découvrons ensemble la poésie étrangère contemporaine

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Message par ou-est-la-question Mer 30 Juil 2014, 15:34

Bonjour à tous et soyez les bienvenus

voilà , comme je n'aime pas trop lire je vous propose de partager ici des poèmes de poètes étrangers contemporains (XX,XXI è.s) afin que nous les découvrions ensemble (traduits en français)

mon souhait ? c'est que , soit vous connaissez des textes et vous les amenez , soit lorsque vous en avez l'envie vous vous baladez sur la toile pour en chercher

le monde étant un vaste monde  , je vous propose un chouillamini d'organisation , disons, géographique

si vous le voulez bien (je "parle" sur un topic où il n'y a personne ,et je trouve cela très amusant) ,commençons par l'Amérique du Sud

comme je suis nulle en géo je vous joins une carte

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Message par ou-est-la-question Mer 30 Juil 2014, 15:35

correction


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Message par ou-est-la-question Mer 30 Juil 2014, 16:06

je découvre

VENEZUELA

NORIS ROBERTS poétesse

j’ai commencé à t’aimer ainsi - Traduit par Françoise Marie Bernard



J’ai commencé à t’aimer ainsi

En sentant les fines lignes de mon cœur, palpiter d’amour
Avec profès déisme comme on professe à Dieu.
… Et je me perds dans mes rêves candides emplissant tout mon temps
Modelant des rires dans le ciel, toujours attachée à tes souvenirs
Faisant surgir en moi des sentiments inquiets.

J’ai commencé à t’aimer ainsi, avec les sacras heures où je t’adorais en silence
Et continuant de faire couler des lueurs qui couvrent mes vers et avant que de t’avoir dans mes bras, tes baisers
Se réveillèrent dans mes lèvres cherchant à être la raison
Du soleil limpide qui verse ses ors dans mon cœur.

J’ai commencé à t’aimer ainsi, sans t’avoir vu, comme une aura visionnaire de fée
Te voyant dans mes rêves chaque matin, avec la clarté
De la brise soufflant à ma fenêtre.

J’ai commencé à t’aimer ainsi, avec la blancheur subtile apparaissant sur mon front,
Avec le petit matin sur mes lèvres gisant doucement
Comme si j’avais sculpté ton image dans mon esprit pour t’aimer toujours avec la muse religieuse d’un cœur d’adolescente.

J’ai commencé à t’aimer ainsi…

© Noris Roberts

_____________________________

"Mon coeur a appris à tolérer"  (Mardi 1er Avril 2014 00:33)


Sanglots mortel ...

Je ne peux pas raisonner la lâcheté féroce de l'humanité,

mes versets ont été déshonorés,

flétrir ma tâche poétique

Mes larmes stipulent l'angoisse dans les profondeurs de mon cœur;

C'est un cri incolore qui augmente ma douleur rabaissée

Contestée par ceux infiltrant le vivant;

propos séditieux d'insensibilité,

plein de haine, les ombres, la malédiction

Faux regards,

faux sourires envahissent mes nuits sans demander;

ne pas demander audience ou la permission d'entrer;

me jeter dans la tristesse,

où la réalité n'est jamais visible par les autres

A quoi bon rêver s'il n'y a pas la paix dans le monde?

Je cherche toujours à augmenter dans la vérité,

dans les versets que je peux évoquer

partager avec ma muse, en essayant de constituer une passerelle vers le rationnel

et dans mes mains saisir la beauté sublime

Mon coeur a appris à tolérer

© Noris Roberts  (traduction incertaine..)


__________________________________________



Ne me jugez pas, comme mon péché le mérite Mardi 1er Avril 2014 00:36



Ne me jugez pas, comme mon péché le mérite

ce soir il éternise ma fatigue

et submerge mes erreurs



Ne me jugez pas, comme mon péché le mérite ...

Mon âme a séché

et a attaché vos souvenirs à mes os



Je suis au milieu de là où je ne veux pas être,

entre le point de ma trahison

et cette tempête qui coule dans mes veines




Nous apprenons tous de nos erreurs,

J'ai pris la mauvaise route



Si je vous ai déçu, n'oubliez pas que vous aussi m'avez trahie

et encore j'ai oublié et j'étais ce que je n'avais jamais imaginé ...

un poème désespéré de rire, de joie et de larmes,

pluie dans vos mains



Eh bien ... et si vous vous sentez toujours que je suis coupable

Ne me jugez pas, comme mon péché le mérite,

sans vous je ne suis rien

© Noris Roberts


site : http://writeoutloud.net/profiles/norisroberts#_gallerydate2013-07_gallerytag_gallerypage1
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Message par ou-est-la-question Jeu 31 Juil 2014, 09:36


Luis Alberto Crespo VENEZUELA

Il ne faut pas que nous marchions sur nos ombres, dit l'Indien
car la marche sur les ombres est comme la marche sur le corps
qui dort
ou meurt.
Quand deviendrons-nous réels
avec, à nos cotés,
l'ombre qui nous illumine ?

_____________________________________________



Je demande à celui qui chante
d'étinceler plutôt que d'exister
qu'il soit effectivement oiseau
qu'il soit ici avant que d'être
qu'il se cache
quand le poursuit son nom
il n'a pas besoin d'ailes
mais de son ombre
pour ne pas tomber
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Message par ou-est-la-question Sam 02 Aoû 2014, 09:25

César ANDRADE EQUATEUR/ VENEZUELA


Nous sommes allés voir la fillette
-mais elle n’est pas venue-
À la place, Nous découvrîmes Des paysages inédits
De brumes, de montagnes
Et de couleurs.

________________________________________
Dans l’odeur du feu de bois.
Le soir descend
À son rythme et m’amène
L’évocation
De ma sainte mère.

________________________________________

Le temps
A fêlé la cloche
Et malgré
Sa voix cassée,
Elle sonne toujours la messe

---------------------------------------------------
La nuit se referme
Au rythme du grillon
Les fleurs replient
Deux à deux,
Leurs pétales fatigués
___________________________________________


Dans la lenteur Et le silence
De sa patience,
L’arbre a rompu le roc
Qui comprimait ses racines.

-------------------------------------------
J’ai connu
Une petite Rose velue,
Et il s’en fut de peu
Que je ne m’emmêle
Dans ses bracelets.
_________________________________________

Du lointain, je t’écris,
Bien que tu ne me répondes pas
Comme lorsque
Nous étions « nous »

____________________________________________________
Celui qui dort
Et se réveille
A du mal à distinguer
Le rêve
De la réalité.

_____________________________________________ La nuit tombait.
Mon père traversa le champ
Et une ombre blanche
Le suivait.

------------------------------------------

d'autres textes

page 88 sur http://books.google.fr/books?id=aGykzIxNzogC&pg=PA88&lpg=PA88&dq=po%C3%A8me+de+cesar+andrade&source=bl&ots=QqTAOp5MD9&sig=RGeF4hAz6k-XQqs0jAvaxG6pTcc&hl=fr&sa=X&ei=no_cU8z0LoXA0QXk-YDYCw&ved=0CFkQ6AEwDA#v=onepage&q=po%C3%A8me%20de%20cesar%20andrade&f=false

page 65 sur http://books.google.fr/books?id=rRTfirfzdNcC&pg=PA65&lpg=PA65&dq=po%C3%A8me+de+cesar+andrade&source=bl&ots=Q8hHd08ka7&sig=cRYD1JVrI4KND9ZpyalvqDildxI&hl=fr&sa=X&ei=no_cU8z0LoXA0QXk-YDYCw&ved=0CFcQ6AEwCw#v=onepage&q=po%C3%A8me%20de%20cesar%20andrade&f=false
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Message par ou-est-la-question Sam 02 Aoû 2014, 09:30

Leila MICCOLIS BRESIL

TROIS TOURS DE MAGIE


Le spectacle commence:
de mon chapeau d’illusionniste je fais sortir
une télévision en couleurs,
des voitures,
um appartement en terrasse
payable en cent quatre-vingt mensualités.
Puis, t’ayant bien scié là, au milieu,
je t’enferme dans le cercueil
pour te faire revenir indemne:
ou point que personne au monde
ne t’imaginerait castré.
Au bout de quoi je me tire — abracadabra! —
pour revenir au temps òu enfant
je me sortais du vagin
les objets contondants
que m’ont fait l’hymen et la vie
si complaisants.

-----------------------------------------------
JUSQU’À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE
Mes désirs de vengeance je les oublie
et jusqu’à mes chagrins refoulés
quand du bout de mes doigts de pied
je commence à caresser
et à flatter ton membre flasque.

-------------------------------------------
JE T’AI DONNÉ LES MEILLEURES ANNÉES DE MA VIE
Je recouds les bretelles de ma robe,
pendant que tu plantes un clou
dans une planche vermoulue,
je donne un chewing-gum au gosse
pour qu’il cesse de crier,
je te montre comme la maison
sent bon le pin désodorisant,
tu souris et me remercies.
Ce n’est pas que j’attende une récompense
mais j’embrasse l’arrière-goût de vomi
dans ta bouche amère
et qui sent la tartine grillée.

--------------------------------------
MODE
Je voudrais te voir
les cuisses à l’air
(comme je vois,
dans l’échancrure de ta chemise de soie,
les poils de ta poitrine à l’air),
marchant dans la rue
l’air absent
entre les sifflements
et les attouchements
comme si de rien n’était,
et faisant voir quand tu t’assieds
et que tes vêtements se relèvent,
ton caleçon si bien assorti
à ton noeud de cravate.

----------------------------------
PEINE DE MORT

Il était quand même bon le temps
où nous nous haïssions
et mettions au point nos assassinats
rien que pour le plaisir de nous venger:
je te voyais les doigts dans la prise électrocuté,
tu me voyais le robinet de gaz ouvert asphyxiée.
Le temps où te voyant traverser la rue
le sourire aux lèvres,
je n’imaginais rien de mieux
que de passer sous une voiture.
Le temps où nous voulions faire un enfant
pour qu’il nous serve de projectile
lorsque nous nous battions
les jours d’ennui;
a défaut de cuisinière ou de lingère
je te servais de vide-ordure.
Puis est venu le temps de l’amour,
qui est comme le mouchoir où cacher sa morve
et comme les mères
qui flanquent une raclée afin de mieux pardonner.
Désormais je caresse tes bosses
et m’applique à cirer tes bottes.

Traduction: Maryvonne Lapouge e Clélia Pisa,
in: "Brasileiras, voix écrits du Brésil, Des Femmes, 1977, Paris


HAIKUS

L'abeille attristée,
faune et flore dévastées,
produit du miel amer.

-------------------------------

L'arbre sans feuilles
par des hivers rigoureux
semble hiberner.

-----------------------------

Vents exhibitionnistes,
qui chantent fort, hurlent,
et aussi chantent faux...
---------------------------------


Dans la blancheur polaire
pour ne pas être chassé l'ours
cache son museau.

------------------------------

Tout n'est pas rose
au printemps.
Volent les guêpes...

-------------------------------------

La marmaille au soleil.
Les glaces fondent.
La mer — gouttes plus douces.

-----------------------------------

Le hibou, reconnu
par son excellente vue,
semble porter des lunettes.

-------------------------------------

Enfance à la campagne
on jouait dans les plantations.
Poupées de maïs.

-------------------------------

Forte grippe? Non!
Je me suis endormie
sous des lauriers-roses.

------------------------------------

Le poisson dans l'aquarium
sur la véranda en face de la mer
il la dédaigne: c'est vert...

-----------------------------------


Traduction: Ignácio Dotto Neto
En première fois: Anthologie Internationale de Haikus, site de André Duhaime
Aprés: in "Haiku sans frontières", Ed. David, Canadá, 1998
:

------------------------------------------------------------

CONTRADICTIONS


C'est par la vie que j'ai appris
a interpréter à l'envers
les proverbes, car en pratique
les vérités sont inversées:
qui ne doit rien craint le plus,
qui ne dit rien ne consent pas toujours,
et le diable est exactement
aussi affreux qu'on le dépeint.

---------------------------------------------
VENGEANCE

Digérer en silence
le mot avalé et feindre d'être content.
Choisir en silence
le moment précis
et le garder au creux du ventre.
Préparer en silence
la contrepartie de la peur
et sourire entre ses dents.
Traduction: Philippe Caquant
Dans: "Europoésie - un oeil sur les poésies du monde" nº 22, février 1999, France
 
 ----------------------------------------------------



HAIKU

N'être ni sel ni eau
mais se réfléchir en lumière,
se décomposer en couleurs.


Trauduction: Jean-Paul Mestas
Dans: "Brésil 500 ans", Cahier Particulier, Nantes, France, 2000
 
 




----------------------------------------------------



PACIFISME

Des feuilles de pin
on la feuille de papier
et le papier-monnaie...
Des veines des seringas,
de leur lait figé
saignant à travers des gerces,
exécuteurs et industriels
se nourrissent jusqu'à la gomme...
De là, on s'entend dire
que la littérature peut être
la plus cruelle des armes,
c'est peut être à cause de l'habit
dont l 'acte d'écrire
avec des conséquences funestes,
elle avale dans sa panse abortive
le carnage des pins
et la disparition des forêts.


Traduction: Jean-Paul Mestas
Dans: "Cahiers de Poésie Jalons",  Vichi, France, 2001


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Message par ou-est-la-question Sam 02 Aoû 2014, 09:50

MARIO BENEDETTI URUGUAY

NE TE SAUVE PAS


Ne reste pas immobile
sur le bord de la route
ne gèle pas la joie
n’aime pas à contrecœur
ne te sauve pas ni maintenant
ni jamais
ne te sauve pas
ne te remplis pas de calme
ne garde pas du monde
qu’un simple coin tranquille

ne laisse pas retomber tes paupières,
lourdes comme des jugements
ne reste pas sans lèvres
ne dors pas sans sommeil
ne pense pas sans sang
ne juge pas sans temps

mais si
malgré tout,
tu ne peux t’en empêcher
et que tu gèles la joie
et que tu aimes à contrecœur
et que tu te sauves maintenant
et te remplis de calme
et ne gardes du monde qu’un simple coin tranquille
et que tu laisses retomber tes paupières,
lourdes comme des jugements
et que tu te sèches sans lèvre
et que tu dors sans sommeil
et que tu penses sans sang
et que tu juges sans temps
et que tu restes immobile
sur le bord de la route
et que tu te sauves
alors,
ne reste pas avec moi.

Extrait de Poemas de otros (1973-1974). Traduit par Olivier Favier.

à écouter en VO :
http://dormirajamais.org/wp-content/uploads/2011/01/No-te-salveswww.savevid.com_.mp4



___________________________________________________
TACTIQUE ET STRATÉGIE


Ma tactique est
de te regarder
d’apprendre comme tu es
de t’aimer comme tu es

ma tactique est
de te parler
de t’écouter
de construire avec les mots
un pont indestructible

ma tactique est
de m’arrêter dans ton souvenir
je ne sais comment et je ne sais
sous quel prétexte
mais de rester en toi

ma tactique est
d’être honnête
et de savoir que tu es honnête
et que nous ne nous vendons pas
des simulacres
afin qu’entre nous deux
il n’y ait ni rideau
ni abysses

ma stratégie
en revanche est
plus profonde et plus
simple
ma stratégie est
qu’un jour quelconque
je ne sais comment et je ne sais
sous quel prétexte
tu auras besoin de moi.

Traduit par Olivier Favier.

à écouter en VO :
http://dormirajamais.org/wp-content/uploads/2011/01/Tactica-y-estrategiawww.savevid.com_.mp4

______________________________________________



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Message par ou-est-la-question Sam 02 Aoû 2014, 09:57

MARIO BENEDETTI URUGUAY

Tu ne sais pas comment j'ai besoin de ta voix,
J'ai besoin de tes regards
De ces paroles qui toujours me remplissaient,
J'ai besoin de ta paix intérieure,
J'ai besoin de la lumière de tes lèvres
Je ne peux plus continuer ainsi
Je ne peux plus
Mon esprit ne veut pas penser
Ne peut penser à rien d'autre qu'à toi
J'ai besoin de la fleur de tes mains
Cette patience de tous tes actes
Avec cette justice que tu m'inspires
Pour ce qui a toujours été mon épine
La fontaine de ma vie s'est séchée
Avec la force de l'oubli
Je suis en train de me brûler
Ce dont j'ai besoin, je l'ai déjà trouvé
Malgré cela, tu continues de me manquer.


------------------------------------------------

Moi, je ne te demande pas que tu me descendes une étoile bleue
Je te demande seulement que mon espace
Tu l'éclaires avec ta lumière.

Moi, je ne te demande pas que tu signes
Dix papiers gris pour aimer
Je te demande seulement que tu aimes
Les colombes que j'ai l'habitude de regarder

Du passé, je ne vais pas le nier
Le futur un jour viendra
Et du présent
Qu'est-ce que cela peut faire aux gens
S'ils ne cesseront de parler.

Continue de remplir cette minute
De raisons pour respirer
Ne me rend pas heureux, ne te refuse pas
Ne parle pas pour parler.

Moi, je ne te demande pas que tu me descendes une étoile bleue
Je te demande seulement que mon espace
Tu l'éclaires avec ta lumière.

Si l'émeraude s'opacifiait
Si l'or perdait sa couleur,
Alors, s'achèverait
Notre amour.

Si le soleil ne chauffait plus
Si la lune n'existait plus
Alors, il n'y aurait plus
De sens de vivre sur cette terre
Comme il n'y aurait plus de sens non plus
De vivre sans ma vie,
La femme de mes rêves ;
Celle qui me donne tant de joies...

Si le monde ne tournait plus
Ou le temps n'existait pas,
Alors, jamais je ne mourrai
Jamais tu ne mourras
Et notre amour non plus ...
Mais le temps n'est pas nécessaire
Notre amour est éternel
Nous n'avons pas besoin du soleil
Ni de la lune ou des astres
Pour continuer de nous aimer...

Si la vie était autre
Et la mort arrivait
Alors, je t'aimerai
Aujourd'hui, demain...
Pour toujours,
Encore.
________________________________________


l'homme qui regarde au travers du brouillard

Il me coûte comme jamais
De nommer les arbres et les fenêtres
Et aussi le futur et la douleur
Le clocher es invisible et muet
Mais s'il s'exprimait
Ses tintements
Seraient d'un fantôme mélancolique

Le coin perd son angle aiguisé
Personne ne dirait que la cruauté existe

Le sang martyr est à peine
Une pale tache de rencoeur

Comme changent les choses dans le brouillard

Les voraces ne sont plus que des pauvres sûrs d'eux-mêmes
Les sadiques sont combles d'ironie
Les prétentieux sont proues
D'un certain courage étranger
Les humbles en revanche ne se voient pas

Mais je sais qui est qui
Derrière ce rideau d'incertitudes
Je sais où est l'abîme
Je sais où est Dieu
Je sais où est la mort
Je sais où tu n'es pas

Le brouillard n'est pas oubli
Mais un ajournement anticipé

Pourvu que l'attente
N'use pas mes rêves
Pourvu que le brouillard
N'arrive pas à mes poumons
Et que toi, petite fille
Tu émerges d'elle
Comme un beau souvenir
Qui se transforme en visage

Et que je sache enfin
Que tu laisses pour toujours
L'épaisseur de cet air maudit
Lorsque tes yeux trouvent et célèbrent
Ma bienvenue qui n'a pas de pause.
______________________________________

l'homme qui regarde sans ses jumelles

A cet instant le monde es à peine
Un vitrail confus
Les couleurs s'envahissent les unes aux autres et les frontières entre chose et chose
Entre terre et ciel
Entre arbres et oiseaux
Sont effilochées et indécises.

Le futur est ainsi un caléidoscope de doutes
Et au moindre mouvement le joli pronostique
Devient mauvais augure
Les bourreaux s'agrandissent jusqu'à paraître
Invincibles et solides
Et pour moi qui ne suis gueux
La défaite opprime comme un suaire

Les gentilles femmes de cette vie
Se juxtaposent, se dissimulent, s'entremêlent
Celle qui a parié son cœur à m'aimer
Avec une fidélité accablante
Celle qui m'a marqué au fer
A l'abri dans la caverne de son sexe
Celle qui fût complice de mon silence
Et qui comprenait comme les anges
Celle qui imprévisiblement m'a donné une main dans l'ombre et après l'autre main
Celle qui m'a fait me rendre avec le seul argument de ses yeux
Mais qui s'est repliée sincère dans l'amitié
Celle qui a découvert en moi le meilleur de moi-même et belle et tendre et bonne aima mon amour
Les paysages et les coins
Les horizons et les cathédrales
Que j'ai collectionné
Au travers des ans et les tromperies
Se confondent en un guide de tourisme présomptueux
De fable à narrer au amis
Et dans ce délire de vanités et nostalgies
Il est difficile de savoir ce qui est monastère et ce qui est blasphème
Qui est van gogh et qui est harengs fumés

Qui est mosaïque et qui est eau sale de venice
Ce qu'est l'Aconcagua et ce qu'est callampa

Aussi les prochains se réunissent
Crapules et bénis
Saints et indifférents et traites
Et inscrivent en mon enfance personnelle
Tant de frustrations et rencoeurs
Que je ne peux distinguer clairement
La lune du fleuve
Ni la paille du grain

Mais arrive le moment où l'on récupère enfin ses jumelles
Et immédiatement le monde acquière
Une netteté tolérable

Le futur brille alors ardu
Mais aussi radiant

Les bourreaux deviennent plus petit jusqu'à
Récupérer leur condition de cafard
De toutes les femmes, l'une d'elles
Fais un pas en avant
Et se détache des autres
Qui cependant ne s'effacent pas
Des villes visitées surgissent
Avec ferveur et clarté
Quatre ou cinq visages décisifs
Qui presque jamais sont grandiloquents

Certaine fille jouant avec son chien
Dans une rue déserte de Genève
Un savant noir de alabama qui explique
Pourquoi sa peau était absolument blanche
Elle, fitzgerald chantant
Devant un parterre presque vide
Dans un théâtre de male mort de florence

Et paysan de l'orient
Qui a dit avoir un portocarrero
Et c'était une boîte de petits biscuits
Dessinée par le peintre

Du racisme prochain je peux extraire
Sans difficultés
Une large nuit paternelle une dernière conversation synthèse de vie
Avec la mort guettant dans le couloir
Le vétéran qui transmettait
Sans égoïsme et sans délectation
Quelques unes de ses clés de sensible

Le compagnon qui a largement pensé à la cellule
Et a souffert largement dans le piège
Et n'a dénoncé personne
L'homme politique qui en un acte
D'un incalculable amour
Dit à un million de peuple, c'est de ma faute

Et le peuple commença à susurrer fidel fidel
Et le chuchotement se converti en vague retentissante
Qui l'a embrassé
Les gens encore, les personnes pures
Les superbes personnes à l'orientale
Qui dans l'avenue avait crié tyrans tremblez
Jusqu'à arriver au pareil
Tremblement du tyran
Et la jeune femme, et le jeune homme inconnus qui se sont détachés d'un peu
D'eux-mêmes
Pour tendre leur mains et me dire
En avant et courage

Décidément
Je ne vais plus perdre mes jumelles

Pour une impardonnable mise au point
On peut commettre de très graves erreurs.
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Message par ou-est-la-question Sam 02 Aoû 2014, 10:32

JUAN BURGHI URUGUAY



Si de notre douleur nous sommes les propriétaires

personne ne pourra empêcher que je détruise

mon coeur, pour ton bonheur,

et que je sacrifie mes rêves les plus chers.



si du nôtre est la douleur l'essence

d'autant plus vrai que plus profond

pour pas que tu ne souffres ni une seconde

moi, j'ai de souffrir pour toute mon existence.




Si la douleur qui me blesse est seulement mienne,

je peux la donner à mon envie et à ma guise

pour que tu puisses être heureuse, bien-aimée.




Que le vrai amour c'est de tout donner

pour l'amour en soit... et de donner de façon

si simple, tel que sans ne donnerait rien



JUAN BURGHI ( Uruguay, 1959 )
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Message par ou-est-la-question Sam 09 Aoû 2014, 17:43

RAFAEL CADENAS VENEZUELA (de "Fausses manoeuvres" traduction de Daniel Bourdon)

découvrons ensemble la poésie étrangère contemporaine  <a href=découvrons ensemble la poésie étrangère contemporaine  Rafael10" />
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Message par ou-est-la-question Sam 09 Aoû 2014, 17:46

RAFAEL CADENAS VENEZUELA (de "Fausses manoeuvres" traduction de Daniel Bourdon)

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Message par ou-est-la-question Sam 09 Aoû 2014, 17:49

RAFAEL CADENAS VENEZUELA (de "Fausses manoeuvres" traduction de Daniel Bourdon)

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Message par ou-est-la-question Sam 09 Aoû 2014, 17:55

RAFAEL CADENAS VENEZUELA (de "Fausses manoeuvres" traduction de Daniel Bourdon)

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Message par ou-est-la-question Sam 09 Aoû 2014, 18:18

Ademar De Barros  BRESIL

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Message par ou-est-la-question Sam 09 Aoû 2014, 18:24

MARCOS SISCAR BRESIL

uno solo

en effet l’un et seul.
cela a été la
condition de partir
la seule.
de sauver ou de se sauver
de faire face avec le fait
de devenir le narrateur.
d’avoir la voix
et de donner la voix
à ceux qui ont voulu
partir
mais qui dans le silence
sont restés.
partir c’est un art
de fait et de solitude.
sauver à soi-même
vouloir partager l’art
de la voix.
vivre
sans silence sans même
une vie
parmi mille ou plus.
beaucoup
plus
.
Traduction de l’auteur avec la collaboration de Raymond Bozier.
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Message par PolkaDotBrain Dim 10 Aoû 2014, 12:38

Argentine - Jorge Luis Borges

Si je pouvais de nouveau vivre ma vie
Dans la prochaine je commettrais plus d'erreurs
Je serais plus bête que ce que j'ai été
en fait je prendrais peu de choses au sérieux
Je serais moins hygiénique, je courrirais plus de risques, je voyagerais plus
Je contemplerais plus de crépuscules, je grimperais plus de montagnes,
Je nagerais dans plus de rivières,
Je me rendrais dans plus d'endroits qui me sont inconnus
Je mangerais plus de crèmes glacées et moins de fèves
J'aurais plus de problèmes réels et moins d'imaginaires.
J'ai été de ces personnes
qui vivent sagement et pleinement chaque minute de leur vie
Bien sûr que j'ai eu des moments de joie
Mais si je pouvais revenir en arrière,
J'essaierais de n'avoir seulement que de bons moments
ne pas laisser passer le présent.
J'étais de ceux qui ne se déplacent sans un thermomètre,
un bol d'eau chaude, un parapluie, et un parachute.
Si je pouvais revivre ma vie je recommencerais par me promener pieds nus
dès les premiers jours du printemps
et je continuerais jusqu'aux confins de l'automne...
Je musarderais plus dans les ruelles, je contemplerais
plus d'aurores et je jouerais avec plus d'enfants,
si j'avais encore une fois la vie devant moi.
Mais voyez-vous, j'ai 85 ans, et je sais que
je suis en train de mourir...
PolkaDotBrain
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Message par ou-est-la-question Dim 10 Aoû 2014, 18:12

merci pour ton intervention Polka et bienvenue
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Message par ou-est-la-question Lun 11 Aoû 2014, 19:36

Pablo NERUDA CHILI
Recueil : "Chant Général"


Avant je circulais dans la vie, un amour
douloureux m’entourait: avant je retenais
une petite page de quartz
en clouant les yeux sur la vie.
J’achetais un peu de bonté, je fréquentais
le marché de la jalousie, je respirais
les eaux les plus sourdes de l’envie,l’inhumaine
hostilité des masques et des êtres.
Le monde où je vivais était marécage marin:
le fleur brusquement, le lis tout à coup
me dévorait dans son frisson d’écume,
et là où je posais le pied mon coeur glissait
vers les dents de l’abîme.
Ainsi naquit ma poésie, à peine
arrachée aux orties, empoignée sur
la solitude comme un châtiment,
ou qui dans le jardin de l’impudeur en éloignait
sa fleur la plus secrète au point de l’enterrer.
Isolé donc comme l’eau noire
qui vit dans ses couloirs profonds,
de main en main, je coulais vers l’esseulement
de chacun, vers la haine quotidienne.
je sus qu’ils vivaient ainsi, en cachant
la moitié des être, comme des poissons
de l’océan le plus étrange, et j’aperçus
la mort dans les boueuses immensités.
La mort qui ouvrait portes et chemins.
La Mort qui se faufilait dans les murs.
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Message par ou-est-la-question Lun 11 Aoû 2014, 19:37

Pablo NERUDA CHILI
Recueil : "La Centaine d'amour"


Tu joues tous les jours avec la lumière de l’univers.
Subtile visiteuse, venue sur l’eau et sur la fleur.
Tu passas la blancheur de ce petit visage que je serre
comme une grappe, entre mes mains, chaque jour.

Tu ne ressemble à personne depuis que je t’aime.
Laisse-moi t’allonger sur des guirlandes jaunes.
Qui a écrit ton nom en lettres de fumée au cœur parmi les étoiles du sud ?
Ah! laisse-moi te rappeler comment tu étais, quand tu n’existais pas encore

Soudain le vent hurle et frappe à ma fenêtre.
Le ciel est un filet rempli poissons sombres
Ici viennent frapper tous les vents, ici, tous.
La pluie se déshabille.

En fuyant passent les oiseaux.
Le vent. Le vent.
Seul, je ne peux que lutter contre la force humaine.
Et la tempête a fait un tas des feuilles sombres
et détaché toutes les barques qu’hier soir amarra dans le ciel.

Mais toi tu es ici. Mais toi tu ne fuis pas.
Toi tu me répondras jusqu’à l’ultime cri.
Blottis-toi près de moi comme si tu craignais.
Mais parfois dans tes yeux passait une ombre étrange.

Maintenant, maintenant aussi, mon petit, tu m’apportes des chèvrefeuilles,

ils parfument jusqu’à tes seins.
Quand le vent triste court en tuant des papillons
moi je t’aime et ma joie mord ta bouche de prune.

Qu’il t’en aura coûté de t’habituer à moi,
à mon âme seule et sauvage, à mon nom qui les fait tous fuir.
Tant de fois, nous baisant les yeux, nous avons vu brûler l’étoile
et se détordre sur nos têtes les éventails tournants des crépuscules.

Mes mots pleuvaient sur toi ainsi que des caresses.
Depuis longtemps j’aimai ton corps de nacre et de soleil.
L’univers est à toi, voilà ce que je crois.
Je t’apporterai des montagnes la joie en fleur des copihués
avec des noisettes noires, des paniers de baisers sylvestres.

Je veux faire de toi
ce que fait le printemps avec les cerisiers.
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Message par ou-est-la-question Lun 11 Aoû 2014, 19:43

Un poème maya avec Jose Luis de Leon Diaz  GUATEMALA

être indien maya dans une revue d'histoire, c'est chouette
on vit au grand air, on bâtit des pyramides et des légendes
les femmes rêvent de nous...¨
être indien aujourd'hui n'est pas aussi facile
surtout quand on est indien
né indien
********

Poème de moi enfant


sous cette peau
il y a la peau douce d’un enfant
qui dort à peine
qui porte sur le dos
qui marche jusque dans ses rêves:
ses pieds sont deux fruits sans écorce
sa charge est un volcan
son chemin est de pierres.

et cet enfant
depuis des années
se lève
à la première lueur du jour
et sort derrière sa mère.

le village reste en contrebas
ses ruelles comme des serpents
ses maisons comme des poules
son église longue et blanche
comme un lapin dans l’herbe.

là-haut, il y a sa propriété privée
son morceau de volcan
ses goyaves gorgées de miel et de moineaux
ses papayes suspendues comme des ruches
sa terre à moitié stérile
comme une mère approchant la ménopause.

l’enfant est un guerrier
il porte sur ses mains une fronde et une machette
pour vaincre la nature
et chasser les animaux de la forêt
l’enfant est un poète
il porte sur sa langue des centaines de mots
pour donner un nom aux choses:
au pin ; pin
au chêne vert ; chêne vert
au ravin ; caisse de balafon
aux oiseaux ; avions
aux insectes ; dindon, vachette etc…
l’enfant est un esclave
il porte sur le front
la trace du mecapal (*)
comme le bétail est marqué.

quand il grimpe le volcan, il est fourmi
cachée dans le bleu et le vert

en contrebas du village il y a la vallée
large est plate comme un lac
et au milieu, la ville
blanche comme un bateau
avec ses rues droites
ses églises hautes
ses cloches qui secouent le verre du ciel quand elles sonnent
son parfum de violette dans un vieux livre
sa bouche édentée de patronne.

l’enfant ne la voit pas

il monte
il sue, il court derrière l’ombre de sa mère.

l’enfant et la mère arrivent à leur morceau de terre
l’enfant et la mère le fertilisent de sueur et d’espérance
il monte aux arbres
se déplace sur les branches comme un écureuil
coupe les fruits
elle ramasse.

plus tard,
ils descendront ensemble, laissant le volcan dans le dos
à pas lent, comme des bêtes de bât
elle, courbée sous le poids de la corbeille
lui, sous le poids du sac.

demain
ils quitteront à nouveau le village
mais pour aller à la ville
à pieds
ployés sous la charge
transpirant comme des bêtes
en continuant de transpirer au marché, le soleil sur la tête
en transpirant ils rentreront au village
parfois
il n’y ira pas au marché
il attendra sa mère dans un coin de rue
il viendra à sa rencontre
en sautillant comme un ballon heureux.

ceci est une partie de l’histoire de l’enfant
qui un jour cessera
il ne sera plus ni enfant ni paysan
il respirera profondément
comme quand il descendait la charge à la maison
et se releva digne comme un arbre.

pourtant
malgré le temps et l’apprentissage d’un métier
au dedans de lui-même
au plus profond
cet enfant l’accompagne toujours.


Jose Luis de Leon Diaz


* mecapal , bandeau au front qui sert à porter les charges


Jose Luis de Leon Diaz était un indien maya. Un qui a eu de la chance, il a pu étudier et devenir instituteur. Il a écrit quelques nouvelles et romans et aussi quelques poèmes.
Il n'avait qu'un défaut. Il voulait aider les pauvres de son pays.
Il est arrêté en 1984, à l'âge de 42 ans, et depuis on n'a jamais su de lui...
Jusqu'en 1999, où on a retrouvé sa trace...
dans les archives de la police ...
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Message par ou-est-la-question Lun 11 Aoû 2014, 19:48

Mario Veloso  CHILI

Je suis

Je n’étais rien qu’un petit garçon — calme,
triste et seul.
Je faisais de grandes marches dans les champs de blé.
Mon sang buvait
leurs rayons de lumière,
scintillant dans toute la campagne.
J’entendais la mélodie de la rivière
et l’appel des grandes routes.
Aux soirs d’été,
seul à marcher,
je goûtais au simple pain du pèlerin.
On avait oublié le chaume endormi
du pré que je n’ai jamais hérité.
Blé, lumière et routes —
rien que des souvenirs.
Mais un autre Blé et un autre Eté
remplis de lumière sont miens maintenant.
Je suis pèlerin en ce monde.
Les routes ne cessent de m’appeler,
car je suis un messager de la croix.
______________________________________________
Ta main

Ta main a allumé une bougie
qu’aucun vent ne peut éteindre.
Ma pauvre maison, je le sais,
a des carreaux cassés,
et le vieux toit
a laissé passer la pluie.
Des ouragans ont laissé mon corps
nu dans le champ,
et des mains cruelles
ont déchiré ma chair et mes os.
Les nuits étaient sombres et glacées.
Les serres, vicieuses et acérées.
Mais ta main, ô Jésus,
a allumé une bougie
qu’aucun vent ne peut éteindre.
J’étais triste, mais je t’ai cru.
Je sais que dans ta main se niche l’aurore.
Ta main percée a ouvert une fenêtre
pour me montrer un Nouveau Monde,
le glorieux Royaume Nouveau que tu prépares
et qui viendra bientôt.
_______________________________________________


Cinq pains



Notre douleur n’a pas de fin ; elle s’étend.
Elle déchire notre corps de ses clous d’acier,
confondant notre esprit et l’étourdissant.
La peur nous étrangle.
Il n’y a ni paix, ni confiance,
ni amis intimes.
Notre égoïsme fait loi.
Combien de temps cette puissance infernale
dominera-t-elle encore la terre ?
Combien de temps l’agonie
de manger le pain de l’autre
nourrira-t-elle notre amère envie ?
Combien de temps, Seigneur, combien de temps !
J’ai cinq pains.
Les voici, Maître.
Veux-tu les transformer,
en un pain qui nous rassasie tous ?

______________________________________
Mortel

Je ne suis pas éternel :
rien que de l’eau
et une fleur de temps,
d’où la vie s’écoule
lentement, goutte à goutte.
La volute légère
d’un nuage vaporeux ;
pendant un clin de seconde,
elle est suspendue,
puis chute en pluie.
Chaque jour ma rose
perd ses pétales,
un par un.
Quand le dernier tombera
sur le sol ami,
je m’assoupirai.
Nuit très sombre,
souche sans vie,
fontaine tarie.
Néant.
Plus de songes ni de chansons,
plus de joie ni de larmes,
plus de souhaits, plus de temps,
plus de souvenirs. Silence.
Mais quand viendra l’Aurore,
je revivrai,
rempli de lumière et de vie —
pour toujours.
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Message par offset Ven 29 Aoû 2014, 23:06

Merci pour ce beau partage
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Message par PJ Mar 31 Jan 2017, 15:35

Merci pour ces poèmes.
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Message par Fata Morgana Mar 31 Jan 2017, 16:06

"Le tzap el patazep elbeu."

Je déconne...


"Il dit à l'amandier: "Frêre, parle-moi de Dieu !
et l'amandier fleurit.

Poème oriental
Fata Morgana
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Message par PJ Mar 31 Jan 2017, 16:08

.


Dernière édition par PJ le Jeu 25 Mai 2017, 08:57, édité 1 fois
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Message par fleurblanche Mar 31 Jan 2017, 23:03

ou-est-la-question a écrit:
découvrons ensemble la poésie étrangère...

Etrangère par rapport à qui ?

En effet il me semble que sur ZC il y a diverses nationalités Arrow la poésie française pourrait bien être de la poésie étrangère aux yeux de plusieurs...
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