Des romans drôles à conseiller ?

Salut !

Quels livres, particulièrement drôles, sauriez vous conseiller ?
Présentez ces livres de la manière qu’il vous plaira… Personnellement, je publierai surtout des extraits : ils permettent de se faire rapidement une opinion du style de tel ou tel auteur.


Je commence par Eduardo Mendoza !

Trois de ses romans mettent en scène un vaurien à moitié psychotique enfermé (à tort selon lui) dans un hôpital psychiatrique. Il ne cesse d’ailleurs d’envoyer aux autorités compétentes lettres et formulaires pour protester de sa bonne santé mentale… avec le succès que vous imaginez !
Le début de chaque roman est marqué par l’apparition du commissaire Florès, pour qui notre héros joua naguère le rôle d’indicateur de police. Je n’en dis pas plus !


Premières pages du Mystère de la Crypte ensorcelée :
(j’ai seulement supprimé la première page)

Spoiler:

« Le Mystère de la Crypte ensorcelée » et « Le Labyrinthe aux olives » peuvent se lire dans n’importe quel ordre. « L’artiste des Dames » se lit en dernier, une fois que l’on est familiarisé avec les personnages récurrents de la série.

Ce n'est pas un roman, c'est un livre sur les romans par un maître du genre : Stephen King, Écriture : Mémoires d'un métier.
L'auteur fait en quelque sorte son autobiographie professionnelle : comment il s'est mis à écrire, quels sont les secrets de son point de vue pour écrire un roman, etc. J'ai trouvé beaucoup d'humour tout au long du livre, d'un humour que je qualifierai d'assez fin même. De plus, la traduction en français est excellente pour moi. (J'insiste sur le fait que c'est l'avis personnel de quelqu'un n'y connait vraiment rien à vrai dire puisque je lis très peu de romans étrangers. Ouais, en ai-je lu un seul, en fait ?)
Cerise sur le gâteau : c'est sorti en livre de poche, prix divisé par trois ou quatre par rapport au format original .

Le nom qui me vient spontanément à l'esprit est celui de Katarina Mazetti.
Elle est publiée chez Actes Sud, en poche Babel.
A. Paasilina
Auður Ava Ólafsdóttir

De Laurence Sterne : La vie et les opinions de Tristram Shandy
Editions Tristram

De Jérôme K. Jérôme : Trois hommes dans un bateau

Là, comme ça, je pense à :

Ubik, de Philip K. Dick, des costumes improbables, des machines qui exigent une pièce pour pouvoir fonctionner, un humour absurde distillé tout au long du roman, et la question centrale : qu'est-ce qu'Ubik ?

Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Le diable, Azazello et le chat noir Béhémoth sèment un chaos jubilatoire dans un Moscou stalinien où règnent la veulerie, l'hypocrisie et les petites ambitions. En prime une histoire dans l'histoire, celle de Ponce Pilate et de Yeshouah. C'est drôle et étrange, mais aussi beau et poétique, ou quand l'imagination permet de s'évader.

Merci pour toutes ces suggestions !
Certains titres sont effectivement assez tentants !

Je reviendrai sur ce topic avec quelques pages d'un livre qui, il y a deux ou trois ans, m'avait fait beaucoup rire, et dont je garde un excellent souvenir : la Concession du téléphone, d'Andréa Camilleri.


Ah aussi :
en farfouillant hier sur internet, j'ai appris que Mendoza avait sorti un roman que je n'ai pas encore lu :

L'arborescence de Jean-Charles Rémy:

"Il va falloir quelques semaines au héros de ce livre pour comprendre que la métamorphose qui s’opère en lui et le fait démesurément grandir lui interdit une vie normale au sein de la cité qu’il est contraint de fuir pour la campagne puis la montagne. Géant effaré, il connaîtra les terribles tribulations et les éblouissantes révélations de celui qui est obligé de s’élever pour préserver une liberté hardiment conquise.
Mélange de conte romantique allemand et de fable à la Marcel Aymé, ce roman d’aventure qui joue d’une ironie légère impose d’emblée son charme troublant et sa hardiesse esthétique. Histoire poétique et merveilleuse, L’Arborescence nous raconte un fascinant retour à l’état de nature absolu et nous entraîne au coeur d’une forêt que l’on n’avait jamais racontée de cette manière."


Je dénonce l'humanité de Frigyes Karinthy:

"Il ne s'agit pas d'un recueil de nouvelles mais d'une anthologie de chroniques. F.Karinthy est humoriste, cette anthologie présente quarante chroniques écrites entre 1912 et 1934 mêlant les genres ( certaines relèvent de l'absurde, deux du fantastique avec la Machine à remonter le temps ) et les sujets. Les textes sont très courts, de deux à quatre pages, souvent inscrits dans une actualité, une actualité au quotidien.

Comme le suggère le titre, dans ses chroniques, Frigyes Karinthy pointe " les petits défauts et les grandes manies " de ses contemporains. Scènes quotidiennes en tableau de société. Les textes datant des années 1910 sur les débuts de la psychanalyse sont savoureux, comme sont excellents ceux, engagés, écrits durant la Première Guerre Mondiale ou juste après, dénonçant les horreurs du conflit avec cynisme, témoignant des convictions pacifistes de leur auteur.

Jouant parfois de l'excès, de la caricature, Frigyes Karinthy croque les Hongrois et la Hongrie avec insolence, pratiquant l'(auto)dérision. De l'humour à froid, le ton est sarcastique. Certaines chroniques touchent à l'universalité, d'autres sont attendues, le recueil, sur le nombre, est forcément inégal mais j'en ai apprécié la vivacité de la plume."

Et puis Le Pingouin, d'Andreï Kourkov, et la suite, Les pingouins n'ont jamais froid. Victor vit avec Micha, un pingouin un peu triste, car le zoo de Kiev qui ne peut plus garder les animaux par manque d'argent. Pour vivre, Victor écrit des nécrologies de gens vivants, mais un jour ces personnes se mettent à mourir. Et tout cela le mène à recueillir une petite fille, et à des relations un peu dangereuses avec la mafia à travers l'Ukraine, la Russie et la Tchétchénie dans le second roman. J'aime beaucoup l'humour désabusé d'Andreï Kourkov.

Merci pour tes propositions inkakurrpa.
Kourkov et Boulgakov ça me dit bien.

Le Maître et Marguerite, de Boulgakov, c'est un chef-d'oeuvre ; le bouquin qui, si tu l'aimes, t'accompagnera longtemps, impossible de l'oublier.

Il y a aussi Coeur de chien, je ne l'ai pas encore lu, mais voici la quatrième de couverture :

Je conseillerais à tout le monde les livres de Jasper Fforde, mon auteur préféré.
Ce sont des mélanges entre science-fiction, policier et satire, bourrés de références littéraires, avec un humour très britannique.

Ce sont les seuls livres sur lesquels je peux compter pour toujours me faire rire, en toutes circonstances (j'essaierai aussi vos suggestions, je suis toujours à la recherche de romans drôles).

4 séries différentes à découvrir:

1. Thursday Next (premier tome: The Eyre Affair / L'affaire Jane Eyre) : se déroule dans un monde parallèle où les livres et la littérature ont une grande importance dans la vie des gens. L'héroïne (nommée Thursday Next) est agent spécial dans le service qui traque les criminels littéraires (plagiaires, faussaires, contrebandiers, etc.), sa vie devient très compliquée lorsqu'elle découvre qu'elle est capable d'entrer physiquement dans les oeuvres (et doit stopper le méchant Acheron Hades qui a pris Jane Eyre en hôtage). Elle devient par la suite la seule "personne réelle" a faire partie du service de police du monde de la fiction, et ce n'est pas une mince affaire !

2. Nursery Crime Division (jamais traduit en français) : se déroule dans un monde où vivent tous les personnages de contes et comptines. Dans le premier tome, l'inspecteur Jack Spratt doit enquêter sur la mort suspecte de Humpty Dumpty. Dans le deuxième, il enquête sur la disparition de la reporter Boucles-d'Or pendant que le célèbre terroriste Bonhomme de Pain d'Epices sème le chaos.

3. Shades of Grey (en français: la tyrannie de l'arc-en-ciel) : se déroule dans un futur dystopique où le rang social est déterminé par les couleurs que chaque individu est capable de voir et où les lois sont tirées d'un vieux règlement d'internat. Le héros, Eddie (un "rouge") se retrouve dans les ennuis le jour où il tombe amoureux de Jane (une "grise") et commence à se rendre compte que tout n'est peut-être pas aussi simple qu'on essaie de leur faire croire.

4. The Last Dragonslayer (Moi, Jennifer Strange, Dernière Tueuse de Dragons) : série jeunesse qui se déroule dans un monde ressemblant au nôtre, mais où la magie fait partie de la vie de tous les jours (et est plombée par la bureaucratie). Jennifer Strange, 15 ans, est désignée comme celle qui doit tuer le Dernier Dragon.

Ces petits résumés approximatifs ne rendent pas du tout justice à la richesse des univers. Si vous le pouvez, lisez-les en V.O. pour apprécier toute la richesse de l'humour (beaucoup de jeux de mots). Autrement, la traduction française, en tout cas pour la série Thursday Next, est vraiment très bonne (de ce que j'ai pu en juger en tout cas).

Pour ce qui est de mon avis personnel, je dirais que Thursday Next reste la série classique, qui peut être conseillée à tout le monde, même aux débutants en humour britannique ou en littérature de genre (et que le meilleur tome de la série est le n°4), que Shades of Grey est le meilleur livre que J.F. ait écrit, un coup de génie, mais que la suite se fait douloureusement attendre, et que les aventures de Jennifer Strange sont plus à réserver aux enfants (voire adolescents), car le style est le même que dans les autres livres, mais un peu dilué (je n'ai lu que le premier tome, donc mon avis n'est pas forcément le plus pertinent pour cette série).

Je ne peux pas vous citer d'extraits en français, mais voici le premier paragraphe de Shades of Grey en anglais:
"It started with my father not wanting to see the Last Rabbit and ended with me being eaten by a carnivorous plant. It wasn't really what I'd planned for myself. I'd hoped to marry into the Oxbloods and join their dynastic string empire. But that was four days ago, before I'd met Jane, retrieved the Caravaggio or explored High Saffron. So instead of enjoying aspirations of Chromatic advancement, I was wholly immersed within the digestive soup of a yateveo tree. It was all frightfully inconvenient."

(le problème de nos jours, est qu'il est devenu très embarrassant de dire "un des meilleurs romans que j'aie lu est Shades of Grey)

Pur style décalé:

Les Aventures de Sivis Pacem et de Para Bellum , Louis Gauthier, roman québécois de métafiction.

Trois hommes dans un bâteau de Jerôme K Jerôme
Les aventures du soldat chveik de Jaroslav Hasek

Edgar Hilsenrath en général.
Alain Guyard.

Saki peut être drôle aussi.

Je lis actuellement Kaamelott par Alexandre Astier. Il s'agit du texte original de la série destiné aux acteurs, avant modifications de dernière minute apportées au cours du tournage. Très plaisant à lire si l'on aime la série. Disponible chez J'ai Lu.

Ce n'est pas un roman.

Ah, tiens, Saki... Voilà quelqu'un qui a le sens de la formule !

"En réalité, elle se disait qu'Henry avait peut-être toujours un mal extraordinaire à intéresser les gens quel que fût le sujet sur lequel il dissertât. Ses facultés l'orientaient si résolument vers le genre inintéressant que, même s'il avait assisté en personne aux massacres de la Saint-Barthélémy, il aurait probablement réussi à communiquer un parfum d'ennui à sa description de l'événement."
Saki, l'insupportable Bassington

Fut un temps, j'étais fan de ce style, aujourd'hui, peut-être un peu moins.


Je me suis décidé avant-hier à aller à la librairie, j'ai trouvé le Maître et Marguerite. J'ai seulement eu le temps de lire les premières pages, mais j'ai bien accroché, je sais que ça va me plaire ! Tristram Shandy, ça fait des années que j'en entends parler (il me semble que c'est Borgès qui y fait de fréquentes allusions).

Je vois qu'entretemps, vous avez trouvé de nouveaux titres !
(beaucoup d'auteurs que je ne connais pas !)

Andrea Camilleri : La Concession de téléphone

Vigàta, 1891. Un négociant en bois écrit à l'Honorable Préfet de Sicile, afin d'obtenir l'ouverture d'une ligne de téléphone. Le postulant commet une malheureuse faute d'orthographe au nom du Préfet, qui, un brin paranoïaque, soupçonne une provocation délibérée. Voilà notre héros convaincu d'être un agitateur révolutionnaire !

Les premières pages :

Spoiler:

Le roman mêle narration classique, extraits de journaux, correspondances...

Huit cent onzième candidat sur la liste des aspirants gardiens de phare, Cyril Loubin, 25 ans, voit son rêve s'écrouler : ni son diplôme d'électromécanique ni sa licence de science physique ne lui permettront de goûter à la délicieuse solitude de ces vigies des mers. Résigné, le jeune homme s'en va donc compléter une impressionnante collection de petits boulots : père Noël chez des banquiers, promeneurs de teckels, souffleur de feuilles, sondeur pour une multinationale de collanterie, figurant de parc d'attractions, laveur de carreaux, livreur de pizzas, baby-sitter, etc.

Le tout raconté avec un regard perspicace et ironique sur notre société. P.ex : il se fait licencier (si je me souviens bien) quand il ose troquer son souffleur de feuille contre un balai et un rateau.

Et comme c'est l'histoire d'une vocation, une vraie avec majuscule, Cyril travaillera bien dans les phares.

Adapté à la télé sous le titre «  Un paradis pour deux ».

Enfin, vous pouvez lire quelques pages sur ce lien : clic

Pour se faire une idée, ou le lire en entier, on peut trouver Vie et opinion de Tristram Shandy sur Wikisource (toujours plein de ressources pour les oeuvres tombées dans le domaine public, donc libres de droit). Je crois même qu'il existe en e-book gratuit, pour ceux qui ont une liseuse. Et puis pour les puristes, même en anglais, dans ces deux formats.

Il me narguait depuis un petit moment.
J'ai eu le plaisir de découvrir un ovni tendance pépite.
C'est... inclassable, déjanté, un peu noir, mais léger, les portraits sont drôles, les autres dossiers bien documentés.
Le style est inattendu.
Parfait pour redémarrer l'année en douceur, l'air de rien.
Les gauchers d'ici m'en donneront des nouvelles.

Portrait :

Tout l'univers de Terry Pratchett, le Disque Monde, est bien barré, si on aime la fantasy bien délirante. Feu Terry Pratchett était vraiment un génie en son genre, il a créé un univers sans égal et qui tient debout en plus, en l’occurrence un univers plat qui repose sur des éléphants qui eux mêmes sont sur une tortue géante qui nage dans l'espace.

P... zut j'allais citer Pratchett.

Les Benjamin Malaussène de Daniel Pennac sont pas mal marrants je crois bien.

Proust, c'est souvent drôle, non ? Borges aussi, d'une certaine façon. Et alors, Céline !
Comme quoi la drôlerie peut s'accorder avec le style et avec la philosophie.

Céline, drôle ?
Je n'aurais pas osé.

Bérénice a écrit:Céline, drôle ?
Je n'aurais pas osé.

Tout de Céline, n'est pas à rejeter, loin de là.

Truculent, pour le moins. Surtout pour l'époque.

Par drôles, j'entendais "romans écrits sans autre prétention que celle de d'amuser le lecteur", ce qui n'est évidemment pas le cas des derniers livres cités

Mendoza a écrit deux très beaux romans : la Ville des prodiges et La vérité sur l'affaire Savolta, qui mêlent astuce, drôlerie... et lyrisme ! Les livres que j'ai cités en ouverture de topic, du même auteur, sont, eux, de purs divertissements.

Borgès, je l'aime depuis toujours. J'ai eu (qu'on me passe l'immodestie) l'occasion d'en discuter de très intéressante manière (édifiante même, devrais-je dire), dans un topic consacré à La bibliothèque de Babel. Je vous parlerai aussi d'une autre nouvelle, parue dans Fictions, et qui s'intitule Le miracle secret. Les dernières pages de cette nouvelle me travaillent en ce moment !

Bon, je ne vais pas vous faire languir ^^

L'histoire tient en quelques pages : un écrivain, pendant la deuxième guerre mondiale, est condamné à mort. Ses bourreaux s'apprêtent à le fusiller. Mais il n'a pas eu le temps de terminer l'un de ses romans, aussi il demande à Dieu : "Accorde-moi une année de vie". Le temps s'arrête. Les bourreaux sont immobiles, l'écrivain s'enfuit. Il termine son oeuvre. Il meurt enfin, fusillé, au bout d'un an.
Mais ce que nous dit Borgès, c'est que cette année n'est qu'illusoire. Elle n'a duré qu'une seconde.

L'idée est glaçante. Borgès suggère que le court instant qui nous voit passer de vie à trépas pourrait bien durer un an, deux ans, une éternité. Ne serait-elle pas là, justement, la place du paradis (ou celle de l'enfer) ?

Est-ce que Borgès se souciait de l'enfer, ou du paradis ? Je ne crois pas. Ses nouvelles sont des variations (des divertissements) autour de l'idée d'éternité, variations débarrassées de tout mysticisme. Il n'empêche : il y a dans cette nouvelle (Le miracle secret) quelque chose d'effrayant.

Truculent :

Pennac, et sa série des B. Malaussène, est marrant oui.
Tout est chouette de Pennac. C'est le "type bien" qui ne se la pète pas.

Je pensais aussi à Vialatte avec ses chroniques, parues dans La Montagne.
Et c'est ainsi qu'Allah est grand !

Je viens de terminer Le maître et Marguerite, c'était super, merci Inka pour le conseil !

Très contente qu'il t'ait plu. Boulgakov est un écrivain que j'apprécie de plus en plus. J'ai trouvé une édition bilingue des Oeufs diaboliques, une de ses premières nouvelles. Je mettrai dix ans à la terminer, mais c'est pas grave...

"Demain j'arrête" de Gilles Legardinier. Drôle, farfelu et tout en finesse

Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert

Maîtres anciens, de Thomas Bernhard

Bernhard est un auteur autrichien très anticonformiste, à l'écriture dense, impitoyablement sarcastique et subtilement burlesque. Beaucoup de ses livres sont quand même très longs et ardus à lire.
Maîtres anciens est un petit bouquin très abordable, la chronique d'un visiteur quotidien du Musée des beaux arts de Vienne, qui depuis sa place attitrée observe les allées et venues grotesques et insensées des gens qui visitent le musée.
Je trouve ça drôle mais c'est un humour décalé, obsessionnel et assez carnivore comme je les aime. Je conçois que chacun ne puisse le goûter. Il faut avoir un esprit grinçant. L'idéal pour un célinien, un cioranien ou un nabokoviste qui se respecte... Pas franchement l'humour de la télé...

Bérénice a écrit:Céline, drôle ?
Je n'aurais pas osé.

Toute l'oeuvre de Céline est un immense éclat de rire, et je dirais même qu'elle ne tiendrait pas la route sans cet humour. Humour méchant, certes, grinçant certes, mais humour quand même. L'humour à mon sens est la seule chose qui nous permet de vivre malgré toutes les horreurs que Céline décrit dans ses romans (guerre, misère, exploitation, etc.)

Une petite citation drôle de Céline : Un seul dimanche à les voir se distraire, ça suffirait pour vous enlever pour toujours le goût de la rigolade. (très zèbre, au passage, comme remarque).

Mais ce n'est pas tellement dans les citations des anthologies qu'on peut trouver cet humour célinien, mais dans la lecture, dans cet immense élan lyrique d'exagération et de délire qui caractérise le bonhomme, dans tout son petit attirail de procédés stylistiques qui pervertissent la langue habituelle, dans la grande galerie de tarés et de dingues qui peuplent ses romans. Le personnage de Courtial des Pereire dans Mort à crédit est, notamment, à crever de rire.

Il faut pourtant reconnaître qu'il s'agit d'un humour particulier et que la lecture de Céline est souvent difficile et problématique.

Le Montespan, de Jean Teulé, fresque historique réelle mais romancée, romanesque et rocambolesque, du sieur de Montespan, cocufié par le roi lui-même et qui jamais ne l'acceptera, dut-il entrer en disgrâce ou même périr !

Edit : je plussoie aussi comme les gens ci-dessus pour Céline, un zèbre sombrement ironique, méchamment sarcastique et foutrement désabusé.

Difficile, Céline ? Sur le plan du style, j'ai plutôt eu l'impression que, de même que pour Proust, mais de façon complètement différente, ça coule tout seul, malgré les longues phrases chez l'un et la période impromptue chez l'autre.

D'ailleurs, chez l'un et chez l'autre, selon une répartition complètement différente là aussi, je crois que c'est et l'humour et la sentimentalité qui donnent à l'œuvre son équilibre.

Difficile, Céline ?

Peut-être dans le sens "pas drôle" ?
Ce qui, justement, n'est pas l'objet de ce fil.

Par drôles, j'entendais "romans écrits sans autre prétention que celle de d'amuser le lecteur"

C'est pas exactement un roman, mais ça me fait rire.
http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-gymkata-gymkata.html

Du coup pour rester dans le thème

J'ai pas ri quand je l'ai lu. Mais je crois que c'est un "roman drôle".

J'ai lu ce roman il y a des années.
Je garde le souvenir d'une histoire complètement allumée !
Lecture totalement "inutile", mais pour le coup vraiment divertissante.

Je conseillerais une longue nouvelle de Stephen King "Le corps".

"Drôle de bazar" - Joseph Connolly

Récemment j'ai bien aimé "Poulets grillés" de Sophie Hénaff.

J'ai passé un bon moment en le lisant, j'étais assez scotchée et je me suis surprise plusieurs fois avec de grands sourire et "Mais... non !!!!  "...

le pitch :

Le 36 quai des Orfèvres s’offre un nouveau patron. Faire briller les statistiques en placardisant tous ceux qu’on ne peut pas virer et qui encombrent les services : tel est le but de la manœuvre.

Nommée à la tête de ce ramassis d’alcoolos, de porte-poisse, d’homos, d’écrivains et autres crétins, Anne Capestan, étoile déchue de la Judiciaire, a bien compris que sa mission était de se taire. Mais voilà, elle déteste obéir et puis… il ne faut jamais vendre la peau des poulets grillés avant de les avoir plumés !

Je suis en train de lire La fonction du balai, de David Foster Wallace. J'aime beaucoup, j'en suis au début, à la disparition de 25 pensionnaires d'une maison de retraite. C'est difficile à résumer, mais c'est chouette dès les premières pages. Et pour les esprits mal tournés, en anglais, le titre est The broom of the System.

Apparemment, un auteur particulier et prolifique, malheureusement disparu en 2008. Son dernier titre vient d'être traduit en français, L'infinie comédie.

Tu peux voir le speech qu'il fait à des élèves sur youtube :

This is water

C'est intéressant, les conseils de survie qu'il donne. Ça n'aura pas suffi pour lui.

Non, hélas. Je le découvre maintenant, et il a l'air hyper intéressant. Il y a un bouquin d'entretiens avec lui en forme de road trip, que j'ai bien envie de lire aussi : Même si en fin de compte, on devient évidemment soi-même, écrit avec David Lispski.

Je vais regarder le speech, merci.

Coucou, je viens de voir que le topic s'était aujourd'hui enrichi de nouvelles suggestions, je viens aussi de relire quelques pages et me souviens de ce message de Cyril :

Cyril THQI a écrit:Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert

Ce livre, je l'ai lu à 16 ou 17 ans, à un âge justement où l'on veut tout apprendre, tout savoir, tout connaître. Ca a été un choc ! Je me suis rendu compte combien cette prétention était ridicule (en d'autres termes, c'est en lisant ce livre que j'ai appris qu'il ne fallait pas péter plus haut que son cul). Un livre à mettre entre les mains de tous les étudiants, je dirais ! (moi, maintenant que je suis devenu un homme sage, la lecture de ce roman ne n'apporterait pas grand chose ^^)


David Foster Wallace, je n'en avais pas encore entendu parler, mais vous êtes deux à sembler l'apprécier... (je viens de consulter quelques sites parlant de son destin hors-norme...)

De Douglas Adams.
La série des Dirk gently, détective holistique :
Tome 1 Un cheval dans la salle de bains.
Tome 2 Beau comme un aéroport.
Tome 3 Le saumon du doute, inachevé, contenu dans le recueil "Fonds de tiroir".

Et du même auteur, la série du Guide du routard intergalactique (H2G2).

Si vous avez des questions, la réponse est 42.

Faut que je les lise ceux-là, ils ont l'air excellents. Je devrais bien pouvoir trouver quelqu'un pour me les prêter.

Je ne sais pas si j'ai déjà cité ici "Un tout petit monde" de David Lodge, le petit monde en question étant celui de ces universitaires qui, de congrès en congrès, parcourent la planète avec toutes sortes de motivations et de mésaventures. Drôle, mordant et très british.

Kalimsha a écrit:De Douglas Adams.


Et du même auteur, la série du Guide du routard intergalactique (H2G2).

La traduction en français est bof bof.
N'oubliez pas votre serviette de bain. Et merci pour le poisson.