Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine

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Message par Aerienne Sam 20 Oct 2012 - 16:15

Merci à Toi, Doinel.....

L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......
J' aime bien Moissec et la Bretagne (j' ai de mes ex qui est breton !)
et la chanson ''Mon Homme bléssé''....Pour, Blonde Redhead je préfère la 1ère période.....J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino
de Paris en 85)......
Moi-même, j' adore aller au cinéma et au théâtre et au concert..

''l' échange par le monde virtuel '' prépare aux échanges IRL.......
Car, il est vrai ''que les écrans créent une distance trop importante'' dans la communication.....

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Message par Aerienne Sam 20 Oct 2012 - 16:15

Merci à Toi, Doinel.....

L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......
J' aime bien Moissec et la Bretagne (j' ai de mes ex qui est breton !)
et la chanson ''Mon Homme bléssé''....Pour, Blonde Redhead je préfère la 1ère période.....J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino
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Message par Harpo Sam 20 Oct 2012 - 16:44

Bon je ne vais pas revenir sur l'importance qu'a pour moi le Monde d'Apu, vu avec ma mère - assurément le film qui m'a fait aimer le cinéma. Ni sur le fait que je partage tant ce que tu dis sur les émotions, et les larmes. On en a déjà parlé, et c'est assez incroyable de lire tout cela sous la plume d'un autre. Partager son amour des films de Satiyajit Ray, c'est particulièrement difficile, je crois bien ne jamais l'avoir réussi pour ma part. J'ai essayé, puis abandonné, trop décevant...

Mon film préféré de Ray, après le Monde d'Apu, et malgré l'immense cinématographie de ce grand auteur, c'est Charulata. Pudeur, comme d'habitude, joie aussi. Le thème a été repris plus tard par Ray dans la Maison et le Monde, avec une dimension plus politique. Comme souvent chez Ray, le film est basé sur une nouvelle de Rabrindanath Tagore. Tu en as lu, Doinel ? C'est magnifique...

Et en cherchant des extraits sur le net, j'en reviens pas ! Je tombe sur les deux scènes que j'aurai sélectionné si j'avais pu faire le choix, celles qui me sont restées en mémoire.



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Message par Doinel Sam 20 Oct 2012 - 19:20

L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......

Ce que j'aime chez Truffaut, c'est un très grand romantisme, une fascination pour les passions extrêmes, alliés à la volonté d'échapper au lyrisme le plus débridé. Il essaie de présenter l'extrême dans le quotidien ou dans des gestes qui déroutent plus qu'ils illustrent.

J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino de Paris en 85)......

Mon ex femme ne comprenait pas que je puisse aimer un tel homme, qui se détruisait, se donnait ainsi en spectacle, montrait tant de défauts. Justement, toutes ses contradictions, ses innombrables défauts, les démons qui le tourmentaient et lui faisait tourmenter ses proches, le rendaient magnifiquement, tragiquement humain. Et ce qui ne gâte rien, son œuvre était complètement cohérente avec le bonhomme, toutes ses qualités et ses défauts y sont visibles. Il était honnête.

Si des œuvres peuvent faire partie de ma vie, ce n'est pas le cas de leurs auteurs. Il ne me viendrait jamais à l'idée d'essayer de les rencontrer ou d'entrer en relation avec eux. J'ai un jour refusé d'interviewer par téléphone le guitariste de mon groupe préféré. La mort d'un artiste que j'aime ne m'atteindra pas autant que celle d'une personne que je connais.

Gainsbourg fut ce qui se rapproche le plus de l'exception. A sa mort, ma copine de l'époque et moi avons ressenti un immense chagrin, et nous sommes allé porter des fleurs rue de Verneuil. Un petit tour et nous étions repartis.

Miossec me rappelle beaucoup Gainsbourg, jusque dans le phrasé. Il appartient à une autre partie de la Bretagne que moi et l'homme qui transparait dans ses chansons n'est pas comme moi, en tout cas comme je suis devenu.

Bon je ne vais pas revenir sur l'importance qu'a pour moi le Monde d'Apu, vu avec ma mère - assurément le film qui m'a fait aimer le cinéma. Ni sur le fait que je partage tant ce que tu dis sur les émotions, et les larmes. On en a déjà parlé, et c'est assez incroyable de lire tout cela sous la plume d'un autre. Partager son amour des films de Satiyajit Ray, c'est particulièrement difficile, je crois bien ne jamais l'avoir réussi pour ma part. J'ai essayé, puis abandonné, trop décevant...

Pour ceux qui auraient loupé cette épisode, Harpo et moi avons vécu le même choc cinématographique avec ce film, peut être même le même jour.

C'est vrai que "convertir" quelqu'un à des films indiens, faits avec une sensibilité et des symboles très particuliers est une gageure.

J'ai Charulata sur disque dur mais je ne l'ai pas encore regardé.

Pour moi, regarder de tels films, comme faire certaines activités à deux, sont des investissements émotionnels importants. Je sais que je vais ressentir des émotions qui vont me chambouler. Il faut être prêt, se sentir en forme et tout à fait disponible pour tout absorber de manière optimale.

Comme souvent chez Ray, le film est basé sur une nouvelle de Rabrindanath Tagore. Tu en as lu, Doinel ? C'est magnifique...

Encore une des milliards de chose qui me restent à faire. Et dire que certains s'ennuient.
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Message par Doinel Dim 21 Oct 2012 - 10:10


J'ai regardé Charulata hier soir.

C'est un film magnifique. Parmi les différents thèmes, c'est (bien sur) celui du triangle amoureux qui m'a marqué. Un triangle avec trois hypersensibles qui essaient de faire ce qui est bien, sans un "je t'aime", sans un geste d'amour partagé, mais dans lequel l'expression des sentiments prend la forme de chansons, de poèmes, de regards, d'expressions d'étonnement, de joie, de fureur, de tristesse. Et puis de symboles (dont certains je pense m'ont échappé).
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Message par Doinel Dim 21 Oct 2012 - 12:41

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Message par Harpo Dim 21 Oct 2012 - 20:36

J'aime pas le fait qu'il y ait de la musique sur cette célèbre tirade. Parce qu'elle m'empêche d'entendre tous les mots, parce que ces mots se suffisent à eux mêmes. Parce que ce qui se dit là, et en général dans ce film, est pour moi fondamental. Et que ce film est fondateur. Fondateur pour la suite du cinéma français. Fondateur pour ma vie.

En lisant beaucoup de témoignages sur le forum, j'ai souvent pensé à ce film, et à ce que je pourrais appeler le syndrome "Alexandre". Celui de l'homme brillant et hâbleur, qui en impose par sa prestance et ses mots mais qui fini par s'effacer devant l'altérité féminine, la femme indestructible et réelle, la terre, la maman et la putain donc. Qui abandonne ainsi son jeu et ses faux semblants - son faux self ? - pour enfin entrer dans l'âge adulte.

Pour le côté putain, je me permet, Doinel, de citer ici un extrait du troisième dialogue de la philosophie dans le boudoir de Sade :

Eugénie: ...Mais un mot, chère amie, un mot vient de t'échapper encore, et je ne l'entends pas. Qu'entends-tu par cette expression de putain? Pardon, mais tu sais? je suis ici pour m'instruire.

Mme de Saint-Ange: On appelle de cette manière, ma toute belle, ces victimes publiques de la débauche des hommes, toujours prêtes à se livrer à leur tempérament ou à leur intérêt; heureuses et respectables créatures, que l'opinion flétrit, mais que la volupté couronne, et qui, bien plus nécessaires à la société que les prudes, ont le courage de sacrifier, pour la servir, la considération que cette société ose leur enlever injustement. Vivent celles que ce titre honore à leurs yeux! Voilà les femmes vraiment aimables, les seules véritablement philosophes! Quant à moi, ma chère, qui depuis douze ans travaille à le mériter, je t'assure que loin de m'en formaliser, je m'en amuse. Il y a mieux: j'aime qu'on me nomme ainsi quand on me fout; cette injure m'échauffe la tête.

Eugénie: Oh! je le conçois, ma bonne; je ne serais pas fâchée non plus que l'on me l'adressât, encore bien moins d'en mériter le titre; mais la vertu ne s'oppose-t-elle pas à une telle inconduite, et ne l'offensons-nous pas en nous comportant comme nous le faisons?

Dolmancé: Ah! renoncez aux vertus, Eugénie! Est-il un seul des sacrifices qu'on puisse faire à ces fausses divinités, qui vaille une minute des plaisirs que l'on goûte en les outrageant? Va, la vertu n'est qu'une chimère, dont le culte ne consiste qu'en des immolations perpétuelles, qu'en des révoltes sans nombre contre les inspirations du tempérament. De tels mouvements peuvent-ils être naturels? La nature conseille-t-elle ce qui l'outrage? Ne sois pas la dupe, Eugénie, de ces femmes que tu entends nommer vertueuses. Ce ne sont pas, si tu veux, les mêmes passions que nous qu'elles servent, mais elles en ont d'autres, et souvent bien plus méprisables... C'est l'ambition, c'est l'orgueil, ce sont des intérêts particuliers, souvent encore la froideur seule d'un tempérament qui ne leur conseille rien. Devons-nous quelque chose à de pareils êtres, je le demande? N'ont-elles pas suivi les uniques impressions de l'amour de soi? Est-il donc meilleur, plus sage, plus à propos de sacrifier à l'égoïsme qu'aux passions? Pour moi, je crois que l'un vaut bien l'autre; et qui n'écoute que cette dernière voix a bien plus de raison sans doute, puisqu'elle est seule organe de la nature, tandis que l'autre n'est que celle de la sottise et du préjugé. Une seule goutte de foutre éjaculée de ce membre, Eugénie, m'est plus précieuse que les actes les plus sublimes d'une vertu que je méprise.
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Message par Invité Dim 21 Oct 2012 - 20:49

A méditer....(pour certains qui ont parfois des réactions violentes contre les femmes - je m'en suis pris plein la figure !)

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Message par Doinel Dim 21 Oct 2012 - 20:54


J'aime pas le fait qu'il y ait de la musique sur cette célèbre tirade. Parce qu'elle m'empêche d'entendre tous les mots, parce que ces mots se suffisent à eux mêmes. Parce que ce qui se dit là, et en général dans ce film, est pour moi fondamental. Et que ce film est fondateur. Fondateur pour la suite du cinéma français. Fondateur pour ma vie.

Cette "chanson" de Diabologum (années 90) a été ma première découverte de ce monologue, avant de voir le film. Je ne l'avais pas entendue depuis longtemps.

Merci pour le texte.

Puis je me permettre de rebondir avec une chanson?

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Message par Doinel Lun 22 Oct 2012 - 10:06

On trouve souvent sur le forum la capacité des Z à lire comme à livre ouvert dans l'esprit des personnes qu'ils rencontrent, jusqu'au point de pouvoir leur expliquer leurs problèmes ou déterminer leur avenir.

Je ne pense pas que je puisse aller si loin. Ou alors je m'y refuse.

L'idée de connaitre une personne mieux qu'elle se connait me terrifie. C'est une intrusion dans son intimité qui ne peut qu'engendrer un sentiment de supériorité. Comment peut on vivre en harmonie avec les autres quand on se sent supérieur à eux? Ou inférieur?

Il y a aussi la sensation de toute puissance, d'infaillibilité qui peut naitre de cette faculté.

Dans ma carrière, j'ai rencontré trois ou quatre personnes qui m'ont impressionné par leur intelligence et leurs réalisations. Je me comparais à eux, analysaient les points sur lesquels ils m'étaient supérieurs, cherchait leurs défauts. Et là je trouvais toujours le même: avoir si souvent raison qu'ils se croyaient infaillibles. Pas besoin d'analyser toutes les données d'un problème, ils pouvaient rapidement sauter à la conclusion, sans se permettre le moindre doute. Et ils avaient raison. Dans 90% des cas.

Enfin, lire dans les autres procure un pouvoir sur eux. On peut les aider, les manipuler, leur faire du bien ou du mal, ou ne rien faire. Dans tous les cas c'est prendre une responsabilité et se préparer, quoi qu'on fasse, de beaux sentiments de culpabilité. J'ai déjà mon lot.

J'imagine que beaucoup de personnes vont rechercher cette aide, dévorant ainsi la personne qui peut la leur offrir. Lui empêchant de se confronter à ses propres problèmes, ne lui apportant que peu de choses en retour. Relation déséquilibrée.

Certains aussi vont fuir ces personnes qui en savent tant, du moins après un certain temps. Moi je le ferais très vite. J'ai toujours souffert de n'être compris mais je ne veux pas qu'on me comprenne trop bien. Je veux garder mon espace de liberté, une partie de mon mystère. J'ai la prétention de croire qu'on ne peut pas me connaitre mieux que je me connais. Que je n'aurais pas besoin de fuir une telle personne.

Toute sa vie mon père est allé voir des voyantes. Il sait que je n'aime pas ça. Mais il ne peut s'empêcher de m'en parler quand une prédiction s'est réalisée. J'apprends alors qu'il ne prend jamais une décision importante par lui même et qu'il cherche à savoir ce qui va lui arriver à lui et à ses proches, à moi. Je n'y crois pas mais en plus je trouve intolérable qu'on abandonne ainsi ses choix de vie à un autre. Une voyante, un ami, Dieu ou ses représentants, c'est pareil. Alors, j'écoute et ne lui dis rien. En tout cas pendant un temps, puis agacé je lui demande d'arrêter en lui rappelant que...je n'y crois pas. Pas besoin qu'il en sache plus.

Alors, en général je me refuse à aller très loin dans l'analyse des personnes que je côtoie. Je préfère m'en tenir à une impression générale, et je sais de toute façon qu'inconsciemment je connais des choses sur cette personne qui me feront agir en conséquence.

Mais parfois, quand cette personne m'intéresse vraiment (en bien ou en mal), je me laisse aller à mon analyse interne, jusqu'à un certain point.

Et c'est là que se révèle une capacité qui ne cesse de m'étonner: celle de mémoriser inconsciemment une multitude de détails sur la personne, des attitudes, des intonations, des regards, des paroles a priori sans importance, des réactions à certains moments... Tout ressort à point donné pour étayer des hypothèses, former un paysage, une cartographie de la personne.

Et puis il y a cette deuxième faculté: celle de détecter immédiatement les incohérences, les phrases, les attitudes qui ne devraient pas être là. Parfois, quand la personne me semble par ailleurs très intelligente, sincère et cohérente, le questionnement commence. Sont ce des moments de vérité? Des moments de dissimulation? Des messages qui me sont destinés? Si oui, quel est leur sens? Sont ils conscients ou inconscients? Je doute.

Il est parfois compliqué de ne pas vouloir faire simple...

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Message par Doinel Mar 23 Oct 2012 - 10:13

Quand on écrit sur un forum, on donne une image de soi qu'on ne peut contrôler. Chacun/chacune va nous percevoir à sa manière, avec ses affinités, ses inhibitions, ses dégoûts.

Il m'est arrivé parfois de susciter un certain énervement de la part de membres avec un profil très rationnel ou scientifique. Mon goût pour les hypothèses créées de toute pièce, énoncées pour le plaisir d'explorer de nouvelles pistes de réflexion, sans base vérifiée, heurte leur désir de recherche de vérités absolues. Moi je pense que quand l'humain est concerné, il est difficile de trouver des vérités et plus intéressant de considérer les hypothèses les plus diverses, les plus contradictoires, de construire un arbre des possibles, avec des branches plus ou moins solides. Je ne suis sur de rien.

Je suis trop intuitif, pas suffisamment scientifique. Trop peu cultivé aussi.

Alors peut être ai je plus d'affinités avec les intuitifs, les mystiques, les chercheurs de vérités alternatives. Mais non, je suis trop scientifique, trop rationnel pour cela.

Je suis toujours le gamin qui excellait en maths tant qu'il avait l'impression d'inventer les bonnes réponses sans faire le moindre effort. Un pur intuitif des sciences.

J'ai pu constater récemment que j'"impressionne" certains membres de ZC. Pas beaucoup je pense, mais cela fait un choc, ça me chamboule un peu. En plus, on me compare parfois à des personnes auprès desquelles je ne me reconnais pas, la catégorie des "scientifiques" ou des "savants". Je n'ai rien contre eux mais je ne suis pas comme eux.

Alors, puisque mon honneur est en jeu, je vais rétablir la vérité et démolir des fantasmes en parlant de mes handicaps (mais pas trop quand même, je suis très orgueilleux).

Mon rapport à l'écriture

J'aime écrire parce que cela me permet de mettre de l'ordre dans mes pensées et de les détacher le plus possible des émotions qui m'assaillent. Certains pourraient être étonnés du décalage s'ils me rencontraient. Là, je ne suis pas sur de savoir qui impressionnerait qui.

J'essaie d'écrire simplement, précisément, sans affect ni figures de style. Résultat, je trouve mon écriture plate, atone, sans intérêt.

Je ne vais pas mentir, je sais que certaines personnes apprécient ma manière d'écrire. Face à mon étonnement, on m'a parlé souvent d'une écriture sensible. Donc une partie des émotions que j'essaie d'enlever de la forme doivent frayer leur chemin dans le fond et certaines personnes le perçoivent.

Cependant, ces émotions je les retiens toujours dans l'écrit. C'est pour cela que je préfère écrire sur des sujets divers que sur les fils personnels des autres. Et que j'ai mis du temps à écrire sur ce fil qui m'appartient. Je ne peux m'investir humainement autant dans un monde virtuel que dans la réalité.

Je n'ai jamais écrit un poème de ma vie (tout au plus un vers unique quand j'étais enfant, il attend toujours de la compagnie). Je me sens incapable de créer quoi que ce soit qui puisse avoir une quelconque valeur artistique. Je n'essaie même pas. Ce serait ridicule.

La plupart des poèmes me posent problème. Quand ils sont trop ouverts, permettant des interprétations multiples, je panique. Que suis je censé comprendre? Puis je comprendre quelque chose? Il me faut un sens immédiat auquel je peux me raccrocher, sinon je fuis. Une amie de ce forum m'incite à affronter cette panique et à me laisser aller. J'essaierai, promis juré.

J'ai un problème similaire (mais différent) avec les textes scientifiques ou intellectualisant. Pourquoi faire si compliqué, aller chercher des mots qu'on ne rencontrera que quelques fois dans sa vie, faire des phrases qui s'allongent à n'en plus finir? Y a t'il des idées si compliquées qu'on ne peut les exprimer simplement? Pas les miennes en tout cas.

Les films suédois (ou indiens)

Bon déjà, le cinéma et la musique (non noble) c'est ma culture depuis toujours. Au lieu de m'enfiler des livres à la chaine, pendant très longtemps j'ai acheté des places de ciné, empilé des VHS du ciné club et du cinéma de minuit, acheté des vinyls, puis des CDs, et enregisté des disques et la radio sur K7. Chez moi, on ne lisait pas et on n'écoutait pas de musique classique ou de jazz. On regardait la télé (une chaine, puis deux, puis trois), en particulier les films et les Numéro 1 de Maritie et Gilbert Carpentier. Et comme mes parents ne me mettaient pas au lit et me laissaient m'endormir quand je voulais, je pouvais regarder la série télé après le Numéro 1 et tous les films qui passaient, pour les petits et pour les grands.



Mon rapport au cinéma est émotionnel. Je ne suis un intellectuel en rien.

Mes émotions et mon intellect sont très liés (comme tout un chacun, mais pour moi ils sont très très liés). L'expression artistique d'une émotion sans un minimum d'intelligence a peu de valeur pour moi. Plus cependant que l'expression d'une intelligence sans émotions. Les concepts abstraits ne m'intéressent pas si ils ne trouvent pas immédiatement un écho affectif chez moi. Une grande partie de la science m'est fermée. Je ne peux m'enthousiasmer longtemps en lisant sur la physique quantique, la beauté formelle des mathématiques ou les rouages de l'économie. Pas d'humain, pas de plaisir. Restent en gros les sciences humaines.

Le problème avec les films d'auteur et/ou les films exotiques, ce sont les a priori et les peurs qu'ils suscitent. Vais je m'emmerder (parfois)? Vais je tout comprendre (pas toujours)? Faut il regarder en VO (c'est mieux, on s'y habitue)? Pourquoi me coltinerais je un film en noir et blanc, pire un film en N&B et muet (pourquoi lire un livre sur du papier et sans images?)?

Il y a des chefs d'oeuvre du cinéma qui m'emmerdent et des films moins ambitieux que j'adore.

Parfois, un film considéré comme un classique fait peur alors qu'il a été en son temps et/ou dans son pays vu et adoré par des millions de personnes. Un film populaire est devenu un classique, mais il est resté abordable par tous. Certains ont été faits pour une minorité, mais cette minorité n'est pas forcément constituée d'intellectuels, ou alors des intellectuels qui ressemblent à Woody Allen.

Et puis, comme les autres arts, le cinéma d'auteur s'apprivoise. La plupart des premiers films de Godard sont droles et légers. Il vaut mieux avoir vu A Bout De Souffle, Bande A Part et Une Femme Est Une Femme avant de s'attaquer à Pierrot Le Fou et Au Mépris, et ainsi de suite (avec la possibilité de s'arrêter en route car cela peut devenir très ardu).

Pour parler du Monde d'Apu et de Charulata, les films récemment évoqués ici, le premier me semble beaucoup plus accessible que le second. Il y a une histoire pleine de rebondissements, des joies, des drames intenses, la vie de tous les jours dans un pays lointain. Le second est plus contemplatif, l'histoire peut se résumer en trois phrases. Il faut plus d'efforts pour se laisser prendre. Mais ce n'est pas un film intellectuel pour autant.

Alors, si vous avez du temps à perdre (ou à gagner) et si vous pouvez comprendre des sous titres en anglais, allez voir Le Monde D'Apu (Apur Sansar, The World Of Apu) sur Youtube. Il y est en intégralité, découpé en morceaux. Ou procurez vous le par d'autres moyens. Vous verrez peut être un héros qui, bien que bengali, ressemble à s'y méprendre à des membres de ZC.

Et après dites moi si c'est une épreuve aussi terrible que cela.

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Message par Fa Mar 23 Oct 2012 - 10:43

J'ai l'impression d'être très semblable à tout ça sur un nombre très important de points. Sur presque tout, en fait. A part vouloir soustraire l'affect des écrits, et avoir cherché à être touché par le cinéma d'auteur (joli énoncé des peurs courantes à ce sujet, soit dit en passant).

Mais, oui. Cette culture (bien que tu t'en défendes) peut impressionner.

Et... la façon dont tu écris des expériences, des intuitions, des ressentis de ta vie, sans brosse, avec franchise, c'est pour moi des cadeaux inestimables à chaque fois.

Y a t'il des idées si compliquées qu'on ne peut les exprimer simplement?
Je t'aime bien.

Je me répète, je crois...
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Message par Invité Mar 23 Oct 2012 - 12:02

On ne sait jamais quelle est la perception de ce que nous écrivons. La sensibilité joue beaucoup.
Savoir lire entre les lignes est aussi important que lire les mots, la manière d'utiliser les mots.

Je suis une scientifique aussi. Pourtant, je ne m'exprime pas de la même manière que les personnes perçues comme scientifiques du forum. La différence est que mon moi intime est littéraire. Mon écriture varie beaucoup en fonction de mes humeurs. Je peux écrire de façon très familière comme de façon très structurée. Et surtout, mes interventions ne sont pas dans le registre du débat...Hier, j'ai fait deux interventions pas très "scientifiques" : l'un sur le test Aspie qui exprimait ma compréhension des graphes, plus sentie que rationnelle, et l'autre sur la rupture amoureuse.

Doinel, ton style d'écriture fait partie de toi mais ce n'est pas toi...Qui veut bien percevoir ce qu'il y a derrière les mots peut te comprendre. La "timidité" littéraire existe mais n'amoindrit pas ce qui est exprimé. Ta sensibilité est filmographique. C'est un mode de sensbilité différent mais aussi riche. On s'en fout que cela fasse sérieux ou pas, que les films qui te plaisent soient considérés comme sérieux ou pas. Le plus important est que tu t'y retrouves. Le regard des autres ne doit pas peser sur notre manière d'être à nous-même....

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Message par Doinel Mar 23 Oct 2012 - 13:22

Merci Fa, merci Soleil.

J'ai le moral en berne aujourd'hui. Un de ces jours où je m'apitoie sur mon sort de manière honteuse.

Je n'ai même pas besoin de "vecteur" pour pleurer. Ou plutôt, le vecteur qui devait me remonter le moral me fait pleurer.

Peut être aura t'il un meilleur effet sur vous. D'habitude ça marche avec moi.

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Message par Ananke Mar 23 Oct 2012 - 21:20

Eh bien mon grand, que se passe-t-il, comment s'est passée du coup ta fichue journée...
Y suis-je pour quelque chose, dis ? Je ne peux m'empêcher de me le demander... C'est que je t'ai vu la veille au soir, et entre temps : juste, tu as dormi. > Soit endormi-réveillé.

Et si on allait au ciné jeudi soir, mister Mordu de 7e art ?
"Savages", le dernier film d'Oliver Stone... ça me semble pas mal, ça, hein ?

Bon, et ton "Jesus" incontinent à pampers, plein de pep's, qui se fait écrabouiller > survivor puis dead de nouveau tout d'un coup : on a encore une fois sursauté, et on s'est marrés, avec fiston.
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Message par fleur_bleue Mar 23 Oct 2012 - 21:44

Du coup, je suis allée jeter un coup d'oeil sur ton fil - j'avoue n'avoir lu que les derniers messages, pas tout. En revanche, il faudrait que je le fasse un de ces jours, parce que ce que tu écris est très touchant... Je crois que je suis en train de comprendre Fa.

(Personellement, je suis plus livres que cinéma. Mais sur le point "voir un film en N&B et muet", je dois dire que j'ai vu une vieille version du "Fantôme de l'Opéra qui était simplement géniale, bien meilleure que la plus récente! Donc je dirais que ca en vaut bien la peine...)

Sinon, j'espère que ca ira mieux demain! Long hug
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Message par Harpo Mar 23 Oct 2012 - 23:34

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Message par Doinel Mer 24 Oct 2012 - 11:17


Donc hier ça n'allait pas.

Un mal être diffus je connais bien. Un gros coup de blues où tout ressort, c'est très rare.

Alors hier j'ai décidé de le vivre à fond, de contempler longuement les parois empoussiérées et rayées du verre à moitié vide. Mes rêves inaboutis, mes amours imparfaites, les enfants dont je suis un père à temps partiel, ma petite vie, mes imperfections, les occasions perdues, ma mère que je n'ai pas su aimer dans les dernières années de sa vie, mon père auquel je fais subir le même sort aujourd'hui, tout le mal que j'ai pu faire malgré moi, le mal qu'on m'a fait sans le vouloir, mon avenir incertain...

J'ai mis le casque, j'ai écouté Miossec puis Barbara. J'ai beaucoup pleuré, perdu dans mes pensées, revenant aux chansons pour attraper certaines phrases qui trouvent un écho en moi. Je me suis vidé de presque toutes mes larmes.

Après j'ai regardé un film superbe qui s'appelle Ivre De Femmes Et De Peinture. Cela raconte l'histoire fantasmée dans un pays lointain d'un grand peintre inconnu ici, de ses combats contre le destin promis à un enfant orphelin et pauvre, les aléas de l'histoire chaotique de son pays, traversé par des révolutions et des invasions successives des puissances voisines, le conformisme ambiant, l'autorité oppressante, les attaches inhibitrices, ses démons, les limites formelles de son art, sa résistance à les dépasser pour accéder au rang de génie. J'ai encore pleuré, victime d'émotions d'une qualité extraordinaire. On sait très peu de choses de cet homme, qu'il aimait les femmes, qu'il a la réputation d'avoir toujours peint sous l'emprise de l'alcool, ce qui est impossible quand on voit la fine précision de ses œuvres.

Il m'a donné soif.

Alors j'ai décidé d'aller encore plus au fond de mon désespoir de ce jour. Je suis allé acheter une bouteille d'alcool. J'ai bu en écoutant Elliott Smith. J'ai encore pleuré, j'ai ressenti une solitude immense, j'en ai fait part.

Complètement saoul après quelques verres (je n'avais rien mangé de la journée), je me suis endormi.

Une heure après je me suis réveillé, complètement dessaoulé (incroyable) et je me sentais mieux, beaucoup mieux. La crise était passée.

Le sommeil avait fait son œuvre, mon esprit avait trouvé quelques réponses. Il avait aussi relativisé l'ampleur de mes pleines. Je suis revenu pour l'instant à l'acceptation de la moitié pleine de mon verre.

Ca va mieux. Et je vous remercie tous de vos pensées pour moi.
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Message par Invité Mer 24 Oct 2012 - 12:37

Je connais le film que tu as vu hier Smile Ce pays lointain aussi. Je dois l'avoir vu alors que j'étais étudiante.

Ma technique pour ne pas rester dans le fond est un peu similaire à la tienne. Je me laisse couler à pic. La différence est que je ne recours à rien du tout, juste à ma tête et à mon coeur. Je ne bois pas du tout d'alcool. Et je ne m'essayerais pas à d'autres substances vu mon caractère très addictif.

Alors, encore un petit message pour que cela aille plus qu'un peu mieux Smile

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Message par fleur_bleue Mer 24 Oct 2012 - 13:10

Récit touchant. En te laissant aller comme ça, tu n'avais pas peur de rester au fond? De ne plus arriver à remonter?
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Message par Doinel Mer 24 Oct 2012 - 14:51

Je connais le film que tu as vu hier Ce pays lointain aussi.

Je me demandais Soleil si tu allais "tilter". Je suis content.

En te laissant aller comme ça, tu n'avais pas peur de rester au fond? De ne plus arriver à remonter?

Non parce que je remonte toujours. Je pense que j'ai acquis cette capacité dans l'amour que j'ai reçu dans mon enfance, dans le sentiment de toute puissance que cet amour m'a un temps donné, et le caractère littéralement intolérable que son souvenir donne à toute souffrance.

Je n'ai pas connu de grands traumatismes de la vie. Juste des relations toxiques qui détruisent méthodiquement l'estime qu'on a de soi. Elles ont failli me détruire mais j'ai survécu, vulnérable mais insubmersible. Je plonge pour un rien mais remonte très vite.
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Message par Doinel Mer 24 Oct 2012 - 15:40

Je n'ai pas posté de chanson aujourd'hui (ici tout du moins). Voici mon humeur du jour, extraite de la BO de The Virgin Suicides.

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Message par Aerienne Mer 24 Oct 2012 - 16:33

Je t' envoie des ondes ensoleillées....... sunny

Merci pour tes partages alliant lucidité, sincérité, sensibilité mais aussi force...

Je trouve cette musique très mélancolique......

En général, je suis de nature optimiste - mais quand j' examine ma moitié de verre vide avec le spleen et la remise en question qui en découle - cela
s' accompagne de crise de larmes, de sommeil à rattraper, j' écris beaucoup mais pour moi......puis rature et déchire les feuilles une fois terminée - je partage mes états d' âmes avec mes proches - puiis, j' apprécie à nouveau
mon ''verre à moitié plein'' et essaie de modifier ou changer ce qui ne me convient plus.....

Belle embellie !
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Message par Invité Mer 24 Oct 2012 - 21:18

Doinel a écrit:
Je me demandais Soleil si tu allais "tilter". Je suis content.

J'ai plus que tilter...Ce film est lié à un souvenir précis. Je venais d'arriver à Paris pour mes études. Et par hasard, je suis tombée sur la programmation de ce film dans un cinéma indépendant, près des Champs Elysées. J'y suis allée. Ce fut un électrochoc.
J'ai entendu cette langue sans que mes oreilles soient heurtées par ces sons, ces tons alors que je ne comprenais aucun mot. Je me sentais dans un milieu familier et pourtant éloigné de moi. Cette langue a été la mienne et je l'ai rejetée loin de moi, le plus loin possible de moi.
Le plus gros choc a été de voir les visages de ces femmes. Je me suis vue dans ces visages. Mon visage est semblable à ceux des actrices. Jusqu'alors, j'avais un problème pour accepter ce visage. Ce film m'a mis sous les yeux tous ces visages de femmes, fort sembables au mien. J'avais envie de sortir du cinéma. J'y suis restée car l'histoire était belle, et que l'interprétation était forte. Cet artiste a souffert toute sa vie par son art et par sa passion des femmes car il les aimait dans la démesure. Je me disais, à l'époque, que j'aimerais pouvoir extérioriser ce qui est en moi avec cette violence, dans un domaine artistique...

Alors, oui, ce titre de film fait tilt. Il fait même boum. Ce film m'a permis de voir mon visage comme il est réellement.

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Message par Doinel Jeu 25 Oct 2012 - 9:21


On en a discuté, Soleil, drôle de coïncidence.
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Message par Doinel Jeu 25 Oct 2012 - 9:31

Il y a quelques années, je vivais avec ma femme et mes enfants.

Etais je heureux?
Oui.
Peut être.

Il y avait des problèmes entre nous, mais ils ne dataient pas d'hier. J'avais eu quelques tentations de partir, mais elles n'avaient jamais duré plus de quelques heures, deux jours tout au plus. Des coups de gueule sans suite. Après tout, elle m'aimait et je l'aimais. Nous nous aimions chacun à notre façon, pas la même. Nous avions chacun des attentes différentes et des choses à donner qui ne correspondaient pas vraiment aux attentes de l'autre. J'étais très tactile, à la recherche de tendresse partagée. Elle ne l'était pas. Elle ne voulait que des discussions ancrées dans le quotidien et sérieuses, je préférais parler de sujets sans lien avec notre vie et la légèreté. Alors nous coexistions pacifiquement la plupart du temps, avec de périodiques disputes et des moments de rapprochement. Le cinéma était une de nos passions communes. Mais je l'aimais et elle m'aimait. Jamais elle n'avait exprimé le désir de me quitter. Mais elle disait parfois que je serais mieux avec une autre, qu'elle ne pouvait me rendre heureux. Cela me mettait en rogne (je n'ai jamais supporté l'évocation d'une rupture) et si je la prenais au mot pendant une dispute, elle changeait totalement son discours, énumérant toutes les raisons que nous avions d'être ensemble et heureux. De bonnes raisons. Je ne l'avais jamais trompée et elle ne m'avait jamais trompé. Oui, après tout nous étions heureux, un bonheur banal, sans éclat. Parce que nous avions l'essentiel, l'amour partagé.

Et puis un jour il m'est arrivé une chose d'étrange.

Au réveil, j'avais une sensation bizarre. Elle a duré toute la journée, puis les jours d'après.

Je me sentais heureux mais d'un bonheur purement physique. Je sentais un amour m'englober, me donner chaud partout, faire battre mon coeur plus vite. Je me sentais si bien, presque euphorique. C'était nouveau. En fait, c'était nouveau parce que j'avais oublié que je pouvais ressentir une telle sensation, que c'était déjà arrivé des années auparavant. Avec une autre. On s'habitue tellement à tout qu'avec le temps on en oublie ce qu'on a vécu de différent.

Qu'y avait il de changé autour de moi? Avait elle changé quelque chose dans sa manière de m'aimer? Je ne voyais rien, alors au bout de quelques jours je lui est expliqué ce qui m'arrivait et je lui ai demandé. Non, rien n'avait changé. Elle m'aimait comme elle m'aimait avant. Ni plus, ni moins, ni différemment.

Etais je heureux?
Oui, formidablement heureux.

Cela a duré un certain temps, trois semaines peut être.

Et puis un jour, au réveil, plus rien. Plus de chaleur, plus de joie sans raison. C'était redevenu comme avant.
Et c'était atroce.

Etais je heureux?
Non, j'étais très malheureux.

Cette vie terne m'apparaissait maintenant dans toute son horreur. Je n'en voulais plus, pour rien au monde. Il fallait que je parte. Vivre seul? Ce serait au moins un enfer que je me ferais moi même. Je préférais cet enfer hypothétique à celui bien réel et sans relief que je vivais. Je finirais par en mourir si je restais dans ce coma perpétuel et indolore. Alors j'ai pris une décision irrévocable.

Quelques mois plus tard, mon grand amour de jeunesse réapparaissait dans ma vie. Pour un temps.

Elle m'expliqua que quelques mois auparavant elle était partie une semaine à Londres avec sa fille, un endroit où nous étions allés ensemble. Et que là, elle avait cru me voir partout, elle avait ressenti un manque terrible, une envie irrépressible de me retrouver. Cette envie ne l'avait pas quittée à son retour. Elle avait fait part de cette folle idée à ses amies qui l'avaient incité à la suivre. Elle avait alors entrepris de me rechercher sur Internet, sans succès. Puis elle avait laissé tomber, jusqu'au jour où, trainant sur un site où l'on peut retrouver ses anciens camarades d'école, elle avait tapé mon nom sans y croire. Ce site je l'avais visité une fois, un jour où au boulot je ne savais quoi faire.

Bien sur, le voyage à Londres coïncidait plus ou moins avec la survenue de mon étrange sensation. Impossible d'être précis.

Alors c'est tentant de trouver une explication surnaturelle à ce qui m'est arrivé. Des pensées amoureuses auraient traversé la manche et la France pour venir m'atteindre en Suisse. C'est tellement joli que j'aime y croire parfois.

Mais bon, mon côté scientifique me dit que c'est de la foutaise, et il a une hypothèse séduisante pour concurrencer l'autre: c'est mon cerveau de Z qui avait décidé de me bouger et avait trouvé cet ingénieux stratagème pour me sortir d'un piège dans lequel je m'étais enferré.

Le fait est que je n'ai jamais regretté ma décision.

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Message par Fa Jeu 25 Oct 2012 - 9:59

Merci
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Message par Harpo Jeu 25 Oct 2012 - 14:56

J'ai failli plussoyer Fa, parce que évidemment ce que tu dis là me renvoie à de longues années de ma vie. Mais c'était différent, et du coup je me souviens, et j'ai envie d'écrire à mon tour la dessus. Dois-je te remercier pour cela ?
Sais-pas...
Wink
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Message par Doinel Jeu 25 Oct 2012 - 15:07


Pourquoi remercier d'un effet involontaire? Et pas forcément agréable (?)
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Message par Harpo Jeu 25 Oct 2012 - 16:19

Ok, je ne te remercie donc pas.

Cool
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Message par Invité Jeu 25 Oct 2012 - 21:19

Technique de douche écossaise Very Happy
Ouverture, fermeture, fermeture, ouverture, encore et encore...Les zèbres semblent tanguer entre ces deux tendances, sans arrêt. La personne en face ne comprend pas ce qui se passe et peut en être blessée.
Au moment le plus fort d'expression intime, fermeture brusque parce qu'une idée, une ombre de pensée est arrivée entre temps. Ou la peur de lâcher trop de soi chez l'autre ?

Je peux me planter mais j'ai observé ce phénomène chez plusieurs zèbres.

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Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine - Page 4 Empty De la relation amoureuse

Message par Doinel Ven 26 Oct 2012 - 11:33



J'ai trouvé comment décrire la relation amoureuse idéale pour moi. Impossible aussi je crois.

J'ai depuis longtemps eu l'expression "petite musique" à l'esprit. Cette nuit je l'ai développée.

Quand je le peux, je mets toujours de la musique en "bruit" de fond. Pas la radio, généralement une des centaines de playlists que je me suis faites. Il y en a pour toutes les humeurs, par style, par artiste, par thème.

Souvent, je n'y fais pas attention. Je travaille, je lis, je fais quelque chose qui m'absorbe, je parle avec des amis. Mais elle est là, dans le fond, et je m'y branche souvent pour trouver une émotion ou pour me distraire d'une conversation qui m'ennuie, au moins pour quelques secondes, une phrase superflue, une ènième redite, des émotions ou des pensées chez les autres que je n'aime pas. Je me ressource pour revenir dans l'arène.

Parfois, je me concentre sur une chanson particulière. Je peux monter le son, très fort, m'immerger complètement dedans.

Et puis il y a des moments où j'ai besoin de silence pour me retrouver seul avec moi même, sans la moindre distraction.

La petite musique dans le couple, ce sont des regards. Un regard plein de bienveillance, de tendresse, qui se pose sur un corps adoré, sur certaines parties de ce corps, sur ce visage qui en dit plus sur la personne qui habite cette enveloppe, ou qui croise son regard, se plante dedans ou se dérobe un peu, un peu gèné de s'être fait surprendre dans sa contemplation.

Ce sont des sourires qui disent comment on est bien ensemble, ou comment malgré tout nos problèmes on est content quand même d'être là en ce moment avec cette personne, ou qui disent qu'on est désolé d'être dans un mauvais jour, ou de ne pas avoir de temps pour mieux être à deux, ou plein d'autres choses.

Ce sont des rires partagés qui expriment notre joie du moment ou qui font du bien, ou qui parfois font du mieux parce que ce n'est pas facile certaines choses, certaines émotions. Il vaut mieux en rire.

Ce sont des paroles échangées, importantes ou banales, sérieuses ou légères, mais des paroles qui disent aussi je t'aime ou je t'aime quand même, pauvre con, pauvre idiote.

Ce sont des "oui" à des requêtes qui devraient nous emmerder, parce qu'on n'a pas envie de faire ceci ou cela, mais maintenant on a envie parce que cela va faire plaisir, cela va être utile. J'ai beaucoup de mal à me bouger pour faire plein de choses qui ne présentent aucun intérêt (déjà faut y penser à les faire), mais si c'est demandé je vais le faire et je vais même être content de le faire. Demandé, pas exigé, pas sommé.

Et puis ce sont des gestes, plein de petits gestes.

Je n'aime pas les contacts physiques, que je considère comme des intrusions de mon intimité ou de l'intimité de l'autre. Je suis très rarement le premier à toucher une femme qui m'attire, j'ai besoin de son invitation à la toucher. Mais dans le couple le contact physique m'est vital. Je ressens intensément chacun de ces contacts, il me fait du bien. Si elle me pose la main sur la cuisse alors qu'on regarde la télé, je vis une émotion qui dure tant que cette main est là. Si jamais pour une raison ou une autre j'en veux à l'autre, cela se traduit immédiatement par un éloignement physique, une impossibilité à accepter le contact, ou du moins à le rechercher et l'apprécier.

Mon ex femme qui n'avait pas ce genre de besoins avait une expression moqueuse pour le décrire: "les mains sur les hanches". C'est vrai que j'aime poser mes mains sur les hanches de la femme que j'aime. C'est à la fois très intime et innocent. C'est important l'innocence, que l'autre sache que si on s'approche physiquement d'elle ce n'est pas forcément parce qu'on la désire, là, maintenant. C'est un désir mais d'un autre ordre. Un désir de dire je t'aime, j'ai besoin de toi, tu me fais du bien, je veux te faire du bien.

A une époque, avec une compagne avec laquelle j'avais une très grande intimité partagée, mes mains se portaient souvent inconsciemment et innocemment sur ses seins. On pouvait se parler de n'importe quoi et puis je tendais une main délicatement vers un sein, comme souvent je la posais sur sa joue, sur sa nuque, sur son ventre, sur une fesse ou sur sa cuisse. Elle prenait ce geste comme il le fallait, un geste d'amour, pas de désir ou de possession. Cette main sur un sein ou ces deux mains sur les seins provoquaient parfois des embarras parce je pouvais le faire s'en m'en rendre compte en public ou devant des amis, la famille. Parfois, c'étaient les regards sur nous qui nous faisaient réaliser l'incongruité de mon geste. Mais souvent elle adorait cela, le fait que j'oublie totalement les autres tellement j'étais connecté à elle.

La plupart des femmes avec lesquelles j'ai vécu adoraient ce langage tactile. Une m'a demandé un jour, au début de notre relation "Dis moi que cela durera toujours, que ce n'est pas juste parce que c'est le début, parce que moi je sens que je deviens accro".

Alors parfois il pouvait y avoir des incompréhensions parce qu'il y a par moments un besoin de silence. Jouer cette petite musique des regards, des paroles, des gestes, ce n'est pas neutre émotionnellement. Et puis on ne peut pas être constamment tourné vers l'autre, il faut des moments de repli sur soi. Même quand on est ensemble. D'ailleurs ce besoin se retrouve chez l'autre, qui n'a pas toujours envie de cette intimité.

Les disputes? Cela devrait rester de la musique, une musique agressive, parfois violente, avec le volume très fort, mais toujours avec une mélodie. Malgré les reproches, les attaques plus ou moins méchantes, chacun devrait garder à l'esprit qu'il aime l'autre, chacun devrait pouvoir l'exprimer, si l'autre en a besoin, même au pire moment de la tourmente. Une de mes compagnes partait dans des disputes très agressives. Elle pouvait déverser des tomberaux de méchanceté sur moi, même me dire qu'elle voulait me quitter ou qu'elle "m'aimait moins qu'avant". Comme je peux moi aussi être belliqueux quand on m'attaque, je lançais moi même des salves, moins violentes mais quand même. Mais quand elle vacillait, elle me lançait une perche: "Si tu es si méchant avec moi c'est parce que tu m'aimes!" Elle savait que même dans les pires moments j'allais répondre à sa demande. Elle appuyait sur un bouton "off" (ou "on"), au moins le temps d'un petit break dans le combat.

Mais pour jouer une petite musique qui comble chacun des partenaires il faut constituer un duo. J'ai connu des femmes qui aimaient ma partition mais ne semblaient pas vouloir ou pouvoir créer la leur en retour. Que de fausses notes, que de dissonances. Je ne demandais pas une réciprocité complète mais un minimum de musicalité. Alors, ma petite musique connaissait de plus en plus de ratés, puis elle s'éteignait pour de bon. Je n'ai plus trop envie de la jouer.
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Message par Invité Ven 26 Oct 2012 - 11:41

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Message par Invité Ven 26 Oct 2012 - 11:57

Je comprends autrement la remarque de Doinel.
Selon moi, il trouve qu'il n'arrive pas à mettre le feu qu'il y a en lui dans les mots, dans ce qu'il écrit. Par contre, il est conscient de savoir bien décrire, écrire ce qu'il veut dire. C'est juste une question de style d'écriture, de manière de retranscrire ce qui l'anime..C'est une nuance que je pense importante.

On en revient au lâcher prise...Car techniquement, tout est là. Il est difficile de se montrer tout nu dans ses écrits.

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Message par Invité Ven 26 Oct 2012 - 12:21

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Dernière édition par Loic le Sam 8 Déc 2012 - 18:47, édité 1 fois

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Message par Invité Ven 26 Oct 2012 - 12:37

Oui Smile
Chacun se juge selon son propre point de vue, donc non impartial (dans un sens ou dans l'autre) !
Mais je trouve qu'il y a un glissement, un léger pas vers plus d'expressivité. Il y a de petits mots, de petites tournures qui font que....Ce n'est que mon avis. Et il faut que j'arrête de faire des analyses de texte et des émotions qui émergent entre les mots. Je n'y arrive pas Smile

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Message par Harpo Ven 26 Oct 2012 - 12:54

Je comprends aussi, mais comme Loic je suis en désaccord.

Cette écriture semble plate et atone car elle est expurgée de tout pathos. Elle est descriptive, admet peu d'adjectifs ou de superlatifs. Et de cet effet d'épure et de refus de pathos nait, paradoxalement, une émotion, souvent très forte. C'est vraiment étonnant.

En fait, je trouve cette écriture très cinématographique, assez proche de ce cinéma qu'aime Doinel - je pense à Truffaut. Un peu aussi comme la précision d'un scénario. En temps que cinéphile, je parlerai volontiers "d"écriture Bressonienne" Wink

Reste à voir ce qu'en pense Doinel...

Edit : mais Doinel parle très bien de ce paradoxe plus haut il me semble...
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Message par Invité Ven 26 Oct 2012 - 13:06

Je ne dis pas que je ne suis pas d'accord avec vous...Je parlais en essayant d'adopter son angle de vision. Sa manière d'écrire est très visuelle. Je suis sensible à tous types d'écriture. Dans chacun je vais y voir de petites perles. Personnellement, je vise à un style épuré dans mes poèmes (difficile d'être plus épuré!) car j'y trouve une grande densité.

Mais mais... c'est à Doinel de trouver ce qui lui ressemble le plus et/ou d'accepter que son style fait partie de lui (sans déformation aucune) Smile.

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Message par Doinel Ven 26 Oct 2012 - 14:43

Merci à tous les trois pour vos réactions.

Loic, ce que tu as écrit me touche particulièrement parce que dans tes écrits je perçois une personnalité qui m'est proche et que j'aimerais toucher également.

Quant à Soleil et Harpo, votre perspicacité me cloue.

Oui, si je me sentais capable, je voudrais atteindre ce but d'une écriture épurée inspirant des émotions très fortes.

Quand je me relis, je vois le chemin qui me reste à parcourir, et je vois le style. Si je ressens des émotions en me lisant, je me dis que c'est parce que je les ressens déjà, et que ce pâle reflet les fait ressurgir en moi.

Alors je me dis que j'aimerais bien avoir une écriture plus sophistiquée, se permettant des figures de style, des envolées lyriques. Pas trop quand même.

D'habitude, j'écris le soir pour poster le lendemain. Je laisse le temps à ma censure de faire son œuvre.

Le texte de ce matin était plus spontané, écrit d'un trait juste avant de le poster. Je l'ai relu mais pour une fois n'ai pas décidé d'enlever certaines phrases ou ces bouts de phrases que Soleil a perçus comme une évolution.

J'en ai subi un petit contrecoup par la suite. Pas grand chose, deux petits ruisseaux sur mon visage. J'ai décidé d'attendre un peu avant de réagir à vos posts.

Truffaut, Bresson, c'est en effet tout ce vers quoi je voudrais aspirer.

Truffaut je le sais depuis longtemps. Sa manière de construire des films en y mettant plein de petits détails observés dans la vie et notés dans des cahiers me parle énormément. Dire sans dire, suggérer plutôt que montrer.

Il y a cette scène dans Jules Et Jim. Catherine, Jim et Jules marchent au bord de la scène. Jules et Jim discutent très sérieusement et Catherine s'ennuie. Alors elle se jette à l'eau. Jules est paniqué, se demande ce qui l'a pris. Jim est fasciné. J'aime ce genre de scène. On n'est pas dans le petit détail de la vie courante mais dans la suggestion presque anecdotique d'un amour passionné et destructeur en train de naitre.

Bresson je n'y avais pas pensé mais c'est vrai que j'admire son parti pris radical d'empêcher ses acteurs de "jouer", de les obliger à parler sans émotions, comme récitant leur texte. On touche à l'épure extrême et bizarrement les émotions ressenties par le spectateur qui passe outre ses premières impressions prennent une force extraordinaire.
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Message par Doinel Sam 27 Oct 2012 - 11:34

Je pense que pour moi il n'y a pas pire que faire souffrir.

Parce que le mal que je fais se retourne contre moi sous la forme d'une culpabilité insupportable. Les souffrances que je m'inflige, que la vie ou les autres m'infligent, je peux les combattre. Celles dont je suis coupable restent et me hantent.

Il est si facile de faire souffrir.

En s'éloignant d'une personne que j'aime ou j'ai aimé par exemple.

Parce que cette personne ne me rend pas heureux, parce qu'elle me rend encore plus malheureux que si j'étais seul. Et qu'une part de ce mal être tient au fait que cette personne ne semble être pas heureuse avec moi non plus. A quoi ça sert de vivre ensemble si c'est pour se rendre misérables?

Les femmes de ma vie sont tombées très amoureuses de moi. Pour leur malheur et pour le mien.

Elle me voyaient des qualités exceptionnelles et me croyaient parfait. Rien d'anormal, c'est chimique.

Moi je voyais tout de suite que ça allait clocher. Je pouvais déjà prédire le sort funeste de cette relation mais je préférais me convaincre que non, que tout était possible, y compris le meilleur. Je crois toujours ce que j'ai envie de croire.

Le temps passant, elles réalisaient que les qualités qu'elles avaient vu étaient bien là. Elles ne s'étaient pas trompées. Mais ces qualités avaient aussi leurs revers, auxquels s'ajoutaient encore d'autres défauts.

Elles prenaient alors très à coeur leur mission de faire de moi un homme vraiment parfait, pensant peut être que ce n'était qu'une question de détails à ajuster. Mon désir d'atteindre cette perfection à leurs yeux leur donnait de formidables espoirs. Mon incapacité à réussir, des déceptions énormes. Et pourtant je ne leur promettais rien, je leur disais seulement que je ferais tout mon possible, sans certitude d'y arriver.

J'étais une machine à générer des sentiments intenses, des espoirs immenses et des déceptions abyssales.

Alors venaient les reproches et les agressions. Je peux mélanger les deux car parmi mes défauts il y a celui de souvent prendre les reproches de la personne qui m'aime comme des agressions. Ils peuvent être très injustes. Surtout que je ne fais pas de reproches à la personne que j'aime. Pourquoi moi? Pourquoi pas elle? Et si je me mettais moi aussi à lui reprocher tout ce qui ne me convient pas dans son caractère et dans son attitude? Déjà le fait qu'elle me fasse sans arrêt des reproches alors que moi je ne lui en fais pas. Et puis...
...Et puis rien. Rien qui vaille la peine de se plaindre. Rien que je ne puisse accepter, comprendre, excuser. Elle m'a fait des choses mais j'ai oublié. Ou pardonné, c'est pareil.

Suis je le seul à avoir des défauts inacceptables? A ne pas être "aimable" totalement? Un monstre qui ne sait que faire du mal en essayant de donner son meilleur? Suis je toxique? Médicament à petite dose, puis poison?

Alors se manifeste un autre défaut. Je deviens con. "Tu ne vois pas comment je suis réellement, tu ne me comprends pas. Tu m'attribues des défauts qui ne sont pas les miens. Tu m'en reproches d'autres qui sont réels mais que tu devrais accepter. Tu me vois ainsi? Alors je n'aurai aucun scrupule à me comporter selon les tares que tu m'accordes aussi gentiment. Tu veux que je fasse ceci? Tiens, je vais faire le contraire. De toute façon je suis déjà jugé et condamné."

Le constat d'être incompréhensible pour l'autre est difficile à vivre. Peut on vraiment aimer quelqu'un sans le comprendre? Un jour, j'avais regardé avec ma compagne un film d'Hitchcock dans lequel un homme très bon est accusé à tort d'avoir commis un holdup. Devant les témoignages qui s'accumulent, même sa femme se met à douter de lui. Alors que j'exprimais mon incompréhension qu'une femme puisse douter un homme qu'elle connait si bien et aime profondément, elle me répondit simplement qu'elle douterait de moi dans les mêmes circonstances, qu'elle ne savait pas ce dont j'étais vraiment capable. Douche froide.

J'ai longtemps voulu être compris, j'ai appris à décrire comment je fonctionne, à expliquer la relation entre mes qualités et la plupart de mes défauts, que les uns ne vont pas sans les autres, qu'il n'est pas logique de m'aimer pour mes qualités et me reprocher les défauts associés. Mais cela n'a pas marché. Cela me semble simple mais apparemment ça ne l'est pas.

Alors à défaut d'être compris j'ai espéré être accepté. Que je puisse avoir un regard bienveillant, la présomption d'innocence et non de culpabilité. Mais il semble que les gens ne fonctionnent pas ainsi non plus. En tout cas mes amours.

Pendant un temps, parfois des années, je tenais coûte que coûte, je me refusais même à envisager une séparation. J'étais à fond dans cette relation, je ne pouvais la remettre en question, si je le faisais sa fin serait déjà annoncée. Tout doute était balayé en quelques secondes, en quelques heures. Et puis un jour une décision s'imposait, c'était fini.

Il faut que je me protège avant tout, je ne peux me perdre ainsi et perdre mon temps. Les aimais je autant que je le croyais? J'arrive à croire ce que je veux croire.

Et je me dis que je suis quelqu'un de très dangereux et qu'il vaut mieux que je disparaisse complètement de la vie d'une ex, quand c'est possible. Car la malédiction continue: elle m'aime toujours, ne comprend pas que je la quitte, regrette d'avoir rendu ma vie épouvantable sans s'en rendre compte, pour des futilités, promet de changer. Ce serait plus simple qu'elle me prenne pour un connard, qu'elle se demande comment elle a bien pu être amoureuse d'un type comme moi. En disparaissant, je lui donne la possibilité de me haïr vraiment, durablement.

Rester seul pour ne plus faire souffrir. La souffrance infligée aux autres m'est la plus intolérable. Et je suis aussi un égoïste.

Alors cette chanson est un peu mon hymne à l'amour.

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Message par Invité Sam 27 Oct 2012 - 12:50

Je suis un homme dangereux, je suis une femme dangereuse. Qui ne l'a pas pensé un jour (si on a une conscience aiguë de l'autre) ?
Nous ne pouvons porter la douleur de l'autre, nous ne pouvons contrôler ce que l'autre va faire avec ce que nous sommes.
Cette manière systématique de s'aveugler est humaine. Nous sommes humains, de petites choses qui se battent dans la mesure du possible et avec des moyens limités. Comment être heureux ? Comment arriver à être en harmonie avec nous-même ?

Ma vision n'est pas tout à fait la même que la tienne car j'ai eu une autre histoire de vie...La douleur de l'amour (la mienne et celle de l'autre), je l'accepte sans me poser de question. Elle est gérable et me montre que je suis bien vivante. Je ferais tout ce que je peux pour ne pas blesser tout en sachant que je ne peux tout maîtriser. Mon ex-mari m'a quittée et je pense qu'il avait une autre relation. Avec le recul, je me suis aperçue que je l'ai écrasée, je l'ai brisé d'une certaine manière. Depuis, je cherche un homme avec une force intérieure qui empêchera ce mécanisme de se mettre en place. Je ne tenterai rien si je sens une faiblesse, une blessure majeure qui ferait que je vais le blesser....Ma recherche est peut-être utopique ? Non, je ne le pense pas.

Le grand danger de ta position est de te congeler sur place, de ne plus être capable de vivre ces bonheurs, ces joies. La vie en offre et peut se montrer généreuse. Les douleurs usent. Tout mais pas la mort émotionnelle. Je n'ai pas envie d'être une morte vivante.

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Message par Invité Sam 27 Oct 2012 - 13:11

.


Dernière édition par Loic le Sam 8 Déc 2012 - 18:46, édité 1 fois

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Message par Harpo Sam 27 Oct 2012 - 14:30

Je passe mon tour, ce que tu dis est trop douloureux, Doinel...
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Message par ♡Maïa Sam 27 Oct 2012 - 14:54

J'aime bien qu'on me lise des histoires à voix haute, c'est une autre manière d'accéder au sens et aux émotions. Alors parfois, Harpo me lit les textes du forum, je ferme les yeux, et je l'écoute. Encore un texte de toi qu'il n'a pas pu finir Doinel, sa voix s'est brisée au détour d'une phrase... Sur ton fil, c'est presque un leitmotiv... Alors quand cela arrive, je pose doucement ma main dans son dos, juste comme ça, pas trop fort, et je le laisse finir sa lecture en silence, accueillant simplement ces "deux petits ruisseaux" sur son visage.

Je te l'ai déjà dit, je te le redis, tes textes sont tellement apaisants pour moi. A travers tes mots, j'ai le sentiment d'accéder (enfin) à la véritable nature de l'homme. Sans faire de généralités, je ne crois pas abuser en disant que vous n'êtes pas les champions de la communication dans la relation. Cet espace d'expression qu'est le forum devient comme un petit trou de serrure sur lequel je pose mon oeil, découvrant ébahie et soulagée que vous aussi vous avez des émotions, des ressentis, des doutes, des questions, et tant d'amour à donner... C'est juste que ça ne passe pas du tout par les mêmes canaux, qu'il faut apprendre à décrypter patiemment...

Il est un toulousain que je découvre tardivement et dont les textes me font le même effet que les tiens, l'impression de découvrir seulement aujourd'hui votre véritable altérité, si belle quand on sait la regarder pour ce qu'elle est et non pour ce qu'on désire qu'elle soit.



Merci.
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Message par Invité Sam 27 Oct 2012 - 15:04

Doinel, ne lis pas ce message. Il est adressé aux autres.

Spoiler:

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Message par Doinel Sam 27 Oct 2012 - 15:05

Je vais prendre le temps pour répondre à ces réactions, mais juste...

Le Cinéma est une des chansons que je connais par cœur.
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Message par Doinel Sam 27 Oct 2012 - 17:25


Vos réactions suscitent en moi des réflexions très diverses que je ne veux pas mélanger. Alors je vais flooder mon propre fil.

Je me rends compte que mon ressenti et mon expérience trouvent des résonance particulière chez certains d'entre vous. Des hommes, mais peut être être aussi des femmes (?)

Cela m'a surpris. Vraiment surpris. On se croit seul au monde et puis...

Mais je pense que quand on est suffisamment sensible, empathique, introspectif et lucide (peut être pas encore complètement), on peut effectivement retrouver une grande partie de ses émotions et de son vécu avec ses "frères" et "sœurs" d'infortune.

Je pense aussi que l'addition de toutes les caractéristiques nécessaires pour se trouver ces ressemblances sont relativement rares. Elles ne sont certainement pas spécifiques aux Z, dont je ne fais peut être pas partie, mais elles s'attachent à une minorité de personnes.

Harpo, je suis désolé pour les émotions que mes derniers écrits ont réveillé chez toi. Je suis aussi désolé pour la première réaction inadéquate que j'ai eue quant tu l'as exprimé. Je suis certain que tu as compris le trouble que j'ai ressenti.
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Message par Doinel Sam 27 Oct 2012 - 19:19

Mogwai, ce que tu as écrit était très beau. Si Harpo avait besoin d'une petite vengeance amicale, il l'a obtenu.

Depuis mon "coming out" en tant qu'hypersensible, je suis confronté à un problème que je ne connaissais pas auparavant: je ne peux plus parler d'un film ou d'une histoire qui me touche sans être obligé de m'arrêter. C'est pénible.

Je pense que les hommes sont confrontés à deux gros problèmes.

Celui d'accepter leurs émotions les plus intimes et dérangeantes. Certains n'y arriveront jamais.

Celui d'exprimer ces émotions telles qu'ils les ressentent et de se mettre dans une position de "faiblesse" par rapport à une autre personne. Ca, ça s'apprend.

J'y arrive, pas spontanément mais quand on me le demande et que je suis en confiance. Mais avec des limites. Au bout d'un certain temps je dis quelque chose du type: "Merci pour cet échange qui m'a fait du bien mais il faut qu'on arrête tout de suite. Je sens que si on continue je vais m'effondrer et je ne veux pas. Il y a trop d'émotions que je ne vais plus arriver à contrôler."

"Décrypter" c'est le verbe que j'utilise spontanément pour parler...des femmes. Il n'est pas toujours facile pour un homme de comprendre une femme.

Je ne l'associe pas à une différence de complexité, tu sais le tableau de bord féminin constitué de multiples jauges, leviers et boutons et le masculin se réduisant à un bouton unique.

En plus de la différence que j'ai suggérée plus haut et liée aux divers niveaux d'acceptation de certaines émotions trop difficiles, j'y vois un problème dans les aptitudes à la communication.

D'une part, une femme habituée à communiquer ses émotions et ses pensées intimes peut aussi exprimer leur complexité par des contradictions, des incohérences qui peuvent rendre l'homme moyen très perplexe. Attends, tout à l'heure elle m'a dit ceci et maintenant tout le contraire. Que dois je comprendre? C'est blanc, c'est noir, c'est gris, et quel gris?

D'autre part elle risque de surestimer la capacité de l'homme à comprendre toutes les finesses de sa communication: les allusions, les ellipses, les différents niveaux de langage entre les mots, les intonations, les silences, le regard, l'expression faciale, le langage du corps...

Enfin, je crois vraiment que pour une femme parler de ses émotions est souvent une fin en soi, autant qu'un moyen de résoudre un problème, alors que l'homme va typiquement réagir de la manière: "OK, j'ai compris, pas besoin de continuer. Bon maintenant qu'est ce qu'on fait?"

Bon, me reste à formuler une réponse à quelque chose qui m'a interpelé dans une réaction de Soleil. Plus intime, plus complexe.

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Message par Harpo Sam 27 Oct 2012 - 21:12

Ne sois pas désolé, au contraire !

Et je n'ai pas trouvé ta réaction inadéquate, loin de là. Quand à "petite vengeance amicale", comme tu y vas ! Wink

Tu parles de trouble, et je crois que c'est effectivement le bon mot. Il se trouve que nous avons le même age, une sensibilité apparemment assez proche, et pas mal de références communes. Normal que nos histoires se rejoignent en partie.

Accepter et exprimer ses émotions, effectivement ça s'apprend, ce n'est pas du tout naturel pour beaucoup d'hommes, surtout pour ceux qui comme moi ont refoulé cela sous peine (sous peur?) d'implosion affective instantanée comme je l'ai déjà écrit ailleurs.

J'ai écrit "je passe mon tour", mais j'aurais tout aussi bien pu écrire, plus sobrement, "merci". Merci pour écrire ce que tu écris sur ta relation aux femmes. Parce qu'après tout, même si c'est éminemment difficile, casse-gueule et douloureux, c'est aussi ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai vécu, et que je suis vivant.

Et puisque tu continue sur Nougaro, je poursuis aussi en chanson avec un des plus beaux hommages qu'on ai pu chanter à une femme.

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Message par Doinel Dim 28 Oct 2012 - 0:21


Merci Harpo, ce que tu as écrit me fait plaisir. Mais réalises tu que 4 ans d'écart ça fait presque une génération? Tomates
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Message par Doinel Dim 28 Oct 2012 - 0:51


Soleil évoque le risque pour moi de me congeler, de ne plus être capable de vivre des bonheurs ou des joies. Il faut que je m'explique plus sur mon mode de fonctionnement et le pourquoi de ma situation actuelle.

Depuis au moins mon adolescence, je me suis toujours construit des "béquilles psychologiques", des décisions, des croyances qui me sont utilitaires pour une durée indéterminée. Toute la vie, quelques années, quelques mois...

Adolescent, j'ai plusieurs fois contemplé l'idée du suicide, mais d'une manière très abstraite, presque rhétorique. Deux ou trois fois je me suis promis que si "dans cinq ans jour pour jour" j'étais toujours aussi désespéré, je mettrais fin à mes jours. C'était un moyen pour moi d'enlever toute incertitude sur ce que serait mon avenir. Je n'ai aucune idée aujourd'hui de quelles étaient les dates fatidiques. A ces époques, je n'étais pas forcément plus heureux, mais j'étais au moins passé à d'autres béquilles.

Depuis bientôt six mois, je suis convaincu que je ne peux rendre une femme heureuse et que je ne peux être heureux avec une femme, qu'il vaut mieux que je vive seul. Je me suis construit cette petite tour d'ivoire, petit à petit, et je l'ai encore renforcée ces derniers temps.

Cette croyance pessimiste et cet isolement choisi répondent à plusieurs besoins, très liés les uns aux les autres.

Je pense avoir atteint le premier, celui de ne plus ressentir le besoin de partager ma vie avec une femme.

Dans ma vie, mes périodes de célibat ont toujours été assez courtes, de l'ordre de quelques mois. J'ai pratiquement toujours vécu en couple. La brièveté de ces périodes de solitude est liée en partie à mon besoin de retrouver une compagne, que ce soit par peur de la solitude, la volonté de tourner une page ou celle de trouver enfin la relation amoureuse que je recherchais depuis toujours. Ce besoin m'a ammené à faire de mauvais choix. Etre libéré de ce besoin c'est d'une part me préparer à vivre seul pendant très longtemps, et d'autre part me permettre d'espérer que si un jour cette solitude prend fin, c'est qu'il y aura une bonne raison.

Le second c'est le besoin d'expier une faute. Il y a six mois, j'ai quitté de manière abrupte une femme qui ne le méritait pas et en a certainement beaucoup souffert. Une femme à qui j'avais donné des espoirs de longue vie commune. Une femme à laquelle je n'ai pas donné de "deuxième chance". Et puis, si les raisons que je lui ai données étaient toutes vraies, j'en ai omis une pour ne pas lui faire de mal. Je lui ai menti, même si c'est par omission, et j'ai horreur du mensonge. J'ai beaucoup de mal à accepter ce que j'ai fait et ressens le besoin de me punir, en espérant que j'arriverai peut être à me pardonner, au moins partiellement.

Le troisième est de clarifier ma position vis à vis d'une femme, rencontrée il y a très longtemps. Je sais qu'il m'est impossible de vivre avec elle, que de toutes les femmes que j'ai connues c'est celle qui m'a rendu le plus misérable, mais jusqu'ici à chaque fois ou presque qu'elle a émis le souhait de me retrouver, je suis accouru. Je dois soit accepter de vivre sans elle mais sans aucune autre, soit décider de vivre un jour avec une autre et fermer définitivement le livre de mon histoire avec elle. Ne pas chercher à la fuir dans une nouvelle relation, accepter ou couper une fois pour toute ce qui me relie à elle. En ce moment je suis dans une phase de coupure, mais je suis déjà allé plus loin que cela par le passé, avant de revenir en arrière.

Il y a enfin le dernier.

Dans ma vie, je me suis créé différentes croyances concernant mon rapport aux femmes.

Adolescent et jeune adulte, j'étais persuadé qu'aucune femme ne pourrait jamais aimer quelqu'un comme moi. La première qui m'a aimé, je l'ai prise pour l'exception qui confirme la règle.

Par la suite, j'ai cru que j'étais éminemment "aimable" mais que les femmes que je rencontrais n'étaient pas capables de m'aimer correctement. J'étais aimé mais mal aimé. Mais un jour je trouverais la bonne.

Aujourd'hui j'ai cette croyance que je suis "aimable" mais aussi "insupportable", peut être pas pour toutes les femmes de la terre, mais pour celles dont je suis susceptible de tomber amoureux. Donc celles qui "en valent la peine".

C'est une possibilité parmi d'autres, je le sais, mais dans le champ des possibles, je choisis toujours la pire option. Cela me permet de me préparer pour elle, sans pour autant écarter une "divine surprise". J'ai éprouvé le besoin d"intégrer" cette nouvelle croyance, de me préparer à ses conséquences éventuelles sur le reste de ma vie si elle se trouvait avérée.

Je ne m'enferme pas dans cette croyance, m'empêchant ainsi de considérer les chances qui pourraient s'offrir à moi. Je sais que si dans un an, un mois, une semaine, je rencontre une femme et que malgré toutes les barricades que je me suis construites, je sens mon coeur qui bat plus fort, si fort que je crois que tout est possible, que toutes mes craintes peuvent être vaincues, je repartirai la fleur au bout du fusil.

Parce que si je vous ai saôulé avec les analyses de mes besoins, mes croyances et tout ça, je ne suis au fond qu'un intuitif sentimental doté d'un optimisme, certes mis sous l'éteignoir, mais bien résilient. Un intuitif qui raisonne un peu trop.

Je regrette maintenant d'avoir écrit que j'étais quelqu'un de simple, mais je le crois vraiment.
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