Epuisement et crise de la quarantaine

+15
Gabriel
isadora
Petitagore
Suspendu
zelle
Onyx
fleurblanche
Christelle
'C.Z.
deen
fleur_bleue
Pieyre
Kadjagoogoo
iiihou
Fata Morgana
19 participants

Page 2 sur 4 Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant

Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Ven 20 Nov 2015 - 12:35

C'est curieux, quand même.
Une personne se trompe, malgré les définitions que j'avais pris la peine de donner, dans l'interprétation que j'ai fait d'un mot. Je la renvoie à cette définition: elle me répond que si, si, JE donnais à ce mot le sens qu'ELLE a décidé, et non ce que j'avais écrit comme définition, et que puisque je n'étais pas prêt à écouter, elle supprimait son compte.

Shocked

Quand on revendique le droit de répondre à côté de la question, c'est compliqué ? ou culotté ? de se plaindre ensuite que "la personne n'est pas prête à entendre la réponse".

Si je dis: je suis sous la pluie et j'ai froid, et qu'on me répond: mais non, il ne fait pas froid mais chaud, donc tu as chaud, mais c'est une vérité que tu n'es pas prêt à entendre, alors je vais supprimer mon compte... ciao !

Ben comment dire ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 26 Nov 2015 - 19:27

Impossible de ralentir... impossible... impossible...

Pression d'enfer de tous côtés.
"Faudrait apprendre à être plus endurants !"

COMMENT ILS FONT ?? COMMENT VOUS FAITES ??

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Pieyre Jeu 26 Nov 2015 - 20:00

Ne sais-tu pas comment nous faisons ? Nous avons moins d'exigences. Aussi nous renonçons souvent à donner le meilleur de nous-mêmes, le réservant pour des combats différés parfois indéfiniment. C'est difficile à vivre aussi, parce que l'on se déçoit, mais cela attente moins à notre santé. Et puis, d'une façon plus positive, cet écart que l'on établit entre notre devoir et sa mise en œuvre nous donne parfois une latitude inespérée en terme de temps ou d'énergie, dans la perspective de s'y remettre, ou pas... Cela ne veut pas dire que nous en faisons autant que ceux qui se donnent à fond, mais au moins que nous nous sentons plus efficaces qu'eux quand nous nous y mettons


Dernière édition par Pieyre le Jeu 26 Nov 2015 - 22:29, édité 1 fois (Raison : un mot manquant)

Pieyre

Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 26 Nov 2015 - 20:01

Personnellement j'ai arrêté de courir partout et de m'oublier. J'ai gardé ce qui était nécessaire et foutu le reste à la porte. Je vis bien mieux comme ça. J'arrête de me coller un programme de dingue tous les weekends, un truc max par jour, j'ai commencé par ralentir ma marche à pied, sortir les épaules, au tout début du grand chambardement, il y a 1 an et demie.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 26 Nov 2015 - 21:59

Pieyre a écrit:Ne sais-tu pas comment nous faisons ? Nous avons moins d'exigences. Aussi nous renonçons souvent à donner le meilleur de nous-mêmes, le réservant pour des combats différés parfois indéfiniment. C'est difficile à vivre aussi, parce que l'on se déçoit, mais cela attente moins à notre santé. Et puis, d'une façon plus positive, cet écart que l'on établit entre notre devoir et sa mise en œuvre nous donne parfois une latitude inespérée en terme de temps ou d'énergie, dans la perspective de s'y remettre, ou pas... Cela ne veut pas dire que nous en faisons autant que ceux qui se donnent à fond, mais au moins que nous sentons plus efficaces qu'eux quand nous nous y mettons

Je n'arrive pas à m'y résoudre. Je me rappelle de vieux topics, d'il y a quelques années, qui demandaient pourquoi avec les hautes valeurs et la haute capacité à démêler la complexité du monde qu'ils revendiquent, les Z ne prenaient pas leurs responsabilités pour améliorer le monde (ce qu'on pourrait rapporter aussi à la prétention de certains d'être "une espèce à part", voire "l'avenir de l'humanité, l'homme en évolution", excusez du peu). Quelqu'un avait souligné que les Z étaient souvent velléitaires. Pleins d'idées mais plus rarement capables d'agir, pour plein de raisons (tétanisés par le foisonnement de conséquences possibles, ne sachant quand passer de la pensée à l'action, que sais-je). Je l'ai tant été que je n'ai plus envie de ressembler à ça. Prôner quelque chose, ou sentir (à tort ou à raison, je ne suis pas plus omniscient qu'un autre) que ce serait bien, et ne pas (me) l'appliquer, ne pas m'engager, ne pas agir conformément à mes discours... ça m'arrive sans doute bien plus souvent même que je ne crois, mais ça me met mal à l'aise et je tente d'y mettre bon ordre. Du coup, penser implique d'agir et penser beaucoup... d'agir beaucoup.
Il ne s'agit pas que de se décevoir. Il s'agit de lutter pour éviter que le monde ne sombre dans quelque chose que je ne veux pas vivre. Evidemment que ce n'est pas moi qui vais y remédier tout seul, mais si ce naufrage est évité, ce sera parce qu'on aura été assez nombreux à nous y opposer. Alors même que chacun de nous aura été totalement insignifiant. Un grain de sable n'est rien, mais la dune existe.

Ce n'est pas nous qui avons des exigences mais le monde, la situation...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Christelle Jeu 26 Nov 2015 - 22:38

Fusain a écrit:Impossible de ralentir... impossible... impossible...

Pression d'enfer de tous côtés.
"Faudrait apprendre à être plus endurants !"

COMMENT ILS FONT ?? COMMENT VOUS FAITES ??

Si on ralentit le rythme par choix, alors ça n'est pas trop compliqué de le faire. L'objectif devient "vivre mieux" ou "être mieux" et on fait ce qu'il faut pour l'atteindre.
Mais souvent, on n'est pas capable de faire ce choix sereinement, on est incapable de ralentir de soi-même et c'est lorsqu'un fusible fond, ou encore lorsque la machine se met en panne généralisée que le ralentissement s'impose de l'extérieur : je parle de burn-out (puisque tu l'as évoqué, fusain) ou parfois d'une maladie, d'un accident, qui nous impose le ralentissement.

Dans mon cas, quand j'ai dû ralentir, les choix à faire ont fini par s'imposer alors qu'avant je considérais ces choix-là comme des options impossibles à suivre, parce que trop faciles.

Bref avant de ralentir, ce qui fait peur c'est la peur du vide : on a peur de se retrouver face à soi-même, et on croit que se retrouver face à soi-même sera une épreuve bien plus compliquée à affronter que le rythme de vie qu'on s'impose.

Là est la question que je veux te poser (mais par contre la ou les réponses, tu peux les garder pour toi) : pourquoi as-tu peur de ralentir ?

Christelle
Christelle

Messages : 895
Date d'inscription : 06/03/2010
Age : 44

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 26 Nov 2015 - 22:59

Ce n'est pas tant "peur de ralentir" que "ne pas oser dire non", ce n'est pas exactement pareil.
Peur de ruminer "j'aurais pu faire ça, je suis nul", peur de ne rien avoir à répondre à ceux qui me feront remarquer que j'en fais moins pour aller mieux et que c'est de l'égoïsme pur et simple.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Ven 27 Nov 2015 - 10:22

Mais ma colère vient surtout de ma résistance physique incroyablement faible au travail. Je suis physiquement épuisé, là, je ne vois bien: je dors debout, la tête me tourne. Or le premier cadre moyen venu, tout compris (son emploi, ses engagements, sa famille...) abat au bas mot 50% de plus de boulot que moi. Je suis totalement incapable de me concentrer sur des trucs sérieux plus de 10-12 heures dans une journée alors qu'à hauteur de 7h de sommeil par nuit en moyenne chez les Français, l'éveil dure 17 heures dont on peut considérer que 14 ou 15 sont consacrées à des formes de travail, fussent-elles domestiques.
Comment veux-tu que j'accepte ça ? Mais impossible de faire plus, de m'entraîner à faire plus, de "m'endurcir" comme tout le monde m'y invite.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par fleur_bleue Ven 27 Nov 2015 - 11:09

Fusain, ces gens dont tu parles, ils n'existent pas! Ou ne forment qu'une minorité absolument minuscule en tout cas. Tu sais ce que font probablement 80% des gens? Ils font leur semaine de 35 ou peut-être au maximum 40h, ils rentrent chez eux, mangent et regardent la télé, éventuellement font du sport le week-end. Donc ils ne passent pas 10-12h par jour sur des "trucs sérieux". Et ceux qui le font (bosser 10-12h par jour), une fois rentrés, ils ne font plus grand-chose non plus.
Peut-être que par chez toi, tu connais beaucoup de gens comme ceux que tu décris. Moi, je n'en connais aucun. Pourtant, des gens qui bossent beaucoup, il y en a... Mais ils ne font que cela. Bosser et s'occuper un minimum de leurs enfants. Et c'est NORMAL. L'homme n'est pas fait pour carburer à fond pendant 17h, ni même 14. Je crois que ce que tu dois accepter, c'est cela, tout simplement - que c'est NORMAL d'être fatigué, c'est NORMAL d'avoir besoin de pauses, TOUT LE MONDE est comme cela. Et je suis quasi certaine que les gens qui t'invitent à "t'endurcir" en réalité ne font pas plus que toi. Peut-être qu'ils en font autant au travail et dans le bénévolat, mais dans ce cas ils ont une épouse à la maison qui s'occupe des tâches ménagères et de l'administratif, ou alors une femme de ménage ou autre... Tu voudrais être SURhumain et tu t'en veux de ne pas l'être - imagine quelqu'un qui viendrait te demander conseil parce qu'il n'arrive pas à suivre, est-ce que c'est ce que tu lui conseillerais, de devenir un surhomme?
fleur_bleue
fleur_bleue

Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 40
Localisation : Paris

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Christelle Ven 27 Nov 2015 - 14:31

Peut-être dois-tu accepter le langage de ton corps (amusant : j'avais fait un lapsus, j'avais écrit le mot "cœur") qui te dit que tu te surmènes depuis trop longtemps déjà (puisque tu n'écoutes pas ton intellect ou tes émotions).
Christelle
Christelle

Messages : 895
Date d'inscription : 06/03/2010
Age : 44

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Ven 27 Nov 2015 - 14:46

Moi, je peux l'écouter, mais autour ?
En fin de matinée, j'ai craqué. Je suis rentré du bureau, posant à l'impromptu une récupération d'heures sup accumulées ces derniers jours.
Sauf qu'il y a conflit dans la boutique sur le fait que l'on puisse récupérer nos heures ou pas "en cette période de crise où il faut faire des sacrifices". n+1 est OK, n+2 tient par-derrière un autre discours, aucune consigne.
Du coup, je l'ai fait, je dormais debout, au sens propre. Mais ça va me retomber dessus: engueulades, sanction, mise en demeure de "me montrer plus résistant".

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Christelle Ven 27 Nov 2015 - 15:17

Alors repose-toi, et laisse tomber l'ordi : une bonne sieste te fera du bien, relègue le reste à plus tard. Ronfle
Christelle
Christelle

Messages : 895
Date d'inscription : 06/03/2010
Age : 44

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Ven 27 Nov 2015 - 15:19

Il n'y a pas une certaine "charité envers soi-même" à respecter ?
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Dim 29 Nov 2015 - 21:44

Si. Mais même si j'arrête de "faire", je ne peux pas m'empêcher "d'y penser".
Si vous arrivez à ne pas penser à l'actu politique, citoyenne, géopolitique, écologique, en ce moment, je suis curieux de savoir comment vous faites (je mets de côté le cas des misanthropes extrêmes qui vont répétant qu'ils regardent l'humanité souffrir et mourir en ricanant d'un air supérieur).
J'ai beau savoir que ça ne sert absolument à rien, je ne peux pas m'empêcher, ni d'y penser, ni de me tenir au courant en temps quasi réel (merci Twitter, une mauvaise nouvelle politique par seconde, dix insultes par minute, et l'impression d'avoir raté la 3e guerre mondiale dès que tu vas pisser).

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par zelle Dim 29 Nov 2015 - 21:47

Fusain a écrit: (merci Twitter, une mauvaise nouvelle politique par seconde, dix insultes par minute, et l'impression d'avoir raté la 3e guerre mondiale dès que tu vas pisser).

MDR Very Happy

zelle

Messages : 1184
Date d'inscription : 27/03/2015
Age : 53
Localisation : à l' ouest

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Dim 29 Nov 2015 - 21:50

Ma "technique" c'est «l'art». J'essaye de créer, des musiques mais ça pourrait être autre chose. Je me donne des petites missions, des petits projets que j'enchaine. Lentement - jamais du premier coup, mes pensées bavardes se recueillent sur d'autres sujets. Ça me recentre.
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Pieyre Dim 29 Nov 2015 - 22:14

Fusain, j'ai été calé comme ça à une actualité. Je dormais cinq heures par nuit, et sans réveil. La motivation était suffisante. Ce n'était pas l'actualité politique. C'était juste des téléchargements à effectuer tout de suite, sinon c'était mort. Et puis j'ai arrêté, parce que ça ne m'apportait pas tant que ça.
Par ailleurs j'ai un frère qui suit l'actualité de façon assez compulsive. Mais à quoi sert-il de lire un journal intégralement, et d'écouter quatre fois par jour les médias ? Désormais pour moi c'est une ou deux fois, certains jours aucune. Il y aura toujours les émissions hebdomadaires, les rediffusions, etc.
Ce que je veux dire, c'est que nous ne sommes pas dans un PC de crise, où c'est à nous de réagir. Nous pouvons nous permettre de différer, et même c'est peut-être mieux si l'on veut en juger avec un peu de distance.


Dernière édition par Pieyre le Dim 29 Nov 2015 - 22:38, édité 1 fois (Raison : orthographe)

Pieyre

Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Dim 29 Nov 2015 - 22:23

Ce que je veux dire, c'est que nous ne sommes pas dans un PC de crise, où c'est à nous de réagir. Nous pouvons nous permettre de différer, et même c'est peut-être mieux si l'on veut en juger avec un peu de distance

Oui, certes, mais le problème, c'est la prise d'information. ça ne sert à rien, ou pas à grand-chose, de prendre les infos 4 fois par jour sur la même source. Par contre, si tu veux te faire une idée un tant soit peu juste d'un événement, tu as intérêt à rechercher l'info sur plusieurs canaux, y compris "officieux". Du coup, dès lors que tu t'impliques un tant soit peu dans la politique - en tenant un blog, en écrivant dans une petite revue, trucs du genre - tu es constamment obligé de prendre l'info sur ce qui se passe aujourd'hui tout en tâchant de digérer au mieux celle d'avant-hier pour la jauger avec recul en effet, mais avec les bonnes infos. Sinon, ce que tu rates, c'est peut-être une pièce essentielle du puzzle.
Ceci dit, je vais m'efforcer d'être moins sur Twitter. De toute façon, je n'ai pas le choix. Idéalement, je devrais être capable d'assimiler et digérer cette info avec le recul nécessaire. Mes forces et mes nerfs ne résistent pas.
Le défi sera de résister. C'est comme un match qu'on renoncerait de suivre en live au profit de l'attente du résultat le lendemain matin.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par fleur_bleue Lun 30 Nov 2015 - 17:15

J'ai réfléchi à un truc, Fusain: se pourrait-il que ton vrai problème n'est pas tellement de ne pas savoir t'arrêter, mais qu'on te communique constamment que tu n'as pas le droit de le faire? Ce qui ressort de ce que tu écris, c'est que certes il y a une partie de la pression qui vient de toi-même, mais que l'essentiel vient de ton employeur et des personnes qui t'entourent. Et c'est pour ça qu'on a beau te donner des conseils sur comment ralentir la cadence, tu ne peux pas les mettre en œuvre parce que ce qui en dépend, c'est d'abord ta survie personnelle sur le court terme (maintien de ton emploi, etc.)... Bon, je dis ça, je n'ai malheureusement pas de solution au problème, parce que cela n'a pas l'air d'être quelque chose dont tu pourrais parler avec ton employeur pour leur dire qu'il vaut mieux que tu prennes des vacances une semaine de temps en temps plutôt que de faire un burnout et d'être arrêté pendant 6 mois. A mon avis, c'est pourtant ce qu'il faudrait faire.

Pour ce qui est de la prise d'information, le truc je crois est de cibler et de s'autoriser des moments de déconnexion totale. Le monde ne va pas s'écrouler dans l'immédiat, alors laisse-toi quelques heures pour souffler!
fleur_bleue
fleur_bleue

Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 40
Localisation : Paris

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Lun 30 Nov 2015 - 17:26

Hyperactif quoi...

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Lesmoi10
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Lun 30 Nov 2015 - 20:30

Il y a un faisceau de causes qui concourent à notre hyperactivité.

Il y a l'éducation que nous avons reçue l'un et l'autre qui prônaient l'engagement à tout crin, sans se préoccuper de soi-même.

Il y a l'absence d'enfant que, fatalement, on tente de compenser en étant sociaux et actifs, dans le "don", autrement. Parents de nos causes, quoi.

Il y a malgré tout, le fait que l'urgence écologique, ben c'est une vraie urgence. Et quand depuis tout petit on lit La Hulotte et qu'on s'émerveille de la beauté de la Nature, la voir disparaître à ce rythme est une souffrance profonde, quasi physique. Ils me font bien rire, les négationnistes du réchauffement et de la crise écologique de manière générale: moi, cela fait presque 20 ans que je fais de l'écologie de terrain, je peux dire que je vois, que je mesure les changements. Je fais partie de ceux qui sont déjà "là-dedans" depuis assez longtemps pour pouvoir constater des évolutions significatives rien que de leurs propres yeux, en plus de parfaitement savoir que les données sur la crise écologique ne sont pas pipeautées. Alors je repousse de toutes mes forces ce que je ne veux pas voir.

Et puis il y a que je ne sais rien faire d'autre que de l'écologie, que Madame ne sait rien faire d'autre qu'analyser et écrire des articles (éventuellement des livres mais pas d'éditeur pour l'heure), et donc que, de toute cette activité, ben nous espérons atteindre le point où ça nous permettra de gagner notre vie, tout en faisant la seule chose à laquelle nous sommes bons.

Voilà pourquoi aussi je suis si sensible à l'entourage pro.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Pieyre Lun 30 Nov 2015 - 20:51

Je crois que c'est Jacqueline de Romilly (à moins que ce ne soit Germaine Tillion ?) qui racontait un jour dans un entretien sur France Culture qu'on l'avait éduquée avec le principe : « Tout pour les autres. » J'avais trouvé cela magnifique. C'était difficile à assumer, mais cela délivrait en même temps. Pourtant, que chacun pense d'abord à lui, n'est-ce pas tout de même souhaitable, y compris pour se soucier des autres ?

Pieyre

Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par fleurblanche Lun 30 Nov 2015 - 22:27

Pieyre a écrit:Je crois que c'est Jacqueline de Romilly (à moins que ce ne soit Germaine Tillion ?) qui racontait un jour dans un entretien sur France Culture qu'on l'avait éduquée avec le principe : « Tout pour les autres. » J'avais trouvé cela magnifique. C'était difficile à assumer, mais cela délivrait en même temps. Pourtant, que chacun pense d'abord à lui, n'est-ce pas tout de même souhaitable, y compris pour se soucier des autres ?

Pour pouvoir prendre soin des autres, il faut d'abord aller bien soi-même, être bien soi-même dans sa tête, et si possible dans son corps.

Parce qu'on peut faire semblant de l'oublier, ou réellement l'ignorer, mais l'on a soi-même des BESOINS physiques, émotionnels, etc. Et aussi, on a des LIMITES physiques, émotionnelles, etc.

Alors le "Tout pour les autres" en s'oubliant soi-même, ça peut marcher pour un temps, mais certainement pas pour toujours.

mais cela délivrait en même temps.
Je pense que ça finit par culpabiliser : par-exemple le jour où on est malade, on ne se sent pas délivré de ne pas pouvoir tenir ses engagements, on se sent plutôt coupable. Idem le jour où, comme n'importe quel être humain, on se sent mal dans sa peau.

Servir les autres, c'est bien, mais pour être efficace dans cette tâche, il faut d'abord prendre soin de soi-même, être à l'écoute de ses propres besoins.
fleurblanche
fleurblanche

Messages : 4481
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 55
Localisation : Hémisphère sud

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Mar 1 Déc 2015 - 0:05

Pieyre a écrit:Je crois que c'est Jacqueline de Romilly (à moins que ce ne soit Germaine Tillion ?) qui racontait un jour dans un entretien sur France Culture qu'on l'avait éduquée avec le principe : « Tout pour les autres. » J'avais trouvé cela magnifique. C'était difficile à assumer, mais cela délivrait en même temps. Pourtant, que chacun pense d'abord à lui, n'est-ce pas tout de même souhaitable, y compris pour se soucier des autres ?

Je ne crois pas que ça délivre. Parce que ça implique de violer ses limites physiques, de se faire souffrir, de souffrir aussi de ne plus donner autant que les autres réclament. Tu t'autodétruis tout simplement. Jacqueline de Romilly a vécu près de cent ans, autant dire qu'elle n'a pas dû appliquer réellement ce précepte. Sinon, elle serait morte à 60 ans maximum.

En revanche je ne crois pas qu'il soit bon ni même normal de systématiquement penser d'abord à soi. C'est le "d'abord" qui me gêne.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par fleur_bleue Mar 1 Déc 2015 - 9:50

Pas forcément "d'abord" penser à soi, mais "aussi" penser à soi - suffisamment pour être capable de continuer, justement. Parce que vu l'importance de ton engagement, Fusain, le jour où tu craques complètement, ce ne sera pas quelques heures par jour de "perdues" pour cette cause, ce seront des mois voire des années. Le problème avec le burnout, c'est que 1) il faut beaucoup de temps pour s'en remettre, 2) pour ne pas rechuter, il faut complètement réorganiser sa vie... Donc boulot ou pas, urgence ou pas, il vaut mieux être en forme de manière plus constante plutôt que de t'épuiser. Imagine, si quelqu'un te disait: "Tu as le choix, Fusain: soit tu continues comme ça, et tu meurs dans 15 ans d'une crise cardiaque, soit tu ralentis et tu ne fais que 85% de ce que tu fais maintenant, mais en revanche, tu vivras encore 40 ans." Ne vaut-il pas mieux prendre la deuxième variante, qui à la fin te permettra de faire bien plus de choses?
fleur_bleue
fleur_bleue

Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 40
Localisation : Paris

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Pieyre Mar 1 Déc 2015 - 10:52

Fleurblanche et Fusain, vous me faites douter. Je me demande si l'on a jamais imposé un précepte aussi absolu à un enfant. Alors, ce que j'avais trouvé admirable, c'était peut-être plutôt : « Les autres, premiers servis. »

Quand je dis qu'un précepte de ce genre est susceptible de délivrer, c'est qu'il permet d'éviter de se reprocher d'avoir choisi son intérêt plutôt que celui des autres, et même déjà d'avoir dû peser l'un et l'autre. Indépendamment du problème moral, c'est passer à l'action plutôt que penser en vain. C'est ainsi que je le vois, mais j'ai du mal à envisager de me mettre dans le rouge au-delà de certaines limites.

Mais penser d'abord à soi n'est tout de même pas pour moi à entendre de façon systématique. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas une échelle unique des besoins sur laquelle on devrait placer son intérêt et celui des autres. Je peux considérer que mes besoins élémentaires sont premiers, notamment de me préserver, mais que mes aspirations m'orientent en premier lieu, et même uniquement en définitive, vers une idée de bien commun. C'est-à-dire que je pense d'abord à moi dans l'instant de l'intérêt matériel mais d'abord à autrui dans la durée de la réalisation commune.


Dernière édition par Pieyre le Mar 1 Déc 2015 - 15:33, édité 1 fois (Raison : un mot pour un autre)

Pieyre

Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Suspendu Mar 1 Déc 2015 - 11:11

Fusain a écrit:

Je ne crois pas que ça délivre. Parce que ça implique de violer ses limites physiques, de se faire souffrir, de souffrir aussi de ne plus donner autant que les autres réclament. Tu t'autodétruis tout simplement. Jacqueline de Romilly a vécu près de cent ans, autant dire qu'elle n'a pas dû appliquer réellement ce précepte. Sinon, elle serait morte à 60 ans maximum.

En revanche je ne crois pas qu'il soit bon ni même normal de systématiquement penser d'abord à soi. C'est le "d'abord" qui me gêne.

Tu fais le premier, tu tombes sur quelqu'un comme le second,
tu prends conscience alors que la vie c'est vachement long.

Suspendu

Messages : 86
Date d'inscription : 23/11/2015

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Mar 1 Déc 2015 - 14:46

Quand je dis qu'un précepte de ce genre est susceptible de délivrer, c'est qu'il permet d'éviter de se reprocher d'avoir choisi son intérêt plutôt que celui des autres, et même déjà d'avoir dû peser l'un et l'autre.

Et bien en fait non, parce que tu passes ta vie à te demander si par hasard tu n'aurais pas oublié quelqu'un de ces Autres avant de te servir. Tu t'imposes de porter toute la merde, de peur qu'elle n'échoie aux autres. En te demandant sans arrêt si tu n'as pas posé une fois un acte qui te ferait passer, aux yeux d'un tel système, pour un monstre d'égoïsme.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par fleurblanche Mer 2 Déc 2015 - 15:15

Cette pression que tu décris Fusain, c'est toi-même qui te la mets. Aucun être humain ne met une telle pression sur toi, même Dieu ne le fait pas.

C'est un processus d'auto-destruction enclenché par ton propre sentiment d'urgence, urgence toute subjective : ta vie que tu sacrifies ne fera peut-être pas la différence....  L'illusion que si tu ne t'y colles pas le monde va s'écrouler...

Spoiler:

Oui, je sais que j'ai parfois un langage direct mais, on ne peut pas toujours tourner autour du pot.
fleurblanche
fleurblanche

Messages : 4481
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 55
Localisation : Hémisphère sud

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Mer 2 Déc 2015 - 16:59

[quote]Décharge-toi de ce fardeau comme Lui t'invite à le faire. Si encore, c'était une mission à toi confiée par Lui, tu ne serais pas si désemparé, parce qu'Il t'aurait donné la force de l'accomplir[/quote]

Là, c'est un peu simpliste quand même. Il existe une infinité de "missions" où nous nous sentons appelés alors que ce n'est pas l'un de nous qui va tout faire, mais nous tous réunis. Nous avons la force de faire une part, mais ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas tout que nous pouvons nous décharger.
Je peux uniquement choisir d'en faire moins, et personne ne saura d'ailleurs jamais si, ce faisant, je fais plus, moins, on exactement ma part.
Le déséquilibre pour l'heure est criant mais la solution n'est pas dans le tout ou rien.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Mer 2 Déc 2015 - 17:03

Simpliste, ou simple ? Je suis assez d'accord avec fleurblanche - expérience faisant foi - il y a un moment où il faut discerner sérieusement d'où vient le problème.
Quand tu déplaces des montagnes PAR LA FOI, c'est Sa force en toi qui en fait une joie, et non une croix.
Prendre sa croix, c'est justement renoncer à ses propres forces, et crois-moi, ce laisser faire est bien ardu lui aussi, tant nous aimons revendiquer "nos" efforts, "nos" victoires et même "nos" échecs.
"Celui qui aime ne se fatigue pas et ne fatigue pas les autres" Jean de La Croix
Je cite cela à titre d'image, et non pas par ironie grinçante.
Il ne s'agit pas d'un "tout ou rien", c'est ça qui est simpliste, mais de savoir s'appuyer sur Lui. "Ni par puissance ni par force, mais par l'Esprit du Seigneur" dit un cantique. Et c'est précisément en cela seul que consiste la voie chrétienne.
"Tu ne peux rendre un seul de tes cheveux noir ou blanc", alors dépose dans la prière et laisse-Le faire.
Si la paix et la joie et l'amour sont les dons de l'Esprit, le trouble, la lassitude et l'aigreur viennent de l'autre. Embarassed
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Mer 2 Déc 2015 - 18:30

Je sais tout ça, mais je n'y arrive tout simplement pas. ça ne déclenche rien, pas d'écho, je ne sais pas comment faire.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Mer 2 Déc 2015 - 18:45

Luc 11.13
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Pieyre Mer 2 Déc 2015 - 19:47

Quand on veut apporter aux autres, ne faut-il pas parfois être exigeant, et même dur avec eux ? En effet ne vaut-il mieux pas leur montrer que nos dons sont conditionnés, non pas selon nos intérêts égoïstes mais selon leur mérite, enfin leur effort, leur prise de conscience... Alors est-ce que cela ne diminue pas notre charge de travail au bénéfice de tous, de façon immédiate le nôtre et à plus long terme le leur ? Certes il y a parfois des actions urgentes à mener, mais pas toujours. Ce qui est important n'est pas toujours urgent.

Personnellement je diffère trop ce que je peux apporter, en le reportant à des circonstances favorables qui n'arriveront peut-être pas. Mais, à te lire, Fusain, j'ai l'impression que tu ne diffères pas assez, comme si différer était forcément la marque d'une faiblesse. Au contraire cela peut correspondre à une exigence de responsabilité. N'y a-t-il pas là quelque chose à creuser ?

Pieyre

Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Mer 2 Déc 2015 - 22:36

Quand on veut apporter aux autres, ne faut-il pas parfois être exigeant, et même dur avec eux ? En effet ne vaut-il mieux pas leur montrer que nos dons sont conditionnés, non pas selon nos intérêts égoïstes mais selon leur mérite, enfin leur effort, leur prise de conscience

Non ! L'amour du prochain est inconditionnel, ce n'est pas un marché.
Bien sûr qu'on espère un certain retour et que c'est mieux de voir fructifier un peu ce qu'on a semé, ce fruit pouvant prendre d'ailleurs des formes bien différentes d'un retour expressément dirigé vers nous-mêmes.

Au contraire cela peut correspondre à une exigence de responsabilité

Ben oui, mais qu'y vois-tu à creuser ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Pieyre Mer 2 Déc 2015 - 23:27

L'amour est inconditionnel, mais là il s'agissait d'un investissement pratique : aide, échange, collaboration, etc. où des contingences apparaissent. L'amour n'est pas suffisant pour accomplir le bien, parce qu'il peut être souhaitable de susciter l'ennui ou l'irritation de l'autre (notamment par la frustration), si c'est pour son bien.

Ainsi je prends le cas que je connais, celui du professeur et de l'élève. Je ne considère pas le cerveau des enfants comme une cire vierge sur laquelle il s'agirait d'imprimer une connaissance uniforme avec tout l'amour d'un artisan délicat. Il est nécessaire de leur apprendre les notions et les méthodes, et de mettre en œuvre ces méthodes sur des exemples. Mais ne s'agit pas de les suivre au plus près dans l'apprentissage. Ce n'est pas l'enseignant qui transmet, sinon un squelette de connaissance; c'est à l'élève de faire le travail et de placer la chair sur ce squelette. Aussi on peut les suivre un temps, mais un temps seulement, d'abord parce que notre temps n'est pas extensible à l'infini, et puis parce que, pour leur bien il faut les laisser chercher, se creuser la tête, et même pour le bien de la communauté sociale il est nécessaire de juger sereinement de ceux qui sont capables d'accomplir d'eux-mêmes de qu'on leur demande et ceux qui n'en sont pas capables (sinon à leur consacrer un enseignant à temps complet, et encore).

Aussi, dans une relation de travail, ou de collaboration en général, quand une personne s'épuise ou ne se sent pas assez productive, c'est peut-être dû à ses limites propres, mais c'est peut-être dû aussi au fait que ses collaborateurs en attendent trop ou bien méconnaissent les difficultés rencontrées. Si la personne n'est pas tenue à un rendement par ses obligations de service, mais que c'est d'elle-même qu'elle s'oblige, ne faut-il pas se demander si elle ne se pose pas en sauveur, ou tout ou moins si elle n'aide pas les autres au-delà de ce qu'ils méritent dans la situation, c'est-à-dire pour le bien commun ? La responsabilité, n'est-ce pas aussi de se dire : par amour du prochain, je pourrais aller plus loin, mais il est peut-être bon que celui que je pourrais aider se débrouille un peu plus tout seul, et tant pis si c'est dur pour lui !

Pieyre

Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 3 Déc 2015 - 10:04

Mouais, je suis prudent avec ce terrain-là. On a très vite fait d'en conclure qu'il faut laisser les gens dans la merde, voire les y foutre sciemment (ce qu'on appelle "les sortir de leur zone de confort") "pour leur bien", ce qui permet de justifier le sourire aux lèvres l'abandon de ceux qui ont besoin d'aide, voire tous les harcèlements professionnels. Tous jouent de cette rhétorique. Trop dangereux. Et puis, ce n'est pas ce qui me concerne, donc dans le cadre de ce topic, ça nous conduirait à des digressions un peu hors sujet. Je ne crois pas faire le travail des autres à leur place, mais il y en a assez pour épuiser dix régiments.
C'est plus abstrait que ça, comment veux-tu que je dise: je vais laisser tomber ce bénévolat-là parce que voyant ce boulot non fait, des gens vont se mobiliser à ma place ? Il y a un cas particulier où on pouvait le faire et où on l'a fait, une activité sur la paroisse, parce que là on a de manière visible pour un groupe défini une activité qui risque de prendre fin, et ça suscite, en effet, des vocations pour reprendre la chose en main. C'est ce qui s'est produit. Mais c'est loin d'être toujours aussi simple.
Imagine que toutes les associations de protection de la Nature disparaissent du jour au lendemain. D'ici trente ans, il se produirait des effondrements massifs d'écosystèmes avec des conséquences sur tout le monde, mais personne ne réagira avant ça. Déjà qu'on risque fort cet effondrement même en l'état...

Sinon, je reviens à cette histoire de "celui qui aime ne se fatigue pas". C'est dangereux aussi. ça peut renvoyer à celui qui se fatigue: "si tu faisais ça avec amour, tu serais capable d'en faire dix fois plus, bon à rien !" Ben même avec amour je ne crois pas que je pourrais descendre sous les 3 heures de sommeil sans encourir quelques ennuis graves.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Jeu 3 Déc 2015 - 10:52


ça peut renvoyer à celui qui se fatigue: "si tu faisais ça avec amour, tu serais capable d'en faire dix fois plus, bon à rien !"

Tu as quand même un vrai don pour tourner les choses en négatif... Wink
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 3 Déc 2015 - 12:05

J'en ai croisé des personnes toxiques.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Jeu 3 Déc 2015 - 12:41

Et moi donc...
Pour les renifler tu peux quand même faire confiance à ton discernement.
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 3 Déc 2015 - 13:00

Ce que je voulais surtout dire, c'est que ça ne m'avance à rien.
Il y a eu un temps où je n'avais pas de mal à faire ce que demandaient mes engagements. Et puis, ils ont pris de l'ampleur et dépassent mes forces. Seulement, revenir en arrière, c'est en rester sur son confort. Youssi ? Discours contradictoires. D'un côté "si tu le fais par amour ça ne te fatiguera pas". De l'autre "si ça ne te fatigue pas, si tu restes dans ta zone de confort, ça veut dire que tu ne fais vraiment pas grand-chose".

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Jeu 3 Déc 2015 - 13:12

si tu le fais par amour ça ne te fatiguera pas

Ce n'est pas ce que j'ai dis, ce que j'ai dis c'est que si le faire par amour est possible, tu le fais, sinon, tu le fais pas !
(La citation est de Jean de la Croix)
Après évidemment tout dépend de ton rapport au spirituel, moi je suis assez radical (envers moi-même hein !) Par exemple je crois en la providence. Mais si tu deviens amer, exténué, trainant la patte, franchement, y a un os.
SON fardeau est léger. Si c'est lourd...
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Jeu 3 Déc 2015 - 23:37

Des fois je me dis qu'en me fatiguant, au moins, je suis sûr d'avoir bonne conscience. Sinon, il y aura toujours une petite voix en moi pour me dire "hé, ho, tu pourrais pas te décoller de ton jeu vidéo et aller sauver la planète là ?"
Et s'il n'y a pas de petite voix en moi, il y en aura plein de grosses alentour.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Petitagore Jeu 3 Déc 2015 - 23:46

La perfection n'est pas de ce monde, et tout le monde a besoin de souffler... Comme dit dans Marc, VI, 30: "Venez à l'écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu." Or, vingt lignes plus loin, c'est la multiplication des pains... Donc faut souffler, c'est le prélude à de grandes choses. Very Happy
Petitagore
Petitagore

Messages : 6310
Date d'inscription : 29/11/2011
Age : 63
Localisation : Ile-de-France

http://lesmoulinettes.amarelia.ch

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Ven 4 Déc 2015 - 8:20

Spoiler:
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par fleurblanche Ven 4 Déc 2015 - 18:02

Fusain a écrit:Des fois je me dis qu'en me fatiguant, au moins, je suis sûr d'avoir bonne conscience. Sinon, il y aura toujours une petite voix en moi pour me dire "hé, ho, tu pourrais pas te décoller de ton jeu vidéo et aller sauver la planète là ?"
Et s'il n'y a pas de petite voix en moi, il y en aura plein de grosses alentour.

Cette petite voix, est-elle seulement la voix/voie de la sagesse ?

Et parmi les grosses voix alentour, il faut discerner ce qui est bon, et ce qui ne l'est pas. En général, tout est une question d'équilibre : savoir équilibrer les domaines de la vie, savoir équilibrer son budget, savoir équilibrer le temps passé avec son/sa partenaire et le temps passé dans le travail, savoir équilibrer son temps de repos et son temps de travail, etc.
fleurblanche
fleurblanche

Messages : 4481
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 55
Localisation : Hémisphère sud

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Ven 4 Déc 2015 - 20:41

Tout ça, ça nécessite de se dire: il y a des choses qui me révoltent, qui m'inquiètent, des catastrophes qui se préparent, et je ne vais rien faire du tout contre. Même pas lever le petit doigt.

Et ça, j'ai du mal. D'une part à cause d'une éducation qui disait texto: si un truc te gêne de par le monde, tu fais quelque chose contre. Tu écris à monsieur le président, tu crées ou rejoins une association, tu etc. Et si tu ne fais rien, alors 1/ tu ne parles plus, jamais, de ce problème, tu ne t'en plains plus, tu ne le soulèves plus et surtout 2/ tu endosses la responsabilité de la perpétuation du problème. Parce que même si tu n'est qu'un petit morveux de rien du tout, peut-être que si tu t'étais bougé les miches, ça aurait tout changé.
L'ennui est évidemment que j'ai beau faire, les causes qui me révoltent sont beaucoup plus nombreuses que celles face auxquelles je peux agir, surtout si je me mets à avoir envie de faire plus pour l'une ou l'autre d'entre elles qu'envoyer une lettre ridicule à un député ou signer une vague pétition en ligne.

D'autre part, comme je disais, parce que même quand je ne fais rien et sais que je ne peux rien faire, je rumine.
Je n'ai pas l'esprit tranquille. Même en pensant à tous ceux qui oeuvrent pour cette cause (et qui, réciproquement, ne font rien dans des domaines où je suis davantage présent).

L'équilibre, il nécessite d'avoir l'esprit tranquille dans un monde qui file un putain de mauvais coton. Il nécessite de savoir se reposer en oubliant que l'arbitraire policier est en train de gangrener la France. Il nécessite de prendre un bouquin pépère à l'heure où un bulldozer va défoncer un des derniers marais. Il nécessite de profiter d'un bon repas pendant qu'un SDF crève de faim au bout de la rue.
Juste parce que je ne peux pas à moi tout seul inventer et instaurer la démocratie idéale, ni sauver tous les marais, ni tous les SDF, et qu'il y a du monde qui s'y emploie à l'heure même où je me repose, bouquine ou mange.
Pour moi, c'est impossible. Chaque laideur du monde est un caillou dans la chaussure ou plutôt un clou dans l'épaule puisque c'est ce que je ressens, physiquement (des contractures aiguës).

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Ven 4 Déc 2015 - 21:22

On peut justifier l'activisme de mille manières. Il y a un million, non deux, non trois, non quatre millions de problèmes (et 7 milliards de gens).
Le coup de la culpabilité est efficace. C'est très ecclésial ça.
Mais combien de fois des problèmes sont nés quand tout le monde s'est mis dessus pour les résoudre ? On ne fait dans la plupart des cas qu'agrandir la déchirure.
Il y a une chose que MOI je ME dis. Je me dis qu'en devenant meilleur, j'améliore les choses qui m'entourent, mais quand je lis le Livre, je ne vois annoncé de happy-end nulle part, bien au contraire. Faut-il prolonger le malade avec un acharnement thérapeutique de tous les instants, ou ATTENDRE un monde neuf qui solutionnera celui-ci ? Voici les questions que je me pose.
Une Thérèse de Lisieux du fond de sa cellule a sans doute fait plus que bien des agitations frénétiques de tout un tas de types. (ME dis-je. Curieux d'ailleurs qu'elle ait "agi" au moment où ailleurs un Nietzsche essayait de tout démolir...)
Et que justement peut-être que les choses vont de mal en pis à cause du renoncement à la contemplation.
"Dans le calme et la confiance était votre salut" écrit Isaïe.
Tout ne peut pas être sauvé, si les gens veulent vraiment mourir en accumulant les péchés contre ce monde, contre la justice, contre la beauté, la vérité et la bonté, qu'ils meurent, c'est leur choix.

J'aime lire "éloge de la paresse".

Pensées toutes personnelles tu l'auras compris.

si un truc te gêne de par le monde, tu fais quelque chose contre. Tu écris à monsieur le président, tu crées ou rejoins une association, tu etc. Et si tu ne fais rien, alors 1/ tu ne parles plus, jamais, de ce problème, tu ne t'en plains plus, tu ne le soulèves plus et surtout 2/ tu endosses la responsabilité de la perpétuation du problème. Parce que même si tu n'est qu'un petit morveux de rien du tout, peut-être que si tu t'étais bougé les miches, ça aurait tout changé.

Ça c'est typique de ce qui entraine un besoin de prière pour guérir le passé...
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Petitagore Ven 4 Déc 2015 - 23:50

Fusain a écrit:D'une part à cause d'une éducation qui disait texto: si un truc te gêne de par le monde, tu fais quelque chose contre. Tu écris à monsieur le président, tu crées ou rejoins une association, tu etc. Et si tu ne fais rien, alors 1/ tu ne parles plus, jamais, de ce problème, tu ne t'en plains plus, tu ne le soulèves plus et surtout 2/ tu endosses la responsabilité de la perpétuation du problème.

Ben si c'est ça ton éducation, elle est un peu défectueuse sur les bords, parce que dans le genre fausse dichotomie elle se pose quand même un peu là. Entre 1) fermer sa gueule et s'en foutre complètement (comme la plupart de nos contemporains à qui tu ne ressembles vraiment pas beaucoup sur ce point) et 2) assumer à toi tout seul l'entière responsabilité de tout ce qui va mal pour les 7 milliards d'humains de la planète... il y a peut-être place pour quelques positions intermédiaires.

Tu es un humain parmi 7 milliards 350 millions d'êtres humains. Ta mission n'est pas de sauver le monde, mais de sauver plus que 1 / 7 350 000 000ème du monde. Suppose que tu fasses deux cents fois plus, que tu réussisses dans ta vie à améliorer la condition de deux cents personnes... ce serait déjà rudement balèze. Pourtant, ça ne représenterait toujours que 200 / 7 350 000 000èmes de sauvetage du monde, bref ça resterait peanuts à l'échelle de la planète. A ton échelle, en revanche...

Parce que même si tu n'est qu'un petit morveux de rien du tout, peut-être que si tu t'étais bougé les miches, ça aurait tout changé.

Tout, sûrement pas, je ne sais pas qui t'a mis ça dans la tête mais de toute évidence c'était quelqu'un qui ne savait pas compter. Un peu plus qu'un tout petit quelque chose pour une demi-douzaine à quelques dizaines de personnes... ça, ça reste faisable (et très ambitieux!).

L'équilibre, il nécessite d'avoir l'esprit tranquille dans un monde qui file un putain de mauvais coton.

Là encore, fausse dichotomie. Entre "avoir l'esprit complètement tranquille tous les jours de sa vie comme un plat de nouilles cuites sous tranquillisants" et "se mettre la rate au court-bouillon vingt-quatre heures sur vingt-quatre 365 jours par an", il y a peut-être place pour quelque chose d'un peu raisonnable; quelque part entre trois heures par mois et onze heures par jour, à toi de voir -- mais au-delà, ça devient quelque peu masochiste.

Apprends à chanter ''J'y pense et puis j'oublie'':
Petitagore
Petitagore

Messages : 6310
Date d'inscription : 29/11/2011
Age : 63
Localisation : Ile-de-France

http://lesmoulinettes.amarelia.ch

Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Invité Sam 5 Déc 2015 - 11:15

Il y a une chose que MOI je ME dis. Je me dis qu'en devenant meilleur, j'améliore les choses qui m'entourent, mais quand je lis le Livre, je ne vois annoncé de happy-end nulle part, bien au contraire. Faut-il prolonger le malade avec un acharnement thérapeutique de tous les instants, ou ATTENDRE un monde neuf qui solutionnera celui-ci ? Voici les questions que je me pose.

Là, désolé mais ça frise l'hérésie (nif... nif... trouvez pas que ça sent le fagot par ici ?) Parce qu'il y a cette question un peu gênante: "Qu'as-tu fait de ton frère ?" Tout le monde ne sera pas sauvé parce que certains, quoi qu'il arrive, refuseront de toutes leurs forces. Il n'empêche que nous ne pouvons qu'essayer de toutes nos forces. Laisser sciemment des catastrophes advenir en se disant que ça permettra un meilleur redépart, bref, laisser filer en espérant que la parousie (ou la disparition de l'espèce humaine, ou...) ça contrevient un peu à tous les Commandements et à toutes les morales à la fois.
D'autant plus que c'est une version complètement spécieuse que de lire les combats pour le bien commun actuels comme un "acharnement thérapeutique". Ce sont au contraire des tentatives désespérées de faire sortir le malade de la zone empoisonnée de vapeurs toxiques...
Il y aura des effondrements. C'est obligatoire. C'est trop tard. L'essentiel du travail consiste désormais à mieux se préparer aux chocs et à disposer encore de quelques bases pour redémarrer.

Tu es un humain parmi 7 milliards 350 millions d'êtres humains. Ta mission n'est pas de sauver le monde, mais de sauver plus que 1 / 7 350 000 000ème du monde. Suppose que tu fasses deux cents fois plus, que tu réussisses dans ta vie à améliorer la condition de deux cents personnes... ce serait déjà rudement balèze. Pourtant, ça ne représenterait toujours que 200 / 7 350 000 000èmes de sauvetage du monde, bref ça resterait peanuts à l'échelle de la planète. A ton échelle, en revanche...

L'idée, c'est que si tout le monde se dit "je ne peux rien faire", personne ne bouge et rien ne change jamais. Alors que si chacun envoie sa lettre au député (je n'y crois pas, hein, mais je prends cet exemple pour la facilité de l'exposé) il y en a une qui sera celle par laquelle la pétition atteindra le seuil fatidique qui fera réagir le ponte en question, soudain inquiet pour les prochaines élections. Et tu ne peux jamais savoir si tu n'aurais pas été celui-là.
Globalement, on est d'accord que c'est une vision inepte et qui prépare le terrain à tous les burn-out. Sauf que la réalité se joue non pas globalement, mais de manière segmentée. Un problème se présente et personne ne comprend que tu ne t'y engages pas "avec les discours que tu tiens, tes soi-disant valeurs etc". On raisonne à l'échelle de ce seul dossier. Ton employeur a la responsabilité de gérer ta charge de travail et de ne pas te filer du boulot pour 120 heures par semaine. Hors boulot, tu n'as pas un employeur unique, mais des sollicitations dispersées, et, tu peux faire le test: l'argument "désolé mais je ne m'engage pas ici car j'ai déjà des engagements par-dessus la tête" n'est jamais entendu, jamais accepté. ça ne se fait pas, socialement, de répondre ça. Pourquoi ? Parce que ça nécessite de dévoiler à ton interlocuteur ton planning personnel, en quelque sorte, et que ça non plus ça ne se fait pas. Donc que tu sois déjà au CA de dix associations et qu'il soit déraisonnable pour cette raison d'en rejoindre une onzième, ça ne le regarde pas, ce n'est pas son problème, c'est ton intimité et tu n'as pas à lui en parler. Si tu le fais, il n'en tiendra pas compte. Tu ne peux que lui dire "oui" ou "non" mais sans donner la raison et assumer le fait de passer pour un immonde salaud. Ce qui, en plus, peut te nuire, car il s'empressera de balancer à tout son réseau que tu as refusé de rejoindre son combat. Ta seule chance est alors que les gens qui liront ses messages se disent "mais enfin, il est au CA de notre asso, on le connaît, qu'est-ce que c'est que ce guignolot qui le traite d'égoïste qui refuse de s'engager ?" C'est généralement ce qui se passe et amortit les conséquences.

Mais tout ce que toi et les autres dites là, qu'il est normal de limiter le nombre et l'ampleur de ses engagements et dire non quand la limite est atteinte, c'est ce qu'on dit toujours quand on aborde le sujet sous cet angle, mais quand une demande se présente, on ne peut pas utiliser cet argument. Socialement, ça ne se dit pas, ça ne se fait pas plus que de poser culotte au milieu d'un salon.

Là encore, fausse dichotomie. Entre "avoir l'esprit complètement tranquille tous les jours de sa vie comme un plat de nouilles cuites sous tranquillisants" et "se mettre la rate au court-bouillon vingt-quatre heures sur vingt-quatre 365 jours par an", il y a peut-être place pour quelque chose d'un peu raisonnable; quelque part entre trois heures par mois et onze heures par jour, à toi de voir -- mais au-delà, ça devient quelque peu masochiste.

Le problème n'est pas là; il est de réussir à avoir l'esprit tranquille ne serait-ce que deux heures par jour ou un jour par quinzaine, alors que etc. Explique-moi comment tu stoppes les pensées relatives aux "problèmes du monde" sur commande, deux heures par jour. Si tu me donnes un truc autre que s'absorber dans un jeu vidéo débile, ce sera avec grand plaisir, mais on ne sait plus faire.
Il y a quelques années, on a acheté toute une palanquée de jeux de société, pour pouvoir se distraire autrement qu'en restant sur les ordis, et aussi pour remplacer des loisirs "connectés" énergivores par d'autres qui ne nécessitent rien de plus que quelques hectogrammes de papier et de carton imprimés, et qui offriront leurs services pendant des décennies, sans panne ni obsolescence programmée.
On n'y touche plus, on n'y a tout simplement plus le coeur.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Epuisement et crise de la quarantaine - Page 3 Empty Re: Epuisement et crise de la quarantaine

Message par Fata Morgana Sam 5 Déc 2015 - 11:28

Fusain, tu as réponse à tout. On a fait de notre mieux ! Wink

Voici les questions que je me pose.
Oui, cela fait partie de mes questions. Nous arrivons à un seuil où tout est tellement bloqué, intriqué et nous (en tout cas moi) avons si peu de manettes dans les mains...

"Sortez d'elle (Babylone) de crainte d'avoir à souffrir de ses plaies."

Personnellement je m'occupe du voisinage - Albert totalement dépressif et mutique, Christiane, cancéreuse, qui vient de perdre son conjoint par suicide, Philippe, qui ne s'est jamais remis du décès de sa femme et a tendance à boire et de temps en temps mon fils autiste. Gilbert, qui crève de solitude... Tout ça en étant moi-même handicapé. Je me dis ça: que tout le monde le fasse. Mais en même temps, je sais que tout le monde ne le fera pas.
Et je ne fais pas plus pour l'instant au risque de me déséquilibrer moi-même.
Fata Morgana
Fata Morgana

Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 66
Localisation : Un pied hors de la tombe

Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 4 Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum