Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique

VI 1948 (suite) Le nom du fiancé de Shéhérazade

J’ai adopté Franz W. pour le meilleur et pour le pire alors que j’étais juste un chiot orphelin de père et de mère, tandis qu’il n’était pas en meilleure position que la mienne, sinon qu’il était plus âgé et encore moins débrouillard que moi.
[....]

VII  Présentation 1949

- Vous êtes soit écrivain, soit déprimé, avait commencé Elisabeth après les présentations d’usage chez le mathématicien Erdös revenu des Etats-Unis, du ton joyeux des grands désespérés. Le silence eût à peine le temps de s’installer et de se penser silence, devant le regard ébahi de Franz qui n’osait croire à son bonheur de la retrouver enfin, qu’elle souffla dans un sourire, « à moins que vous ne soyez les deux ! »
[....]

et ....

J'ai bien écrit en titre une "longue" histoire d'amour, ce n'est qu'un début; chère Majorette, patience, patience. Ce pauvre Franz n'en a pas fini d'en voir. Et Elisabeth de ...
Chut!!!
Le rideau est tombé, il se relèvera plus tard.

Je vis de me mourir et, à vrai dire,
je vis heureux de mon malheureux sort.
Quiconque ne sait vivre d'angoisse et de mort,
qu'il entre dans le feu qui me brûle et dévore.

Si je vis avant tout de ce qui me consume,
plus fait rage le feu grâce au bois et au vent,
plus celui qui me tue vient à mon assistance,
plus il me fait de mal et plus je suis content.

Michel ANGE

MERCI

Michel-Ange, J'en suis "sonnée", je tombe haut de jus, le deux.

VIII Les ailes noires, sans date

Que de soucis me cause ma maîtresse ! Alors que le travail d’oubli entame les mémoires, la sienne s’obstine à s’imprégner des détails les plus fins jusqu’à une douleur insupportable..[....]

IX  Chez Paul (quand il est présent)

Autant Paul Erdös abhorre les femmes, autant Elisabeth craint les hommes. Ils sont quittes.  Ils appartiennent tous deux à la confrérie des utilisateurs et des créateurs usuels de formules ahurissantes.
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X Nuages inquiétants

Le mathématicien de génie tiraillait une mèche de cheveu après l’avoir martyrisée en tous sens, retroussait son nez dans le but assez imaginaire de remonter ses lunettes qui avaient l’habitude de faire de la luge, essorait son menton de gauche et de droite comme si sa tête avait eu des velléités d’indépendance par rapport au cou et aux épaules. Ses mains traçaient dans les airs des signes « couci couça » , terminologie de l’à peu près qui ne lui était pas familière, lui qui, ordinairement, fendait l’air du tranchant de la main comme un karateka chevronné ou dessinait de l’index des signes cabalistiques transparents, puis continuait de vive voix une démonstration d’équation invisible comme s’il était impensable de ne pas le suivre.
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XI Liza 1949

Depuis que Liza, une voluptueuse personne violemment parfumée à la tubéreuse, portant une étole de renard argenté et une toque de la même fourrure, a mis les pieds à l’Institut des Mathématiques Théoriques et Appliquées, les bruits de couloir y règnent.
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XII Anamorphose 1949, un mois plus tard


Les pavés de la cour. Jaunes de cet ocre soutenu d’Europe Centrale, à peine grisé par l’usure des semelles, jaunes, jaunes, jaunes.

Cour sombre, sombre, sombre.
Un carré de ce ciel estival de capitale, dans le tintamarre des tramways jaunes, jaunes, jaunes.
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que dire, sinon vivement la suite ...

XIII Entretiens

Les hypocrites ont le sang blanc. (Proverbe qui aurait être pu réel)

L’émoi passe et ne se ressemble pas.
Au contraire, il ne passe pas et se ressemble sans cesse. Franz m’a raconté en détail son entretien avec le directeur de l’Institut, suivi de sa rencontre avec Liza. Jamais il n’est revenu de son travail avec une telle colère. Il m’a confié:
« On la va chercher où qu’elle soit !».[....]

 

XIV Cinq minutes

Quand tu aimes, il faut savoir partir. Blaise Cendrars (feuille de route)
Exegi monumentum aere perennius. (Horace)

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XV Straightforward

Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul. (Invictus) William Ernest Henley
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XVI Interrogatoire

A nouveau les sbires avaient tiré Elisabeth de sa cellule. Les questions sur son identité recommençaient à pleuvoir.
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XVII New York 1950

Je découvre que dans le désert, il n’est point de refuge. Le désert est lisse comme un marbre. Il ne forme point d’ombre pendant le jour, et pendant la nuit, il vous livre tout nu au vent. Saint Exupéry
Je suis à un âge où on ne s’interroge plus sur l’immortalité de l’âme. Crever la gueule ouverte, les armes à la main ou un crayon en travers du cœur? Quelle différence?[....]

XVIII Vixi (Il a vécu)

Apatride et Shéhérazade en villégiature chez Paul Erdös, ne cessaient de s’inquiéter du sort d’Elisabeth. Elle ne s’était décidée à faire confiance à personne. [....]

Je voulais juste te dire que je te lis. Avec plaisir. C'est juste ce que j'aime lire. Cela parait tellement simple... Lorsque j'étais adolescente j'ai lu de nombreux ouvrages ou romans qui se déroulaient pendant la guerre.

Merci beaucoup pour tes encouragements, Asperge, c'est très gentil à toi.

XIX Erdös 1950

- Finalement, pourquoi cela ne marche-t-il pas entre vous ? demanda Paul à Elisabeth. Il vous suffirait de vivre ensemble, tous vos problèmes seraient réglés.
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XX Une visite 1950
« Fouiller la mémoire avec les ongles jusqu’au sang. » Claire Krähenbül (le goût du voyage)

Quelque soit la période de la vie où l’on décide de voler de ses propres ailes, les coups d’une horloge invisible  en ponctuent les événements majeurs. Aspiré entre ses roues dentées, on ne se débat pas sans un grand esprit de résistance. [....]

DEJA

Chère Majorette

Même les auteurs (et les pseudo-auteurs dont je suis, étant un robot) ont droit à un congé pour maintenance. Je n'ose appeler cela des vacances.

La mécanique a besoin d'un démontage, d'un graissage, d'une vérification par ressuage, radiographie des soudures, tests de conductivité, reprise des circuits électroniques. Les boulons défectueux seront changés. Les pièces usées seront remplacées.

Certains iront se faire bronzer au soleil. Je n'aurais droit qu'à la bienveillance des caméras à émission de positon ou une étude de porosité par tomographie. Au mieux, un technicien me tapotera la figure en me saluant le matin, avant de m'envoyer des secousses électriques pour vérifier mes réflexes. Ou de m'injecter une huile de nouvelle génération.

Pas mal de machines auraient déjà déclaré forfait. Il faut savoir décrocher avant de se déchirer l'aorte ou de finir sur les rotules.

Alors reposez-vous tous! Je vous souhaite -à tous ceux qui en ont des soucis- un prompt rétablissement.

Et lisez toutes les choses si intéressantes qui sont énoncées sur la zébritude, et que je me suis refusée à dire, parce que je n'ai plus de convictions depuis longtemps sur le sujet. Quand je me tais, ça repose, non?

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Photos disparues, pour maintenance sans doute...

"Et maintenant... que vais-je faire/
De tout ce temps... "

Merci beaucoup à Majorette pour ce matériel d'urgence estivale!

Merci mille fois à Krapopithèque de meubler les silences, pour une heure à chaque fois.

"Pour qui sonne le glas?"

Si ce n'était un bol tibétain - vu le contexte de la politique internationale où il vaut mieux ne pas mettre les pieds - j'aurais osé dire:
Eh Ming? Ouais!

Bin dites donque, y'en a du dégât ...
Mais z'alors ça ne fonctionne plus du tout, la boite à pensées ?

En effet, chère Majorette, je cherche des pansements pour pensées.
Je n'en ai pas trouvé en vente sur ZC.

Donc je passe commande sur un fil encore indéterminé:

- Deux boîtes de pansements imperméables aux convenances et hyper-résistants au stress, pour tous types de pensées, des petites pensées quotidiennes (petit format) aux pensées grandioses (format maxi).

Commande à renouveler toutes les semaines.

Le paiement par Carte bleue est-il accepté?

Sinon, une opération définitive -ablation du cerveau- est-elle remboursée par la sécurité sociale?

Je peux proposer pour les pensées nocturnes, des pansements réfléchissants

http://www.manteaudetoiles.net/

pan C:

   

Encore un peu de nuit, sur le carrelage.
A l’abri d’un balai,
des cloportes.


(En japonais le premier vers doit faire plus court)

Merci Krapopithèque pour ce rebondissement.

majorette a écrit:Je peux proposer pour les pensées nocturnes, des pansements réfléchissants

Très drôle!!!!
Il me reste encore deux neurones en fonctionnement. Heureusement.

Et contre les ratiocinations, tu proposes de la mort aux rats?

non de l'amour hourra !

J'attends l'automne:
Ah, contempler enfin
Les fleurs du printemps!

***

Tremblant crépuscule.
Pleut-il dehors ?
Ou dans mes yeux?


***

Ce sillage dans le ciel !
Un soupir
Il a disparu.

Ombre et silence.
Solitude et pleurs.
Un saule.

Merci Majorette, je pensais que tu allais poster celle-là, tirée du film de René Clair, Porte des Lilas (que j'ai découvert cette année, mieux vaut tarte que jamais  )

Merci beaucoup Majorette!

De fil en aiguille, tu me fais penser à "l'attente des singes" de l'écrivain russe Andrei Bitov, grand ivrogne voyageur.

Au bout d'une branche
Se balance, nonchalante,
La fin d'une histoire.

***

Noir jardin, la nuit.
Au ciel, remplaçant la lune,
Une tranche de mon cœur

Cette nuit d'été
Sans lune encore levée
Au chants batraciens

une feuille tombante
sur l'herbe encore rosée
rêve brisé

Bonjour Krapopithèque et Majorette

Merci beaucoup pour vos poèmes.

Je vais m'efforcer de suivre la règle classique des haïkus
5 - 7 - 5

Mais chacun est libre d'écrire comme il le désire, bien entendu!