Résistance bactérienne aux antibiotiques

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Message par MaxenceL Jeu 8 Déc 2016 - 18:34

Bon. Je harcèle tout le monde sur ça depuis quelques mois (mais ça me trotte dans la tête depuis des années !). Je suis entrain d'écrire une review scientifique pour un concours. Sur une ou des solutions contre les infections bactériennes. Et c'est un sujet qui me passionne (ou qui m'énerve, d'après mon meilleur ami je m'énerve plus qu'autre chose).
Ce qui m'énerve c'est qu'on traine à trouver des solutions, alors qu'on les a ! Et du coup des gens meurent, sont amputés, isolés parce qu'on est trop lent à développer des solutions qui sont déjà sous notre nez, ou à mettre en place un système de dérogation. (bon je suis pas claire, continuez à lire).

Introduction expliquant la solution actuelle (pas encore relu par ma prof ref) :
Depuis les premiers essais de la pénicilline sur les humains lors de la seconde guerre mondiale, les antibiotiques ont été utilisés massivement pour lutter contre les infections bactériennes. Et cela, malgré les avertissements des scientifiques qui prévoyaient déjà une augmentation de la résistance bactérienne si l’utilisation des antibiotiques n’était pas régulée.

Ces dernières années, l’antibiorésistance est devenue un problème majeur de santé publique, devenant l’une des priorités de l’Organisation Mondiale de la Santé.
En France, une étude menée par l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) montre qu’entre 2003 et 2013, bien que la résistance de Staphylococcus aureus à la méticilline ait baissé en dix ans, de 29% à 17%, d’autres bactéries comme Escherichia coli et Klebsiella pneumonia montrent une très grosse augmentation de leur taux de résistance contre les céphalosporines de 3ème génération. E. coli devenant jusqu’à dix fois plus résistante de 2003 à 2013 et K. pneumonia doublant presque son taux de résistance de 15,2% à 28% en seulement cinq ans de 2008 à 2013. [InVS]
En 2012, l’étude Burden BMR, aussi menée par l’InVS, estime qu’il y 158 000 cas d’infections à bactéries multirésistantes (BMR) par an en France, dont 16 000 infections graves (méningites, septicémies). Dû à ces infections, il y aurait 12 500 décès par an. [InSV]

Les solutions proposées pour l’instant restent des mesures de préventions telles que l’hygiène, la prescription justifiée d’antibiotiques et le bon suivi du traitement. [OMS] Ces recommandations entraînent donc une baisse de la prescription d’antibiotiques, se traduisant un désintérêt des entreprises pharmaceutiques à développer de nouveaux antibiotiques, longs et coûteux à mettre au point. De plus, l’utilisation d’antibiotique à spectre de plus en plus large, en cas d’infections sévères, entraîne une pression sélective sur le microbiome des patients. Favorisant la sélection des souches résistantes.
Tout cela, nous confronte aujourd’hui à des impasses thérapeutiques et à la possibilité de mourir d’une simple infection. Il est alors nécessaire de trouver des solutions durables contre ces infections bactériennes.


Beaucoup d'articles de vulgarisation scientifique s'alertent sur l'augmentation des résistances, sans parler des autres solutions, qui sont connus depuis longtemps !!
Le plus prometteur reste les bactériophages, des virus qui s'attaquent EXCLUSIVEMENT aux bactéries et archées (sorte de bactéries, mais différents).

Ce que j'ai écris à un ami :
Les bactériophages ont été clairement décrits pour la première fois en 1917 par Félix d'Hérelle (note, découverte de la pénicilline : 1940 et quelques).

Ils ont été utilisé durant la seconde guerre mondiale pour traiter des soldats. Ils ont été développés partout dans le monde. Mais des fois sans rigueur scientifiques, ou avec de fausses allégations, cela a entrainé des échecs qui a décrédibilisé la méthode. La phagothérapie a vite été remplacé par l'antibiothérapie, plus facile de production, plus efficace que la phagothérapie de l'époque. La phagothérapie (thérapie avec les bactériophages) n'a pas cessé en Europe de l'Est, certains patients désespérés y vont en touriste médical pour se faire soigner là bas. Les bactériophages étaient encore vendus en France dans les années 1970.

Maintenant on est face à de plus en plus de souches de bactéries résistantes aux antibiotiques. Principalement à cause de l'usage massif et non justifié, mais aussi l'utilisation d'antibiotiques à spectre de plus en plus large pour les infections graves (sepsis, méningites). Puisque les antibiotiques s'attaquent à un grand nombre de bactéries dans notre corps, même les utiles pour notre organisme, ça induit une sélection sur les souches résistantes de tout le microbiome.

Des recherches de plus en plus sérieuses sont faites sur les bactériophages et la phagothérapie.
Les bactériophages sont des virus qui sont spécifiques à une à quelques souches de bactéries. Si on sélectionne un bactériophage pour une bactérie pathogène, alors ce bactériophage ne s'attaquera qu'à la bactérie posant problème (sans perturber le reste des bactéries neutres ou bénéfiques).
Les problèmes résolues à résoudre :
- Couvrir toutes les souches de bactéries pathogènes et faire face à d'éventuelles résistances => faire des "cocktails" de phages (plusieurs bactériophages s'attaquant à différentes souches d'une même bactérie)
- Les bactériophages sont des entités qui évoluent => pas vraiment brevetable, mais à l'avantage de co évoluer avec les bactéries (certains ont réussi à breveter des cocktails de phages)
- Avènement de résistance contre les phages => beaucoup moins rapide : le phage s'attaque à quelques souches, pas à tout le microbiome => moins de pression évolutive
- Le phage doit être amené à l'endroit de l'infection, problème du système immunitaire.
- Les bactériophages non lytiques (problème de transfert de gènes) => bien sélectionner de phages bien lytique. Ou utiliser des enzybiotiques


Les enzybiotiques sont intéressants, par le fait qu'on puisse les modifiés facilement pour personnaliser sa cible. Dans le cas de la lutte contre les bactéries, l'enzybiotique est la lysine que "produit" certains bactériophages à la fin de son cycle lytique pour libérer les virions (ses petits bébés quoi).
La lysine est une enzyme qui coupe des liaisons dans la paroi bactérienne (peptidoglycane), ce qui fait exploser la bactérie (différence de pression).

Les lysines doivent être en contact avec la paroi pour être effective.
- Pour les gram positives : à l'intérieur de la bactérie => la holin permet à la lysine d'atteindre la paroi au moment de la lyse
à l'extérieur => les gram+ ont leur paroi directement en contact avec le milieu extérieur, donc utiliser la lysine est assez effective.
- Pour les gram négatives : à l'intérieur : même que les gram+
Extérieur : membrane cellulaire en contact avec le milieu extérieur, donc la lysine ne peut pas atteindre la paroi. Solution : ajouter à la lysine une fonction qui déstabilise la membrane extérieure (et ça marche !)

Les lysines ont l'avantages de ne pas être éliminés par le système immunitaire, ce qui permet de traité les septicémies très rapidement.


Les bactériophages sont PARTOUT. Sans eux, les bactéries se multiplieraient comme les lapins en Australie. Ce sont les prédateurs des bactéries.
Plusieurs études cliniques sont en cours, donc PhagoBurn (Europe), et Phosa (France), presque finies, très très prometteuses. Avec très peu d'effets secondaires (voire pas du tout, de grosses doses ont été donné à des animaux, sans effets notoires, ce qui a ouvert la porte à l'expérimentation humaine).


Enfin, haha, histoire de vous informer un peu. Je ne sais pas si c'est très clair. N'abusez pas des antibiotiques, s'il y a grosse infection qui dure, demandez un antibiogramme.
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Message par Badak Ven 9 Déc 2016 - 22:20

Merci, très interessant, je ne connaissais même pas de nom ces virus batériophages.  

Tu dis qu'il existe déjà de grandes classes de ces virus qui soient spécifiques à des bactéries.. Cette spécificité, elle est comparable à celle des antibiotiques actuels (avant l'adaptation des bactéries) ?

Pourrait-on espérer sélectionner (ou même modifier génétiquement certains de ces virus) dans le but d'être encore plus spécifique ?  

Ce qui est vraiment épatant est l'idée qu'en effet, ces bactériophages devraient s'adapter eux aussi en suivant en cela l'adaptation des bactéries  Wink  Ça c'est vraiment cool...  Je me demande par contre comment la spécificité de ces bactériophages sera modifiée à mesure de leur adaptation ...  Y aurait-il par exemple un risque de voir ces bactériophages finir par attaquer des bactéries bénéfiques un jour ? (on dirait que non mais je le demande quand même.. )..

Finalement tu dis que le problème principal est d'apporter les virus sur le site de l'infection pour éviter d'exposer les bactériophages aux attaques du système immunitaire. Mais, il faudrait de plus alors déjà cibler assez spécifiquement la région où déployer notre essaim de virus pour que ce soit utile.  

De l'autre côté, tu dis que des essais cliniques prometteurs sont en cours... ce qui suggère que ces considérations (destructions des bactériophages par le système immunaire ) ne sont pas si cruciales... ( Je résume les points qui me frappent mais tu peux aussi donner plus de précision si tu veux. )

Et je ne vois pas pourquoi tu dis que la question te fâche puisque justement il y a des essais cliniques en cours allant dans le sens de ce que souhaite...

En tous cas, je vais tâcher de suivre cette histoire . Razz
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Message par Bimbang Ven 9 Déc 2016 - 23:04

Je pensais que les huiles essentielles réglaient le problème, mais que l'industrie pharmaceutique y voyait à redire car elle n'aurait pas le monopole (basique je sais, mais parfois... c'est le cas).
Je pense que le souci est de trouver quelque chose de "normé" utilisable par l'administration. Les virus, de par leur évolution possible, ne me semblent pas la solution première envisageable. Mais au final, peut être...
En fait, je découvre tout ça avec ton topic, très intéressant donc.
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Message par MaxenceL Ven 9 Déc 2016 - 23:08

Tu dis qu'il existe déjà de grandes classes de ces virus qui soient spécifiques à des bactéries.. Cette spécificité, elle est comparable à celle des antibiotiques actuels (avant l'adaptation des bactéries) ?
Non, les antibiotiques s'attaquent à un grand nombre de bactéries. Ils ont un spectre large généralement (s'attaquent à des fonctions vitales des bactéries, certaines tuent, d'autres non ils arrêtent juste la croissance pour que le système immunitaire ait le temps de les éliminées).
Un bactériophage est spécifique à une souche voire quelques souches de bactéries. Ce qui est très spécifique comparé aux antibiotiques.
Les antibiotiques nuisent souvent à la flore humaine, flore de bactéries (et champignons) qui nous sont nécessaires, il y a plus de bactéries que de cellule dans notre corps. Ca entraine des mycoses, des diarhées... moi par exemple j'ai eu une mycose vaginale de 2 mois à cause de deux cures d'antibiotiques qui n'ont pas marchés (c'était pour une angine, ce qui n'est pas grave du tout). Mais imagine avec des patients malades qui viennent d'être opéré, ou des jeunes ou des vieux... C'est pas super d'avoir des problèmes intestinaux... En plus, certains antibiotiques sont toxiques pour notre corps (l'un des derniers AB efficace contre une bactérie, je ne sais plus laquelle, est très toxique pour les reins, quand tu as un patient qui a déjà des problèmes de reins...)

Pourrait-on espérer sélectionner (ou même modifier génétiquement certains de ces virus) dans le but d'être encore plus spécifique ?
 
Ils sont déjà très spécifique comme dit au dessus. Modifier génétiquement oui, mais généralement pour des fins de brevetage ("on a découvert le bactériophage, on le produit, donc c'est à nous" car il faut sélectionner des bactériophages qui sont stables, qui ne transfert pas de gênes entre bactéries... Le labo d'un prof à Nancy a mis 2 mois à plein temps pour isoler un bactériophage contre Straphyloccocus aureus).
Donc les phages sont spécifiques. Mais il existe plusieurs phages pour une bactérie. Ce sont des virus donc ils évoluent vite (comme tout microorganisme).

Ce qui est vraiment épatant est l'idée qu'en effet, ces bactériophages devraient s'adapter eux aussi en suivant en cela l'adaptation des bactéries  Wink  Ça c'est vraiment cool...  Je me demande par contre comment la spécificité de ces bactériophages sera modifiée à mesure de leur adaptation ...  Y aurait-il par exemple un risque de voir ces bactériophages finir par attaquer des bactéries bénéfiques un jour ? (on dirait que non mais je le demande quand même.. )..
Les bactériophages sont très très sûrement aussi vieux que les bactéries. Ils ont toujours co évolué. Si jamais une bactérie devient résistante au bactériophage utiliser, il est très facile de trouver un autre phage dans la nature qui aura trouver un moyen de contourner la résistance. Mais ils ont quelques mécanismes pour éviter que la bactérie soit résistante.
Attaquer des bactéries bénéfiques... Il y a plusieurs bactériophages pour chaque bactérie, pathogène ou pas. Un bactériophage reste quand même spécifique à sa bactérie, il ya peu de chance qu'il mute lorsqu'on l'administre.
Il faut rappeler que les bactériophages sont PARTOUT. Il y en a sur toi, sur le sol, partout. On a dans notre système. Un médecin français avait fait une thèse, proposant un protocole pour récolter des phages déjà présent dans l'organisme du patient pour les multiplier puis les administrer. (elle est assez vieille, faut que je revérifie ses méthodes).
On cherche les phages dans les eaux usées où il y a le plus de chances de trouver la bactérie que l'on veut éliminé (donc eaux usées des hôpitaux souvent, qui grouillent des bactéries multirésistantes aux antibiotiques).

Finalement tu dis que le problème principal est d'apporter les virus sur le site de l'infection pour éviter d'exposer les bactériophages aux attaques du système immunitaire. Mais, il faudrait de plus alors déjà cibler assez spécifiquement la région où déployer notre essaim de virus pour que ce soit utile.  
Oui, ça n'est pas recommandé d'utiliser les phages en intraveineuse, à cause du risque que ça échoue à cause du système immunitaire. On administre à la zone d'infection. J'ai même vu un documentaire où le chirurgien georgien mettait une solution dans le torse ouvert d'un patient pendant une chirurgie... Discutable, mais les Georgiens utilisent la phagothérapie depuis presque un siècle. (impossible de reprendre leur étude. Pas assez de rigueur. C'est de l'empirique).

De l'autre côté, tu dis que des essais cliniques prometteurs sont en cours... ce qui suggère que ces considérations (destructions des bactériophages par le système immunaire ) ne sont pas si cruciales... ( Je résume les points qui me frappent mais tu peux aussi donner plus de précision si tu veux. )
Non parce qu'il y a beaucoup d'autres moyens d'utiliser les phages que par voie intraveineuse. De plus, certains phages échappent au système immunitaire, mais il faut que je vérifie, je ne fais pas mes recherches sur la phagothérapie mais sur les enzybiotiques qui dérivent des bactériophages.
Les enzybiotiques par contre, qui sont des protéines, devraient être rapidement neutraliser par le SI. Mais des recherches montrent que ça n'est pas du tout le cas. Ils ont été utilisés avec succès dans des cas de septicémie chez les animaux.

Et je ne vois pas pourquoi tu dis que la question te fâche puisque justement il y a des essais cliniques en cours allant dans le sens de ce que souhaite...
Hmmm tout ça est trop lent. La communauté scientifique est très très prudente avec. Il y a sûrement aussi un lobby pharmaceutique derrière qui a déjà investi de l'argent dans de nouveaux antibiotiques (qui sont potentiellement toxiques).
Avec mon généraliste, on en a parlé, il sait que énormément de médecins sont contre les bactériophages, parce qu'ils ont des apriori. Enormément pensent que c'est extrêmement dangereux, parce que les bactériophages sont principalement connus comme agent de transfert en microbiologie, mais les phages qu'on utilise en thérapie sont sélectionnés pour ne pas transférer de gênes.

Mais du coup ils se ferment à une solution qui pourrait sauver des vies... Enfin ça m'énerve juste quoi, personne n'en parle. L'OMS n'a écrit qu'une seule phrase dessus dans un pauvre rapport (bon j'exagère). Pour la science n'en a parlé que la semaine dernière. PUTAIN IL ETAIT TEMPS QUOI. (désolée...).
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Message par MaxenceL Ven 9 Déc 2016 - 23:14

Je pensais que les huiles essentielles réglaient le problème, mais que l'industrie pharmaceutique y voyait à redire car elle n'aurait pas le monopole (basique je sais, mais parfois... c'est le cas).
Je n'ai jamais trop regardé dans les huiles essentielles... Mais il y a le problèmes qu'elles sont assez irritantes. Impossible de le mettre sur une plaie purulente... Mais il me semble que quelques antibiotiques sont dérivés de composantes des huiles essentielles... après je ne suis pas du tout sûre. Je n'ai qu'une connaissance super basique des antibiotiques.

Je pense que le souci est de trouver quelque chose de "normé" utilisable par l'administration. Les virus, de par leur évolution possible, ne me semblent pas la solution première envisageable. Mais au final, peut être...
Oui, c'est difficile parce que c'est une particule "vivante" (il y a un gros débat pour dire si les virus sont vivants ou pas). Ils évoluent. Mais ceux des études cliniques ont réussi à lancer une étude clinique et à breveter, donc c'est possible. (ils ont tous deux eu des subventions de l'Europe ou de la France).
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Message par Badak Dim 11 Déc 2016 - 19:38

MaxenceL a écrit:.....
Non parce qu'il y a beaucoup d'autres moyens d'utiliser les phages que par voie intraveineuse. De plus, certains phages échappent au système immunitaire, mais il faut que je vérifie, je ne fais pas mes recherches sur la phagothérapie mais sur les enzybiotiques qui dérivent des bactériophages.
Les enzybiotiques par contre, qui sont des protéines, devraient être rapidement neutraliser par le SI. Mais des recherches montrent que ça n'est pas du tout le cas. Ils ont été utilisés avec succès dans des cas de septicémie chez les animaux.

Et je ne vois pas pourquoi tu dis que la question te fâche puisque justement il y a des essais cliniques en cours allant dans le sens de ce que souhaite...
Hmmm tout ça est trop lent. La communauté scientifique est très très prudente avec. Il y a sûrement aussi un lobby pharmaceutique derrière qui a déjà investi de l'argent dans de nouveaux antibiotiques (qui sont potentiellement toxiques).
Avec mon généraliste, on en a parlé, il sait que énormément de médecins sont contre les bactériophages, parce qu'ils ont des apriori. Enormément pensent que c'est extrêmement dangereux, parce que les bactériophages sont principalement connus comme agent de transfert en microbiologie, mais les phages qu'on utilise en thérapie sont sélectionnés pour ne pas transférer de gênes.

Mais du coup ils se ferment à une solution qui pourrait sauver des vies... Enfin ça m'énerve juste quoi, personne n'en parle. L'OMS n'a écrit qu'une seule phrase dessus dans un pauvre rapport (bon j'exagère). Pour la science n'en a parlé que la semaine dernière. PUTAIN IL ETAIT TEMPS QUOI. (désolée...).

Merci beaucoup pour toutes ces précisions Wink Apriori avec ce que tu présentes j'aurais tendance à être d'accord avec toi.

Mais pour ce qui est de la lenteur du processus, là, désolé, mais ça me semble normal et même heureux qu'on attende d'être assez certains de voir les résultats des tests cliniques.... J'ai vraiment plutôt tendance à dénoncer au contraire l'imprudence des compagnies pharmaceutiques qui poussent pour avoir le droit de vendre leur nouveaux produits avant qu'on puisse même en évaluer les effets secondaires à long terme. On devrait aussi pouvoir vérifier de manière indépendante l'efficacité principale...
C'est vrai que les vieux médecins doivent avoir des idées préconçues et qu'ils ont de la difficulté à accepter de nouveaux paradigmes, mais si on veut une médecine basée sur les faits (evidence-based) il faut attendre d'être en mesure de les convaincre rationnellement. Bref il faut laisser le temps à la recherche fondamentale d'avancer assez pour déboucher sur des solutions aussi sécures qu'efficaces...
Si on est déjà aux étapes cliniques, ça me semble déjà excellent. C'est bien parti...

Dans un autre contexte et pour faire le parallèle avec ce que tu dénonces, ça me fait un peu penser aux voitures électriques: une technologie prometteuse incroyablement plus efficace versus une vielle technologie pourrie défendue par une industrie toute-puissante... Mais en étant plus objectif, on se dit que c'est vrai que techniquement, il y avait des "détails" qui n'étaient pas encore au point, et que l'idée doit aussi faire son chemin dans l'"idéologie" ... Concernant la question des bactériophages, je ne suis pas compétent pour juger où seraient sûrement ces "détails", mais il me semble que lorsque on est très enthousiaste pour une idée qu'on trouve "parfaite", il y a souvent des aspects qu'on considère déjà réglés en principes, mais qui ne le sont pas en pratiques... Personnellement je suis comme ça... Ceci dit, tu as réussi à me communiquer ton enthousiasme pour la question, et j'essaie juste de voir l'aute côté de la médaille.

Autrement les autres modes de transmission, autre que par injection.. est-ce que serait par voie orale dans des comprimés ? Sinon qu'est-ce qu'il y a comme possibilité ?




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Message par MaxenceL Dim 11 Déc 2016 - 22:05

Mais pour ce qui est de la lenteur du processus, là, désolé, mais ça me semble normal et même heureux qu'on attende d'être assez certains de voir les résultats des tests cliniques.... J'ai vraiment plutôt tendance à dénoncer au contraire l'imprudence des compagnies pharmaceutiques qui poussent pour avoir le droit de vendre leur nouveaux produits avant qu'on puisse même en évaluer les effets secondaires à long terme. On devrait aussi pouvoir vérifier de manière indépendante l'efficacité principale...
Le truc c'est que ça fait 50 ans que des scientifiques font des recherches sur les BP. Ca fait 50 ans qu'on sait que les AB seront sûrement obselète à cause de leur fort probabilité d'être maîtrisé par les bactéries.
Les BP sont utilisés depuis presque 100 ans en Europe de l'Est. C'est un prédateur naturel des bactéries.
Mais oui, je comprends la méfiance, mais on a de plus en plus de preuve que c'est inofensif. Ya juste l'histoire du choc toxique à cause de la lyse des bactéries (qui libèrent des molécules toxiques/antigènes).
Des études sur les animaux se font depuis aussi longtemps. Mais pas grand monde s'y est intéressé parce qu'ils croyaient en les AB... Je suis l'histoire depuis presque 10 ans, en 10 ans ya pas eu grand chose...


C'est vrai que les vieux médecins doivent avoir des idées préconçues et qu'ils ont de la difficulté à accepter de nouveaux paradigmes, mais si on veut une médecine basée sur les faits (evidence-based) il faut attendre d'être en mesure de les convaincre rationnellement. Bref il faut laisser le temps à la recherche fondamentale d'avancer assez pour déboucher sur des solutions aussi sécures qu'efficaces...
Si on est déjà aux étapes cliniques, ça me semble déjà excellent. C'est bien parti...
bah on a plus vraiment le choix, des gens meurent. L'OMS a peur d'une ère où tout le monde pourrait facilement mourir d'infection comme avant la découverte des BP et des AB.

Dans un autre contexte et pour faire le parallèle avec ce que tu dénonces, ça me fait un peu penser aux voitures électriques: une technologie prometteuse incroyablement plus efficace versus une vielle technologie pourrie défendue par une industrie toute-puissante... Mais en étant plus objectif, on se dit que c'est vrai que techniquement, il y avait des "détails" qui n'étaient pas encore au point, et que l'idée doit aussi faire son chemin dans l'"idéologie" ... Concernant la question des bactériophages, je ne suis pas compétent pour juger où seraient sûrement ces "détails", mais il me semble que lorsque on est très enthousiaste pour une idée qu'on trouve "parfaite", il y a souvent des aspects qu'on considère déjà réglés en principes, mais qui ne le sont pas en pratiques... Personnellement je suis comme ça... Ceci dit, tu as réussi à me communiquer ton enthousiasme pour la question, et j'essaie juste de voir l'aute côté de la médaille.
Elle n'est pas parfaite. Mon meilleur ami me refreine, et moi je refreine ma prof de microbio. Qui dit à 100% que c'est une très bonne solution.

Autrement les autres modes de transmission, autre que par injection.. est-ce que serait par voie orale dans des comprimés ? Sinon qu'est-ce qu'il y a comme possibilité ?
Comprimé ça ne sera que pour les enzybiotiques, injections aussi (vu que le système immunitaire n'élimine pas les enzymes). Après il y a le problème de l'acidité de l'estomac, les BP y sont sensibles pour la plupart. Mais on peut imaginer des comprimés gastro résistants.
En Europe de l'Est ils utilisent les BP par voie orale ou gargarisme pour les angines ou les infections de la bouche.

Après, il faut bien comprendre que les BP ne remplaceront JAMAIS les antibiotiques. Pour ça qu'il est important de les développer au plus tôt avant que les bactéries soient résistantes. Les BP ont un spectre étroit, donc il faut être sûr de la souche de bactérie qui est pathogène, cela induit des analyses. Dur de mettre en place pour une simple angine...
Les BP sont utiles pour les infections graves, les infections résistantes aux antibiotiques (en second choix). En prévention aussi chez les immunodépressifs, chez ceux atteins de mucoviscidose, (ou encore pour l'acné, pour l'ezcéma... il y a une enzyme qui est commercialisé en Allemagne pour ça), car il entraine peu de résistances, peu d'effets secondaires.
Un médecin a écrit une thèse sur l'utilisation de bactériophages qui sont déjà dans notre organisme. Selon lui il est possible d'augmenter le taux de BP en mangeant peu de sucres, de viandes rouges etc... Mais cette étude est vieille et faut que je vérifie (ce que je ne ferai pas pour l'instant, ce n'est pas le sujet sur le quel je bosse en ce moment). J'avais pensé à faire son "régime" en expérience quand j'avais mon angine bactérienne (qui a duré 3 mois, 2 antibiotiques différents, et qui m'a valu une mycose vaginale de 2 mois YAY), mais quand j'ai lu "pas de sucre", j'étais genre "Ohhh fuck non !"
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Message par Badak Mar 13 Déc 2016 - 20:28

MaxenceL a écrit:......
Le truc c'est que ça fait 50 ans que des scientifiques font des recherches sur les BP. Ca fait 50 ans qu'on sait que les AB seront sûrement obselète à cause de leur fort probabilité d'être maîtrisé par les bactéries.
Les BP sont utilisés depuis presque 100 ans en Europe de l'Est. C'est un prédateur naturel des bactéries.
Mais oui, je comprends la méfiance, mais on a de plus en plus de preuve que c'est inofensif. Ya juste l'histoire du choc toxique à cause de la lyse des bactéries (qui libèrent des molécules toxiques/antigènes).
Des études sur les animaux se font depuis aussi longtemps. Mais pas grand monde s'y est intéressé parce qu'ils croyaient en les AB... Je suis l'histoire depuis presque 10 ans, en 10 ans ya pas eu grand chose...  
.....bah on a plus vraiment le choix, des gens meurent. L'OMS a peur d'une ère où tout le monde pourrait facilement mourir d'infection comme avant la découverte des BP et des AB.
La recherche sur un nouveau paradigme, c'est normal que ce soit long.   Mais surtout, c'est vrai que les médecins sont assez pragmatiques et tant que ce qu'ils connaissent bien fonctionne pas trop mal, ils ne voient pas de raison pour changer...   Même quand c'est à courte vue...  Sans parler de l'industrie qui va attendre d'avoir un marché suffisamment rentable pour s'y mettre...(aarghhh ) Bref ça peut être décourageant cette inertie, je comprends.  

Tu dis qu'on a déjà commencé  à ressentir les limtes des antibiotiques et qu'on a déjà des gens qui meurent d'infection bactérienne qu'on pouvait guérir il n'y a pas trop longtemps ?   Je pensais qu'on voyait ce jour venir mais qu'en attendant on ne faisait que monter les doses et chercher des AB différents...    

MaxenceL a écrit:Elle n'est pas parfaite. Mon meilleur ami me refreine, et moi je refreine ma prof de microbio. Qui dit à 100% que c'est une très bonne solution.
 hahah ok.     Quoique ça semble une excellente voie de solution, meilleure que de chercher indéfiniment de nouvelles molécules d'AB face à des bactéries de plus en plus résistantes..

MaxenceL a écrit:
Après, il faut bien comprendre que les BP ne remplaceront JAMAIS les antibiotiques. Pour ça qu'il est important de les développer au plus tôt avant que les bactéries soient résistantes. Les BP ont un spectre étroit, donc il faut être sûr de la souche de bactérie qui est pathogène, cela induit des analyses. Dur de mettre en place pour une simple angine...
Les BP sont utiles pour les infections graves, les infections résistantes aux antibiotiques (en second choix). En prévention aussi chez les immunodépressifs, chez ceux atteins de mucoviscidose, (ou encore pour l'acné, pour l'ezcéma... il y a une enzyme qui est commercialisé en Allemagne pour ça), car il entraine peu de résistances, peu d'effets secondaires.
Un médecin a écrit une thèse sur l'utilisation de bactériophages qui sont déjà dans notre organisme. Selon lui il est possible d'augmenter le taux de BP en mangeant peu de sucres, de viandes rouges etc... Mais cette étude est vieille et faut que je vérifie (ce que je ne ferai pas pour l'instant, ce n'est pas le sujet sur le quel je bosse en ce moment). J'avais pensé à faire son "régime" en expérience quand j'avais mon angine bactérienne (qui a duré 3 mois, 2 antibiotiques différents, et qui m'a valu une mycose vaginale de 2 mois YAY), mais quand j'ai lu "pas de sucre", j'étais genre "Ohhh fuck non !"

Hmm d'accord je pensais que les bactériophages étaient aussi une solution pour remplacer les antibiotiques...  

Donc finalement l'inconvénient face à des infections moins graves est ironiquement la grande spécificité des phages.   Et si on composait des cocktails de bactériophages pour élargir le spectre ?   est-ce réaliste ?  

Pour ce qui est de conseils de nutrition, je me méfie vraiment davantage encore....  souvent les effets sont mineurs et n'apparaissent qu'en fonction de notre métabolisme...   C'est jamais mauvais de manger moins de sucres et de viandes, mais à savoir l'ampleur de l'effet sur les infections... je reste sceptique moi aussi..    Ça dépend sûrement des gens : ma copine va maintenir que l'alimentation lui fait une grande différence, mais parfois je me demande si ce ne serait pas plutôt psychologique.


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Badak
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