QI obsédant et pourtant vide de sens?

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RoyJade
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Message par Furcifer Lun 15 Mai 2017 - 21:36

Bonsoir, j'ouvre un sujet qui je l'espère ne paraîtra pas provocateur (il ne l'est pas).

Je sais que je suis surdouée depuis très longtemps. Je le savais même plus ou moins avant d'être testée, c'est-à-dire que déjà en maternelle je sentais que je comprenais et réfléchissais mieux que les autres enfants. Il n'y avait aucune prétention là-dedans, c'était un constat que je dressais avec une neutralité exemplaire, celle des jeunes enfants encore vierges de tous les jugements de valeurs établis par la société. Je faisais donc ce constat avec une grande indifférence, et j'ai vécu toute mon enfance en le prenant en compte plus ou moins consciemment dans mes rapports avec les autres, je contrôlais assez bien la situation.

J'ai commencé à avoir des problèmes d'ego plus tard, lorsqu'un changement d'école m'a fait découvrir la solitude et la honte sociale d'être seule (j'avais honte de m'asseoir seule dans un coin dans la cour, plus que je ne souffrais de la solitude en elle-même, car si j'étais habituée à l'introspection, je n'étais en revanche pas du tout indifférente au regard des autres.) Et là, pour la première fois, j'ai commencé à trouver les autres bêtes. Aujourd'hui je m'efforce d'être le plus objective possible sur ce passé, et je ne crois pas me tromper en décrivant ce sentiment comme un mélange de souffrance sincère (le fameux "décalage"), de jubilation(j'étais plus intelligente qu'eux, c'était flatteur, il y avait un orgueil mal placé, une sorte de vengeance secrète) et de culpabilité directement issue de cette jubilation (se sentir plus intelligent que les autres, c'est mal.)

Et puis je me suis faite des copines, auxquelles je m'étais attachée mais avec lesquelles je ne partageais pas grand chose, il s'agissait donc d'un repli adaptatif. J'ai connu une période de quelques années où je n'ai presque plus connu de difficultés sociales. Je ne crois pas avoir développé de faux-self, j'étais toujours pleinement consciente de moi-même, mais j'avais oublié en grande partie cette histoire d'intelligence prétendument supérieure et je m'interdisais désormais d'y penser.

Ça a resurgi au collège lorsque j'ai rencontré une fille de mon âge avec qui pour la première fois j'ai noué une amitié qui ne me paraissait pas extérieure à moi-même. J'ai alors découvert que j'étais capable de communiquer, que tout n'était pas condamné à rester secret en moi. Il y avait quelque chose avec elle de différent, et je ne me suis dans un premier temps pas du tout intéressée à la question de savoir ce que ça pouvait être. Cela m'était complètement égal. C'est elle qui a abordé la question de la douance (qu'elle appelait "précocité"). Elle s'affirmait plus ou moins ouvertement précoce (sans test). Elle se complaisait dans cet auto-diagnostic qui flattait son ego. Officiellement, je lui reprochais d'être prétentieuse. Intérieurement, je jalousais sa capacité à assumer pleinement un tel jugement sur elle-même, que je ne m'autorisais plus depuis longtemps. Par ailleurs j'ai toujours eu un sérieux manque de confiance en moi, et à cette époque cet aspect de ma personnalité était à son paroxysme (adolescence oblige). C'est pourquoi je croyais et craignais de n'être pas surdouée.

Sur ce forum, je lis des gens qui décrivent la découverte de leur douance comme une révélation qui les rapproche d'eux-mêmes, leur offre une grille de lecture sur leur vie passée, et semble même parfois leur découvrir un florilège d'opportunités. Pour moi, je crois qu'il me faut l'assumer pour mieux le dépasser, je crois qu'il s'agissait surtout d'ego.
Suite à une dépression en fin de collège (à cause de cette amie qui s'est révélée être une grande manipulatrice, peut-être une perverse narcissique), j'ai été voir un psy que j'ai outrageusement manipulé pour que germe spontanément dans son esprit l'idée de me faire passer un test. Je me suis arrangée pour correspondre ostensiblement (de manière presque grossière) aux critères de la douance listés sur tous les sites qui en parlent. Certes ce n'était pas très dur car j'y correspondais effectivement en grande partie. Mais je me rappelle très bien avoir lu consciencieusement ces caractéristiques et avoir cherché à les faire ressortir volontairement devant le psy. Ce procédé est très révélateur de ma névrose: j'aurais aussi bien pu lui en parler directement. Mais j'avais honte. Étonnamment d'ailleurs, malgré le caractère intrinsèquement manipulateur de cette démarche, je conservais une sorte d'honnêteté. Parmi les caractéristiques les plus révélatrices de la douance, il y a le fait de savoir lire avant le CP, ce qui n'a pas été mon cas. C'était ce qui me faisait le plus craindre de ne pas en être. J'aurais pu faire croire au psy que j'avais su lire à 5 ans, ça aurait facilité les choses. J'aurais aussi pu ne rien dire. Mais non, je lui ai fait savoir, l'air de rien, que j'avais appris à lire comme tout le monde. Parce que je voulais qu'il me soupçonne surdouée à partir de la vérité et rien que de la vérité.

Ça a fonctionné comme prévu. Le psy m'a fait vomir un QI de "surdouée" au bout de quelques séances. Oui, j'ai vomi mon QI. Parce qu'après ça, c'était comme si il était sorti de moi. C'était le mien bien-sûr, on ne vomit pas le repas de quelqu'un d'autre. Mais il était dehors. Je l'avais gardé depuis tout ce temps en moi, mal-digéré, un peu nauséabond. Et là c'était terminé.

Depuis, je le sais, et je m'en fiche. Je suis revenue je crois à un état d'esprit comparable à celui qui était le mien en maternelle. C'est-à-dire que je le sais, mais que c'est un constat neutre. En venant sur ce forum, je vois pourtant des gens qui en tirent quelque chose de fondamentalement et merveilleusement positif: ils ont craché des papillons. Mais mon vomi est abstrait, il ne s'incarne dans rien, je ne sais pas quoi en faire.  

En règle générale, j'ai plutôt tendance à me sentir inférieure aux autres, tout en sachant souvent que je suis plus intelligente qu'eux sur certains points: ce n'est absolument pas incompatible.

Alors, il est temps de donner un sens au titre de ce fil: Compte tenu de tout ce que je viens de raconter (ma névrose dévoilée, appréciez votre privilège), comment faire pour ne plus m'en foutre de mon QI?


Dernière édition par Furcifer le Dim 21 Mai 2017 - 21:55, édité 3 fois

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Message par RoyJade Lun 15 Mai 2017 - 23:00

Je te poserai une autre question, qui me vient à l'esprit : est ce réellement important pour ton épanouissement ? As tu besoin de vraiment prendre ton QI comme une donnée importante pour être pleinement heureuse ?
La réponse n'est pas fixe et encore moins déterminée, elle ne dépend que de toi.

Personnellement, je vois cela comme un atout. J'ai quelque chose, je l'utilise, mais à ma façon, pour mon but : mon bonheur.
Est ce que cette "intelligence supérieure" peut me permettre d'avoir un travail de haut niveau, des études prestigieuses, une bonne place en société ? Oui. Est ce que ça me rendrait heureux ? Non, donc mon choix est fait.
J'utilise ces particularités comme j'utilise tout ce qui me passe par la main (avec une seule limite : si c'est une personne ou un être vivant, je n'utilise ses compétences que si je lui apporte une contrepartie suffisante, je refuse d'exploiter les gens). Ça peut être le QI, la capacité d'adaptation, l'hypersensibilité, mais aussi un marteau, un logiciel, une assiette. Tout ce qui peut avoir son utilité pour que je trouve mon boneur est exploité, peut importe (avec l'exception stricte nommée au dessus) ce que c'est. Est ce important que ce soit un haut chiffre de QI ? Absolument pas.
Résultat, pour moi la réponse à ma propre question serait non. Bien sûr, ça flatte mon égo, mais mon égo ne me servant pas avancer, il agit comme un bibelot décoratif : il fait un peu plaisir à l'œil de temps en temps, il est oublié le reste du temps, et rien ne tourne autour de lui.

Pour infos la solitude, l'écart, la peur de ne pas être à la hauteur d'absolument tout, l'impression d'infériorité sur pas mal de choses, tut ça je connais. Je ne suis pas encore parfait là dessus, et je ne le serai jamais. Mais ça ne m'empêche pas d'être heureux. C'est la l'important, le seul but qui mérite de tout donner à mes yeux : le bonheur et ses éléments indispensables. Le reste n'est que futilité ou outil.
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Message par Invité Lun 15 Mai 2017 - 23:37

J'ai jeté mon QI aux oubliettes pour regarder les autres et apprendre d'eux... voila.

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Message par Furcifer Jeu 18 Mai 2017 - 20:09

@RoyJade, En réalité je crois que le problème est que mon indifférence n'est pas une vraie indifférence. Effectivement je n'arrive à rien en tirer de positif, je n'en tire en fait aucune conséquence. Mais c'est quelque chose qui me tourmente. Je cherche souvent à en trouver des manifestations, comme pour avoir des preuves. Je n'ai pas l'impression que c'est un outil, comme toi, parce que dans tout ce que je fais, je n'arrive pas à savoir ce qui relève de moi, ou de mon QI (là encore je n'arrive à l'imaginer qu'extérieur à moi.)

Certains ont l'impression qu'il explique certains aspects de leur vie. Moi j'ai le sentiment qu'il n'explique rien, alors que, peut-être, j'ai besoin d'explications.

Pour la suite, je peux te répondre en même temps qu'à toi @Izo: Il serait excessif de dire que mon bonheur dépend de ça. C'est juste une sorte de problème non-réglé auquel je me suis autorisée à accorder de l'importance depuis que j'ai lu plusieurs témoignages sur ce forum.  
Mais en réalité dans la vie je suis nettement plus préoccupée par mes relations avec les autres, qui ne sont pas toujours faciles parce que j'ai du mal à communiquer, en particulier avec les gens que j'admire le plus. Cela dit, izo, j'ai eu l'impression en lisant ton message que le mien t'avait agacée. J'en suis désolée, ce n'était pas mon but. (Il est aussi possible que je me fasse des idées, c'est un peu difficile à dire à l'écrit.)

Merci en tout cas pour vos réponses.

Edit: j'ai changé le titre de fil pour le rendre plus fidèle à la réalité. Tout ça m'a déjà fait avancer dans ma réflexion, c'est une bonne chose. Smile

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Message par Invité Jeu 18 Mai 2017 - 21:19

J'en ai rapidement fait le tour de mon QI, c'est ce que je voulais dire maladroitement peut être, mais certainement sans agressivité.
Je soulignais l'extrême importance des autres, de tout autre pour nous dépeindre car l'air de rien ce sont eux qui nous définissent car nous ne sommes pas seuls malgré tout et constamment en lien.
Les manifestations que tu recherches, n'ont pas l'évidence pour nous, elles sautent aux seuls yeux des autres finalement.

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Message par Invité Jeu 18 Mai 2017 - 21:26

Pour moi aussi le QI est devenu une obsession. Tant par ci tant par là...Pour qu'au final on vous dise que ça n'a aucune signification Pas sûr

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Message par cracocrac Jeu 18 Mai 2017 - 21:45

En te lisant j'ai l'impression que tu as un père autoritaire et une mère un peu nerveuse. Ça peut donner envie de hurler violemment et de frapper quelqu'un (ou quelque chose) en permanence. Au fait, dans la souffrance, on se rattrape par le défoulement sentimental. Moi j'ai eu des grandes souffrances par épisodes, jamais eu de psy sauf à 16 ans, mais quand j'allais bien (j'ai fait une couvade violente à 15 ans et quand ma fille est née après c'était une libération) entre ces épisodes, c'était parce que j'avais eu quelqu'un. Réaliser un beau rêve amoureux et ne pas se tromper ça peut calmer les plaies. J'ai l'impression que tu es frustrée de n'avoir jamais vraiment crié (c'est une image) dans le monde, étant toujours dans un réseau de coupures intellectuelles tendues (jamais de paix). Défoulement émotionnel. J'imagine même pas quand tu feras une dépression l'horreur de ne plus rien contrôler du tout dans ta vie. Faire l'expérience du non contrôle et de la vraie création de la vision morale de toi et du monde, c'est vraiment heureux.
Quant au QI, j'ai fait le Cattell à 14 ans et demi, le résultat était tellement absurde que je ne me suis même pas considéré comme surdoué. J'étais dans un chiffre (Cattell Horn Carroll) et une situation qui disait: bon et alors ? J'ai toujours su que j'étais différent, pourquoi parce que c'est moi, que je vomi sur l'homme depuis longtemps sauf quand je décide de l'embrasser en entier, et c'est tout. On va pas se servir du QI pour prétexter une paresse à comprendre les autres totalement, s'unir, et s'adapter. Quelle importance ?


Dernière édition par cracocrac le Jeu 18 Mai 2017 - 21:46, édité 1 fois
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Message par Chuna Jeu 18 Mai 2017 - 21:46

Qu'est-ce que tu voudrais en retirer, en fait ? Qu'est-ce qu'il te manque, actuellement ?
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Message par Furcifer Jeu 18 Mai 2017 - 23:30

@izo, je suis plutôt d'accord avec toi, complètement en fait, mais je n'arrive pas toujours à donner aux autres une image fidèle de moi-même. Ça peut-être très frustrant de connaître des gens dont on sent qu'en fait ils ne vous connaissent pas vraiment. Je suis dans une période un peu vide d'un point de vue affectif, les personnes que je côtoie au quotidien je les aime beaucoup, mais je ne communique pas beaucoup avec elles. Du coup je réfléchis encore plus.

@sebraz, je ne sais pas s'il n'a aucune signification dans l'absolu, ça ne doit pas être le cas sinon ce forum n'existerait pas sans doute.

@cracocrac, je suis pas vraiment sûre d'avoir saisi tout de ce que tu as écris, il m'a semblé que c'était assez dense. Mais je vais essayer de répondre quand même. Je n'ai pas vraiment raconté ma vie dans le premier post, j'ai juste parlé de ce qui touchait à mon rapport à mon QI. Pour résumer grossièrement les choses que tu as évoquées; mes parents ne m'ont jamais faite souffrir, ils ne sont pas très présents, mais pas envahissants du tout. J'ai déjà eu une relation longue et très fusionnelle qui a duré plus de 2 ans. Peut-être qu'à cette occasion j'ai réalisé un "beau rêve amoureux" comme tu le dis. Mais je n'en suis pas certaine. En tout cas, avec cette personne j'étais moi-même à 100%, là je pouvais m'exprimer vraiment et je me sentais en adéquation avec moi-même, je n'avais besoin de rien d'autre.
J'ai fait une dépression en début d'année suite à la rupture. Je ne m'en suis pas tout à fait remise encore. C'est peut-être l'origine de ce repli introspectif qui m'a reprise depuis quelque temps.
Je ne cherche pas d'excuse à mes difficultés à travers mon QI, loin de moi cette idée. Ma personnalité est la seule chose qui ait valeur d'explication à mes yeux.

@chuna56, très bonne question. Sans doute, j'aimerais me sentir intelligente. Entre savoir que je le suis et le sentir il y a un fossé. Peut-être aussi qu'il y a un désir d'appartenance à un groupe. J'ai l'impression que malgré toutes les catégories dans lesquelles on pourrait me mettre (sans vouloir tomber dans la caricature), il y a quelque chose qui bloque toute identification. Je n'arrive pas à avoir l'impression que ce qui me caractérise peut faire partie de ce qui me définit.

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Message par Invité Jeu 18 Mai 2017 - 23:51

Les autres disent peu aux autres l'intelligence qu'ils perçoivent. Faut s'y faire. Hélas pour qui attend d'être vu ainsi.

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Message par cracocrac Ven 19 Mai 2017 - 3:39

Le problème de l'être c'est de participer au chaos. Rien n'est stable, tout flue. Il n'y a pas d'être précis, quand on arrive à quelque chose de profondément lourd dans l'être et l'âme, il y a un vrai ancrage humain.
Quand on dit que l'identification extérieure n'est pas la caractéristique intérieure, il y a un jeu dans la notion du miroir, miroir avec soi-même. Dans la pensée et l'identité, le jeu mécanique entre surface et intérieur participe à la légèreté et à l'expression identitaire, mais c'est dans l'isolation avec une vue claire et un être au sol et ancré que nous pouvons identifier quelque chose de la caractéristique intérieure. Si l'être participe au chaos, à la fluctuation, on devine que l'équilibre ne se situe pas dans l'ordre, la construction éminemment voulue, volontaire, mais dans ce qui participe au souffle, au coeur lui-même. Pourquoi ? Car si la conscience regarde, elle ne peut faire le choix, tout au plus fluer avec la pensée, et ainsi la nature organique et chaotique de l'être participe participe à son existence. Ce n'est pas un choix maîtrisé, c'est une existence. L'existence c'est ce qui s'impose, qui est, et on pense avec et par, par la suite. Donc le souffle et le coeur.
Ce qui ratrappe nôtre volonté de maîtrise identitaire, c'est que nous sommes fidèles à nôtre coeur, et ainsi l'être de coeur et de pensée issue du coeur ne peut que nous plaire, quitte à le (re)découvrir, ou de façon encore neuve. Contrairement à la pensée, le coeur n'est pas soumis au doute, et est fidèle à toute morale ou perspective morale.
Ainsi l'être de coeur et tout être de coeur en soi est accepté. C'est ce qui plaît à nôtre conscience, au delà, heureusement, de nôtre volonté de maîtrise.
On s'identifie à nôtre être de coeur car il supplante tout, car issu de l'amour. Si la notion de l'amour est atteinte, nôtre être de coeur flanche, et l'on n'est plus soi-même. Comment alors se reconnaître ?
Nôtre être de pensée est la pensée guerrière, le pendant de l'impuissance sociale et humaine, mais si il est seul l'être de coeur disparaît. Car l'être de coeur est chaleureux. Le coeur guerrier, c'est la vraie liberté morale et identitaire, car on est dans une vérité morale totale. Donc juste, à l'examen de la conscience.
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Message par Chuna Ven 19 Mai 2017 - 21:32

@chuna56, très bonne question. Sans doute, j'aimerais me sentir intelligente. Entre savoir que je le suis et le sentir il y a un fossé. Peut-être aussi qu'il y a un désir d'appartenance à un groupe. J'ai l'impression que malgré toutes les catégories dans lesquelles on pourrait me mettre (sans vouloir tomber dans la caricature), il y a quelque chose qui bloque toute identification. Je n'arrive pas à avoir l'impression que ce qui me caractérise peut faire partie de ce qui me définit.

C'est dur de se définir...
Ma psy m'a posé la question ya 3 ans : mais qui est-ce vous, Melle C. ?
J'y réfléchis encore. J'ai désormais quelques éléments de réponse.

Ce que je vois, c'est un manque de confiance en toi.
Pourquoi donc y aurait-il un fossé entre ton QI et ton intelligence ? ça veut dire que tu n'arrives pas à te trouver intelligente ? ça veut dire que tu n'arrives pas à retirer un peu de fierté de ce que tu fais ?
Tu te compares ?
Sens-tu le moteur bloquer ? te sens-tu limitée dans ce que tu fais ? Manque de compréhension, manque de compétences...
Qu'aimerais-tu pouvoir être capable de faire ?

Quand à l'appartenance à un groupe, oui, je comprends ton souci.
Tu as essayé de rencontrer des zèbres IRL ? C'est ptèt une voie, ptèt pas... mais ça vaut ptèt le coup d'essayer?
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Message par Hadrien Dim 21 Mai 2017 - 16:02

Le QI n'est pas à la base fait pour repérer la surdouance. Sujet clos.

Tu auras pleiiiiins de gens avec un QI supérieur à 130 qui ne sont pas surdoués. Ils ont simplement un Haut QI et en général un niveau scolaire très haut, ils compteront parmis les plus performants dans notre société. D'un point de vue scientifique, on peut imaginer ça par un cerveau très développé, mais pas forcément sur-efficient Smile

La confusion entre surdoué et HQI se fait très facilement, pour cela le terme de zèbre est moins trompeur, moins prétentieux et baptise bien des personnes uniques en notre genre ^^

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Message par Kadjagoogoo Dim 21 Mai 2017 - 17:51

Furcifer a écrit:j'aimerais me sentir intelligente. Entre savoir que je le suis et le sentir il y a un fossé.
Suspect Cette surdité exprimée à l'endroit des phénomènes à l’œuvre dans ton for intérieur m'interroge. Comme m'interrogera toujours la récurrence de ces tests surfaits "validant" des intelligences homologuées, ainsi que leur soi-disant prévalence et la foi aveugle qu'on affecte complaisamment à leur endroit.
N'importe quel berger des Carpates, pour peu qu'il manifeste un soupçon d'intuition, d'inspiration et d'entendement dans l'observation de son troupeau - qui lui en apprendra davantage sur l'essence des choses que toutes les blouses blanches du monde - m'apparaîtra plus efficient, estimable et digne de confiance que tous les lauréats démunis du WISC et autre WAIS.
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Message par Chuna Dim 21 Mai 2017 - 18:00

Kadja, franchement, je crois que tu n'as vraiment pas une seule seconde conscience des ravages que peut faire le manque de confiance en soi...
Et c'est tant mieux pour toi Wink
(je me base pas que sur ce post, hein)

La psychologie humaine, c'est compliqué. Très compliqué. Très très très compliqué...
Tellement de facteurs entrent en jeu, que le raisonnement purement logique n'existe jamais. Ou presque.
Pour le moment, ya que chez les aspies que j'ai pu voir des raisonnements non parasités par les émotions.
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Message par Kadjagoogoo Dim 21 Mai 2017 - 18:23

chuna56 a écrit:Kadja, franchement, je crois que tu n'as vraiment pas une seule seconde conscience des ravages que peut faire le manque de confiance en soi...
Et c'est tant mieux pour toi Wink
(je me base pas que sur ce post, hein)
Je comprends. Je veux dire : je comprends le malentendu qui se caractérise là. Car je suis moi-même carencé en termes de confiance en soi, malgré les apparences, comme vous autres. Mais je ne suis pas à ce point coupé de mes sensations (brillantes) et étranger aux ressorts de mes émotions et cognitions pour ne pas m'accorder cette légitime auto-indulgence : admettre qu'il se passe en moi, constamment, des choses d'essence supérieure - pour ne pas dire miraculeuse.
Je campe sur mon hyperbole pour assumer la posture, ingrate, de celui qui se navre face à la confusion ici déplorée dans le hiatus entre résultats probants et intériorité insaisissable.
Mais on peut aussi penser que je suis un enfoiré insensible, pas de souci :, s'il le faut, je serai la crapule de service qui toise son audience et bafoue les règles élémentaires de la discussion. Ce rôle est parfois nécessaire pour inviter à sortir de l'ornière réflexive.

chuna56 a écrit:La psychologie humaine, c'est compliqué. Très compliqué. Très très très compliqué...
Tellement de facteurs entrent en jeu, que le raisonnement purement logique n'existe jamais. Ou presque.
Pour le moment, ya que chez les aspies que j'ai pu voir des raisonnements non parasités par les émotions.
Pour ça, je sais que la psyché humaine, à l'image de la vie elle-même, est diablement compliquée, oui. Ou plutôt : merveilleusement complexe. « Si les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples, disait le mathématicien et physicien John von Neumann, c’est uniquement parce qu’ils ne réalisent pas à quel point la vie est compliquée. » Les Aspies prisent souvent les mathématiques ; davantage que les esprits bohèmes de mon espèce, en tout cas.

J'aurais pensé que mon apologie des bergers roumains, éveillés au contact de leur bêtes, toucherait ta propre activité d'éleveuse (d'équidés) et de connaisseuse de la chose animale, si édifiante et commodément instructrice lorsque l'humain est à ce point imperméable à ses propres instincts et autres intuitions primitives. La culture saccage la nature.
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Message par Chuna Dim 21 Mai 2017 - 19:36

Kadja : oui, j'ai cru comprendre en effet que toi aussi tu avais des sautes de confiance en toi ^^
Disons que ça peut ressortir sous de nombreuses formes, et se sentir bête, c'est tout de même assez courant ici. Moi la première, surtout je vous lis à tous. (enfin, pas tout Twisted Evil lol)
Bien que ça soit tentant de faire une blaque pourrie là dessus : "Mais on peut aussi penser que je suis un enfoiré insensible, pas de souci :, s'il le faut, je serai la crapule de service qui toise son audience et bafoue les règles élémentaires de la discussion. " je le ferai pas.

On n'a pas tous la même sensibilité, je parle de nature et non d'intensité, et quand je vois une jeune fille un peu paumée comme Furcifer, j'ai le réflexe de vouloir la rassurer, et non la remuer. Qui de nous 2 a raison, je ne sais pas... Elle prendra ce qu'elle aura à prendre, et laissera le reste Wink

J'aurais pensé que mon apologie des bergers roumains, éveillés au contact de leur bêtes, toucherait ta propre activité d'éleveuse (d'équidés) et de connaisseuse de la chose animale, si édifiante et commodément instructrice lorsque l'humain est à ce point imperméable à ses propres instincts et autres intuitions primitives. La culture saccage la nature.

Tu sais, à mes yeux, l'intelligence prend tellement de formes différentes, je ne suis pas plus sensible à une forme qu'une autre.
Je m'émerveillerai autant devant un mathématicien, qu'un philosophe, un écrivain, ou un dresseur de poissons rouges...

à mes yeux, l'intelligence est une façon d'être, quelque soit le domaine, qui se combine à l'humanité de la personne.
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Message par Furcifer Dim 21 Mai 2017 - 20:03

Je reviens pour l'instant à des choses plus pragmatiques:
Je suis en prépa actuellement, et même avant ça je considérais l'école comme une institution en mesure d'évaluer ma valeur, parce que malheureusement elle se présente comme telle. J'avais toujours des bonnes notes dont je me fichais parce qu'au fond j'estimais davantage les formes d'intelligence moins conventionnelles (j'ai souvent eu des amis mauvais élèves mais avec des personnalités originales qui me plaisaient). Mais lorsque parfois j'en avais une mauvaise cela déclenchait systématiquement une auto-dévalorisation, ce qui montre que malgré mon détachement de façade à l'égard de l'institution scolaire, celle-ci avait une réelle influence sur mon estime de moi.

Aujourd'hui c'est devenu nettement plus envahissant. Là où je suis, l'intelligence scolaire est la plus haute vertu qui soit, et tout mes pairs s'efforcent vers cet idéal. Il y a dans l'air le culte non seulement du travail mais aussi des qualités innées, et l'échec prend des dimensions encore plus infamantes que dans les études primaires et secondaires. Échouer en prépa c'est violent, parce que c'est subir l'humiliation de sa propre désillusion. On entre en prépa en croyant qu'on est doué, qu'on a un avenir brillant devant soi, et si on se retrouve en échec, on a l'impression de s'être trompé tout ce temps, de s'être fait avoir comme un enfant. Et là je ne décris pas seulement ce que l'on ressent individuellement, mais bien l'image associée à l'échec un prépa: celle d'une autruche naïve qui a sauté d'une falaise parce qu'elle croyait qu'elle allait voler. C'est donc une image très humiliante.

Donc malheureusement je dois avouer que je suis sous l'influence de cet univers académique très élitiste, et que c'est sans doute ce qui me fait parler ainsi de mon intelligence en des termes qui peuvent paraître contestables.

Je vais donc essayer de démêler ce qui provoque ce mal-être bizarre en moi, qui, comme l'a bien noté Kadjagoogoo, relève de la "surdité à l'endroit des phénomènes à l'oeuvre dans mon for intérieur", en distinguant trois appréhensions de l'intelligence:

-L'intelligence scolaire, qui est normalisée et souvent chiffrée. Elle a de toute évidence une énorme influence sur notre image de l'intelligence en général du fait de son statut au sein de notre société.

-L'intelligence "vraie", celle qui fait de nous des "personnes uniques en notre genre" pour reprendre les termes d'Hadrien. Je pense qu'elle apparaît comme étant la plus estimable dès lors que l'on apprend à remettre un peu en question l'institution scolaire, ce qui est à la portée de n'importe qui. Cette intelligence est la moins désincarnée, la plus humaine, mais aussi la plus insaisissable.

-L'intelligence mesurée par les tests de QI: standardisée et chiffrée, peut-être encore plus qu'à l'école. On pourrait donc la considérer comme encore plus contestable que l'intelligence scolaire. Et pourtant, le QI quelque part apparaît également comme un moyen supérieur, plus "vrai" d'évaluer l'intelligence, puisqu'il détecte des "surdoués" qui ne réussissent pas à l'école, et ce sur des fondements "scientifiques" (c'est décidément très utile les guillemets). Alors on peut-être tenté de croire que le QI nous donne des indications sur l'intelligence "vraie" évoquée plus haut.

Quand je distingue ces trois intelligences, je ne veux pas parler de choses qui existent réellement, mais de représentations que nous avons (que j'ai en tout cas, mais elles ne me viennent pas de nulle part, donc je me permets d'élargir).

Mon problème pourrait donc venir de ma tendance à confondre totalement ces trois représentations:
Incapable de mesurer mon intelligence "vraie", angoissée à l'idée d'être quelqu'un d'insipide, d'inintéressant, je me suis toujours rabattue sur un dispositifs qui prétendait pouvoir mesurer l'intelligence: l'école. Je lui accorde donc une importance excessive, malgré moi, malgré mes propres réticences rationnelles.

Mais bien sûr, ce repli rassurant sur des données tangibles est fragile. Comme je l'ai déjà dit dans mon premier post autobiographique (horripilant à la relecture), j'ai cherché à obtenir une mesure de mon QI quand j'avais 14 ans, sans doute parce que je pressentais que les résultats scolaires ne donnaient qu'un aperçu biaisé de l'intelligence, loin de l'intelligence "vraie" qui m'importait réellement (qui peut-être n'est finalement qu'un synonyme de "personnalité"?) Ce résultat n'a pas eu d'effet sur moi, il m'a laissée indifférente et je l'ai un peu oublié dans les années qui ont suivi. Ces années ont été épanouissantes parce que les rencontres que j'y ai faites m'ont énormément apportées, et, sans doute, m'ont permis d'appréhender mieux que jamais mon intelligence "vraie" (et on retrouve alors ce que disait izo sur l'importance des autres).

Une fois en prépa, je me heurte à l'échec scolaire et à la solitude, et je suis obligée pour ne pas m'autodétruire, de considérer les choses autrement. C'est sans doute ce qui m'amène à reconsidérer mon QI, à chercher en lui une signification qui ferait office de bouée de sauvetage.

J'ai l'impression d'avoir clarifié merveilleusement les choses. Merci énormément pour vos interventions. (Vous pouvez continuer Smile )

Furcifer

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Message par Kadjagoogoo Dim 21 Mai 2017 - 21:42

chuna56 a écrit:Bien que ça soit tentant de faire une blague pourrie là dessus : "Mais on peut aussi penser que je suis un enfoiré insensible, pas de souci : s'il le faut, je serai la crapule de service qui toise son audience et bafoue les règles élémentaires de la discussion. " je le ferai pas.
N'hésite pas à me faire profiter de ce trait d'esprit contenu par MP, si le cœur t'en dit, car je n'en soupçonne pas vraiment l'idée. scratch

chuna56 a écrit:On n'a pas tous la même sensibilité, je parle de nature et non d'intensité, et quand je vois une jeune fille un peu paumée comme Furcifer, j'ai le réflexe de vouloir la rassurer, et non la remuer. Qui de nous 2 a raison, je ne sais pas... Elle prendra ce qu'elle aura à prendre, et laissera le reste Wink
Furcifer vient de nous gratifier de la plus éclatante et profitable des réponses, qui fait intelligemment la part des choses, comme tu l'envisageais, pour confirmer qu'elle a su puiser à la source de nos interventions pour prolonger et expliciter son propre témoignage – primordial, ici. Et je la remercie de ne pas m'avoir tenu rigueur de ce parti-pris « virulent » que j'avais cru souhaitable d'adopter là, pour la faire réagir, au mépris de toute délicatesse – une délicatesse que j'avais par contre eue initialement, pour intervenir poliment et chaleureusement sur son « horripilant » topic de présentation. Wink

Furcifer a écrit:Je vais donc essayer de démêler ce qui provoque ce mal-être bizarre en moi, qui, comme l'a bien noté Kadjagoogoo, relève de la "surdité à l'endroit des phénomènes à l'oeuvre dans mon for intérieur", en distinguant trois appréhensions de l'intelligence:

-L'intelligence scolaire, qui est normalisée et souvent chiffrée. Elle a de toute évidence une énorme influence sur notre image de l'intelligence en général du fait de son statut au sein de notre société.

-L'intelligence "vraie", celle qui fait de nous des "personnes uniques en notre genre" pour reprendre les termes d'Hadrien. Je pense qu'elle apparaît comme étant la plus estimable dès lors que l'on apprend à remettre un peu en question l'institution scolaire, ce qui est à la portée de n'importe qui. Cette intelligence est la moins désincarnée, la plus humaine, mais aussi la plus insaisissable.

-L'intelligence mesurée par les tests de QI: standardisée et chiffrée, peut-être encore plus qu'à l'école. On pourrait donc la considérer comme encore plus contestable que l'intelligence scolaire. Et pourtant, le QI quelque part apparaît également comme un moyen supérieur, plus "vrai" d'évaluer l'intelligence, puisqu'il détecte des "surdoués" qui ne réussissent pas à l'école, et ce sur des fondements "scientifiques" (c'est décidément très utile les guillemets). Alors on peut-être tenté de croire que le QI nous donne des indications sur l'intelligence "vraie" évoquée plus haut.

Quand je distingue ces trois intelligences, je ne veux pas parler de choses qui existent réellement, mais de représentations que nous avons (que j'ai en tout cas, mais elles ne me viennent pas de nulle part, donc je me permets d'élargir).
Je salue ce salutaire exposé, tout en nuance, minutie et précaution, qui pose solidement les fondements de la réflexion à laquelle tu nous invites là.
J'ai mis en exergue (en gras) ce qui peut apparaître comme un paradoxe, mais d'une justesse folle. Merci pour avoir su, si brillamment, assainir les bases de la discussion, qui s'impatientait à travers moi ; et merci pour la mise en évidence de ce paradoxe renversant, qui dit toute la complexité du matériau sensible de notre étude.

Furcifer a écrit:Mon problème pourrait donc venir de ma tendance à confondre totalement ces trois représentations:
Incapable de mesurer mon intelligence "vraie", angoissée à l'idée d'être quelqu'un d'insipide, d'inintéressant, je me suis toujours rabattue sur un dispositif qui prétendait pouvoir mesurer l'intelligence: l'école. Je lui accorde donc une importance excessive, malgré moi, malgré mes propres réticences rationnelles.
Après m'être fait brutal et incisif, je vais donner l'impression de te cirer les pompes, mais je ne peux que m'extasier encore face à la rigueur intellectuelle que tu mobilises là pour éclairer, toute seule, le nœud gordien qui fonde ta problématique actuelle, et identifier la pierre d'achoppement sur laquelle tu buttes, qui provoque cet autre paradoxe, qui a pu me déconcerter et m'interroger : la hantise qui peut s'engendrer au carrefour de ce triple crible qui multiplie les grilles d'évaluation aux verdicts parfois contradictoires, et possiblement fluctuants dans le temps, même.
Concernant la troisième forme d'intelligence, ou plutôt la manière académique de la quantifier, je vais citer Edgar Morin pour appuyer cette velléité de contestation de sa prévalence que tu suggères avec force prudence : « L'intelligence, ce n'est pas seulement ce que mesurent les tests ; c'est aussi ce qui leur échappe. »

Furcifer a écrit:Une fois en prépa, je me heurte à l'échec scolaire et à la solitude, et je suis obligée pour ne pas m'autodétruire, de considérer les choses autrement. C'est sans doute ce qui m'amène à reconsidérer mon QI, à chercher en lui une signification qui ferait office de bouée de sauvetage.
Es-tu donc actuellement en difficulté, dans cette année de prépa ? En double échec – tant sur le plan scolaire que sur celui de l'intégration... Hum. Il te faudrait probablement prendre tes distances avec un système d'évaluation indexé aux résultats, notes et validations académiques ; puis relativiser, encore, la nécessité d'avoir des témoins, des juges et des jauges à tes « exploits » (j'aurais pu me passer des guillemets, tiens). Si tu parviens alors à sonder ton intériorité avec ce qu'il faut d'auto-tendresse (bienveillance pour toi-même), d'acuité subjective et d'honnêteté objective, tu te délivreras progressivement du conditionnement institutionnel auquel tu es logiquement soumise là, aux prises avec cette prépa et ses exigences.
Loin de moi l'envie de te détourner de tes préoccupations actuelles et tes ambitions universitaires. Seulement, j'essaie de comprendre à l'appui de ton témoignage, dans quelle mesure tu ne satures pas là sous l'effet d'une panique. Comme si la conscience de ton (haut) potentiel se retournait finalement contre toi, ton (T)HQI et son prestige érigés en instance implacable qui te complexe dans ton rapport aux études et aux autres, suivant cette logique toxique que je vais résumer ainsi, approximativement et sans doute maladroitement (car je traîne une vieille fatigue morale depuis tout à l'heure) : au regard de ce test concluant, tu es a priori plus efficiente que les autres, et l'échec est d'autant plus redoutable car moins envisageable et permis/admis du fait de ton pedigree ; et de même pour le champ relationnel, où tu pourrais sembler avoir de meilleurs atouts que d'autres (forte empathie naturelle, intuition exacerbée, sagacité psychologique – tant de traits caractéristiques du HP). Et pourtant, comme tant d'autres parmi nous, la solitude est ton lot...
C'est sans doute davantage un drame à ton âge qu'au mien (j'ai le double du tien), après une première moitié de cette existence passée à forcer les choses, les liens et mon enthousiasme dans ce but, à suspendre mon incrédulité pour adhérer à cette hallucination collective. Désormais, je suis plus à l'aise avec l'idée de la solitude, notion qui s'est glamourisée à mes yeux, notamment au contact de la philosophie : « La solitude est l’aphrodisiaque de l’esprit, comme la conversation celui de l’intelligence. » — Cioran. Et pour la conversation, pas besoin d'être tellement populaire et socialement intégré : un ou deux interlocuteurs de prédilection et d'élection suffisent, je crois. A-t-on seulement davantage d'attention à prodiguer et de capacité à s'investir auprès d'autrui ?

Furcifer a écrit:J'ai l'impression d'avoir clarifié merveilleusement les choses. Merci énormément pour vos interventions. (Vous pouvez continuer Smile )
Contrairement à ce que tu sembles croire ici, sarcastiquement (sympathique auto-dérision), ce dernier post a réellement fait avancer le débat. En tout cas, j'ai vraiment connu là l'aperception et la joie heuristique – et ce fut bien grâce à toi. A toi poussée dans tes retranchements réflexifs, amorçant joliment la résolution de l'aporie que j'avais perçue en lisant ceci : « J'aimerais me sentir intelligente. Entre savoir que je le suis et le sentir il y a un fossé. »
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Message par Chuna Dim 21 Mai 2017 - 22:23

Franchement, miss, relis toi, et reviens nous dire qu'il y a un gap entre ton QI et ton intelligence tongue

Tu dis mieux que moi ce que je pense ^^

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Message par Invité Lun 22 Mai 2017 - 10:35

Salut!

j'ai pas tous lu car en phase de reconstruction.J'ai 38 ans pas mal voyagé etc donc surement pas la même vision d'une personne de 20 ans.Je dirais à la limite "fuck" le test de qi à partir du moment ou t'as vu que tu avais des facilités etc que les autres n'ont pas.

L'important c'est de rechercher ce qui te plaît et d'y aller et de le monétiser si possible. Surprised
Avec le net on peut bosser d'ou on veut et sans être emmerder

Rien à foutre du regard des autres!

Perso j'en ai assez souffert comme ça et fais semblant d'être dans la norme.

Bonne route

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Message par Furcifer Mer 24 Mai 2017 - 20:28

Kadjagoogoo a écrit:Es-tu donc actuellement en difficulté, dans cette année de prépa ? En double échec – tant sur le plan scolaire que sur celui de l'intégration... Hum. Il te faudrait probablement prendre tes distances avec un système d'évaluation indexé aux résultats, notes et validations académiques ; puis relativiser, encore, la nécessité d'avoir des témoins, des juges et des jauges à tes « exploits » (j'aurais pu me passer des guillemets, tiens). Si tu parviens alors à sonder ton intériorité avec ce qu'il faut d'auto-tendresse (bienveillance pour toi-même), d'acuité subjective et d'honnêteté objective, tu te délivreras progressivement du conditionnement institutionnel auquel tu es logiquement soumise là, aux prises avec cette prépa et ses exigences.
Loin de moi l'envie de te détourner de tes préoccupations actuelles et tes ambitions universitaires. Seulement, j'essaie de comprendre à l'appui de ton témoignage, dans quelle mesure tu ne satures pas là sous l'effet d'une panique. Comme si la conscience de ton (haut) potentiel se retournait finalement contre toi, ton (T)HQI et son prestige érigés en instance implacable qui te complexe dans ton rapport aux études et aux autres, suivant cette logique toxique que je vais résumer ainsi, approximativement et sans doute maladroitement (car je traîne une vieille fatigue morale depuis tout à l'heure) : au regard de ce test concluant, tu es a priori plus efficiente que les autres, et l'échec est d'autant plus redoutable car moins envisageable et permis/admis du fait de ton pedigree ;

Effectivement, je pense que j'ai une difficulté à séparer l'évaluation académique et l'image que j'ai de moi-même, et c'est, comme tu le dis, particulièrement vrai du fait de ma conscience d'être HQI. Même si j'ai lu et entendu de nombreuses fois que le QI n'était pas nécessairement synonyme de réussite scolaire, c'est une idée que j'ai toujours appliquée aux autres et jamais à moi-même, étant donné que du CP jusqu'au bac j'ai toujours très bien réussi sans faire d'efforts et que c'est naturellement à mon QI que j'attribuais ces facilités (à mon environnement aussi bien sûr, mais ce n'est pas le sujet). Cette nouvelle situation en prépa m'impose un changement de paradigme, qui passe par l'acceptation d'un fait: j'ai atteint la limite de mes facilités. A partir du moment où cela est posé, il s'ensuit que mes résultats (ou plutôt leur évolution) sont davantage le produit de mon travail que celui de mes facilités. Il faut donc que j'apprenne à travailler de manière plus "classique", ce qui s'avère très difficile pour moi.
C'est alors une question d'équilibre, parce que la frustration engendrée par cette incapacité (provisoire je l'espère) à travailler correctement peut aisément me pousser à rejeter ce système en considérant que lui et moi sommes résolument incompatibles (je suis déjà passée par une phase de ce type, et je sais que c'est un état d'esprit fréquent), ce qui ne convient pas, dans la mesure où j'ai quoiqu'il arrive un vrai respect à l'égard de l'institution scolaire, que je ne peux pas et ne veux pas occulter. Ce serait le versant excessif du conseil que tu me donnes (qui est bon, par ailleurs, il faut bien le souligner).
Le problème est donc: comment ne pas être blessée, d'une part, d'avoir atteint mes limites, et, d'autre part, d'avoir autant de mal à m'adapter? C'est d'autant plus compliqué que je m'y heurte à peu près quotidiennement, à cause de mes mauvais réflexes de dilettante qui sont bien enracinées depuis toutes ces années. Cela dit, il y a sans aucun doute un progrès depuis le début de l'année, qui avait plutôt la couleur de la dépression.


Kadjagoogoo a écrit: Et pourtant, comme tant d'autres parmi nous, la solitude est ton lot...
C'est sans doute davantage un drame à ton âge qu'au mien (j'ai le double du tien), après une première moitié de cette existence passée à forcer les choses, les liens et mon enthousiasme dans ce but, à suspendre mon incrédulité pour adhérer à cette hallucination collective. Désormais, je suis plus à l'aise avec l'idée de la solitude, notion qui s'est glamourisée à mes yeux, notamment au contact de la philosophie : « La solitude est l’aphrodisiaque de l’esprit, comme la conversation celui de l’intelligence. » — Cioran. Et pour la conversation, pas besoin d'être tellement populaire et socialement intégré : un ou deux interlocuteurs de prédilection et d'élection suffisent, je crois. A-t-on seulement davantage d'attention à prodiguer et de capacité à s'investir auprès d'autrui ?

Je supporte la solitude, il m'arrive de sentir ce qu'elle peut avoir de "glamour", en particulier quand je suis dans la nature, au risque de paraître ridiculement romantique, mais je préfère dire que je suis rousseauiste, au risque cette fois de paraître pédante ^^ (mais Cioran a été cité, je peux donc me le permettre  Very Happy ).
En revanche, je ne supporte pas l'isolement, que je définis comme une incommunicabilité insurmontable avec les autres, menant nécessairement à une solitude subie. Je cherche le contact avec les autres, je suis plutôt sociable, mais on dirait qu'il y a toujours quelque chose contre lequel je butte. Je ne parviens pas à créer des liens (sauf en de rares et inexplicables exceptions) et je reste au stade de la conversation très superficielle. J'ai envie de connaître les gens mais souvent mes conversations s'apparentent dramatiquement à des mauvaises pièces de Beckett: mes remarques déroutent les autres, et les remarques des autres ne m'inspirent pas de réponse, donc je reste silencieuse et la conversation s'arrête là.
Les interlocuteurs de prédilection, j'en ai eu, et j'en ai toujours, mais pas avec moi en prépa. Or j'habite dans mon lycée et je passe beaucoup de temps à travailler, donc je ressens bien un manque de ce côté là (d'où ma présence sur ce forum, je suppose).

Merci enfin pour cet accueil chaleureux et inattendu à mon dernier message. Je précise d'ailleurs que sa dernière phrase n'avait rien d'ironique (vraiment, on pouvait croire que ça l'était, ou bien y avait-il justement là de l'ironie?), j'avais véritablement l'impression d'avoir avancé dans ma réflexion (ce que je n'aurais pas pu faire seule (sans un peu de virulence)), et je suis particulièrement heureuse de voir que cette "joie heuristique" (pour reprendre tes jolis termes) a été partagée. Smile

@chuna56, je me reconnais dans certains éléments de ton "bavardage de vieille bique" ( Rolling Eyes ), d'ailleurs je sais que j'irai tôt ou tard à la fac, et j'espère bien que ça s'y passera aussi bien que pour toi. Mais je trouve des bons côtés à la prépa qui me poussent à essayer de m'adapter, tout en évitant d'aller contre ma nature. Quoiqu'il en soit ton témoignage est rassurant, il relativise l'importance de l'échec en prépa, surtout parce qu'il me rappelle qu'il y a une vie après, chose que j'ai tendance à oublier à force d'être dans l'immersion presque totale. Je t'en remercie donc.

@Myamoto, je répondrai, quand j'en aurai le temps, au fil que tu as ouvert sur l'intérêt des tests de QI, qui me semble rejoindre ton message sur ce fil.

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