Quand je n'écris pas, je dessine mes personnages...

Bon, bien sûr, ce n'est jamais à la hauteur de ce que je voudrais, loin s'en faut, mais à défaut de savoir dessiner... disons que ça me donne un aperçu, de loin.

C'est une sorte d'aide mémoire ? Un moyen de focaliser plus aisément l'image mentale que tu t'en fais ?

Non : j'ai déjà écrit cette nouvelle-ci, même si ce personnage sera présent dans la suite.
C'est souvent quand j'ai terminé mon roman ou ma nouvelle que je me mets à les dessiner.

Marion79 a écrit:Non : j'ai déjà écrit cette nouvelle-ci, même si ce personnage sera présent dans la suite.
C'est souvent quand j'ai terminé mon roman ou ma nouvelle que je me mets à les dessiner.

Ah oui. Du coup je me demande .. mais je ne sais pas comment poser la question pour aller avec ce que je me demande. Quelles sont tes émotions quand tu le dessines ? Quand tu le regardes plus tard. Quand tu le montres à une tierce personne ?

L'impression de l'avoir vraiment créé ? Disons que c'est tout de suite moins abstrait. Quand j'écris, je passe des heures avec eux, à les écouter, à les visualiser, à voir ce que ça donne quand je corrige leurs dialogues.
Mais tout ce petit monde n'existe que dans ma tête.
Une fois dessiné, c'est un peu comme s'ils étaient plus présents.
C'est vrai aussi quand je suis lue. Mais... je sais bien que mon écriture ne rend jamais totalement compte de mon univers intérieur. Le dessin non plus, d'ailleurs. Mais c'est plus direct et plus concret, un peu comme un hommage que je leur rends.
Quand je les dessine, le sentiment qui domine est la curiosité : je vais voir à quoi il/elle ressemble, fixer ses traits finalement toujours mouvants quand j'écris.
Plus tard, si je retrouve mon dessin, le sentiment qui domine est souvent l'insatisfaction de ne pas avoir représenté exactement ce que je voulais...vu que je suis moins douée pour dessiner que pour écrire (et quand une personne a voulu me faire un compliment en me disant que j'étais aussi douée pour l'un que pour l'autre, je l'ai mal pris ! )
Quand je le montre à une tierce personne ? Lui montrer mes personnages à peu près tels que je les vois. Au-dessus, c'est le chat du Cheshire personnifié (ou plutôt un autre personnage lui dit qu'il ressemble au chat du Cheshire).
Quand j'écris un album jeunesse, ça ne va pas au-delà de ce que j'ai écrit. Le personnage est une pure marionnette. Dans un roman, c'est différent : je découpe les grandes scènes, celles qui m'intéressent, mais ça va bien au-delà. Je connais leur passé, leur vécu, leur avenir, et je délivre...20% des informations ?
Sur cette image-ci, beaucoup plus brouillon et en un sens ratée, j'ai moins cherché le réalisme que le caractère de Suzie. Encore maintenant, je ne l'ai pas trouvé, si bien que j'ai deux versions du roman et j'ignore toujours quelle est la meilleure. Uniquement à cause de ma vision de ce personnage, qui m'a donné beaucoup de fil à retordre, au point que même maintenant, il m'arrive de repenser à certaines scènes alors qu'elles sont très bien comme elles sont (et si je les remanie encore, je risque de tout saboter comme Frenhofer) :

Faudrait que le lise les romans, pour comprendre la porté du dessin (le second, avec la dame l'enfant et la rose). Je trouve que même avec le trait un peu maladroit, le dessin est très dense en émotions ..

C'est une paire de ciseaux .. ? Ca donne envie de lire et découvrir le fin mot de l'histoire !

Les lames de ciseaux qui coupent la rose, l'air déterminé de la femme et l'écroulement, le don de soi de l'homme... Les symboles du roman d'amour tragique, non ? ^^

Moi aussi lorsque j'écris un bouquin, je finis par dessiner mes personnages. Effectivement, on s'attache à eux au point d'avoir besoin de les représenter dans le concret. Comme une forme de finalité dans la création, leur donner comme on le peut une réalité, qu'ils soient plus vivants.

Rien de plus simple, je pense, que de dessiner les émotions d'un personnage sur lequel on a écrit. Elles viennent d'elles-mêmes avec un grand naturel, grâce à nos écrits.

Je me plais à imaginer cela comme une forme de synesthésie artistique (pas dans le sens de superposition des sens comme la définition propre, mais comme la superposition des arts). L'écriture facilite le dessin et vice versa...


Quelques uns des miens (fait à l'arrache, les têtes mesurant à peine plus large qu'un pouce : )

(Toute ressemblance avec des personnes étant ou ayant existé est purement...volontaire ^^)

Diatribe a écrit:
Moi aussi lorsque j'écris un bouquin

Allons bon ....

*Stauk imagine un gros tas de bouquins haut de trois mètres, qui dorment en désordre sous le chevalet de Diatribe, abandonnés et maculés des quelques gouttes de peintures que l'enthousiasme du peintre ont éjecté jusque là.

vidéo qui n'illustre pas tout, mais bon ... une petite vidéo vaut mieux qu'un long dessin:

Bonjour Stauk et Diatribe !

"Le don de soi de l'homme" ? Hum...C'est son fils sur le dessin. (hum... quand je le dis, que je dessine très mal... )
Mais Stauk a bien résumé : la dame, l'enfant et la rose. C'est bien une paire de ciseaux.

Je crois avoir reconnu Romy Schneider et Robert Downey Junior remasterisés.

Synesthésie artistique, effectivement. Même si je trouve que c'est plutôt la musique qui facilite l'inspiration, donc l'écriture, et ensuite l'écriture qui facilite le dessin...en tout cas, dans mon cas.

PS : tu dessines très bien.

MAIS C'EST QUOI cette paire de ciseaux ?

Stauk a écrit:

Allons bon ....

*Stauk imagine un gros tas de bouquins haut de trois mètres, qui dorment en désordre sous le chevalet de Diatribe, abandonnés et maculés des quelques gouttes de peintures que l'enthousiasme du peintre ont éjecté jusque là.

J'avoue, tu m'as eu en beauté...

Marion79 a écrit:
"Le don de soi de l'homme" ? Hum...C'est son fils sur le dessin. (hum... quand je le dis, que je dessine très mal... )
Mais Stauk a bien résumé : la dame, l'enfant et la rose. C'est bien une paire de ciseaux.

Oups, au temps pour moi... Cela dit, ce n'est pas d'avoir mal dessiné que quelqu'un ne reconnaisse pas le lien familial. Cela dit... Si l'enfant pleure sa mère, ça ne désapprouve pas une histoire d'amour, non ? ^^

Marion79 a écrit:Je crois avoir reconnu Romy Schneider et Robert Downey Junior remasterisés.

Oui, même s'ils sont laids. Bien vu !

Marion79 a écrit:Synesthésie artistique, effectivement. Même si je trouve que c'est plutôt la musique qui facilite l'inspiration, donc l'écriture, et ensuite l'écriture qui facilite le dessin...en tout cas, dans mon cas.

PS : tu dessines très bien.

Merci ^^

Oui, je suis complètement d'accord, les arts s'enfilent entre eux comme des mailles, ils se mélangent savoureusement et avant tant de naturel !

Un éditeur veut m'appeler jeudi ou vendredi de la semaine prochaine pour mon roman.
Je stresse.
En plus, j'ai un peu la phobie du téléphone.


edit : ce sera lundi.

"Et rose elle a vécu ce que vivent les roses"

.

Merci.

En fait, selon eux, c'est un très bon roman dans le fond et ils ont apprécié mes qualités d'écriture mais ils veulent l'éditer sous certaines conditions qu'ils vont me préciser lundi.

J'essaie de comprendre : "dans le fond".
S'il est très bon dans le fond et bien écrit, ce qui cloche doit être de l'ordre de la composition ou de l'emboîtement des différentes parties. Je serai fixée lundi.

Tiens nous au courant.

Coup de fil reporté à mercredi. Je suis dans un état de stress avancé.



Je me demande ce que je vais devoir changer dans mon roman et ce que je suis prête à changer.
J'aime William et j'aime Suzie. Je me suis attachée.
Les autres personnages sont sans doute moins marquants et leur caractère, plus modulable.
Encore que Meredith vaut son poids en cacahuètes. Mais s'ils me disent qu'elle est "too much", je le comprendrai. Disons que plus tard ce coup de fil arrivera, moins je me critiquerai moi-même.

Stauk a écrit:Tiens nous au courant.

J'ai oublié de vous tenir au courant.
Le coup de fil a duré 2h30. Super roman, super histoire, super personnages "même si William n'est pas tout blanc" (c'est ce qui fait son charme ), mais éditrice sûre que la plupart des lecteurs allaient décrocher avant la page 170, sachant que de la page 170 à la page 330, rien à redire. Jusqu'à la page 170, trop de descriptions, pas assez d'action. A remanier, donc. Elle m'a parlé d'engager une correctrice pour revoir avec moi mon manuscrit, de me verser un à-valoir, d'une campagne de promotion, etc.
Je me suis mise à remanier mon roman. Dès que sa maison d'édition serait officiellement créée, en septembre, elle m'enverrai le contrat.

Arriva septembre.
Et là, j'ai reçu la réponse d'une autre maison d'édition "Notre comité de lecture a lu et apprécié votre roman."
J'ai aussitôt contacté mon éditrice en lui demandant si c'était bon si je pouvais prévenir les autres éditeurs que j'avais contactés afin de leur dire que j'avais trouvé ma maison d'édition.
Trois jours plus tard, elle m'a envoyé trois longs mails pour me dire à quel point elle était triste de ne pas avoir pu fonder sa maison d'édition et de ne pas pouvoir me publier.

Elle m'a écrit de ne pas brader mon manuscrit, de l'envoyer à Stock, à Gallimard, à Albin Michel...

En attendant, j'ai contacté l'autre maison d'édition, dont le comité de lecture avait aimé mon roman, mais l'éditrice m'a répondu qu'avec la rentrée littéraire, elle ne pourrait pas le lire avant novembre.

Une autre éditrice, dans une petite maison d'édition numérique nouvellement créée mais au catalogue intéressant, et surtout allant dans mon sens (ils publient des histoires avec des rebondissements, des intrigues, pas de l'autofiction), m'a dit que son comité de lecture avait lu et apprécié mon manuscrit. J'ai reçu le contrat, 18 page en tout. Je peux la contacter quand je le souhaite.

Une directrice éditoriale m'a dit que c'était une pseudo maison d'édition et de ne pas signer avec eux, car on ne devient pas auteur comme ça, et que mon roman est illisible, et pas publiable en l'état...Je lui ai répondu : dans ce cas, j'ai tout intérêt à signer ce contrat. Si mon roman est si mauvais, et si aucune maison d'édition digne de ce nom n'en voudra (ce qu'elle m'a dit), pourquoi tergiverser ? Elle m'a répondu : "pour ne pas laisser derrière toi une chose non aboutie."

Mais il y aura 4 mois de corrections éditoriales dans la petite maison d'édition numérique qui me paraît sérieuse et sympa. Je me fiche de gagner du fric et de faire parader mon nombril dans les milieux autofictifs germanopratins.

Ce que je veux, c'est faire paraître la triste histoire de la jeune femme blonde à la rose.
Et en plus, la petite maison d'édition numérique m'a dit, d'avance, qu'ils accueilleraient avec joie tous les autres romans que je pourrais écrire avec mon univers, ces personnages-là, ce cadre-là. Ecrire, dessiner, m'amuser. Alors j'ai envie de signer (parce qu'à vrai dire, c'est ça qui m'intéresse).

Qu'en pensez-vous ? Je suis idiote ou pas ?

Marion79 a écrit:
Qu'en pensez-vous ? Je suis idiote ou pas ?

On a pas beaucoup d'informations ... toi non plus d'ailleurs, certainement pas autant que ça serait idéal d'en avoir dans un monde parfait.
Personnellement je trouve ça bien que tu ailles vers ton feeling, après l'important c'est d'écrire, et là on sent qu'il existe encore une envie d'écrire, dans cette direction que tu sembles privilégier. Je pense que tu as conscience des risques, et du fait qu'il n'existe pas de "bonne décision", y a des décisions qui permettent de rester queqlu'un qui écrit, et d'autres qui étouffent la passion (peut être y a des décisions qui permettent de gagner de l'argent ... mais honnêtement, ça semble aléatoire plus qu'autre chose, quelque soit le choix humain que tu privilégies ...).

Voilà. Donc on sait pas. Mais on sait bien que c'est pas facile d'être seul face à ces choix, alors on est là.

Oui, j'ai encore envie d'écrire, et puis j'y crois quand même. Je ne pense pas me faire beaucoup de fric mais ce n'est pas ce que je cherche. J'ai surtout envie d'être lue. En plus, il y aura des corrections, pas pour l'orthographe ou pour le style mais pour ma tendance à trop détailler. On va fliquer les longueurs.
Du coup, ça devrait être un bon roman, pas une "chose non aboutie". Pour moi, toute maison à compte d'éditeur, numérique ou papier, du moment qu'elle passe du temps sur un manuscrit parce qu'elle l'aime et pas parce que son auteur la paye, est une maison d'édition digne de ce nom.
Et je veux rester quelqu'un qui écrit, qu'on nourrisse ma passion au lieu de l'étouffer.

Bonjour. Il a un nom cet homme là ?

C'est le copain de Meredith non ? William je crois.
Tu nous réserveras des exemplaires dédicacés Marion ?

EDIT : je vote pour une couverture par Diatribe, je peux ?

Bien vu, Mily ! C'est William !
C'est le frère de Meredith.

Pour les envois d'exemplaires dédicacés, j'espère en avoir assez car on m'en a déjà demandé. Mais j'en réserverai.
Si j'organise une rencontre IRL à Paris et une autre à Lille, et que je n'ai pas assez d'exemplaires à envoyer depuis chez moi (pour les dédicaces. La maison d'édition m'a dit qu'elle m'enverrait aussi les enveloppes timbrées avec les exemplaires, mais du coup, il n'y en aura pas plus que quelques dizaines, je pense...), je dédicacerai ceux-ci une fois sur place, et idem pour ceux achetés par mon entourage (si je peux les dédicacer face à la personne sans les envoyer).
La sortie est prévue pour le 3 juillet. J'ai le temps de voir venir et de m'organiser.

Pour la couverture, la maison d'édition est en train de plancher dessus. J'ai hâte de voir le résultat (et de voir si un de mes personnages sera dessus : William ? Meredith ? Suzie ? et s'il ressemblera à l'image que je m'en suis faite.).

Bon dimanche !