelle individuelle. D’après Anna, les viols, incestes, prostitution contrainte sous la violence, vente d’enfants destinés à la mendicité, bagarres au couteau, mariages forcés, etc. sont l’ordinaire.
Peut-être l’amélioration de l’habitat résoudrait le problème ?
Anna nous invite à passer quelques jours dans sa maison de famille en compagnie de ses parents qu’elle souhaite nous présenter. Par malchance ce séjour nous imposerait un aller-retour de 600 km (et je sais que certains surveillent mon bilan carbone).
Nous installons le Camion sur le parking à l’extérieur qui sert d’espace camping et partons roder en ville à nouveau.
Nous parlons avec un vendeur de baskets et de vinyls d’occasion. Un carton avec seulement du bon voir de l’excellent depuis King Crimson jusqu’à Hendrix. J’aurais aimé acheter Band of Gypys en Roumanie, mais je le possède déjà. Les prix sont aussi élevés qu’en Europe et d’ailleurs il avour se fournir sur le web !
Musique live ? Premier set une chanteuse la quarantaine assumée look de panthère, un peu façon Madona, belles cuisses à l’air, dansant de manière fort suggestive sur un rythme endiablé. De la pop en hongrois. C’est bien fait et en place. Seulement quelques centaines de spectateurs. La plupart connaissent les paroles, c’est une star à son échelle et elle l’assume. C’est très touchant, elle est dans son histoire avec une intensité telle qu’on se croirait à Bercy.
Durant la pause nous parlons avec un jeune Hongrois, logisticien pour un grand groupe pharmaceutique, classe moyenne sup. Nous comprenons que le festival est subventionné par Orban, comme beaucoup d’événements communautaires. Il semblerait que la minorité hongroise roumaine soit en phase de revendication de droits, par exemple la possibilité d’écoles spécifiques. Ce festival est emblématique de ce courant, et la présence de nombreux Hongrois venu le soutenir laisse penser qu'il est tout sauf innocent.
C’est peut-être une illusion mais je ressens fortement ce climat communautaire, cette sorte de fraternité au-delà des frontières, l’appartenance à un groupe qui ne se définit pas encore « contre » mais … Je ne serais pas surpris que nous entendions parler de ce phénomène avant longtemps.
Le nombre de spectateurs a beaucoup augmenté pour le groupe suivant. Il joue une étrange musique sur base électro avec des paroles scandées en staccato, on me dit qu’elles sont insignifiantes, gros effets lumineux avec strobos, reverb et longues boucles partant en écho. De la musique à écouter sous MDMA. Mais ici on picole gentiment de la bière. La drogue y est si interdite que circule dans la foule des policiers avec un chien renifleur. Ce n’est pas en France qu’on oserait, on se heurterait à une telle multiplicité de procédures à gérer …
Le dernier groupe joue une musique aux accents étrangement aigres, avec une batterie agressive très rapide, peu de mélodie, un chant aigu et criard. Je n’ose pas dire que j’ai pensé à de la musique Oï. On saute beaucoup plus qu’on danse.
Je suis un peu bourré, c’est la règle ici et il faut se plier aux coutumes locales
C’est encore raté pour le parc naturel, nous sommes définitivement dans l’échec de réalisation de nos plans. L’histoire de ma vie !
Confiteor- Messages : 9195
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Confiteor- Messages : 9195
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Confiteor- Messages : 9195
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Re: Conte rendu d'errance
Ne lui fais rien de sexuel stp.
Je rigooooooole !
Belle rousse !
Je rigooooooole !
Belle rousse !
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
- Critique du film....:
Primo : un voyage commence lorsque l’on se perd
Secundo : il faut être capable de differencier : être égarer et être perdu
Je n ai pas assez de doigts latins : Etre perdu signifie ne plus émettre ou être maître
Invité- Invité
Re: Conte rendu d'errance
- Critique de la critique:
- Et à défaut d'être perdu, être père dodu, ça marche ?
fift- Messages : 8882
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Re: Conte rendu d'errance
Nolimit a écrit:
- Critique du film....:
Primo : un voyage commence lorsque l’on se perd
- Spoiler:
- Tu veux dire, dès qu'on naît ?
Invité- Invité
Confiteor- Messages : 9195
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Re: Conte rendu d'errance
Dis donc Confit', tant que tu es là-bas (Hongrie j'ai fait un mix avec les roms hongrois évoqués plus haut), tu n'as pas soudainement envie d'aller voir de l'autre côté de la frontière est ?
Dernière édition par fift le Mer 18 Aoû 2021 - 13:55, édité 1 fois
fift- Messages : 8882
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Re: Conte rendu d'errance
C'est un peu bizarre comme question, non ? Confit arpentant justement la Roumanie depuis un moment (genre le 20 juillet).
Topsy Turvy- Messages : 8367
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Re: Conte rendu d'errance
Non, justement : il est là-bas, pas de contrainte (a priori) exigeant un retour en France. L'envie d'aller voir plus loin doit le démanger (je suppose).
fift- Messages : 8882
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Re: Conte rendu d'errance
Ah, oui, ils en sont à l'apéro, en effet, mais direction frontières plutôt sud puis ouest sauf erreur (Bulgarie, Turquie, Grèce pour madame,...).
Topsy Turvy- Messages : 8367
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Re: Conte rendu d'errance
Je manque à toutes mes obligations ces jours.
Je m'y mets aujourd'hui promis !
1800 m vue à 360 ° lever de soleil.
Température 3 ou 4° dehors - parfaite dedans pour dormir dans un duvet - néanmoins rude pour aller pisser
J'aimerais aller vers le nord fift, mais c'est la guerre pour convaincre M.
J'en suis à utiliser l'argument on achètera 200 litres de diesel à 90 centimes au lieu de 1.15 euros ...
Je m'y mets aujourd'hui promis !
1800 m vue à 360 ° lever de soleil.
Température 3 ou 4° dehors - parfaite dedans pour dormir dans un duvet - néanmoins rude pour aller pisser
J'aimerais aller vers le nord fift, mais c'est la guerre pour convaincre M.
J'en suis à utiliser l'argument on achètera 200 litres de diesel à 90 centimes au lieu de 1.15 euros ...
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
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Re: Conte rendu d'errance
15-08
Dans ces cas-là le Doliprane est un ami fidèle.
Cette fois c’est certain nous atteindrons les Munte Apuseni dont on nous a dit tant de bien.
Nous rejoignons la route principale et avançons dans la vallée. Pas mal de circulation nous sommes le 15 août les églises sont pleines et semble-t-il on se retrouve en famille si j’en juge par l’affluence des piqueniques sur tous les terrains plats au bord de l’eau.
C’est une forte rivière, j’y pècherais volontiers si j’étais équipé et si je savais faire. On doit y trouver quelques truites. Apprendre à pêcher est un vague projet de très longue date, j’ai toujours eu des potes experts et j’ai beaucoup aimé les accompagner et admirer leur expertise.
La route n’est pas passionnante, c’est très répétitif, quelques rares fermes, beaucoup de résidences secondaires et tout autour une forêt dense.
Afin de rompre avec cette monotonie, je me bats avec la cartographie numérique pour trouver un itinéraire alternatif, l’idée est de monter sur le plateau au sud et de poursuivre en parallèle de la route principale dans des paysages qui doivent être comparables à ceux que nous avons tant aimé à Mogos.
La limite de MapsMe est de parfois indiquer avec le même code graphique de petites pistes fort fréquentables et de vagues sentiers piétons. Parfois la logique géographique interne donne des clés : ils ont nécessaireement besoin d’aller d’ici à là-bas, cette route est donc au moins vaguement carrossable. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et les tracés sont hasardeux, multiples et complexes à décoder.
Nous prenons le risque de devoir faire demi-tour, il n’est pas bien grand !
Quelques hameaux, la piste monte rudement, un panneau indique un commerce d’artisanat en bois et de palinka (alcool de fruit distillé dans des alambics familiaux). Obligatoire de le visiter. Une femme nous ouvre sa maison, elle assemble des languettes de bois passées par le goulot de petites bouteilles en verre afin d’y réaliser des croix orthodoxes pyrogravées puis remplit celles-ci de gnôle. Une version locale des trois mats montés dans des bouteilles qui me firent tant rêver durant mon enfance !
En contre-bas de piste s’étend une étrange étendue recouverte de sédiments grisâtres, avec quelques flaques d’eau boueuses. Par instants, on croit être à proximité d’un réservoir qui serait en phase de remplissage à d’autres, tout au contraire d’un lac de barrage en partie à sec, ce qui est antinomique ! Sur le GPS rien de précis si ce n’est une très vaste zone grise avec des tracés de pistes multiples montrant que le lieu est fort fréquenté et qu’on a souvent changé d’avis pour aller d’un point à un autre. Nous passons sous une sorte de grand viaduc en béton armé couvert de tags. C’est assez banal de trouver des constructions improbables inachevées en pleine nature. Les communistes voyaient tout en grand, parfois trop et souvent les projets avortaient.
Un peu largués dans le fouillis des pistes nous poursuivons par la route qui semble la plus fréquentée. Elle est parfois bordée de tuyaux métalliques de plus d’un mètre de diamètre rouillés et hors d’usage. Nous atteignons une digue qui est en travaux, quelques modestes engins de TP y stationnent, l’activité ne semble cependant pas fébrile. C’est du bricolage qui me laisse perplexe, on y trouve aussi divers matériels hydraulique dont je ne comprends pas la fonction.
Nous passons en contre-bas de la digue sur une piste cahoteuse et poursuivons notre chemin. Le lac à notre droite est désormais empli d’une eau à la couleur étrange, le bleu est un peu trop intense pour être le simple reflet du ciel. Quelques anciennes maisons traditionnelles en bois sont à moitié immergées, d’autres sont encore habitées, tout près de l’eau.
L’eau est désormais d’un vert intense et maléfique que la présence de la forêt ne justifie pas. Lorsque je le peux je descends du coteau jusqu’au bord. D’étranges pontons flottants sur des vieux fûts métalliques retiennent de très grosses conduites qui tantôt recueillent l’eau du lac pour la conduire vers une destination qui m’échappe, tantôt déverse une boue blanchâtre.
Nous avons roulé plus de 5 kilomètres au bord de cette étrange installation. Je me pose devant le GPS afin de tenter de comprendre de quoi il s’agit. Par chance le réseau 4G fonctionne plutôt bien.
Nous sommes au milieu d’un scandale environnemental majeur, les résidus toxiques des mines de Geamana.
Sans efforts M. trouve un article sur le web, j’aimerais que vous le lisiez afin de mesurer l’étendue du désastre, le silence affligeant de l’Europe et l’inaction totale, sans doute faute d’idée : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/grand-format-bienvenue-a-geamana-le-village-roumain-enseveli-au-fond-d-un-lac-poubelle_3472965.html
Les plus curieux d’entre vous taperons « Geamana » dans leur moteur de recherche préféré.
C’est très fort d’être tombé totalement par hasard sur le lieu !
Nous ne prenons pas le temps de lire précisément les infos, afin d’explorer et de découvrir par nous-mêmes. Quelques panneaux nous enjoignent de ne pas photographier et nous signale que l’accès est réservé aux personnes autorisées. Nous décidons que nous en sommes.
Au détour d’un virage le talus colossal des stériles toxiques dont les jus putrides emplissent le lac se découvre. C’est un coteau énorme de plusieurs centaines de mètres de hauteur qui recouvre la pente naturelle du terrain. Pas un brin de végétation. Une voiture immatriculée en Allemagne est stationnée au bord de la piste, nous parlons à son conducteur, mon allemand est plus que limité et le sien manifestement hésitant. C’est un travailleur émigré de fraiche date en vacances. Il nous indique comment rejoindre la mine par une pistes en lacets qui grimpe à l’assaut de la forte colline.
Nous passons à côté de la fameuse vue du clocher du village dont quelques mètres dépassent encore de la boue. Le niveau a sensiblement monté depuis la photo de l’article précédent.
Plus loin des canalisations en béton de deux mètres de hauteur en forme de U conduisent un eau désormais rouge intense au lac. L’odeur est détestable.
La montée est laborieuse nous passons devant une galerie de mine très ancienne. Elle a été creusée à la main, en témoigne les traces de pointerole. Je rentre et parcours quelques dizaine de mètres, dérangeant quelques familles de chauves-souris. J’aimerais aller plus loin, mais M. n’aime pas ce genre d’exploration. Seul, c’est flippant et pas très malin du point de vue sécurité.
En haut de la pente, un vaste plateau gravillonneux arrasé par les engins, quelques vieux chargeurs sur pneus énormes, des épaves rouillées. Un poil angoissant de circuler dans cette zone de près d’un kilomètre, zigzagant entre des tas énormes de sédiment, des flaques immenses dont certaines semble profondes. Le traces de roues d’engin partent en tout sens, je navigue pour traverser ce plateau. De très larges pistes en sortent, elles sont manifestement destinées à des engins géants. Je choisis celle qui me semble la plus fréquentée. Après quelques minutes dans cet environnement minéral désolé s’ouvre devant nous la mine à ciel ouvert. Elle est gigantesque. Plus d’un kilomètre de diamètre et plusieurs centaines de mètre de profondeur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_de_Ro%C8%99ia_Poieni
Le site est désert, je n’ai même pas franchi de barrière afin de l’atteindre et les panneaux en interdisant l’accès étaient rares et fort discrets. Dans la mine stationnent des excavatrices géantes qui semblent encore vaguement en état. La piste en zigzag qui descend au fond du cratère immense est marquée de traces récentes.
Je commence la descente. C’est une sensation très singulière, on est perdu dans une immensité hostile. La taille de l’objet auquel on est confronté dépasse ce qu’il est acceptable de contempler. A mes côtés M. proteste. Elle angoisse un max et ne veut pas aller plus loin. Je la laisse dans le Camion avec de la musique douce et poursuis à pied. Je me sens rapidement mal, la piste fait au moins 20 mètres de large, elle descend en lacet au milieu des escaliers de taille dont la hauteur est aussi d’un vingtaine de mètres. Je marche un bon quart d’heure avant de me rendre compte qu’il me faudrait plusieurs heures pour atteindre le fond. Dans mon esprit passent des images d’hommes armés en combinaisons noires venant nous féliciter pour notre incursion. Je me raisonne, nous sommes en Europe, au pire quelques heures de garde à vue et une amende. Dans le fond nous avons fait bien pire dans des pays moins compréhensifs …
Je remonte afin de prendre la voiture, je laisse M. seule dans les talus supérieurs. C’est très angoissant, un sentiment d’enfermement, de solitude oppressante extrême, l’absurde idée que tout pourrait s’effondrer sur soi, ou qu’on pourrait se perdre.
Je parviens à un croisement et je poursuis à droite, la piste remonte et atteint la sortie principale, elle est munie feux rouges, de caméras de vidéosurveillance, et de détecteurs de présence. Je fais rapidement demi-tour et je reprends ma descente par l’autre route. Je croise une dragline immense, son godet pourrait facilement contenir le Camion. Elle me semble hostile, malfaisante. Ces tonnes de métal jaune un peu rouillé semblent m’observer et m’attendre au tournant. L’énorme câble d’alimentation électrique traîne au sol, il ne semble pas au mieux de sa forme, j’évite de m’en approcher. Sur les bords de l’escalier immense de la mine des failles laissent penser que le talus pourrait s’effondrer. J’aimerais être plus courageux et oser monter à bord de l’engin. Il suffirait de gravir un long escalier métallique entrecoupé de paliers en tôle déployée pour atteindre la cabine de pilotage. L’idée même de contempler la mine depuis le petit balcon qui y conduit me remplit d’un vertige insensé.
Je reprends la descente en Camion évitant de m’approcher du front de taille.
Le fond du cratère accueille un petit lac d’un bleu maléfique, sur sa rive une autre excavatrice encore plus immense. J’y suis presque. Lorsque je regarde vers le haut, l’immensité de ces dizaines de marches d’escaliers géantes au-dessus de moi est menaçante.
Je prends le prétexte de M. à qui j’ai promis un attente raisonnable pour remonter. Il me restait quelques centaines de mètres à parcourir, je n’en ai pas eu le courage.
Décidément, j’ai mal vieilli, je me suis connu plus audacieux !
J’ai souvenir, qu’on me traita ici-même de « petite bite ». Pas si faux
M. a été contente de me voir arriver, elle n’a pas traîné pour remonter dans la voiture, on a un peu merdé pour retrouver la piste de descente dans la vallée au milieu du labyrinthe du plateau supérieur. Il nous a longuement fallu longer le lac qui mesure près de 6 km de longueur pour rejoindre la piste qui devait nous conduire en altitude à ce que j’espérais être une charmante balade au milieu de l’agropastoralisme. Tout au long, il subsiste des fermes, avec parfois des jardins au bord de l’eau, des prés pâturés couverts de bouses et même une étable en bois encore en usage et dont une partie a les pieds dans l’eau.
On ne vante pas assez la Roumanie pour ses fromages et ses légumes fermiers.
Nous restons dans un étrange mélange d’émotion et de stupeur. Il est si singulier d’avoir découvert le site fortuitement !
La piste qui monte est de plus en plus mauvaise. les traces montrent qu’elle n’est plus parcourue que par des tracteurs. Nous devons faire demi-tour, longer à nouveau le lac. Je trouve une route qui rejoint plus rapidement la vallée. Elle longe un ruisseau aux eaux méchamment colorées, il se jette dans la rivière à truite.
Je regrette moins de ne pas savoir pêcher.
Un peu de route goudronnée à la recherche d’un bivouac calme. Une vallée part vers le sud, elle a été dévastée par une crue immense du torrent, des maisons en bois sont posées sens dessus dessous, des engins sont encore au travail afin de dégager les gravats. J’apprendrai le lendemain que le désastre a eu lieu moins d’un mois auparavant que par miracle il n’a pas fait de victimes l’eau est montée de quatre mètres en moins de quinze minutes.
Pas très charmant pour la nuit. Nous montons vers un village sur le coteau à la recherche d’un terrain plat. Un petit lac est indiqué sur la carte, ce sera plaisant. Nous y trouvons une tribu de Gitans ivres autour de kilos de viande grillée. Certains titubent, d’autres se chamaillent, les meilleurs esquissent quelques pas de danse hésitants au son d’un accordéon et d’un violon. Pas ce soir …
Nous les aurions pourtant volontiers aidé à balancer cannettes vides et sacs plastiques dans la mare …
Nous parcourons le coteau d’en face, tous les espaces plats sont habités et les prés fauchés sont clos afin de préserver les meules de foin qui y sont disposées de l’appétit des vaches errantes. La tombée de la nuit approche et nous arrivons enfin au sommet, un petit plateau tranquille.
J’admire une gamine qui rentre les vaches à l’étable pour la traite. Elle monte à cru un cheval, une simple bride à la main, lorsqu’elle passe près de nous elle part au galop sur quelques dizaine de mètres afin de mieux nous montrer sa maîtrise
Nous n’aurons encore pas vu les Monte Apuseni aujourd’hui !
(décidément je ne sais pas faire bref pourtant si on résume :
On est arrivé par hasard au bord d'une mine et de ses déchets toxiques déversés dans un lac. Comme tous les soirs on a dormi dans la campagne)
En vrai, jetez un oeil à l'histoire de Gemana, c'est intéressant.
Dans ces cas-là le Doliprane est un ami fidèle.
Cette fois c’est certain nous atteindrons les Munte Apuseni dont on nous a dit tant de bien.
Nous rejoignons la route principale et avançons dans la vallée. Pas mal de circulation nous sommes le 15 août les églises sont pleines et semble-t-il on se retrouve en famille si j’en juge par l’affluence des piqueniques sur tous les terrains plats au bord de l’eau.
C’est une forte rivière, j’y pècherais volontiers si j’étais équipé et si je savais faire. On doit y trouver quelques truites. Apprendre à pêcher est un vague projet de très longue date, j’ai toujours eu des potes experts et j’ai beaucoup aimé les accompagner et admirer leur expertise.
La route n’est pas passionnante, c’est très répétitif, quelques rares fermes, beaucoup de résidences secondaires et tout autour une forêt dense.
Afin de rompre avec cette monotonie, je me bats avec la cartographie numérique pour trouver un itinéraire alternatif, l’idée est de monter sur le plateau au sud et de poursuivre en parallèle de la route principale dans des paysages qui doivent être comparables à ceux que nous avons tant aimé à Mogos.
La limite de MapsMe est de parfois indiquer avec le même code graphique de petites pistes fort fréquentables et de vagues sentiers piétons. Parfois la logique géographique interne donne des clés : ils ont nécessaireement besoin d’aller d’ici à là-bas, cette route est donc au moins vaguement carrossable. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et les tracés sont hasardeux, multiples et complexes à décoder.
Nous prenons le risque de devoir faire demi-tour, il n’est pas bien grand !
Quelques hameaux, la piste monte rudement, un panneau indique un commerce d’artisanat en bois et de palinka (alcool de fruit distillé dans des alambics familiaux). Obligatoire de le visiter. Une femme nous ouvre sa maison, elle assemble des languettes de bois passées par le goulot de petites bouteilles en verre afin d’y réaliser des croix orthodoxes pyrogravées puis remplit celles-ci de gnôle. Une version locale des trois mats montés dans des bouteilles qui me firent tant rêver durant mon enfance !
En contre-bas de piste s’étend une étrange étendue recouverte de sédiments grisâtres, avec quelques flaques d’eau boueuses. Par instants, on croit être à proximité d’un réservoir qui serait en phase de remplissage à d’autres, tout au contraire d’un lac de barrage en partie à sec, ce qui est antinomique ! Sur le GPS rien de précis si ce n’est une très vaste zone grise avec des tracés de pistes multiples montrant que le lieu est fort fréquenté et qu’on a souvent changé d’avis pour aller d’un point à un autre. Nous passons sous une sorte de grand viaduc en béton armé couvert de tags. C’est assez banal de trouver des constructions improbables inachevées en pleine nature. Les communistes voyaient tout en grand, parfois trop et souvent les projets avortaient.
Un peu largués dans le fouillis des pistes nous poursuivons par la route qui semble la plus fréquentée. Elle est parfois bordée de tuyaux métalliques de plus d’un mètre de diamètre rouillés et hors d’usage. Nous atteignons une digue qui est en travaux, quelques modestes engins de TP y stationnent, l’activité ne semble cependant pas fébrile. C’est du bricolage qui me laisse perplexe, on y trouve aussi divers matériels hydraulique dont je ne comprends pas la fonction.
Nous passons en contre-bas de la digue sur une piste cahoteuse et poursuivons notre chemin. Le lac à notre droite est désormais empli d’une eau à la couleur étrange, le bleu est un peu trop intense pour être le simple reflet du ciel. Quelques anciennes maisons traditionnelles en bois sont à moitié immergées, d’autres sont encore habitées, tout près de l’eau.
L’eau est désormais d’un vert intense et maléfique que la présence de la forêt ne justifie pas. Lorsque je le peux je descends du coteau jusqu’au bord. D’étranges pontons flottants sur des vieux fûts métalliques retiennent de très grosses conduites qui tantôt recueillent l’eau du lac pour la conduire vers une destination qui m’échappe, tantôt déverse une boue blanchâtre.
Nous avons roulé plus de 5 kilomètres au bord de cette étrange installation. Je me pose devant le GPS afin de tenter de comprendre de quoi il s’agit. Par chance le réseau 4G fonctionne plutôt bien.
Nous sommes au milieu d’un scandale environnemental majeur, les résidus toxiques des mines de Geamana.
Sans efforts M. trouve un article sur le web, j’aimerais que vous le lisiez afin de mesurer l’étendue du désastre, le silence affligeant de l’Europe et l’inaction totale, sans doute faute d’idée : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/grand-format-bienvenue-a-geamana-le-village-roumain-enseveli-au-fond-d-un-lac-poubelle_3472965.html
Les plus curieux d’entre vous taperons « Geamana » dans leur moteur de recherche préféré.
C’est très fort d’être tombé totalement par hasard sur le lieu !
Nous ne prenons pas le temps de lire précisément les infos, afin d’explorer et de découvrir par nous-mêmes. Quelques panneaux nous enjoignent de ne pas photographier et nous signale que l’accès est réservé aux personnes autorisées. Nous décidons que nous en sommes.
Au détour d’un virage le talus colossal des stériles toxiques dont les jus putrides emplissent le lac se découvre. C’est un coteau énorme de plusieurs centaines de mètres de hauteur qui recouvre la pente naturelle du terrain. Pas un brin de végétation. Une voiture immatriculée en Allemagne est stationnée au bord de la piste, nous parlons à son conducteur, mon allemand est plus que limité et le sien manifestement hésitant. C’est un travailleur émigré de fraiche date en vacances. Il nous indique comment rejoindre la mine par une pistes en lacets qui grimpe à l’assaut de la forte colline.
Nous passons à côté de la fameuse vue du clocher du village dont quelques mètres dépassent encore de la boue. Le niveau a sensiblement monté depuis la photo de l’article précédent.
Plus loin des canalisations en béton de deux mètres de hauteur en forme de U conduisent un eau désormais rouge intense au lac. L’odeur est détestable.
La montée est laborieuse nous passons devant une galerie de mine très ancienne. Elle a été creusée à la main, en témoigne les traces de pointerole. Je rentre et parcours quelques dizaine de mètres, dérangeant quelques familles de chauves-souris. J’aimerais aller plus loin, mais M. n’aime pas ce genre d’exploration. Seul, c’est flippant et pas très malin du point de vue sécurité.
En haut de la pente, un vaste plateau gravillonneux arrasé par les engins, quelques vieux chargeurs sur pneus énormes, des épaves rouillées. Un poil angoissant de circuler dans cette zone de près d’un kilomètre, zigzagant entre des tas énormes de sédiment, des flaques immenses dont certaines semble profondes. Le traces de roues d’engin partent en tout sens, je navigue pour traverser ce plateau. De très larges pistes en sortent, elles sont manifestement destinées à des engins géants. Je choisis celle qui me semble la plus fréquentée. Après quelques minutes dans cet environnement minéral désolé s’ouvre devant nous la mine à ciel ouvert. Elle est gigantesque. Plus d’un kilomètre de diamètre et plusieurs centaines de mètre de profondeur.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_de_Ro%C8%99ia_Poieni
Le site est désert, je n’ai même pas franchi de barrière afin de l’atteindre et les panneaux en interdisant l’accès étaient rares et fort discrets. Dans la mine stationnent des excavatrices géantes qui semblent encore vaguement en état. La piste en zigzag qui descend au fond du cratère immense est marquée de traces récentes.
Je commence la descente. C’est une sensation très singulière, on est perdu dans une immensité hostile. La taille de l’objet auquel on est confronté dépasse ce qu’il est acceptable de contempler. A mes côtés M. proteste. Elle angoisse un max et ne veut pas aller plus loin. Je la laisse dans le Camion avec de la musique douce et poursuis à pied. Je me sens rapidement mal, la piste fait au moins 20 mètres de large, elle descend en lacet au milieu des escaliers de taille dont la hauteur est aussi d’un vingtaine de mètres. Je marche un bon quart d’heure avant de me rendre compte qu’il me faudrait plusieurs heures pour atteindre le fond. Dans mon esprit passent des images d’hommes armés en combinaisons noires venant nous féliciter pour notre incursion. Je me raisonne, nous sommes en Europe, au pire quelques heures de garde à vue et une amende. Dans le fond nous avons fait bien pire dans des pays moins compréhensifs …
Je remonte afin de prendre la voiture, je laisse M. seule dans les talus supérieurs. C’est très angoissant, un sentiment d’enfermement, de solitude oppressante extrême, l’absurde idée que tout pourrait s’effondrer sur soi, ou qu’on pourrait se perdre.
Je parviens à un croisement et je poursuis à droite, la piste remonte et atteint la sortie principale, elle est munie feux rouges, de caméras de vidéosurveillance, et de détecteurs de présence. Je fais rapidement demi-tour et je reprends ma descente par l’autre route. Je croise une dragline immense, son godet pourrait facilement contenir le Camion. Elle me semble hostile, malfaisante. Ces tonnes de métal jaune un peu rouillé semblent m’observer et m’attendre au tournant. L’énorme câble d’alimentation électrique traîne au sol, il ne semble pas au mieux de sa forme, j’évite de m’en approcher. Sur les bords de l’escalier immense de la mine des failles laissent penser que le talus pourrait s’effondrer. J’aimerais être plus courageux et oser monter à bord de l’engin. Il suffirait de gravir un long escalier métallique entrecoupé de paliers en tôle déployée pour atteindre la cabine de pilotage. L’idée même de contempler la mine depuis le petit balcon qui y conduit me remplit d’un vertige insensé.
Je reprends la descente en Camion évitant de m’approcher du front de taille.
Le fond du cratère accueille un petit lac d’un bleu maléfique, sur sa rive une autre excavatrice encore plus immense. J’y suis presque. Lorsque je regarde vers le haut, l’immensité de ces dizaines de marches d’escaliers géantes au-dessus de moi est menaçante.
Je prends le prétexte de M. à qui j’ai promis un attente raisonnable pour remonter. Il me restait quelques centaines de mètres à parcourir, je n’en ai pas eu le courage.
Décidément, j’ai mal vieilli, je me suis connu plus audacieux !
J’ai souvenir, qu’on me traita ici-même de « petite bite ». Pas si faux
M. a été contente de me voir arriver, elle n’a pas traîné pour remonter dans la voiture, on a un peu merdé pour retrouver la piste de descente dans la vallée au milieu du labyrinthe du plateau supérieur. Il nous a longuement fallu longer le lac qui mesure près de 6 km de longueur pour rejoindre la piste qui devait nous conduire en altitude à ce que j’espérais être une charmante balade au milieu de l’agropastoralisme. Tout au long, il subsiste des fermes, avec parfois des jardins au bord de l’eau, des prés pâturés couverts de bouses et même une étable en bois encore en usage et dont une partie a les pieds dans l’eau.
On ne vante pas assez la Roumanie pour ses fromages et ses légumes fermiers.
Nous restons dans un étrange mélange d’émotion et de stupeur. Il est si singulier d’avoir découvert le site fortuitement !
La piste qui monte est de plus en plus mauvaise. les traces montrent qu’elle n’est plus parcourue que par des tracteurs. Nous devons faire demi-tour, longer à nouveau le lac. Je trouve une route qui rejoint plus rapidement la vallée. Elle longe un ruisseau aux eaux méchamment colorées, il se jette dans la rivière à truite.
Je regrette moins de ne pas savoir pêcher.
Un peu de route goudronnée à la recherche d’un bivouac calme. Une vallée part vers le sud, elle a été dévastée par une crue immense du torrent, des maisons en bois sont posées sens dessus dessous, des engins sont encore au travail afin de dégager les gravats. J’apprendrai le lendemain que le désastre a eu lieu moins d’un mois auparavant que par miracle il n’a pas fait de victimes l’eau est montée de quatre mètres en moins de quinze minutes.
Pas très charmant pour la nuit. Nous montons vers un village sur le coteau à la recherche d’un terrain plat. Un petit lac est indiqué sur la carte, ce sera plaisant. Nous y trouvons une tribu de Gitans ivres autour de kilos de viande grillée. Certains titubent, d’autres se chamaillent, les meilleurs esquissent quelques pas de danse hésitants au son d’un accordéon et d’un violon. Pas ce soir …
Nous les aurions pourtant volontiers aidé à balancer cannettes vides et sacs plastiques dans la mare …
Nous parcourons le coteau d’en face, tous les espaces plats sont habités et les prés fauchés sont clos afin de préserver les meules de foin qui y sont disposées de l’appétit des vaches errantes. La tombée de la nuit approche et nous arrivons enfin au sommet, un petit plateau tranquille.
J’admire une gamine qui rentre les vaches à l’étable pour la traite. Elle monte à cru un cheval, une simple bride à la main, lorsqu’elle passe près de nous elle part au galop sur quelques dizaine de mètres afin de mieux nous montrer sa maîtrise
Nous n’aurons encore pas vu les Monte Apuseni aujourd’hui !
(décidément je ne sais pas faire bref pourtant si on résume :
On est arrivé par hasard au bord d'une mine et de ses déchets toxiques déversés dans un lac. Comme tous les soirs on a dormi dans la campagne)
En vrai, jetez un oeil à l'histoire de Gemana, c'est intéressant.
Confiteor- Messages : 9195
Date d'inscription : 01/04/2017
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