Ici, postez les choses qui vous ont aidé, vos solutions

polyradial a écrit:Ce qui m’a aidé, je l’ai trouvé sur ce site même : le concept de « scanneur » mis au point par Barbara Sher (voir wiki zebra). Je sors d’une dépression, qui a été l’aboutissement de quinze années de tentatives de vivre comme un « diver », un spécialiste, et d’un enchaînement de relations avec des profiteurs et des profiteuses, dont un grand pervers narcissique. Le concept de « scanneur » a éclairé le pourquoi de cette séquence malheureuse et m’a libéré d’un poids (de culpabilité) énorme. Elève brillant, je n’arrive pas à faire le choix d’une carrière, j’aime tout, depuis le bricolage jusqu’à la philosophie, en passant par les sciences, la littérature et les langues. Forcément, je me « rate », ou plus précisément, je développe un sentiment très fort de ratage, malgré des succès réels et un diplôme Bac+5.

« Qui embrasse trop peu étreint », dit le proverbe. C’est le résumé de ce que disait la petite voix culpabilisante qui m’enfonçait depuis des années, à chaque fois que je développais un nouvel intérêt, une nouvelle passion, de laquelle j’attendais le salut : l’excitation intellectuelle constante, sans laquelle je me sens dépérir. Avec en prime, le sentiment que les autres, ceux qu’on dépassait de la tête et des épaules quand on était au collège et au lycée, m’avaient à présent dépassés d’un bon kilomètre. Un sentiment d’être un nain parmi des géants, des adultes « qui savent », des gens « concernés », qui « réussissent leur vie », qui ont des « projets », des échéances précises, des étapes concrètes, etc. Tandis que je folâtre dans les champs des idées et des velléités – me sermonnait mon Accusateur intérieur.
Je rejoins totalement Maly : je ne peux rien faire de bon avec un plan préétabli. Adyloo, je trouve tes pistes très intéressantes : elles viennent à mon avis de ce que tu as appelé l’abandon du mono. Cela rejoint le concept de « scanneur », que je préférerais appeler « butineur ». Une énorme partie de mes malheurs vient du « monothéisme » imposé par la société, c’est-à-dire de ce foutu « choix de carrière ». Je me rends compte que je faisais une erreur de raisonnement aux conséquences dévastatrices : je croyais qu’il me fallait adorer un seul dieu, n’avoir qu’un métier, si possible un métier-passion. Au fond, ce que la société nous demande, c’est d’aimer seulement l’argent, de rendre un culte multiforme à une idole unique : Mammon. L’idéal (le métier-passion), c’est de gagner beaucoup d’argent grâce à Son unique passion. En fait, c’est un idéal de pute : aimer se vendre, ou de proxénète : aimer vendre ce qu’on aime. Je n’y suis pas arrivé. Pourtant, j’ai essayé, et ce fut la dépression atroce. Je suis devenu polymathe, mais un polymathe coupable de se sentir dilettante, touche-à-tout, inconséquent, infantile, you name it. L’erreur, voire la faute, c’est de rester dans ces limbes, où l’on envie l’idolâtrie tranquille des non zèbres, tout en étant incapable de la pratiquer. Il n’y a pas de regrets à avoir, au contraire : soyons en apparence polythéistes, pour rendre réellement un culte au vrai dieu, l’Amour. On ne peut pas transformer ses passions réelles en gagne-pain. L’amour ne rapporte pas, il se suffit à lui-même. N’essayons même pas, sous peine de tout perdre. Barbara Sher le dit d’une manière plus lapidaire : « Si vous aimez faire l’amour, ne devenez pas prostituée. » Exprimons tous nos amours, sans distinctions, sans hiérarchiser l’essentiel et le superflu. Je crois que l’ennui, la procrastination infinie, le sentiment de culpabilité, le sentiment de ratage viennent tous de là : nous aimons beaucoup de choses, mais nous n’en idolâtrons aucune. Or la société – surtout la société française - exige de nous de choisir. Cela nous est impossible, car l’anticipation de l’ennui qu’il y aurait à faire une seule et même chose pendant 35 ans nous terrorise d’avance. D’où, la culpabilité, qui entraîne à son tour la dépression. Je crois que même l’addiction qui touche certains zèbres a son origine là-dedans : la substance ou l’activité à laquelle on devient dépendant est un substitut de cet objet d’amour total que la société nous somme d’avoir, et duquel nous sommes censés tout attendre : LE métier, LA carrière, LA passion. Je crois qu’un zèbre est structurellement anti-addictif, car il est sans cesse à la recherche de sources de sensations nouvelles. Mais l’addiction le guette, s’il veut trouver l’UNIQUE et sa propriété.

D’une manière plus terre à terre, ce que je fais désormais, c’est de m’autoriser à changer d’activité aussi souvent que j’en ai envie, sans aucune culpabilité. Bien sûr, les contraintes de la vie relativisent ce précepte, mais je le respecte autant que possible. A tous les niveaux, que ce soit à l’échelle d’une journée, d’une semaine, d’un mois ou d’une année. J’essaie de tout faire, et j’arrive à tout faire. Bien sûr, pas dans les délais que tiendrait quelqu’un qui ferait moins de choses. Mais ma vitesse pallie à mon apparente dispersion : je ne suis pas infidèle, mais inconstant. Ainsi, je suis heureux et motivé la plupart du temps, exactement comme je me sentais avant le lycée, quand tout roulait et tout était magique et facile. Ce qui compte, c’est la joie que je retire de faire les choses que j’aime. Dès qu’une devient lassante, je passe à une autre, pour revenir à la délaissée une heure, deux semaine, trois mois, ou quatre ans après. L’essentiel, c’est d’être tout le temps heureux en faisant les choses.
On est des abeilles, (tandis que les non Zèbres, ce sont des fourmis) : on butine une fleur après une autre, pour un temps très court. Ne faut-il pas que la fleur produise à nouveau du nectar pour attirer à nouveau l’abeille ? Avez-vu une abeille tenir une semaine sur la même fleur ? Elle mourrait de faim… Je ne pense presque plus aux résultats. Somme toute, si je suis heureux, n’ai-je pas déjà atteint mon résultat ? Combien de fourmis travaillent d’arrache-pied pour avoir des résultats, et se payer des vacances où elles croient qu’elles seront heureuses (à Saint Domingue), appelant cela une vie réussie ? Or le bonheur est immédiat, ou il n’est pas. Ceux qui le font passer par les intermédiaires des résultats, de l’argent, etc, ne le connaissent jamais. Ils courent après. Ils sont toujours en retard sur eux-mêmes. Nous, nous sommes déjà heureux. Nous devons juste arrêter de croire que quelque chose (un métier, une personne même) pourrait devenir une source stable. Car dès qu’elle est stable, c’est mort, c’est l’ennui. Le bonheur, c’est un dieu vivant, dansant, dont on aperçoit la trace partout, et non pas une idole figée. Suivons toutes ses traces, et n’en délaissons aucune !

droledezebre07 a écrit:accepter qu'on sera toujours seul et incompris.....
se résigner à vivre une existence qui ne nous est pas adaptée.

franckvt a écrit:Il m’arrive d’être seul à constater un regard vide, isolé, et résigné, je me demande alors ce qui a bien pu arriver à cette personne, puis je me mets du coup à l’observer.
Je ressens cette lourdeur, je comprends grosso modo, par quoi cette personne est passé, je vais faire attention à ne pas la brusquer et je passerais peut être un petit message positif, approprié pour que cette personne sache que quelqu’un a vu sa tristesse, avec un signe d’encouragement.
Autours de l’indifférence ambiante, cette personne aura existé un petit moment, et on ne sait pas ce que ce genre de petite attention peut faire, mais je crois que pour certain ça peut déclencher quelque-chose.
Ce doute….se dire qu’on a peut-être déclenché quelque-chose de positif, nous fait du bien à nous.
Voir la détresse des gens instantanément, ne devient plus un poids mais devient utile.
Pas besoin de savoir si ça l’a été vraiment, mais ce joli doute est très agréable à vivre.
Quand l’occasion se présente, je fais ça, et ça fait du bien.

franckvt a écrit:Salut,
J'ai fais, sur un blog une sorte de résumé de ce qui m'a aidé, et de ce je souhaite prendre comme chemin.
C'est en lisant de la philo surtout que j'ai compris pas mal de chose, j'ai tenté de les expliquer

je viens de le mettre en ligne, c'est la 1ere fois que je donne l'adresse !

Franck

http://pensenvrac.123siteweb.fr/

Marina & Ulay:

UK09 a écrit:
Ce mode de vie a beaucoup de bon cotés:
- vous êtes obligés d'écouter les gens
- vous êtes amenés à gagner en humilité et en égo
- vous apprenez à agir, car vous êtes liés à vos mots
- vous apprenez à formuler vos phrases pour toujours suivre la vérité et l'honnêteté, sans être offensant ( à moins de vouloir être offensant!)

Une autre pratique qui m'a beaucoup aidée, c'est de prendre le monde avec amusement; transformer les choses en jeux, en choses fun. C'est naïf, peut être, mais c'est le pied.

Jasmine a écrit:
Ecouter les gens.

J'aime beaucoup ! Après, je ne vois pas pourquoi il devrait être temporaire, si on apprend à le moduler ?

Kalthu a écrit:

Ça y est nous allons passer à l'action très prochainement!
Ceux qui le souhaitent surveillez les sujets trigesques, lancez les vôtres, on quitte notre jungle

C12H23O2Na a écrit:Me connaitre moi-même.
M'accepter tel que je suis et accepter les autres tels qu'ils sont.
La curiosité et la volonté.
La maturité et l'expérience.
L'amour de la philo, des sciences et de la sagesse.
La foi en l'homme, en ce qu'il a de bon.
Les jeux vidéos (non, je déconne ! quoique...)

Et surtout, le désir de vivre pleinement ;-)

polyradial a écrit:Et les zèbres sont souvent paralysés par la haine qu'ils perçoivent chez autrui. C'est un mystère qui chez eux nécessite compréhension. Mais le Mal ne peut être compris, comme le dit Iago à la fin d'Othello: "Demand me nothing, What you know, you know." Il n'a rien à expliquer. Comme le Mal n'est pas rationnel, cela paralyse un zèbre, qui a besoin de comprendre, de faire sens. En plus, il a beaucoup de... mal à juste accepter que cela existe, point.