ELLE ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
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ELLE ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
L'Autre, c'est ELLE !
Tout a commencé par un événement dramatique : ma môman, nonagénaire d'ici deux ans, a fait un infarctus. Coronaires bouchés.
Alors, de la réa vers les soins intensifs puis la pose de stents et enfin la mise en convalo, le pépère se sentait pris au piège d'évènements qu'il ne maîtrisait pas.
D'autant que ledit pépère cherchait son âme sœur.
Et puis, l'inattendu s'est produit. Comme s'il avait fallu qu'un presque drame se produise pour qu'il en sorte un miracle...
Il y avait longtemps que je voulais aimer. Et être aimé.
Mais l'amour se commande-t'il ?
On peut toujours laisser une place en soi, place libre pour celle qui voudra bien l'occuper. Mais on n'est jamais seul à décider, pour autant que cela se décide, car c'est plutôt de se laisser emporter qu'il faut prendre le parti.
Quand je l'ai rencontrée, j'avais encore des bouts de laine qui sortaient des oreilles et du nez. Je n'étais pas frileux, bien au contraire, mais après beaucoup de déceptions et désillusions, j'avais pris l'habitude de sortir couvert à la rencontre de ''L'Autre''.
Pourtant, pour ce jour là qui s'annonçait impromptu, inattendu, peut-être même inespéré, j'avais fait l'effort d'ôter tous mes tricots et chandails, de me présenter comme nu. Je me souviens l'avoir prévenue six heures avant notre rencontre : ''je laisserai tomber toute barrière''.
Alors si des lambeaux protecteurs subsistaient aux bords de mes cages à air ou à musique, ils n'étaient vraiment là que pour montrer que je pouvais être fragile au point de vouloir me protéger la plupart du temps. C'était vraiment leur seule utilité.
C'est le grand vent du sentiment qui a envoyé ces restes d'artifices aux oubliettes.
J'avais ressenti avant de la connaître un questionnement de sa part. Après de dures épreuves, une fois que la tristesse et la douleur du deuil laissent la place à la nostalgie et au souvenir vibrant, avait-elle la possibilité de retrouver la sérénité, ou au moins quelque chose qui y ressemble ?
Pouvait-elle retomber dans des bras, sinon aimants du moins suffisamment amis pour n'avoir pas à comparer des situations ou des façons de vivre différentes, des hommes différents ?
Cette tentation bien humaine et naturelle de comparer et que l'on repousse souvent avec force parce qu'elle choque notre sens moral ne serait-elle pas finalement présente ?
Elle qui avait connu l'excellence pourrait-elle se contenter d'un obscur écrivaillon oeuvrant souvent dans l'ombre et qui, au delà de la chaleur du cœur et du corps, voulait aussi rencontrer un esprit avec qui communier en toute quiétude ?
Avec des questions pareilles, j'aurais pu, en temps normal, courir à l'échec quasiment programmé.
Le zèbre est ainsi fait qu'il s'interroge sur ses propres doutes, mais aussi sur ceux des autres, et parfois ça désarme sa spontanéité à laquelle il est pourtant prédisposé.
En arrivant dans sa rue, toutes ces interrogations étaient encore miennes. J'étais confiant, et pourtant il y avait une part d'incertitude en moi.
De mes soixante-quatre printemps avant ''ELLE'', il me reste aussi des hivers du cœur rigoureux, des étés du corps flamboyants, et des automnes de l'âme symphoniques. Alors, quand je me suis garé, je me suis lancé un ''à Dieu vat !'' pétri de stoïcisme. Celui de la vie qui s'est écoulée jusque là et qui a creusé son lit jusque dans chacune de tes cellules.
Et puis elle est arrivée. Jusqu'à moi, qui déchargeais les nourritures terrestres... En un seul croisement de regards, des mots de Gide me sont montés au souvenir, je les ai chassés. Car si elle était belle, elle n'était pas que cela.
Je ne me souviens pas l'avoir serrée très fort dans mes bras, c'est elle qui me l'a dit beaucoup plus tard, je me souviens juste qu'effectivement nous nous sommes approchés pour un chaste baiser.
J'ai tourné la tête plus que nécessaire pour ne pas risquer d'effleurer ses lèvres que je devinais déjà consentantes. Mon cœur faisait le con et je feignais d'être presqu'indifférent à l'ambiance qui s'annonçait.
Elle m'a aidé à monter les paquets et les affaires que j'amenais.
Nous avons tout posé dans l'entrée, et comme je commençais à déballer maladroitement, elle m'a fait tourner doucement sur moi et s'est emparée de ma bouche avec une douceur extrème qui ne pouvait rien faire d'autre que finir de me chavirer.
Il a fallu une bonne dose d'abnégation pour ne pas céder de suite aux attentes du désir. Mais il y avait en nous un tel besoin de tendresse et de se sentir reçu par ''L'Autre'' que ce fut presque une partie de plaisir que d'y résister.
Du temps s'est écoulé depuis.
L'amour est là, oh que oui, toutes les bases semblent être bonnes pour construire quelque chose de vaillant et prometteur. Même si nous n'étions en fait que de simples sexagénaires en attente de ''L'Autre'', nous sommes en partance. Pour où, pour combien de temps, nous ne le savons. Nous avons passé l'âge des serments d'éternité, les toujours et les jamais ne font guère partie de notre vocabulaire, et les plans à long terme se mesurent essentiellement en quelques mois. Autant dire qu'ils n'existent pratiquement pas.
C'est bien ainsi, nous vivons notre amour comme nous le pouvons.
Tout en ayant conscience de nos différences et de celles qui peuvent poser problème pour la suite.
Mais pour l'instant, nous surmontons tout. Comme de jeunes convolés trentenaires et insouciants.
Puisse tout cela perdurer longtemps, longtemps.
En fait, et malgré toutes les difficultés qui nous cernent, puissions-nous continuer à être heureux, c'est tout ce que nous demandons.
Tout a commencé par un événement dramatique : ma môman, nonagénaire d'ici deux ans, a fait un infarctus. Coronaires bouchés.
Alors, de la réa vers les soins intensifs puis la pose de stents et enfin la mise en convalo, le pépère se sentait pris au piège d'évènements qu'il ne maîtrisait pas.
D'autant que ledit pépère cherchait son âme sœur.
Et puis, l'inattendu s'est produit. Comme s'il avait fallu qu'un presque drame se produise pour qu'il en sorte un miracle...
Il y avait longtemps que je voulais aimer. Et être aimé.
Mais l'amour se commande-t'il ?
On peut toujours laisser une place en soi, place libre pour celle qui voudra bien l'occuper. Mais on n'est jamais seul à décider, pour autant que cela se décide, car c'est plutôt de se laisser emporter qu'il faut prendre le parti.
Quand je l'ai rencontrée, j'avais encore des bouts de laine qui sortaient des oreilles et du nez. Je n'étais pas frileux, bien au contraire, mais après beaucoup de déceptions et désillusions, j'avais pris l'habitude de sortir couvert à la rencontre de ''L'Autre''.
Pourtant, pour ce jour là qui s'annonçait impromptu, inattendu, peut-être même inespéré, j'avais fait l'effort d'ôter tous mes tricots et chandails, de me présenter comme nu. Je me souviens l'avoir prévenue six heures avant notre rencontre : ''je laisserai tomber toute barrière''.
Alors si des lambeaux protecteurs subsistaient aux bords de mes cages à air ou à musique, ils n'étaient vraiment là que pour montrer que je pouvais être fragile au point de vouloir me protéger la plupart du temps. C'était vraiment leur seule utilité.
C'est le grand vent du sentiment qui a envoyé ces restes d'artifices aux oubliettes.
J'avais ressenti avant de la connaître un questionnement de sa part. Après de dures épreuves, une fois que la tristesse et la douleur du deuil laissent la place à la nostalgie et au souvenir vibrant, avait-elle la possibilité de retrouver la sérénité, ou au moins quelque chose qui y ressemble ?
Pouvait-elle retomber dans des bras, sinon aimants du moins suffisamment amis pour n'avoir pas à comparer des situations ou des façons de vivre différentes, des hommes différents ?
Cette tentation bien humaine et naturelle de comparer et que l'on repousse souvent avec force parce qu'elle choque notre sens moral ne serait-elle pas finalement présente ?
Elle qui avait connu l'excellence pourrait-elle se contenter d'un obscur écrivaillon oeuvrant souvent dans l'ombre et qui, au delà de la chaleur du cœur et du corps, voulait aussi rencontrer un esprit avec qui communier en toute quiétude ?
Avec des questions pareilles, j'aurais pu, en temps normal, courir à l'échec quasiment programmé.
Le zèbre est ainsi fait qu'il s'interroge sur ses propres doutes, mais aussi sur ceux des autres, et parfois ça désarme sa spontanéité à laquelle il est pourtant prédisposé.
En arrivant dans sa rue, toutes ces interrogations étaient encore miennes. J'étais confiant, et pourtant il y avait une part d'incertitude en moi.
De mes soixante-quatre printemps avant ''ELLE'', il me reste aussi des hivers du cœur rigoureux, des étés du corps flamboyants, et des automnes de l'âme symphoniques. Alors, quand je me suis garé, je me suis lancé un ''à Dieu vat !'' pétri de stoïcisme. Celui de la vie qui s'est écoulée jusque là et qui a creusé son lit jusque dans chacune de tes cellules.
Et puis elle est arrivée. Jusqu'à moi, qui déchargeais les nourritures terrestres... En un seul croisement de regards, des mots de Gide me sont montés au souvenir, je les ai chassés. Car si elle était belle, elle n'était pas que cela.
Je ne me souviens pas l'avoir serrée très fort dans mes bras, c'est elle qui me l'a dit beaucoup plus tard, je me souviens juste qu'effectivement nous nous sommes approchés pour un chaste baiser.
J'ai tourné la tête plus que nécessaire pour ne pas risquer d'effleurer ses lèvres que je devinais déjà consentantes. Mon cœur faisait le con et je feignais d'être presqu'indifférent à l'ambiance qui s'annonçait.
Elle m'a aidé à monter les paquets et les affaires que j'amenais.
Nous avons tout posé dans l'entrée, et comme je commençais à déballer maladroitement, elle m'a fait tourner doucement sur moi et s'est emparée de ma bouche avec une douceur extrème qui ne pouvait rien faire d'autre que finir de me chavirer.
Il a fallu une bonne dose d'abnégation pour ne pas céder de suite aux attentes du désir. Mais il y avait en nous un tel besoin de tendresse et de se sentir reçu par ''L'Autre'' que ce fut presque une partie de plaisir que d'y résister.
Du temps s'est écoulé depuis.
L'amour est là, oh que oui, toutes les bases semblent être bonnes pour construire quelque chose de vaillant et prometteur. Même si nous n'étions en fait que de simples sexagénaires en attente de ''L'Autre'', nous sommes en partance. Pour où, pour combien de temps, nous ne le savons. Nous avons passé l'âge des serments d'éternité, les toujours et les jamais ne font guère partie de notre vocabulaire, et les plans à long terme se mesurent essentiellement en quelques mois. Autant dire qu'ils n'existent pratiquement pas.
C'est bien ainsi, nous vivons notre amour comme nous le pouvons.
Tout en ayant conscience de nos différences et de celles qui peuvent poser problème pour la suite.
Mais pour l'instant, nous surmontons tout. Comme de jeunes convolés trentenaires et insouciants.
Puisse tout cela perdurer longtemps, longtemps.
En fait, et malgré toutes les difficultés qui nous cernent, puissions-nous continuer à être heureux, c'est tout ce que nous demandons.
Mentounasc- Messages : 2284
Date d'inscription : 16/01/2019
Age : 68
Localisation : Autour de Monaco
Re: ELLE ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
Eh bien, merci pour ce partage !
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
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