Parlez le Sans

Suce ces p'tits Bleus ! a écrit:Si tu ne m'écoutes pas, m'entends tu étranger ?

Eauvive a écrit:
Ou bien alors, il est celui qui nous voit, au déla, et jusque là. Il n'est pas suppôt, il n'est pas visible. C'est peut être cela qu me terrifie.Oui, peut être bien?

Soudain au détour du sentier, inattendue et imprévisible, elle surgit devant moi. C’est une magnifique petite cascade blanche et fraîche, joyeuse et sautillante. Et je m’arrête surpris, ému, frappé par tant de beauté qu se révèle à mes yeux. Je m’approche, regarde, me laisse imprégner, m’assois… Je vois cette eau qui ruisselle le long des rochers, blanche, fluide, vivante, incessante. Je réalise que l’image que je vois est toujours la même, et pourtant ce n’est jamais la même eau. Jamais elle ne s’arrête pour me présenter une image fixe, stable, permanente. Elle n’en finit pas d’arriver du dessus du rocher, c’est l’impermanence et pourtant c’est bien une cascade dans une forme permanente.

Puis je réalise que cette figure blanche et mouvante glisse le long d’un fond gris : le rocher gris lui aussi, stable, monolithique, bien là dans sa fixité et dans son immobilité (du moins apparente). Je réalise qu’ils font partie de la même cascade, qu’en cet instant et en ce lieu, ils ne font qu’un dans la même forme que j’appelle cascade. Le fond et la forme sont en accord, en union et pourtant ils ont chacun leur originalité et leur forme propre. Et pourtant dans l’interaction qui les relie, ils deviennent un ensemble unique à la fois fixe et mouvant.

Ainsi en est-il de l’identité. C’est la communion du fond et de la forme, dans un mouvement où chacun garde son originalité propre. L’identité, c’est la rencontre d’une composante constamment mouvante sur un fond à la fois stable mais non fixé. Si l’on fige l’eau, il n’y a plus de cascade, mais un objet inanimé. Ce n’est d’ailleurs pas pensable, sinon c’est la fin d’une forme.

Puis une nouvelle forme se manifeste à moi : le bruit de la cascade… En même temps que je vois, j’entends… Et ce murmure me laisse dans une émotion intense : j’entends l’invisible. Ce son n’est pas une réalité palpable faisant partie de la matière qui constitue le rocher ou l’eau. Et pourtant, il émane de l’entité cascade. Il est la manifestation sonore de leur rencontre et de leur unité. Il fait partie de son identité. Dans l’identité, il y aurait alors un invisible qui n’est pas donné par le voir, mais qui est un au-delà de la création identitaire.

Je suis en admiration, dans un état méditatif, presque hypnotique, je fais partie moi aussi du paysage et de la cascade. Nous ne sommes qu’un.

Je sens mon corps. Je me sens corps. La cascade est le prolongement naturel de mon corps. Mon corps est le prolongement naturel de la cascade.

S’impose alors en dedans de moi, cette voix de l’invisible : « En cet instant, il n’y a qu’à contempler, arrête de penser et contemple ».



https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-gestalt-therapie-2004-1-page-19.htm
Corps, identité et contemplation

Penguin a écrit:peut être que je me réincarnerai dans plusieurs trucs, et qu'aucun d'eux ne sera moi. On sait pas.

Attention, chatons : les ravages de la drogue sont effroyables. Il est certes difficile de résister à l'herbe à chats, que votre maître peut avoir malicieusement cachée dans une souris en peluche ou sous votre grattoir préféré. Son délicieux fumet vous titille le museau. Mais n'y touchez pas ! Foi de vieux matou, c'est une saloperie. La dépendance s'installe vite, et les effets secondaires auront tôt fait de vous transformer en chatons-zombies : désinhibition, hallucinations, appétit soudain pour les touches de piano, confusion des comportements félins et humains...