Professeur des écoles

Je déterre le sujet!

Je suis actuellement professeur des écoles après un passage par le journalisme.
Je suis T1 (j'ai eu le concours il y a un an et demi).
Et je n'en peux plus. Je crois que je ne suis pas fait pour ça. Je me suis mis en arrêt il y a un mois car je traverse une phase de dépression, et le boulot n'y es pas pour rien, mais comment en être sur ?

J'ai voulu être PE plus ou moins pour les mêmes raisons que altima :

- pas de compétition interne, pas de problème de salaire fluctuant, pas besoin de se vendre
- pas de pression hiérarchique directe, indépendance relative
- gratification dans le fait de faire un boulot social, utile pour de vrai
... Mais aussi diversité des tâches, stimulation intellectuelle, possibilité de s'améliorer, peu de chances de s'ennuyer....


Et pourtant je crois que ce boulot ne me correspond vraiment pas, pour les raisons suivantes :

- C'est un boulot "éparpillant" : Il y a tout un tas de trucs à gérer, entre l'organisation concrète/matérielle de la classe, la pédagogie, les corrections, l'administratif... Et tout ça sans avoir d'objectif clair : les IO sont tellement floues, je les lis et les relis sans comprendre comment les mettre en œuvre.
C'est comme si il y avait des centaines de fils à tenir en même temps, tous devant se tenir entre eux de façon cohérente.... Et mon cerveau n'arrive pas à concevoir l'image d'ensemble. Trop de questions, trop de directions possibles, ça fuse dans toutes les sens, c'est épuisant. Ces derniers temps, avant mon arrêt, j'essayais, mais je n'arrivais plus à me mettre à mes préparations car j'étais découragé d"avance. Alors j'avançais à l'aveugle, au feeling, mais ça ne marchais pas bien et je me voyais d'autant plus comme incompétent.

- La remise en question permanente de ce boulot peut-être stimulante, mais elle est aussi difficile à gérer en période de fragilité émotionnelle, et épuisante, aussi.

- Le fait de ne jamais voir le bout de son travail : on pourrait bosser 24H/24, il y aurait toujours moyen d'améliorer ce qu'on fait, ce qui est stimulant, mais aussi très décourageant....


Donc voila, aujourd'hui je ne me sens plus l'envie ni le courage de m'y coller, mais je ne sais pas du tout quoi faire d'autre qui me corresponde... Et je me dis que peut-être que ma dépression influe sur ma perception des choses, alors, je ne sais pas. Gros point d'interrogation, as usual....

Est-ce que certains d'entre vous ont le même ressenti ? Est-ce qu'à votre avis ce sont des raisons suffisantes pour lacher ? Je suis preneur de tout commentaire pouvant m'aider à avancer dans ma réflexion!

Pour faire court : oui.
J'essayerai de prendre plus de temps pour répondre et faire part de ma réflexion mais, en gros, ça donne ça : PE de 2009 à 2015. Arrêt depuis. Démission prévue fin 2018.

Bon courage...

Bonjour,
J'ai été prof des écoles pendant une quarantaine d'années. J'ai adoré mon métier, une certaine liberté d'actions et le plaisir de bosser avec les enfants. Comme toi le début n'a pas été très facile, une impression de ne pas être à la hauteur et un sentiment d'insécurité face à l'ampleur de la tâche. Puis on prend de l'expérience et du recul et le travail devient beaucoup plus facile et agréable.
Si tu as des questions plus précises n'hésite pas à m'en faire part par mp.
Bon courage !

@Boitachat : Je suis curieux d'en savoir plus, du coup

@Gasta : Merci de tes encouragements. Je n'hésiterais pas si j'ai des questions plus précises.

Hello Ben44

Je suis T1 comme toi, je me suis reconvertie professionnellement pour avoir un peu plus de temps libre sur plan perso car je faisais un taf qui monopolisait pas mal car j'adorais.
Mais comme toi, j'ai vite déchanté.
Mon année de PES s'est bien passé malgré le fait qu'il y avait ces 30 pages faisant office de mémoire. je me suis mise la pression pour tout : la classe et le mémoire.
En plus de ça, j'ai eu de gros soucis sur le plan perso à gérer et j'ai terminé l'année difficilement.
Je ne sais pas comment cela s'est passé pour toi mais,je trouve le début d'année hyper stressant : les aléas du mouvement font que tu commences déjà dans l'instabilité, puis, une fois l'affectation prononcée c'est le chaos : tu pédales dans la semoule sur la période 1, puis vacances de toussaint tu t'éparpilles à vouloir trop faire. Perso, j'ai à nouveau eu des complications perso qui ont fait que .... BIM ! dépression.
Je ne sais pas pour toi, mais je suis très perfectionniste. Soit ça doit être parfait, soit c'est nul. Il n'y a pas de juste mesure (pour le moment mais j'y travaille). Et comme tu le dis, il y en a tellement que c'est dur de s'y retrouver.
J'ai trouvé une façon qui semble me correspondre pour travailler avec moins de pression, j'avais déjà fait ça l'année dernière, ça m'a plutôt bien aidée. Là je la teste à nouveau sur cette période.
Et puis là, vu mon état, j'ai décidé de tenter une P3 "à la cool", pour l'instant ça marche plutôt pas mal. J'essaie aussi d'être bienveillante vais à vis de moi-même en me rappelant que quoi que je fasse, j'essaie de faire de mon mieux avec les ressources que j'ai, et que malgré tout c'est toujours mieux qu'un remplaçant.
Si tu veux parler en MP de tes méthodes de travail, n'hésites pas.

Bonjour Ben44, Doodooshka, Boitachat et tous les autres profs des écoles !

Je suis nouvelle sur le forum, je me suis inscrite car j'ai lu vos échanges sur le métier et j'ai voulu participer. Je suis PES en TPS-PS et je galère depuis le début de l'année. J'ai été arrêtée 2 semaines pendant la 1ère période, 6 semaines en P2, une semaine en P3 (youpi), et là je suis de nouveau en arrêt pour 2 semaines... Vais-je réussir à faire une période complète?! That is the question

Pour résumer, j'ai des tendances dépressives depuis plus de 5 ans, qui m'ont à peu près permis de faire des études (en langues étrangères) mais pas d'enseigner, lorsque j'en ai eu l'occasion, pendant plus d'un mois et demi sans craquer (pas de goût pour le travail, grand stress, impossibilité de m'organiser et de me mettre à la tâche, tendance au désespoir et à la rumination, démission). C'était lors de séjours à l'étranger : j'étais assistante de français dans des collèges en Roumanie et en Ecosse, mais les expériences ont tourné court. Un psychiatre m'a dit que j'étais bipolaire et m'a prescrit un médoc régulateur de l'humeur mais ça n'a rien changé. J'ai compris plus tard que j'avais des difficultés à gérer mon hypersensibilité, ce qui me procurait un grand mal-être.

A mon retour d'Ecosse, j'ai suivi les conseils de certains amis qui me disaient qu'ils me voyaient plus enseigner en primaire qu'en collège, et je me suis inscrite en M1 à l'ESPE pour préparer le concours. Mon année de M1 a été pleine de doutes : suis-je sur la bonne voie ? Est-ce que j'ai bien fait de faire ça ? Est-ce que c'est vraiment ça que je veux faire ?... mais j'étais dans un groupe de travail solide et motivé, et grâce à notre travail collectif, j'ai eu mon concours. En septembre, j'ai été parachutée dans une classe de 30 TPS-PS, moi qui ne connaissais rien à la maternelle ni aux enfants en bas âge... Forcément, l'angoisse, le stress, l'incapacité de me motiver et de m'organiser, ont repris le dessus... A l'ESPE ils m'ont mise en dispositif d'accompagnement personnalisé de niveau 3 (dit "d'alerte"), ce qui veut dire que mes tuteurs me suivent d'un peu plus près, et que je vais avoir une visite-conseil de l'IEN, mais moi je me sens plus fliquée qu'autre chose. Mes difficultés concernent autant "le fond" (les activités) que "la forme" (gestion de classe), mais j'ai fait de gros progrès en termes de posture et d'autorité. Pas encore assez pour ma tutrice, qui trouve que je ne progresse pas assez vite.

La nouveauté c'est que sur les conseils d'un médecin, je vais voir un psychiatre depuis plusieurs semaines, qui m'a prescrit un antidépresseur. Il m'a arrêtée 2 semaines, à la suite des vacances de février, pour que je m'habitue bien au traitement et qu'il fasse effet. Je le prends depuis 3 semaines maintenant et je n'ai plus d'idées noires, je suis plus dynamique, j'ai envie de faire des choses, et repenser à l'école m'angoisse moins. Il y a quelques jours à peine je ne me voyais pas y retourner, je pensais démissionner pour éventuellement reprendre des études de psycho, mais depuis ce matin ma raison que dit qu'il faut que je persévère un peu plus dans l'enseignement avant de me tourner vers autre chose. Surtout que j'ai des idées mais c'est que des métiers qui vont me demander encore 12000 ans d'études : journaliste, prof de yoga, psychologue... Donc bon, je vais essayer de persister un peu dans l'enseignement.

Reste le problème de fond, à savoir que les TPS-PS ça ne m'enchante vraiment pas, c'est pas mon truc... Ca paraît bête de se focaliser là-dessus alors que j'aurai probablement un autre niveau l'année prochaine, mais quand on n'est pas à l'aise avec les tout petits le temps paraît long, et puis si ça se trouve ça se passera pas mieux avec un autre niveau. J'ai espoir que l'antidépresseur me motive à mettre en place des projets qui me plaisent et qui soient adaptés à eux, mais j'ai peu d'idées, et il faut faire beaucoup de recherches pour peu de résultat, j'ai l'impression de patauger en permanence...

En me relisant j'ai vraiment l'impression d'être complètement abrutie, je me dis que "c'est quand même pas si compliqué que ça que de s'occuper de petits !", mais en fait si, je trouve ça compliqué de trouver des activités "intéressantes", qui aient du sens, d'organiser les progressions... Et en particulier pour quelqu'un que les enfants de 3 ans n'intéressent pas (ça semble un peu dur mais c'est ce que je ressens parfois).

Voilà, c'était mon témoignage de PES un peu en perdition mais qui va essayer de finir l'année tant bien que mal... Merci de m'avoir lu, je suis preneuse de conseils/retours/opinions, sur l'année de PES, sur les moments de découragement et ce qui fait qu'on remonte la pente, sur les antidépresseurs, sur vos méthodes de travail pour les TPS-PS, sur comment survivre avec des TPS-PS... tout ça tout ça

Salut Albanette,
Je me reconnais tellement dans ce que tu écris!
De la même façon, moi cette année ce sont les PS/MS qui m'ont fait le plus galérer : je ne savais absolument pas quoi leur faire faire, d'autant que le programme est vraiment abusivement flou (15 pages pour 3 années scolaires, démerde toi mon coco).

Bref. J'ai déjà parlé de mon ressenti dans un précédent post.
Et ce que tu écris me donne envie, du coup, de partager mon évolution depuis que je l'ai écrit.
J'ai beaucoup bossé sur moi par moi-même, avec ma psychologue et via un bilan de compétence. Et bien sur par la méditation : j'ai fait une retraite d'une semaine qui a fini de me retourner le cerveau (dans le bon sens du terme).
Aujourd'hui je ne suis absolument plus en dépression (mais bien sur je reste méfiant : je sais désormais que ça peut revenir si on ne fait pas gaffe à certains trucs.

Je suis en arrêt jusqu'aux grandes vacances, suite à quoi soit j'aurais obtenu une dispo pour l'année prochaine, soit je démissionnerait. Et j'ai désormais un projet pro : je vais essayer de devenir intermittent du spectacle, principalement par la musique.

Voila, juste pour dire que des fois aussi dans la vie ça va mieux!

Bonjour à tous les maitres et maitresses zèbres,

J'ai été diagnostiquée il n'y a pas longtemps grâce (ou à cause) du travail : ça me rendait folle ! Je suis en CE1-CE2, je n'avais jamais eu ces deux niveaux, jamais eu de double-niveau et en octobre, je m'ennuyais vraiment vraiment beaucoup. J'avais le sentiment d'avoir fait le tour de mon métier. Je ne trouvais pas du tout ma place dans mon équipe. J'étais à deux doigts du burn-out et je suis allée voir un hypnotiseur pour qu'il m'aide à prendre une décision "démissionner ou non"? Il n'a pas répondu à ma question mais m'a dit "vous êtes surdouée, Madame". Ok très bien, je fais le bilan, et effectivement, je suis HP.

Je vais beaucoup mieux dans mon travail car avec mon retour de bilan, je me suis rendue compte que j'adorais transmettre et expliquer les choses clairement (pourtant, j'ai toujours l'impression de faire ça n'importe comment). Ça m'a conforté dans mon choix d'être enseignante (qui n'était pas du tout une vocation) et surtout, je n'ai aucune idée de ce que je pourrais faire d'autre (enfin des idées concrètes, réalisables... des douces utopies j'en ai plein !)

Bref, le truc qui me sauve, c'est aussi que je me suis rendue compte que j'étais bien plus à l'aise avec les enfants qu'avec les adultes. Je suis très proche d'eux. Dans ma classe, je suis moi-même (et les élèves m'ont souvent dit, très spontanément "Maitresse, t'es bizarre !") et les élèves me le rendent bien : je me sens appréciée et je les vois progresser. Pour une fois que je ne me sens pas nulle nulle nulle !

Dans mes premières années (je suis T4, je n'ai pas non plus une grande expérience), ça a été très très très très dur. Depuis, j'ai lâché l'affaire du travail administratif et je suis un peu en freestyle dans ma classe (on croit que j'improvise mais je sais où je vais dans ma tête). Je m'ennuie quand même : la pire année a été celle où j'ai gardé un niveau que j'avais déjà eu. Alors, je change chaque année (de niveau, d'école) et je choisis des secteurs très difficiles. Seulement voilà, je viens de participer au mouvement et j'angoisse totalement à l'idée d'avoir un niveau que j'ai déjà eu et même à l'idée d'avoir un niveau simple (alors que je revis en double-niveau...) Et comment vais-je faire, une fois que j'aurais eu tous les niveaux ? J'ai aussi peur de m'épuiser à changer tout le temps (et pourtant, je n'arrive pas à faire autrement).

Voilà, mon premier message sur le forum pour ceux qui partagent les angoisses de prof ! Courage, c'est un beau métier et on peut prendre vraiment du plaisir si on arrive à lâcher un peu prise (oui, je sais, c'est un conseil dur à mettre en pratique).

Hello les PE,
J'ai été professeur des écoles pendant 6 ans, ce boulot que j'aimais au début a fini par m'épuiser émotionnellement, pour toutes les raisons que vous avez exposées dans vos différents posts. J'ai fait un burn-out en mai 2013 suivi d'une année d'arrêt maladie et d'une reprise d'études en 2014 (un master en alternance dans le secteur du web).
J'ai démissionné de l'éducation nationale en 2015 pour mon année de M2 car le renouvellement de ma dispo m'a été refusé. Je n'ai pas hésité malgré le caractère irreversible de cette démission, car je savais déjà que je n'y retournerai pas. Bon, je vous passe les commentaires des gens qui ne conçoivent pas qu'on quitte la fonction publique, "et la sécurité de l'emplooooi"...

Je bosse donc maintenant dans le web. Je n'ai jamais regretté ce choix, l'EN ne manque pas du tout je crois que j'y aurais laissé ma peau et ma santé mentale si j'étais restée contre mon gré