cette culpabilité qui me ronge

salut tout le monde !

Je poste ce message parce que je ne pense pas en avoir vu de similaire sur ce forum et j'aimerais bien savoir si certains d'entre vous ressente la même chose que moi...

Mais qu'est ce que je ressens me direz vous ? et bien beaucoup de choses évidemment, mais ce soir j'aimerais me concentrer sur la culpabilité.
J'ai 20 ans et j'ai l'impression d'avoir passé (presque) chaque instant de ma vie à culpabiliser d'une chose ou d'une autre... comme si le poids du monde entier reposais sur mes épaules. Je culpabilise pour tout, tout le temps. ça va de la misère des gens dans la rue que je n'aide pas forcément, à culpabiliser de ne pas prendre de nouvelles d'ancien amis un peu perdus de vue...
Mais cet aspect là est encore contrôlable et pas trop handicapant.

Ce qui me gêne beaucoup c'est cette culpabilité que je ressens presque à chaque fois que je dois faire un choix, une culpabilité qui s'exprime surtout vis à vis de mes proches. Chaque fois que je fais face à une situation, c'est comme si j'analysais toutes les issues possibles, toutes les conséquences qui découleraient de mes différents choix. Je ne peux pas m'empêcher de penser à ces conséquences, très souvent mauvaises, et donc ma vie devient très difficile car j'ai toujours l'impression de ne pas faire/ avoir fait ce qu'il fallait.
Pour vous donner un exemple: un cousin était de passage dans ma ville et dormait chez moi pour quelques jours. On avait prévu d'aller manger chez mon frère un soir dans la semaine. Le jour même, dans la matinée, je reçois un message de mon frère pour me dire qu'il annulait le repas parce qu'il était fatigué. et quelques minutes plus tard, un autre message de mon cousin me demandant à quelle heure on se rejoignait pour le repas... Et là j'ai été incapable de répondre a qui que ce soit. je savais que mon cousin aurait été heureux que le repas se fasse, et je ne voulais donc pas le décevoir en lui disant que c'était annulé. Et de l'autre côté je ne pouvais pas en vouloir à mon frère d'être fatigué bien évidemment. En soit cette histoire est banale, ce qui me dérange c'est que j'ai culpabilisé de cette situation, je me suis sentie coupable vis à vis de mon cousin que mon frère annule, alors que ?? clairement je n'y étais pour rien...
et c'est le même genre de scénario beaucoup trop régulièrement.
Un autre exemple, j'ai 2 amis très proches qui étaient en couple et se sont séparés il y a quelques mois. Et je me suis sentie coupable de leur séparation... Sans AUCUNES raisons... c'est comme si j'avais l'impression que j'aurais pu faire quelque chose pour sauver leur couple mais je ne l'ai pas fait alors je m'en voulais...Alors que non, je ne vois pas du tout ce que j'aurais pu faire.

D'ailleurs ça m'emmène encore sur un autre sujet plus général. En fait j'ai l'impression de très souvent pouvoir "prédire" si une situation va mal se terminer. Parfois j'ai un pressentiment, voir une conviction qui me dit "voilà ce qu'il va se passer, et ça ne sera pas bien". Mais je ne sais pas, une grande partie de moi se dit "mais non tu te fais des films, ça ne va pas se finir comme ça". Et puis si, ça finit comme ça. Alors encore une fois je m'en veux, je me dis que je connaissais l'issu à l'avance mais je n'ai rien fais pour l'empêcher. Culpabilité.

et enfin un dernier aspect. Comme vous tous je pense, je suis capable de lire les gens et de déchiffrer leur émotions et leurs états d'esprit sans vraiment le vouloir (pas toujours cool). ça veut notamment dire que je suis capable de savoir facilement quand quelqu'un de mon entourage ne va pas bien. Je suis même presque capable de dire de quoi cette personne à besoin (un câlin, une oreille attentive, un conseil, de la solitude...). Sauf que très souvent je n'ose pas forcément aider cette personne qui n'a pas demandé mon aide et ne m'a pas explicitement montré qu'elle avait besoin de moi. Donc je ne fais rien, et je culpabilise de ne rien faire alors que je SAIS que même si elle ne m' a rien demandé, elle en avait besoin (car ce n'est pas toujours facile de demander de l'aider évidemment).

enfin bref désolée, ça fait un long pavé...j'espère que c'est à peu près clair.
Tout ça pour vous dire que je ressens beaucoup trop de culpabilité pour mon p'tit corps, comme si j'étais responsable de toutes les actions de tous le monde et qu'il était de mon devoir de rendre tout le monde plus heureux.

Hello Baguette (ça c'est un joli pseudo )

Alors je vais répondre sur la culpabilité surtout, parce que j'ai réussi à m'en débarrasser, ou presque.

La culpabilité permanente c'est le regard des autres. Ou en tout cas notre peur du regard des autres. Peur de pas faire bien, peur de décevoir, peur d'entendre qu'on est pas une belle personne, peur de se faire rejeter à cause d'un truc qu'on à mal fait, peur de blesser quelqu'un (parce que ça voudrait dire qu'on a été méchant), etc...

Alors big new :on peut être gentil et blesser quelqu'un. On peut blesser quelqu'un et qu'il nous pardonne. Quelqu'un peut ne pas nous pardonner quelque chose qu'on n'a pas fait.

Bref les sentiments des autres appartiennent à eux-même. On ne peut/dois pas régir sa propre vie en fonction de cela, sinon elle ne nous appartient plus, et nous ne sommes pas nous même.

Pour quitter la culpabilité je te conseille de te demander qui tu es qui tu veux être. Est-ce que tu veux être une personne indépendante par exemple. Est-ce que tu veux être une personne douce avec les autres. Et puis ce sera ton fil directeur. Et puis soit douce avec toi -même aussi ( SURTOUT d'ailleurs).

Pardonne toi. Pardonne aux autres. Personne n'est parfait. On peut être blessé par quelques chose dont on n'a pas toutes les cartes en mains. C'est la vie et elle est belle ainsi.

Pour ton frère et ton cousin, c'est sur que l'idéal aurait été de manger ensemble. Lorsque ton frère vous plante tu n'es pas responsable. Néanmoins la solution (pour une autre fois) serait de te connecter à ton ventre et à ton coeur à ce moment là pour te demander ce que tu veux vraiment au font de toi (dans les trucs encore possible à ce moment là). Si c'est toi aussi rester tranquille chez toi, alors tu reportes. Si c'est retrouver quand même ton cousin, pour boire un verre ou manger un bout, alors tu l'invites à ce changement de programme. Si tu te sent mal d'annuler, alors tu demande à ton frère d'informer ton cousin (puisque c'est lui qui est fatigué). Tu n'es pas en charge du monde, et je te conseil d'être en charge de toi-même plutôt ; c'est déjà un boulot à plein temps.

Pour l'intuition... oui, c'est sur que je l'ai. C'est terrible parfois de voir le mur approcher vitesse grand V. Voila ce que j'en pense aujourd'hui : une fois qu'on a prévenu intelligemment et doucement tout le monde concerné, on ne peut pas faire plus. On ne peut pas obliger qui que ce soit à nous croire ou à agir en conséquence de nos prédictions. Donc... on attends... et on se prépare.

J'espère t'avoir apporté de l'eau à ton moulin. En tout cas, même si je ne vis lus avec la culpabilité permanente, il m'arrive de faire des trucs auxquelles je ne tiens pas vraiment "pour ne pas culpabiliser ensuite" de ne pas les avoir faites.

Beau messages, et belles réponses.

La culpabilité, c'est le poids des autres. Celui qui ne t'appartient pas.
Tu as une sensibilité exacerbée, à fleur de peau. Tu peux donc avoir l'impression de ressentir des choses qui ne t'appartiennent pas, donc les impressions des autres...
Pour ce qui est du prédictif, un peu en syndrome de Cassandre, des fois il se joue des choses curieuses. On imagine le pire, et le pire arrive. Ce n'est pas tout à fait du hasard, mais à mon sens cela ne change rien de s'attarder sur ces "impressions".

Je sais que ça n'a rien de facile, mais je t'invite justement à cerner ta sensibilité. A essayer de la comprendre, de voir ce qui peut l'activer ou l'attiser, voir dans quelle mesure cela t'affecte. Mais également de mieux connaître tes émotions. Les nommer, quand elles arrivent. Les laisser passer. Surtout, ni les bloquer, ni les nier. Un peu comme si tu étais une sorte de "tuyau" et que les énergies passent à travers toi.
A comprendre aussi ce qui est la base de ta culpabilité, comme le dit fort bien Introitus. Peut-être ressens-tu de l'insécurité ? De la peur ? Un "territoire" personnel et corporel dont tu n'as pas bien tracé les limites, testé l'assurance ?

Si tu as du mal à faire la part entre ce qui t'appartient et ce qui ne t'appartient pas, cela peut être intéressant de consulter un (bon) thérapeute, car son rôle commence justement dans le fait de t'aider à identifier ce qui est de ton ressort.

Pro tip : faire des choses pour toi, ce n'est pas être égoïste. Se voir refiler un problème, et le "rendre" à celui qui avait à le gérer à la base (cas de ton cousin qui annule), ce n'est pas être égoïste. Mieux te connaître toi permettra et de mieux gérer ces situations et d'apaiser tes rapports avec les autres. Quand on est jeune, on est forcément un peu idéaliste, et quand la vie nous envoie des pains dans la tronche, on apprend peu à peu. Mais si on peut apprendre en évitant les pains...

PS : choisir, c'est renoncer. Et renoncer, c'est dresser les contours de sa propre liberté. J'ai pris trop de décisions dans ma vie par défaut, en me laissant porter, en faisant ce que l'on attendait de moi (schéma familial, injonctions de la "société"). Maintenant j'ai 36 ans, si je ne fais pas les choses comme je le sens, pour moi, parce que ça me parle, parce que ça "vibre" et résonne en moi, je le ferai quand ?

Bonjour,

Est-ce que le sentiment de culpabilité n'est pas une preuve qu'on se pose des questions sur soi et qu'on a une conscience ? Effectivement, cela peut engendrer une certaine douleur psychologique. Mais c'est peut-être mieux que celui qui fait du mal aux autres sans se soucier de leurs ressentis . C'est une autre façon de voir les choses. L'hyper-sensibilité est mal vue aujourd'hui. Et c'est sans doute pour ça qu'il y a autant de violence ( par exemple relationnelle) dans notre société.

Ce que tu décris là ressemble férocement à un trouble anxieux.

Je ne dis pas que l’élément de culpabilisation est neutre, mais je crois qu’une thérapie comportementale cognitive, ou du moins un accompagnement psychiatrique, pourrait beaucoup t’aider.

Quand un problème est si massif qu’il t’empêche d’être fonctionnelle et que tu en souffres constamment, c’est que c’est le moment de consulter.

J’ai aussi une tendance à m’en vouloir, surtout pour des trucs que j’ai faits quand j’étais gosse et qui étaient complètement insensibles. C’est insensé de s’en vouloir pour ça et je le sais. Ça s’empire quand je suis dans des phases anxieuses, j’ai l’impression que tout ce que je fais est mal fait et que j’ai merdé. Je me reconnais assez bien dans le truc de ne pas avoir agi comme je le sentais… peut-être que les prochaines fois tu pourrais effectivement essayer d’adapter ton comportement à ce que tu attends de toi-même. Il doit y avoir un endroit où tu es insatisfaite avec ce que tu fais.

Je n’en suis jamais arrivée à consulter un psychiatrie pour des questions d’anxiété (de dépression oui par contre), mais avec le recul je me dis que j’aurais du. C’est pas parce qu’on ne fait pas des attaques de panique et qu’on n’éprouve rien de spectaculaire que ce n’est pas pénible et que ça ne doit pas être soigné.

Je suis tellement pareille que toi..

Pourquoi Baguette comme pseudo, si c'est pas indiscret ?

Moi profdelettres car j'aime bien me la péter, dans des domaines où je connais absolument rien. ni prof, ni lettres.

T'écris bien pour une vingtenaire ! Très posée et tranquille. Mais pas trop sur ce forum apparemment. Peut-être que tu culpabiliserais de nous déranger en postant des messages. Je plaisante pas. Quand j'étais gamin j'avais toujours peur de déranger. Aujourd'hui j'ai pas assez peur...pour certains !! lol. Bref.

Moi ça me dérange que tu postes pas plus de messages ! Je plaisante. C'est juste pour t'inviter à t'exprimer plus. Mais je me méprends peut-être. Tu n'as peut-être pas autre chose à dire.

Je sais pas si c'est pertinent comme question, mais tu culpabilises par rapport aux humains, mais est-ce que tu culpabilises par rapport aux animaux si tu manges de la viande ? Car la différence c'est que l'animal il te juge pas. Et si t'embête un chat, au pire il va se défendre... Mais pas te juger... Encore moins te faire des reproches.

Est-ce qu'il t'arrive, malgré tes précautions, que l'on te fasse des reproches ? Est-ce que tu culpabilises aussi ? Est-ce c'est le même genre de culpabilité ? Est-ce que c'est pire ?
Ou, par exemple, est-ce qu'il arrive que l'on te reproche ton indécision ?

Parce qu'aussi derrière la culpabilité il y a la notion de respect. Qu'est-ce que le respect ? Dans quelles situations trouves-tu qu'on te respecte ? Dans quelles situations trouves-tu qu'on ne te respecte pas ?

Est-ce qu'au fond de toi tu en veux à des gens ? Même si tu leur dis pas, pour ne pas les blesser ?

Par exemple moi, mon petit ego intrinsèque, quand quelqu'un prend trop de précautions pour me dire quelque chose, ça a tendance à m'irriter car je ressens qu'il me prend pour un faible. C'est juste un exemple.

Est-ce que l'histoire avec ton cousin veut dire que si tu étais à la place de ton cousin, tu te sentirais très mal ? Dévalorisée peut-être ? Abandonnée ? Seule ?

Le problème est peut-être pas où tu crois (la vérité est ailleurs !!!... Je plaisante. Mais peut-être le pb, lui, est en partie ailleurs. Là je suis sérieux.)